Le 14 février 2010 à 14h09

En vidéo : le plus grand poisson du monde surpris par des paparazzi

Par Grégoire Macqueron, Futura-Sciences
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Pour la première fois, le « roi des harengs » (Regalecus glesne) a été observé dans son environnement naturel. Il a été filmé par deux fois, une fois par l’équipage d’un submersible à 496 m de profondeur, l’autre par un ROV (robot télé-opéré) à 829 m. Un autre poisson des profondeurs peu connu a lui aussi été capturé par les caméras.

C’est dans le cadre du Serpent project que l’équipe de Mark Benfield du Département d’Océanographie et des Sciences du Littoral de la Louisiana State University a capturé ces images dans le Golfe du Mexique.

On sait peu de chose sur cette espèce étrange. Les individus observés sont en général mourants, au mieux échoués sur la plage ou pris dans les filets. Parfois, il arrive qu'ils soient aperçus en surface. L'apparence impressionnante de ce poisson, un long ruban blanc qui peut atteindre les 17 m coiffé de rouge, aurait sûrement alimenté les légendes de serpents de mer. Chondrichtyens (poissons cartilagineux) mis à part, le régalec (Regalecus glesne) est le plus long des poissons.

Au début, les scientifiques ont cru que cette barre blanche verticale de 5 à 10 mètres était un tuyau échappé de la plateforme pétrolière, quelques centaines de mètres au-dessus d’eux. Puis, en y regardant de plus près, ils se sont rendu compte de qui il s’agissait.


Un serpent de mer géant filmé à plusieurs centaines de mètres sous l’eau. © Discovery Channel on Youtube

Le ROV l’a suivi pendant 5 minutes avant de reprendre sa mission originale. Selon Mark Benfield, c’est la première fois qu’un régalec est observé à de telles profondeurs, même s’il y a eu un possible contact en 2007 à 765 m sous la surface. Le scientifique a pu observer sa nage verticale, ainsi que les mouvements ondulatoires de sa nageoire dorsale. Ces mouvements lui ont permis d’effectuer une nage arrière à « une vitesse fort honorable ».

Bonne pêche pour les paparazzi

Les scientifiques ont aussi observé deux caristiidés, des poissons des profondeurs, dans leur habitat naturel. Encore une fois, c’est une première, ces poissons étant généralement retrouvés morts et en très mauvais états dans les filets de pêche. Cette observation a été reportée dans la revue Copeia.

Dessin de caristiidé
Un caristiidé de l’ordre des perciformes auquel appartiennent le mérou et la perche. © FAO CC by-nc

Ces deux individus, a priori des Paracaristius sp, ont révélé de très bonnes capacités de nageur. Ils se sont montrés capables de contrôler avec précision leur locomotion et leur posture, grâce notamment à leurs nageoires pelviennes (paire de nageoires ventrales) déployées en parachute.

Ces capacités pourraient découler de leur régime alimentaire. Un individu a en effet été observé en train de se nourrir d’un siphonophore. Les siphonophores sont des colonies de cnidaires et ont, comme leurs congénères méduses et coraux, des cellules venimeuses (les cnidoblastes). Une bonne locomotion évite donc de cuisantes expériences.

Mark Benfield espère qu’à l’avenir le projet Serpent, dirigé par le National Oceanography Centre de Southampton (Nocs), mettra en place un dispositif d’observation en eaux profondes avec des ROV.

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Le <em>Regalecus glesne</em>, alias régalec, alias ruban de mer, alias roi des harengs. © <em>World Register of Marine Species</em> CC by-nc-sa
Le Regalecus glesne, alias régalec, alias ruban de mer, alias roi des harengs. © World Register of Marine Species CC by-nc-sa