Premier procès international d'un responsable Khmer rouge

par Rédaction de France Info mercredi 2 novembre 2011 00:00
Radio France © REUTERS / Tang Chhinsothy

Trente ans après la chute des Khmers rouges, un tribunal à participation internationale commence à juger un des responsables présumés des atrocités commises à la fin des années 70 au Cambodge, au nom d'une révolution communiste.

Nom de code "Douch". Kaing Guek Eav, 66 ans, sera le premier à comparaître devant une cour spéciale, (les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens), parrainée par les Nations unies à Phnom Penh et qui enquête depuis 2006 sur les violences de masse qui ont fait quelque deux millions de morts entre 1975 et 1979 au Cambodge.

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Ancien commandant du principal centre de torture du régime des Khmers rouges, "Douch" est formellement accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de meurtres avec préméditation. Arrêté en 1999 par les autorités cambodgiennes après avoir été démasqué par un journaliste, "Douch" a été transféré en 2007 vers le tribunal spécial de Phnom Penh. Il risque au maximum la réclusion à perpétuité, la cour ayant exclu la peine de mort.

Cet ancien professeur de mathématiques converti au christianisme dirigeait la prison de Tuol Sleng, connue également sous le nom de camp S-21, un centre d'interrogatoires établi dans un ancien lycée de Phnom Penh où plus de 12.380 personnes ont été torturées avant d'être exécutées sur les "killing fields" (champs de la mort, décrits dans le film "La déchirure"), dans le cadre de vastes purges organisées par l'équipe du dictateur Pol Pot.

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Selon son avocat français François Roux, l'homme a déjà assumé ses responsabilités et a demandé pardon à ses victimes.

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Le régime des Khmers rouges a fait régner la terreur au Cambodge il y a plus de trois décennies, vidant les villes au profit des campagnes, exténuant la population par le travail forcé et éliminant systématiquement tous les intellectuels, "traîtres à la Révolution".

Quatre autres responsables au profil plus politique du régime de Pol Pot, lui-même décédé en 1998, seront jugés à des dates ultérieures, qui n'ont pas encore été fixées : le "Frère numéro 2" Nuon Chea (82 ans), idéologue et ex-bras droit de Pol Pot, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ieng Sary (83 ans) et son épouse Ieng Thirit (76 ans), ainsi que l'ex-chef d'Etat Khieu Samphan (77 ans). De nombreux Cambodgiens redoutent que ces quatre dignitaires du régime Khmer rouge ne meurent avant que justice ne soit rendue.

L'audience préliminaire d'aujourd'hui fixera certaines procédures, les débats au fond concernant "Douch" n'étant pas prévus avant la deuxième moitié du mois de mars.

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Franck Cognard, Anne Jocteur Monrozier