l'Auteur
Jimmy Peguet
Né en 1954, responsable d'un atelier de fabrication de cadres dans
l'Indre. Photographe spécialisé en chambre grand format. Passionné de
tirage platine par contact.
4 rue des Minimes, 36100 Issoudun.
Tél 02.54.21.30.88
mail : jimmy.peguet(antispam)wanadoo.fr
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Comparatif entre les spotmètres
Sekonic L-508 et Pentax digital (modifié Zone VI)
Photo 1 : Le Sekonic et le Pentax. La sérigraphie
de mon Sekonic est bien fatiguée
Le spotmètre est un accessoire
quasi-indispensable en grand format et avec les appareils de format
inférieur lorsque ceux-ci ne possèdent pas de système de mesure
intégré. Ce petit article va comparer deux des spotmètres les
plus courants sur le marché, le Sekonic L-508 et le Pentax digital,
ce dernier ayant subi une modification Zone VI. L’article
portera essentiellement sur les différences ergonomiques et l’agrément
d’usage, les rapides comparaisons de mesure à la fin n’ayant évidemment
aucune valeur scientifique. On me demande assez fréquemment si la
modification Zone VI est encore possible aujourd’hui, on trouvera
donc également en fin d’article les indications et adresses nécessaires
pour l’envoi et la modification du Pentax aux USA, ainsi que le coût
de cette modification.
Je travaille avec le Sekonic L-508 depuis trois ans sans aucun
problème.
Le spotmètre assure la mesure en lumière réfléchie sur un
angle variable de 1° à 4°, la mesure incidente (à l’aide
d’une classique demi-sphère rétractable et orientable), et fait
fonction de flashmètre, connecté ou non, avec cumul des éclairs.
Je ne m’étendrai pas sur la mesure incidente, ni sur le mode
flashmètre, que j’utilise peu, pour seulement commenter le mode
spotmètre.
Un rapide tour d’horizon : l’appareil est bien
construit, le corps est entouré d’un grip caoutchouc agréable.
Il dispose d’un bon écran LCD qui s’éclaire automatiquement en
bleu en basse lumière, ce qui est bien pratique. Il affiche très
clairement tous les paramètres, ainsi qu’une échelle analogique
des diaphragmes. Il est possible de choisir l’affichage, avec
priorité au diaphragme (lequel s’affiche en clair par 1/10ème)
ou à la vitesse. Je trouve généralement que l’affichage en EV
est le plus pratique. Les paramètres se modifient par une molette
sans fin en façade. L’appareil peut mémoriser trois mesures et
faire la moyenne de celles-ci (j’avoue que je ne m’en suis
jamais servi en pratique). On peut également mesurer le contraste.
On peut mémoriser deux sensibilités de film différentes, et
appeler la seconde simplement en appuyant sur un bouton, si, par
exemple, on fait des essais au Pola. D’autres options
d’affichage (en EV, par exemple) sont activables par
micro-switches dans la trappe de pile. On peut programmer des
corrections d’exposition de + à - 9.9 EV par 1/10ème de
diaphragme. L’appareil dispose d’une prise de synchro flash,
d’un écrou de pied, d’une sortie pour sonde. L’alimentation
se fait par une pile AA, celle-ci se coupant au bout d’un moment
(en voyage, compter une petite semaine de durée de vie de la pile
en utilisation légère). Le spotmètre est étanche au
ruissellement. La mesure va de l’EV 3 à l’EV 19.9 par 1/10ème
de valeur en lumière réfléchie, et de -2 à 19.9 en incidente.
L’appareil coûte (janvier 2002) aux alentours de 640 euros TTC.
En pratique : la prise en mains est excellente, la visée
est claire et agréable, quoiqu’un peu étriquée, le cercle de
mesure est très clairement défini. Il faut penser à choisir le
mode, réfléchi ou incident, à l’aide d’un curseur
concentrique à l’oculaire. Je me demande depuis le début à quoi
peut bien servir le viseur zoom. Un des principaux défauts de
l’appareil (auquel on se fait par ailleurs très bien) : la
mesure n’est pas rappelée dans le viseur (ceci a été modifié
sur le 608, plus récent et plus cher), il faut sans cesse faire
l’aller-retour entre viseur et écran. En ce qui me concerne, la
plupart des options, moyenne, etc..., ne sont que des gadgets. Le défaut
qui m’a le plus gêné est la faible sensibilité en lumière
faible : on arrive très vite à l’EV3 et aux limites de la
mesure.
Le 508 est livré avec un étui de ceinture très pratique en
nylon et une courroie de cou. Le manuel est très bien réalisé. Un
petit défaut énervant vu le prix de l’engin : le marquage
ne tient pas sur le boîtier et les indications s’effacent (voir
les photos). Défauts mineurs enfin : l’objectif et
l’oculaire ne sont pas protégés des traces de doigts et des
rayures. En ce qui concerne la mesure, je n’ai jamais, passé le nécessaire
temps d’adaptation à l’usage d’un spotmètre, eu de problème.
L’appareil est calé en nette sous-exposition par rapport à
d’autres cellules plus anciennes que j’ai eu l’occasion
d’utiliser.
Avantages : utilisation très simple, précision de mesure,
pile facile à trouver n’importe où. Appareil beaucoup plus
polyvalent que le Pentax à prix équivalent (mesure incidente,
flashmètre). J’imagine qu’on peut classer
l’anti-ruissellement dans les avantages, mais mon Pentax a déjà
mouillé (un peu !) sans dommages.
Défauts : manque de sensibilité en lumière faible,
indications de mesure non rappelées dans le viseur.
En face, la fiche technique du Pentax paraît bien pauvre.
« Digital » signifie que la mesure s’affiche en
chiffres rouges en continu dans le viseur, tout le reste est
analogique, il faut ensuite, comme sur d’autres cellules
classiques, rapporter ce chiffre (en EV pour 100 ISO, toujours,
alors que les EV du Sekonic varient logiquement avec la sensibilité)
en face d’un repère sur l’objectif, on lit alors les couples
diaph/vitesse correspondants. Basique donc, d’autant plus que le
Pentax ne dispose ni de la mesure incidente, ni d’un mode
flashmètre.
C’est un outil rustique : il ne fait qu’une chose, il ne
s’embarrasse d’aucune option ou d’affichage sophistiqués,
mais cette chose, il la fait bien. Il dispose d’un écrou de pied,
et l’alimentation se fait par deux piles SR44 à l’oxyde
d’argent ou l’équivalent en alcalines, qu’on change en dévissant
un classique minuscule bouchon à l’aide d’une pièce de
monnaie. La mesure va de l’EV 1 à l’EV 20. Il dispose sur le
barillet de l’objectif d’une échelle qui indique la différence
de contraste (masquée sur les photos par l’autocollant de zones).
L’appareil est vendu dans sa version non modifiée 634 euros TTC
sur la boutique de
Galerie-photo .
La prise en mains est confortable, l’empreinte des doigts étant
moulée sur la poignée. Le viseur est un peu moins clair, mais
beaucoup plus large que sur le Sekonic, le cercle de visée (1°,
comme sur le Sekonic) très fin, parfois difficile à discerner en
basse lumière. L’oculaire dispose d’une correction dioptrique,
qu’il faut revisser souvent. Les ingénieurs ne se sont pas pris
la tête avec le bouchon d’objectif, qui n’est pas relié à
l’appareil à l’origine, et ne demande qu’à se perdre. Le
mode d’emploi est simple : on vise, on appuie sur le déclencheur,
l’EV s’affiche en rouge en continu, suivi d’un ou deux points
rouges (pour les 1/3 de diaph). Il ne reste qu’à reporter la
mesure sur le barillet de l’objectif. C’est là qu’on se
maudit si on a oublié ses lunettes de presbyte dans la voiture,
parce que les chiffres sont petits, mais petits... Une chose
particulièrement pratique : on peut coller sur le barillet de
l’objectif des repères de zones (voir photo). L’appareil est
fourni avec un ridicule étui de protection et une dragonne. J’ai
fait fabriquer un bon étui de ceinture.
Avantages : facilité d’utilisation, simplicité et clarté,
descend jusqu’à l’EV 1 en basse lumière (en ce qui me
concerne,ce n’est pas un luxe, j’aime assez les lumières
faibles), précision.
Inconvénients : s’il faut en trouver, ce foutu bouchon
d’objectif. Beaucoup moins polyvalent que le Sekonic.
Après l’achat du Pentax, les deux spotmètres ont cohabité un
moment : petit à petit, le Pentax a pris le dessus et ne me
quitte plus : il est simple, il fait ce qu’on lui demande
sans fanfreluches, il trouve sa place naturellement. On a vraiment
une sensation de bon outil simple, qui se fait oublier. Je pratique
surtout le noir et blanc, et en zone system, la simplicité du
Pentax fait merveille. Ce qui n’enlève rien au Sekonic, qui est
lui aussi précis, agréable à utiliser, plus complet et
polyvalent. A noter qu’au départ, le Pentax était réglé en
surexposition par rapport au Sekonic (voir plus loin).
L’encombrement et le poids des deux engins est sensiblement
identique.
La modification Zone VI
Après en avoir beaucoup entendu parler, après avoir lu les
forums de discussion américains, où la plupart des utilisateurs de
Pentax Zone VI ne jurent que par leur cellule, après en avoir
utilisé un durant un petit moment, et, soyons juste, en ayant
certainement des sous à perdre à ce moment-là, j’ai décidé de
faire modifier le Pentax par Zone VI aux USA. En fait, Zone VI
n’existe plus, le nom et les activités ont été rachetées par
Calumet. Je dois d’ailleurs remercier certains participants réguliers
de ces forums américains pour leur courtoisie et leur disponibilité.
Il existe deux possibilités : soit envoyer aux USA pour le
faire modifier un appareil qu’on possède déjà, soit l’acheter
directement modifié. J’ai acheté le mien sur la boutique du site
Galerie-photo, qui ne vendait à ce moment-là que le Pentax
standard. Aujourd’hui, Monsieur Mouton, de Taos Photographic,
propose les deux versions. Le coût de l’envoi et de la
modification reviennent à peu de choses près au même prix que
l’achat du matériel directement modifié. On peut donc préférer
ne pas s’ennuyer et acheter la version directement modifiée, ce
qui doit également simplifier d’éventuels problèmes de
garantie. On peut également acheter directement aux USA chez
Calumet, mais si on tient compte des taxes de douane et de la TVA à
rajouter, je ne suis pas certain qu’on y gagne grand chose.
La modification comporte plusieurs volets :
-
L’échange de la cellule pour une plus performante
- La pose de filtres IR, UV et colorés censés mieux s’adapter
aux films.
- L’amélioration du bafflage pour diminuer le flare et améliorer
la précision.
- Le recalibrage de la cellule.
- La pose d’un autocollant sous l’échelle de mesure (très
pratique, difficile de s’en passer quand on y a goûté) pour
positionner et visualiser les zones.
Pour finir, la pose sur la poignée de l’autocollant « Modified
by Zone VI », pour frimer auprès des copains, qui n’en ont
pour la plupart absolument rien à faire, les cuistres. Ils ont des
multizones sur leurs appareils, eux.
Le tout
coûtant (en novembre 2001) 175 $ plus 22,50 $ de port de retour.
J’ai procédé de la sorte : envoi par la Poste, par avion
en recommandé (environ 10 euros) à Calumet à Chicago, avec mes
coordonnées dans le colis. J’avais au préalable passé un email
pour avoir des précisions et me mettre d’accord avec les Américains.
Les gens de chez Calumet sont courtois et professionnels, tout
s’est bien passé. Ils m’avaient demandé trois semaines de délai.
Trois semaines plus tard, à l’heure près, je recevais un soir un
coup de fil des USA, disant que le travail était terminé et
m’indiquant le montant exact de la facture. Envoi d’un fax
avec les coordonnées de ma carte bancaire, et le spotmètre était
de retour une semaine plus tard. Une semaine de voyage aller, trois
semaines pour la modification, une semaine pour le retour :
cinq semaines pile d’immobilisation. Le spotmètre revient avec la
vieille cellule, pour montrer que l’échange a bien été fait,
avec également une note sur les modifications de calibrage.
J’avais également demandé quelques stickers de zones supplémentaires.
Par email, contacter Debbie Ball : debbie.ball@calumetphoto.com
L’adresse où envoyer le spotmètre :
Calumet, attn repair
1111 North Cherry Avenue
Chicago, IL 60622
Photo 2 : Le Pentax (détail) : sous l'échelle orange des
EV, le sticker avec les zones ajouté par Calumet : la mesure étant évidemment
toujours en V, on positionne comme on veut et on visualise instantanément les
zones. C'est un petit confort extrêmement agréable, aisé à
réaliser soi-même.
En pratique, il est difficile de dire si ça a changé beaucoup
de choses. Ce qu’on voit immédiatement, c’est que le calage a
été modifié: le spotmètre est maintenant réglé pratiquement
comme le Sekonic, en très légère sous-exposition par rapport à
celui-ci. La réponse a changé dans les hautes lumières et dans
les ombres, la différence est assez importante dans les deux cas
par rapport à la version d’origine (j’avais pris quelques repères,
sans avoir alors fait de comparaisons poussées). Je ne vois côté
flare aucune différence flagrante avec le Sekonic.
Une rapide comparaison (attention, rien de scientifique ni de très
précis ici) entre les deux cellules. Sur une charte de gris, la
mesure dans les hautes lumières est quasi-identique. Quand on
descend vers les basses lumières, le Pentax sous-expose d’environ
1/3 de diaphragme, la différence étant parfois un peu plus
importante. En mesurant des couleurs (jaune, orange, rouge, vert,
bleu), le Pentax surexpose d’1/3 sur le jaune dans les hautes lumières.
Dans les EV moyens et bas, il sous-expose d’1/3 quand on mesure
sur les verts ou les bleus. Pas de différence importante donc. En
pratique, pas de grosses différences non plus entre les deux
cellules, c’est pratiquement la même chose. Je retrouve cette
infime sous-exposition générale en noir et blanc par rapport à
mes mesures et traitements habituels. L’autocollant de zones est
un petit plus à l’usage, il est très facile de s’en fabriquer
un (voir photos) pour se simplifier la vie.
Le mot de la fin : tout ça est bien joli, mais finalement,
faire des photos plutôt que des mesures et des comparaisons,
c’est pas mal non plus. Vous ne trouvez pas ?
Quelques liens utiles :
-
Le forum grand format
www.galerie-photo.info/forum
-
Le site de Paul Butzi, qui a écrit un agréable petit comparatif
entre Sekonic 508 et Pentax Z-VI : http://www.butzi.net/reviews/light_meters.htm
dernière
modification de cet article : 2002
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