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Le vendredi 15 septembre 2006

Le journal d'Aurélie Laflamme : attention, succès à l'horizon!

Les deux premiers tomes du Journal d'Aurélie Laflamme, d'India Desjardins, lèvent le voile sur une héroïne d'une grande fraîcheur.
Photo Robert Mailloux, La Presse

Sonia Sarfati

La Presse

Avec son Journal d'Aurélie Laflamme, India Desjardins signe ce qui pourrait bien devenir le Journal de Bridget Jones des jeunes Québécoises. Rencontre avec une fille de 30 ans qui a toujours l'adolescence à fleur de tête.

Écoutez l'extrait audio
L’auteure parle de la création du personnage de ses romans (64 sec).

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Tout a commencé par la mort d'un chat. Enfin, pas seulement par ça, mais un peu quand même. Une peine qui, vue par la lorgnette de ceux qui n'ont jamais partagé leur toit avec un animal, peut sembler exagérée - mais que les autres, eux, comprennent. Une peine dont India Desjardins est presque gênée, mais qui a participé, vraiment, à donner naissance à ce qui pourrait devenir le prochain gros succès québécois en librairie: Le journal d'Aurélie Laflamme (Les Intouchables) dont les deux premiers tomes, Extraterrestre... ou presque et Sur le point de craquer!, sont arrivés mercredi en librairie. Ils ne moisiront pas là.

C'était l'an dernier. India Desjardins, auteure du roman humoristique Les aventures d'India Jones et de la chronique Le journal intime de Marie-Cool dans le magazine Cool, a souffert d'une embolie pulmonaire. Hospitalisation. Sybil, la chatte, a temporairement perdu sa maîtresse. Sybil, India Desjardins l'a reçue en cadeau quand elle avait 11 ans. L'année où ses parents ont divorcé. Dans la maison familiale puis d'appartement en appartement, elles ont partagé 18 années de vie. Quand la jeune femme est rentrée chez elle, guérie, la santé de Sybil s'est mise à décliner. Il n'y a pas eu de remontée.

La peine. Et, en même temps, avec la trentaine, un désir nouveau. Celui d'enfant. Autant d'éléments qu'India Desjardins a conjugués dans sa tête. Son coeur.

Qui ont débouché sur une question: «Si j'étais mère, aujourd'hui, que dirais-je à mes enfants à propos de la mort - surtout celle d'un être cher? Je crois que je leur dirais ce que je pense. C'est-à-dire que je ne sais pas où se trouve celui qui a disparu.»

Comment, à partir de là, l'enfant vivrait-il son deuil? «C'est là qu'elle m'est apparue. Elle s'appelait Aurélie Laflamme. Elle avait 14 ans. Son père était mort quand elle en avait 9.» C'est tout. Une vie aperçue à travers le trou d'une serrure. Mais India Desjardins voulait en savoir plus. Elle a trouvé la clé, poussé la porte. Est entrée dans la vie d'Aurélie comme Aurélie est entrée dans la sienne.

Il y a une grande sincérité - et, à première vue, pas de calcul - à l'origine de ce Journal. Une sincérité qui se sent dans les pages des deux premiers tomes, lesquels lèvent le voile sur une héroïne d'une grande fraîcheur.

Une héroïne qui n'est pas un clone de Georgia et autres Mia, elles aussi devenues célèbres par la publication de leur journaux personnels. India Desjardins lui a donné une personnalité distincte en creusant un sillon bien sûr semblable à celui qu'empruntent Louise Rennison et Meg Cabot... mais la vie d'ado étant ce qu'elle est -conflits avec les parents, amitiés en fusion ou en perfusion, amours troublées et troublantes-, il est impossible d'aller complètement ailleurs.

La différence, ici, est dans l'émotion qui, entre deux anecdotes drôlissimes, pointe le nez. Par l'intermédiaire du père disparu, mais pas seulement par lui. Il y a aussi le fait qu'Aurélie Laflamme a un destin. Ainsi l'a voulu India Desjardins: «Au départ, j'avais pensé à écrire une trilogie. Mon éditeur m'a plutôt demandé six livres. J'ai réfléchi... et je suis revenue avec l'idée d'en signer huit. Parce que j'ai trouvé huit thèmes à exploiter, qui me permettrait de conduire Aurélie jusqu'à son bal des finissants.» Et il y a en effet, dans chacun des deux premiers volumes, un thème décliné de plusieurs manières. Concept intéressant.

Simplicité volontaire

De plus, India Desjardins, adepte de la simplicité volontaire depuis environ cinq ans - elle n'a même pas succombé à l'impulsion de s'acheter des jeans neufs pour son lancement! - ne voulait pas d'une héroïne gnangnan ou superficielle. Ainsi, Aurélie fréquente une école privée et n'a rien contre le fait de porter un uniforme: «Les gens qui disent que ça empêche les jeunes d'exprimer leur personnalité accordent beaucoup d'importance à des morceaux de tissu.» India parle ainsi. Aurélie tient semblable discours.

Séduisant, non? Et ce n'est qu'un début. À suivre donc -au mois d'avril, avec Un été chez ma grand-mère.

Journaux personnels... mais publics

> LE JOURNAL D'AURÉLIE LAFLAMME. Par India Desjardins, dès 11 ans, Les Intouchables.

Survol : série québécoise; deux tomes publiés; la série en comptera huit.

Synopsis : Aurélie, 14 ans, orpheline de père, entourée d'une mère sympa; d'une chatte, Sybil; d'une meilleure amie, Kat; d'un amoureux, Nicolas.

Appréciation: l'auteure a trouvé sa place et son ton dans un créneau déjà bien occupé. Les situations évoquées trouveront un écho chez les adolescentes québécoises. Mais attention: les séries du genre ont tendance à s'essouffler après trois tomes. Qu'en sera-t-il ici ?

> LE JOURNAL INTIME DE GEORGIA NICHOLSON. Par Louise Rennison, dès 12 ans, Scripto (Gallimard Jeunesse).

Survol : série britannique; six tomes publiés; série de longueur indéterminée.

Synopsis : Georgia, 14 ans au début de la série, et ses parents "pas rap' " une petite soeur, Libby; un chat, Angus; une meilleure amie, Jas; des amoureux successifs...

Appréciation : les deux premiers tomes sont hilarants. Les suivants le sont peut-être aussi : la traduction franchouillarde est, par grands pans, hors de portée pour la lectrice francophone moyenne vivant de ce côté-ci de l'Atlantique.

> LE JOURNAL D'UNE PRINCESSE. Par Meg Cabot, dès 10 ans, Hachette Jeunesse.

Survol : série américaine; six tomes (bientôt sept) publiés ; série de longueur indéterminée.

Synopsis : Mia, presque 15 ans au début de la série, héritière de la principauté de Génovia; mère immature et père absent; une meilleure amie, Lilly; un amoureux secret, Michaël.

Appréciation : Mia tend à ses fans un miroir sur le quotidien tout en ouvrant une porte sur une vie fantasmée. Mais la sauce a commencé à se diluer au troisième tome.

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