1
Annexe IV : la TVA sociale
I. PRĂSENTATION DE LA RĂFORME ........................................................................................................... 1
1.1
PRINCIPE
............................................................................................................................................... 1
1.2
C
HAMP DE LA SUBSTITUTION
................................................................................................................ 2
1.2.1
La substitution de la TVA aux cotisations aux régimes de base de sécurité sociale (hors ATMP) . 3
1.2.2
La substitution de la TVA aux cotisations « accidents du travail et maladies professionnelles »... 4
1.2.3
La substitution dâune cotisation sur la valeur ajoutĂ©e aux cotisations aux rĂ©gimes
complĂ©mentaires et Ă lâassurance-chĂŽmage.................................................................................................. 4
1.2.4
La substitution de la TVA aux cotisations aux autres cotisations dâorigine lĂ©gale ou
conventionnelle.............................................................................................................................................. 4
1.3
L
A
TVA
EN
F
RANCE
:
ĂTAT DES LIEUX ET MARGE DE MANĆUVRE
........................................................ 5
1.3.1
Structure des taux............................................................................................................................ 5
1.3.2
Situation de la France en Europe.................................................................................................... 5
1.3.3
Recettes de TVA............................................................................................................................... 6
II. ETUDE DâIMPACT ........................................................................................................................................ 7
2.1
I
MPACT MACROĂCONOMIQUE
(
SANS PRISE EN COMPTE DES EXONĂRATIONS DE COTISATIONS
) ............. 7
2.1.1
Ă court terme................................................................................................................................... 7
2.1.2
Ă long terme .................................................................................................................................. 11
2.2
A
RTICULATION AVEC LES EXONĂRATIONS DE COTISATIONS PATRONALES DE SĂCURITĂ SOCIALE ET
EFFETS SUR L
â
EMPLOI Ă MOYEN TERME
............................................................................................................. 12
2.3
I
MPACT SUR LE FINANCEMENT DE LA
S
ĂCURITĂ SOCIALE
................................................................... 15
2.3.1
Dynamisme et volatilitĂ© de lâassiette............................................................................................. 15
2.3.2
Impact des mesures de compensation de la baisse du pouvoir dâachat ........................................ 16
III. LES ENJEUX REDISTRIBUTIFS............................................................................................................. 17
3.1
I
MPACT SUR LA CHARGE FISCALE DES MĂNAGES
................................................................................. 17
3.2
I
MPACT SUR LE POUVOIR D
â
ACHAT DES MĂNAGES
.............................................................................. 18
I. Présentation de la réforme
1.1
principe
La « TVA sociale » ne consiste pas en la crĂ©ation dâun nouveau prĂ©lĂšvement mais dans la
substitution de tout ou partie des cotisations sociales par un financement sur la TVA existante,
en relevant dâautant le (ou les) taux. Lâassiette de la TVA, essentiellement constituĂ©e par la
consommation, aurait lâavantage dâinclure les importations.
Une telle rĂ©forme ne nĂ©cessite aucun amĂ©nagement spĂ©cifique de mise en Ćuvre et pourrait
ĂȘtre mise en place rapidement.
Les modalités de la réforme dépendraient donc entiÚrement du choix des cotisations basculées
et de lâampleur du basculement envisagĂ©.
2
1.2
Champ de la substitution
Les cotisations patronales peuvent ĂȘtre regroupĂ©es en deux catĂ©gories :
-
les cotisations patronales aux régimes de sécurité sociale de base
1
sont fortement
progressives, du fait des mesures dâallĂšgement des cotisations sociales sur les bas
salaires. Leur montant total (hors cotisations au régime « accidents du travail /
maladies professionnelles » - AT/MP) ne représente plus que 2,1% du taux de salaire
horaire au niveau du SMIC, contre 28,1% Ă partir de 1,6 SMIC ;
-
les autres cotisations patronales sont strictement proportionnelles à la rémunération.
Leur montant total représente 14,75% du taux de salaire horaire, quel que soit son
niveau.
Le tableau 1 présente le détail des cotisations patronales, en indiquant la variation de leur
montant en fonction du taux de salaire horaire.
1
Vieillesse, maladie, famille, accidents du travail et maladies professionnelles. Les cotisations dâassurance
chĂŽmage ne sont pas progressives.
3
Tableau 1 : Structure des cotisations sociales patronales
(en pourcentage du salaire brut â au 01/01/06)
Taux de salaire horaire
1
SMIC
1,1
SMIC
1,2
SMIC
1,3
SMIC
1,4
SMIC
1,5
SMIC
1,6
SMIC
et +
Maladie
12,80%
12,80%
12,80%
12,80
%
12,80%
12,80%
12,80
%
Vieillesse
9,90%
9,90%
9,90%
9,90%
9,90%
9,90%
9,90%
Famille
5,40%
5,40%
5,40%
5,40%
5,40%
5,40%
5,40%
Sous-total
cotisations sécurité sociale
hors ATMP
28,10%
28,10%
28,10%
28,10
%
28,10%
28,10%
28,10
%
ATMP
2,19%
2,19%
2,19%
2,19%
2,19%
2,19%
2,19%
Total cotisations de sécurité
sociale
30,29%
30,29%
30,29%
30,29
%
30,29%
30,29%
30,29
%
RĂ©duction Fillon
26,00%
19,70%
14,40%
10,00
%
6,20%
2,90%
0,00%
Total I
Cotisations sécurité sociale
aprÚs réduction Fillon
4,29%
10,59%
15,89%
20,29
%
24,09%
27,39%
30,29
%
ARRCO
4,50%
4,50%
4,50%
4,50%
4,50%
4,50%
4,50%
AGFF
1,20%
1,20%
1,20%
1,20%
1,20%
1,20%
1,20%
CET
0,22%
0,22%
0,22%
0,22%
0,22%
0,22%
0,22%
Sous-total
régimes complémentaires
5,92%
5,92%
5,92%
5,92%
5,92%
5,92%
5,92%
Assurance chĂŽmage
4,04%
4,04%
4,04%
4,04%
4,04%
4,04%
4,04%
AGS
0,25%
0,25%
0,25%
0,25%
0,25%
0,25%
0,25%
Sous-total
assurance-chĂŽmage
4,29%
4,29%
4,29%
4,29%
4,29%
4,29%
4,29%
CSA
0,30%
0,30%
0,30%
0,30%
0,30%
0,30%
0,30%
FNAL
0,50%
0,50%
0,50%
0,50%
0,50%
0,50%
0,50%
Effort de construction
0,45%
0,45%
0,45%
0,45%
0,45%
0,45%
0,45%
Formation continue
1,60%
1,60%
1,60%
1,60%
1,60%
1,60%
1,60%
Taxe d'apprentissage (+ CDA)
0,68%
0,68%
0,68%
0,68%
0,68%
0,68%
0,68%
Versement transport
1,00%
1,00%
1,00%
1,00%
1,00%
1,00%
1,00%
Sous-total
autres cotisations
4,53%
4,53%
4,53%
4,53%
4,53%
4,53%
4,53%
Total II
Autres cotisations et
contributions sociales
14,75%
14,75%
14,75%
14,75
%
14,75%
14,75%
14,75
%
TOTAL GENERAL
19,04%
25,34%
30,64%
35,04
%
38,84%
42,14%
45,04
%
Source : DSS.
1.2.1
La substitution de la TVA aux cotisations aux régimes de base de sécurité sociale
(hors ATMP)
Dans son principe, une substitution de la TVA aux cotisations patronales aux régimes de base
de la sécurité sociale (hors ATMP) ne soulÚve pas de difficulté particuliÚre - sans préjudice
des questions relatives Ă lâampleur de cette substitution.
4
1.2.2
La substitution de la TVA aux cotisations « accidents du travail et maladies
professionnelles »
Les cotisations « accidents du travail et maladies professionnelles » font lâobjet dâun rĂ©gime
spécifique, qui permet de faire varier le montant des cotisations en fonction des
comportements de prévention des employeurs.
Ces variations de cotisations sont régies par des barÚmes, établis le plus souvent dans le cadre
de conventions de branche.
Compte tenu de lâimpossibilitĂ© de transfĂ©rer ces barĂšmes Ă la TVA, il ne semble pas
souhaitable de substituer cette imposition aux cotisations « accidents du travail et maladies
professionnelles ».
1.2.3
La substitution dâune cotisation sur la valeur ajoutĂ©e aux cotisations aux rĂ©gimes
complĂ©mentaires et Ă lâassurance-chĂŽmage
Au niveau du SMIC, les cotisations aux rĂ©gimes complĂ©mentaires et Ă lâassurance-chĂŽmage
représentent plus de 50 % des cotisations patronales pesant sur le coût du travail.
Dans lâoptique dâun objectif dâallĂšgement du coĂ»t relatif du travail et de promotion de
lâemploi, lâhypothĂšse dâun remplacement de tout ou partie de ces cotisations pesant sur les
salaires par une augmentation de TVA ne saurait ĂȘtre mise en Ćuvre quâavec lâaccord des
partenaires sociaux qui gÚrent les régimes correspondants. La réflexion ne saurait toutefois
Ă©luder leur financement. Une Ă©volution pourrait ĂȘtre justifiĂ©e compte tenu de lâimportance des
prélÚvements en cause (prÚs de 9 points de cotisations patronales), du caractÚre
macroĂ©conomique du risque chĂŽmage et de lâintĂ©rĂȘt dâune responsabilisation des employeurs
aux coĂ»ts induits pour lâassurance-chĂŽmage par leurs comportements dâembauche et de
licenciement.
1.2.4
La substitution de la TVA aux cotisations aux autres cotisations dâorigine lĂ©gale ou
conventionnelle
Il pourrait Ă©galement ĂȘtre envisagĂ© de substituer une augmentation de TVA Ă certaines des
diverses autres cotisations sociales patronales dâorigine lĂ©gale ou conventionnelle (cotisation
solidaritĂ© autonomie, cotisation au fonds national dâaide au logement, versement transport,
taxe dâapprentissage, taxe de formation professionnelle continue, participation des
employeurs Ă lâeffort de construction).
La dĂ©termination de celles de ces cotisations qui pourraient ĂȘtre remplacĂ©es par une telle
hausse de la TVA devrait notamment tenir compte :
-
de la diversitĂ© de leurs circuits et calendriers de collecte â certaines de ces cotisations
étant collectées non par les URSSAF, mais par la direction générale des impÎts (taxe
dâapprentissage, taxe de formation professionnelle continue, participation des employeurs
Ă lâeffort de construction) ;
-
de la spĂ©cificitĂ© des rĂšgles dâassiette de ces taxes, dont la plupart comportent un seuil
dâassujettissement (cotisation au fonds national dâaide au logement, taxe dâapprentissage,
5
taxe de formation professionnelle continue, participation des employeurs Ă lâeffort de
construction) ou des rÚgles de déductibilité particuliÚres (versements libératoires de la taxe
dâapprentissage ou de la taxe de formation professionnelle continue, par exemple) quâil est
bien Ă©videmment impossible de transposer Ă la TVA.
1.3
La TVA en France: Ă©tat des lieux et marge de manĆuvre
1.3.1
Structure des taux
La France applique trois taux en matiĂšre de TVA
2
, deux taux de droit commun et un taux
particulier.
Les deux taux de droit commun sont le taux normal (19,6%) et le taux réduit (5,5%). Le taux
normal concerne la majorité des ventes de biens et de prestations de services. Le taux réduit
est applicable notamment :
-
aux denrées alimentaires,
-
Ă certains produits agricoles,
-
aux matériels pour handicapés,
-
au logement social,
-
au transport de voyageurs,
-
Ă lâĂ©dition,
-
aux travaux de rénovation des logements et aux services à domicile.
Un taux particulier de 2,1 % est applicable aux médicaments remboursables par la sécurité
sociale, à la redevance de télévision et aux publications de presse.
1.3.2
Situation de la France en Europe
La France se singularise au sein de lâUnion EuropĂ©enne par une structure de taux trĂšs
progressive : lâĂ©cart qui sĂ©pare le taux rĂ©duit du taux normal est en effet de 14,1 points, soit
lâĂ©cart le plus Ă©levĂ© dâEurope. Il nâest que de 12,5 points au Royaume-Uni et de 9 points en
Allemagne.
Sâagissant du niveau du taux normal de la taxe, la France est aujourdâhui dans la moyenne de
lâUnion europĂ©enne Ă 15 (19,8 %) ; le taux français est un peu supĂ©rieur Ă celle de lâUnion
européenne à 25 (19,36 %).
2 Hors les taux spécifiques applicables en Corse et dans les DOM.
6
Onze Etats (Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Hongrie, Irlande, Italie, Pologne,
Portugal, SlovĂ©nie et SuĂšde) parmi les 25 membres de lâUnion europĂ©enne ont un taux
supérieur au nÎtre (19,6 %).
1.3.3
Recettes de TVA.
La TVA nette a rapporté 126,5 Mds
âŹ
en 2005. Le tableau ci-dessous récapitule les montants
de TVA recouvrés depuis 2001 :
(en millions dâeuros courants)
Exécution
2001
Exécution
2002
Exécution
2003
Exécution
2004
Exécution
2005
LFI 2006
Taxe sur la
Valeur
Ajoutée
(brute)
136 497
138 500
142 132
155 641
162 490
162 664
Rembourse
ments
- 31 333
- 31 001
- 33 118
- 34 678
- 35 897
-36 935
TVA nette
105 164
107 498
109 014
120 963
126 593
125 729
source : MINEFI
Le rendement dâun point de TVA au taux normal est de 5,78 Mds
âŹ
, et le rendement dâun
point de TVA au taux réduit de 2,24 Mds
âŹ
.
La rĂ©glementation europĂ©enne ne prĂ©voit pas de taux plafond de TVA. Lâaugmentation du
taux normal de TVA jusquâau taux maximal pratiquĂ© en Europe (par la SuĂšde ou le
Danemark), soit 25%, permettrait donc de rapporter 32 milliards dâeuros, soit environ 25%
des cotisations patronales affectées au régime général.
Une substitution de 2,1 points de cotisations patronales par de la TVA nécessiterait de faire
passer le taux normal Ă 20,8%, le rendement supplĂ©mentaire Ă©tant affectĂ© Ă lâassurance
maladie. Une telle augmentation présenterait toutefois trois inconvénients :
0
5
10
15
20
25
L
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x
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D
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S
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d
e
7
-
elle augmenterait lâĂ©cart dĂ©jĂ important en France avec le taux rĂ©duit, sauf si celui-ci Ă©tait
également concerné par la substitution ;
-
elle accroĂźtrait le risque de fraude ;
-
elle Ă©loignerait la France de la moyenne communautaire. Sur ce dernier point, il est
observĂ© que lâAllemagne, qui envisage une telle option, pratique aujourdâhui un taux
normal de TVA de 16% seulement.
II. Etude dâimpact
LâĂ©tude de lâimpact dâune substitution de la TVA Ă des cotisations patronales de sĂ©curitĂ©
sociale a été étudié sous deux angles :
-
lâimpact macroĂ©conomique de court et long terme, Ă partir du modĂšle Ă©conomĂ©trique
MESANGE, qui ne permet pas de prendre en compte le profil aujourdâhui progressif des
cotisations sociale sur les bas salaires ( partie 2.1) ;
-
des simulations spĂ©cifiques permettant dâintĂ©grer lâaltĂ©ration Ă©ventuelle de la progressivitĂ©
des cotisations en fonction de lâampleur du basculement de cotisations effectuĂ© (partie
2.2).
2.1
Impact macroéconomique (sans prise en compte des exonérations de
cotisations)
La DGTPE a effectué des simulations pour évaluer les impacts macroéconomiques de court et
de long terme dâune substitution de recettes de TVA Ă des recettes de cotisations sociales
employeurs pour un montant
ex ante
de 9 milliards, ce qui correspond une baisse uniforme de
2,1 points de cotisations sociales employeurs (hors administrations publiques).
2.1.1
Ă court terme
2.1.1.1
Scenario central
La modélisation repose sur trois hypothÚses :
-
la hausse de TVA est immédiatement répercutée dans les prix
-
la hausse de salaires est répercutée rapidement sur les salaires, et il y a une indexation
immédiate pour les revenus de transferts et les prestations sociales
-
le taux dâintĂ©rĂȘt
réel
est fixé (ce qui signifie que la banque centrale européenne augmente
ses taux courts Ă la suite de lâaugmentation des prix en France)
Le modÚle macro-économétrique permet de simuler les effets des deux réformes contenues
dans la « TVA sociale » : baisse des cotisations sociales patronales dâune part, hausse de la
TVA dâautre part.
8
La baisse des cotisations sociales employeurs diminue le coût du travail supporté par les
entreprises, ce qui stimule la demande de travail par les entreprises et permet une baisse des
prix Ă la consommation. Les mĂ©nages disposent dâun surcroĂźt de revenus du fait des crĂ©ations
dâemploi, qui favorise la consommation, Ă©galement soutenue par la baisse des prix.
Dans ce contexte expansionniste, lâinvestissement est encouragĂ©.
Lâeffet sur la balance commerciale est lĂ©gĂšrement nĂ©gatif, car la hausse de la demande
intérieure engendre une hausse des importations supérieure à la hausse des exportations qui
découle de la baisse des prix à la production.
La hausse de la TVA rĂ©percutĂ©e sur les prix Ă la consommation rĂ©duit le pouvoir dâachat des
salaires, mais pas celui des prestations qui sont immédiatement indexées sur les prix. Il en
résulte une baisse de la consommation et une hausse des salaires, laquelle renchérit le coût du
travail pour les entreprises. Une boucle prix-salaire sâenclenche alors et entretient la hausse
initiale des prix.
En conséquence, les entreprises diminuent leur demande de travail et le chÎmage augmente,
ce qui modĂšre les augmentations salariales par la suite.
La hausse des prix à la production affecte la compétitivité-prix de la production domestique,
ce qui réduit les exportations. Cependant, cette réduction est moindre que celle des
importations, causée par la faiblesse de la demande. Au total, la balance commerciale se
redresse légÚrement.
Le tableau suivant retrace les principaux résultats obtenus :
9
Effet global de la réforme et décomposition
sauf indication contraire, Ă©cart au compte central, en %
Effet global de la
réforme
dont baisse des
cotisations
sociales
dont hausse de la
TVA
aprĂšs
1 an
AprĂšs
2 ans
AprĂšs
1 an
AprĂšs
2 ans
AprĂšs
1 an
aprĂšs
2 ans
PIB
-0,1
0,0
0,1
0,3
-0,3
-0,3
Consommation des
ménages
-0,2
-0,1
0,1
0,3
-0,3
-0,3
Investissement des
entreprises
-0,1
0,0
0,4
0,6
-0,5
-0,6
Prix de la consommation
des ménages
0,7
0,8
-0,4
-0,8
1,2
1,5
Emploi salarié (
en
milliers
)
17
23
41
88
-24
-65
Taux de chĂŽmage (
en
points
)
-0,1
-0,1
-0,2
-0,3
0,1
0,2
RDB réel des ménages
-0,1
0,0
0,2
0,3
-0,3
-0,3
Balance commerciale
(
en % de PIB
)
0,1
0,0
-0,1
-0,1
0,2
0,1
Exportations
-0,1
0,0
0,1
0,3
-0,3
-0,3
Importations
-0,2
-0,1
0,1
0,3
-0,3
-0,3
Source : DGTPE
Au total, les effets combinĂ©s des deux mesures seraient donc lĂ©gĂšrement positifs sur lâemploi
(23 000 emplois seraient créés aprÚs deux ans, soit une baisse du taux de chÎmage de 0,1
point), et la mesure serait neutre sur lâactivitĂ©.
2.1.1.2
variantes
Des variantes au scénario central ont été testées en relùchant chacune des trois hypothÚses
retenues.
On peut ainsi faire lâhypothĂšse que la hausse de la TVA nâest pas rĂ©percutĂ©e immĂ©diatement
dans les prix de vente. Cette Ă©ventualitĂ© est dâautant plus plausible que lâĂ©conomie est en bas
de cycle : dans une conjoncture déprimée, les entreprises sont contraintes sur leurs débouchés
et peuvent préférer, à court terme, prendre en charge une partie de la hausse de TVA en
réduisant leur marge, de crainte de déprimer la demande.
10
Sous cette hypothÚse, la réforme a un effet expansionniste à court terme (le PIB serait
supérieur de 0,1% par rapport à sa valeur de compte central, un an et deux ans aprÚs le choc).
63 000 emplois environ seraient créés au bout de deux ans.
Une deuxiĂšme variante consiste Ă faire lâhypothĂšse dâabsence de rĂ©action de la banque
centrale (taux dâintĂ©rĂȘt nominal de court terme fixe). En effet, lâhypothĂšse selon laquelle la
banque centrale europĂ©enne augmente ses taux courts est discutable dans la mesure oĂč
lâinflation française est diluĂ©e dans les indices de prix europĂ©ens. Dans ce cas, la mesure ayant
un effet inflationniste, le taux dâintĂ©rĂȘt rĂ©el de court terme diminue. La rĂ©forme a donc un
lĂ©ger effet expansionniste Ă court terme : lâemploi serait supĂ©rieur de 46 000 Ă son niveau de
compte central.
Ainsi, en adoptant ces hypothĂšses, lâeffet Ă court terme sur le PIB pourrait devenir lĂ©gĂšrement
positif. La probabilitĂ© quâelles se rĂ©alisent dĂ©pend de la conjoncture (pour la premiĂšre) et du
contexte européen (pour la seconde).
On peut enfin simuler lâimpact de la rĂ©forme dans le cas oĂč la hausse des prix est rĂ©percutĂ©e
plus lentement sur les salaires. Par rapport à la simulation centrale, le coût du travail est moins
important les premiÚres années, les emplois créés sont alors un peu plus nombreux (28 000
emplois deux ans aprÚs la réforme).
Cette derniÚre hypothÚse correspond à ce qui a été observé en moyenne durant ces trente
derniĂšres annĂ©es ; toutefois, elle nâa pas Ă©tĂ© retenue dans le scĂ©nario central du fait de la
diminution des cotisations sociales induite par la réforme: il est en effet moins probable dans
ce contexte les salariés attendent de la réforme une protection sociale accrue. Les résultats
sont en outre trÚs peu différents de ceux de la simulation centrale.
2.1.1.3
Prise en compte de la neutralité budgétaire ex post
Les simulations effectuĂ©es reposent sur lâhypothĂšse que les dĂ©penses publiques ne sont pas
affectĂ©es par la rĂ©forme, alors mĂȘme quâelles sont indexĂ©es en partie sur les prix (prestations
sociales, salaires des fonctionnaires). Or, la mesure ayant un effet inflationniste, cette
indexation est susceptible de dégrader le solde des finances publiques.
Deux solutions sont alors envisageables pour que la mesure soit neutre pour les finances
publiques :
-
une augmentation plus forte de la TVA
ex ante
,
-
un ralentissement de lâindexation des prestations sociales sur les prix.
La DGTPE a effectuĂ© des simulations complĂ©mentaires pour Ă©valuer lâimpact macro-
Ă©conomique de ces deux adaptations.
Une prise en compte de lâeffet sur les finances publiques
ex post
aboutit à des résultats moins
favorables que dans la simulation initiale ; lâimpact positif sur lâemploi est notamment
atténué.
Dans le cas dâune augmentation plus forte de la TVA, 11 000 emplois sont crĂ©Ă©s la premiĂšre
annĂ©e et 7 000 lâannĂ©e suivante, contre 17 000 et 23 000 pour la simulation initiale. En outre,
lâĂ©quilibre des comptes publics nâest assurĂ© approximativement que la premiĂšre annĂ©e. Au
delà , on peut prévoir une nouvelle dégradation, le surcroßt de TVA se traduisant à son tour
11
par une inflation accrue qui affecte à nouveau les dépenses publiques du fait des mécanismes
dâindexation.
Les rĂ©sultats sont identiques dans le cas dâune limitation de lâindexation des prestations
sociales sur les prix Ă la consommation.
Ainsi, pour que la TVA sociale puisse exercer un impact plus significatif sur lâemploi sans
dégradation des finances publiques, il serait nécessaire que les principales indexations soient
suspendues, ce qui affecterait le pouvoir dâachat des mĂ©nages. Cette hypothĂšse nĂ©cessiterait
toutefois un degré élevé de consensus social.
2.1.2
Ă long terme
Les effets de long terme dâune TVA sociale ont Ă©tĂ© simulĂ©s par la DGTPE Ă lâaide dâune
maquette stylisĂ©e de lâĂ©conomie, sous des hypothĂšses fortes :
-
les capitaux sont parfaitement mobiles,
-
les salaires sâajustent pour Ă©quilibrer le marchĂ© du travail et le salaire minimum ne
contraint pas les Ă©volutions salariales.
La maquette permet de mesurer lâimpact de la rĂ©forme en lâassimilant Ă une substitution
dâimpĂŽts sur le capital Ă des impĂŽts sur le travail.
En effet, alors que les cotisations sociales reposent complĂštement sur le facteur travail, la
TVA pĂšse en partie sur le capital. Les limitations du champ d'application de la TVA et du
droit Ă dĂ©duction font quâune partie des consommations intermĂ©diaires et des investissements
des entreprises est taxée (on parle de « rémanences » de TVA). Ainsi, en 1999, les ménages
ne supportaient comptablement quâenviron 68 % du produit de la TVA, contre 15 % pour les
administrations, et 16 % pour les entreprises
3
.
La simulation retient donc comme estimation que 15% des charges de TVA pĂšse
in fine
sur le
capital.
Or, Ă long terme, la maquette Ă©conomique utilisĂ©e conclut quâun impĂŽt sur le capital est plus
rĂ©cessif quâun impĂŽt sur le travail.
Dans cas dâune taxe sur le travail, la taxe est entiĂšrement supportĂ©e par les mĂ©nages via une
réduction du salaire brut. Les ménages offrent donc moins de travail. Mais le
coût relatif des
facteurs
Ă©tant inchangĂ©, le travail et le capital diminuent dans les mĂȘmes proportions et la
production aussi.
Dans le cas dâune taxe sur le capital, le coĂ»t rĂ©el du capital dâune entreprise est
mécaniquement augmenté. Les entreprises, qui ne peuvent pas diminuer la rémunération
versĂ©e aux actionnaires, rĂ©percutent le montant prĂ©levĂ© en une baisse de salaires, lâoffre de
travail est moindre et lâemploi diminue. Mais en outre, en raison
de lâĂ©volution des coĂ»ts
relatifs
, lâentreprise substitue du travail au capital, ce qui induit un effet rĂ©cessif.
Le tableau suivant prĂ©sente lâeffet global de la rĂ©forme Ă long terme, ainsi que les effets
séparés de chacune des composantes de la mesure (cotisations sociales, TVA).
3
Cf. rapport du Conseil des impĂŽts de 2001 sur la TVA, chapitre III :
Champ dâapplication, exonĂ©rations et
droit à déduction : harmoniser et limiter les rémanences de TVA.
12
Effet global de long terme et dĂ©composition dâune baisse de 2,1 points de cotisations sociales
compensée par une hausse de la TVA (équilibre financier ex-ante de la mesure)
Ă©cart au compte central, en %
effet global de la
réforme
dont baisse des cotisations
sociales
dont hausse de la TVA
PIB marchand
-0,1
0,2
-0,2
Investissement
-0,1
0,2
-0,3
Emploi salarié (en
milliers)
0
32
-32
Source : DGTPE
La mesure est neutre sur lâemploi est nul et lĂ©gĂšrement rĂ©cessive Ă long terme (-0,1% pour le
PIB marchand) du fait dâune diminution du stock de capital utilisĂ© dans lâĂ©conomie (-0,1%).
En outre, comme indiqué plus haut, la réforme est susceptible de dégrader les finances
publiques.
Pour assurer lâĂ©quilibre
ex post
des finances publiques, une baisse de 2,1 points des
cotisations sociales (0,5% du PIB) doit donc ĂȘtre compensĂ©e par une hausse de la TVA de
lâordre de 0,6% du PIB. La prise en compte de ces Ă©lĂ©ments ne modifie guĂšre les rĂ©sultats
obtenus : on retrouve un effet rĂ©cessif sur le PIB et lâinvestissement, mais de plus lâemploi
diminue légÚrement (- 2000 emplois) :
Effet global de long terme et dĂ©composition dâune baisse de 2,1 points de cotisations sociales
compensée par une hausse de la TVA (équilibre financier ex-post de la mesure)
Ă©cart au compte central, en %
effet global de la
réforme
dont baisse des cotisations
sociales
dont hausse de la TVA
PIB marchand
-0,1
0,2
-0,3
Investissement
-0,2
0,2
-0,4
Emploi salarié (en
milliers)
-2
32
-34
Source : DGTPE
2.2
Articulation avec les exonérations de cotisations patronales de sécurité
sociale et effets sur lâemploi Ă moyen terme
Les hypothĂšses retenues plus pour simuler lâimpact Ă©conomique dâune TVA sociale ne
prennent pas en compte lâexistence dâune rigiditĂ© salariale au niveau du SMIC ni lâexistence
dâun barĂšme progressif des cotisations sociales tel quâil rĂ©sulte aujourdâhui des allĂšgements
de cotisations sociales.
La DGTPE sâest attachĂ©e Ă mesurer lâimpact de cette modification de la structure des coĂ»ts
relatifs des diffĂ©rents niveaux de qualification sur lâemploi Ă partir dâune maquette spĂ©cifique,
autour de quatre scénarios (pour la méthodologie, voir piÚce jointe n°3) :
13
-
le scĂ©nario n°1 simule les effets dâun allĂšgement de cotisations ne remettant pas en cause
la progressivité des cotisations (baisse uniforme de 2 points du taux des cotisations
patronales de sécurité sociale, quel que soit le niveau de salaire) ;
-
le scĂ©nario n°2 simule les effets dâun allĂšgement de cotisations maximal pour les salaires
supérieurs à 1,45 SMIC (maintien du barÚme actuel au niveau du SMIC ; allégement
progressif jusquâĂ 1,45 SMIC ; au-delĂ , fixation dâun taux unique de 22,6%. Dans ce
scénario, la progressivité du barÚme est donc totalement annulée à partir de 1,45 SMIC ; la
progressivité générale du barÚme est nettement altérée) ;
-
le scĂ©nario n°3 simule les effets dâun allĂšgement de cotisations modĂ©rĂ© au niveau du
SMIC, et plus important Ă partir de 1,45 SMIC (annulation des cotisations patronales de
sécurité sociale au niveau du SMIC ; allÚgement progressif entre le SMIC et 1,45 SMIC ;
au-delĂ de 1,45 SMIC, fixation dâun taux unique de 22,6%. Dans ce scĂ©nario, la
progressivité du barÚme est donc totalement annulée à partir de 1,45 SMIC ; la
progressivité générale du barÚme est mieux protégée que dans les scénarios n°2 et n°4) ;
-
le scĂ©nario n°4 simule les effets dâun allĂšgement de cotisations modĂ©rĂ© au niveau du
SMIC, et beaucoup plus important Ă partir de 1,15 SMIC (annulation des cotisations
patronales de cotisations sociales au niveau du SMIC ; allÚgement dégressif entre le SMIC
et 1,15 SMIC ; au-delĂ de 1,15 SMIC, fixation dâun taux unique de 9,8%. Dans ce
scénario, la progressivité du barÚme est donc totalement annulée à partir de 1,15 SMIC ; la
progressivité générale du barÚme est trÚs fortement altérée).
Ainsi que le montre le tableau 4 ci-dessous, lâeffet positif sur lâemploi Ă court terme dĂ©crit au
A. supra ne vaut quâen cas de baisse uniforme des cotisations (scĂ©nario 1). En revanche, tous
les scĂ©narios qui ont pour effet dâaltĂ©rer la progressivitĂ© des cotisations rĂ©sultant des
allĂ©gements de charges sur les bas salaires ont un impact nĂ©gatif sur lâemploi Ă moyen
terme.Scénario 1 (2 ;2) : une diminution du taux de cotisation de maniÚre uniforme de 2
points pour tous les niveaux de salaire ;
Le graphique ci-dessous permet de visualiser les scénarios simulés :
14
Dans les 3 derniers scénarios, la baisse de cotisations serait ciblée sur les salaires les plus
Ă©levĂ©s, et ce dâautant plus si elle est de faible ampleur. Ainsi, un basculement de 18,2 points
de sĂ©curitĂ© sociale profite significativement aux salaires de lâordre de 1,2 SMIC, alors quâun
basculement plus modeste de 5 points ne profite quâaux salaires supĂ©rieurs Ă 1,45 SMIC,
comme le montre le graphique suivant :
Taux de cotisation patronale de sécurité sociale selon le
salaire en parts de SMIC
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
1,0
0
1,0
4
1,0
8
1,1
2
1,1
6
1,2
0
1,2
4
1,2
8
1,3
2
1,3
6
1,4
0
1,4
4
1,4
8
1,5
2
1,5
6
1,6
0
1,6
4
1,6
8
Situation
actuelle
Scénario 2
Scénario 3
Scénario 4
Scénario 1
variation du taux de cotisation patronale de sécurité sociale
selon le salaire en parts de SMIC
-20%
-18%
-16%
-14%
-12%
-10%
-8%
-6%
-4%
-2%
0%
1,0
0
1,0
4
1,0
8
1,1
2
1,1
6
1,2
0
1,2
4
1,2
8
1,3
2
1,3
6
1,4
0
1,4
4
1,4
8
1,5
2
1,5
6
1,6
0
1,6
4
1,6
8
baisse (0;5,4)
baisse (2;5,4)
baisse (2;18,2)
baisse (2;2)
15
Lâanalyse effectuĂ©e
4
montre quâun basculement de cotisations sociales vers une augmentation
de la TVA est dĂ©favorable Ă lâemploi Ă moyen terme pour tous les scĂ©narios qui attĂ©nuent la
progressivité des cotisations sociales.
Lâeffet positif de la
TVA sociale uniforme (de lâordre de 40 ou 45 000 emplois crĂ©Ă©s pour les
deux scénarios centraux) est en effet contrebalancé par le reprofilage des cotisations sociales,
ce qui induit au total une destruction dâemplois (entre 45 000 et 90 000).
Le tableau suivant résume les principales conclusions des simulations :
Effets emploi à moyen terme des différents scénarios
Scénario 1
(2 ;2)
Scénario 2
(0 ;5,4)
Scénario 3
(2 ;5,4)
Scénario 4
(2 ; 18,2)
Montant transfert (en Md
âŹ
)
8,0
14,4
15,8
57,4
Effets emploi reprofilage des
cotisations sociales (a)
0
-130 000
-90 000
-405 000
Effets emploi dâune TVA sociale
uniforme (d)
+25 000
+40 000
+45 000
+170 000
Effets emploi totaux (e) = (a) + (d)
+25 000
-90 000
-45 000
-235 000
2.3
Impact sur le financement de la Sécurité sociale
2.3.1
Dynamisme et volatilitĂ© de lâassiette
L'assiette économique de la TVA est constituée à hauteur des deux tiers des dépenses des
ménages (59% au titre des dépenses de consommation et 8% au titre de l'investissement, en
particulier en logement), Ă hauteur de 18% des investissements et des consommations
intermédiaires des entreprises (TVA dite "rémanente") et à hauteur de 14% de dépenses des
administrations publiques.
Sur longue période, ces "emplois taxables" ont connu une évolution trÚs proche du PIB et des
salaires bruts.
4
Deux approches Ă©quivalentes, donnant des rĂ©sultats comparables, ont Ă©tĂ© utilisĂ©es. La premiĂšre consiste Ă
analyser chacun des scénarios comme une baisse de cotisations employeurs ciblée sur les salaires les plus élevés,
compensĂ©e par lâaugmentation de la TVA. La seconde analyse chacun des scĂ©narios comme le cumul de trois
réformes : une réduction des exonérations générales de cotisations sociales, une TVA sociale uniforme (i.e. une
baisse uniforme de deux points, pour tous niveaux de salaires, du taux de cotisation, financée par une
augmentation de la TVA), et une baisse du taux de TVA pour rester à coût constant.
16
S
ource
: comptabilité nationale base 2000, calculs DGTPE
La substitution de la TVA sociale aux cotisations patronales ne se traduirait donc pas Ă long
terme par une dynamique des recettes de la sécurité sociale plus importante que celles assises
sur la masse salariale.
En outre, l'assiette économique de la TVA a présenté sur les dix derniÚres années une
volatilité quasiment identique à celle des salaires et traitements bruts.
2.3.2
Impact des mesures de compensation de la baisse du pouvoir dâachat
Lâimpact de la mise en place dâune TVA sociale sur les finances de la SĂ©curitĂ© sociale est
largement dĂ©pendant des modalitĂ©s dâapplication dâune telle rĂ©forme et en particulier des
compensations accordĂ©es aux salariĂ©s en contrepartie de la baisse de pouvoir dâachat induite
par lâaugmentation de la TVA.
Si la hausse de TVA était répercutée intégralement sur les revenus de remplacement pour
Ă©viter une baisse du pouvoir dâachat des mĂ©nages concernĂ©s, la hausse de ces revenus
impliquerait une perte immédiate pour les finances de la sécurité sociale.
A partir dâune maquette simplifiĂ©e des finances publiques, la diminution de la capacitĂ© de
financement des administrations publiques a ainsi été évaluée à environ un quart de point de
PIB la premiÚre année de mise en place de la mesure.
A contrario
, toute compensation de cet amoindrissement des recettes (par une hausse
supplémentaire de TVA
ex ante
ou par une non indexation des prestations sociales) atténue
les effets positifs sur lâemploi dĂ©crit
supra
.
100
105
110
115
120
125
130
135
140
145
150
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Emplois taxables Ă la TVA (indice 100 en 1993)
PIB (indice 100 en 1993)
Salaires et traitements bruts (indice 100 en 1993)
17
III. Les enjeux redistributifs
Si une modification dâun ou plusieurs taux de TVA nâa pas dâimpact redistributif entre
secteurs dâactivitĂ© puisque la taxe est acquittĂ©e essentiellement par les mĂ©nages, en revanche
une telle réforme aurait des effets redistributifs parmi les ménages. Deux mécanismes
expliquent notamment ces effets :
-
les différences de structure de consommation des ménages : les ménages aux revenus les
plus faibles consomment plus de produits à taux réduit que les ménages aux revenus
élevés ;
-
lâimpact inflationniste de la rĂ©forme et ses consĂ©quences sur les salaires. Les
consommateurs sont protégés par des mécanismes institutionnels qui répercutent la hausse
des prix sur leurs revenus, comme le SMIC ou les pensions de retraites, ou peuvent tenter
de se protéger en revendiquant le maintien du pouvoir d'achat de leurs salaires. Cette
indexation des salaires augmente alors les coĂ»ts de production des entreprises, qui sont Ă
nouveau incitées à augmenter leurs prix pour compenser l'effet sur leurs bénéfices.
Ces effets redistributifs ont Ă©tĂ© simulĂ©s par la DGTPE en analysant les effets dâune variation
des taux de TVA sur la charge fiscale rapportée aux dépenses moyennes des ménages tout
dâabord (mesurant lâeffet de la structure de consommation), et sur leur pouvoir dâachat ensuite
(en tenant compte de lâimpact sur les prix).
Trois scénarios sont envisagés :
-
une hausse du taux normal de 3 points, de 19,6% Ă 22,6%, correspondant Ă un
basculement des cotisations sociales à hauteur de 1 point de PIB (scénario A) ;
-
une hausse du taux réduit de 7,5 points, , de 5,5% à 13% (scénario B), permettant aussi un
allĂšgement des cotisations sociales Ă hauteur de 1 point de PIB ;
-
une hausse du taux normal de 5,4 points, à 25%, soit le maximum constaté au niveau
européen (scénario C).
3.1
Impact sur la charge fiscale des ménages
La diffĂ©rence dans les structures de consommation explique les diffĂ©rences dâimpact sur les
bas revenus entre les scénarios A et B : l'alourdissement du poids de la TVA par rapport aux
dĂ©penses des mĂ©nages des dĂ©ciles infĂ©rieurs est plus faible que la moyenne lorsquâon
augmente le taux normal (scénario A) (+1,2 point contre +1,3 point en moyenne pour
l'ensemble des ménages) et, inversement, plus fort quand on augmente le taux réduit (scénario
B) (+1,7 point contre +1,5 point en moyenne).
La mise en place de la TVA sociale par hausse du taux normal apparaĂźt donc moins anti-
redistributive que la mĂȘme opĂ©ration par hausse du taux rĂ©duit.
Le tableau suivant retrace lâimpact des diffĂ©rents scĂ©narios sur la charge fiscale par dĂ©cile de
revenu :
18
Variations apparentes de la TVA payée rapportée aux dépenses des ménages
par déciles de niveau de vie (en % des dépenses totales du décile)
DĂ©cile de revenu
par unité de
consommation
Charge
fiscale
actuelle
Scénario A
(Tx normal
Ă 22,6%)
Scénario B
(Tx réduit
Ă 13%)
Scénario C
(Tx normal
Ă 25%)
1
10,5
+1,2
+1,7
+2,2
2
10,6
+1,2
+1,7
+2,2
3
10,8
+1,3
+1,6
+2,3
4
11,0
+1,3
+1,5
+2,3
5
11,2
+1,3
+1,5
+2,4
6
11,3
+1,4
+1,4
+2,4
7
11,3
+1,3
+1,4
+2,4
8
11,6
+1,4
+1,4
+2,5
9
11,5
+1,4
+1,4
+2,4
10
11,6
+1,4
+1,3
+2,5
Total
11,2
+1,3
+1,5
+2,4
Source : DGTPE, modĂšle de microsimulation ITS reposant sur lâenquĂȘte âBudget
des familles 2000-2001â de lâINSEE.
On remarque en outre que pour le mĂȘme basculement de cotisations (1 point de PIB), l'impact
en moyenne est différent entre les scénarios A et B car le poids des dépenses des ménages
dans l'assiette de la TVA n'est pas le mĂȘme pour les taux normal et rĂ©duit. L'assiette de la
TVA à taux normal est composée à hauteur de 56% des dépenses des ménages et 44% des
dĂ©penses des entreprises (TVA rĂ©manente) et des administrations publiques. Pour la TVA Ă
taux réduit, les proportions sont plus déséquilibrées, de respectivement 78% et 22%. A masse
financiĂšre Ă©quivalente
ex ante
, la variation de TVA payée par rapport aux dépenses des
ménages est donc plus forte pour une hausse de taux réduit que pour une hausse de taux
normal.
3.2
Impact sur le pouvoir dâachat des mĂ©nages
Afin de simuler lâimpact dâune modification des taux de TVA sur le pouvoir dâachat des
ménages, il est nécessaire de tenir compte des effets inflationnistes de la réforme. Les
simulations effectuĂ©es reposent sur les hypothĂšse de moyen terme dâindexation unitaire des
salaires et de répercussion uniforme, dans tous les secteurs, de la hausse des coûts salariaux
dans les prix.
Les résultats des simulations sont répertoriés dans le tableau suivant :
19
Impact sur le pouvoir d'achat des ménages (en %)
DĂ©cile de revenu
par unité de
consommation
Scénario A
(Tx normal
Ă 22,6%)
Scénario B
(Tx réduit
Ă 13%)
Scénario C
(Tx normal
Ă 25%)
1
+0,1
-0,2
+0,2
2
+0,1
-0,2
+0,2
3
+0,1
-0,1
+0,1
4
0,0
-0,1
+0,1
5
0,0
0,0
0,0
6
0,0
0,0
0,0
7
0,0
0,0
0,0
8
-0,1
+0,1
-0,1
9
-0,1
+0,1
-0,1
10
-0,1
+0,2
-0,2
Total
0,0
0,0
0,0
Source : DGTPE, modĂšle de microsimulation ITS reposant sur
lâenquĂȘte âBudget des familles 2000-2001â de lâINSEE.
La hausse du taux normal de 3 points entraĂźnerait
in fine
une perte moyenne de pouvoir
d'achat de l'ordre de 0,1 point pour les déciles supérieurs et parallÚlement, un gain moyen de
pouvoir d'achat de 0,1 point pour les déciles inférieurs.
A contrario, la hausse du taux réduit de 7,5 points entraßnerait une perte de pouvoir d'achat de
l'ordre de 0,2 point pour les déciles inférieurs et parallÚlement, un gain de pouvoir d'achat de
0,2 point pour les déciles supérieurs.
On retrouve donc le mĂȘme rĂ©sultat en termes de pouvoir dâachat que pour la charge fiscale: la
hausse du taux normal est moins anti-redistributive que la hausse du taux réduit. En outre, les
variations de pouvoir d'achat au niveau de chaque décile semblent relativement modérées.
Toutefois, ces chiffres moyens peuvent masquer au niveau individuel des variations plus
marquĂ©es, qui reflĂštent lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des structures de consommation au sein de chaque
décile.
Dans le cas d'un relÚvement du taux normal à 22,6% par exemple, la proportion de ménages
enregistrant une perte de pouvoir d'achat est importante au sein des 3 premiers déciles (de
27% Ă 29%) â dĂ©ciles qui affichent pourtant un lĂ©ger gain en moyenne (+0,1) â, et encore plus
forte dans les déciles supérieurs (de 40 à 50%). Le tableau suivant illustre ces variations
intradéciles en indiquant le pourcentage de perdants et gagnants :
20
Impact sur le pouvoir d'achat des ménages : répartition des perdants et des gagnants
selon les scénarios et selon les déciles de revenus
Scénario A
(Tx normal Ă 22,6%)
Scénario B
(Tx réduit à 13%)
Scénario C
(Tx normal Ă 25%)
décile
% de
perdants
% de
gagnants
% de
perdants
% de
gagnants
% de
perdants
% de
gagnants
1
27
73
66
34
27
73
2
28
72
65
35
28
72
3
29
71
64
36
29
71
4
31
69
62
38
31
69
5
37
63
57
43
37
63
6
41
59
54
46
41
59
7
39
61
51
49
39
61
8
43
57
51
49
43
57
9
47
53
49
51
47
53
10
48
52
46
54
48
52
Total
37
63
57
43
37
63
Source : DGTPE, modĂšle de microsimulation ITS reposant sur lâenquĂȘte âBudget des familles 2000-2001â
de lâINSEE.
On constate que câest le scĂ©nario B (relĂšvement du taux rĂ©duit) qui crĂ©Ă© le plus de perdants
(de 66% au sein du 1
er
décile à prÚs de 50% dans les déciles supérieurs) pour des pertes en
moyenne de 0,9 point de pouvoir d'achat.
Les simulations ont montré en particulier que dans ce scénario 25 % des ménages enregistrent
plus de 1% de perte de pouvoir d'achat, comme lâindique le tableau suivant :
21
Pourcentage de perdants et gagnants significatifs selon les scénarios
Scénario A
(Tx normal Ă 22,6%)
Scénario B
(Tx réduit à 13%)
Scénario C
(Tx normal Ă 25%)
décile
Perte
supĂ©rieure Ă
1%
Gain
supérieur
Ă 1%
Perte
supĂ©rieure Ă
1%
Gain
supérieur
Ă 1%
Perte
supĂ©rieure Ă
1%
Gain
supérieur
Ă 1%
1
0%
10%
27%
1%
0%
22%
2
0%
13%
27%
3%
0%
28%
3
0%
13%
29%
3%
1%
28%
4
0%
13%
25%
3%
0%
26%
5
0%
12%
24%
3%
0%
24%
6
0%
13%
23%
4%
1%
23%
7
0%
11%
23%
4%
1%
24%
8
0%
11%
22%
5%
1%
23%
9
0%
11%
22%
6%
3%
23%
10
1%
13%
25%
11%
6%
25%
Total
0%
12%
25%
4%
1%
25%
Note de lecture : dans le scénario B, 24% des ménages du 5
Ăšme
décile enregistrent à terme une perte de pouvoir
d'achat supérieure à 1 point.
Source : DGTPE, modĂšle de microsimulation ITS reposant sur lâenquĂȘte âBudget des familles 2000-2001â de
lâINSEE.
Il convient de souligner que ces simulations ne sont que des ordres de grandeur qui doivent
ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s avec prudence pour quatre raisons :
-
Tout dâabord, il sâagit dâune analyse des effets redistributifs ex ante, qui ne tient pas
compte des comportements des mĂ©nages5 Ă la suite de ces hausses de taux : lâĂ©lasticitĂ©-
prix de la demande des différents biens et services est supposée nulle.
-
Ensuite, lâĂ©tude retient une hypothĂšse dâindexation unitaire des salaires aux prix Ă moyen
terme, alors que lâindexation des revenus Ă la hausse des prix est diffĂ©renciĂ©e : alors que
les hauts revenus et les revenus du capital ne sont pas indexés, le Smic et les revenus
sociaux bĂ©nĂ©ficient de clauses dâindexations sur les prix. Lâimpact dâune baisse de TVA
sur le pouvoir dâachat dâun mĂ©nage dĂ©pend donc Ă©troitement de la composition de son
revenu entre salaires (voisins ou éloignés du Smic), revenus sociaux et du patrimoine.
-
Lâanalyse ne porte en outre que sur les dĂ©penses, sans tenir compte de lâĂ©pargne : il
faudrait également raisonner sur la part du revenu consommé dans le revenu disponible
pour faire une analyse plus complĂšte des effets redistributifs dâune hausse de la TVA.
-
Enfin, sâagissant du taux rĂ©duit, le scĂ©nario envisagĂ© (hausse du taux rĂ©duit de 7,5 points),
établi dans un souci de cohérence en termes de masse financiÚre avec le scénario de
relÚvement du taux normal (les deux scénarios permettant de financer un allÚgement des
cotisations de 1 point de PIB), est Ă©videmment excessif. Sâil permet de situer des ordres de
grandeur, il est peu vraisemblable en effet quâune hausse du taux rĂ©duit atteigne ces
proportions.
5
De mĂȘme que les simulations sur les transferts intersectoriels dans le cas de la mise en place dâune CVA ou de
la modulation ne tenait pas compte des comportements
ex post
des entreprises.