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Les vraies origines de Noël et du Père Noël
Par Quentin Domart
15/12/2004 • 16h23
Rendons à César, aux Anglais, aux Turcs et à Coca-Cola et un peu aux Scandinaves, tout de même, ce qui leur revient et, désormais, nous appartient.

Rendons Noël à César !

Si Nöel tombe le 25 décembre, c’est en partie grâce à Jules César. Dans la Rome Antique, bien des années avant la naissance de Jésus de Nazareth, la fin de l’année solaire - le solstice d’hiver - était l’occasion de grandes célébrations vouées au culte du dieu des semailles et de la fertilité, Saturne. Les Saturnales se déroulaient ainsi du 17 au 24 décembre, le jour le plus court de l’année étant le 21. - On trouve aussi trace de festivités similaires, à la même période de l’année, dans les rites teutons, germaniques et celtes, et notamment chez les Scandinaves, qui en plus de la fertilité, célébraient les morts. - Lorsque César réforma le calendrier lunaire alors en vigueur, pour un calendrier solaire, (dit calendrier julien et servant de base à notre calendrier actuel), le solstice fut improprement fixé au 25 décembre...

Dans les années qui suivirent, un autre culte n’allait pas tarder à s’imposer à Rome : le mithraïsme. Ses adeptes considéraient le dimanche comme sacré, et célébraient la naissance de Mithra, dieu du soleil invaincu (Sol invictis), le jour supposé du solstice, soit le 25 décembre. Les premiers Chrétiens célébraient de leur côté la naissance de Jésus au moment de l’Épiphanie - visite des Rois mages Balthazar, Melchior et Gaspard -, le 6 janvier. Ce n’est que plus tard, lorsque l’empereur Constantin choisit le christianisme comme religion officielle (IVème siècle), que fut choisie la date du 25 décembre.

Christianisme contre paganisme

Dès lors, notamment sous les recommandations de Saint Agustin, les convertis se devaient "de ne pas adorer ce jour là le soleil, mais celui qui l’a créé". "L’église chrétienne a superposé sa fête de la nativité sur la célébration païenne", explique dans ses ouvrages (cf memo) Martyne Perrot, sociologue au CNRS ; mais on y retrouve "les mêmes symboliques de la lumière au cœur de l’hiver et de l’offrande à la génération qui va suivre". Hormis la messe, de nombreux détails rappellent encore aujourd’hui les rites païens : le sapin, la bûche, le gui, les cadeaux... et il subsiste un débat sur l’éthymologie même du mot "Noël". Proviendrait-il en effet du gaulois, par la contraction de noio (nouveau) et de hel (soleil), ou du latin natalis (la natalité) ?

Dans tous les cas, pour Martyne Perrot, ce n’est qu’au 19ème siècle, que la fête de Noël a pris le sens qu’on lui donne aujourd’hui : une fête de la famille et de l’enfant, devenue à la mode (tout comme le sapin) dans la bourgeoisie anglaise à l’époque de la reine Victoria.

Rendons aussi Coca-Cola ce qui lui revient

La tradition des cadeaux aurait une origine antérieure à la société de consommation, voire au système marchand... En Europe du Nord, de la Scandinavie à la Suisse en passant par l’Allemagne, de nombreuses légendes font référence à Hellequin - un cavalier juché sur un baudet -, pour qui la nuit du solstice était l’occasion de récompenser les enfants sages et de punir les ingrats ou les désobeïssants. Comment ne pas rapprocher ce personnage du succès de Saint Nicolas dans ces régions ? Ce dernier, évêque au IVème siècle dans le sud de la Turquie actuelle, et mort un 6 décembre, est en effet devenu le saint patron des enfants, les récompensant ou les blâmant chaque année à la même date...

Après la Réforme protestante (1560), seul un saint catholique sera toujours fêté aux Pays-Bas : saint Nicolas ou "Santa Klaas", qui deviendra "Santa Claus" en même temps que "New Amsterdam" devenait "New-York". Le Père Noël prendra ensuite les attributs de celui que l’on connaît : ventripotent, joufflu et jovial, survolant la nuit de Noël (et non plus celle du 6 décembre) dans un traineau tiré par huit rennes, et ayant troqué la mitre verte contre un bonnet rouge, sous la plume d’un pasteur new-yorkais, Clement Moore (1821/1823) (cf lien en memo) ; puis grâce au coup de pinceau de Thomas Nast (1863). Ce dernier situa même sa résidence au Pôle Nord, ce que nos voisins Scandinaves, au premier rang desquels les Finlandais, contesteront par la suite. En 1931, Coca-Cola fait alors appel à Haddon Sublom, dont les publicités feront le tour du monde (cf lien en memo). Si ce n’est pas la multinationale qui a façonné ce personnage, tout du moins a-t-elle contribué à sa notoriété planétaire.

En savoir plus :

Poème original du 19°

Infograhie : père noël de 1931 et pubs coca

Martyne Perrot : Ethnologie de Noël, Grasset, 2000 et Sous les images, Noël, Le Seuil, 2002.