Au sud de Monastir se trouve la ville de Mahdia,
située sur un promontoire rocheux du Cap d'Afrique, ce qui lui confère une situation
unique.
L'histoire de Mahdia dépend de celle de la dynastie fatimide dont elle
fut l'ancienne capitale. Les Fatimides étaient une dynastie chiite considérée comme
descendant de Fatima, la fille de Mahomet. Fondée en 916 par le calife Obaïd Allah
surnommé El Mahdi ("le Sauveur") dont elle prit le nom, elle est promue au rang
de capitale en 921. Mahdia sauva son fondateur en 944-945 d'un siège de huit mois
entrepris par la horde kharéjite d'Abou Yazid (qui fut crucifié sur la Skifa el Kahla
puis empaillé).
Les Zirides y trouvèrent refuge en 1057 lorsque les Beni Hilal s'approchèrent de
Kairouan. Les forces normandes de Roger II les en expulsèrent en 1148 avant d'en être
délogées à leur tour douze ans plus tard par les Almohades. En 1390 une flotte
franco-génoise ne parvint pas à s'emparer du port, qui fut occupé par Dragut en 1549
et, après un triple bombardement, par Charles-Quint de 1550 à 1554.
A partir de ce moment-là la ville se vida peu à peu et ne commença à se repeupler
qu'après l'arrivée des Ottomans. La population locale vit ensuite s'ajouter à elle des
Grecs, des Andalous, des Albanais et des Anatoliens.
Sous le protectorat français, Mahdia prit son essort comme premier port de pêche de la
Tunisie et, grâce à l'huile d'olive du Sahel et au sel exploité dans la région
jusqu'en 1938, comme son centre de fabrication de conserves le plus important.
Mahdia était protégée par un double rempart terrestre : le premier était renforcé par
9 tours et le second, long de 175 mètres et qui avait une épaisseur exceptionnelle de
10,80 mètres se composait de 2 tours et de 4 bastions dont la Skifa. Celle-ci était
défendue par une succession de portes dont l'une était une grille en fer. Chaque ventail
de cette grille orné d'un lion de bronze, pesait 8 tonnes.
Un rempart maritime plus modeste (2,45 mètres d'épaisseur) entourait le port qui était
protégé par 2 tours reliées par une chaîne.
Mahdia a su conserver intégralement le charme de son coeur antique et résonne,
aujourd'hui comme hier, des cris des pêcheurs qui animent le port, surtout en été. Le
long quai moderne qui longe celui-ci se transforme en marché animé le vendredi. En
ville, le silence des après-midi d'été n'est rompu que par le rythme des métiers à
tisser conduits par les mains habiles des femmes : ici on produit aujourd'hui encore de
très fins tissus nuptiaux qui font la gloire de la ville.
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