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Le grand face-Ă -face du Forum.

« 

Le   paquet   fiscal   2007   et   le   Budget   2008   pourront-ils   relancer   l’économie 

française

 ? Â» :   tel   est   l’enjeu  du   grand   face-Ă -face   du   Forum  de   l’Investissement 

regroupant,  sous  la  conduite  de  Christophe  BARBIER, directeur  de  la  rĂ©daction  de 

L'Express et chroniqueur politique Ă  LCI, l’UMP Philippe MARINI, rapporteur gĂ©nĂ©ral 

de   la   Commission   des   Finances   du   SĂ©nat,   et   le   socialiste   JĂ©rĂŽme   CAHUZAC, 

député-maire de Villeneuve-sur-Lot.

« 

Le  paquet fiscal n’est pas  une  rĂ©volution

 Â», lance  d’emblĂ©e  Philippe  MARINI. En 

effet, les  mesures  fiscales  et rĂ©glementaires  n’ont qu’un  impact marginal sur notre 

Ă©conomie. En rĂ©alitĂ©, plus de 60 % des bĂ©nĂ©fices des sociĂ©tĂ©s constituant le CAC 40 

proviennent   de   l’étranger.   Si   la   politique   fiscale   a   un   rĂŽle   Ă    jouer,   c’est   donc 

davantage   en   faveur   de   la   compĂ©titivitĂ©   des   entreprises   et   de   l’attractivitĂ©   du 

territoire,   explique   le   sĂ©nateur   de   l’Oise,   deux   Ă©lĂ©ments   qui   sont   tout   de   mĂȘme 

déterminants pour notre pays.

Quant  Ă   la  TVA sociale,  ce  n’est  pas  le  nouvel  impĂŽt que  certains  se  plaisent Ă  

dĂ©noncer,   poursuit   Philippe   MARINI.   Loin   d’ĂȘtre   un   prĂ©lĂšvement   obligatoire 

supplĂ©mentaire,   elle   permettra   de   reporter   vers   la   consommation   les   charges 

sociales qui pĂšsent actuellement sur le travail. Cela reprĂ©sentera plusieurs dizaines 

de   milliards   d’euros,   explique-t-il,   c'est-Ă -dire   un   effort   sans   prĂ©cĂ©dent   pour   la 

compétitivité de nos entreprises.

S'agissant de  l'exonĂ©ration  fiscale  et sociale  des  heures  supplĂ©mentaires, JĂ©rĂŽme 

CAHUZAC  se  montre  sceptique. Le  dĂ©putĂ©  socialiste  du  Lot-et-Garonne  s'Ă©tonne 

que les documents de Bercy prĂ©voient une baisse de croissance du pouvoir d'achat 

de 10 % en 2008, alors mĂȘme que le gouvernement prĂ©sente la dĂ©fiscalisation des 

heures supplémentaires comme une mesure de soutien de la demande.

Par   ailleurs,   JĂ©rĂŽme   CAHUZAC   reproche   un   certain   manque   de   sĂ©rieux   Ă  

l'hypothĂšse de croissance de 2 Ă  2,25 % sur laquelle repose le Budget 2008. Selon 

lui, l'Ă©tat de  santĂ©  actuel des  trois  piliers  de  l'Ă©conomie  que  sont la  consommation 

des mĂ©nages, l’investissement des entreprises et le commerce extĂ©rieur ne permet 

pas d'envisager une telle progression du PIB.

Dubitatif,   JĂ©rĂŽme   CAHUZAC  l'est   aussi   au   sujet   de   la   rĂ©duction   d'ISF   pour   les 

dirigeants  de  PME. AdoptĂ©e  par l'AssemblĂ©e  nationale  Ă   la  veille  du  Forum, cette 

mesure permettrait aux dirigeants de dĂ©duire 75 % des sommes investies dans leur 

propre  entreprise, dans  la  limite  de  50.000  euros. Comme  le  rappelle  Christophe 

BARBIER, l'opposition a voté contre l'amendement.

En   accord   avec   son   groupe   parlementaire,   JĂ©rĂŽme   CAHUZAC   dĂ©plore   que 

l'investissement soit abordĂ©  par le  seul biais  de  l'ISF. Rappelant que  les  taux  de 

marge et les capacitĂ©s d'autofinancement des entreprises se dĂ©gradent continĂ»ment 

depuis  trois  ans, le  dĂ©putĂ©-maire  socialiste  de  Villeneuve-sur-Lot  estime  que  cette 

dĂ©duction ne permettra pas de ramener notre balance commerciale sur la voie des 

excédents.

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À  ce  propos, un  participant demande  pourquoi la  France  ne  s’aligne  pas  sur les 

grandes social-dĂ©mocraties qui ont renoncĂ© Ă  l’ISF. JĂ©rĂŽme CAHUZAC souligne que 

l'État   ne   peut   s'amputer   des   quelque  quatre  milliards   d'euros   de   recettes   de   cet 

impĂŽt.  Quant   Ă   Philippe  MARINI,  il   juge  inopportune  l'idĂ©e  de  sortir  la  rĂ©sidence 

principale de l'assiette de l'ISF, car cette mesure serait immĂ©diatement rejetĂ©e par le 

Conseil constitutionnel au nom du principe d'égalité devant l'impÎt.

InterrogĂ© sur la taxation des stocks options, Philippe MARINI estime que c’est surtout 

l’assujettissement aux charges sociales qui est en jeu. Â« 

Les assiettes fiscales sont 

mobiles

 Â», insiste le rapporteur gĂ©nĂ©ral de la Commission des finances du SĂ©nat : il 

existe   toutes   sortes   de   montages   juridiques   permettant   aux   entreprises   de 

«

 s'Ă©vader 

» du systĂšme français en toute lĂ©galitĂ©. Aussi le sĂ©nateur UMP de l’Oise 

prĂ©conise-t-il un  alignement de  la  fiscalitĂ©  française  du  dirigeant sur les  pratiques 

internationales, de maniĂšre Ă  ce que la France conserve sur son territoire les siĂšges 

sociaux de grands groupes.

« 

Les  stocks  options  sont dangereuses

 Â», rĂ©torque  JĂ©rĂŽme  CAHUZAC  en  citant le 

scandale ENRON aux Ă‰tats-Unis et Â«

 l’affaire EADS / LagardĂšre 

» en France. Pour 

le   dĂ©putĂ©   socialiste   du   Lot-et-Garonne,   le   principe   des   stocks   options   incite   les 

dirigeants   Ă    des   Â«

 comportements   crapuleux 

»   au   dĂ©triment   des   salariĂ©s   et   des 

investisseurs. Ce systĂšme valorise Â« 

un savoir-quand-vendre et non plus un savoir-

faire

 Â», dĂ©nonce-t-il, en se prononçant pour la taxation des stocks options.

« 

La   dĂ©valuation   de   l'euro   pourrait-elle   favoriser   les   entreprises   françaises

 ? Â» 

demande  un  participant. Philippe  MARINI rappelle  que  l’euro  fort prĂ©sente  tout de 

mĂȘme   un   avantage   non   nĂ©gligeable   pour   les   Français :   celui   de   compenser   la 

hausse du prix du pĂ©trole, puisque le baril est facturĂ© en dollar. Cet effet de change 

favorise la compĂ©titivitĂ© des entreprises et constitue un amortisseur prĂ©cieux pour les 

consommateurs  d’énergie.  JĂ©rĂŽme  CAHUZAC  partage  cette  analyse  sur  les  vertus 

protectrices de l’euro fort.

Un participant s’interroge : « 

Ne vaudrait-il pas mieux inciter les donations plutĂŽt que  

supprimer les droits de succession ?

 Â». Sur ce point, Philippe MARINI estime qu’il est 

lĂ©gitime d’exonĂ©rer complĂštement le conjoint survivant. Quant Ă  JĂ©rĂŽme CAHUZAC, 

il considĂšre que ces dispositions reflĂštent surtout une philosophie, et qu’elles ne sont 

pas décisives pour le cours de notre économie.

Concernant la rĂ©forme du rĂ©gime spĂ©cial de retraite des dĂ©putĂ©s, JĂ©rĂŽme CAHUZAC 

et   Philippe  MARINI   se   rejoignent   en  Ă©voquant   deux   cas   de  figure :   soit   l’activitĂ© 

parlementaire   est   considĂ©rĂ©e   comme   un   mĂ©tier   Ă    part   entiĂšre,   auquel   cas   un 

alignement sur les autres rĂ©gimes de cotisation s’impose, soit c’est une fonction qui 

peut s’intercaler dans  une vie de  citoyen, auquel cas  il faut lui appliquer  un systĂšme 

de retraite par points.

La derniĂšre question porte sur le prĂ©lĂšvement Ă  la source de l'impĂŽt sur le revenu. Si 

JĂ©rĂŽme CAHUZAC est favorable Ă  cette rĂ©forme induisant des gains de productivitĂ©, 

Philippe   MARINI   parle   d’une   Â«

 simple   modification   administrative 

»   dont   il   juge 

l’intĂ©rĂȘt  Â«

 limitĂ© 

». Le  rapporteur  gĂ©nĂ©ral de  la  Commission  des  Finances  du  SĂ©nat 

avoue en conclusion qu’il lui prĂ©fĂ©rerait largement deux mesures : la suppression des 

niches fiscales et la baisse des taux d'intĂ©rĂȘt.

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