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Bucarest 18-20 septembre 2003
Intervention de Jean-Noël Dibie
Directeur adjoint, délégué à la direction du développement international de France Télévisions
Docteur en droit, chargĂ© de cours Ă lâUniversitĂ© Paris I PanthĂ©on Sorbonne
Les limites du systĂšme dual :
télévision publique versus télévisions commerciales
.
La télévision, un service public menacé
Techniquement et socialement la radiotélévision est un service public :
âą
techniquement, la radiotélévision utilise des supports de transmission et de
diffusion relevant du domaine public (fréquences hertziennes, orbites et
fréquences satellitaires, voie public pour le passage du cùble).
De ce fait, il incombe Ă la puissance publique dâattribuer des licences aux opĂ©rateurs,
conformĂ©ment au plan international de frĂ©quences de lâUnion Internationale des
Télécommunications.
.
âą
socialement, la radiotĂ©lĂ©vision satisfait Ă une mission dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, justifiant
que les licences techniques soient assorties dâobligations sociales.
Pour autant, le service public de la radiotĂ©lĂ©vision ne relĂšve pas nĂ©cessairement dâun
monopole du secteur public.
Comme rappelé en décembre 1986 par la
PremiÚre Conférence ministérielle sur la
Politique de Communication de Masse de Vienne
, ce service public peut ĂȘtre assurĂ©
par une personne publique en situation de monopole ou confié en tout ou partie au
secteur privé.
Aux Etats-Unis
La radiotĂ©lĂ©vision relĂ©ve du secteur privĂ© sous le contrĂŽle dâune Agence
Fédérale, la Federal Commission for Communication -FCC-, à laquelle revient de :
- gĂ©rer les frĂ©quences quâelle attribue Ă des opĂ©rateurs sous forme de licences
dâexploitation,
- réglementer le secteur de la communication dans le respect du pluralisme et des
droits fondamentaux garantis par la constitution, la loi et la jurisprudence :
âą
le Premier amendement de la Constitution
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«Le CongrĂšs ne pourra faire aucune loi concernant lâĂ©tablissement dâune
religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de
la presse ou touchant au droit des citoyens de sâassembler paisiblement et
dâadresser des pĂ©titions au gouvernement pour le redressement de leurs
griefs».
âą
la législation antitrust du «Sherman Act» étendue aux Medias par la Cour
SuprĂȘme dans son arrĂȘt «Red Lion» de 1969 par lequel
«La Cour a estimé que le premier amendement entendait maintenir un libre
marchĂ© afin dâassurer la diffusion de la vĂ©ritĂ© et quâil convenait de ce fait de
faciliter lâaccĂšs aux mĂ©dias pour assurer la protection de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et des
droits individuels, notamment, ceux des minorités.
»
Aux Etats-Unis, câest le bon fonctionnement du marchĂ©, dans le respect des droits
des consommateurs et des producteurs, qui permet Ă la la tĂ©lĂ©vision de satisfaire Ă
sa mission dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.
La télévision publique américaine, organisée par le Public Broadcasting Act de
1967 crĂ©ant la Corporation for Public Broadcasting, sâinscrit dans ce cadre
institutionnel.
La CPB nâest pas une Agence fĂ©dĂ©rale mais une entreprise Ă but non lucratif, tutelle
des 360 stations locales affiliées au réseau public PBS couvrant 93% de la
population américaine. Il lui incombe, notamment, de :
- sâassurer du respect des rĂšgles imposĂ©es aux stations du rĂ©seau. Celles-ci sont
tenues de diffuser quotidiennement 8 heures de programmes fournis par le Network,
dont prĂ©s des deux tiers sont consacrĂ©s aux enfants, produits pour lâessentiel par les
six principales stations du réseau ;
- répartir la subvention fédérale qui contribue au financement des stations assuré, en
moyenne par tiers, par lâEtat fĂ©dĂ©ral et les Etats, des associations locales Ă but non
lucratif, des universités et des districts scolaires.
LâĂ©quilibre du systĂ©me audiovisuel amĂ©ricain, conçu dans lâenvironnement de
raretĂ© de la tĂ©lĂ©vision analogique est menacĂ© par la vague de âDĂ©rĂ©gulationâ,
rĂ©sultant de la âConvergence numĂ©riqueâ, au prĂ©texte que lâabondance de lâoffre de
services audiovisuels numĂ©riques va permette dâassurer le pluralisme par le seul
marché.
Quâen sera-t-il de la dĂ©mocratie audiovisuelle sicomme
âą
annoncé en avril 2004 par un représentant du Sénat des Etats Unis lors de la
rĂ©union annuelle de lâassociation des diffuseurs amĂ©ricains -NBA-,
âą
décidé par la FCC le 2 juin (3 voix sur 5) et publié au Registre Fgédéral le 5 août
(entré en viguer 30 jours aprÚs)
âą
bloquĂ© par la Cour SuprĂ©me de Pensylvanie le 5 septembre ( câest maintenant Ă
la justice de seprononcer sur la légalité de cette réforme)
âą
désavoué le 24 juillet par la Chambre des représentants qui a voté un texte
annulant ces nouvelles régle (400 vois contre 21), vote confirmé par le Sénat, le
16 septembre (55 voix contre 40) nonobstant la menace de Veto de Geoge Bush
trois dispositions fondamentales Ă©taient abolies :
- la loi dite du âplafondâ, interdisant toute concentration au-delĂ de 35% de
lâaudience totale,
- la loi dite du âduopoleâ par laquelle un opĂ©rateur ne peut dĂ©tenir plus de deux
réseaux nationaux de télévision,
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- la disposition ne permettant pas à une entreprise de média de controler dans une
mĂȘme ville une station de tĂ©lĂ©vision et un quotidien.
Bien que dĂ©jĂ les dispositions nationales anti-trust ne sâappliquent pas Ă
lâexportation, une telle dĂ©rĂ©gulation du marchĂ© national amĂ©ricain ne peut ĂȘtre sans
consĂ©quence sur les Ă©quilibres internationaux du secteur dĂ©jĂ dominĂ© par lâindustrie
américaine des contenus (films, programmes de télévision, supports pré-enregistrés
audio et vidĂ©o, jeux Ă©lectronique, software âŠ)
Les revenus internationaux générés par le copyright étant supérieurs à ceux de tous
les autres secteurs de lâĂ©conomie, ce marchĂ© dicte Ă lâadministration amĂ©ricaine ses
prises de position au sein de :
- la WIPO - World Intelectual Property Organisation -, oĂč les amĂ©ricains font pression
pour une intégration rapide dans les droits nationaux des traités adoptés en 1996 sur
le copyright Ă lâĂšre numĂ©rique
- de lâOMC, oĂč les amĂ©ricains veulent imposer le libre marchĂ© des contenus
nonobstant la rĂ©sistance de lâEurope et de ses partenaires qui entendent protĂ©ger
leurs marchĂ©s nationaux au nom du nĂ©cessaire maintien de la âdiversitĂ© culturelleâ.
Dans lâenvironnement concurrentiel de globalisation lâEurope est elle en mesure de
préserver sa télévision de service public ?
En Europe
Les paysages audiovisuels européens dans lesquels coexistent chaßnes
publiques et commerciales sâinscrit dans un systĂšme Dual permettant dâune part de
satisfaire aux exigences du pluralisme de lâinformation et dâautre part de soutenir le
dĂ©veloppement dâindustries audiovisuelles, industries culturelles qui ne peuvent se
satisfaire des rÚgles du marché retenues pour les secteurs industriels
manufacturiers.
Dans ce cadre :
âą
les chaĂźnes commerciales en clair ou cryptĂ©es Ă pĂ©age, sâinscrivent dans une logique
de marchĂ© avec pour lĂ©gitime objectif lâoptimisation des profits ;
âą
la tĂ©lĂ©vision publique, financĂ©e en tout ou partie par la collectivitĂ©, qui nâa de
justification quâau travers dâune audience significative, ne peut se satisfaire de cette
logique commerciale. Au service de tout le public et de tous les publics, la télévision
publique se doit dâĂȘtre Ă la fois fĂ©dĂ©ratrice pour tout le public et diversifiĂ©e afin de
satisfaire aux attentes de tous les publics dans ses composantes géographiques,
sociales et culturelles.
Ce systĂšme Dual qui, par la permanence dâoffres audiovisuelles alternatives, a
permis la prĂ©servation des diversitĂ©s culturelles, richesse de lâEurope, sâest instaurĂ©
progressivement.
- Entre les deux guerres mondiales, radios privées et publiques ont coexistés en
Europe, sauf dans les Etats totalitaires oĂč la radio avait Ă©tĂ© nationalisĂ©s Ă des fins
de propagande.
- Aux lendemains de la seconde guerre mondiale lâinstauration de monopoles
publics a rĂ©sultĂ© des donnĂ©es Ă©conomiques et sociales de lâĂ©poque.
- Du fait de la partition de lâEurope en deux blocs et des diffĂ©rences nationales, les
systÚmes nationaux de radiotélévision ont connu des évolutions différentes.
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En Europe de lâOuest
, les mutations Ă©conomiques, sociales et politiques,
conjuguĂ©es aux exigences du pluralisme de lâinformation, ont induit :
. dans un premier temps, des aménagements structurels assurant progressivement
au monopole de la radiotélévison une plus large autonomie au regard du pouvoir
politique, la tĂ©lĂ©vision dâEtat faisant alors place Ă la tĂ©lĂ©vision de service public ;
. dans un second temps, lâouverture des marchĂ©s audiovisuels par lâorganisation de
la concurrence de chaĂźnes et dâopĂ©rateurs publics et privĂ©s assurĂ©e par des
dispositifs institutionnels accompagnĂ©s dâadaptations des financements de la
télévision publique (
cf. annexe, je ne traiterai pas ici de ce thĂšme qui fait lâobjet dâun
autre atelier
).
En outre, nonobstant le protocole additionnel au TraitĂ© dâAmsterdam qui reconnaĂźt
aux Etats la compétence
de conférer, définir et organiser la mission du service public
de radiodiffusion et de pourvoir Ă son financement
, les Etats Membres de lâUnion
EuropĂ©enne sont tenus par le droit communautaire de la concurrence dâassurer
lâĂ©quilibre Ă©conomique entre opĂ©rateurs publics et privĂ©s. A cette fin les Etats, en
accord avec la Commission qui veille Ă ce que le financement nâaltĂšre pas les
conditions des échanges, ont pris deux séries de mesures :
- fixé des limites au financement publicitaire des chaßnes publiques,
- mis en place des dispositifs de contrĂŽle portant, notamment, sur lâexĂ©cution de leur
mission de service public et lâutilisation faite de leurs ressources.
Dans lâenvironnement concurrentiel du systĂšme Dual, la problĂ©matique
communautaire du financement de la tĂ©lĂ©vision publique, nâest pas sans
conséquence dans le débat en cours sur sa légitimité.
Le Parlement EuropĂ©en, a adoptĂ© le 4 septembre 2003, trois rapports demandant Ă
la Commission de prendre des initiatives pour préserver le pluralisme des médias
mis en cause par la concentration des médias, corollaire des menaces qui pÚse sur
la télévision de service public.
âą
Un premier rapport (Fodé Sylla fr) consacré à la situation des droits
fondamentaux dans lâUnion europĂ©enne, qui se rĂ©fĂšre notamment Ă la situation
italienne, demande Ă la Commission de sâassurer que les mĂ©dias privĂ©s et
publics
- fournissent au citoyen des informations fiables,
- Ă©vitent
les
discriminations
- garantissent lâaccĂšs au diffĂ©rents groupes et opinions
âą
Un second rapport (Myrisini Zorba soc. grecque) consacré aux industries
culturelles demande Ă la Commission :
- dâengager une rĂ©flexion sur les effets de la concentration croissantes des secteurs
des tĂ©lĂ©cumications, de lâindustrie culturelle et des mĂ©dias des mĂ©dias
- de veiller Ă ce que les convergences ne conduissent pas Ă la disparition des
indĂ©pendants et nâaltĂ©rent pas la divesitĂ© de la crĂ©ation par une uniformasitation
de la production et de la diffusion.
âą
Le troisiÚme rapport (Roy Perry conservateur britannique) sur la «Télévision sans
frontiÚre», souligne la préoccupation des eurodéputés devant le fait que la
concentration croissante de la propriĂ©tĂ© et du contrĂŽle â quelle soit horizontale ou
verticale - dans le secteur de la radiodiffusion tĂ©lĂ©visuelle, demande Ă©galement Ă
la Commission de contrÎler le degré de concentration des médias en Europe
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En Europe centrale et orientale
oĂč les notions de pluralisme des mĂ©dias et
dâĂ©conomie de marchĂ© ont longtemps Ă©tĂ© Ă©touffĂ©es, les Etats ont du, aprĂšs la chute
des régimes totalitaires, organiser la fin du monopole idéologique sur les médias
audiovisuels.
A cette fin, ils se sont attachĂ©s Ă se doter dâune lĂ©gislation sur les moyens
dâinformation garantissant, notamment :
. les intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©raux des citoyens,
. les droits des journalistes, dont leur accĂšs aux sources,
. les droits des agents de la création, auteurs, artistes interprÚtes, producteurs,
Ils ont en outre, adoptés des dispositifs juridiques, économiques et techniques
propres à assurer le pluralisme des médias dans un marché fluide, notamment par
des limites Ă la concentration.
Dans ces sociĂ©tĂ©s en transformation, la libĂ©ralisation de lâespace de communication
a permis la pluralité des supports audiovisuels, mais pas toujours celle des
messages, en raison tant du manque de ressources que de la suspicion pesant sur
la tĂ©lĂ©vision publique, aprĂšs plus de quarante annĂ©es de tĂ©lĂ©vision dâEtat.
Les chaĂźnes publiques, encore proches du pouvoir politique, doivent affronter la
concurrence de chaßnes privées plus soucieuses de profits que de culture et de
civisme. Faute de moyens et de cohérence les chaßnes nationales manquent souvent
dâune vision structurĂ©e et homogĂšne. En outre, le public avide dâune ouverture que
ne lui offre pas toujours ses chaßnes nationales est attiré par les chaßnes importées
accessibles par satellite et sur les réseaux cùblés, vecteurs de diffusion qui
connaissent un développement rapide.
Le futur de la télévision
devenue en un demi-siĂšcle le principal vecteur de
diffusion de lâinformation, de la connaissance et de la culture, nâest pas sans poser
question au début du XXIÚme siÚcle.
Faut-il croire les augures qui prédisent, notamment :
- la disparition des chaßnes généralistes au bénéfice de la consommation à la carte
de programmes et services audiovisuels ;
- le remplacement du tĂ©lĂ©viseur familial par lâordinateur multimĂ©dia ?
Y aura-t-il encore place pour une télévision de service public ?
. une tĂ©lĂ©vision pour tous, quels quâen soient les supports de diffusion,
. une tĂ©lĂ©vision reflet des rĂ©alitĂ©s socioculturelles nationales et rĂ©gionales et fenĂȘtre
ouverte sur le monde,
Dans lâenvironnement concurrentiel hĂ©tĂ©rogĂšne de la tĂ©lĂ©vision europĂ©enne, les
tenants du «tout marché» cherchent Ă marginaliser, si ce nâest Ă faire disparaĂźtre, les
chaßnes publiques. A cette fin ils tentent de faire valoir, comme les ultra-libéraux
amĂ©ricains, que lâabondance de lâoffre audiovisuelle numĂ©rique permettra au marchĂ©
de satisfaire Ă la mission dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral du service public de la tĂ©lĂ©vision.
Comment souscrire à ce raisonnement alors que déjà la multiplication des
mouvements capitalistiques de fusion/acquisition entre opérateurs commerciaux,
menace la diversitĂ© de lâoffre audiovisuelle et ce faisant le maintien dâespaces
audiovisuels publics et pluriels ouverts Ă tous, citoyens et consommateurs ?
Une autre menace pĂšse sur la tĂ©lĂ©vision de service public, celle des tenants dâun
conservatisme culturel qui voient dans la télévision la contestation de leur monopole
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du savoir, dÚs lors que ce média ne reflÚte pas leur propre perception de la culture.
Câest dĂ©nier sa vocation Ă la tĂ©lĂ©vision de service publique que de vouloir limiter sa
mission Ă la diffusion de programmes Ă©ducatifs et culturels au sens Ă©troit du terme.
Câest dans cette problĂ©matique quâentend sâinscrire Marc Tessier prĂ©sident de
France Télévisions qui avec ses trois chaßnes France 2 France 3 et France 5 a vu
ses parts dâaudiences globales augmentĂ©es rĂ©guliĂšrement depuis 2001 (+ 2,5).
Face à la multiplication des chaßnes thématiques, information, jeunesse, sport,
découverte, qui créent de nouveaux rapports avec le public, les chaßnes généralistes
commerciales tentent de prolonger le statu quo par des programmes «attrape tout»,
aujourdâhui la «tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© », mais ce ne sont lĂ que des expĂ©dients qui nâont pas
enrayĂ© aux Etats-Unis la perte dâaudience des grands rĂ©seaux. France tĂ©lĂ©visions a
entrepris dâadapter sa structure de programmes autour de grands Ă©vĂ©nements
dâantenne reflets de lâimaginaire collectif ou de la culture du pays. Il en va ainsi des
grandes fictions (NapolĂ©on âŠ), des documentaires de prestige (LâodyssĂ©e de
lâespĂšce âŠ) des grands moments sportifs (Championnat du monde dâathlĂ©tisme,
Jeux OlympiquesâŠ) et de sa nouvelles conception de lâinformation dâune part en
multipliant Ă©missions dâapprofondissement et grands dĂ©bats, dâautre part en
augmentant lâinformation de proximitĂ© (rĂ©forme du 19/20 de France 3).
Evolution qui sera soutenue par lâavĂšnement attendu de la tĂ©lĂ©vision numĂ©rique
Lâavenir numĂ©rique de la tĂ©lĂ©vision
remet-il en cause le systĂšme Dual
europĂ©en, alors que nombre dâEtats ont programmĂ© lâabandon de la diffusion
analogique ?
La tĂ©lĂ©vision numĂ©rique quel quâen soit le support de diffusion, satellite, cĂąble ou
hertzien, va notamment, permettre au plus grand nombre lâaccĂšs Ă plus de
programmes, Ă une meilleure qualitĂ© technique et Ă lâinteractivitĂ©. Dans cette
perspective, la TĂ©lĂ©vision NumĂ©rique par voie hertzienne -TNT-, ne doit pas ĂȘtre
perçue comme un nouveau média mais comme un nouveau moyen de diffusion
devant Ă terme se substituer Ă la tĂ©lĂ©vision hertzienne analogique. Lâextension du
cĂąble Ă lâensemble du territoire nâĂ©tant ni techniquement, ni Ă©conomiquement
envisageable, sauf pour de petits pays fortement urbanisés, et la diffusion satellitaire
ne permettant pas de satisfaire aux attentes de proximitĂ© des tĂ©lĂ©spectateurs, câest
dans la complémentarité des supports de diffusion que les européens doivent
sâattacher Ă assurer la permanence de mission dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral du service public de
la télévision.
Dans le contexte de «Mondialisation» qui nâest pas sans influence sur les
comportements Ă©conomiques et sociaux, les pratiques souvent abusives de
lâĂ©conomie de marchĂ© ne peuvent quâaccentuer les dĂ©sĂ©quilibres existants. Câest
ainsi que, si lâon nây prend garde, les Nouvelles Technologies de lâInformation qui
offrent dâimmenses possibilitĂ©s dâouverture du champ dâexpression de la diversitĂ©
culturelle, ne sauraient se satisfaire de la seule logique commerciale, au risque dâen
dĂ©tourner lâusage au profit de quelques-uns.
Câest-ce prĂ©servant les acquis qui, dans lâenvironnement analogique de la tĂ©lĂ©vision
ont, malgré la rareté, permis de satisfaire à la double attente des téléspectateurs
citoyens et consommateurs, que doit ĂȘtre organisĂ© lâavenir numĂ©rique de la
télévision.
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La dĂ©mocratie audiovisuelle numĂ©rique sera assurĂ©e par lâaccĂšs Ă tous, hors des
circuits dâabonnement, Ă une offre Ă©largie de programmes. Il incombe aux pouvoirs
publics dâorganiser le systĂšme Dual de la tĂ©lĂ©vision numĂ©rique en rĂ©partissant
fréquences et licences entre opérateurs de services en clair et opérateurs de
services cryptés à péage. Les téléspectateurs britanniques ont déjà plébiscité cette
politique par lâaccueil quâils ont rĂ©servĂ© Ă lâoffre de TNT en clair de la BBC, Free
Wiev, aprĂšs lâĂ©chec de lâoffre Ă pĂ©age dâITV Digital, il en est de mĂȘme Ă Berlin.
En guise de conclusion permettez-moi deux affirmations :
- la télévision est et doit demeurer un service public qui ne peut se satisfaire des
seules lois du marché ;
- le maintien du systÚme Dual de la télévision, garant de la diversité culturelle,
patrimoine sur lequel sâest construit notre richesse sociale et humaine de
lâEurope, est une prioritĂ© pour lâEurope et les europĂ©ens.
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Annexe
Evolution des financements de la tĂ©lĂ©vison publmique en Europe de lâOuest
Dans la majoritĂ© des pays europĂ©ens, la tĂ©lĂ©vision a dâabord Ă©tĂ© financĂ©e par une
redevance, dont les revenus augmentaient avec le parc de téléviseurs. Lorsque
lâeffet de parc a cessĂ© de jouer, lâachat dâun rĂ©cepteur de remplacement ne donnant
pas lieu Ă lâouverture dâun nouveau compte de redevance, lâintroduction puis
lâaugmentation des espaces publicitaires a dans de nombreux pays permis dâassurer
le financement de la télévision sans trop augmenter le taux de la redevance.
Toutefois chaque pays à adopter des modÚles spécifiques.
- La Grande-Bretagne, la SuÚde et la Communauté flamande de Belgique se sont
refusé à autoriser la publicité sur les antennes des chaßnes publiques, tant pour
ne pas porter préjudice à la presse écrite, que par crainte de transférer aux
annonceurs le contrĂŽle Ă©conomique des chaĂźnes publiques.
-
- Plus récemment la Finlande, aprÚs la privatisation de la troisiÚme chaßne, et la
GrĂšce, qui y a Ă©tĂ© contrainte par lâĂ©volution de son marchĂ© audiovisuel, ont
rĂ©servĂ© aux tĂ©lĂ©visions commerciales lâaccĂšs Ă la publicitĂ©.
-
- LâAllemagne, attachĂ©e au principe du financement public, a considĂ©rĂ© le
financement publicitaire comme un complĂ©ment nĂ©cessaire. Il en a Ă©tĂ© de mĂȘme
aux Pays-Bas ou depuis la suppression de la redevance Ă compter le 1
er
janvier
2000, le financement public assurĂ© par le budget de lâEtat nâa cessĂ© de diminuer.
-
- Le Danemark a adopté une solution originale en confiant ses deux chaßnes
publiques Ă deux entitĂ©s distinctes, lâune financĂ©e par la redevance, lâautre par la
publicité.
-
- LâAutriche, la France, lâIrlande, lâItalie et la CommunautĂ© française de Belgique
ont institué en principe le financement mixte, associant redevance et publicité.
-
- LâEspagne oĂč il nây a jamais eu de redevance pour la tĂ©lĂ©vision et le Portugal oĂč
la redevance a été supprimée à la fin des années quatre vingt, ont tenté de
maintenir la pratique du financement de leurs télévisions publiques par la
publicitĂ©, ce qui sâest traduit par un endettement insupportable.