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Hans Erni – 100e anniversaire

28 novembre 2008 – 1er mars 2009
Tous les jours de 10h à 18h

Hans Erni, l’homme du trait et de l’esprit

Depuis 1989, tous les dix ans ou peu s'en faut, Hans Erni est l’invité de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. L’exposition, qui se veut un hommage à l’artiste lucernois, ouvrira ses portes le 28 novembre. Celui dont en Suisse personne n’ignore l’existence fêtera ses cent ans le 21 février 2009. Et si son âge canonique tient de la performance, n’oublions pas qu’aujourd’hui encore Erni est quotidiennement sur le métier, lucide, actif et combatif.


Chercher le père

Pour Jacques Dominique Rouiller, commissaire de l’exposition, il s’agit d’un réel défi. Impossibilité de résumer 80 ans de création, mais obligation de marquer la différence avec les rétrospectives antérieures. Intime et inédit sont les deux axes de sa présentation. La plupart des œuvres montrées n’ont jamais été vues à Martigny. Elles portent souvent l’empreinte, et jusque dans les paysages, de celui qui fit d’abord un apprentissage d’arpenteur géomètre, puis de dessinateur architecte. Son appétence pour le monde des arts en général est à rechercher dans l’émerveillement procuré par ce père machiniste sur les bateaux du lac des Quatre-Cantons, dessinant dans les marges des livres ou confectionnant de petits animaux pour la plus grande joie de ses sept enfants.
Dans le catalogue de l’exposition, Serge Lemoine, ancien directeur du Musée d’Orsay, désigne Erni comme un des maîtres de l’art abstrait. Quelques toiles non figuratives rappelleront l’extraordinaire précocité du jeune peintre qui, âgé de 25 ans à peine, se presse de rivaliser avec les plus grands: Picasso, Braque, Juan Gris, Calder, Arp, pour n’en citer que quelques-uns. Jean Clair, fraîchement élu à l’Académie française et ancien directeur du Musée Picasso à Paris, termine son article dans le catalogue en voyant Erni désormais repéré dans la nuit, point lumineux d’une constellation fixe, alors que les lumières parasites se sont éteintes…


Paris, Londres, Berlin et au-delà…

Après avoir voyagé dans sa tête, Erni découvre Paris, Londres, Berlin. Autant de points de chute et de séjours rimant avec formation, découvertes et ressourcements. En 1951, Jean Gabus, alors directeur du Musée d’ethnographie de Neuchâtel, l’emmène avec lui lors d’une mission en Mauritanie – en 1971, ils sont au Niger. Par nombre de temperas, de gouaches et de dessins, l’exposition rend compte de ces heureuses parenthèses dans l’œuvre du peintre. Vie quotidienne, artisanat, techniques sont décortiqués par un œil qui les restitue avec précision, grâce et spontanéité. Les carnets d’esquisses ont un caractère intime par essence. Il était urgent de les faire partager en agrandissant ce qu’il faut qualifier de notes de voyages. Pour la démonstration, une quarantaine de dessins restituent des séquences de choses vues lors de déplacements en Afrique, Chine et Inde. Les rapprocher de la bande dessinée ne serait pas fortuit. De 1958 à 1964, Erni est directeur artistique d’une publication à caractère encyclopédique pour le compte d’Aldus Books à Londres et Doubleday à New York, six tableaux témoignent de cette aventure singulière et formatrice.


Erni doublement présent à Martigny

Recherchant sans cesse des synergies, Léonard Gianadda s’est approché du Manoir de Martigny et de son animateur, Mads Olesen, pour assurer également la présence de son ami Erni au cœur de la ville. Ainsi donc 90 affiches et 25 livres illustrés cohabiteront-ils dans une exposition conçue par Jean-Charles Giroud, l’actuel directeur de la Bibliothèque de Genève, par ailleurs spécialiste de l’art de l’affiche. En parallèle, la Fondation montrera quelques affiches seulement, associant gravures et beaux livres, à travers les éditions Pierre et André Gonin principalement. Erni fut un fidèle collaborateur de la Guilde du Livre à Lausanne, l’occasion de présenter la monographie que lui consacra Claude Roy en 1964, pages de garde et de titre étant ornées de peintures dédicaces inconnues du public. Grâce à la compréhension des héritiers du journaliste et écrivain français, l’essentiel du texte publié par Albert Mermoud en 1964 enrichira le catalogue.


L’homme des grandes surfaces

Erni n’aura été que partiellement un peintre de chevalet, preuve en est son engouement pour les grandes surfaces. La fresque monumentale, La Suisse, pays de vacances des peuples, mesurant 5 m sur 100, est l’exemple du genre. Elle fut un des temps forts de l’Exposition nationale suisse de 1939. Vingt ans plus tard, la section horlogère du pavillon suisse de l’Exposition universelle de Bruxelles accueillait en 1958 les fresques du peintre lucernois, à l’enseigne de La conquête du temps. Reproduites en grand format dans l’exposition, elles sont associées à la maquette du pavillon, prêtée par le Musée international de l’horlogerie à La Chaux-de-Fonds où les fresques originales sont exposées à demeure.
Deux tableaux surprendront par leurs dimensions, la Fête champêtre, 1960 (200 x 450 cm), trio de femmes dansant autour d’un taureau placide, et Clean Energy, 1999 (210 x 800 cm), fresque exposée à Genève lors d’un congrès consacré à l’énergie propre. Les engagements du peintre ont été nombreux, tant sur le plan politique qu’écologique ou éthique, il n’est que de faire allusion à la fresque Panta rhei qui entoure l’auditorium du Musée Hans Erni à Lucerne. Dans cette évocation historique et philosophique prend place toute une théorie de personnages. L’occasion pour l’artiste de prouver ses talents d’imagier. A Martigny, aux côtés de Javier Pérez de Cuéllar et de Rostropovitch, des époux Julius et Ethel Rosenberg, le public rencontrera Einstein, Fleming, Marconi, tous campés dans leur propre univers. Cette insistante curiosité pour l’humain débouche, par exemple, chez Erni sur une proposition aussi ludique que son Alphabet anthropomorphe dont des couples nus composent les lettres.

Magie de l’image animée

Le court-métrage réalisé par Antoine Cretton, projeté en boucle dans l’enceinte de la Fondation, conférera une proximité inédite avec Erni et son épouse Doris. Parmi d’autres intervenants, citons Pietro Sarto, peintre et graveur, Nicole Bosshart, directrice adjointe du Musée de l’horlogerie à La Chaux-de-Fonds, Philippe Visson, peintre iconoclaste récemment décédé et Léonard Gianadda que l’on ne présente plus. Depuis plus de trente ans, ce dernier a partie liée avec le peintre et sculpteur lucernois à qui la Fondation éponyme a confié la décoration de son bassin. Quant au Minotaure de Hans Erni, il trône sur un des 13 giratoires offerts à la ville de Martigny et cette figure mythologique majuscule ne saurait faire oublier les sculptures à admirer dans les vitrines de l’exposition.

Le commissariat de l’exposition est assuré par M. Jacques Dominique Rouiller.

Le catalogue de l’exposition Hans Erni reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées. Prix de vente CHF 45.– (env. € 30.–).

L'exposition Hans Erni
La Collection Franck
Le Parc de sculptures
Le Musée gallo-romain et
Le Musée de l'automobile
sont ouverts tous les jours
de 10h à 18h du 28 novembre 2008 au 1er mars 2009



Dans le cadre du centenaire de Hans Erni, exposition Hans Erni, affiches et livre au Manoir de la Ville de Martigny.
Renseignements sur www.manoir-martigny.ch