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S A I N T-JOSEPH-TRAVA I L L E U R

Programme

: Centre paroissial

DĂ©partement - Ville

: Vaucluse - Avignon

Commanditaire

: Association diocĂ©saine d’Avignon

Architecte

: Guillaume Gillet (1912-1987)

Date de construction

: 1967 - 1969

Avignon

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Vaucluse

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Patrimoine XX

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00 © DRAC Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur / septembre 2000 / ISBN 2-11-092-168-4.

CrĂ©dits photographiques : © CRMH-S. Denante : 

1 2 3 4

(2000) / © CRMH-M. Audibert : 

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(1992) / 

© Inventaire gĂ©nĂ©ral-M. Heller-A.D.A.G.P. : 

6

(2000).

Graphisme Bik et Book

Centre paroissial Saint-Joseph-Travailleur, 27 avenue Gambetta, 84000 Avignon
Visites sur demande. Contacter la paroisse Saint-Ruf. TĂ©l. 04 90 16 73 73.

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1

10 M

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Le contexte                                                   

L’église Saint-Joseph-Travailleur est situĂ©e Ă  Champ-
fleury, dans la pĂ©riphĂ©rie sud d’Avignon. Ce quar-
tier, jusqu’alors inondable, devint constructible dans
les années 50 ; dans un premier temps, le culte fut
célébré dans un hangar préfabriqué installé en 1959
par l’association diocĂ©saine. À partir de 1962, en
raison de l’arrivĂ©e massive des rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie,
cette salle précaire se révéla insuffisante ; le diocÚse
acquit alors un terrain dans l’intention de faire
construire un ensemble paroissial.

Le commanditaire                                          

En 1966, l’abbĂ© Henri Laurent, alors Ă©conome dio-
césain, le pÚre Joseph Persat, curé de Champfleury
et l’abbĂ© Marcel Roy, peintre-verrier, sĂ©lectionnent
Guillaume Gillet pour Ă©tablir les plans du futur
Ă©difice.
Le maütre d’ouvrage n’impose ni contrainte ni orien-
tation architecturale, mais un programme simple :
Ă©glise, presbytĂšre, salles paroissiales, auquel Gillet
rĂ©pond par un plan d’ensemble correspondant Ă  la
forme triangulaire de la parcelle. La dĂ©clinaison du
triangle, symbolisant la TrinitĂ© divine, constitue le
principe d’organisation de tout le centre paroissial.
Chaque pointe du triangle de départ sera elle-
mĂȘme occupĂ©e par un point fort, Ă©galement trian-
gulaire : Ă  l’est, l’église, au nord, un cloĂźtre d’hiver
protégé par une verriÚre pyramidale, au sud-ouest,
une salle de conférences. Une aile doit recevoir le
presbytĂšre et ses annexes, une autre les salles de
catéchisme, la troisiÚme une galerie couverte refer-
mant l’ensemble autour d’une vaste place hexago-
nale. Cette derniĂšre partie, de mĂȘme que la salle de
conférences, ne sera pas réalisée.
Comme à son habitude, Gillet a travaillé en relation
Ă©troite avec un ingĂ©nieur, ici Lourdin, d’ailleurs
associĂ© Ă  la conception de deux autres de ses Ă©glises 

Ă  paraboloĂŻdes hyperboliques. L’avignonnais Charles
AndrĂ© est architecte d’opĂ©ration. Parmi les artistes
intervenus Ă  Saint-Joseph-Travailleur figurent l’abbĂ©
Roy, crĂ©ateur des vitraux et le ferronnier Watkin,
auteur de la croix qui surmonte la flĂšche.

L’architecte                                                   

Originaire de l’Oise, Guillaume Gillet (1912-1987)
reçoit une formation Ă  l’école des Beaux-Arts de
Paris avant de s’orienter vers l’architecture. Son
diplîme d’architecte, en 1937, a pour sujet un pro-
jet de pĂšlerinage local. Il passe toute la guerre
emprisonnĂ© en Westphalie ; c’est de cette Ă©poque
que date sa collaboration, constante par la suite,
avec les ingĂ©nieurs des Arts et MĂ©tiers, qui s’occu-
pent avec lui du théùtre des prisonniers.
Reçu Premier Grand Prix de Rome en 1946, il est
retenu peu aprĂšs pour organiser la reconstruction de
Royan (Charente-Maritime) : la cathédrale Notre-
Dame (1954-1958), qui lance véritablement sa car-
riĂšre, est considĂ©rĂ©e comme son chef-d’Ɠuvre. Il est
architecte en chef des BĂątiments Civils et Palais
Nationaux (1952), enseignant aux Beaux-Arts,
membre puis prĂ©sident de l’AcadĂ©mie des Beaux-
Arts. Parmi ses constructions majeures figurent le
pavillon français de l’exposition universelle de
Bruxelles, la Maison d’arrĂȘt de Fleury-MĂ©rogis,
l’École Nationale de la Magistrature à Bordeaux.
Mais Gillet réalise aussi plusieurs programmes reli-
gieux oĂč il met en Ɠuvre le systĂšme qui se rĂ©pand
dans le monde entier des paraboloĂŻdes hyperbo-
liques : aprĂšs Notre-Dame de Royan, il construit
dans les annĂ©es 60 l’église Saint-CrĂ©pin-Saint-
Crépinien de Soissons (Aisne), le centre paroissial
de Vieux-CondĂ© (Nord), celui de Saint-Joseph-
Travailleur et la chapelle de l’École de Chatenay-
Malabry (Hauts-de-Seine).

Un vocabulaire architectural commun rapproche
ces édifices : systÚmes constructifs résolument mo-
dernes, variations sur des formes géométriques,
esthétique du béton brut de décoffrage, emploi du
bois.

L’édifice                                                        

VĂ©ritable performance plastique et technique,
l’église est l’élĂ©ment le plus spectaculaire du centre
paroissial. Son volume surprenant, mouvementé,
produit une impression d’envolĂ©e vers le ciel. Les
murs, relevés aux angles, descendent vers la porte
triangulaire située au milieu de chaque cÎté. Leur
base, aveugle mais animée par des ailettes, est en
bĂ©ton brut de dĂ©coffrage, leurs arĂȘtes et leur partie
supĂ©rieure sont constituĂ©es d’un bandeau de vi-
traux dont les nervures en béton sont incrustées
de mosaïques. Sur chaque face, la toiture s’incline
jusqu’aux portes puis s’élance vers la haute flĂšche
mĂ©tallique. À l’intĂ©rieur, le bĂ©ton est adouci par
une charpente en lamellé-collé portée par un tri-
pode. Sa blondeur, la coloration bleu et orangĂ© des
vitraux offrent une ambiance chaleureuse propice Ă 
la méditation. Parmi le mobilier liturgique, sobre
et élégant, on retiendra surtout les fonts baptis-
maux, véritable sculpture de béton et de métal.

ActualitĂ©                                                        

Les perspectives de développement du quartier de
Champfleury ne se sont pas rĂ©alisĂ©es conformĂ©ment
aux attentes. De ce fait, l’association diocĂ©saine a dĂ» dĂšs
1970 rĂ©duire le programme d’origine. Cet inachĂšve-
ment rend l’organisation d’ensemble moins lisible.
Aujourd’hui, les annexes sont affectĂ©es Ă  la commu-
nautĂ© « Le Pain de Vie », qui s’occupe des habitants.
L’église a Ă©tĂ© rattachĂ©e Ă  la paroisse de Saint-Ruf, dont
elle avait été détachée en 1958. Les derniers travaux,
réalisés par Charles André, ont porté sur la couverture
de cuivre et les terrasses.
Le centre paroissial est inscrit sur l’inventaire supplĂ©-
mentaire des monuments historiques depuis 1993.

PHOTOGRAPHIES

Couverture                                                                         

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Vue extérieure, détail.

SĂ©quence intĂ©rieure                                                             

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Façade sud de l’église.

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Vue intérieure.

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BaptistĂšre.

5

Vitraux.

DerniĂšre de couverture                                                        

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Vue aérienne vers le nord.

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Plan d’ensemble.

RÉDACTEUR

Sylvie Denante, chargĂ©e d’études documentaires,
d’aprùs Christophe Petitjean, l’Architecture religieuse
de Guillaume Gillet à partir de l’exemple de Saint-Joseph-
Travailleur d’Avignon, mĂ©moire de maĂźtrise
sous la direction de Claude Massu, Université de Provence,
Aix-Marseille I, 1996-1997.