BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
10
I
–
TH
È
MES G
É
N
É
RAUX
In Memoriam
R o l a n d T
E F N I N
Roland TEFNIN nous a quittés en juillet
2006, trop tôt, trop vite, sans prévenir, sans rien dire.
Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, et directeur
de la Mission archéologique dans la Nécropole
thébaine, Roland TEFNIN a également dirigé la
mission des fouilles belges en Mésopotamie de 1974 à
1986. Il est auteur de plusieurs livres comme
La
statuaire d’Hatshepsout, portrait royal et politique sous la
XVIII
e
dynastie
(1979),
Art et magie au temps des
pyramides, l’énigme des têtes dites "de remplacement"
(1991),
La peinture égyptienne ancienne, un monde de
signes à préserver
(1997) et, plus récemment,
Le regard
de l’image : des origines jusqu’à Byzance
(2003). Roland
restera ce qu’il est toujours, un homme sensible et
intelligent ; un homme novateur, qui a parlé de la
peinture égyptienne comme nul autre.
- -
S â l i h B a d î r
L’ex-doyen de la faculté de Médecine de
QaÒr
al-©Aynî
,
∑æliÌ Badîr
, s’est éteint. Spécialiste de
l’examen des ossements, Dr
Badîr
a notamment étudié
les squelettes de la nécropole des ouvriers bâtisseurs des
pyramides de
Íîza
. Sa dernière collaboration avec le
Conseil Suprême des Antiquités remonte à 2005
lorsqu’il fut chargé de superviser la tomographie de la
momie de Toutankhamon. Malheureusement, un très
grand différend l’a aussitôt opposé au secrétaire général
du CSA et l’a obligé à démissionner du projet [voir
BIA
XXXI
, p. 26-37]. Peu de temps avant sa mort,
∑æliÌ
Badîr
a rendu visite à
Zæhî Îawwæs
. Ne l’ayant pas
trouvé dans son bureau, il lui a griffonné ces mots
riches en signification : «
N’oublie jamais que la
divergence des points de vue ne doit pas être source de
mésentente
» ! (
Zæhî Îawwæs
, « Le rôle absent des
archéologues arabes ! »,
al-Ahræm
du 21 janvier 2006).
- -
Nominations, révocation
3
Zæhî Îawwæs
, Egypt’s voluble and media-savvy
chief archaeologist, dubbed the King of the
Pharaohs, was
reappointed Head of the country’s
top antiquities body
on Monday. The decision
made by Prime Minister
AÌmad NaÂîf
came as no
surprise after four years of high-profile efforts by
Îawwæs
to rejuvenate Egyptology in his home
country. “
When I arrived, it was a complete jumble,
I wanted to put our house in order
,” he said. “
We
will continue with the work already undertaken, of
opening new museums and the retrieval of pieces
taken out of Egypt illegally
.” The culture ministry,
to which the Supreme Council of Antiquities is
affiliated, also praised
Îawwæs
’ “
constant efforts
” to
return to Egypt major artifacts from collections
around the world.
During his time as secretary-general of the Council,
Îawwæs
expelled what he called 35 “
amateur
”
foreign archaeologists — whom he famously
branded
pyramidiots
several years ago — “
who
thought they were on conquered territory
,” he said.
Known the world over for his frequent appearances
on US television and his trademark Indiana Jones
hat, the controversial archaeologist has earned
several nicknames such as “
King of the Pharaohs
” or
“
Antiquities Czar
.”
Îawwæs
even has an Internet
fan club and was one of two Egyptians on
Time
Magazine’s list of 100 most influential people in
the world this year, alongside al-Qaeda number two
Ayman al-Åawæhirî
. The 59-year-old is in theory
due to retire next year when he turns 60, but his
entourage has not ruled out an extension to his
mandate. (
AFP
, “Egypt reappoints antiquities
supremo”,
Middle East Times
du 30 juin 2006.
Voir
également
FatÌiyya
al-Da≈æ≈nî
,
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
11
« Titularisation de
Îawwæs
au CSA après 35 ans de
détachement »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 14 avril;
«
Îawwæs
est titularisé à la tête du CSA »,
al-MaÒrî
al-Yawm
du 27 juin).
3
Le quotidien indépendant
al-Masrî al-Yawm
relève que
le ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
,
affronte une crise dans le choix de nouveaux cadres
dans les différents services de son ministère. […] La
situation qui prévaut au Conseil Suprême des
Antiquités (CSA) n’est guère meilleure. Le
renouvellement du Dr
Zæhî Îawwæs
dans ses
fonctions est dû au fait que la plupart des grands
archéologues sont soit déjà à la retraite, soit dans la
tombe. […] Le romancier
Yºsuf al-Qa©îd
estime
que cette crise de vocation ne concerne pas que le
ministère de la Culture. C’est le problème de toutes
les institutions égyptiennes, à commencer par la
présidence de la République. Il n’y a pas de relève.
Partout, le numéro un considère que sa mission
première consiste à étouffer tous les talents
susceptibles de lui succéder. À tel point que le
numéro deux d’une institution incarne dans la
conscience populaire l’image de quelqu’un qui
reste dans son bureau à ne rien faire. […] En
Égypte, le numéro deux est constamment
combattu et rabaissé par le numéro un. En plus, le
climat général veut que la promotion ne dépende
pas du mérite individuel, mais plutôt d’autres
critères détournés. Pour
al-Qa©îd
, la solution
consiste à organiser de véritables concours où
chaque candidat annonce en toute transparence les
projets qu’il compte défendre. Même si le ministre
de la Culture préfère que le secrétaire général du
CSA soit détaché et non-titulaire de son poste, afin
de le maintenir à sa merci. À tout moment, le
ministre peut mettre fin au détachement du
secrétaire général du CSA qui, dans ce contexte,
devient le porte savates du ministre. […] L’écrivain
Íamæl al-flî†ænî
impute au ministre de la Culture la
responsabilité de l’absence de relève. «
Færºq Îusnî
est un homme puissant. S’il le voulait, il aurait pu
parfaitement former et entraîner des cadres durant ses
dix-huit ans d’exercice du pouvoir
», conclut
al-
flî†ænî
. (
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
, « Pénurie de cadres
dirigeants au ministère de la Culture »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 13 mars).
3
Il n’est pas inintéressant de connaître les noms
des responsables que la presse a mentionnés
comme candidats potentiels à la succession de
Zâhî Hawwâs :
[...] Le ministre de la Culture
affronte le problème de trouver un successeur à
Zæhî
Îawwæs
, si celui-ci n’est pas renouvelé dans ses
fonctions. Les personnes les plus proches du poste
de secrétaire général du CSA sont : 1) l’actuel
directeur du Fonds de développement,
Ayman
©Abd al-Mun©im
, qui a enregistré un certain succès
dans la gestion du projet de réhabilitation du Caire
historique. 2) Le président du secteur des
Antiquités égyptiennes,
Sabrî ©Abd al-©Azîz
, qui
conserve aussi toutes ses chances. 3) Le secrétaire
d’État,
Færºq ©Abd al-Salæm
, qui compte parmi les
cadres prometteurs du ministère de la Culture.
(
Sayyid Yºnis
, « Le ministre de la Culture cherche
de nouveaux dirigeants talentueux dans une botte
de foin »,
al-Usbº©
du 20 février).
3
[...] De son côté, le directeur du Fonds de
développement culturel,
Ayman ©Abd al-Mun©im
—
candidat présumé à ce poste —, a affirmé : «
je ne
corresponds pas au profil de ce poste publié par le
ministère de la Culture. En effet, celui-ci exige dix-
neuf ans d’expérience professionnelle, alors que je ne
peux justifier que de dix-sept années d’expérience
».
(
RaÏab al-Mur‡idî
, «
Zæhî Îawwæs
passe le
concours au poste de secrétaire général du CSA
pour la cinquième fois ! »,
Ruz al-Yºsuf
du 18
mars).
3
Le président du Secteur de financement du CSA,
major général
©Imæd Muqlid
, a annoncé la
titularisation de 666 CDD
employés par le Conseil
Suprême
des
Antiquités
dans
différentes
spécialisations. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
, « Musées
et Antiquités »,
al-Qæhira
du 25 avril 2006).
3
Le Parquet
d’al-©Ayyæ†
a mis en examen le
directeur des Antiquités de
Banî Swayf
et trois
autres complices pour
trafic de stupéfiants
.
Accompagné d’un fonctionnaire du CSA, d’un
chauffeur et d’un autre fonctionnaire, le directeur
des Antiquités de
Banî Swayf
a été arrêté dans un
check-point sur l’autoroute
d’Ismæ©îliyya
à bord
d’un véhicule privé transportant 1,5 kg de
cannabis, 0,5 kg de Haschich et 200 gr d’opium.
Après avoir avoué transporté ces drogues pour les
revendre, les accusés se sont aussitôt rétractés.
(« Arrestation du directeur des Antiquités de
Banî
Swayf
et de trois autres complices pour
narcotrafic »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 18 mai 2006).
Toutefois, le tribunal correctionnel d’al-‘Ayyât va
ordonner la libération de ces quatre accusés en
échange du versement d’une caution de cinq
mille livres égyptiennes chacun.
(
Sæmî ©Abd al-
Ræ∂î
, « Libération sous caution du directeur des
Antiquités de
Banî Swayf
et de trois autres
complices accusés de trafic de drogues »,
al-MaÒrî
al-Yawm
du 19 mai).
- -
P r o c è s d u p a l a i s d e
c u l t u r e d e B a n î S w a y f
Tout le monde se souvient encore de
l’incendie qui a ravagé le palais de culture de Banî
T H È M E S G É N É R A U X
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Swayf le 6 septembre 2005 et qui a failli coûter son
poste au ministre de la Culture [voir
BIA XXXII
, p.
11-15]. L’opinion publique égyptienne avait été
tellement choquée par cette catastrophe au point de
qualifier les victimes de «
martyrs
» et l’incendie de
«
Holocauste
».
Huit mois après les faits, le tribunal
correctionnel de
Banî Swayf
a condamné l’ex-président
de l’Organisme général des palais de culture,
MuÒ†afa
©Ilwî
et sept autres responsables du même Organisme à
dix ans de prison ferme et à une amende de dix mille
livres égyptiennes chacun. En effet, ils sont reconnus
responsables de la mort atroce de cinquante-trois
personnes — parmi lesquels des acteurs, des critiques et
des spectateurs —, en plus de dix-sept blessés. En outre,
le tribunal a condamné ces huit personnes, en plus du
ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
, à verser 2001
livres de dommages provisoires à chacun des victimes
ou à ses ayants droit. (« Dix ans de prison et dix mille
LE d’amende pour huit accusés dont le Dr
MuÒ†afa
©Ilwî
»,
al-Ahræm
du 23 mai 2006. Voir également
©Umar al-Ωay≈
, « Dix ans d’emprisonnement pour le
Dr
MuÒ†afa ©Ilwî
et sept autres responsables de la
culture »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 23 mai ;
©Umar al-
Ωay≈
, « Le tribunal confirme la négligence et le
manquement au devoir dans l’incendie de
Banî
Swayf
»,
al-MaÒrî al-Yawm
du 26 mai).
Les
personnes
suivantes
ont
été
condamnées pour
homicide et blessures involontaires
de 67 victimes, dégradations matérielles des biens
publics et des propriétés du ministère de la Culture,
gestion d’un établissement de divertissement non-
conforme aux normes, négligence et non application
des statuts ayant provoqué l’incendie :
Nom
Fonction
MuÒ†afa ©Ilwî
Ex-président de
l’Organisme général des
palais de culture
©Ædil FarræÏ MuÒ†afa
Président de l’antenne
culturelle de
Banî Swayf
MuÌammad Sæmî ™aha
Ex-directeur général de
l’administration du
théâtre du Caire
MuÒ†afa Mu©æz
Premier secrétaire de
l’administration centrale
du ministère de la Culture
MamdºÌ Kæmil AÌmad
Président du département
du Grand Caire et du
Nord du
∑a©îd
BahÏat Íæbir
MuÌammad
Directeur des palais de
culture
Samîr ©Abd al-MaÏîd
Îæmid
Président du département
théâtral de
Banî Swayf
RaÏab ©Abdallah
Responsable de la sécurité
MuÌammad
à
Banî Swayf
[...] The judgment came after a year of
extended criminal and administrative investigations in
the aftermath of the fire at the
Banî Swayf
Cultural
Palace gallery, which occurred during a performance at
the 15
th
Amateur Theatre Festival last September. The
initial cause of the tragedy was thought to be candles
used on the set of that evening’s play, while the fire was
fuelled by the materials used on the set, mostly painted
paper and wood. When the fire broke out spectators,
actors and theatre critics stampeded towards the doors,
but the main door was locked and many people were
trapped inside. Some found their way out through a
small exit at the other end of the hall. When the deadly
blaze was extinguished, nothing was left of the interior
except ash.
The cultural centre was on the fifth day of a
nine-day event featuring performances from around the
country. Up to 200 people were watching a theatre
troupe from nearby
Fayyºm
performing a play entitled
Grab Your Dreams
when the fire broke out at about
11:45pm. Perhaps to downplay the true dimensions of
the tragedy, security officials had claimed that about
1,000 people were in the audience at the time, even
though the venue appeared too small to hold that
number of people. The play was set in a zoo, and the
stage was made to look like a cave inside an animal
cage. The ceiling, floor and walls were covered with
paper bags painted to look like stone, and on centre
stage was a paper mountain. Survivors testified that
there were candles all over the set.
It has proved very hard to determine who was
responsible for the disaster. The tragedy has led to a
fierce campaign directed at the Ministry of Culture,
which is accused of negligence, especially in regard to
its fire-prevention department. Writers, artists and
intellectuals — both individually and in groups — have
been speaking out vehemently against the ministry;
and the nascent Writers and Artists for Change group, a
peaceful political force, even filed an official appeal for
investigation with the general prosecutor’s office,
pointing out that in the light of the very low budgets
allocated by the ministry to such performances the
theatre organisers could only afford an easily
combustible set. Critics say that in view of this the
ministry should make an effort to install proper anti-fire
equipment. Effective alarm and sprinkling equipment
might have contained the fire and limited the scope of
the disaster, they claim.
Minister of Culture
Færºq Îusnî
dismissed
the accusations levelled at him as unfounded,
describing himself as the one with the most to lose.
“
The critics, students and actors who died formed part of
the cultural wealth of the country, and they helped boost
awareness of the arts
,”
Îusnî
has said. In the wake of
the tragedy
Îusnî
tendered his resignation to
President
Îusnî
Mubærak
, however the president
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rejected the resignation in response to pleas by some
400 high-profile intellectuals and it was decreed that
Îusnî
should continue his duties. (Nevine E
L
-A
REF
,
“Sentences in wake of fire tragedy”,
Al-Ahram Weekly
du 25 mai).
Ce verdict va susciter des réactions très
diverses :
Le ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
, a
qualifié de «
trop sévère
» la condamnation à dix ans
de prison de l’ex-président de l’Organisme général des
palais de culture,
MuÒ†afa ©Ilwî
. Il a déclaré : «
Nous ne
commentons pas les décisions de justice. Mais, pour
plusieurs considérations, j’espérais que
©Ilwî
aurait pu
bénéficier de plus de clémence vu son âge et son avenir
».
Il a affirmé que «
la responsabilité de celui-ci dans
l’incendie est purement morale et point du tout pénale.
Car
©Ilwî
n’est pas particulièrement responsable de
l’accident puisqu’il existe huit autres niveaux de
responsabilités avant lui : le président du festival, le
directeur du palais de culture, le metteur en scène, les
acteurs et les critiques décédés dans le sinistre. Ceux-ci ont
également leur part de responsabilité puisqu’ils sont
conscients mieux que quiconque des lieux propices aux
représentations théâtrales. Ils auraient pu parfaitement
s’opposer à la tenue du festival dans le palais de culture
de
Banî Swayf
».
Îusnî
a ajouté : «
la responsabilité de
©Ilwî
se limite à donner des directives et à décider de
l’organisation du festival. Ceci ne veut pas dire qu’il
devrait aller inspecter chaque lieu de représentation
théâtrale. Car il est possible qu’un seul festival se déroule
simultanément dans plusieurs palais de culture
».
(
FatÌiyya
al-Da≈æ≈nî
,
«
Færºq
Îusnî
:
la
condamnation de
©Ilwî
est trop sévère »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 29 mai).
Bien entendu, le Service des
affaires juridiques du ministère de la Culture, ainsi
que le Dr Mustafa ‘Ilwî ont décidé de se pourvoir en
cassation.
(
™æriq al-™æhir
, « Le tribunal rejette le
recours du ministre de la Culture et l’oblige à verser des
dommages-intérêts »,
A≈bær
al-Adab
du 28 mai).
Cette condamnation à la peine maximale
laisse, pourtant, insatisfaites quelques familles des
victimes qui
« se sont demandé : Pourquoi le ministre
de la Culture en personne n’a pas été traduit en justice ?
Quelle différence y a-t-il entre la responsabilité de
Færºq
Îusnî
et celle de
MuÒ†afa ©Ilwî
dans ce carnage ? N’est-
il pas le responsable administratif direct de cet
incident ? Sa responsabilité est-elle d’ordre politique ?
Pour quelle raison aucune poursuite pénale n’a été
engagée contre le ministre de la Culture, toujours en
poste depuis dix-huit ans ? ». Le romancier
MuÌammad Hæ‡im
témoigne d’une grande
compassion pour les petits fonctionnaires sacrifiés
comme des «
boucs émissaires
», alors qu’ils n’étaient
probablement que des outils d’exécution de mauvaises
politiques, exception faite de ceux qui ont caché les
extincteurs ou n’ont pas secouru les blessés. [...] Le
poète et journaliste à
al-Quds al-©arabiyya
,
MaÌmºd
Quranî
, a souligné que l’absence de conscience
politique a permis au ministre de la Culture d’échapper
à la même condamnation qui a frappé son ex-président
de l’Organisme des palais de culture. Les règles de la
justice auraient dû s’appliquer dès le début à un certain
nombre de ministres, dont ceux de l’Intérieur et de la
Santé. [...] L’ex-directeur général de l’Information
auprès de l’Organisme des palais de culture,
MuÌammad ∑afwat ©Abd al-Karîm
, estime que ce
verdict «
vise à calmer l’opinion publique très remontée
contre le ministre de la Culture et les autres hauts
responsables
». (
ΩiÌæta al-©Iryæn
, « L’opinion publique
condamne Dr
MuÒ†afa ©Ilwî
»,
Uktubar
du 28 mai).
- -
Distinctions
Z â h î H a w w â s
Time
Magazine: 100 world’s most influential people
Zâhî Hawwâs, 58 ans, est l’un des hommes
les plus influents du monde, selon le
Time
magazine. En fait, qui peut le contester ?
L’Indiana Jones de l’Égypte ou
Zæhî Îawwæs
a été dernièrement choisi par le magazine américain
Times
parmi les 100 personnalités les plus influentes au
monde. En fait, c’est parce qu’il est le tout-puissant
secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités
(CSA) qui dirige fouilles et recherches archéologiques
en Égypte et qui, dit-on, a le dernier mot en tout. De
plus, il est très médiatique et a permis de relancer la
passion de l’Égypte, notamment aux États-Unis. Mais
ce n’est pas tout. Depuis la nomination de
Îawwæs
T H È M E S G É N É R A U X
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— janvier/juin 2006
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comme secrétaire général du CSA il y a trois ans, il
concentre sa politique sur plusieurs points, dont le plus
important est la récupération des pièces égyptiennes
sorties illégalement du pays. Il a réussi, à travers un
nouveau département qu’il a créé au sein du CSA, à
récupérer une quantité énorme de pièces, dont les plus
importantes sont celles qui ont fait l’objet d’un très
grand procès de trafic d’Antiquités en Suisse. Autre
point fort qui ne le rend pas très populaire parmi la
communauté des archéologues étrangers : le contrôle
qu’il exerce sur les missions étrangères. Selon lui, il est
essentiel de mettre des règles de travail fermes aux 220
missions qui opèrent sur le territoire égyptien.
De plus,
Îawwæs
est venu réaliser une
réforme administrative au sein du CSA. Il n’a pas
oublié qu’il est avant tout égyptologue. Son travail sur
site ne s’est jamais arrêté, que ce soit sur le plateau de
Íîza
ou sur le site de
BaÌariyya
. La découverte la plus
spectaculaire qu’il ait faite est sans aucun doute celle de
la Vallée des momies en or, où il a révélé près de 220
momies toutes couvertes de couche d’or. Bien qu’elle
soit la plus importante, il est connu pour sa passion
totale pour le plateau des pyramides, où il a travaillé
presque toute sa vie. Là, il a fait ses premiers pas dans le
domaine archéologique, et c’est là qu’il a fouillé et
découvert les tombes des ouvriers qui ont bâti les
pyramides, et de certains hauts fonctionnaires de
Chéops. Il a également révélé une nouvelle pyramide
dédiée au même pharaon et de précieuses indications
sur les techniques de construction des pyramides et des
statues de Ramsès II. Spectaculaire est sans doute cette
découverte des tombeaux des ouvriers, parce qu’elle a
prouvé de façon définitive que ce sont les Égyptiens qui
ont construit les pyramides et ce ne sont ni des esclaves
juifs ni des extraterrestres comme d’aucuns le
prétendent.
Îawwæs
est aussi un conférencier connu
dans le monde entier, spécialement en Europe et aux
États-Unis, où il incarne brillamment l’archéologie
égyptienne. Il est aussi professeur à l’University of
California, de Los Angeles, et à l’Université du Caire.
Beaucoup de choses donc. Or, si l’on songe que
l’Égypte pharaonique fascine le monde entier, on voit
bien l’importance de l’homme qui s’est érigé en
gardien de ses vestiges. (Hala F
ARES
, « Le gardien des
Antiquités égyptiennes »,
Al-Ahram Hebdo
du 10 mai
2006. Voir également
Zaynab al-Darbî
, «
Îawwæs
,
George W. B
USH
et
Ayman al-Åawæhrî
font partie des
cent personnalités les plus importantes au monde »,
al-
Wafd
du 2 mai ; « Le
gardien des Antiquités égyptiennes
fait partie des cent personnalités les plus influentes au
monde »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 2 mai).
The world’s 100 most influential people will
gather on Monday at Lincoln Centre, in the
scintillating new Time Warner Centre in New York.
Among them will be an Egyptian, Egyptologist
Zæhî
Îawwæs
. Described by
Time
as “
The Guardian of
Egypt’s Antiquities
” and “
The perfect image of a modern-
day archaeologists with his jeans and trademark Indian
Jones hat
”
Îawwæs
, the secretary-general of Egypt’s
Supreme Council of Antiquities, has to be — and is — a
master of multi-tasking. He tours the world lecturing,
making TV appearances and churning out a steady
stream of books and articles. He has been described as
theatrical, passionate about Egypt and archaeology, as
well as controversial. He makes news by demanding the
return of artefacts stolen and smuggled out of Egypt
and his recent edicts restricting new excavations,
particularly in such popular sites as
Saqqæra
and the
Valley of the Kings, have aroused the ire of some
foreign archaeologists. “
Yet those regulations as well as
his focus on conservation may be
Îawwæs’
most lasting
legacy
,”
Time
wrote. “
There are already too many
monuments in danger of destruction, both by natural
forces and by the tourism on which Egypt’s economy
largely depends — and which
Îawwæs
has done so much
to encourage
.”
Enjoying his selection,
Îawwæs
told
Al-
Ahram Weekly
that he was very happy, impressed and
flattered. “
Now I feel that I am harvesting the crops of
all the hard effort I exerted to protect and preserve
Egypt’s heritage
.” He said the honour was not for him
personally but for Egypt and its civilisation. It also
highlights Egypt’s cultural leap in archaeology and the
role of its political leaders and President
Îusnî
Mubærak
to protect and preserve the country’s heritage
whether by building state-of-the-art museums or
demanding the return of artefacts stolen and smuggled
out of the country. “
Being among Time’s 100 list is an
indication that Egypt was able to capture the heart of the
entire world by introducing its ancient civilisation and
archaeology
,”
Îawwæs
said.
T H È M E S G É N É R A U X
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15
Îawwæs
previously received several national
and international awards. President
Mubærak
presented
him with the state award of the first degree for his
efforts in the Sphinx restoration project. In 2002, he
received the American Academy of Achievements’
Golden Plate and the glass obelisk from US scholars for
his devotion to the protection and preservation of
Ancient Egyptian monuments, a prize received by
Egyptian scientist and Nobel laureate
AÌmad Zuwayl
the same year. In 2003, in recognition of his
achievements and outstanding contribution to world
culture,
Îawwæs
became only the second Egyptian
after
Bu†rus Bu†rus flælî
given international
membership in the Russian Academy for Natural
Sciences (RANS). The award is given to outstanding
scholars, Nobel laureates and statesmen in science,
culture and the economy. RANS presented
Îawwæs
with the Silver Pavel Tretiajiy Medal, a prestigious
international decoration named after Pavel Tretiajiy, an
outstanding Russian patron of the arts.
For his many achievements in the ongoing
battle to return Egypt’s stolen antiquities,
Îawwæs
received the Ecumene d’Oro (The Golden Globe)
Award from the Supreme Institute for Cultural and
Environmental Conservation Techniques in Italy. The
award is a prestigious international decoration given
every 10 years to three people chosen from around the
world for their pioneering roles in the protection of
cultural and environmental heritage. Last year, the
American University in Cairo (AUC) awarded
Îawwæs
an honorary PhD for his relentless efforts not only in
bringing several great Pharaonic archaeological
discoveries into the light of day but his unremitting
activity to spread knowledge of the great Ancient
Egyptian civilisation across the world. Previous
recipients of the award include Mrs
Suzanne Mubærak
,
Zuwayl, US-based Egyptian scientist
Færºq al-Bæz
and
Palestinian intellectual Edward S
AID
.
Time
’s list profiles the lives and ideas of the
world’s most influential people and is divided into five
categories: leaders and revolutionaries, builders and
titans, artists and entertainers, heroes and icons, and
scientists and thinkers.
Îawwæs
and the rest of the
honourees selected by
Time
will gather at Allen Room
for an elegant dinner with an evening of entertainment.
Up to 350 distinguished guests from around the world
are expected to attend the event, including many of the
individuals from the 2004 and 2005
Time
100 lists, the
international press and a host of worldwide dignitaries.
The
Time
survey was launched six years ago, at the turn
of the millennium, chronicling the lives and legacies of
the 100 most powerful and influential people of the
20
th
century. Starting in 2004, the
Time
100 became
an annual affair.
Usæma Bin Lædin’s
right-hand
Ayman al-
Åawæhrî
was the second Egyptian listed among the
Time
100. The magazine wrote that in the past year,
al-
Åawæhrî
, 54, had increasingly become the public face
and voice of al-Qaida while
Bin Lædin
had ceded the
spotlight to his deputy. Regional world leaders on this
year’s list include Mahmoud A
HMADINEJAD
of Iran,
Pervez M
USHARRAF
of Pakistan, Iraqi Muslim Shia
leader Muqtada
AL
-S
ADR
, Palestinian Hamas Prime
Minister Ismail H
ANIYA
and Israeli Prime Minister
Ehud O
LMERT
. Hugo C
HAVEZ
of Venezuela,
Vatican Pope Benedict, Hillary C
LINTON
and
German Chancellor Angela M
ERKEL
are also listed.
Actors
include
Ellen
D
E
G
ENERES
,
George
C
LOONEY
, Reese W
ITHERSPOON
, Meryl S
TREEP
and Angelina J
OLIE
. Former US Vice President A
L
G
ORE
is in the heroes’ category. Repeats from earlier
lists include George B
USH
senior and son, US
Secretary of State Condoleezza R
ICE
, former US
president Bill C
LINTON
, Oprah W
INFREY
and
Microsoft CEO Bill G
ATES
. (Nevine E
L
-A
REF
, “He
made it in
Time
”,
Al-Ahram Weekly
du 4 mai. Voir
également «
Zæhî Îawwæs
parmi les cent personnalités
les plus influentes au monde »,
al-AÌrær
du 2 mai ;
Kæmiliyæ ©Atrîs
, « Une reconnaissance internationale
pour
Zæhî Îawwæs
»,
∑abæÌ al-⁄ayr
du 9 mai).
La presse gouvernementale s’attardera
élogieusement sur cette distinction exhibée comme
une grande fierté nationale.
« [...]
Lors du dîner
organisé par le Time Magazine, le Dr
Zæhî Îawwæs
s’assied à côté de Will S
MITH
et de son épouse. L’acteur
noir dit à
Îawwæs
que l’un de ses vœux les plus chers
vient d’être exaucé en rencontrant le plus éminent
archéologue d’Égypte. Quant à la star Jennifer L
OPEZ
,
elle confie au Dr
Îawwæs
qu’elle fait partie de ses
fans
». (
©Alæ’ Riyæ∂
, « Engouement médiatique et
artistique pour
Zæhî Îawwæs
à New York »,
al-Ahræm
du 16 mai).
La presse indépendante, elle, donne une
interprétation toute différente de cette distinction :
« [...]
La nomination de
Zæhî Îawwæs
sur la liste du
Time émane d’une vision touristique de l’Égypte. En
effet, la propagande assurée par
Îawwæs
du patrimoine
égyptien apparaît plus efficace que celle de
Íamæl
Mubærak
. [...] Dr
Huda ©Awa∂
, professeur de sciences
politiques à l’American University of Cairo, estime que le
choix de
Îawwæs
provient de son chapeau [d’Indiana
Jones] et de son côté théâtral. Il s’agit donc plus de
motivations médiatiques que politiques. Quoi qu’il en
soit, félicitations pour les Antiquités égyptiennes
».
(
AÌmad al-Darînî
, «
Mubærak
n’est pas classé parmi
les cent personnalités les plus influentes au monde ! »,
al-Dustºr
du 10 mai. Voir également
©ÆÒim Îanafî
,
«
Zæhî Îawwæs
: quel phénomène ! »,
Ruz al-Yºsuf
du 3 juin).
De retour en Égypte, le secrétaire général
du CSA sera fêté comme un héros national. Pour
célébrer cette nomination du
Time
Magazine, des
réceptions seront organisées le 26 mai à la
Bibliothèque Mubârak à Gîza ; le 29 mai dans le
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
16
palais Muhammad ‘Alî à Shubrâ ; le 7 juin dans sa
terre natale, le gouvernorat de Damiette :
A‡raf
Mufîd
, « La Bibliothèque
Mubærak
fête la
nomination de
Zæhî Îawwæs
parmi les cent
personnalités les plus influentes dans le monde »,
al-
Ahræm
du 24 mai ; «
Îawwæs
célébré dans la
Bibliothèque
Mubærak
et le palais
MuÌammad ©Alî
»,
al-AÌrær
du 24 mai ; « Cérémonie pour célébrer Dr
Îawwæs
»,
al-A≈bær
du 24 mai ;
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
,
« Damiette honore
Zæhî Îawwæs
»,
al-MaÒrî al-Yawm
du 7 juin ;
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Damiette rend
hommage au
gardien des Antiquités
»,
al-AÌrær
du 8
juin.
En plus d’une science infuse, la presse
gouvernementale attribue au Dr Hawwâs d’énormes
qualités humaines. Le quotidien
al-Akhbâr
, par
exemple, consacre une demi-page à la visite
effectuée par le secrétaire général du CSA à
l’orphelinat Dâr Laylat al-Qadr, lors de la Journée
nationale de l’orphelin. Malgré ses lourdes charges,
Dr Hawwâs ne rechigne pas à consacrer quelques
instants à amuser et éduquer ces pupilles, en se
faisant photographier au milieu d’eux :
flæda Zayn
al-©Æbidîn
, « Rires, jeux et culture... entre le Dr
Zæhî
Îawwæs
et les enfants de
Dær
Laylat al-Qadr »,
al-
A≈bær
du 6 avril.
- -
T h a r w a t ‘ U k â s h a &
N i ‘ m â t F u ’ â d
Last evening in the Egyptian Museum
garden, Egypt celebrated World Heritage Day for the
third consecutive year. It was a beautiful evening as the
Cairo Opera Symphony Orchestra played classical
melodies in front of French archaeologist Auguste
M
ARIETTE
’s mausoleum. Culture Minister
Færºq
Îusnî
, Supreme Council of Antiquities Secretary-
General
Zæhî Îawwæs
, and renowned actor
©Umar al-
Ωarîf
were seated along with Egyptian actresses
Nædya
Lu†fî
and
Layla ©Ilwî
. Archaeologists, restorers and
curators, prominent cultural figures, foreign and
Egyptian journalists and television presenters also
attended.
The idea of holding an "
International Day for
Monuments and Sites
" to be celebrated simultaneously
throughout the world was first mooted on 18 April
1982 at a symposium organised by the International
Council of Monuments and Sites in Tunisia. The
project was approved by the executive committee, who
provided practical suggestions to the various national
committees on how to organise the day. The idea was
also approved by the UNESCO General Conference,
which passed a resolution at its 22
nd
session in
November 1983 recommending that member states
examine the possibility of declaring 18 April each year
"
International Monuments and Sites Day
". This is now
traditionally called World Heritage Day, and is
celebrated worldwide.
This year in Egypt
Îusnî
honoured former
culture minister
Ÿarwat ©Ukæ‡a
and renowned writer
Ni©mæt Fu’æd
for their devotion to archaeology and all
their efforts to enhance, protect and preserve Egypt’s
heritage. During the event
Îawwæs
said the era of
President
Îusnî Mubærak
had witnessed several crucial
decisions related to archaeology. The first was the
halting of the Cairo Ring Road, which was scheduled to
pass over the
Íîza
Plateau. On the fringe of the events,
the culture minister opened a photographic exhibition
in the museum’s millennium hall. The photographs
featured the
Saqqæra
necropolis during the 19
th
and
20
th
centuries as well as the famous archaeologists who
worked there such as M
ARIETTE
,
Silîm Îasan
,
Sayyid
Tawfîq
and Jean-Philippe L
AUER
. (“World Heritage
Day”,
Al-Ahram Weekly
du 4 mai 2006. Voir
également “Egyptian Museum marks World Heritage
Day”,
The Egyptian Gazette
du 18 avril ;
™æha ©Abd
al-
RaÌmæn
, « Cérémonie culturelle à l’occasion de la
Journée internationale du patrimoine »,
al-AÌrær
du 18
avril ; «
Ÿarwat ©Ukæ‡a
et
Ni©mæt Fu’æd
reçoivent une
distinction à l’occasion de la Journée internationale du
patrimoine »,
al-A≈bær
du 20 avril ;
Nædir Næ‡id
,
« Le ministre de la culture remet une distinction à
Ÿarwat ©Ukæ‡a
et
Ni©mæt Fu’æd
lors de la Journée
internationale du patrimoine »,
al-Wafd
du 25 avril).
[...] Le ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
,
a remis une distinction au Dr
Ÿarwat ©Ukæ‡a
, ancien
vice-Premier ministre et ministre de la Culture pour le
rôle important qu’il a joué dans le sauvetage des temples
d’Abº Simbil
dans les années 1960. Le ministre de la
Culture a également honoré l’écrivain célèbre Dr
Ni©mæt Fu’æd
pour son action en faveur de la culture et
du développement de la conscience archéologique.
Pourtant, durant de longues années, Dr
Ni©mæt Fu’æd
fut l’un des plus farouches opposants à la politique
menée par
Færºq Îusnî
, qu’elle a traîné plus d’une fois
devant les tribunaux. Elle a combattu notamment
certains projets du ministre qui, selon elle, portaient
préjudice au patrimoine égyptien, notamment le
réaménagement du plateau de
Íîza
et la tenue
d’expositions archéologiques égyptiennes à l’étranger.
À cette occasion, Dr
Ni©mæt Fu’æd
a déclaré que cette
remise de décoration par le ministre de la Culture
contribuerait à réduire les différends qui les opposent.
Toutefois, elle a précisé qu’elle n’hésiterait pas, s’il le
faudra, à critiquer la politique mise en place par le
Conseil Suprême des Antiquités en matière de
restauration des sites antiques. (
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
,
« Fin des hostilités entre
Færºq Îusnî
et
Ni©mæt
Fu’æd
»,
al-AÌrær
du 20 avril. Voir également
FatÌiyya
al-Da≈æ≈nî
, « Le ministère de la Culture honore
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
17
Ÿarwat ©Ukæ‡a
et
Ni©mæt Fu’æd
qui persiste à critiquer
Færºq Îusnî
malgré l’hommage rendu »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 20 avril ; «
Saqqæra
à travers les siècles »,
al-
MuÒawwar
du 12 mai).
Dans sa chronique hebdomadaire, le
secrétaire général du CSA détaille les nombreuses
raisons qui justifient, selon lui, cet hommage rendu
à Tharwat ‘Ukâcha :
« [...]
Ÿarwat ©Ukæ‡a
est parvenu à
concevoir le projet de sauvetage
des monuments de Nubie et à lui
conférer
une
dimension
internationale, en tant que cause
mondiale pour le sauvetage d’une
part importante du patrimoine de
l’humanité.
Malheureusement,
certains étrangers tentent toujours
d’usurper les réalisations de leurs éminents collègues
égyptiens. Ce fut le cas de l’archéologue française
Christiane D
ESROCHES
-N
OBLECOURT
. Celle-ci a
essayé de s’attribuer ce projet par des moyens directs et
indirects, alors que c’est le Dr
Ÿarwat ©Ukæ‡a
lui-même
qui l’avait choisie comme expert pour superviser le
déroulement des opérations. Cette fonction nécessitait
la présence en Égypte de M
me
D
ESROCHES
-
N
OBLECOURT
une ou deux fois par an. Mais celle-ci a
parcouru le monde entier pour donner des conférences
sur Ramsès II. Elle a établi un lien entre ses conférences
et le sauvetage des Antiquités nubiennes dans lequel elle
a joué un rôle secondaire et inefficace. (
Zæhî Îawwæs
,
«
Ÿarwat ©Ukæ‡a
... »,
al-Ahræm
du 15 avril).
- -
W l a d i m i r G
O L É N I S C H E F F
L’Égypte a honoré la mémoire de
l’égyptologue
russe
Wladimir
Semionovitch
G
OLÉNISCHEFF
en lui érigeant un buste en bronze
dans le jardin du Musée Égyptien. Dans son discours
prononcé à cette occasion, le secrétaire général du
Conseil Suprême des Antiquités (CSA), Dr
Zæhî
Îawwæs
, a salué le rôle joué par les égyptologues
étrangers à qui le CSA a commencé à rendre hommage
depuis près d’un an et demi.
Îawwæs
a exprimé la
reconnaissance de l’Égypte envers cet éminent savant,
auteur de nombreuses découvertes qui ont éclairé
l’histoire de l’Égypte ancienne. De son côté,
l’Ambassadeur de Russie au Caire a souligné que pour
G
OLÉNISCHEFF
l’Égypte était une seconde patrie. Il
a remercié le CSA pour le buste et pour avoir
immortalisé le nom de G
OLÉNISCHEFF
à l’occasion
du cent cinquantième anniversaire de sa naissance.
Le vice-président de l’Académie des Sciences
de Russie, actuellement en visite au Caire, a exprimé
son remerciement pour le CSA et sa fierté de prendre
part à cette cérémonie. Il a mentionné que le Centre
archéologique russe — créé il y a cinq ans selon les vœux
de G
OLÉNISCHEFF
— a contribué à de nombreux
projets de fouilles et de restauration. Enfin, il a souligné
tout l’intérêt qu’attache l’Académie des Sciences de
Russie à renforcer ses liens de coopération avec l’Égypte
dans différents domaines. À l’issue de la cérémonie, le
Dr
Îawwæs
et l’Ambassadeur de Russie ont inauguré
une exposition de photographies retraçant les fouilles
entreprises par le Centre archéologique russe au
Fayyºm
, à Memphis, à Louqsor et en Alexandrie. Un
certain nombre d’ambassadeurs, de responsables
égyptiens des ministères de la Culture et des Affaires
étrangères et de personnalités publiques ont participé à
cette cérémonie. (
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « L’Égypte
honore un archéologue russe »,
al-AÌrær
du 6 mars
2006. Voir également « Les Russes et les Américains :
découvertes et commémorations archéologiques »,
∑abæÌ al-⁄ayr
du 7 mars ; « Cent cinquantième
anniversaire de la naissance de l’archéologue russe ! »,
al-MuÒawwar
du 17 mars).
- -
‘ A l î R a d w â n
Le Président de la République fédérale
d’Allemagne, Horst K
ÖHLER
, a nommé le Dr
©Alî
Ra∂wæn
, professeur d’archéologie à l’Université du
Caire, commandant de l’Ordre du Mérite. C’est
l’Ambassadeur d’Allemagne au Caire, Martin
K
OBLER
, qui lui a remis cette décoration, lors d’une
réception organisée à la Résidence, qui a réuni Dr
Ÿarwat ©Ukæ‡a
, Dr
Zæhî Îawwæs
, ainsi qu’un grand
nombre de professeurs universitaires et de responsables
archéologiques. Dans son discours, l’Ambassadeur
d’Allemagne a salué les efforts déployés par Dr
Ra∂wæn
pour consolider les liens avec les institutions allemandes
tout au long des quarante dernières années, ainsi que
pour sa renommée scientifique sur les plans national et
international. (
©Alî Mæhir
, « Distinction allemande
pour un professeur égyptien »,
al-A≈bær
du 5 juin
2006. Voir également
MuÌammad Ωa©îr
, « La plus
haute distinction pour
©Alî Ra∂wæn
»,
A≈bær
al-Adab
du 16 avril ;
Na‡’at al-Zahrî
, « Les archéologues
rendent hommage au doyen de l’archéologie
égyptienne, Dr
©Alî Ra∂wæn
»,
al-Qæhira
du 23 mai).
Originaire
d’Ismæ©îliyya
, Dr
©Alî Ra∂wæn
est
diplômé de la faculté de Lettres du Caire en 1962. En
1968, il soutient sa thèse à l’Universität München.
Ensuite, il devient en 1980 président du département
d’Égyptologie à la faculté d’Archéologie. Entre 1987 et
1993, il occupe le poste de Doyen de cette même
Faculté. C’est grâce à lui que la faculté d’Archéologie
ouvre une branche dans le
Fayyºm
. En 1983, il obtient
le Prix d’encouragement de l’État. Par ailleurs, il est le
fondateur de l’Association des archéologues arabes, qui
deviendra par la suite l’Union générale des archéologues
arabes. Il s’agit d’un grand forum qui réunit chaque
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
18
année des archéologues d’Égypte comme de tous les
pays arabes. Enfin, Dr
©Alî Ra∂wæn
dirige actuellement
l’équipe de travail chargé de la mise en place du musée
de la Civilisation égyptienne en cours de construction à
Fus†æ†
. (
Kæmiliyæ ©Atrîs
, « Dr
©Alî Ra∂wæn
: la déesse
Maât est le secret de la grandeur de l’Égypte
pharaonique ! »,
∑abæÌ al-⁄ayr
du 12 juin. Voir
également
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
, « Le Président
allemand a nommé l’archéologue égyptien Dr
©Alî
Ra∂wæn
commandant de l’Ordre du Mérite »,
al-MaÒrî
al-Yawm
du 1
er
juin).
- -
Coopérations
B o s n i e - H e r z é g o v i n e
Les archéologues bosniaques ont récemment
mis au jour une montagne supposée abritée une
pyramide à l’intérieur. L’Administration des
pyramides en Bosnie-Herzégovine a aussitôt fait appel
aux experts égyptiens pour l’aider à mieux cerner cette
découverte. Des archéologues et des géologues
égyptiens s’envoleront donc en mai prochain en
Bosnie-Herzégovine, dans le cadre d’une délégation
officielle qui regroupe Dr
©Alî ©Abdallæh Barakæt
,
géologue-minéralogiste et Dr
Ωæfiya Badîr
, chef du
département d’Archéologie de l’Université de
©Ayn
Ωams
, afin de soutenir leurs homologues bosniaques
dans leurs découvertes. (
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Le
savoir-faire égyptien pour développer les pyramides en
Bosnie »,
al-AÌrær
du 6 mars 2006).
Un expert égyptien estime que la Bosnie
pourrait abriter, sur un site récemment découvert par
un explorateur local, les «
premières pyramides
européennes
», qui présenteraient des similitudes avec
les célèbres pyramides de
Íîza
, a indiqué mercredi
dernier un responsable bosniaque. L’expert
©Alî
©Abdallæh Barakæt
, membre de l’Autorité égyptienne
des ressources minérales, affirme que des blocs de pierre
retrouvés sur le site bosniaque ont été taillés par des
humains et ont été polis de la même manière que ceux
des pyramides de
Íîza
, a déclaré à l’
AFP
un responsable
de la Fondation des pyramides de Bosnie, Mario
G
ERUSSI
. «
Barakæt
a également noté que la substance
utilisée pour lier les blocs de pierre est identique à celle
utilisée pour les pyramides de
Íîza
», a affirmé M.
G
ERUSSI
. [...] Les deux «
pyramides bosniaques
», les
seules en Europe si confirmées, sont situées près de la
ville de Visoko, à une trentaine de kilomètres au nord
de Sarajevo. Des archéologues ont entamé à la mi-avril
des travaux d’excavations sur ce site. L’initiateur du
projet, l’explorateur bosniaque Semir O
SMANAGIC
,
avait réalisé à la fin 2005 les premières recherches à
proximité de deux collines, ayant, incontestablement,
la forme de pyramides. Il est convaincu que ces
«
constructions
» sont l’œuvre d’une civilisation
mystérieuse et qu’elles ont été bâties avec des blocs de
pierre taillés, avant d’être recouvertes d’une sorte de
béton primitif. (
AFP
, « Les premières pyramides
européennes »,
Al-Ahram Hebdo
du 24 mai).
- -
F r a n c e
450 mille euros ont été alloués au projet de
réaménagement de la rue
©Abd al-MaÏîd al-Labbæn
,
qui relie le quartier de Sayyida Zaynab à la Citadelle.
C’est ce qu’a déclaré le gouverneur du Caire,
©Abd al-
©AÂîm Wazîr
, lors de la signature de l’accord avec le
secrétaire permanent de l’Organisation internationale
de la francophonie. Le gouverneur a souligné que Le
Caire est l’un des membres fondateurs de cette
Organisation, qui consacre une part de son budget
pour financer des projets de développement dans les
pays membres. Plusieurs zones archéologiques du Caire
vont être réhabilitées dans
le cadre de la coopération
entre Le Caire et la mairie
de Paris. (« Réhabilitation
des zones historiques »,
Æ≈ir Sæ©a
du 8 février
2006. Voir également
« 450 mille euros pour
développer la rue
al-
Labbæn
à
Sayyida
Zaynab »,
al-AÌrær
du 25
janvier ; « Projet français
pour transformer le quartier de Sayyida Zaynab en un
coin de Paris »,
al-Ahræm
du 10 juin).
Le gouverneur du Caire,
©Abd al-©AÂîm
Wazîr
, entame une visite officielle dans la capitale
française du 6 au 11 juin 2006. Au cours de cette visite,
il rencontrera jeudi prochain le maire de Paris, Bertrand
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
19
D
ELANOË
, pour signer un accord de coopération
entre les mairies de Paris et du Caire. L’Ambassadeur
d’Égypte en France,
Îætim Sayf al-NaÒr
, assistera à
cette rencontre. («
Wazîr
se rend demain en France
pour signer un accord de coopération entre les
municipalités de Paris et du Caire »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 5 juin. Voir également
MuÌammad Darwî‡
, « De
Paris à Sayyida Zaynab : une touche française dans les
rues de
Umm Hæ‡im
! »,
al-A≈bær
du 19 juin).
Cet excellent projet de coopération a été
vivement salué par la presse égyptienne, à
l’exception de l’écrivain Sâfî Nâz Kâzim, bien connue
pour ses opinions nationalistes et fondamentalistes,
ainsi que pour sa xénophobie en général et sa
francophobie en particulier :
∑æfî Næz KæÂim
, « Peut-
on comprendre ! »,
al-MuÒawwar
du 23 juin.
- -
I t a l i e
L’Université du Caire et l’Institut Lorenzo
de’ Medici ont signé un accord de coopération
académique
dans
le
domaine
des
études
archéologiques. Les enseignants et les étudiants de
Lorenzo de’ Medici pourront suivre une formation
pratique en anglais à la faculté d’Archéologie du Caire.
L’accord englobe également l’échange des membres du
corps enseignant et des stages de formation. Cet accord
a été signé par le vice-président de l’Université du Caire,
Dr
Mu©taz ⁄ur‡id
et le président de l’Institut Lorenzo
de’ Medici, Fabrizio G
UARDUCCI
, en présence des
doyens des facultés d’Archéologie et des Lettres.
(« Coopération archéologique »,
al-Ahræm
du 7 janvier
2006. Voir également
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
,
« Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 21 février).
- -
J a p o n
Kunihiki M
AKITA
, the Ambassador of Japan
to the Arab Republic of Egypt, and
Fæyza Abº al-
NaÏæ
, the Egyptian Minister of International
Cooperation, signed this week Exchanges of Notes.
Under the pact, Japan will extend yen-loans to Egypt up
to the amount of thirty-eight billion and eight hundred
and thirty-eight million yen (about 304 million US$)
for the execution of the Grand Egyptian Museum
Construction Project (GEM project) and up to the
amount of four billion and seven hundred and twenty
million yen (about 41 million US$) for the execution
of the Environmental Pollution Abatement Project
(EPAP project).
The GEM project will establish a new grand
museum in
Íîza
near the three great pyramids,
approximately 15km southwest of Cairo. It will
contribute to the preservation of the ancient heritages,
development of research, and enhancement of tourism
industry. The EPAP project will contribute to curbing
environmental pollution in the Greater Cairo area and
Alexandria area through financing the investment of
Egyptian companies for introducing machines or
equipment, which cause less pollution. Prime Minister
AÌmad NaÂîf
, who attended the signing ceremony,
described the construction of the new museum as “
a big
dream coming true
”. (“Japanese loan for museum and
environment projects”,
The Egyptian Gazette
du 2 mai
2006. Voir également
©Alæ© ©Abd al-Hædî
, « Le
Premier ministre assiste à la signature de la convention
de financement du Grand Musée égyptien »,
al-A≈bær
du 2 mai ; « 300 millions de dollars pour le Grand
Musée égyptien qui sera inauguré dans trois ans »,
al-
MuÒawwar
du 5 mai).
[...] The Japanese Government will provide a
loan of US$300 million for building the new museum,
to be repaid over 30 years, including a 10-year period,
at an interest rate of 1,5 per cent. Feasibility studies
show that the construction of the museum will take 12
years. “
The signing of the protocol will be followed by an
international campaign for donations to help pay for the
museum, as well as another campaign to collect funds
from Egyptians for the same reason
”, said Minister
Îusnî
. (Hassan S
AADALLAH
, “Accord for new
museum with Japan”,
The Egyptian Gazette
du 30 avril.
Voir également
MuÌammad Ÿarwat
, « Tokyo finance
le projet de construction du Grand Musée égyptien à
travers un prêt de 300 millions de dollars »,
al-Wafd
du
14 mai).
[...] La ministre
Fæyza Abº al-NaÏæ
a précisé
qu’au cours des trente dernières années, l’Égypte a
obtenu des dons et des prêts du gouvernement japonais
de près de cinq milliards de dollars, dont un milliard
deux cent mille dollars de prêts non remboursables ! La
plupart des projets financés par le Japon ont une
dimension culturelle et environnementale : production
d’électricité, épuration des eaux usées, hôpitaux, Cairo
Opera House, réaménagement d’aéroport, etc. Enfin,
le Japon signera avec l’Égypte fin 2006 le projet de
création d’une université nippone au Caire spécialisée
dans les études technologiques. (
Mæmæ Na©m al-Bæz
,
« Entre l’intelligence des Japonais et la débrouillardise
des Égyptiens »,
al-Wafd
du 3 mai. Voir également
« Prêt japonais pour la construction du Grand Musée
égyptien »,
al-Ahræm al-©Arabî
du 13 mai).
- - -
Juichi T
AKAHARA
, the Minister and Deputy
Chief of Mission, Embassy of Japan in Egypt, and
Mutsuo K
AWADOKO
, the Director of the
Archaeological Mission of the Middle Eastern Culture
Centre in Japan, sign today a contract of the Japanese
Grant Assistance. Under this contract, the Embassy of
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
20
Japan extends a grant amounting to 82,148 dollars for
the construction of an exhibition hall with a storehouse
for cultural properties excavated from ruins in Sinai
Peninsula, according to a press release from the
Embassy in Cairo. The Archaeological Mission of the
Middle Eastern Culture Centre in Japan has been
carrying out the Archaeological research of the cultural
properties excavated from ruins in Sinai Peninsula such
as
wædî al-™ur
,
Mt Naqºs
,
Ræyæ
and
al-Kîlænî
from
more than 20 years. Among the objects unearthed at
al-
Kîlænî
were 4000 fragments of manuscripts. The work
is throwing new light on early Islam, its development of
social and commercial networks, and its relation with
Christian, Coptic and Byzantine cultures. Through this
grant aid, it is expected that these important cultural
properties will be exhibited in order to attract more
visitors and enhance the understanding about the
history of Sinai Peninsula and its importance.
(“Japanese grant for archaeological mission”,
The
Egyptian Gazette
du 16 mars).
- -
K i r g h i z s t a n
Dans le cadre de la consolidation des relations
entre l’Égypte et la république du Kirghizstan et du
transfert du savoir-faire égyptien dans le domaine de la
préservation des Antiquités et des musées, le Fonds
égyptien pour la coopération technique avec le
Commonwealth of Nations, dépendant du ministère
égyptien des Affaires étrangères, a organisé un stage
pour dix spécialistes dans les domaines de la
restauration archéologique, des musées et de la
sauvegarde du patrimoine. Le secrétaire général du
Fonds, l’ambassadeur
WaÏîh Íalæl
, a souligné que ce
programme de formation a été organisé en
collaboration
avec
l’Ambassade
d’Égypte
au
Kazakhstan et la faculté d’Archéologie de l’Université
du Caire. (
MaÌmºd al-Nºbî
, « Fin du stage de
sauvegarde archéologique et des musées »,
al-Ahræm
du
2 mai 2006).
- -
M e x i q u e
Le ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
,
reçoit ce matin son homologue mexicaine, M
me
Sari
B
ERMÚDEZ
, actuellement en visite au Caire à la tête
d’une délégation culturelle de haut niveau. Le secrétaire
général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, ainsi que le sous-
secrétaire d’État aux relations culturelles étrangères, Dr
Anwar Ibræhîm
assisteront à cette entrevue. Le
Premier secrétaire,
Færºq ©Abd al-Salæm
, a annoncé
qu’au cours de cette rencontre la ministre mexicaine
remettra à M.
Îusnî
une invitation pour la
participation égyptienne au II
e
Forum international de
la civilisation qui se tiendra à Monterry en automne
2007. Les deux ministres examineront également la
demande mexicaine d’organiser une exposition
archéologie égyptienne en marge de ce forum. En
l’honneur de la délégation mexicaine, une réception
sera organisée dans le palais
Mænisterlî
. (
©Alæ© ©Abd al-
Hædî
, « Une exposition archéologique égyptienne au
Mexique »,
al-A≈bær
du 17 avril 2006).
- -
Formations
3
L’Union générale des archéologues arabes
organise en 2006 des
stages de restauration
. Le
secrétaire général de l’Union, Dr
MuÌammad al-
KaÌlæwî
, a précisé que ces stages concernent les
domaines des fouilles archéologiques, de la
documentation, de la maintenance des métaux et
des bâtiments historiques. (
©Abd al-Íawwæd al-
MaÒrî
, « Stages de restauration archéologique »,
Uktubar
du 21 janvier 2006).
3
In cooperation with the Supreme Council of
Antiquities (SCA), the
Faculty of Music at
Îilwæn
University
will offer a
diploma course in
Pharaonic music
as of next September, an official
said. “
The purpose of the new course is to encourage
the nation’s youth to take a keener interest in our
Pharaonic heritage
,” added Professor
Íawdat al-
Mal†
of
Îilwæn
University. “
The objective is also to
prevent our wonderful Pharaonic civilisation from
being consigned to oblivion
.” [...] Registration for
the Pharaonic music course will start in August at
Îilwæn
University’s Faculty of Music, located in
Zamælik
. (Hassan S
AADALLAH
, “Diploma in
Pharaonic music”,
Egyptian Mail
du 8 avril 2006).
3
Le Center for Documentation of Cultural and
Natural Heritage (
CULTNAT
) organise au mois
d’avril
un
stage
de
formation
intitulé
«
Documentation des collections muséologiques
iraqiennes
», en coopération avec l’Organisation
islamique pour l'Éducation, les Sciences et la
Culture (
ISESCO
). Le responsable de cette
formation, Dr
Rîm BahÏat
, a précisé que ce stage
poursuit plusieurs objectifs : requalification des
responsables des musées iraqiens ; exposition des
dernières nouveautés scientifiques et techniques
dans le domaine de la documentation ; remise en
marche des institutions iraqiennes chargées du
patrimoine. (
Îusæm ©Abd al-Qædir
, « Stage de
documentation des Antiquités iraqiennes »,
Uktubar
du 9 avril 2006. Voir également
« L’ISESCO contribue à la sauvegarde du
patrimoine iraqien »,
al-Wafd
du 15 mars ;
Hænî
al-Mikkæwî
, « L’Égypte organise un stage de
formation pour le développement des musées
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
21
iraqiens »,
al-AÌrær
du 26 mars).
3
The
National Archive of Egypt
is organising a
four-day
workshop for training the restorers of
old scripts, papyri and publications
. The
workshop will be held in cooperation with the
Islamic Educational, Scientific and Cultural
Organisation (ISESCO), headed by Abdulaziz
Othman Altwaijri. Restorers from the Sudan,
Kuwait, the Yemen, Libya, Tunisia and Palestine
will take part in the workshop, in addition to
Egyptian experts
Wafîqa Nº‡î
,
©Abd al-Íawwæd
Fahmî
and
Nabîl al-Wardænî
. The workshop,
under the scientific supervision of Egyptian expert
Rif©at Îasan Hilæl
, kicks of tomorrow at the
National Archive of Egypt. (Ihab S
HAARAWY
,
“Workshop for restoring old scripts”,
The Egyptian
Gazette
du 14 mai).
- -
Verbatim
[...] Le secrétaire général du
Conseil
Suprême
des
Antiquités (CSA), Dr
Zæhî
Îawwæs
, a démenti les
rumeurs
concernant
la
présence d’archéologues juifs
qui mènent des fouilles dans le
Sinaï. Il a confirmé qu’aucun
Israélien n’est autorisé à
travailler dans les Antiquités
égyptiennes, conformément
aux dispositions de la loi.
D’ailleurs, tout archéologue étranger — quelles qu’en
soient la nationalité ou la religion — doit obtenir l’aval
des autorités de sécurité.
Îawwæs
a insisté sur le fait
que James K. H
OFFMEIER
, l’archéologue qui fouille
dans le Sinaï depuis 2000, est de nationalité
américaine. C’est lui qui a découvert la majorité des
forteresses pharaoniques dans le Sinaï. Il n’a pas le droit
d’accueillir des visiteurs étrangers sur son site, sans
l’autorisation du directeur de la zone archéologique
dont il dépend.
Îawwæs
a confirmé que s’il découvrait
que H
OFFMEIER
était juif, il serait immédiatement
expulsé d’Égypte
[sic !]
. Enfin, il a souligné que cet
archéologue américain ne fait pas de politique. (
Mæhir
Ismæ©îl
, «
Îawwæs
nie la présence d’aucun
archéologue juif dans le Sinaï »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 2
février 2006).
- -
Le directeur général du Comité permanent,
MaÏdî al-
flandºr
, a annoncé la composition d’une commission
scientifique présidée par Dr
Rama∂æn ©Abdu
,
professeur d’archéologie à la faculté de Lettres de
Minyæ
, afin de rédiger un rapport sur l’ouvrage intitulé
Israel in Egypt: The
Evidence
for
the
Authenticity of the
Exodus
Tradition
,
écrit par James K.
H
OFFMEIER
.
Le
compte-rendu
de
lecture devra juger si
cet ouvrage comporte
un outrage
[sic]
à
l’Égypte.
(
Lu©ay
MaÌmºd
Sa©îd
,
« Musées
et
Antiquités »,
al-
Qæhira
du 30 mai
2006).
- -
À l’occasion de la publication de son livre
Kheops, les secrets de la construction de la grande
pyramide
par Farid Atiya Press, l’architecte français
Jean-Pierre H
OUDIN
exprime sa passion dévorante
pour ce monument
:
« Les pyramides constituent l’un
des monuments les plus admirés du monde. S’occuper
donc d’eux, c’est sympathique. Je travaille sur les
pyramides depuis maintenant presque sept ans. Et au
départ, c’est une idée de mon père qui, en regardant
une émission à la télévision sur les pyramides, a dit tout
de suite que le monument n’a pas été construit de
l’extérieur, mais de l’intérieur. Comme moi je suis
architecte et lui il est ingénieur, il m’a demandé de
dessiner des choses et à force de dessiner je me suis
trouvé impliqué et enfin en 1999 je m’en occupe et
j’arrive à tout expliquer de A à Z. Je peux dire
comment la pyramide a été construite, comment on a
fait la chambre du roi, pourquoi elle était faite. J’ai
arrêté donc tous mes travaux. J’avais un cabinet
d’architecte ; j’ai arrêté. Et je ne fais plus que la
pyramide depuis maintenant plus de six ans, jour et
nuit. Samedi, dimanche, congé, je ne pense qu’à la
pyramide. Je pense que je connais beaucoup de choses
sur la pyramide. Pour moi, ce n’est pas du travail, c’est
un plaisir ».
Mais
lorsque
la
journaliste lui demande avec
étonnement comment a-t-il pu
effectuer une telle recherche
sans visiter le monument, Jean-
Pierre H
OUDIN
réplique :
« J’ai
tout réfléchi, j’ai tout étudié
pendant presque cinq ans sans
avoir jamais vu les pyramides. En
fait, je ne suis venu au Caire que
depuis deux ans. Le problème n’est pas en fait de voir
les pyramides, mais c’était d’avoir un problème de
chantier posé avec des paramètres, de savoir la taille, la
hauteur, le poids, le nombre et la forme des pièces, les
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
22
plans et imaginer après. On n’a pas besoin de voir les
choses
[sic !]
. Il y a des gens qui m’ont reproché de ne
pas avoir envie de voir les pyramides. En fait de ne pas
les avoir vues c’est que j’étais complètement libre de
réfléchir. Et quand j’ai vu les pyramides, je les
connaissais dix fois mieux que beaucoup de gens qui
les ont vues et qui n’ont rien vu en fait. Moi, j’ai des
explications pour tous les détails et je sais à quoi ça sert.
C’est parce que j’ai dessiné en plus avec un logiciel de
dessin sur ordinateur la 3D, j’ai plus de 5 000 heures de
dessins 3D pour les pyramides sur l’ordinateur. Je
connais la distance d’un point à l’autre, la hauteur. Je
vois beaucoup de choses. À l’instant, j’explique
comment ça a été construit, je vais y arriver. Je suis
persuadé ». (Amira S
AMIR
, « La pyramide de Kheops
a traversé plus de 4 500 ans sans une ride »,
Al-Ahram
Hebdo
du 17 mai 2006).
- -
“
I can see the blood beneath the skin of Isis...
looking at her makes me feel that she is still alive
,”
s’est
exclamé Zâhî Hawwâs, lors de l’inauguration au
Martin-Gropius-Bau de l’exposition
Ägyptens
versunkene Schätze
. Ce genre de belles envolées
lyriques, dont seul le secrétaire général du CSA a le
secret, est en principe censé charmer l’auditoire.
(
Nevine E
L
-A
REF
, “Mysteries of the deep”,
Al-Ahram
Weekly
du 11 mai 2006).
- -
[...] Le directeur du département de la
Préhistoire au sein du CSA,
⁄ælid Sa©d
, a annoncé que
les archéologues sont quasiment certains que Adam — le
père de l’humanité
[sic]
— est descendu sur terre, il y a
deux millions d’années. Un squelette humain qui date
de cette époque a été trouvé.
⁄ælid Sa©d
a ajouté que
les savants n’ont pas encore tranché s’il s’agit réellement
du squelette de notre prophète Adam ou non.
Toutefois, il existe des recherches qui indiquent que
lorsque Adam a quitté le Paradis, il s’est échoué sur
terre, plus précisément dans la région du Moyen-
Orient. C’était alors l’unique région du globe qui
disposait de fleuves d’eau douce permettant la survie et
la constitution de sociétés humaines. Quant au reste de
notre planète, il était noyé sous des mers d’eau salée et
dominé par des animaux gigantesques. (
™æriq FatÌî
,
« Le directeur du département de la Préhistoire affirme
la découverte du squelette de notre prophète Adam dans
le gouvernorat de
Qinæ
»,
al-Naba’
du 22 janvier
2006).
- -
Soucieux d’améliorer le niveau des
archéologues égyptiens, le secrétaire général du CSA
verse de plus en plus
dans l’exaltation du sentiment
nationaliste :
« [...] At that time, two things bothered
me. The first thing that plagued my mind was
something I had seen on a television film which
featured the young — at that time — American
Egyptologist Kent W
EEKS
. In one scene the foreign
film director showed W
EEKS
entering the tomb of
Nefertari. The tomb had been opened by the chief
inspector of the West Bank, who held a lamp in his
hand to make the scene more dramatic. W
EEKS
was
explaining the tomb to the chief inspector, who was
holding the lamp and listening with his mouth open.
He did not say a word! The second thing that bothered
me was that I noticed there were more than 20 foreign
expeditions working
in Thebes, excavating,
documenting and publishing, but that not a single
Egyptian expedition was working independently. The
young Egyptian archaeologists were working with the
foreign missions. This made me mad! I wondered why
we could not do our own work. Later, I found out that
we needed an excellent education. Education in all
aspects of Egyptology is extremely important. For
example, it is essential to know the best excavation
techniques so as to carry out the best excavations and
produce good publications. This is what encouraged
me to leave Egypt and study for seven years on a
Fulbright fellowship at the University of Pennsylvania.
The result of education is clear, because for the first
time the leaders of Egypt’s antiquities are Egyptian.
Egyptians are now on an equal playing field with our
foreign colleagues and we all work together for the
benefit of the monuments ». (
Zæhî Îawwæs
, “Dig
days: Treasure without an end IV (Valley of the
Kings)”,
Al-Ahram Weekly
du 1
er
juin 2006).
- -
Sous les auspices du ministère de la Culture
et en présence du gouverneur du Caire, le Conseil
Suprême des Antiquités a organisé une rencontre
intitulée
First Annual Forum on Protecting
Archaeological Sites from Modern Risks
. Durant deux
jours, de nombreux problèmes qui menacent le
patrimoine et entravent le travail archéologique ont
été débattus en toute franchise, sous le slogan
éloquent
Our Heritage Born to Last
. Les responsables
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
23
archéologiques, les dirigeants municipaux et les
autorités policières se sont accusés mutuellement
des infractions de plus en plus nombreuses
commises sur le patrimoine.
«
D’aucuns attribuent ces
infractions aux responsables pourtant chargés de la
protection des Antiquités. Les raisons en sont
nombreuses : ignorance, inefficacité, manque de moyens
et, parfois, manque d’intégrité
».
L’archéologue Ayman
‘Abd al-Mun‘im soutient ce constat et révèle que
«
lors de la restauration d’un site islamique, nous y avons
ramassé quinze mille seringues abandonnées par des
toxicomanes, en plus d’autres choses que la pudeur nous
interdit de nommer ici ! À l’intérieur de
wikælat
Qæytbæy
, nous avons trouvé d’énormes quantités de sel
entreposées par les ateliers de confection de pickles.
D’ailleurs, toutes les
wikæla
antiques servent d’entrepôts
de bois, d’ateliers de façonnage d’aluminium ou de
fonderies. Il est surprenant de voir la façade de
wikælat
al-flºrî
recouverte de sous-vêtements en vente dans les
échoppes installées dans son rez-de-chaussée !
».
(
Kæmiliyæ ©Atrîs
, « Cri d’alarme pour le sauvetage de
nos Antiquités, avant qu’il ne soit trop tard ! »,
∑abæÌ
al-⁄ayr
du 21 février 2006. Voir également
MuÌammad Mandºr
, « Discussions houleuses autour
des infractions commises sur les Antiquités »,
al-Qæhira
du 7 mars).
Au cours de ce forum, l’accent a été mis sur
la complicité de certains employés du CSA dans le
pillage des sites archéologiques. Le Dr Hawwâs a
acquiescé en déclarant que
«
90 % des gardiens du
CSA sont des vendus !
». Il a précisé qu’il a décidé
avant-hier d’engager cinq cents jeunes diplômés pour
veiller sur les Antiquités. Puisse cette décision atténue le
pillage et la corruption. Il a ajouté : «
Franchement, que
puis-je faire de plus ? Comment pourrai-je empêcher un
fonctionnaire mal rémunéré et à charge d’une grosse
famille de tremper un tantinet dans le vol et le pot-de-
vin ?
». [...] En ce qui est de la transformation d’un
grand nombre de sites archéologiques en dépotoirs,
Îawwæs
s’est exclamé : «
Je ne sais pas comment
résoudre ce problème. Car à chaque fois que nous
retirons les poubelles, rebelote, elles reviennent de plus
belle. La solution serait probablement de transformer le
Conseil Suprême des Antiquités en un Conseil Suprême
des poubelles
».
Cette bonne dose d’humour noir a ensuite
été épicée par un chouïa de ferveur religieuse
lorsque le Conseiller du secrétaire général du CSA, Dr
‘Alî R
ADWÂN
« a affirmé que le noble
Coran
recommande la visite et la sauvegarde des Antiquités.
Quiconque aide un touriste à visiter les Antiquités aura
une forte rétribution auprès d’Allah, conformément au
verset : Eh quoi ! n’ont-ils point parcouru la terre et
considéré quelle fut la fin de ceux qui furent avant
eux ? Allah a mis la destruction sur eux (XLVII, 11) et
le verset : Ainsi Nous te contons les prophéties du
temps écoulé et Nous t’apportons, [venue] de Nous,
une Édification (XX, 99) ». (
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
,
« Les municipalités accusent le CSA d’entraver la lutte
contre les violations des zones archéologiques »,
al-
MaÒrî al-Yawm
du 16 février 2006. Voir également
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, «
Zæhî Îawwæs
avoue : 90 %
des gardiens des Antiquités sont... des vendus »,
al-
AÌrær
du 16 février).
Sans forcément être trop versé
dans la gnose, force est de constater que ces deux
versets cités à l’appui par Dr R
ADWÂN
n’ont pas
grand-chose à faire avec la cause qu’il tente de
défendre !
- -
Polémiques
P r o j e t d e
r é a m é n a g e m e n t d e
K a r n a k
Comme chaque année, les responsables du
Conseil Suprême des Antiquités (CSA), à leur tête
Zæhî
Îawwæs
, et ceux de la mission française de Karnak, à
leur tête Emmanuel L
AROZE
, se sont rencontrés pour
discuter des derniers travaux exécutés aux temples de
Karnak et pour faire leur bilan annuel. Mais cette
année, les choses étaient différentes. Une atmosphère
tendue régnait entre les membres des deux délégations.
Cause : le nouveau plan de développement que compte
exécuter le CSA en coopération avec le Conseil de la
ville. En fait, ce projet qui vise à réaliser un
réaménagement de presque toute la ville et comportant
un plan spécial pour Karnak a été contesté par un grand
nombre de personnalités, même égyptiennes dont la
plus mobilisée est
Ωahîra MîÌriz
, chercheuse. Pour
faire valoir son point de vue, elle n’a pas manqué de se
rendre sur place, prendre des photos et préparer des
dossiers contestant ces projets qui consistent à évacuer
les habitants de Qurna de leur village, de continuer la
route périphérique, d’aménager le centre-ville de
Louqsor et le plus important de tout est d’appliquer
une nouvelle gestion du site et des alentours des temples
de Karnak.
En fait, un grand projet. La seule partie
concernant le réaménagement de l’ensemble Louqsor-
Karnak est d’un coût total de 50 millions de L.E. Elle
sera exécutée en deux ans. Elle consiste en
l’établissement d’une vaste esplanade de 600 mètres sur
300 mètres devant le site du temple de Karnak de
manière à créer un panorama allant du devant de
l’entrée du groupe de temples jusqu’au bord du Nil de
sorte que le visiteur puisse, en se trouvant devant les
édifices, contempler le temple d’Hatchepsout qui se
trouve sur l’autre bord du Nil à la rive ouest. «
Les deux
sont situés sur le même axe ; c’était en fait leur état à
l’époque pharaonique
», explique
©Alî Ra∂wæn
, ex-
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
24
doyen de la faculté d’Archéologie du Caire et président
de l’Union des Archéologues arabes. En fait, pour
exécuter ce projet, plusieurs évacuations doivent être
faites. Et les étapes ont été déjà précisées. Le Conseil de
la ville a déjà détruit le stade de Louqsor qui se trouvait
à proximité du temple. Non seulement cela, mais il a
aussi jeté les fondations d’un nouveau bâtiment. Celui-
ci servira de centre d’accueil d’une part et, d’autre part,
il comprendra une partie consacrée à raconter l’histoire
des missions françaises qui ont opéré à Karnak. Pour
parachever le projet, il faut évacuer tous les bazars qui se
trouvent du côté Est à l’entrée de Karnak.
Mais la polémique la plus forte et ce qui a
causé le plus de tension, voire un fort débat entre les
deux délégations française et égyptienne est celle de la
future destruction de la maison historique de
l’égyptologue Georges L
EGRAIN
, pionnier des
fouilles dans le grand temple d’Amon. Décision de la
part du côté égyptien qui a causé la réserve des Français
qui étaient tous contre. Pour
©Alî Ra∂wæn
, cette
maison a été construite au-dessus du lac du temple. «
Si
on veut vraiment commémorer ce que L
EGRAIN
a fait à
Karnak, détruisons donc ce qu’il a commis de faux
», dit
©Alî Ra∂wæn
, qui refuse catégoriquement l’existence
de cette maison. Il est connu que c’est l’archéologue
français Georges L
EGRAIN
qui effectua le
dégagement des deux axes principaux du temple,
faisant l’extraordinaire découverte de la cour de la
Cachette, avec ses 15 000 objets, dont 800 statues,
actuellement au Musée du Caire. Il fut le premier
directeur des travaux de Karnak, de 1895 jusqu’à sa
mort à Louqsor, en 1917. Pour ce, le côté français se
bat avec acharnement pour garder cette maison qui,
pour lui, a une grande valeur non seulement historique
mais aussi d’identité. «
On a proposé de transformer la
demeure L
EGRAIN
en un centre de sensibilisation
archéologique
», a souligné Emmanuel L
AROZE
,
directeur de la mission française.
Mais apparemment, les choses sont allées
encore plus loin et ont pris des dimensions encore plus
larges quand des personnalités diverses ont envoyé une
lettre à l’Unesco demandant son intervention dans le
plan de développement de Karnak et aussi quand la
mission française a soumis la question au président
français, Jacques C
HIRAC
, qui n’est pas en fait
intervenu. Pour les autorités égyptiennes, la décision
est irréversible, puisqu’elle dégage le panorama. De
plus, les susceptibilités jouent. Une décision
souveraine. «
Pas d’État dans l’État dans l’enceinte
d’Amon. Uniquement les autorités égyptiennes
», a
martelé
Ra∂wæn
. De son côté,
Zæhî Îawwæs
, secrétaire
général du CSA, souligne que la destruction de la
maison de L
EGRAIN
est nécessaire pour accomplir le
projet déjà en cours pour qu’elle ne cache pas la vue
panoramique. Mais cela n’est pas tout.
Îawwæs
assure
que sous cette demeure se trouvent des Antiquités.
«
J’étais complètement contre la destruction de
cette belle maison qui porte une histoire et qui a un
cachet spécial et que je considère personnellement un
monument, mais si
Îawwæs
assure l’existence de
monuments en dessous, je ne peux plus me prononcer
»,
a dit
Ωahîra MîÌriz
, qui est contre ce projet, parce que
de toute façon une esplanade devant Karnak est une
idée inappropriée sur le plan esthétique et pratique
aussi. Un espace abandonné à un soleil brûlant, de
Karnak à
Dayr al-BaÌarî
.
Le Centre du patrimoine mondial dépendant
de l’Unesco a envoyé une lettre à
Îawwæs
demandant
aux autorités égyptiennes des informations détaillées
avant de prendre des décisions difficiles à changer plus
tard. «
J’ai écrit une lettre vivement formulée à l’Unesco.
Personne ne peut me dicter ce que j’ai à faire parce que
personne n’aime son pays plus que moi. Et toutes les
décisions que je prends sont pour le bien de mon pays et
pour le bien des Antiquités égyptiennes
», a conclu
Îawwæs
. Il a exclu de toute façon qu’il y ait un conflit
archéologique entre les deux parties. «
Il n’y a pas de
problème qu’il faut monter en épingle
», a-t-il déclaré.
D’autant plus que la mission française a finalement
approuvé la destruction de la maison de L
EGRAIN
.
(Hala F
ARES
« La bataille de Karnak »,
Al-Ahram
Hebdo
du 14 juin 2006. Voir également
MuÌammad
©Abd al-Íawwæd
, « Une campagne française contre
l’Égypte à cause du développement de la ville de
Louqsor »,
al-AÌrær
du 10 mai ; Nevine E
L
-A
REF
, “A
trifle over bazaars”,
Al-Ahram Weekly
du 15 juin ;
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
, « Une chercheuse critique la
décision de raser la maison de L
EGRAIN
et celles de
Qurna »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 24 juin ;
MuÌsin ͺd
,
« La vérité sur le différend qui oppose la mission
française et le Conseil Suprême de Louqsor »,
al-A≈bær
du 28 juin).
Le projet de réaménagement de Louqsor
comprend toute la ville, commençant par les temples de
Karnak jusqu’à la démolition des immeubles qui
remontent au XIX
e
siècle, au centre-ville, en passant par
l’évacuation des habitants de Qurna. Le Conseil de la
ville, au lieu de déployer un petit effort pour restaurer
les belles demeures qui ont un cachet particulier avec
leurs balcons en bois et leurs façades en art déco, n’a pas
trouvé mieux que de commencer à détruire ces maisons
pour les remplacer par de hauts immeubles en béton
peints de couleurs au goût douteux, avec de grands
balcons sans le moindre sens de l’harmonie. Des
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
25
bâtiments qui, en fait, choquent la vue. Un exemple
clair : celui
d’al-MaÌa††a
, une des principales rues de
Louqsor, où le Conseil de la ville a commencé à détruire
les anciennes maisons pour en construire de nouvelles,
sous prétexte que les anciennes ne sont pas sur le même
alignement. Alors qu’il est bien connu que les rues
serpentées sont une caractéristique de toutes les vieilles
villes, y compris européennes. (Hala F
ARES
« Sauvez le
centre-ville de Louqsor ! »,
Al-Ahram Hebdo
du 14
juin. Voir également
Kæmiliyæ ©Atrîs
, « Le dromos et
la maison de L
EGRAIN
»,
∑abæÌ al-⁄ayr
du 12 juin ;
AÌmad ©A†iyya
, « 240 millions de L.E. pour
développer les temples de Karnak ! »,
A≈bær al-Yawm
du 24 juin).
Rumours of the environmental disaster that
would be wreaked by the Karnak Development Project,
approved by the Supreme Council of Antiquities (SCA)
and Luxor City Council (LCC), began to circulate early
in May. The project would, said its detractors, destroy
the context of Karnak Temple, and in its attempts to
prevent further encroachment had opted for cosmetic
solutions. A two-metres wide concrete wall to be built
around the temple, violating archaeological layers and
creating a ring over the remains of five temples from
the time of Akhenaten, almost dividing them in two
areas, came in for special criticism, as did uprooting
trees planted on the temple’s northern side.
It was also reported that both the SCA and
LCC had agreed that a marina be established, and that a
129 000-square-metre space between the temple and the
Nile Bank be cleared, involving the demolition of
bazaars, residential houses, the French mission’s dig
house and the wooden house built for French
Egyptologist Georges L
EGRAIN
. There were also
rumours that the development project included a
commercial centre comprising restaurants, a shopping
mall and a parking area.
Ωahîra MiÌriz
, a specialist in Islamic Art, led a
counter campaign against both SCA and LCC, sending
a four-page report to UNESCO, accompanied with
photos, criticising the project. In the report
MiÌriz
argued that the isometric views of the project were
misleading, since they ignored the differences in the
level of the temple and the projected road. Nor, she
said, had the project considered what the view would be
like once the buildings had been demolished. “
They
want to demolish a charming mud brick village and thus
expose five-storey high concrete buildings painted in an
array of garish colours and covered in commercial
advertising hoardings
,”
MiÌriz
told
Al-Ahram Weekly
.
In responding to the report Francesco
B
ANDARIN
, director of the UNESCO World
Heritage Centre, wrote to SCA Secretary-General
Zæhî
Îawwæs
, suggesting alternative solutions be sought,
and threatening to remove Karnak Temple from the
World Heritage List should the project go ahead as
planned.
Îawwæs
describes B
ANDARIN
’s letter not
only as a personal insult, but as an insult to all
Egyptians.
Îawwæs
wrote to B
ANDARIN
saying: “
I
am an experienced archaeologist who knows the value of
these monuments. And no one protects the monuments
of Egypt more than Egyptians
.” In his letter
Îawwæs
said B
ANDARIN
had based his conclusions on
conjecture and gossip, and forwarded a detailed report
on the planned project, the aim of which is to curtail
infringements on the archaeological site and clear a site
for the excavation of the ancient harbour and canal that
once connected the temple to the Nile. The plan,
furthermore, involves the planting of new trees and not
the uprooting of those already
in situ
.
Bazaars located along the temple walls will be
relocated along the Corniche, in the site occupied by
the Luxor Stadium, which will also house an
underground commercial development as well as a
visitors’ centre. A memorabilia hall is also planned,
commemorating the French archaeologists who
worked in Karnak, including Auguste M
ARIETTE
,
M
ASPERO
and Georges L
EGRAIN
. The plan has now
been agreed by all concerned parties. (Nevine E
L
-A
REF
“Karnak facelift approved”,
Al-Ahram Weekly
du 8
juin. Voir également « Un grand archéologue égyptien
s’en prend à la présence française à Karnak »,
AFP
du 5
juin).
Mais, très vite les esprits s’échauffent et le
ton devient, malheureusement, inamical :
«
Nous n’admettrons pas la présence d’un État
à l’intérieur de l’État d’Amon, à part le pouvoir
égyptien... Karnak ne sera jamais le Vatican d’Égypte
» :
ces mots furent le début d’une attaque violente lancée
par Dr
©Alî Ra∂wæn
, membre du haut comité du CSA
et président de l’Union des archéologues arabes, contre
ce qu’il qualifie de «
l’influence française
» à l’intérieur
du temple de Karnak à Louqsor. Il a reconnu
l’existence de désaccords entre les membres de la
Commission mixte franco-égyptienne, présidée par le
secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, à cause de
la mainmise des Français sur les temples qu’ils fouillent
depuis le XIX
e
siècle.
Ra∂wæn
a également déclaré hier que «
si la
mission française exerçait son emprise sur Karnak, cela
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
26
signifierait que Karnak n’appartiendrait plus à
l’Égypte
». Il a souligné que le CSA insiste pour
photographier les temples et les débarrasser de toutes les
infractions qui les environnent, y compris la maison de
l’archéologue français, Georges L
EGRAIN
, qui a
fouillé à Karnak au XIX
e
siècle. Dr
Ra∂wæn
a ajouté :
«
Nous nous sommes mis d’accord avec les Français pour
que nos relations soient basées sur le respect mutuel au
lieu des conflits perpétuels. Car nous ne permettrons à
personne d’avoir la haute main sur nos Antiquités. La
maison de L
EGRAIN
a été construite d’une manière
illégale sur le quai du lac de Karnak. Si nous gardons
cette maison, cela reviendrait à autoriser n’importe qui à
construire à l’intérieur des sites archéologiques
». Dr
Ra∂wæn
a confirmé que «
cette maison est un point noir
sur le front de la mission française de Karnak et sur le
front de L
EGRAIN
lui-même
».
Il a précisé que le CSA a conclu un accord avec
la partie française visant à honorer la mémoire de ses
savants — d’Auguste
M
ARIETTE
jusqu’à présent —, à
travers l’édification d’un centre scientifique pour
l’histoire des fouilles des temples de Karnak. À
condition que ce centre scientifique soit construit à
l’intérieur du centre des visiteurs actuellement en
construction dans la région du
Hæstær
, loin de
l’esplanade du temple de Karnak.
Ra∂wæn
a annoncé
que ce centre des visiteurs engloberait également un
marché touristique à la place des bazars qui seront
transférés du parvis du temple, dans le cadre du plan de
développement implanté par le CSA. L’objectif étant
de restituer aux lieux leur aspect d’antan, à l’époque de
l’Ancien Empire. La ressuscitation du port antique de
Karnak vise également à dégager complètement le
panorama entre le temple de Karnak et celui
d’Hatchepsout.
De son côté, le Dr
Zæhî Îawwæs
a déclaré que
le CSA est disposé à recruter des archéologues du Delta
et de Haute-Égypte afin de sélectionner une équipe de
vingt personnes pour coopérer avec la mission
française. Il a confirmé l’existence de problèmes
qu’affrontent les Égyptiens qui ont le sentiment de
travailler
chez
les Français et non pas
avec
eux. En plus,
ces Égyptiens ne sont pas dûment rémunérés pour leur
travail. Dr
Îawwæs
a souligné que l’accord passé avec
toutes les missions archéologiques stipule la nécessité de
payer les salaires des Égyptiens qui travaillent avec eux.
Îawwæs
a ajouté : «
Les étrangers touchent de l’argent
sur des projets par nous-même financés. Par conséquent,
ils doivent rétribuer les Égyptiens qui travaillent avec
eux
». Enfin,
Îawwæs
a appuyé les déclarations hostiles
de
Ra∂wæn
à l’encontre des Français. Il a critiqué la
restauration française de la porte de Séthi 1
er
. (
FatÌiyya
al-Da≈æ≈nî
, « Le CSA : Nous n’admettrons pas la
présence d’un État français à l’intérieur de Karnak...
Karnak ne sera jamais le Vatican d’Égypte »,
al-MaÒrî
al-Yawm
du 5 juin. Voir également
©IÒæm ©Umræn
&
AÌmad al-∑a©îdî
, « Projet franco-égyptien pour la
découverte de l’ancien quai des temples de Karnak »,
al-Íumhºriyya
du 6 juin ;
MuÌammad Ωa©îr
,
« Dissensions à Karnak à cause de la restauration et de
la maison de L
EGRAIN
! »,
A≈bær
al-Adab
du 11
juin).
Le secrétaire général du CSA dévoile les
grandes lignes de son projet :
[...] Malheureusement, certains membres de
la mission française travaillant à Karnak font courir des
rumeurs et de fausses histoires autour du projet de
conservation du temple de Karnak. Ils en sont même
allés jusqu’à faire des déclarations à la télévision
française et inciter le directeur du Centre du patrimoine
culturel à menacer que ce projet conduira l’Unesco à
rayer Karnak de la Liste du patrimoine mondial. Une
fois de plus, il est fort regrettable que personne n’ait
tenté, même pas l’Unesco, de s’informer sur ce projet.
Comme si tout le monde n’avait qu’un unique
objectif : préserver la maison de l’archéologue français
Georges L
EGRAIN
, située directement à l’entrée Sud
de Karnak. L’histoire remonte pourtant à quatre ans,
lorsqu’un haut comité pour la sauvegarde de Karnak,
réunissant des spécialistes dans tous les domaines, a été
composé, afin de déterminer les conditions et les règles
nécessaires au lancement d’un concours international
pour le sauvetage de ce temple important.
[...] Le temple de Karnak a subi de
nombreuses violations : des bazars installés devant le
temple, des aires de parkings à côté du temple, des
habitations qui occultent la vue, en plus de la maison de
L
EGRAIN
, érigée au-dessus d’un quai qui date du
Moyen Empire. Le projet a été spécialement conçu
pour restaurer la splendeur et le caractère sacré de
Karnak et pour le débarrasser de toutes les constructions
informelles qui l’environnent. Ce projet a été révisé par
de nombreuses commissions scientifiques internes et
externes au Conseil Suprême des Antiquités (CSA). En
voici les grandes lignes : lever les infractions, exhumer
les éléments archéologiques devant le temple, organiser
la visite, relier le temple au Nil, interdire toutes
nouvelles constructions de nature à défigurer le
panorama du temple.
Les objectifs du projet de développement de
Karnak, mis en place par le Conseil municipal de
Louqsor sous la supervision du CSA, peuvent être
résumés en quelques points :
1)
Préservation des arbres plantés sur le
parvis du temple.
2)
Retrait des bazars installés sur l’esplanade
du temple. Seront épargnés uniquement
les bazars implantés sur les aires de
parking et le marché touristique situé à
l’emplacement du stade sportif (terrain
non archéologique et qui n’appartient
pas au CSA).
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
27
3)
Création d’un centre pour les visiteurs
doté de services de sécurité, d’une
maquette du temple de Karnak, des W.-
C., en plus des guichets pour la vente des
tickets et d’une salle de projection qui
retrace l’histoire du temple, des fouilles
qui y ont été menées et des explorateurs
qui ont travaillé à Karnak, y compris
L
EGRAIN
.
4)
Installation sur le parking des voitures et
des cars touristiques d’un nombre
suffisant de bazars pour compenser ceux
qui seront transférés.
5)
Aménagement d’une aire de parking
pour les voitures et les bus touristiques
suffisamment grande pour répondre aux
besoins du flux touristique dans la zone
archéologique.
6)
Construction du bâtiment administratif
du
Centre
franco-égyptien
sur
l’emplacement désigné au Sud-Est du
parvis du temple.
7)
Lancement des travaux de fouilles
archéologiques devant le temple, afin de
dégager les éléments architecturaux du
quai et du canal conduisant au Nil.
Destruction de tous les bâtiments
existants devant le temple.
8)
Construction
de
cinq
rest-houses
supplémentaires dans la zone prévue à cet
effet, située à
al-Min‡ær
et désignée par
«
les rest-houses de Karnak
». En
échange de la démolition de tous les
bâtiments et les rest-houses qui cachent
actuellement le panorama du temple de
Karnak.
9)
Limitation à un seul étage de toutes les
constructions qui seront érigées sur le site
du stade ou tout autre emplacement
extérieur au panorama du temple.
Tel est le projet, à l’attention de toutes les
personnes intéressées. (
Zæhî Îawwæs
, « Quelques
vérités... autour des mensonges au sujet de Qurna et de
Karnak »,
al-Ahræm
du 10 juin. Voir également
ÎaÏÏæÏ Salæma
, « 16 millions d’euros pour développer
le parvis de Karnak et éclairer la rive Ouest »,
al-MaÒrî
al-Yawm
du 19 janvier ;
YaÌya Tawfîq
, «
Îawwæs
:
dégagement du panorama pour développer l’esplanade
du temple de Karnak »,
al-Ahræm
du 5 juin ;
™æha
©Abd
al-RaÌmæn
, « Élimination des constructions
anarchiques qui entourent les temples de Karnak »,
al-
AÌrær
du 9 juin ;
Kæmiliyæ ©Atrîs
, « Crise entre
Louqsor et la France à cause de la maison de
L
EGRAIN
»,
∑abæÌ al-⁄ayr
du 20 juin).
Zâhî Hawwâs va multiplier les interviews et
ne se lassera pas de défendre son propre
point de vue, quitte à perdre son sang-
froid...
[...] En réalité, les étrangers ont toujours
monopolisé tout ce qui touche à l’archéologie
égyptienne. Les Égyptiens jouaient un rôle tout à fait
secondaire et ne participaient ni aux fouilles ni aux
restaurations, ni même à la publication scientifique.
Lorsque j’ai accédé à la tête du Conseil Suprême des
Antiquités (CSA) il y a quatre ans, j’ai élaboré un
système rigoureux pour régir le travail des missions
étrangères. Ceci a conduit à la suspension de quatorze
missions pour non-publication des travaux. J’ai soumis
chaque mission à plusieurs conditions : former
l’archéologue égyptien qui l’accompagne ; lui verser un
salaire ; n’engager le même inspecteur plus de deux
années consécutives ; ne pas lui attribuer de bourse de
doctorat, afin de prévenir toute connivence. Par
conséquent, l’archéologue égyptien est devenu, pour la
première fois, une personnalité forte, capable de parler
de son patrimoine devant le monde entier.
[...] Il est vrai que l’archéologue égyptien n’a
pas le même niveau scientifique de son homologue
français. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé
la formation d’une commission scientifique présidée
par le Dr
©Alî Ra∂wæn
, du côté égyptien, et le Dr
Fambel
[sic !] (Dominique V
ALBELLE
)
représentant le
côté français. Cette commission sera chargée de
sélectionner sur concours une équipe de travail
égyptienne. Si les archéologues égyptiens de Karnak
n’ont pas le même niveau de leurs collègues français —
et j’en conviens —, la faute revient au CSA qui n’a
formé personne depuis des décennies. Lors de ma
nomination à la tête du CSA, je n’ai pas trouvé
d’archéologue
égyptien
capable
de
fouiller
correctement, à l’exception de ma propre équipe de
fouilles.
Au
lieu
de
former
des
cadres,
malheureusement, nous ne faisons que causer. J’ai donc
mis en place un système strict pour remédier à cela et
pour traiter avec les missions archéologiques étrangères.
J’espère que ce système me survivra, car les lois que j’ai
décrétées n’ont eu jusqu’à présent que 30 % de leurs
fruits. C’est à mon successeur donc de poursuivre la
voie.
[...] La maison de L
EGRAIN
est érigée au-
dessus du quai du temple de Karnak. C’est une vieille
maison qui ne vivra pas plus de vingt ans. Elle est située
d’une façon totalement anarchique à l’entrée du
temple. Le parvis du temple regorge, hélas !, d’autres
constructions informelles comme des bazars et des
bâtiments dépendant de la mission française. Il s’agit
d’une situation hallucinante et je suis déterminé à y
donner un grand coup de balai. D’ailleurs, j’ai adressé
une lettre à l’Unesco dans laquelle j’ai exprimé ma
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
28
disposition à organiser une conférence de presse
internationale au cours de laquelle je déclarerais que
l’Unesco détruit les Antiquités et ne les sauvegarde pas.
Et que c’est bien le CSA qui préserve les Antiquités
égyptiennes. [...] Je ne reçois pas d’instructions de
personne. Je n’attends pas non plus que l’Unesco vienne
m’apprendre comment préserver les Antiquités.
(
FatÌiyya al-Da≈æ≈nî
, «
Zæhî Îawwæs
: nous
continuons à faire la manche pour nos ancêtres et je ne
reçois pas d’instructions de personne »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 13 juin).
Le président du haut comité pour le projet de
développement de Karnak, Dr
©Alî Ra∂wæn
, a affirmé
que la démolition de l’ancienne maison (1895) de
Georges L
EGRAIN
est inéluctable, à cause de sa
présence à l’intérieur d’une zone archéologique. Des
travaux de fouilles seront immédiatement lancés, dans
le cadre du projet de développement qui sera supervisé
exclusivement par le Conseil Suprême des Antiquités
(CSA), sans aucune participation française. Le CSA
construira un autre siège et un centre scientifique
retraçant l’histoire des fouilles françaises dans le temple,
qui avaient été initiées en 1858 par l’archéologue
M
ARIETTE
. En contrepartie, la mission française a
décidé de mettre la maison de L
EGRAIN
à la
disposition de la partie égyptienne, à la condition,
toutefois, de la conserver et de la ré-exploiter comme un
centre d’accueil des manifestations culturelles ou pour
exposer l’histoire du site archéologique. Surtout que les
Français considèrent la maison de L
EGRAIN
comme
un bâtiment exceptionnel qui incarne l’art nubien et
représente un patrimoine culturel et architectural tout à
fait digne d’être conservé.
Le secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî
Îawwæs
, a affirmé que les opérations de démolition
des constructions illicites érigées sur l’esplanade du
temple ne souffriront aucune exception. Il a fait valoir
le droit du CSA de prendre toutes les mesures qu’il juge
utiles pour préserver le monument. Il a confirmé que les
temples de Karnak sont accessibles à toutes les missions
archéologiques étrangères et ne sont pas la chasse gardée
d’une seule mission. D’ailleurs, quatre missions
canadienne et britannique et deux autres américaines y
travaillent déjà. Le président de l’administration
technique du CSA, ingénieur
©Abd al-Îamîd Qu†b
, a
précisé que le projet de développement — dont le coût
global s’élève à cinquante millions de livres
égyptiennes — englobe la construction d’un centre pour
les visiteurs qui abrite une maquette du temple.
(
Amænî ©Abd al-Îamîd
, «
Îawwæs
: démolition de la
maison de L
EGRAIN
... et 50 millions de L.E. pour le
développement ! »,
al-MuÒawwar
du 9 juin).
Dans cette crise, le Conseil municipal de
Louqsor va se ranger, naturellement, du côté du CSA
et plaider la démolition de la maison de L
EGRAIN
:
Après de longues discussions et beaucoup de
polémiques, le Conseil municipal de la ville de Louqsor
a décidé la démolition de la maison construite par
l’archéologue français Georges L
EGRAIN
en 1918.
Cette décision — qui s’accorde avec la vision de certains
responsables du CSA — a été prise à l’unanimité, car
cette maison entrave le développement de l’esplanade
du temple de Karnak dont le coût s’élève à cinquante
millions de livres égyptiennes. L’adjoint au Conseil,
YaÌya Tawfîq
a souligné que le CFEETK a déjà
approuvé par écrit la destruction de cette maison.
Quant au président du comité touristique du Conseil,
Ÿarwat ©AÏamî
, il a précisé que tous les habitants de
Louqsor soutiennent également cette décision. «
Nous
exigeons donc la démolition immédiate de cette maison
car les habitants de Louqsor ont déjà donné l’exemple en
rasant leurs propres habitations
». (
Usæma al-Hawwærî
,
« L
EGRAIN
s’apprête à quitter l’esplanade du temple
de Karnak »,
al-Ahræm
du 19 juin. Voir également
ÎaÏÏæÏ Salæma
, « Intensification de la crise autour de
la maison de L
EGRAIN
»,
al-Wafd
du 17 juin ;
™æha
©Abd
al-RaÌmæn
, « La maison de L
EGRAIN
soulève
une crise entre les archéologues au Caire et à Paris »,
al-
AÌrær
du 22 juin).
- -
F a t w a c o n t r e l a
s c u l p t u r e
A
fatwa
issued by Egypt’s top religious
authority that forbids the display of statues has art-lovers
fearing that it could be used by Islamic extremists as an
excuse to destroy Egypt’s historical heritage. Egypt’s
Grand
Muftî
©Alî Íum©a
, the country’s top Islamic
jurist, issued the religious edict that declared as un-
Islamic the exhibition of
statues in homes, basing
the decision on texts in
the
ÌadîÚ
(sayings of the
prophet). Intellectuals and
artists argue that the
decree represents a setback
for art — a mainstay of the
multibillion-dollar tourist
industry — and would deal
a blow to the country’s
fledgling
sculpture
business. The
fatwa
did
not specifically mention
statues in museums or public places, but it condemned
sculptors and their work. Still, many fear that the edict
could prod Islamic fundamentalists to attack Egypt’s
thousands of ancient and Pharaonic statues on show at
tourist sites across the country.
“
We don’t rule out that someone will enter the
Karnak temple in Luxor or any other Pharaonic temple
and blow it up on the basis of the fatwa
,”
Íamæl al-
flî†ænî
, editor of the literary
A≈bær al-Adab
magazine,
said.
Íum©a
had pointed to a passage from the
ÌadîÚ
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
29
that stated: “
Sculptors would be tormented most on
Judgment Day
,” saying that the text left no doubt that
sculpting was “
sinful
” and using statues for decorating
homes forbidden.
Íum©a
’s ruling overturned a
fatwa
issued more than 100 years ago by then moderate and
highly respected
muftî
MuÌammad ©Abdu
, permitting
the private display of statues after the practice had been
condemned as a pagan custom.
©Abdu
’s
fatwa
had
“
closed the issue, as it ruled that statues and pictures are
not
Ìaræm
[forbidden under Islam] except idols used for
worship
”,
al-flî†ænî
pointed out.
Novelist
©Izzat al-QamÌæwî
said that
Íum©a
’s ruling would “
return Muslims to the dark
ages
”. Movie director
Dæwºd ©Abd al-Sayyid
said that
the
fatwa
“
simply ignored the spiritual evolvement of
Muslims since the arrival of Islam... Clearly, it was
natural that they forbid statues under early Islam because
people worshiped them. But are there Muslims
worshiping statues nearly 15 centuries later?
” he asked.
The notion sounds “
ridiculous
”,
Yºsuf Zaydæn
,
director of the manuscript museum at the prestigious
Bibliotheca Alexandrina, said. “
Why would anyone
even bring up the issue [of the statues] in a country where
there are more than 10 state-owned institutions that teach
sculpting and more than 20 others that teach the history
of art?
”
al-flî†ænî
added: “
It’s time for those placing
impediments between Islam and innovation to get out of
our lives
.” The wave of criticisms against the
fatwa
has
put clerics on a collision course with intellectuals and
artists, who say that such edicts only reinforce claims —
particularly in the West — that Islam is against progress.
Some, including Sayyid, compared
Íum©a
’s edict to a
similar one issued by the former fundamentalist rulers
of Afghanistan, the Taliban, which led to the
destruction of statues of the Buddha despite an
international outcry. Mainstream Islamic scholars,
including Egypt’s then
muftî
,
NaÒr Farîd WæÒil
, and
the controversial Qatar-based Islamic scholar,
Yºsuf al-
Qara∂æwî
, all condemned the Taliban’s actions in
March 2001. But
al-Qara∂æwî
joined
Íum©a
in
declaring that statues used for decoration are “
Ìaræm
”
or un-Islamic. “
Islam proscribed statues, as long as they
symbolize living entities such as human beings and
animals
,”
al-Qara∂æwî
said on an Islamic Website.
“
Islam proscribed all that leads to paganism or smells of
it, statues of ancient Egyptians included
,” he added. The
only exception, he said, was “
children’s toys
”.
Íum©a
was appointed as grand
muftî
by
President
Îusnî Mubærak
. The
muftî
’s
fatwa-s
carry
much weight and generally represent the official line.
His legitimacy is often challenged by other Muslims
over his affiliation to the government and his edicts are
not always followed. The government can choose to
enforce or ignore the ruling and its reaction in the past
often depended on public opinion. The Islamist
Muslim Brotherhood, Egypt’s main political
opposition force, dismissed the
fatwa
. “
The people are
more concerned with corruption. What they would like
to see is a fatwa banning the presence of the same people
at the helm of the country for 25 years and not against
statues
,” the movement’s spokesman
©IÒæm al-©Aryæn
said.
Íum©a
has already put out a few contentious
decrees and appears set to break his predecessor
muftî
WæÒil
’s record on notorious
fatwa-s
.
WæÒil
stirred a
controversy in July 2001 for issuing a
fatwa
against a
popular television show, the Arab version of “
Who
wants to be a millionaire?
” that was airing on Egyptian
television, saying that it was forbidden by Islam. “
These
contests are a modern form of betting
,”
WæÒil
had said.
The show was eventually cancelled, although it was not
clear if the move was related to the
fatwa
. In another
fatwa
in May 2001,
WæÒil
ruled that beauty pageants in
which women appear half-naked in front of panels of
male judges are
Ìaræm
. The authorities played deaf and
Egypt continues to host them.
WæÒil
slapped a
fatwa
on watching solar eclipses and another on bullfights,
but refused to support rights activists in their campaign
to outlaw female genital mutilation. (Riad A
BU
A
WAD
, “
Fatwa
against statues triggers uproar in
Egypt”,
Middle East Times
du 10 avril 2006. Voir
également
™aha Farfialî
, « Démolissez donc le
Sphinx ! »,
al-MuÒawwar
du 31 mars ;
MuÌammad
©Abd al-⁄æliq
, « Un journal britannique : la
fatwa
de
Íum©a
est un prétexte pour les extrémistes pour
détruire le patrimoine pharaonique »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 6 avril ;
Îasan Yæqºt Îasan
, « Le
muftî
et
les statues »,
al-Ahælî
du 3 mai ;
Ibræhîm AÒlæn
, « Des
statues »,
Ruz al-Yºsuf
du 13 mai ;
©Izz al-Dîn NaÏîb
,
« Doit-on brûler des milliers de chef-d’œuvres conservés
dans le musée d’Art islamique ! »,
al-Qæhira
du 6 juin).
Les cheikhs d’al-Azhar et les milieux
cléricaux sont divisés entre partisans et opposants à
cette
fatwa
:
[...]
L’ex-
muftî
de la République, Dr
NaÒr
Farîd WæÒil
, soutient la
fatwa
de
©Alî Íum©a
. «
Il est
important
, précise-il,
de déterminer la nature des statues
et le but de leur utilisation. Car nous n’avons nullement
besoin de décorer nos maisons avec des sculptures, alors
qu’il existe tellement d’autres choses comme les fleurs et
les arbres
[sic] ». Même réaction recueillie auprès du
Conseiller du cheikh d’al-Azhar,
©Alî Abº al-Îasan
. En
revanche, le Dr
©Abd al-∑abºr Ωæhîn
, professeur à la
faculté de
Dær al-©Ulºm
, récuse la
fatwa
de
Íum©a
. Il
affirme que l’utilisation des sculptures dans la
décoration des habitations est une chose licite, car
l’époque des adorateurs d’idoles est bel et bien révolue.
Avis partagé par Dr
Æmna NaÒîr
, professeur du dogme
et de philosophie à l’Université d’al-Azhar. (
FatÌiyya
al-Da≈æ≈ænî
, « Les savants d’al-Azhar sont divisés »,
al-
MaÒrî al-Yawm
du 24 mars).
Jugée trop obscurantiste, cette
fatwa
va
déclencher un tollé de désapprobation dans la presse
libérale égyptienne.
L’écrivain
Farîda al-Ωºbæ‡î
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
30
appelle à ce que la promulgation des
fatwa-s
religieuses
respecte la raison et la logique. Elle se demande «
y a-t-il
eu soudainement un éveil islamique ? Cette fatwa
contribue à nous projeter en arrière, à l’époque arriérée
du nomadisme
». Le rédacteur en chef de
l’hebdomadaire
al-Qæhira
,
∑alæÌ ©ïsa
, observe
ironiquement : «
il y a des gens qui adorent les bœufs,
est-ce une raison pour interdire ce mammifère ?
». Il
affirme qu’une telle
fatwa
n’aura pas une grande valeur,
car aucune
fatwa
n’est obligatoire. L’islam nous
autorise à adopter tout avis qui nous paraît convaincant
et plus en phase avec notre siècle. Il s’insurge :
«
Pourquoi le
muftî
confère-t-il à son avis une sacralité
qui taxe ses opposants de persifleurs et de mauvais
musulmans ? Alors que la fatwa de
Íum©a
n’est au fond
qu’un avis parmi tant d’autres et ne nous oblige à
rien !
». Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire
A≈bær
al-Adab
,
Íamæl al-flî†ænî
, se dit «
surpris par cette
fatwa indigne d’un homme sensé comme
Íum©a
. Mais,
je ne sais pas ce qui lui prend ? [...] Pourquoi soulever
des affaires secondaires, de peu d’importance et qui
nuisent à l’islam ? Les problèmes qu’affrontent les
musulmans en ce moment se réduisent-ils à la statuaire ?
[...] Cette fatwa catastrophique est digne des Talibans.
Son auteur peut se proclamer
muftî
du terrorisme
».
Al-
flî†ænî
conclut : «
Je suis à la fois déçu et choqué par la
personnalité du
muftî
qui joue du piano chez lui. Nous a-
t-il donc trompés ?
». Enfin, l’écrivain
Yºsuf al-Qa©îd
déclare que «
©Alî Íum©a
édicte beaucoup trop de fatwa-
s. Je ne suis donc pas enclin à lui attacher de l’importance
afin qu’il ne force pas la dose
». (
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
,
«
Îusnî
appelle le
muftî
à se parer de l’intelligence de
notre époque »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 29 mars. Voir
également Mohamed S
ALMAWY
, « En attendant la
visite des anges
»,
Al-Ahram Hebdo
du 19 avril ;
ھlid
Fahmî,
« La
fatwa
de
©Alî Íum©a
et ceux qui l’ont
appuyée constituent un indice sur la crise de la société
égyptienne ! »,
al-Qæhira
du 30 mai).
Malgré l’indignation quasi générale, le
muftî
a tenté de nuancer un tout petit peu la
virulence de sa
fatwa
tout en s’y cramponnant. Il l’a
même comparée à la
«
consommation d’alcool dans les
avions d’EgyptAir et les hôtels touristiques. Il faut
convenir qu’il s’agit d’une chose
Ìaræm
(illicite), tout en
laissant la liberté à chacun de faire ce qu’il veut
».
(
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
, «
Íum©a
persiste dans sa
fatwa
»,
al-MaÒrî al-Yawm
du 29 mars).
Dans ce débat
passionnel et confus, l’hebdomadaire marxiste
al-
Ahâlî
va poser une question fondamentale :
À quoi
sert une
fatwa
religieuse dans un État régit par la loi ?
La législation ne suffit-elle pas à régenter le
comportement des citoyens ? Si nous vivons dans un
État régit par des instances législatives, à quoi bon une
fatwa
? Et si la
fatwa
est indispensable, à quoi servent
les lois ? Telle est la schizophrénie qui sape les
fondements de notre société ». (
Îilmî Sælim
, « La
statuaire entre la
fatwa
et la loi »,
al-Ahælî
du 10 mai).
Très attendue, la réaction du ministre de la
Culture fut, heureusement, sans équivoque :
Færºq
Îusnî
s’est dit «
choqué
» par cette
fatwa
qui nous
conduit à interdire toute représentation humaine, y
compris les photographies, alors qu’il s’agit d’œuvres
magnifiques qui reproduisent la beauté de l’univers.
Îusnî
a ajouté : «
Je ne suis pas d’accord avec cette
fatwa, même si j’approuve à 100 % l’interdiction des
sculptures destinées à l’adoration
». [...] Il a exprimé sa
crainte de voir les gens boycotter les sculptures, les
peintures et l’art en général s’ils prennent cette
fatwa
au
sérieux. (
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
, «
Færºq Îusnî
: Je
suis
choqué
par la
fatwa
de
Íum©a
concernant
l’acquisition des statues »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 24
mars).
Cinq jours plus tard, le ministre de la Culture
appelle à ce que les
fatwa-s
religieuses s’accommodent à
l’intelligence et à l’esprit de notre époque. Il rappelle le
ÌadîÚ
sur lequel le
muftî
s’est appuyé : «
Les anges
n’entrent pas dans une demeure où se trouvent des chiens
ou des statues
». Le ministre de la Culture de
s’exclamer : «
Les chiens sont les amis de l’homme. C’est
la chose la plus importante pour un berger. Et n’oublions
pas que le prophète
MuÌammad
était le chef des berges
».
Le ministre de la Culture conclut :
«
Le
muftî
est mon
ami. C’est aussi un homme ouvert que je respecte
».
(
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
, «
Îusnî
appelle le
muftî
à se
parer de l’intelligence de notre époque »,
al-MaÒrî al-
Yawm
du 29 mars).
- -
Destruction de quatre statues dans le musée Hasan
Hishmat
Nædya ©Abd al-Sattær ©A†iyya
, une mère de
famille de 34 ans, s’est infiltrée la semaine dernière dans
le musée du sculpteur
Îasan Îi‡mat
situé à
©Ayn
Ωams
. Avant d’être arrêtée par la police, elle a réussi à
détruire quatre statues tout en hurlant : «
Les idoles
sont
Ìaræm
(illicites), espèce de mécréants !
». Cette
phrase démontre qu’elle a pris connaissance, à travers les
journaux, de l’existence d’une malheureuse
fatwa
interdisant les statues. Pourtant, les premières
déclarations des responsables du ministère de l’Intérieur
— et non de la Santé ! — prétendent que l’accusée est
dérangée mentalement. Ce subterfuge vise à clouer le
bec à ceux qui dénoncent la
fatwa
de
Íum©a
,
responsable direct de cet incident. Il est scandaleux de
constater que cette
fatwa
courtise les
fatwa-s
saoudiennes, qui incitent à la destruction des
Antiquités considérées comme des idoles ! Vu
l’autorité suprême dont jouit le
muftî
, il est normal que
sa
fatwa
recueille une adhésion sans réflexion auprès du
petit peuple. (
Wafæ’ Îilmî
, « La malédiction d’inciter
les jeunes à détruire les Antiquités ! »,
al-©Arabî
du 23
avril. Voir également « Une psychopathe détruit des
statues dans le musée de
Ma†ariyya
»,
al-A≈bær
du 14
avril).
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
31
[...] Les témoignages recueillis auprès des
voisins de
Nædya ©Abd al-Sattær
affirment que
l’accusée est une femme ordinaire, qui vit toute seule et
ne se mêle pas aux autres. Les services de sécurité ont
révélé qu’elle n’a pas d’antécédents, qu’elle souffre de
troubles mentaux et qu’elle prend des psychotropes. Il a
été démontré qu’elle n’appartient à aucune
organisation clandestine ni à aucune idéologie
religieuse particulière. Le juge d’instruction a ordonné
son incarcération pour une période de 45 jours. Il est
probable qu’elle sera transférée à l’hôpital psychiatrique
de
©Abbæsiyya
afin de vérifier son état psychique.
(
MaÌmºd al-∆ab©
, « Suite à la
fatwa
du Dr
Íum©a
,
une mère de famille s’introduit dans le musée
Îasan
Îi‡mat
et démolit quelques statues »,
Sawt al-Umma
du 17 avril).
Il n’est pas inintéressant de noter que
l’hebdomadaire
Ruz al-Yûsuf
dresse un portrait bien
différent de cet agresseur soit-disant psychopathe. Il
s’agit d’une
«
femme intégralement voilée
»,
portant
un
«
tchador noir [...]
qu’elle a refusé de retirer même en
face des policiers. C’est grâce à sa voix que les enquêteurs
ont déduit qu’il s’agit d’une femme
[sic] ». C’est à 2H30
du matin du mercredi 12 avril qu’elle est entrée par
effraction dans le musée
Îasan Îi‡mat
. Elle était
armée d’un couteau et d’une grande paire de ciseaux
avec lesquels elle a menacé le gardien du musée, en lui
hurlant : «
si tu t’approches de moi, je te tuerai
».
Ensuite, elle s’est mise à courir à l’intérieur de la cour
du musée en renversant les petites statues. (
AÌmad
Pacha
, « Une voilée détruit les oeuvres de
Îasan
Îi‡mat
en criant :
Ìaræm
, espèce de mécréants
»,
Ruz
al-Yºsuf
du 29 avril. Voir également « Une femme
tente de détruire les collections du musée
Îasan
Îi‡mat
»,
A≈bær
al-Adab
du 23 avril).
Le secrétaire général du CSA fulmine :
Tout
le personnel du Conseil Suprême des Antiquités est en
ébullition suite à la destruction d’une série de statues
dans le musée de
Ma†ariyya
par une femme. Celle-ci a
agi sous l’influence d’une
fatwa
du Dr
©Alî Íum©a
déclarant les statues
Ìaræm
(illicites). Le secrétaire
général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
est extrêmement
fâchée par cette
fatwa
. Sa colère a décuplé après cet
incident survenu dans le musée de
Ma†ariyya
.
Vivement courroucé, il déclare : «
J’ai peine à imaginer
qu’au XXI
e
siècle le
muftî
déclare la statuaire illicite.
Après cette fatwa, que puis-je faire à présent ? Dois-je
interdire aux Égyptiens d’accéder aux musées et aux sites
archéologiques ? Ou peut-être devrais-je leur ligoter les
bras ! Cette fatwa catastrophique,
poursuit
Îawwæs
,
encourage les ignares à détruire les statues. Malgré tous
les moyens à ma disposition, je ne pourrais pas protéger
toutes les statues d’Égypte. N’importe qui pourrait entrer
dans un musée, stationner devant une statue et la
démolir. Devrais-je planter un flic devant chaque statue,
à cause du
muftî
. À mon avis, l’incident du musée de
Ma†ariyya
n’est pas imputable à cette pauvre femme. Je
jette tout l’anathème sur le
muftî
qui édicte une fausse
fatwa, qui ne s’appuie pas sur le Coran. Je proclame haut
et fort que la fatwa du Dr
©Alî Íum©a
incite les
extrémistes à détruire le temple de Karnak et le Sphinx,
symbole de l’Égypte
». De son côté, le président du
secteur des musées, Dr
MuÌammad ©Abd al-FattæÌ
, a
annoncé le renforcement du dispositif de sécurité à
l’intérieur
des
musées.
Quarante
policiers
supplémentaires ont été affectés au Musée Égyptien. La
sécurité a également été renforcée dans le temple de
Karnak et dans ceux de Haute-Égypte. (
©IÒæm ©A†iyya
,
« Dr
Zæhî Îawwæs
: le
muftî
est-il plus savant que
©Amr Ibn al-©ÆÒ
! »,
Æ≈ir Sæ©a
du 19 avril).
- -
Tourisme & Antiquités
Luxor City in southern Egypt will get a new
cultural heritage centre due to open in April,
FatÌî
∑æliÌ
, the Director of Centre for Documentation of
Cultural and Natural Heritage (CULTNAT), told
The
Gazette
. The new centre which will be named
Mubærak
Cultural Centre
, is part of a huge complex that will also
house the
Mubærak
Public Library with an average
total cost of LE15 million, added
∑æliÌ
. The
CULTNAT-affiliated centre is designed to contribute
to showcasing Egypt’s cultural heritage, using the latest
technologies, to the massive number of tourists who are
visiting the City, elaborated
∑æliÌ
. He added that the
centre would have a micro gallery, a showroom with
several booths displaying information on various
cultural heritage, and also a
culturama
, a variety of
interesting cultural topics will be projected on
panoramic 180- degree screens. (Hala F
AWZY
,
“Cultural heritage centre to open in Luxor in April”,
The Egyptian Gazette
du 22 janvier 2006).
- -
Le secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî
Îawwæs
, a déclaré que les statistiques officielles
concernant les flux touristiques ont enregistré une
hausse sensible du nombre de touristes américains se
rendant en Égypte depuis le début de cette année. Ceci
étant dû à la tenue de trois expositions archéologiques
égyptiennes importantes aux États-Unis :
Treasures of
Ancient Egypt: The Quest for Immortality
;
Hatshepsut:
From Queen to Pharaoh
et
Tutankhamun and the
Golden Age of the Pharaohs
. (
A‡raf Mufîd
, « Le
président
Mubærak
invité à l’inauguration de
l’exposition sur Toutankhamon »,
al-Ahræm
du 22
mars 2006).
- -
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
32
Le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) a
décidé d’interdire aux visiteurs égyptiens et étrangers
d’introduire dans les musées et les tombes
archéologiques des appareils photos, des caméscopes,
des appareils numériques ou tout autre effet personnel.
Cette décision est justifiée par les dégâts importants
occasionnés par les flashs et le frottement des sacs à dos
contre les parois des temples. (
Sa©îd Íamæl al-Dîn
,
« Interdiction
d’introduire
des
appareils
photographiques ou des effets personnels dans les sites
archéologiques »,
al-AÌrær
du 21 avril 2006). Le
secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, a invité
les agences de voyage à prévenir leurs clients à l’étranger
de cette décision. (
Sa©îd Íamæl al-Dîn
, « Interdiction
des appareils photographiques et des effets personnels
dans les musées et les temples »,
al-AÌrær
du 11 mai).
- -
Cinq ans après la destruction de la stèle de
Chéops découverte dans la région du
Íulf al-Kabîr
, le
secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, a
confirmé que les safaris pratiqués dans les déserts
égyptiens ont occasionné le pillage et la destruction des
vestiges archéologiques. [...]
Îawwæs
a rencontré les
dirigeants des quatre agences de voyage spécialisées
dans l’organisation des safaris, en présence du chef de la
Police du Tourisme, dans l’espoir d’inciter ces agences
et leurs guides à préserver les Antiquités et à empêcher
les touristes de les voler ou le détruire. (
Amænî ©Abd al-
Îamîd
, « Les safaris ont détruit la stèle de Chéops »,
al-MuÒawwar
du 26 mai 2006).
- -
L’Organisme des affaires environnementales
en Haute-Égypte a rédigé un rapport précisant que
«
conformément aux statistiques du ministère du
Tourisme, 280 hôtels flottants sont actuellement en
service entre Louqsor et
Aswæn
. Leur capacité d’accueil
est estimée à 16 mille chambres, pouvant accueillir 29
mille clients. Ils emploient 14 mille salariés. Sur leur
trajet long de 220 kilomètres, ces bateaux déversent
directement dans les eaux du fleuve 21 tonnes de déchets
par jour !
». Ce rapport alarmant ajoute que «
sur le
parcourt de ces hôtels flottants, la quantité des eaux
d’égout lâchées dans le Nil, sans aucun traitement
préalable, diffère d’une ville à l’autre. À Louqsor, 700
tonnes d’eaux usées sont lâchées quotidiennement dans la
nature, 350 tonnes à
Isnæ
, 700 tonnes à
Idfº
, 700 tonnes
à
Kom Umbº
et 700 tonnes à
Aswæn
!
». Bien
entendu, ce rapport de l’Organisme des affaires
environnementales appelle à mettre un terme à cette
pollution dangereuse du fleuve. Par ailleurs, le directeur
de la Protection du Nil à
Isnæ
, ingénieur
Ma’mºn
MuÌammad ©Alî Abº Zayd
, révèle que ces bateaux de
croisières possèdent effectivement des équipements de
traitement qui, malheureusement, sont trop vétustes,
inefficaces ou en panne. [...] Tout au long de leur trajet
entre Louqsor et
Aswæn
, ces bateaux ne sont soumis à
aucun contrôle de la part des ministères du Tourisme,
de l’Environnement ni de la Santé. Les exploitants de
ces hôtels ne s’en remettent qu’à leurs consciences qui,
le plus souvent, sont trop élastiques ! (
AÌmad ©A†iyya
∑æliÌ
,« Les chagrins... du fleuve éternel ! »,
A≈bær al-
Yawm
du 29 mai 2006).
- -
E x p l o i t a t i o n d e s s i t e s
a r c h é o l o g i q u e s à d e s
f i n s t o u r i s t i q u e s
Pour la première fois, les touristes étrangers
ont assisté avant-hier à une soirée musicale égyptienne
célébrée dans le temple de Louqsor. Quatre-vingt-
quinze musiciens de l’orchestre du Cairo Opera House,
dirigés par le maestro
Nædir ©Abbæsî
, ont interprété
quelques œuvres du grand musicien
©Umar ≈ayrat
. Le
président du Conseil suprême de Louqsor, Dr
Samîr
FaraÏ
, a assisté à ce concert qui a duré deux heures. Il
s’est targué de la diffusion de cette soirée sur des
chaînes satellitaires arabes et internationales. Dr
FaraÏ
estime qu’il s’agit d’une publicité directe pour la ville
de Louqsor qui fait l’objet actuellement de grands
projets de développement pour en faire un musée à ciel
ouvert. De son côté, l’artiste
©Umar ≈ayrat
souligne
que la tenue de ce concert dans le temple de Louqsor
confère une dimension nouvelle à la musique
égyptienne. Il a appelé à multiplier ce genre de
représentations dans ce décor historique. (
Muna
RaÏab
, « Le temple de Louqsor est le théâtre d’une
soirée musicale écrite par
©Umar ≈ayrat
»,
al-Ahræm
du
11 mars 2006).
La ville de Louqsor a été saisie d’affolement et
de panique dans la soirée du samedi 4 mars, suite à des
détonations qui ont retenti durant plus de trente
minutes. Au début, les habitants ont cru à l’explosion
de voitures piégées ou de bombonnes de gaz. En
réalité, il s’agissait de feux d’artifice lancés de
l’intérieur du temple de Louqsor dans lequel une
agence de tourisme a organisé un dîner. Cet incident
s’est déroulé en présence de plusieurs voitures de police
stationnées devant le temple. Le lendemain, le Conseil
municipal de Louqsor a tenu une séance houleuse
qualifiant l’incident de «
scandale
» qui sied mal à une
zone archéologique. Un procès-verbal a été dressé au
commissariat de Louqsor, afin de déterminer le
responsable qui a autorisé ce divertissement. Le
Parquet de Louqsor poursuit ses investigations afin de
faire la lumière sur cette affaire. (
™æriq al-™æhir
,
« Dîner musical et feux d’artifice à l’intérieur du
temple de Louqsor »,
A≈bær
al-Adab
du 12 mars. Voir
également
Yæsir al-BuÌayrî
, « L’Histoire de
l’Égypte... à louer ! »,
Uktubar
du 7 mai).
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
33
Trois députés interpellent aujourd’hui le
ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
, devant le
Parlement au sujet d’une réception qu’ils ont qualifiée
de «
tumultueuse
» tenue samedi dernier dans le temple
de Louqsor. Ces trois députés,
∑alæÌ al-∑æyig
,
©Alî al-
Bæsil
et
Îamæda al-©Amærî
, ont affirmé leur refus de
l’utilisation des temples archéologiques comme lieu de
divertissement et de consommation de nourriture et de
boissons. De même, les membres du Conseil municipal
de Louqsor ont dénoncé le scandale de samedi dernier
mettant en garde contre la transformation des sites
archéologiques égyptiens en «
discothèques
». Le
président du Conseil,
MuÌammad Gamîl
, a appelé à
réglementer ce genre de réception et à ne pas les
renouveler. Au Caire, le ministre de la Culture a exigé
un rapport détaillé sur l’incident survenu dans le temple
de Louqsor.
De son côté, le secrétaire général du Conseil
Suprême des Antiquités (CSA), Dr
Zæhî Îawwæs
, a
soutenu que le CSA n’a organisé aucune réception à
l’intérieur de la salle d’Amenhotep III dans le temple de
Louqsor. Il a souligné que seul le Comité permanent
des Antiquités est habilité à autoriser ce genre de
divertissement uniquement lors des fêtes nationales. Dr
Îawwæs
a expliqué que la réception de samedi dernier
s’est déroulée à l’emplacement réservé au dîner à
l’extérieur du temple. Il a donné des instructions
strictes pour dresser un procès-verbal contre l’agence de
tourisme qui a lancé des feux d’artifice sans
l’autorisation du CSA. En guise de sanction, cette
agence n’aura plus le privilège d’organiser des dîners à
l’intérieur des sites historiques. «
Bien que l’agence ait
tiré les feux d’artifice à l’extérieur du temple
, ajoute
Îawwæs
,
nous craignons toutefois des conséquences de
cet acte sur le monument
». Le secrétaire général du
CSA a conclu en affirmant qu’aucun divertissement
bruyant ni dansant n’a eu lieu dans le temple de
Louqsor. (
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
, « Interpellation du
ministre de la Culture suite à un divertissement
tumultueux et des feux d’artifices tirés à l’intérieur du
temple de Louqsor »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 8 mars.
Voir également «
Zæhî Îawwas
: les feux d’artifice
ont été tirés à l’extérieur du temple de Louqsor et non à
l’intérieur comme prétendent certains journaux »,
al-
Qæhira
du 14 mars).
[…] Il est très surprenant de voir le secrétaire
général du CSA «
lancer un appel
» — notez bien ce
terme — pour l’interdiction de la tenue de tous
divertissements ou célébrations à l’intérieur des sites
archéologiques ! L’on se demande vraiment à qui le Dr
Îawwæs
a lancé cet appel, puisque c’est lui-même le
responsable ! Ça reste quand même sympa qu’il ait
«
lancé cet appel
» ! (
Asraf al-Bahî
, « Un café
populaire et des divertissements bruyants organisés à
l’intérieur des temples égyptiens ! »,
al-Maydæn
du 11
mai).
- -
Patrimoine endommagé
Archéologues, représentants du Bureau du
tourisme et des Antiquités, avocats et consultants
juridiques, tous se sont réunis la semaine dernière au
CSA dans le cadre d’un colloque concernant les
violations des sites archéologiques.
La sensibilisation
aux dangers des violations
a été le thème principal du
colloque qui a levé le slogan «
Notre héritage est né pour
survivre
». Lors de cette réunion, un débat acharné a
éclaté entre les différents responsables. «
L’ignorance de
la population en ce qui concerne les dangers que causent
les agressions contre les sites est un problème majeur qui
nous affronte
», a souligné l’archéologue
Sawsan
Ibræhîm
, organisatrice du colloque. Pour elle, il est
essentiel de faire comprendre au simple citoyen
l’importance de protéger les Antiquités. «
C’est le seul
moyen de lutter contre ces violations
», reprend-elle.
Certains, cependant, rejettent la responsabilité sur les
inspecteurs des sites, alors que d’autres trouvent que la
cause essentielle de ces agressions est due au manque de
coopération entre les différentes instances.
«
La plupart des inspecteurs ne se rendent sur
le site qu’au début de chaque mois pour obtenir leurs
salaires
», souligne
Ayman ©Abd al-Mun©im
, directeur
du projet de développement et de rénovation du Caire
historique. Pour lui, l’absence de ces fonctionnaires
expose le site archéologique à plusieurs violations, que
ce soit des ordures jetées ou des occupations par des
artisans ou même des constructions sauvages. «
Ceux
qui commettent ces infractions abusent de l’absence des
inspecteurs
», affirme-t-il. Pour lui, la présence des
inspecteurs est essentielle, puisqu’ils seront en contact
direct avec le bureau du CSA, d’une part, et les
citoyens, d’autre part. Selon
©Abd al-Mun©im
, c’est
grâce à cette discipline que le projet du Caire historique
a pu sauver plus de 1 000 monuments islamiques des
dangers. Avis partagé par
©Abdallah Kæmil
, directeur
général des Antiquités islamiques, pour qui la
négligence de l’inspecteur et sa paresse sont les premiers
responsables de ces violations. «
La somme d’argent que
touche l’inspecteur par mois est considérable. Cependant,
il ne se donne pas la peine de connaître le nombre des
monuments dépendant de son bureau, ni leur
emplacement ni leur état non plus
, affirme-t-il. Et
d’ajouter :
quelques-uns parmi ces inspecteurs ferment les
yeux devant les violations, que ce soit des ordures jetées
dans l’enceinte d’une madrasa ou devant un
sabîl
historique
».
Si quelques responsables accusent directement
les inspecteurs, d’autres estiment que le problème est
plus sérieux et que les responsabilités sont partagées.
Sabrî ©Abd al-©Azîz
, directeur du secteur des Antiquités
égyptiennes au CSA, défend les inspecteurs. Pour lui,
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
34
ces fonctionnaires travaillent dans des conditions
déplorables. «
C’est à l’inspecteur de louer les
équipements essentiels pour mettre fin aux infractions
déjà présentes avant qu’il n’assume la responsabilité du
site. Les procédures durent longtemps afin de prendre
l’autorisation
d’éliminer
occupations
et
autres
violations
», explique-t-il.
Sabrî ©Abd al-©Azîz
est allé
encore plus loin, faisant assumer la responsabilité à des
lacunes dans la loi. «
La loi ne protège ni les Antiquités
ni l’inspecteur
», en plus, personne n’aide les
inspecteurs, que ce soit la Police du Tourisme et des
Antiquités, ou les gouvernorats ou les municipalités.
Ces derniers ne respectent pas la loi des Antiquités.
De tout ce qui précède,
Ibræhîm al-Nawawî
,
consultant du secrétaire général du CSA, a imputé la
cause essentielle des agressions au manque de
sensibilisation archéologique et au manque de
coopération entre toutes les directions concernées. Ce
colloque ne sera pas en fait le dernier, mais il sera
organisé annuellement pour faire le suivi des décisions
prises contre ces dangers menaçant les Antiquités. Une
chose incontournable, d’autant plus que le diagnostic a
différé selon les cas et il faudra donc des examens plus
approfondis, mais aussi et surtout des mesures
concrètes à prendre. (Doaa E
LHAMI
, « Un coupable
non encore identifié »,
Al-Ahram Hebdo
du 1
er
mars
2006. Voir également “Ancient sites need protection”,
The Egyptian Gazette
du 17 février).
Archaeologists and officials meeting in Cairo
on Wednesday deployed the deterioration of the
country’s ancient sites, which they attributed both to
government agencies and to private individuals. The
assault, they said, runs from illegal construction
activities to farming.
Zæhî Îawwæs
, director general
of the Supreme Council for Antiquities, said that there
were 6,000 such cases in 2003 but gave no more recent
figures. The governor of Cairo,
©Abd al-©AÂîm Wazîr
,
said “
certain government agencies degrade archaeological
sites... as happened with the higher education ministry
and [Cairo’s]
™æÂ
Palace, which it has turned into a
depot for books and old desks
”. For his part,
Îawwæs
said that as many of 90 percent of the caretakers of sites
allow improper activities in exchange for bribes. In
another example, he said “
residents of the village of
Qurna have built mosques atop an archaeological site to
stop us from tearing down the village and relocating
them
”.
Îawwæs
said that part of the problem is that the
current law does not allow the antiquities council to
intervene in matters involving buildings under the
aegis of the ministry for religious endowments, or
waqf
. However, he said that a bill drafted by the
ministry of culture would amend the current law,
adding stiffer penalties of up to life in prison for
offences and allowing sites less than 100 years old to be
protected. The conference of local experts is due to end
on Thursday. (“Deterioration of Egypt archaeological
sites deplored”,
Middle East Times
du 18 février. Voir
également « Les institutions gouvernementalles sont les
premières responsables dans la dégradation du
patrimoine »,
al-©Arabî
du 19 février ; Doaa E
LHAMI
,
« Trois questions à
Yæsir al-©Azab
, responsable du
service Combattre les violations des sites au Conseil
Suprême des Antiquités »,
Al-Ahram Hebdo
du 1
er
mars).
- -
P a t r i m o i n e a r c h i t e c t u r a l
d u X I X
e
e t X X
e
s i è c l e s
Dans un verdict controversé, la Haute Cour
administrative a décidé la semaine dernière
l’annulation de la loi 30 de l’année 1985 qui interdisait
la démolition des villas représentant un style
architectural distingué et classé parmi le patrimoine
immobilier du pays. La Haute Cour administrative a
jugé que cette loi était anticonstitutionnelle car
«
promulguée en vertu de l’état d’urgence
». Or, la loi
d’urgence, qui concerne tout ce qui touche la sécurité
nationale, «
ne saurait être appliquée dans le secteur de
l’habitat
», explique
⁄ælid al-Ωæyib
, juriste. Dans les
années 1990, certains propriétaires de villas, alléchés par
le gain de voir s’ériger des tours luxueuses à la place de
leurs propriétés peu ou pas du tout rentables, ont
commencé à abattre ce patrimoine. Des dizaines de
villas ont ainsi été démolies au Caire et à
Íîza
, dont
beaucoup qui avaient une valeur historique
importante. Jugeant que la loi en vigueur n’était pas
respectée, l’ancien Premier ministre
Kamæl al-Íanzºrî
promulgue en 1996 un ordre militaire interdisant la
démolition des villas anciennes. Mais en 2003,
©Æ†if
©Ubayd
, successeur de
Íanzºrî
, annule 13 ordres
militaires, dont celui interdisant la démolition des
villas. On se retrouve donc à la case départ, où seule une
loi facilement contournable se dresse face aux
bulldozers. Aujourd’hui, après la décision de la Cour
administrative, même cette loi inappliquée n’existe
plus.
Le verdict de la Cour administrative a été
sévèrement critiqué par certains urbanistes qui y voient
une atteinte au patrimoine immobilier égyptien.
Suhayr Îawwæs
, urbaniste, pense que l’annulation de
la loi 30/85 aura des conséquences fâcheuses. «
Après
l’annulation de l’ordre militaire et de la loi sur la
démolition des villas, il n’existe aucune législation qui
réglemente ce dossier. Dans pareille situation, les villas
qui occupent une place importante de notre patrimoine
sont donc en voie de disparition
», lâche-t-elle.
Kamæl
Riyæ∂
, urbaniste, prévoit pour sa part qu’après
l’annulation de cette loi, «
nos belles villas vont céder
leur place à des gratte-ciel
». Ce qui aura, selon lui, des
conséquences négatives comme l’embouteillage et la
pollution.
Riyæ∂
ajoute que les statistiques du
ministère de l’Habitat sont déjà alarmantes. Si la
densité démographique ne devrait pas dépasser 120
habitants par feddan (ou 35 habitants au m
2
), dans les
quartiers huppés concernés par cette loi tels que
T H È M E S G É N É R A U X
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— janvier/juin 2006
35
Zamælik
, Garden City, Héliopolis ou
Muhandisîn
, elle
est de 2 200 habitants par feddan. «
La construction de
bâtiments de 10 ou 15 étages à la place de ces villas risque
d’accroître la surpopulation de ces quartiers de 80 %. Sans
parler de la pollution et des embouteillages qui en
résulteront
», explique-t-il.
D’autres urbanistes se montrent plus
compréhensifs. Ils considèrent que, de toute façon, la
loi annulée était bourrée de lacunes et totalement
inefficace. «
Cette loi n’avait pas réussi à régler cette
question. La démolition d’innombrables villas sous cette
loi en est la preuve. Les propriétaires de villas recouraient
à des moyens détournés pour obtenir les autorisations de
démolition. C’est cette situation qui a poussé le chef du
gouvernement à recourir aux ordres militaires
»,
explique
©Abd al-Îalîm Nºr al-Dîn
, ancien
responsable au Conseil Suprême des Antiquités (CSA).
Côté propriétaires, le verdict de la cour a été
naturellement accueilli avec beaucoup de satisfaction.
«
Ma villa est une propriété privée. La loi doit
reconnaître mon droit de la garder, de la démolir ou de
la vendre
», affirme le propriétaire d’une villa dans le
quartier de
©Abbæsiyya
. Ces dernières années, l’État a
acheté certaines villas ayant une valeur historique
importante. Le palais du baron E
MPAIN
à Héliopolis,
celui
d’al-Ωinnæwî
à
ManÒºra
sont les plus célèbres villas
devenues propriété de l’État. Naturellement, cela ne
pouvait apporter la solution au problème, surtout avec
un budget étatique très limité. Face à cette anarchie, les
urbanistes estiment que la seule solution efficace serait
la promulgation d’une loi unifiée sur la construction
qui devrait renfermer des clauses sur la protection du
patrimoine.
En effet, après de longues années d’études et
de discussions, les ministères de l’Habitat, du
Développement municipal et de la Culture ont mis au
point un projet de loi sur la «
construction unifiée
».
D’après ce projet de loi, des experts envoyés par les
ministères concernés doivent se rendre sur les lieux et
rédiger un rapport sur la valeur de la villa en question
avant d’autoriser sa démolition. Pour éviter la
transformation de cette activité en business lucratif, les
permis
de
construction
ne
seraient
pas
automatiquement accordés aux propriétaires des villas
démolies, mais devraient être envisagés au cas par cas.
Ce projet de loi actuellement étudié par le ministère de
la Justice devra être soumis à la mi-février au Conseil des
ministres en vue d’être proposé au Parlement au mois
d’avril prochain. Reste à savoir combien de villas de
l’ancien temps disparaîtront d’ici-là. (Marianne
Y
OUSSEF
, « Abrogation d’une loi fantôme »,
Al-
Ahram Hebdo
du 8 février 2006).
- -
L e C a i r e
Wikâlat Ûdî Bâshî
L’incendie qui s’est déclaré dans
wikælat ªdî
Bæ‡î
a attisé le conflit entre le Conseil Suprême des
Antiquités (CSA) et le ministère des Waqf-s autour de
près de 137 monuments historiques en proie à de
nombreuses infractions. D’un côté, le CSA n’a pas le
droit d’y intervenir pour les restaurer. De l’autre côté,
les municipalités se contentent de formuler des
promesses de relogement, qui sont loin de satisfaire les
occupants de ces monuments. Cette situation est à
l’origine de nombreuses catastrophes. La dernière en
date est l’incendie de
wikælat ªdî Bæ‡î
. Construite à
l’époque ottomane par l’émir
·º al-Faqqær Kat≈udæ
MustaÌfaÂæn
(m. 1102 H), ce monument est l’un des
plus grands et importants
wikælat
commerciales en
Égypte. Elle englobe une cour centrale imposante, une
petite mosquée, des pièces pour l’entreposage des
marchandises et d’autres pour le logement des
voyageurs. Érigée en trois étages, cette
wikæla
renferme
50 unités de trois niveaux chacune. Elles étaient jadis
utilisées pour héberger les commerçants et les étudiants
en sciences orientales et islamiques.
Depuis plusieurs années, 48 ateliers de
confection du cuir, du fer, du cuivre et de l’aluminium
se sont installés à l’intérieur de cette
wikæla
. D’où la
présence de grandes quantités d’acide, de produits
chimiques
et
d’autres
matières
hautement
inflammables qui ont sérieusement affecté les
fondations du monument et menacent même de le
détruire. Comme prévu, un incendie s’est
malheureusement déclaré dans la cour intérieure de la
wikæla
. Le sinistre a ravagé la plupart des ateliers et a
failli provoquer une énorme catastrophe dans tout le
secteur historique de
Íamæliyya
. En effet, la
wikæla
a
été raccordée aux réseaux d’électricité, d’eau et de
téléphone à l’insu du CSA. Le décret d’expulsion pris
en 2000 n’a jamais été appliqué à cause du manque de
coopération du ministère des Waqf-s et son
atermoiement à résilier les contrats de location du
monument. À cause aussi de l’incapacité du CSA et du
gouvernorat à reloger les occupants. Résultat : le projet
de restauration de
wikælat ªdî Bæ‡î
est resté lettre
morte jusqu’au déclenchement de cet incendie.
Les patrons des 48 ateliers rejettent l’idée de
quitter la
wikæla
louée par leurs grands-parents depuis le
début du siècle dernier. «
Comment partir et
abandonner notre gagne-pain ?
» s’exclame
Îasan
Îusayn
, patron du plus vieil atelier de fonderie. Un
autre locataire,
MuÌammad ∑alæÌ al-©Arabî
, récuse la
proposition faite par le gouvernorat du Caire de leurs
verser 35 mille livres égyptiennes de dédommagements
et de les transférer vers
Tell Far©ºn
à al-Duwayqa, une
région isolée, sans moyens de transport ni services.
(
Amænî ©Abd al-Îamîd
, « L’incendie de
ªdî Bæ‡î
attise le conflit entre le CSA, les Waqf-s et les
municipalités »,
al-MuÒawwar
du 10 mars 2006. Voir
également Hassan S
AADALLAH
, “Fire hits Old Cairo
T H È M E S G É N É R A U X
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— janvier/juin 2006
36
site”,
The Egyptian Gazette
du 3 mars ;
MuÒ†afa Nabîl
,
« Au feu... Au feu ! »,
al-MuÒawwar
du 10 mars).
Le directeur du projet du Caire historique,
Ayman ©Abd al-Mun©im
, a déclaré que l’incendie de
wikælat ªdî Bæ‡î
ne serait malheureusement pas le
dernier. «
Personne en Égypte ne connaît mieux que moi
l’état des monuments islamiques. J’avais déjà mis en
garde contre un tel sinistre. Hélas, je n’ai pas été écouté !
Cet incendie est une conséquence tout à fait naturelle de
la transformation de cette
wikæla
en étable et en ateliers
de confection de pickles et de chaussures
».
©Abd al-
Mun©im
en appelle à des solutions radicales et
courageuses. Il se demande : «
Qu’est ce qui nous
empêche d’expulser les occupants qui nuisent par leurs
activités au monument et le transformer en hôtel ? Si
c’est l’alcool qui pose problème, nous pourrions en
interdire la consommation dans cet hôtel
».
©Abd al-
Mun©im
poursuit : «
Plus de huit années après le
lancement du projet du Caire historique, nous nous
attendons au pire. Notamment en l’absence d’une loi
dissuasive et à cause de la difficulté de traiter avec les
habitants qui nous interdisent l’accès aux lieux
archéologiques pour les restaurer
». Il assure que «
une
grande part de responsabilité incombe au ministère des
Waqf-s qui ne débourse pas un fifrelin dans les opérations
de restauration et de maintenance des monuments
historiques dont il a la charge. Le ministère des Waqf-s
doit prendre conscience de la valeur des monuments et
aider le CSA à en prendre soin. Car le CSA ne saurait à
lui seul porter le chapeau
». (
FatÌiyya al-Da≈æ≈ænî
,
«
Ayman ©Abd al-Mun©im
propose de transformer
ªdî
Bæ‡î
en un hôtel sans alcool »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 21
mars).
[...] Une source responsable du CSA a affirmé
l’existence d’autres
wikælæ-s
archéologiques menacées
dans d’autres régions. C’est le cas, par exemple, de
wikæla Ibræhîm SarÌæn
, située à l’Ouest du Caire, qui
se trouve environnée par des vendeurs de ferrailles et sert
de dépotoir d’ordures pour les riverains. C’est
également le cas de
wikæla al-Sulaymæniyya
, située au
même endroit, qui sert d’entrepôt pour des barres de
fer. Sans parler de
wikæla MuÌsin Pacha al-Wazîr
qui
ploie sous de lourdes charges de ferrailles et des vapeurs
nocives. [...] Toutefois, Dr
AÌmad al-Zayyæt
,
professeur d’archéologie islamique, estime que
réutiliser les
wikælæ-s
et les monuments islamiques
restaurés comme bureaux pour les inspecteurs du CSA
— comme c’est le cas de
wikælat
Bæzar©a
et de la maison
de
MuÒ†afa Ía©far —
ne peut pas être considéré comme
une façon judicieuse d’exploiter un monument. Car
ceci expose les monuments aux dangers des incendies
dus aux appareils électriques qui y sont utilisés. Le CSA
doit donc respecter l’usage pour lequel chaque
monument a été construit. Avant de s’attaquer au
problème d’occupation anarchique des monuments, le
CSA ferait mieux de commencer par lui-même.
(
MuÌammad Ωa©bæn
, « Des bombes à retardement
menacent les
wikæla-s
archéologiques »,
al-Qæhira
du 4
avril).
- -
Palais du prince Yûsuf Kamâl
Le prince
Yºsuf Kamæl
, un nom important
dans l’histoire de l’Égypte monarchique. Il n’est autre
que le petit-fils
d’Ibræhîm
pacha, fils de
MuÌammad
©Alî
, fondateur de l’Égypte moderne. C’est à
Ma†ariyya
, à l’est du Caire, que se trouve son palais. Sa
construction a duré de 1908 à 1921. Un chef-d’œuvre,
qui s’étend sur une surface de 14 feddans y compris le
jardin. Or, cette belle demeure historique est en
danger. Elle est actuellement occupée par le Centre de
Recherche sur le Désert (CRD), d’où sa détérioration
qui s’explique par les
activités quotidiennes de
ce centre, le va-et-vient et la
présence des bureaux du
personnel à l’intérieur des
chambres, des salles et des
pièces. C’est suite à la
saisie en 1952, par le
gouvernement de la Révolution, du palais qu’il fut
utilisé pour abriter un institut puis un Centre de
recherche sur le désert. À mesure que s’étendaient les
activités du centre, les empiétements se multipliaient.
«
Il était nécessaire de construire des bâtiments annexes
dans le jardin qui n’ont évidemment pas respecté les
normes essentielles du style architectural du palais. Un
nouveau bâtiment prévu sera cependant conforme à
l’esprit authentique des lieux
», indique
Ismæ©îl ©Abd al-
Íalîl
, directeur général du CRD.
C’est d’ailleurs le CRD qui, en 2003, a décidé
de sauvegarder le palais et lui rendre son aspect d’antan
et même le conserver en tant que monument
historique. De grands travaux de restauration ont eu
lieu sous la direction de
©Abd al-Íalîl
. Il a fallu se
débarrasser de toutes les ordures et des meubles hors
usage qui remplissaient les terrasses. Une action de
rénovation a été entamée à l’intérieur du palais de
même que les bâtiments annexes et le jardin. «
L’un des
grands travaux réalisés est le renouvellement du réseau
des égouts du palais et des bâtiments avoisinants.
L’emplacement du palais se trouvant à un niveau plus
bas que toute la région adjacente, les eaux usées
trouvaient leur chemin vers ce lieu considéré comme un
drain naturel. Ce phénomène très grave menaçait les
fondations du palais et l’exposait à l’effondrement à
n’importe quel moment
», a signalé
AÌmad al-MaÒrî
,
chercheur assistant au CRD. D’autre part, plusieurs
responsables ont signalé que dans l’entourage immédiat
du palais, des activités nuisibles ou peu propices à un tel
bâtiment ont lieu, marchands à la sauvette vendant des
poulets et des poissons.
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BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
37
Mais si le CRD manifeste autant de bonne
volonté et de compréhension, peut-il assumer seul la
conservation d’un monument historique ? Le Conseil
Suprême des Antiquités (CSA) ne doit-il pas être
impliqué ? Le CRD n’y voit aucun inconvénient. «
Il
n’a aucune objection pour céder ce palais au CSA à
condition de trouver un autre siège pour le Centre. Nous
avions autrefois un siège qu’occupent actuellement les
bureaux des renseignements militaires, et nous avons été
déplacés à la demande de la présidence
», a affirmé
©Abd
al-Íalîl
.
«
En fait, il est important de préserver cet
édifice construit par l’architecte italien Antonio
L
ASCIAC
(1856-1941). Une célébrité de la fin du XIX
e
siècle et du début du XX
e
», a affirmé
AÌmad al-MaÒrî
.
Et d’ajouter : «
Le palais est construit selon le style
Renaissance, mais on y trouve plusieurs chambres qui
reflètent le style mamelouk
». Il se compose d’un grand
vestibule menant à un escalier en marbre qui conduit au
premier étage où se trouve une terrasse qui donne sur
l’entrée principale. Le rez-de-chaussée se distingue par
une grande cheminée entourée d’un cadre en bois
massif, portant le symbole de la famille royale. On y
trouve également deux bibliothèques, l’une à gauche et
l’autre à droite. Les murs des chambres du premier
étage sont couverts de velours de couleur rouge et bleue.
«
Le palais renferme 23 pièces dont les plus importantes
est celle dite islamique, considérée comme l’une des plus
belles avec son parterre dallé de marbre portant des
décorations ottomanes. Celles-ci viennent d’un vieux
château turc. Originalité, il y avait une chambre
japonaise. Cette dernière a été brûlée suite à un incendie
qui a éclaté en juillet 2005
», a déploré
al-MaÒrî
. Ses
initiales en langue arabe se trouvent gravées sur les
fenêtres et les murs du palais. Enregistrer ce palais en
tant que monument islamique et le transformer en site
culturel et touristique devient impératif. Une
coopération peut avoir lieu dans ce contexte avec le
Centre de documentation du patrimoine culturel et
naturel du Smart Village (CULTNAT). (Thérèse
J
OSEPH
, « Heurs et malheurs d’une maison
princière »,
Al-Ahram Hebdo
du 21 juin 2006).
- -
Mont Muqattam
L’homme d’affaires,
MuÌammad NaÒîr
, a
obtenu un permis de construction de quatre gratte-ciel
de vingt-sept étages, juste en face de la citadelle du
Caire, de l’autre côté du périphérique
∑alæÌ Sælim
. [...]
Les responsables du Conseil Suprême des Antiquités
(CSA) ont nié tout lien avec ce projet. Son secrétaire
général, Dr
Zæhî Îawwæs
, a affirmé que le CSA n’a pas
signé et n’accordera jamais un tel permis de bâtir à cet
homme d’affaires. Pourtant, des engins gigantesques
s’activent en ce moment-même sur le site, où ils ont
déjà foré près de 25 mètres pour jeter les fondations de
l’une des tours. Cinq étages ont déjà était construits
dans une autre tour. Cette situation catastrophique
nécessite une intervention du plus haut niveau. [...] Le
Dr
MuÌammad al-KaÌlæwî
a précisé que l’homme
d’affaires en question avait été autorisé, il y a trente ans,
à construire en cet emplacement un atelier de
réparation des voitures Renault. Aujourd’hui, le
ministère de l’Habitat et de l’Investissement l’autorise à
y construire quatre gratte-ciel dont les sommets
atteignent celui de la mosquée
MuÌammad ©Alî
. La
première tour sera consacrée à la bourse, la deuxième
servira de centre commercial, une troisième tour
administrative et, enfin, une quatrième tour
d’habitation. Ces tours détruiront totalement le
panorama du site et isoleront les deux citadelles de
MuÌammad ©Alî
.
Al-KaÌlæwî
a souligné que vingt
bulldozers arrachent actuellement soixante mètres cubes
des falaises du
Muqa††am
sur une profondeur de vingt-
cinq mètres. Sur un ton sarcastique, il a ajouté : «
Zæhî
Îawwæs
a annoncé la suspension du projet. C’est bien
courageux, mais tout le monde dit que ce projet est
soutenu en haut lieu. Or, en haut, je ne connais qu’Allah
Tout-Puissant ! À vouloir renvoyer l’ascenseur aux
hommes d’affaires qui les ont soutenus au cours des
dernières élections, ils [les responsables politiques]
détruisent l’Histoire
».
[...] Dr
©Alî ΩiÌæta
, géologue et expert en
architecture islamique, met en garde contre les
infiltrations d’eaux souterraines générées par ces quatre
tours, qui ne tarderaient pas à ruisseler des côtés de
Sayyida ©Æ’i‡a
et de la Citadelle. Ces deux zones
seraient inondées avec les nombreux monuments
qu’elles abritent : tombe de
Sulaymæn Afiæ al-Îaba‡î
,
tombes des mamelouks, coupole de
©Umr Ibn al-Færi∂
,
coupole
d’Iwæn al-Munºfî
, vestiges de la nécropole des
sultans, coupole
al-∑awæbî
, celle de
MuÒ†afa Afiæ
Íæriq
, complexe du
⁄ænqa Umm Anºk
, complexe de
Qæytbæy
et celui de
FaraÏ Ibn Barqºq
. (
Îasan ©Abd
al-MawϺd
, « Lancement de la construction de quatre
gratte-ciel en face de la Citadelle ! »,
A≈bær
al-Adab
du
11 juin 2006. Voir également « Les monuments du
Muqa††am
sont en danger »,
al-AÌrær
du 9 juin ;
©Alî
al-Qammæ‡
, « Les monuments de la Citadelle et de
Louqsor : une proie pour les hommes d’affaires et les
étrangers ! »,
al-AÌrær
du 13 juin).
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— janvier/juin 2006
38
[...] Le président du secteur des Antiquités
islamiques et coptes, Dr
©Abdallæh Kæmil
Mºsa
, a
révélé que le permis accordé par le gouvernorat du Caire
à l’homme d’affaires
MuÌammad NaÒîr
est illégal. En
effet, en vertu de l’article 22 de la loi 187/1983, le
gouvernorat n’a pas le droit d’accorder des permis de
bâtir dans les zones archéologiques, avant d’obtenir
l’accord du CSA. [...] La réalisation de ce projet
affecterait la région archéologique et aurait comme
conséquence
le
bouleversement
du
tissu
environnemental, la dissimulation totale de la Citadelle
du Caire, l’augmentation du taux de pollution et de la
densité urbaine, sans parler de la déstabilisation des
falaises
du
Muqa††am
!
(
MuÌammad
Ωa©îr
,
« L’Unesco va-t-il intervenir pour protéger la citadelle
contre les projets des hommes d’affaires égyptiens ? »,
A≈bær
al-Adab
du 18 juin).
[...] Les travaux de construction se
poursuivent, malgré les protestations du ministère de la
Culture, représenté par le CSA, qui a rédigé un rapport
scientifique mettant en garde contre le danger des
travaux de construction dans cette région. Visiblement,
le pouvoir de l’argent et des hommes d’affaires se situe
au-dessus des lois ! [...] En 1998, ce projet de gratte-ciel
avait été soumis au ministre de la Culture,
Færºq
Îusnî
, qui l’avait transmis au CSA. Ce dernier l’avait
soumis au Comité permanent des Antiquités
islamiques, qui l’avait renvoyé à son tour au
Département des projets pour une étude plus
approfondie. Dans le fond, il s’agissait d’une manière
polie de rejeter un projet, lorsque son instigateur est un
homme aussi puissant que
MuÌammad NaÒîr
. Après
avoir été gelé, ce même projet a essuyé le même refus
lorsqu’il fut soumis à nouveau au Comité permanent
des Antiquités islamiques en 2001. Toutefois, sans
crier gare cet homme d’affaires est parvenu en 2002 à
décrocher un permis de construire du Gouvernorat du
Caire. Enfin, en 2005 ce permis a été prorogé sans en
référer au CSA. [...] Il convient de signaler que le CSA a
le droit d’interdire toutes nouvelles constructions dans
un périmètre de trois kilomètres carrés ou plus autour
de tout monument historique. [...] Le secrétaire
général du CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, a annoncé son refus
total du projet et son adhésion à la décision du Comité
permanent des Antiquités islamiques. Il a ajouté qu’il
est en train d’examiner avec le département juridique
les mesures à prendre pour stopper net ce projet. La
région archéologique de la citadelle est en danger. Il
convient donc d’y faire face avec une grande fermeté.
Par ailleurs, un certain nombre d’archéologues ont
menacé, en cas de poursuite du projet, de lancer un
appel à l’Unesco et d’en référer au président
Mubærak
.
(
MuÌammad al-Sîsî
, « Les hommes d’affaires vont-ils
réussir là où les croisades ont échoué ? »,
al-Usbº©
du
19 juin).
La polémique s’intensifie. Les révélations
compromettantes aussi :
Le Parquet administratif a lancé des
investigations dans l’affaire de construction de quatre
tours dans l’enceinte de la Citadelle de
∑alæÌ al-Dîn
dans Le Caire islamique. Les enquêtes ont révélé que le
Dr
Zæhî Îawwæs
a accordé un visa de construction
dans cet emplacement à l’homme d’affaires,
MuÌammad NaÒîr
. Ce visa a été rejeté par la suite par le
Comité permanent des Antiquités. Le maître d’œuvre a
néanmoins exploité ce visa durant deux mois et
construit cinq étages jusqu’à présent. Les proches du Dr
Zæhî Îawwæs
affirment que celui-ci ne réalisait pas la
nature du projet ni ses dangers
[sic !]
. D’où l’accord de
principe qu’il a donné. Mais l’accord du Dr
Îawwæs
n’était pas définitif, vu que le Comité permanent ne
s’était pas encore prononcé. D’aucuns affirment que
cette erreur commise par le secrétaire général du CSA
pourrait déboucher sur son limogeage. Surtout que des
autorités suprêmes se sont saisies du dossier. Par
ailleurs, un certain nombre d’intellectuels conjuguent
leurs efforts pour intenter une action en justice contre le
gouverneur du Caire et le maître d’œuvre du projet,
afin de suspendre les travaux et araser les étages déjà
construits. Dr
©Aliyya al-KaÌlæwî
et son frère, Dr
MuÌammad al-KaÌlæwî
, entreprennent actuellement
des contacts auprès de certaines personnalités publiques
et d’intellectuels pour les soutenir dans ce procès !
[...] Le Dr
MuÌammad al-KaÌlæwî
,
professeur d’archéologie islamique, a dévoilé une autre
surprise : le projet contesté consiste en huit et non pas
en quatre gratte-ciel qui seront construits en deux
phases. De même, la hauteur de ces tours sera de 120 et
non pas de 59 mètres comme mentionné dans les
documents officiels. En effet, ceux-ci parlent du niveau
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
39
de la route périphérique, alors que le chantier de
construction est situé à 43 m en dessous de ce niveau.
Le maître d’œuvre précise qu’il ne dépassera pas le
sommet de la coupole de
MuÌammad ©Alî
. Du point
de vue archéologique, ceci est «
criminel
». Le maître
d’œuvre a, en effet, choisi le point le plus culminant de
la mosquée érigée à l’intérieur de la citadelle, alors qu’il
n’aurait pas dû dépasser la hauteur du mur d’enceinte
Est de la citadelle.
[...] C’est en septembre 1998 que cet homme
d’affaires avait soumis au Conseil des ministres une
proposition de construire un bâtiment pour abriter une
bourse ultramoderne. Cette bourse allait être cédée
gracieusement à l’État, à condition toutefois que
l’investisseur puisse y adjoindre un énorme complexe
administratif et financier. Les travaux de construction
étaient prévus pour trente-six mois. Le ministre de la
Culture — qui avait examiné la maquette — avait alors
exprimé son admiration pour ce projet. Il avait
néanmoins sollicité l’avis du CSA, afin de juger de
l’homogénéisation du projet avec l’environnement
archéologique de la citadelle. À plusieurs reprises, le
Comité permanent avait réclamé «
une étude
supplémentaire du projet
». Ce qui signifie un refus
implicite. (
MuÌammad Ωa©îr
, « Nouvelle révélation
dans le projet de destruction de la citadelle : huit gratte-
ciel plutôt que quatre ! »,
A≈bær
al-Adab
du 25 juin.
Voir également
Amænî ∆urfiæm
, « Des tours
d’habitation de 40 étages en face de la citadelle ! »,
al-
A≈bær
du 28 juin).
[...] Le vice-gouverneur du Caire pour la zone
Sud, major général
Zakî ©Abd al-flanî
, révèle que
l’emplacement du projet de l’homme d’affaires n’était
pas inclus dans la zone inconstructible tracée par le CSA
autour de l’enceinte de la citadelle de
∑alæÌ al-Dîn
. Le
gouvernorat l’a donc exploité dans un projet
d’investissement.
©Abd al-flanî
juge injustifiée la
campagne orchestrée par les intellectuelles contre ce
projet dont le promoteur détient un permis légal à
100 % et a obtenu l’accord du CSA. [...] Par ailleurs, le
Dr
Zæhî Îawwæs
a nié avoir donné son accord pour ce
projet. Il a déclaré : «
J’ai donné un visa pour
transmettre ce projet au Comité permanent et non pour
en autoriser la construction. Le Comité permanent est
seul habilité à approuver ou à rejeter tout travail ou
projet concernant les Antiquités. Ce sont les dispositions
de la loi. Soixante-dix membres siègent dans ce Comité.
Pour qu’une décision puisse être adoptée, il faut qu’elle
recueille l’approbation unanime de tous les membres. Si
le Comité permanent que je dirigeais avait rejeté ce
projet, comment peut-on prétendre que je l’ai moi-même
approuvé ? Le CSA et tous les archéologues refusent ce
projet. Le CSA n’a jamais donné son accord à ce projet.
Celui qui prétend le contraire n’a qu’à en fournir les
preuves
». (
MaÏdî Sabla
&
AÌmad al-NaÏmî
, « Le
CSA a réagi tardivement pour arrêter le projet des tours
de la citadelle ! »,
al-MuÒawwar
du 30 juin).
L’hebdomadaire
al-‘Usbû‘
s’interroge sur le
silence suspect des responsables — notamment du
ministre de la Culture — qui, au lieu d’arrêter les
travaux de construction se sont lancés dans une
guerre des communiqués :
[...] Que signifie cette
nouvelle pancarte affichée sur le chantier de
construction : «
Ce bâtiment est un don pour le
gouvernement égyptien !
» [...] L’ex-secrétaire général
du CSA, Dr
©Alî Îasan
, a déclaré avec véhémence :
«
Je vais me constituer bouclier humain devant les engins
de construction qui ont envahi l’enceinte de la citadelle
de
∑alæÌ al-Dîn al-Ayyºbî
. J’achèverai ma carrière
archéologique en défendant la citadelle. Je pense que je
serai imité par de nombreuses personnes soucieuses de
défendre leur histoire et leur civilisation islamique
».
(MuÌammad al-Sîsî
, « Les responsables agitent le
drapeau blanc devant les tours de la citadelle ! »,
al-
Usbº©
du 26 juin).
Il a fallu attendre le 28 juin pour que le
gouverneur du Caire intervienne :
Le gouverneur du Caire, Dr
©Abd al-©AÂîm
Wazîr
, a décidé l’arrêt des travaux de construction du
Centre financier et commercial du Caire, situé au pied
du
Muqa††am
. Cette interruption vise à donner du
temps au CSA et à son Comité permanent pour les
Antiquités islamiques et coptes de réviser le projet, d’en
examiner tous les travaux et plans et de s’accorder avec
le promoteur afin de prendre les mesures nécessaires à la
protection des monuments qui entourent le chantier de
construction. (
AÌmad Sayyid
, « Suspension des
travaux de construction du Centre financier et
commercial du Caire »,
al-AÌrær
du 29 juin. Voir
également
©Abd al-Hædî Tamæm
, « Arrêt des travaux
de construction du Centre commercial situé au pied du
Muqa††am
»,
al-Ahræm
du 29 juin).
- -
M e r R o u g e
Port de Qusayr
Sur la côte de la mer Rouge, à quelque 80 km
au sud d’Hurghada et à environ 7 km au nord de
l’actuelle ville de
QuÒayr
, s’étale sur 1 000 mètres carrés
ce qu’on nomme l’ancien port ou l’ancienne ville de
QuÒayr
. «
Le Conseil Suprême des Antiquités, l’ancien
port de
QuÒayr
», lit-on sur un panneau bleu érodé.
«
Enfin, nous sommes arrivés au site
», déclare
l’inspecteur
Mu’min Sa©d
. L’odeur de l’humidité et du
sel envahit les lieux, témoignant de l’existence de la
mer malgré son recul au fil des siècles. De la route
asphaltée, le visiteur observe les vestiges des bâtiments
antiques et les débris de poterie de différents volumes.
Quelques marches d’escaliers sont remarquées à l’Est,
de gros vases en argile enfoncés à moitié apparaissent à
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
40
l’Ouest. «
Là se trouvait le secteur industriel de la ville
aux époques romaine et mamelouke
», explique
l’inspecteur
Mu’min Sa©d
. Dans le secteur industriel, le
visiteur aperçoit des fours cylindriques où les traces des
cendres existent encore. Et ce, outre les ossements et les
débris antiques éparpillés au beau milieu des vestiges.
Pendant le tour, l’inspecteur ne cesse de donner des
conseils : «
Allez lentement pour éviter de vous enfoncer
les pieds dans le sol déjà poreux à cause de l’eau des
torrents ; laissez le site intact et surtout n’emportez rien
avec vous
».
Un quart d’heure plus tard, l’inspecteur
interrompt brusquement ses explications, des touristes
arrivent alors que la visite du site est interdite. Le
manège se répète plusieurs fois. L’hôtel des environs,
tout en étant au courant de l’interdiction, ne dissuade
pas ses clients. Pourtant, des policiers montent la garde.
Mais ils considèrent que ce n’est pas de leur
responsabilité de garder les sites. «
Nos hommes
défendent uniquement les lieux antiques ouverts à la
visite et sont disponibles encore dans les hôtels pour des
raisons de sécurité
», affirme le commandant
Amîr
MuÌammad
. Quant aux autres sites archéologiques où
il n’y a pas de touristes à protéger, le Conseil Suprême
des Antiquités (CSA) en serait le seul responsable.
L’ancien port, bien qu’il comprenne de
nombreux monuments importants qui témoignent
d’une période importante de l’histoire égyptienne, est
exposé à plusieurs dangers : c’est un site en plein air et
quiconque peut y accéder sans aucune difficulté.
«
C’est une vaste superficie d’environ 1 000 mètres carrés
et c’est difficile à une seule personne de le surveiller
»,
souligne l’inspecteur du site. Autre problème, le
gardien du site vit dans des conditions difficiles. Il est
exposé aux dangers naturels comme les changements
climatiques et les inondations ainsi que les animaux
féroces qui peuvent l’attaquer. Et ce, sans avoir le
moindre abri protecteur. De plus, «
le salaire modique
qu’il touche le rend ainsi vulnérable aux différentes
tentations de corruption. Ces offres lui font fermer les
yeux devant toute infraction malgré sa gravité. Celle-ci
peut dépasser les empiétements pour parvenir à des
fouilles illégales à la recherche de pièces antiques
»,
assure un inspecteur ayant requis l’anonymat.
Ces problèmes dont souffre l’ancien port sont
connus dans la plupart des sites archéologiques de la
mer Rouge qui s’étale sur 1 080 km. Leur contrôle est
quasi impossible selon
Îusayn al-Afyºnî
, directeur
général des Antiquités égyptiennes au gouvernorat de la
mer Rouge. Pour lui, le nombre des inspecteurs est très
modeste par rapport à cette superficie. «
Nous sommes
cinq personnes seulement. Comment avec ce nombre
couvre-t-on 1 080 km ?
», se demande-t-il étonné. Le
bureau du CSA de la mer Rouge est privé de véhicules
4x4 adéquats à la nature montagneuse du gouvernorat.
Il est encore privé des équipements modernes
indispensables pour la documentation et le contrôle. Il
n’y a ni câbles téléphoniques, ni ordinateurs ni même
des chaises suffisantes pour les inspecteurs. Les
violations ne se limitent pas à cette région. Le village
romain qui se situe à 20 km au nord de
SafæÏæ
et à 35
km au cœur de la montagne en est l’exemple par
excellence. «
Ce village reçoit au moins une vingtaine de
personnes par jour qui y accèdent avec leurs véhicules,
détruisant les vestiges archéologiques comme les
fondations des maisons ou les pots en argile
», explique
le directeur. Ces excursions sauvages exposent le site
aux destructions successives. Une situation d’autant
plus affligeante qu’elle ne se limite pas à ces sites. (Doaa
E
LHAMI
, « Dans des zones incontrôlées »,
Al-Ahram
Hebdo
du 1
er
mars 2006).
- -
Patrimoine classé
The Supreme Council of Antiquities (SCA)
has decided to register the
Museum for Irrigation
Models at
Qanæ†ir al-⁄ayriyya
(The Barrages),
Qalyºbiyya
Governorate as a building of Islamic,
historical and architectural importance. SCA
Chancellor
©Abdallæh al-©A††ær
stated that the building
was constructed between 1833 and 1835 under
MuÌammad ©Alî
Pasha to house for the engineers and
other workers involved in building the Barrages. Later,
it was turn into a museum. (“
Qanæ†ir
museum”,
The
Egyptian Gazette
du 27 février 2006).
- -
MuÌammad ©Abd al-La†îf
, qui supervise le
Comité permanent des Antiquités islamiques, a
annoncé l’inscription de la
mosquée de l’émir
MuÌammad al-Kæ‡if
, située dans la région
al-Qîsæriyya
à
Asyº†
, sur la liste du patrimoine islamique et copte.
Cette mosquée a été fondée en 1811. (
Lu©ay MaÌmºd
Sa©îd
, « Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 6 juin
2006).
- -
À la demande de la faculté d’Archéologie de
l’Université du Caire, le Conseil Suprême des
Antiquités a approuvé l’enregistrement de la
mosquée
al-©Abbæsî
, située à Port-Saïd, sur la liste du
patrimoine islamique. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
,
« Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 3 janvier 2006).
- -
MuÌammad ©Abd al-La†îf
, qui supervise le
Comité permanent des Antiquités islamiques, a
annoncé le classement du
sabîl waqf al-Naqædî
dans le
quartier de
Íamæliyya
comme monument historique.
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
41
Ce
sabîl
a été fondé en 1617. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
,
« Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 28 février
2006).
- -
L e C a i r e
Magasin ‘Umar Afandî
Dans le cadre de la privatisation accélérée du
secteur public, le gouvernement décide de
brader la chaîne de magasins ‘Umar Afandî,
jugée trop déficitaire. L’O.P.A. lancée par un
investisseur saoudien suscitera, en mars
2006, un énorme scandale politico-fianncier.
Mais, sur les quatre-vingt-deux succursales
de cette enseigne réparties à travers tout le
pays, un magasin posera problème :
Grand magasin Orosdi-Back ou ‘Umar Afandî, rue ‘Abd al-‘Azîz, Le
Caire, vers 1907
Après l’échec de deux tentatives, la chaîne
©Umar Afandî
a été enfin vendue à un investisseur
arabe. Une affaire contestée qui a poussé le Conseil
Suprême des Antiquités (CSA) à enregistrer le bâtiment
©Umar Afandî
de la rue
©Abd al-©Azîz
comme
monument historique, puisqu’il se distingue par une
architecture
impressionnante et
une histoire
particulière qui remonte à la fondation du Caire
khédival, à l’époque moderne. «
Les responsables du
CSA appréhendent tout travail de développement ou de
restauration de la part du nouveau propriétaire de nature
à changer l’aspect architectural particulier du bâtiment.
Le CSA entreprend actuellement les formalités
d’enregistrement de l’édifice en tant que monument
islamique
», explique
©Abdallæh al-©A††ær
, ex-directeur
des Antiquités islamiques et coptes auprès du CSA.
Vu sa structure architecturale remarquable, le
bâtiment de
©Umar Afandî
, situé au carrefour de la rue
Ru‡dî
et de la rue
©Abd al-©Azîz
, était déjà enregistré
par le gouvernorat du Caire en tant que bâtiment de
style caractéristique. «
La propriété foncière étant un
droit constitutionnel, le bâtiment peut cependant être
enregistré comme monument quel que soit le propriétaire
et quelle que soit sa nationalité. Le contrat de vente
ayant eu lieu, le CSA fixe au nouveau propriétaire une
condition importante en vue de considérer ce bâtiment
comme
monument
historique
»,
souligne
©Abdallæh al-©A††ær
. Le
nouveau propriétaire du
bâtiment, qui est en fait
de nationalité saoudienne,
n’a pas le droit d’effectuer
n’importe
quel
changement à l’intérieur
ou même à l’extérieur de
l’édifice, ni même la
substitution d’une simple
brique. Tous les travaux de
restauration doivent être exercés sous la supervision des
inspecteurs du CSA, mais au compte du propriétaire.
En cas de déficit, le CSA peut prendre en charge les
travaux de restauration. «
Les travaux de restauration
exécutés par le CSA feront que le bâtiment sera toujours
un centre commercial géant, tant que sa structure permet
de continuer à l’utiliser économiquement, sans le
transformer en un musée traditionnel
», souligne
al-
©A††ær
.
Selon certaines sources, cet établissement a été
construit en 1856 pendant le règne de
Sa©îd
pacha
(1854-1863). Il a été connu d’abord sous le nom de son
premier propriétaire, le Français O
ROSDI
-B
ACK
, qui
fit de ce bâtiment un grand magasin similaire à ceux de
Paris et de Londres, où l’on trouvait d’innombrables
articles exportés et locaux. Il visait toujours les clients
étrangers et égyptiens bien gîtés. Certains prétendent
que c’est l’architecte français Raoul B
RANDON
qui a
conçu le grand magasin
©Umar Afandî
. C’est cet
architecte français qui a dessiné aussi plus tard le
bâtiment de la Bourse du Caire. D’autres points de vue
existent sur le bâtiment. «
Comme le montrent les
décorations extérieures de ses façades, il paraît bien que le
bâtiment est de style néo-baroque français. Mais, à mon
avis, je pense que le magasin a été construit entre 1913 et
1928 et non pas dans l’année 1856 comme d’aucuns le
soutiennent
», affirme le Dr
Suhayr Zakî Îawwæs
,
professeur d’architecture à la faculté de Polytechnique
de l’Université du Caire et vice-présidente du National
Organisation for Urban Harmony (NOUH).
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
42
Construit sur une surface de 9 453 m
2
, le
bâtiment se compose de plusieurs étages comprenant
un sous-sol, un rez-de-chaussée puis deux mezzanines
surmontées de trois étages. Le bâtiment est doté de
quatre façades, deux donnant sur les deux rues
principales de
©Abd al-©Azîz
et de
Ru‡dî
, et deux autres
sur deux ruelles peu connues. L’entrée principale du
bâtiment se trouve au croisement des deux rues
principales, elle est sous forme d’un demi-cercle et
renferme des décorations sous forme de cercle. Le
portail principal est surmonté de plusieurs fenêtres
rectangulaires entourées de jolis cadres. Au sommet se
trouve une sorte de globe en verre qui repose sur une
base décorative de style italien. L’entrée principale
mène au rez-de-chaussée, d’une forme rectangulaire et
dont le plancher est couvert d’arbre. Le plafond qui
repose sur douze colonnes couvertes de bois porte des
structures octogonales desquelles se dégage la lumière
des lampes. Au fond de la salle du rez-de-chaussée se
trouve un ascenseur panoramique dont les côtés sont en
verre, à côté duquel se trouve un escalier qui mène aux
étages supérieurs.
Les succursales de
©Umar Afandî
ont vu le
jour au cours des premières années du XX
e
siècle
lorsque le magasin faisait face à la concurrence
croissante d’autres grands établissements tels que
Benzione, Cicurel et Daoud Adès qui augmentaient
leurs activités au Caire et en Alexandrie. Le magasin a
été nationalisé en 1957. (Amira S
AMIR
& Thérèse
J
OSEPH
, «
©Umar Afandî
, bâtiment historique »,
Al-
Ahram Hebdo
du 10 mai 2006).
La décision du CSA de classer ce bâtiment a
soulevé une controverse :
A decision taken by the Permanent
Committee for Islamic Antiquities affiliated to the
Supreme Council of Antiquities (SCA) related to
register the famous branch of
©Umar Afandî
in
©Abd
al-©Azîz
Street,
©Ataba
, as a building of historical and
architectural significance has met with controversy.
Some people think it’s simply a matter of listing a
beautiful old building, while others complain the
decision has been made too quickly and that it may
cost the SCA several million Egyptian pounds in
compensation to the owner of the
©Umar Afandî
chain
of department stores.
©Abdallæh Kæmil
, head of the
Islamic Antiquities Sector, describes the building as
enjoying the wonderful Italian architectural style of the
late 19
th
and earliest 20
th
centuries. From a legal point
of view,
©Azza al-MaÌϺb
, Director-General of Legal
Affairs for the SCA, stresses that this branch of
©Umar
Afandî
cannot be sold by the owner, because, now it
has been registered, it has become public property like
the
Íîza
Pyramids or the Egyptian Museum,
according to Articles 1 and 2 of the Antiquities
Protection Law 117/1983.
Kæmil
says that the
registering of the branch of
©Umar Afandî
in
©Abd al-
©Azîz
Street comes as part of the SCA’s plan to list
buildings of historical importance. SCA Chancellor
©Abdallæh al-©A††ær
is happy with the decision, because
this downtown edifice is one of the most distinguished
in Cairo Governorate. (Hassan S
AADALLAH
, “
©Umar
Afandî
causes more controversy”,
Egyptian Mail
du 29
avril. Voir également
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Le CSA
affirme que le bâtiment est classé et exige l’arrêt de la
vente »,
al-AÌrær
du 22 mars).
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
43
[...] Un responsable archéologique a affirmé
que la décision de classer le magasin de
©Umar Afandî
a
été précipitée et totalement infondée. En effet,
plusieurs comités spécialisés avaient déjà rejeté cette
idée, car le bâtiment a perdu toutes ses caractéristiques
artistiques, surtout de l’intérieur après avoir été
cloisonné pour les besoins des boutiques. Toutefois, le
9 mars 2006, le secrétaire général du CSA a ordonné la
formation d’un comité spécialisé composé de six
membres appartenant aux Affaires juridiques, au
Secteur des projets et à l’Inspectorat archéologique dont
dépend le bâtiment. Ce comité d’expertise était chargé
d’étudier la possibilité d’enregistrer uniquement les
façades et l’entrée du bâtiment et non pas le bâtiment
tout entier. Lors de sa réunion du 19 mars 2006, le
Comité permanent des Antiquités a néanmoins décidé
de classer l’ensemble du bâtiment sur la liste des
monuments historiques. Alors que ce sujet n’était
même pas inscrit à l’ordre du jour ! (
Walæ’ Zayn al-
Dîn
, « Les secrets de la décision précipitée de classer le
bâtiment de
©Umar Afandî
»,
al-Qæhira
du 18 avril).
- -
F a y y û m
Widân al-Faras
Wædî al-Îîtæn
, the Whales Valley, known for
its rich palaeontological history (especially for its
skeletons of primitive whales and other vertebrate
fossils), is included on the UNESCO World Heritage
List as an area of outstanding natural history. It lies
within the boundaries of the Lake
Qærºn
nature reserve
and forms part of the
Wædî al-Rayyæn
Protected Area
in the
Fayyºm
governorate. In this area lies
Widæn al-
Faras
, which may soon be the only ancient quarry left
in Egypt that still bears traces of one of Egypt’s oldest
industries — stone cutting. The Supreme Council of
Antiquities (SCA), in response to a request to draw up a
management plan for the protection and preservation
of the quarries in the northern
Fayyºm
, is now looking
into the possibility of asking UNESCO to incorporate
Widæn al-Faras
within the
Wædî al-Rayyæn
Protected
Area. This spring, a survey of the ancient quarries at
Widæn al-Faras
carried out as part of the Quarry Scapes
Project will be continued with the aim of assessing the
risks to the site and developing practical and
methodological guidelines for its conservation. This
project is a joint initiative coordinated by the
Norwegian Geological Survey and funded through the
EU Commission to draw together academic and other
institutions in Europe with partners in Egypt, Turkey
and Jordan. The project has been established for the
conservation of ancient stone quarry landscapes, mainly
focussing on their documentation, conservation and
heritage management.
[...] The ancient basalt quarries of
Widæn al-
Faras
(Ears of the Horse), so named after two hills
which stand as a prominent geological feature at
Íabal
Qa†ranî
, lie in the north of
Fayyºm
about 80km
southwest of Cairo. Not only do they form the best-
preserved ancient geological landscape from ancient
Egypt, but this is also the oldest and most extensively
used basalt outcrop. There are no known
archaeologically preserved equivalents anywhere else in
the world.
Widæn al-Faras
offers invaluable
information about the totality of ancient stone
technology and the living conditions of those who
worked in the stone industry at a very early stage in the
history of human civilisation, about 4,500 years ago.
Basalt was deliberately chosen for building construction
because its black colour symbolised the dark alluvium
of the fertile Nile Valley, on which the development of
the Egyptian civilisation depended. This site is also
exceptional because it is located in so remote an area, a
considerable distance away from where the stone was
needed.
The site also bears evidence of one of the
oldest infrastructures of road planning in ancient
Egypt. A 2.5m-wide and 11km-long road stretching
across the area is the oldest and most pristine example
of a paved road in the world. It was constructed from
flagstones and built to gain easy access to the quarries of
Widæn al-Faras
and to facilitate the exploitation of its
geological resources and the transportation of the basalt
blocks. A total of eight quarries are connected by side
roads to this long main road, which leads southwards to
a quay on the shoreline of Lake Moeris (today’s Lake
Qærºn
), the huge body of water at the heart of the
Fayyºm
oasis. When the stone blocks had been
extracted from the quarries they were dragged by
wooden sledges along the paved road. Once they
reached the lake shore, the heavy blocks from the
Widæn al-Faras
quarries were loaded onto boats which
carried them across the lake on a course set for the
BaÌr
Yºsuf
Canal, which ran through a gap in the hills
between
Hawwæra
and
Læhºn
. Once they reached the
Nile they headed down river to the pyramid fields of
Íîza
,
AbºÒîr
and
Saqqæra
. There the stone was used in
the construction of flooring in the mortuary temples,
walls and causeways.
Apart from traces of the extraction, cutting
and transport of the heavy stone pieces, the ancient
infrastructure of
Widæn al-Faras
bears other
archaeological and historical features. There are clear
remains of quarrymen’s camps and storage areas for
stone blocks. About 160 circular and oval architectural
structures with diameters between of between two and
seven metres are located 500m northwest of the basalt
block area, to the entrance of
Widæn al-Faras
. It was
recently suggested that the “
camps
” may have been
workshops where the blocks of basalt were dressed. The
area shows minimal disturbance. Pottery shards from
storage vessels and cooking bowls dating to the Fourth
and Fifth Dynasties are scattered throughout the area.
A hearth and plentiful amounts of charcoal have been
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
44
detected in one of the circled structures, which lead to
the assumption that the area was used as temporary
habitation for the workers. The great accumulation of
basalt suggests that this site might also have been used
as a temporary storage area for extracted stone blocks.
Pounders (workmen’s tools) found here are made of
Chephren gneiss, extracted from Chephren’s quarries
in Lower Nubia, 1,000km away from
Fayyºm
— clear
confirmation that mobile human labour between a
network of quarry sites was in operation in the third
millennium BC.
It is not clear why the basalt quarries of
Widæn
al-Faras
were abandoned after the Old Kingdom and
only reused more than 2,000 years later in the
Ptolemaic and Roman Periods, as evidenced by pottery
shards and special techniques of stone extraction. It is
interesting that during the time that massive
exploitation of basalt was continuing at
Íabal
Qa†ranî
, Lake Moeris was at the same level as the Nile
River during its annual summer flood, thus enormously
facilitating the transport of stone blocks. The rapidly
diminishing water levels of Lake Moeris in the Old
Kingdom from the end of the Fifth Dynasty was most
probably responsible for the abandonment of the basalt
quarries at
Widæn al-Faras
, making the transport of the
stone blocks from this remote area extremely difficult.
It can be assumed that other basalt outcrops at
Abº
Rawwæ‡
, some 10km north of the pyramids of
Íîza
, at
Bahnasa, about 15km from
Banî Mazær
near
al-Minyæ
,
at
Abº Za©bal
to the northeast of Cairo, and at
Íabal
al-™ayr
in
⁄ærÏa
Oasis, were used in later times. There
is no doubt, however, that the basalt quarries at
Widæn
al-Faras
was exploited more than any other basalt
quarry, making it an exceptional source in ancient
Egypt.
It is alarming that the infrastructure of this
unique site at
Íabal Qa†ranî
is seriously in danger of
destruction because of irresponsible quarrying for basalt
road building and housing, and that the ancient site is
being obscured by debris. Industrial and agricultural
development, rapid population growth, and urban
expansion adds to the current threat and risks even
further damage to the site, not to mention
uncontrolled visits by locals and foreign visitors in their
four-wheel drives. Tracks of their vehicles can be seen
throughout the site, causing damage to the ancient
road to the quarry, the workmen’s encampment,
workshops and the storage area. Sections of the valuable
archaeological and historical characteristics of the area
are being lost daily. The greatest problem seems to be
the total lack of appreciation of the value of this ancient
landscape. Local and international specialists have
initiated measures for the protection and conservation
of this unique area, but there are still many unanswered
questions about its original function in antiquity.
Since the early 1990s
Widæn al-Faras
at
Íabal Qa†ranî
has been undergoing an archaeological
and geological survey under the aegis of the SCA and
the Egyptian Geological Survey and Mining
Authorities. The result of their work makes it clear that
the site needs protection and further study in order that
more can be learnt about the procurement of hard stone
and the general organisation of stone extraction in
pharaonic times. This data needs to be carefully
recorded to draw a comprehensive picture of the kind
of techniques and tools applied for the extraction of the
basalt blocks, and how exactly they were transported
along the road. This month the SCA took steps to
prohibit the issuance of permits by the
Íîza
authorities
for the exploitation of basalt at
Íabal Qa†ranî
in order
to prevent modern quarrying companies from further
destroying the site. (Nadja T
OMOUM
, “
Fayyºm’s
ancient quarry under threat”,
Al-Ahram Weekly
du 30
mars 2006).
- -
Entrepôts archéologiques
Le secrétaire général du Conseil Suprême des
Antiquités (CSA), Dr
Zæhî Îawwæs
, inaugurera le plus
moderne entrepôt archéologique construit dans le
gouvernorat du
Fayyºm
.
Îawwæs
a déclaré que trente-
trois autres magasins seront construits, afin de protéger
et d’exposer les Antiquités dans un esprit qui relève plus
des musées que des dépôts. Chacun de ces entrepôts
portera le nom d’un des grands archéologues ayant
contribué à consolider le travail archéologique en
Égypte d’une manière générale. L’entrepôt du
Fayyºm
sera baptisé du nom du Dr
©Alî Ra∂wæn
, doyen des
archéologues, en reconnaissance des services qu’il a
rendus dans le champ archéologique.
Îawwæs
a précisé
que le ministère de la Culture a doté ces entrepôts
archéologiques de tous les équipements scientifiques et
technologiques ultramodernes garantissant l’exposition
des antiquités d’une manière adéquate. (
™æha ©Abd
al-
RaÌmæn
, « Achèvement de la construction du premier
entrepôt dans le
Fayyºm
pour préserver les Antiquités
contre le vol »,
al-AÌrær
du 4 février 2006).
- -
Publications
3
Dr
Amænî Îanafî MuÌammad
et Dr
Dælyæ
Îusayn Fahmî
professeurs à la faculté d’Éducation
de l’Université de
©Ayn Ωams
, ont publié
récemment un ouvrage intitulé
al-Mºsîqa al-
©arabiyya ©abr al-©ºÒºr
(La musique arabe à
travers les époques).
Cet ouvrage retrace l’évolution
de la musique arabe en Égypte du I
er
jusqu’au XIX
e
siècles. Cette étude historique s’ouvre sur les
différents types de chants et d’instruments de
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
45
musique utilisés au cours de la période
antéislamique. Elle traite ensuite des principaux
chanteurs et musiciens ainsi que des arguments
développés à l’époque des
⁄ulafæ’ al-Ræ‡idºn
pour
interdire ou tolérer l’art musical. Les auteurs
passent ensuite en revue les caractéristiques des
écoles musicales et des influences étrangères sur la
musique sous les califes omeyyades. Un chapitre est
consacré à l’époque abbasside réputée pour être
l’âge d’or de la musique arabe. (« La civilisation
islamique face à la musique arabe à travers les
siècles »,
al-Qæhira
du 31 janvier 2006).
3
Dr
MuÌammad ©Ali ©Abd al-ÎafîÂ
, professeur
d’archéologie à l’Université d’al-Azhar, vient de
publier un ouvrage intitulé
Les termes
architecturaux dans les archives de l’époque de
MuÌammad ©Alî
et de ses successeurs
. Cette
étude présente un relevé archéologique exhaustif
des archives appartenant à la famille de
MuÌammad
©Alî
de 1805 à 1879. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
,
« Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 21 février
2006).
3
L’Égypte a réussi à obtenir le droit d’éditer une
version arabe du
National Geographic Kids
Magazine
. Dix numéros ont déjà été bouclés en
fonction des goûts du lecteur arabe. Mais, jusqu’à
présent aucune livraison n’a vu le jour, alors qu’il
était prévu de lancer le premier numéro en avril
2006. (« Pourquoi le National Geographic est-il
en retard ? »,
al-A≈bær
du 3 mai 2006).
- -
T . G . H . J
A M E S
:
T h e
B r i t i s h M u s e u m C o n c i s e
I n t r o d u c t i o n : A n c i e n t
E g y p t
[...] In a new preface, J
AMES
presents what he
claims is “
a little originality in that [the book]
incorporates many of the
ideas
that
I
have
formulated but never fully
developed in more than
fifty years of considering
the ancient peoples of
Egypt, their history, their
monuments and artistic
productions, and above all
their writings which have
survived
over
many
millennia
.” He has divided
the book into eight essays
that give a survey of many aspects of Egyptian life and
culture “
offered from my own particular viewpoint
”, and
herein lies the real value of this book.
The book is comprehensive, but not
conventional, and as the author himself admits, “
some
ideas may be thought unusual... [the book] is intended to
stimulate, and especially to encourage further exploration
of what has been my thrilling field of enquiry throughout
a long career
.” J
AMES
’s
Ancient Egypt
provides a
chapter on “The Dynastic Sequence”, but its coverage
of the river and desert, reading and writing, records of
the official word, faith in its many forms, provision for
the afterlife, builders and decorators, and the mastery of
crafts, is what makes it such fascinating reading. As is
clearly worded on the cover blurb, this book is “
distilled
from the latest discoveries, fieldwork, and research... the
book makes a stimulating starting point for anyone
studying or visiting Egypt
.” The book is, moreover,
supported by a wealth of reference information,
including an annotated list of important museum
collections, a king-list with a selection of illustrated
royal cartouches, and the 170 illustrations, many in
colour, are well-placed within the text.
It takes a scholar like T.G.H. J
AMES
, retired
keeper of the Department of Ancient Egypt and Sudan
in the British Museum, with his long and intimate
association with Egypt and Egyptian monuments, to
produce a work of this calibre. J
AMES
has witnessed a
remarkable growth in popular interest in Egypt during
that time, and he has, in addition, what all too few
scholars possess — a talent for writing a text that is
interesting and which makes for easy browsing. Here
are none of the familiar clichés about the ancient
Egyptian civilisation, yet neither is the writing
controversial nor bland. I read every word to the last
sentence of the last chapter on “The mastery of crafts”,
which I quote with delight: “
It is not our purpose here
to discriminate between arts and crafts; the Egyptians
certain did not recognise a difference. High standards
generate high achievement; where such is the case,
masterpieces will be made from time to time. So it
happened in ancient Egypt
.” (Jill K
AMIL
, “A new view
of an old theme”,
Al-Ahram Weekly
du 22 juin 2006).
- -
J e a n - P i e r r e H
O U D I N
:
K h e o p s , l e s s e c r e t s d e
l a c o n s t r u c t i o n d e l a
g r a n d e p y r a m i d e
[...] Farid Atiya Press vient de publier
Kheops,
les secrets de la construction de la grande pyramide
, de
l’architecte français Jean-Pierre H
OUDIN
. Dans ce
livre, H
OUDIN
expose les points sur lesquels il a
construit son scénario de la construction de la grande
pyramide et montre comment ces points ont mené à sa
conclusion. Après plus de six années de recherches de la
part de l’auteur, d’études, d’analyse et de milliers
d’heures de conception et de simulation, Jean-Pierre
H
OUDIN
est peut-être en passe de lever le mystère de la
construction de la grande pyramide. Malgré l’absence
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
46
de documents de l’époque, le code de sa construction a
été lentement décrypté par la reconstruction pierre par
pierre de chaque élément composant l’ensemble, et
finalement les «
pierres ont parlé
». [...] La grande
force des Égyptiens de l’époque c’est d’avoir tout prévu
au départ. La pyramide de Chéops n’a jamais eu un
changement de plan
[sic]
. «
Les plans étaient dessinés
par les architectes et les ingénieurs au départ. Le
calendrier et les approvisionnements, tout ça a été fait au
départ. C’est donc le premier chantier moderne de
l’humanité
», indique H
OUDIN
. [...] «
Si elle est
correcte, nous aurons gagné une compréhension nouvelle
du génie des bâtisseurs des pyramides. Ses nombreuses
années de recherche et la réflexion attentive qu’il a
apportées à ses idées, utilisant le point de vue de
l’architecte et de l’ingénieur, s’additionnent pour former
une nouvelle ligne d’investigation intéressante et
potentiellement prometteuse
», estime le Dr
Zæhî
Îawwæs
, secrétaire général du Conseil Suprême des
Antiquités égyptiennes, dans la préface du livre
d’H
OUDIN
. (Amira S
AMIR
, « Kheops livre ses
secrets »,
Al-Ahram Hebdo
du 17 mai 2006).
- -
N a n c y A r t h u r H
O S K I N S
:
T h e C o p t i c T a p e s t r y
A l b u m s a n d t h e
A r c h a e o l o g i s t o f A n t i n o e
The Coptic Tapestry Albums and the
Archaeologist of Antinoe,
Albert G
AYET
, is the lengthy
title of a new book by Nancy Arthur H
OSKINS
, who
has researched Coptic collections in more than 50
museums around the world and who has produced a
book that is a delight to
handle and read. Here, at
last, is a publication on
Coptic textiles that is well-
researched and illustrated
with photographs in vibrant
colour, along with detailed
line drawings of weaving
techniques and ancient
weavers at the loom. Thanks
to Egypt’s dry climate and
sandy soil, textiles have survived in vast numbers and in
an unrivalled state of preservation. Tens of thousands of
coloured fragments found their way into the museums
of the world, especially after 1889 when the French
archaeologist Albert G
AYET
published a catalogue of
Coptic art and, in the
Bulæq
Museum, staged the first
exhibition of Coptic monuments.
“
The first time I saw a Coptic tapestry portrait
with its soul-searching gaze I was completely captivated
,”
H
OSKINS
writes in her introduction. “
I felt I had
connected — through craft — with someone from that far
distant time and place. The dancers were enchanting, the
angels ephemeral, the flowers ever festive, the weaving
free-spirited
.” Her enthusiasm subsequently inspired
H
OSKINS
, a former college weaving instructor who has
published the results of her research in more than 50
professional journals, to examine Coptic collections in
museums in the United States as well as the Coptic
Museum in Cairo, which has the largest collection of
Coptic textiles in the world. Thus began a research
project that has led her to review museum collections in
England, France, Portugal and Canada. H
OSKINS
shared her passion for textiles with Coptic scholars and
conservators, professional weavers, art historians, and
authors. She visited exhibitions of Coptic tapestries
and in 1988 presented a lecture at the first International
Tapestry Symposium in Melbourne, Australia. So
inspired was she that she grew flax, dyed fibres, spun
yarn, and tested Egyptian textiles techniques with
simple looms and with a “
very advanced loom that
interfaces with my computer
”. She delved into the past
to inspire her own hand-woven art fabrics.
Egyptians first invented a very primitive
horizontal loom made of two fixed bars placed on the
ground, with the warp threads stretched in between and
the weft inserted by hand until the idea of the heddle —
the movable frame which holds and separates the warp
threads — and the comb were conceived. The technique
of weaving was followed by the use of organic
colourings, and the burial grounds of such cities as
Antinoe (ancient Crocodilopos in
Fayyºm
) and
A≈mîm
have yielded tens of thousands of fabric pieces,
most of which date from the fourth century when
mummification fell into disuse and the dead were
buried in their clothing. Coptic textiles range from
tunics of undyed linen with medallions and decorative
borders — some woven so fine as to appear more like
embroidery — to a variant of loop weaving in wool (in
which the weft was not pulled tight). The textiles
included cloaks, shirts and shawls, wall hangings,
blankets, and curtains. The motifs on the garment
trimmings show great diversity of subject matter: lively
dancers and warriors, girls riding marine monsters, and
Nilotic subjects with birds and animals woven into
foliage, which was a popular artistic cliché in Egypt.
The Coptic Tapestry Albums
is no modest
publication outlining one of the crafts of Egypt, but is
a comprehensive study of the style, structure, and
iconography of each tapestry from the G
AYET
collections considered in the cultural context of Late
Antique and early Christian Egypt. H
OSKINS
has
painstakingly documented her research, and, in the
words of
Íawdat Íabra
, former director of the Coptic
Museum in Cairo, she has produced, in
The Coptic
Tapestry Albums
, “
one of the most exciting
archaeological detective stories
.”
The first part of the book provides a valuable
historical record of Graeco-Roman cities in Egypt,
where pagan gods were worshipped even while
Christianity was taking root. It was at this time that the
fragments found in the city of Antinoe were woven.
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
47
H
OSKINS
reviews the career of Albert G
AYET
, a
charismatic French archaeologist (1856-1916), who
unearthed a vast number of textiles in successive seasons
and staged stunning exhibitions of the fabrics in Paris.
A large number of the textiles then went on public sale,
and one private collector, Henry B
RYON
, had his 144
fabrics bound into two albums, which are featured in
H
OSKINS
’ book. This was an era, of course, when
there was no control of Egyptian antiquities, and when
sites were opened up and objects taken abroad without
their provenance being recorded. At that time burial
grounds were left to the mercy of grave-robbers who
were well aware of the value placed on such objects in
the Western world, and they were ruthlessly pillaged.
Coptic weaving and embroidery terms and
techniques, as described in the second part of the book,
reveal the depth of H
OSKINS
’s study into ancient and
late antique fabrics — techniques and dating, material
and methods, with special mention of the specific
techniques of Coptic weavers. Finally, part three of
The
Coptic Tapestry Albums
comprises a catalogue of the
theme, style and structure of various textiles that the
author has studied from published collections,
personally examined, and compared with mosaics,
sculptures, frescoes and manuscript paintings of the
piece under review. H
OSKINS
provides an author-date
system of documentation that makes Coptic tapestries
easily accessible, and has created a glossary of technical
terms that will doubtless become standard.
Had H
OSKINS
been a resident of Egypt she
might have noted, in villages like Qurna on the Theban
necropolis,
A≈mîm
in Upper Egypt, and
Kirdæsa
,
Îarraniyya
and
WîÒæ WæÒif
near
Íîza
, that Coptic
weavers are still producing tapestries and textiles. Like
the painting of icons, and the illumination of
manuscripts, weaving is part of a living culture that
endures to the present day. One has only to look closely
at the working methods of contemporary weavers,
analyse the type of material they use, the methods they
employ, and the geometric and floral patterns that
dominate the greater part of their work, to note that
they are, with few exceptions, much like those of the
ancient past. Thread is spun on a rudimentary spinning
wheel and weavers work at an archaic loom, throwing
the shuttle back and forth to produce designs of local
lore or representations that describe an environment
that is not so different from themes produced in earlier
times. Such continuity could have been made clear in
the introduction, rather than identifying a “
Coptic
Period
” as covering “
centuries in Egyptian history
between the time of the Pharaohs and the Muslim
rulers
”. This beautifully bound and produced
publication
will
delight
historians,
weavers,
archaeologists and the lay public alike. It has been
selected as one of the best textile books of 2004 by the
Textile Society of America. (Jill K
AMIL
, “A tapestry of
Coptic history”,
Al-Ahram Weekly
du 25 mai 2006).
- -
Internet, télévision & CD-ROM
Frustrated with the poor quality of many
websites dealing with ancient Egypt, a professor at the
University of California has decided to create a massive
online encyclopedia devoted solely to Egyptology.
Willemina W
ENDRICH
, a professor of Egyptian
archaeology, had watched in dismay as the best resource
for her subject, a seven-volume encyclopedia in German
got more and more out of date because of the
prohibitive cost of updating it. Meanwhile, her
students at the University of California, Los Angeles
(UCLA) were doing research for papers on the Internet,
and being led astray. «
The Web has a lot of wonderful
information and a lot of horrible information
», she told
Reuters
in a telephone interview. The UCLA
Encyclopedia of Egyptology, which will go online in
2008, will be peer-reviewed and will update constantly
when there are new discoveries, said W
ENDRICH
.
(“Online Encyclopedia of Egyptology”,
Egyptian Mail
du 29 avril 2006. Voir également « Une encyclopédie
électronique sur les pharaons »,
al-AÌrær
du 10 mai).
- -
La ville de Louqsor prépare actuellement le
tournage d’un documentaire intitulé
Une nouvelle vie
,
qui retrace l’histoire du transfert des habitants de
Qurna, qui résident au-dessus des tombes pharaoniques
de la rive West de Louqsor, vers la ville
al-™ærif
en cours
de construction dans le cadre du réaménagement de la
ville de Louqsor. Le président du Conseil suprême de
Louqsor, Dr
Samîr FaraÏ
, a chargé le romancier
AÌmad Fu’æd Íuwaylî
d’écrire le scénario de ce
documentaire. [...] Le film exposera comment les
habitants de Qurna envisagent leur déménagement vers
une nouvelle ville moderne qui possède toutes les
facilités pour eux-mêmes et pour leurs enfants. (
A‡raf
Mufîd
, « Louqsor réalise un documentaire sur le
transfert des habitants de Qurna »,
al-Ahræm
du 30
octobre 2006).
Cet effet d’annonce cache mal l’ampleur de
la contestation nationale et internationale soulevée
par ce projet de transfert forcé des populations :
La
crise s’est intensifiée entre l’Unesco et le Conseil
Suprême des Antiquités (CSA) au sujet des habitations
du village de Qurna que l’Unesco souhaite préserver et
que le CSA s’obstine à vouloir raser afin d’y lancer des
fouilles archéologiques. Le directeur du World
Heritage Centre de l’Unesco, Francesco B
ANDARIN
, a
affirmé que les maisons de Qurna font partie des six
sites égyptiens inscrits sur la Liste du patrimoine
mondial. Cette crise a pris un nouveau tournant lorsque
les membres des Conseils municipaux de Louqsor ont
officiellement annoncé leur solidarité avec la position
de l’Unesco. Le président du Conseil,
MuÌammad
Íamîl
, a souligné que les membres du Conseil rejettent
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
48
les allégations du gouvernement égyptien qui accuse les
habitants de Qurna de pillage archéologique. Il a
affirmé que ceux qui résident au-dessus des zones
archéologiques sont les véritables protecteurs de ces
monuments. Enfin, il a appelé à la préservation des
habitations et à l’amélioration du cadre de vie de ses
occupants. [...] L’Unesco a décidé l’envoi à la fin du
mois d’une commission d’enquête et d’évaluation.
(
ÎaÏÏæÏ Salæma
, « Intensification de la crise entre
l’Unesco et le CSA à cause des habitations de Qurna »,
al-Wafd
du 19 juin).
Transférer 1 397 familles composées de
7 388 individus n’est certes pas une mince affaire.
Mais, malgré les difficultés insurmontables d’un tel
projet, le président du Conseil suprême de la ville de
Louqsor, Dr Samîr F
ARAG
, se veut optimiste et
confiant. Il prétend que
«
quiconque ne souhaite pas
être transféré restera là où il est à Qurna. Car nous ne
forcerons personne à déménager contre sa propre
volonté
».
Contrairement au Dr H
AWWÂS
qui qualifie
les habitants de Qurna de vandales et de pilleurs de
tombes, M. F
ARAG
affiche plus de respect envers
ceux-ci :
«
les habitants de Qurna sont naturellement
soucieux de préserver les monuments qui constituent leur
gagne pain. Ils sont donc concernés par la sauvegarde de
ce patrimoine
».
Pour parvenir à ses fins, Samîr F
ARAG
vante les mérites de la ville nouvelle d’al-Târif dont
le coût de création s’élève à 150 millions de livres et
qui
«
comptera 4 300 unités d’habitation, une mosquée,
un centre de loisir pour les jeunes, quatre salles
polyvalentes, une centrale téléphonique, une poste et un
commissariat
».
En homme politique chevronné, M.
F
ARAG
sait également manier l’arme de la
persuasion. Il n’hésite pas à mobiliser les notables
de Louqsor, comme le shaykh Muhammad al-Tayyib,
président de l’Université al-Azhar. En effet, celui-ci
jouit d’une grande respectabilité et d’un crédit moral
important auprès des populations locales.
(
Îasan
©Abd al-MawϺd
, «
Samîr FaraÏ
: nous n’obligerons
personne à déménager »,
A≈bær
al-Adab
du 9 avril.
Voir également
MuÌsin ͺd
, « Lancement de la
deuxième phase du projet de développement de
Louqsor »,
al-A≈bær
du 9 mars ;
©Abîr al-∆amarænî
,
« Les habitants de Qurna ont rendez-vous avec le village
al-™ærif
»,
al-Ahræm
du 23 avril ;
AÌmad ©A†iyya
, « Les
villas
d’al-™ærif
attendent les habitants de Qurna »,
A≈bær al-Yawm
du 24 juin).
- -
Le secrétaire général du CSA, Dr
Zæhî
Îawwæs
, a invité la célèbre présentatrice américaine
Oprah W
INFREY
à visiter l’Égypte.
Îawwæs
et
W
INFREY
ont assisté à la cérémonie récemment
organisée à New York par le
Time
Magazine, à
l’occasion de leur nomination parmi les cent
personnalités les plus influentes au monde.
Îawwæs
a
déclaré qu’Oprah W
INFREY
n’a pas décliné son
invitation et qu’elle compte se rendre en Égypte au
moment qui lui convient le mieux. Pour l’allécher, le
Dr
Îawwæs
a proposé de lui
confier
l’exclusivité
de
l’annonce d’une découverte
archéologique importante à
Saqqæra
. [...]
Îawwæs
a
souligné que la venue en
Égypte d’Oprah W
INFREY
contribuerait largement à
focaliser les regards du
monde entier sur Le Caire,
notamment si elle traite dans
son émission célèbre les
découvertes archéologiques qui suscitent l’intérêt du
monde entier. (
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Invitation
pharaonique pour la plus célèbre animatrice
américaine »,
al-AÌrær
du 24 mai 2006).
- -
Le directeur général du Musée Égyptien, Dr
Wafæ’ al-∑iddîq
, a révélé que la première chaîne de la
télévision allemande tourne, pendant trois semaines, un
documentaire sur l’histoire du Musée Égyptien. Dr
al-
∑iddîq
contribue à l’élaboration de la matière
scientifique de ce film. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
,
« Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 21 février
2006).
- -
D i s c o v e r y C h a n n e l &
K V 6 3
Dans une nouvelle manifestation de l’absence
de coordination entre les ministres égyptiens de
l’Information et de la Culture, le secrétaire général du
CSA, Dr
Zæhî Îawwæs
, a signé un contrat
d’exclusivité avec Discovery Channel pour filmer la
tombe KV63, récemment découverte à proximité de
celle de Toutankhamon.
Îawwæs
a déclaré à
Reuters
qu’en vertu de ce contrat, Discovery Channel détiendra
le droit exclusif de filmer cette tombe et de vendre aux
autres chaînes internationales qui le souhaitent le droit
de diffusion de ce documentaire.
Zæhî Îawwæs
n’a pas
précisé si l’Union égyptienne de radiodiffusion et de
télévision (ERTU) aura une part du gâteau. Par ailleurs,
le directeur du Discovery Channel a souligné que les
découvertes archéologiques réalisées en Égypte
représentent l’épine dorsale de la chaîne américaine.
C’est pourquoi, «
nous nous battrons pour pouvoir
continuer à diffuser et à tourner des films dans KV63.
Nos téléspectateurs seront toujours aux premières loges
pour toute découverte dans le monde entier
».
Sayyid al-fla∂bæn
a commenté ce contrat en
déplorant que l’ERTU ne réserve pas un traitement
honorable à la Culture. Malgré le grand nombre de
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
49
chaînes culturelles égyptiennes, leurs taux d’audience
sont faibles à cause de leur manque de moyens en
comparaison avec Discovery Channel. Il a ajouté que
«
ce contrat priverait la Télévision égyptienne de
plusieurs millions de livres de recettes. Pourtant, je
soutiens ce contrat à 100 %, car Discovery Channel
respecte réellement ses téléspectateurs
».
al-fla∂bæn
a
mentionné un antécédent fâcheux avec l’ERTU.
«
Discovery Channel a produit un documentaire sur le
Nil qui a été sous-titré en arabe. La chaîne américaine
avait offert ce programme gratuitement à la Télévision
égyptienne. Mais, celle-ci a refusé le cadeau sous prétexte
que le documentaire est trop long
». La Télévision
égyptienne est «
morte
» depuis de longues années.
«
Pour cette raison, je soutiens le contrat passé avec
Discovery Channel, malgré ses inconvénients !
».
(
Amîra AÌmad
, « Discovery Channel détient
l’exclusivité sur une découverte archéologique
égyptienne... au grand dam de l’ERTU »,
al-Dustºr
du
29 mars 2006).
Bien entendu, le secrétaire général du CSA
récuse ces accusations et donne une version
contradictoire des faits :
« [...] Immédiatement avant
l’annonce de la découverte, j’ai contacté le président du
secteur de l’information à l’Union égyptienne de
radiodiffusion et de télévision (ERTU),
©Abd al-La†îf
al-Minæwî
. Celui-ci a dépêché une équipe égyptienne à
Louqsor, afin de filmer intégralement la tombe. J’ai
effectivement fait entrer l’équipe de tournage de
l’ERTU à l’intérieur de KV63 avant tout autre équipe
étrangère. C’est ainsi que la Télévision égyptienne était
la première à annoncer la découverte. Mais, lorsque j’ai
constaté que les chaînes de télévision internationales
souhaitent réaliser un documentaire sur cette tombe,
nous avons lancé une adjudication. La concurrence s’est
jouée entre le National Geographic Channel et
Discovery Channel. C’est cette dernière qui a présenté la
meilleure offre : 175 mille dollars. Discovery Channel a
donc obtenu l’exclusivité de tournage. Néanmoins, le
CSA a conservé le droit d’autoriser n’importe quelle
équipe égyptienne ou étrangère à filmer à l’intérieur de
KV63. Nous avons tenu également à ce que le contrat
avec Discovery Channel stipule la cession d’une copie
du documentaire à la Télévision égyptienne.
Autrement dit, l’ERTU a eu le droit de diffusion du
film sans débourser un fifrelin. Malgré tout cela, nous
continuons à faire l’objet de critiques, sans que je sache
réellement pourquoi ». (
Zæhî Îawwæs
, « La
Télévision égyptienne et Discovery Channel dans la
vallée des Rois »,
al-Ahræm
du 29 avril. Voir également
Amæl ©Abd al-Salæm
, « 175 mille dollars pour filmer la
nouvelle tombe »,
al-A≈bær
du 31 mars).
- -
E g y p t i a n A n t i q u i t i e s
I n f o r m a t i o n S y s t e m s :
T h e G u i d e t o t h e
M o n u m e n t s o f a l -
S h a r q i y y a
“
The Guide to the Monuments of
al-Ωarqiyya
is
the first volume of the Encyclopaedia of Historical Places
in Egypt
,”
Zæhî Îawwæs
, Secretary-General of the
SCA, told the
, adding that “
the encyclopaedia is
being produced by the Egyptian Antiquities Information
Systems (EAIS), a project launched by the Supreme
Council of Antiquities (SCA). The
al-Ωarqiyya
guide, in
English and Arabic, covers 126 registered monumental
sites in the Governorate, which date to the prehistoric
period, the Pharaonic era, the Roman age and other eras.
It also includes a CD with information about each site in
alphabetical order
,”
Îawwæs
added. The guide is
“
derived from the data compiled through continuous
cooperation between various local and international
bodies
,” he stressed, explaining the “
the SCA will
compile similar databases for the monumental sites in
every Governorate, which will be forwarded to all the
concerned local and international bodies
.”
“
The EAIS project began in 2000
,” the
Executive Director of the EAIS,
NaÏîb Amîn
, told this
paper, noting that the project involves cooperation
between the SCA and a number of other bodies,
including the Finnish Foreign Ministry and Finland’s
Environment Institute, with a grant from the
Government of Finland. “
The data produced by the
EAIS are updated continuously
,” he added, explaining
that case studies within the project have included
Luxor, the historical Turkish district of Alexandria,
Islamic buildings in Rosetta and monuments in Nubia.
“
The
al-Ωarqiyya
guide is divided into a number of
sections — one on every administrative area of the
Governorate, with the history of each monumental site,
as well as information about what it contains and the
climatic, biological and human threats, such as
construction and agricultural activity
,”
©Azza al-
Ωawarbî
, the General Manager of the project, told the
. She added that there was also information about
the Egyptian and foreign missions that have worked on
each site and other administrative information, such as
the legal status of the sites, for example whether they are
safeguarded by the Antiquities Protection Law and
whether they are owned by the SCA. “
The
al-Ωarqiyya
guide also includes recent photos of the sites, as well as
various satellite and ordinary maps
,”
©Azza
continued.
“
The EAIS has helped to ensure professional
management of these sites in order to boost tourism
,” she
stressed, noting that it has also secured “
modern,
accurate maps, which will help increase awareness of
Egypt’s cultural heritage
.” (Hassan S
AADALLAH
,
“Encyclopaedia of Historical Places debuts”,
Egyptian
du 10 juin 2006. Voir également
Amænî ©Abd al-
Îamîd
, « Première carte des sites archéologiques en
Égypte ! »,
al-MuÒawwar
du 20 janvier ; Hassan
S
AADALLAH
, « Achèvement de la 1
ère
partie de
l’encyclopédie des sites historiques égyptiens »,
Progrès
T H È M E S G É N É R A U X
BIA XXXIII
— janvier/juin 2006
50
Dimanche
du 4 juin ; Nesrine C
HOUCRI
, « La
technologie de pointe au service de la documentation
du patrimoine égyptien »,
Le Progrès Égyptien
du 8
juin).
- -
Momies
3
Le ministre de la Culture,
Færºq Îusnî
, inaugure
fin janvier 2006 la
seconde salle des momies
aménagée au sein du Musée Égyptien
. Le
directeur général du Musée Égyptien, Dr
Wafæ’ al-
∑iddîq
, a déclaré que la salle 52 regroupera douze
momies en bon état de conservation, à l’exception
de quatre momies en cours de restauration. Les
momies royales qui y seront exposées ont été
découvertes à
Dayr al-BaÌarî
. Elles étaient
entreposées dans les réserves du Musée Égyptien
depuis des dizaines d’années. Les momies datent
de la XVIII
e
à la XXI
e
dynasties. Elles regroupent
celle de Thoutmosis 1
er
, Thoutmosis III,
Amenhotep II, Ramsès III, Ramsès IV, Ramsès V,
Pinedjem
II,
Maâtkarê
et
Hénouttaouy.
(« Exposition de douze nouvelles momies au
Musée Égyptien »,
al-MaÒrî al-Yawm
du 11 janvier
2006. Voir également
MuÌammad Mandºr
,
« Une seconde salle des momies sera inaugurée
prochainement au Musée Égyptien »,
al-Qæhira
du
3 janvier ; Hassan S
AADALLAH
, “A new home for
mummies”,
The Egyptian Gazette
du 4 janvier ;
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Exposition de douze
momies dans une nouvelle salle du Musée
Égyptien »,
al-AÌrær
du 10 janvier).
3
Le laboratoire d’anthropologie du Conseil Suprême
des Antiquités a fixé les caractéristiques techniques
des appareils installés dans les salles d’exposition des
momies de
l’entrepôt muséologique de
Kom
U‡îm
et de
l’oasis de
BaÌariyya
. (
Lu©ay MaÌmºd
Sa©îd
, « Musées et Antiquités »,
al-Qæhira
du 2
mai 2006).
3
L’inspectorat de l’oasis de
BaÌariyya
a soumis les
momies
présentes dans les tombes de
Ωay≈ Sºbî
et
celles du
musée de
BaÌariyya
à un
traitement
antifongique
. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
, « Musées et
Antiquités »,
al-Qæhira
du 9 mai 2006).
3
L’inspectorat
d’Ismæ©îliyya
a examiné quatre
momies pour déterminer la nature des parasites
dont elles sont victimes et fixer le traitement
adéquat. (
Lu©ay MaÌmºd Sa©îd
, « Musées et
Antiquités »,
al-Qæhira
du 16 mai 2006).
- -
M o m i e p r é s u m é e
d ’ H a t c h e p s o u t
Des experts du Conseil Suprême des
Antiquités effectueront la semaine prochaine quelques
recherches et comparaisons entre la plus ancienne
momie royale découverte en 1906 par Howard
C
ARTER
et le sarcophage conservé actuellement au
Musée égyptien du Caire attribué à la reine
Hatchepsout. La momie a été acheminée par avion de
Louqsor vers le Musée Égyptien où elle sera examinée.
Le directeur des Antiquités de Haute-Égypte,
©Alî al-
AÒfar
, a déclaré que les archéologues sont persuadés
qu’il s’agit d’une momie «
royale
» à cause de certains
indices comme la position des bras sur la poitrine et les
bandelettes en lin. (
™æha ©Abd
al-RaÌmæn
, « Les
archéologues examinent une momie royale au Musée
Égyptien »,
al-AÌrær
du 25 mai 2006. Voir également
©Alæ© ©Abd al-Hædî
, « La reine Hatchepsout au
Caire »,
al-A≈bær
du 24 mai ;
AÌmad al-NaÏmî
, « Le
mystère de la disparition soudaine d’Hatchepsout »,
al-
MuÒawwar
du 2 juin).
The Supreme Council of Antiquities is using
CT scans to examine two mummies found by Howard
C
ARTER
in a bid to ascertain whether one of them is
that of Queen Hatshepsut. The second mummy has
recently arrived from Luxor, joining the first one,
which has been resting on the third floor of the
Egyptian Museum for the past few years. According to
a study conducted by International Geographic
Association, one of the mummies might be Queen
Hatshepsut and the other her maidservant. By using CT
scans, scientists will be able to pinpoint the method of
mummification and the material used and hence the
era they date from. (Hassan S
AADALLAH
, “It could be
a queen... ”,
Egyptian Mail
du 17 juin. Voir également
∑aÌar MaÌmºd
, « Va-t-on vers la découverte de la
momie de la reine Hatchepsout ? »,
al-Qæhira
du 13
juillet).
-
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