Prisonniers politiques de l'Empire  MIAMI 5    

 
  

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 N A T I O N A L E S

La Havane. 30 septembre 2004

 

Rapport de Cuba sur la résolution 58/7 de L’Assemblée Générale des Nations Unies
Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique

La Havane, le 30 septembre 2004

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

 1.- NOUVELLES MESURES CONTRE LE PEUPLE CUBAIN ET
       SON ÉCONOMIE

      Encore plus de restrictions aux voyages à Cuba
      Nouvelles restrictions aux envois de fonds familiaux
      De nouvelles traques extraterritoriales
      Quelques autres remarques et évaluations nécessaires

2.- L’ EXTRATERRITORIALITÈ INSCRITE DANS LA
      POLITIQUE DE BLOCUS

3.- PRÈJUDICES À LA SANTÉ

4.- PRÉJUDICES CAUSÉS À LA CULTURE, AU SPORT ET AUX
       ÉCHANGES SAVANTS ET SCIENTIFIQUES ENTRE LE
       PEUPLE CUBAIN ET LE PEUPLE NORD-AMÉRICAIN

5.- LA SECTION 211 DE L’OMNIBUS APPROPRIATIONS ACT
       OF 1999

 6.- PRÉJUDICES CAUSÉS À L’ACTIVITÉ EXTÉRIURE DE
        L’ÉCONOMIE CUBAINE

7.- PRÉJUDICES CAUSÉS À D’AUTRES SECTEURS DE
       L’ÉCONOMIE NATIONALE

  CONCLUSIONS

  ANNEXE

INTRODUCTION

Le fait que le peuple cubain souffre depuis plus de quarante ans d’un blocus imposé par les Etats-Unis parce qu’il a décidé en toute souveraineté de préserver son indépendance et d’exercer son droit à mettre en place un modèle de développement à lui mérite le plus grand mépris de la part de l’administration Bush.

Peu lui importe par ailleurs que l’Assemblée générale des Nations Unies condamne depuis maintenant douze ans, à sa quasi-unanimité, ce blocus génocide auquel les différentes administrations accolent l’euphémisme d’ « embargo ».

Peu lui chaut de même que sa politique cubaine soit de plus en plus contestée par des secteurs toujours plus larges de la société nord-américaine qui en exigent le changement, d’autant qu’elle prétend non seulement asphyxier le peuple cubain et entraver ses relations avec des pays tiers, mais que, de plus, elle prohibe et restreint des libertés essentielles aux yeux du peuple nord-américain, dont certaines de nature constitutionnelle.

La période qu’analyse le présent Rapport (deuxième semestre de 2003 et premier semestre de l’année en cours) passera à l’histoire comme celle où ce crime colossal qui a nom « blocus » a été l’un des plus violents.

Les nouvelles mesures mises en place par l’administration Bush renforcent la trame de lois et de réglementations déjà extrêmement serrée que constituait à ce jour le blocus instauré depuis plus de quarante ans, tout en faisant la preuve du désespoir de la Maison-Blanche devant son échec à obtenir la reddition du peuple cubain par l’isolement, la faim et les maladies. Ces nouvelles mesures visent à concrétiser les visées de domination sur la nation cubaine qui ont inspiré depuis plus d’un siècle les agissements de secteurs de l’extrême droite nord-américaine.

Ces mesures visent aussi à satisfaire la haine et la soif de vengeance d’un groupe minoritaire extrémiste d’origine cubaine qui n’hésite pas à recourir au terrorisme contre la population de l’île et auquel le président George W. Bush sait gré d’avoir participé directement, dans l’Etat de la Floride, à l’organisation et à la concrétisation de la fraude électorale de 2000 qui l’a conduit à la Maison-Blanche.

Parmi les faits les plus saillants de la période sous examen, citons les suivants :

·        Le 30 septembre 2003, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), rattaché au departement du Trésor, a émis une réglementation portant interdiction de publier aux USA tous articles scientifiques en provenance de pays, dont Cuba, soumis à des sanctions de la part de l’administration, au motif que « la révision, la modification et la publication » desdits articles constitueraient un « service » qui leur ajouterait de la valeur et violerait donc la « Loi sur le commerce avec l’ennemi ». Les fortes pressions exercées par la communauté scientifique et savante des Etats-Unis ont contraint l’administration à suspendre cette mesure le 5 avril 2004.

·        Le 10 octobre 2003, le président Bush annonçait depuis la Maison-Blanche la création d’une Commission for the Assistance to a Free Cuba et le renforcement des contrôles et de la surveillance concernant l’interdiction des voyages à Cuba.

·        Le 9 février 2004, John Snow, secrétaire nord-américain au Trésor, annonçait de Miami une nouvelle mesure de nature extraterritoriale : la mise sous séquestre immédiate par l’OFAC des biens sous juridiction nord-américaine de dix sociétés « appartenant au gouvernement cubain ou contrôlées par le gouvernement ou des ressortissants cubains » spécialisées dans la promotion de voyages dans l’île et l’envoi de colis, organisées et situées en Argentine, aux Bahamas, au Canada, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Ce même jour, ce fonctionnaire dressait un bilan de la manière dont s’appliquait la décision du président Bush de renforcer les contrôles sur les voyages à Cuba, détaillant le nombre de vols inspectés, les amendes infligées et les confiscations réalisées.

·        Le 26 février 2004, Bush signait la Proclamation présidentielle 7757 portant restriction aux départs de bateaux à destination de Cuba. Les réglementations de mise en vigueur de ladite mesure, émises par les services de garde-côte le 8 juillet 2004, tout en signalant carrément qu’elles visaient à « améliorer l’embargo frappant le gouvernement cubain », prévoient des sanctions de jusqu’à vingt-cinq mille dollars ou des peines de cinq années de privation de liberté, ou les deux à la fois, et la saisie des bateaux concernés.

·        Durant la période sous examen, l’administration nord-américaine a exercé de fortes pressions sur des institutions bancaires de pays tiers pour entraver et interdire les opérations financières cubaines. Notre pays utilise ses recettes en devises pour importer des médicaments, des aliments et d’autres biens de consommation et les intrants nécessaires au fonctionnement de son économie et des services sociaux essentiels.

Tout récemment, l’administration nord-américaine a infligé une amende de cent millions de dollars à la banque suisse UBS pour avoir fait des transactions financières en dollars avec divers pays, dont Cuba.

·        Le 6 mai 2004, le président Bush a approuvé dans sa totalité le Rapport de la Commission for the Assistance to a Free Cuba, soit quatre cent cinquante pages de recommandations et de propositions de nouvelles mesures visant à liquider la Révolution cubaine et à instaurer dans l’île un régime fantoche sous le contrôle absolu des Etats-Unis qui domineraient ainsi complètement la nation cubaine.

·        Les mesures annoncées le 6 mai sont finalement entrées en vigueur le 30 juin : non contentes de les durcir, elles constituent une violation de l’indépendance et de la souveraineté cubaines, ainsi qu’une escalade sans précédent de la violation massive et flagrante des droits de l’homme à l’encontre de la population cubaine de l’île, des Cubains vivant aux USA et des Nord-Américains eux-mêmes.

Le blocus économique, financier et commercial appliqué et renforcé par dix administrations nord-américaines et constituant de nos jours un lacis inextricable de lois et de réglementations, s’inscrit de plein droit dans la politique d’hostilité et d’agressions visant l’existence même de la nation cubaine, celle-ci devant être comprise comme un projet souverain et indépendant des Cubains et pour les Cubains.

La convoitise vorace des Etats-Unis envers Cuba et ses ressources naturelles et humaines remonte à la naissance même de l’Union américaine dont le gouvernement entreprit des efforts pour annexer l’île, et ce par les voies les plus variées, depuis des tentatives d’achat jusqu’à l’intervention et l’occupation militaires directes, en passant par l’encouragement et le soutien à des force annexionnistes au sein de la colonie espagnole.

Les gouvernements nord-américains du XIXe siècle ne reconnurent jamais la République de Cuba en armes. Bien au contraire, ils entravèrent et interrompirent à plusieurs reprises les voies par lesquelles son peuple et les Cubains émigrés dans ce pays tentaient de faire parvenir un soutien à la libération.

C’est précisément à la suite de l’intervention militaire nord-américaine de 1898 – qui escamota aux Cubains le droit à être libre qu’ils avaient gagné au terme de trente ans d’une lutte inégale –que naquit une « république » soumise à la tutelle humiliante d’un amendement à la Constitution, l’amendement Platt, qui légitimait la néo-colonie. Les différentes administrations nord-américaines soumirent pendant plus d’un demi-siècle le peuple cubain à leur domination impériale et exploitèrent le patrimoine national par l’intermédiaire de leurs monopoles, mais aussi grâce à la complicité et à la soumission de gouvernements cubains corrompus. Elles imposèrent de même de brutales dictatures militaires quand elles durent noyer dans le sang les justes revendications et le profond sentiment anti-impérialiste qui s’intensifiait dans le peuple cubain.

Une oligarchie locale, dépendante et bénéficiaire des structures de contrôle néo-colonial, s’avéra incapable de diriger, voire même d’accompagner un projet de développement national authentique.

À la victoire de la profonde révolution sociale de 1959, les milieux impérialistes des Etats-Unis qui contrôlaient l’île et se rendirent vite compte que l’exemple de la Révolution cubaine constituait une menace évidente pour leurs plans de domination hégémonique, décidèrent de recourir à tout leur pouvoir, administrations républicaines et démocrates confondues, pour lancer et renforcer au fil des ans une guerre non déclarée en vue de réimposer leur domination à la nation cubaine, voire, le cas échéant, de liquider l’île rebelle.

Les Etats-Unis ont déclenché cette guerre économique, commerciale et financière contre Cuba avant même que son Gouvernement révolutionnaire ait adopté la moindre mesure touchant les sociétés nord-américaines qui contrôlaient la vie économique du pays.

Tout en stimulant, organisant et finançant une invasion mercenaire à Playa Girón (baie des Cochons), de nombreux actes terroristes – dont des sabotages contre des cibles économiques et sociales, des attentats contre les principaux dirigeants, des attaques armées contre des localités et des familles sans défense, voire des agressions bactériologiques – des campagnes médiatiques contre la Révolution cubaine fondées sur le mensonge systématique, la subversion par le financement de la contre-révolutionnaire à l’étranger et dans le pays, l’émigration illégale, les Etats-Unis ont peu à peu mis en place le lacis inextricable et sinistre de mesures, de lois et de programmes qui constitue aujourd’hui leur blocus unilatéral contre le peuple cubain.

En 1992, le Congrès a voté et la Maison-Blanche ratifié la loi Torricelli qui supprimait d’un seul coup le commerce de médicaments et d’aliments avec les filiales de sociétés nord-américaines dans des pays tiers et imposait de sévères prohibitions à la navigation maritime vers et depuis Cuba, donnant ainsi force de loi à des dispositions clairement extraterritoriales.

L’application de la loi Torricelli a représenté un coup très dur pour le peuple cubain. De fait, elle avait été conçue dans un dessein cynique et criminel : porter le coup de grâce à l’économie nationale qui traversait de graves difficultés par suite de la rupture soudaine de ses relations économiques, commerciales et de coopération avec l’ancienne Union soviétique et les ex-pays socialistes d’Europe de l’Est. Ce pari d’effondrement de la Révolution cubaine s’étant terminé sur un nouveau fiasco, les USA décidèrent alors d’intensifier leur guerre économique, politique et diplomatique à des niveaux sans précédent dans l’histoire de leur politique étrangère.

C’est ainsi que l’administration Clinton ratifia en 1996 la loi Helms-Burton votée par le Congrès et qui, entre autres points, perfectionnait jusque dans leurs moindres détails les mécanismes conçus pour traquer l’ensemble des relations économiques, commerciales et financières de sociétés nord-américaines avec l’île ; augmentait la quantité et la portée de dispositions extraterritoriales visant à traquer toute transaction ou affaire qui bénéficierait à l’économie cubaine ; traquait et punissait les investisseurs étrangers à Cuba ; autorisait le financement d’actions subversives et hostiles contre le peuple cubain, dont la guerre d’intoxication médiatique menée à travers TV Martí et Radio Martí ; mettait au point un programme destiné à détruire le système constitutionnel que s’est donné le peuple cubain et à imposer un « changement de régime » qui garantirait de nouveau la domination des milieux impérialistes nord-américains sur la nation cubaine.

Ce fut le point de départ de toute une série de nouvelles actions et mesures hostiles et agressives qui visaient à colmater la moindre brèche pouvant exister dans le mur de sanctions mises en place dans le cadre du blocus de Cuba.

Selon des chiffres actualisés (2004) de l’Office national des statistiques de la République de Cuba, 69 p. 100 de la population cubaine est né après 1959 : ainsi, environ sept Cubains sur dix ont vu le jour et vécu sous le régime de sanctions unilatérales imposées par les Etats-Unis.

Les études de l’Institut national de recherche économique, auxquelles ont participé des spécialistes de ministères, de sociétés et d’autres institutions cubaines, indiquent que les dommages directs infligés au peuple cubain par ce blocus dépassent 79 325 200 000 dollars. Précisons qu’il s’agit là des dommages économiques directs, non des préjudices économiques indirects[1]. Si le pays avait pu en disposer, ces ressources auraient joué un effet multiplicateur sur l’élévation du niveau de vie de la population.

Ces préjudices économiques indirects incluent, par exemple, la valeur des produits non fabriqués à cause des restrictions ou des conditions onéreuses auxquelles Cuba est en butte chaque fois qu’elle cherche à obtenir des crédits à des fins d’investissements ou de commerce, des crédits bancaires et internationaux. Si notre pays avait pu bénéficier des quantités et des conditions de financement moyennes que reçoivent les pays de la région à niveau de développement économique similaire, son économie aurait atteint un degré de développement bien supérieur[2].

Il est inconcevable que, dans une conjoncture où la communauté internationale conjugue ses efforts de coopération pour atteindre des objectifs de développement économique pour tous essentiels et inéluctables, le pays le plus puissant du monde sur les plans économique et militaire insiste, pour des motifs de politique intérieure et des visées de domination mondiale, à refuser les maigres ressources qui pourraient accélérer le bien-être et le progrès rapide d’un peuple ayant prouvé éloquemment sa volonté de partager, sans conditionnements, ses modestes acquis et ses réalisations avec n’importe quel autre peuple de la planète.

Cuba ne représente pas la moindre menace ni le moindre danger pour les Etats-Unis, ce que savent pertinemment le monde entier et de vastes secteurs de la société nord-américaine. De même, toujours moins de personnes se laissent tromper par le faux prétexte que les autorités nord-américaines avancent d’une manière pharisaïque pour justifier leur hostilité féroce contre le peuple cubain, autrement dit la prétendue défense des droits de l’homme.

Comment le gouvernement responsable des agressions préméditées les plus atroces contre des politiques et des programmes qui visent à promouvoir le développement économique et social, le bien-être, la sécurité et le droit à la vie des Cubaines et des Cubains peut-il s’arroger le titre de défenseur des droits de l’homme ?

Comment le gouvernement qui fabrique des mensonges de toutes pièces pour justifier ses « guerres préventives » – qui ne sont en fait que des guerres impérialistes pour contrôler des ressources et des zones géographiques à importance stratégique élevée – pourrait-il faire progresser la « démocratie » où que ce soit dans le monde ?

Comment le gouvernement qui foule aux pieds les normes élémentaires du droit international et méprise les accords dégagés dans des espaces multilatéraux aussi importants et universels que l’Assemblée générale des Nations Unies et l’Organisation mondiale du commerce, qui met en cause les clauses de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants pour s’assurer l’immunité quand ses militaires, sur ordre officiel, infligent des traitements brutaux et humiliants aux prisonniers en Iraq ou aux personnes détenues arbitrairement dans le camp de concentration établie en toute illégalité dans la base navale qu’il occupe à Guantánamo (Cuba), pourrait-il convaincre qui que ce soit de son attachement à  la « primauté du droit » ?

Comment le gouvernement qui a aggravé les inégalités et les injustices au sein de la société nord-américaine, qui a soutenu le démantèlement des programmes en faveur de groupes désavantagés et marginalisés – comme les citoyens d’origine latine et les Afro-Américains – et qui, par ses politiques sociales et fiscales en faveur des riches, a augmenté de plus d’un million par an la quantité de personnes ne bénéficiant de l’assurance-maladie, pourrait-il « aider » au progrès et au bien-être du peuple cubain ?

Comment l’administration qui a le plus vite contribué à l’effondrement et au discrédit du système international de promotion et de protection des droits de l’homme pourrait-elle justifier sa politique d’hostilité, de blocus et d’agression contre Cuba au sujet de la prétendue nécessité de les promouvoir et de les protéger dans l’île, alors qu’elle n’a pas la moindre crédibilité ni le moindre droit à cet égard ?

Le peuple cubain refuse le modèle d’organisation politique et sociale que l’administration nord-américaine tente de rétablir dans l’île pour récupérer ses mécanismes d’ingérence et de domination, tout comme il refuse les recettes néo-libérales qu’elle prétend imposer dans le cadre de sa réorganisation de l’économie cubaine et de sa mainmise sur elle. Les Cubaines et les Cubains jugent que le schéma proposé par les milieux de pouvoir de la superpuissance ne réglera pas les problèmes, les besoins et les intérêts historiques de la nation cubaine, pas plus qu’il ne répond à leurs aspirations de continuer de bâtir une société plus juste, plus démocratique et équitable.

Aux termes de l’alinéa c) de l’article II de la Convention de Genève pour la prévention et la répression du crime de génocide, du 9 décembre 1948, le blocus appliqué par le gouvernement nord-américain à Cuba constitue un acte de génocide et donc une violation du droit international.

Nulle ambiguïté ne saurait être de mise face à la nécessité de condamner tout acte de génocide et d’y mettre fin. Le peuple cubain ne saurait admettre la moindre tentative de minimiser son refus du blocus dont il est victime.

Cuba est convaincu qu’une majorité écrasante de gouvernements du monde entier, tout comme le font les peuples et les personnes dignes et honnêtes des latitudes les plus diverses, continuera de reconnaître l’importance vitale de s’opposer à la poursuite d’une politique illégale d’hostilité et d’agressions unilatérales qui mine les fondements même du multilatéralisme.

Quoique le peuple cubain sache pertinemment que sa principale garantie d’existence et de développement en tant que nation souveraine et indépendante réside dans sa décision d’unité, de résistance et de victoire face à toute menace ou agression, il sait sincèrement gré à la communauté internationale de son soutien et de sa solidarité. Tout en constituant un encouragement clair en matière de morale et de droit, ce soutien prouve que la bataille qu’il mène a une portée universelle et contribue à l’objectif commun d’instaurer un monde meilleur qui est non seulement possible, mais encore indispensable à la survie de l’humanité.

Le Rapport ci-après consacre un important chapitre aux nouvelles mesures annoncées le 6 mai et aux réglementations du 30 juin qui les mettent en pratique, compte tenu de leur importance dans le renforcement du blocus.

Il groupe aussi dans six autres chapitres une série d’exemples qui prouvent d’une manière irréfutable que le blocus est un fait patent qui grève douloureusement la vie quotidienne du peuple cubain.

1. NOUVELLES MESURES CONTRE LE PEUPLE CUBAIN ET SON ÉCONOMIE

Comme s’il n’avait pas déjà donné assez de preuves de son mépris pour le présent et l’avenir du peuple cubain, de son irrespect de la volonté de la communauté internationale et de son dédain des intérêts légitimes du peuple nord-américain qui aspire à des relations normales et sensées avec Cuba, le président George W. Bush a, le 6 mai dernier, annoncé de nouvelles mesures dans le cadre de sa présentation du Rapport de la Commission for the Assistance to a Free Cuba. Ledit Rapport constitue de fait le plan par lequel l’administration nord-américaine prétend priver Cuba de son indépendance et de sa souveraineté en intensifiant ses agressions économiques et politiques, l’objectif final étant de provoquer la déstabilisation du pays, de favoriser une intervention directe, de détruire la Révolution et de réinstaurer la domination des USA sur le peuple cubain.

Le Rapport de la Commission contient de nouvelles mesures ouvertement frappées au sceau de l’ingérence et humiliantes pour le peuple cubain, des mesures qui intensifient notoirement le blocus économique et violent encore plus les droits de l’homme des Cubains de l’île, des Cubains des Etats-Unis et des Nord-Américains eux-mêmes.

Ces mesures renforcent les restrictions injustes et discriminatoires imposées aux Cubains des Etats-Unis, le seul groupe national vis-à-vis duquel l’administration de ce pays, violant ouvertement la Constitution, s’arroge le droit de décider sur quelle base ses membres peuvent maintenir des relations avec leurs familles et leur pays d’origine.

Gros de plus de quatre cent cinquante pages divisées en six chapitres, ce Rapport recommande à l’administration, non seulement de renforcer sa politique agressive contre Cuba, d’intensifier le blocus et d’instaurer un « changement de régime », mais encore de violer grossièrement la souveraineté cubaine en définissant comment doivent être les structures étatiques et économiques de la nation cubaine, son système politique, son organisation sociale et son ordre juridique. Il serait difficile de trouver ailleurs plus de mensonges, de rancœur, de frustrations et d’ingérence dans les affaires intérieures de Cuba.

Encore plus de restrictions aux voyages à Cuba

Les nouvelles mesures contre Cuba annoncées le 6 mai dernier et mises en pratique le 30 juin par l’Office of Foreign Assets Control du département nord-américain du Trésor comprennent plusieurs actions et dispositions visant à renforcer les restrictions déjà draconiennes aux voyages à Cuba des Nord-Américains et des Cubains résidant aux USA, à durcir les limitations imposées aux relations familiales et à miner encore plus d’importantes sources de revenus de l’île, en particulier celles concernant sa principale industrie, le tourisme.

L’administration Bush a décidé ce qui suit :

·        Continuer de restreindre l’octroi de permis concernant des voyages éducationnels et d’échanges universitaires et savants de personnes naturelles et juridiques nord-américaines, limitant les voyages universitaires à un maximum de dix semaines, et à condition que les projets concernés « soutiennent directement les objectifs de la politique nord-américaine » envers Cuba, autrement dit la liquidation de sa Révolution.

·        Eliminer la possibilité que des Nord-Américains se rendent à Cuba à titre d’ « invités tous frais payés » (fully hosted).

·        Réduire les visites des Cubains vivant aux USA à un voyage tous les trois ans, au lieu d’un par an ; exiger pour chaque voyage un permis spécifique, au lieu du permis général délivré jusque-là. Cette mesure constitue une attaque directe contre la réunification des familles cubaines et les relations entre elles.

·        Tout nouvel émigré devra attendre trois ans avant de demander la permission de voyager à Cuba.

·        Aucune exception ne sera admise, même en cas de force majeure ou de cause humanitaire.

·        La durée du séjour à Cuba a été réduite à quatorze jours.

·        Les Cubains des USA ne recevront un permis de voyage que pour rendre visite à ceux que l’administration Bush qualifie de famille directe, à savoir « les grands-parents, les petits-enfants, les parents, les frères et sœurs, les conjoints et les enfants ». Désormais, selon l’ukase de Bush, un cousin, une tante ou un autre parent proche, par exemple, ne fait plus partie de la famille cubaine, indépendamment du degré de proximité affective et émotionnelle pouvant exister.

·        Les Cubains se rendant dans l’île ne pourront plus dépenser que 50 dollars par jour, contre 164 avant ces nouvelles mesures. De plus, ils ne pourront dépenser que 50 dollars pour frais de transport interne pendant les quatorze jours autorisés.

·        Les Cubains se rendant dans l’île ne bénéficieront plus, comme avant, de la possibilité de ramener aux USA des marchandises cubaines à usage personnel pour une valeur de 100 dollars : désormais, il leur est formellement interdit de ramener le moindre article obtenu à Cuba, qu’ils l’aient acheté ou qu’on leur en ait fait cadeau.

·        Les Cubains se rendant dans l’île ne pourront emporter au départ des USA que 44 livres anglaises (19,8 k) de bagages, sauf autorisation expresse de l’OFAC.

·        Les sportifs amateurs ou semi-professionnels ne bénéficieront plus d’un permis général pour assister à des compétitions organisées à Cuba sous les auspices d’une fédération internationale : désormais, l’OFAC ne délivrera que des permis au cas par cas. La possibilité de participer à des ateliers et cliniques spécialisées, dans le domaine sportif ou autre, est de même supprimée.

·        Les autorités nord-américaines soutiendront les actions entreprises dans des pays tiers pour décourager le tourisme à Cuba.

En ayant décidé de ces nouvelles restrictions et prohibitions de voyage à l’égard des Nord-Américains et des Cubains vivant aux USA, à rebours de la volonté majoritaire du Congrès, comme l’ont prouvé les votes de cet organe ces quatre dernières années, l’administration Bush viole une fois de plus des droits de l’homme élémentaires consacrés dans la Charte internationale des droits de l’homme, aussi bien dans la Déclaration universelle des droits de l’homme que dans les deux Pactes internationaux.

Elle viole en particulier d’une manière flagrante l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui a trait à la liberté de circulation dont bénéficient les personnes se trouvant légalement sur le territoire d’un Etat, un principe que l’Assemblée générale a entériné dans sa Résolution 57/227 intitulée « Respect de la liberté universelle de circulation et importance capitale du regroupement familial ».

Dans ladite Résolution, l’organe le plus représentatif des Nations Unies :

1. Engage une fois de plus tous les États à garantir à tous les étrangers qui résident légalement sur leur territoire la liberté de circulation universellement reconnue ;

2. Réaffirme que tous les gouvernements, en particulier ceux des pays d’accueil, doivent reconnaître l’importance capitale du regroupement familial et s’employer à en intégrer le principe dans leur législation afin d’assurer la protection de l’unité familiale des migrants en situation régulière[3].

Aucun peuple n’a plus été soumis que le peuple cubain à une telle discrimination et à une telle manipulation de ses relations migratoires de la part des différentes administrations nord-américaines. Ainsi, aux termes de la criminelle loi d’Ajustement cubain et d’autres dispositions gouvernementales, les autorités nord-américaines soumettent les relations migratoires bilatérales à leurs visées de déstabilisation et de discrédit de la Révolution cubaine. Tout Cubain arrivant illégalement aux USA – même si la Section des intérêts des Etats-Unis à La Havane lui avait refusé le visa d’émigration ou s’il avait commis, dans le cadre de cette traversée irrégulière, un crime contre les personnes ou les biens – est accueilli et bénéficie automatiquement de la résidence légale dans ce pays.

Les mesures adoptées récemment par l’administration Bush qui aggravent le traitement discriminatoire dont fait l’objet la communauté d’immigrants cubains prouvent que le fameux traitement préférentiel que reçoivent les Cubains émigrant illégalement et les Cubains qui le font légalement en vertu d’un nombre limité de visas ne part pas d’une motivation humanitaire, mais qu’il s’agit bel et bien d’une manipulation politique.

Non contentes de s’opposer au plein exercice des droits de l’homme, les nouvelles restrictions et prohibitions aux voyages adoptées par l’administration Bush sont illégales aux termes des lois nord-américaines. En effet, la question des voyages à Cuba échappe à la compétence du pouvoir exécutif et donc d’un président nord-américain dans la mesure où elle est sujette depuis 2000 à une loi du Congrès.

L’administration Bush a renforcé l’application du blocus à Cuba. Ainsi, des sénateurs et des représentants nord-américains ont révélé publiquement, à la fin de l’année dernière, que l’Office of Foreign Assets Control employait cinq fois plus de fonctionnaires pour débusquer les violations aux lois du blocus et les punir que pour pister les finances d’Al-Qaeda.

L’OFAC a, de 1990 à 2003, ouvert à peine 93 enquêtes relatives au terrorisme international qui se sont traduites par des amendes totalisant 9 425 dollars, alors qu’elle a engagé 10 683 investigations visant à empêcher des Nord-Américains d’exercer leur droit de voyager à Cuba et ayant abouti à des amendes totalisant 8 000 000 de dollars infligées à ceux qui l’avaient fait sans permis du département du Trésor.

Dans un rapport en date du 9 février 2004 apparaissant sur son site Internet, l’OFAC s’est félicité du fait que sa division Pénalités civiles avait alors engagé un total de deux cents actions relatives à des violations du blocus, dont la plupart étaient des sanctions monétaires. Du 10 octobre au 30 novembre 2003, elle avait engagé 348 actions à ce titre.

La presse des USA informe couramment d’actions légales engagées contre des Nord-Américains s’étant rendus à Cuba. Ainsi, en avril 2004, Wally et Barbara Smith, un couple de retraités du Vermont, ont dû payer une amende de 55 000 dollars parce que l’OFAC les a accusés de s’être rendus à Cuba à quatre reprises, d’y avoir dépensé de l’argent et d’avoir publié en 2002 un livre intitulé Bicycling in Cuba.

Cette paranoïa de traque contre les Nord-Américains ne connaît pas de bornes. Début 2004, Fred Burks et sa fiancée ont été informés par l’OFAC qu’ils devaient payer une amende de 7 590 dollars pour s’être rendus à Cuba en décembre 1999. Fred Burks, qui a été interprète des présidents William Clinton et George W. Bush, a refusé de payer cette amende et est passible d’une sanction sans doute encore plus lourde.

Dès mars 2003, l’OFAC avait annoncé qu’il ne renouvellerait pas les permis de voyages à titre d’échanges éducatifs, autrement dit les contacts people to people. Ce qui explique pourquoi, de janvier à juin 2004, la quantité de Nord-Américains arrivés à Cuba dans ce cadre a diminué de 26 p. 100 par rapport à la même période de l’an dernier. En juillet, après la mise en place des nouvelles mesures adoptées par le président Bush, la réduction par rapport à juillet 2003 a été de 52,4 p. 100.

[1] Cf. Annexe 1, qui comprend la ventilation par secteur des dommages et préjudices infligés à l’économie cubaine par le blocus des USA (accumulés jusqu’en 2003).

[2] Une étude effectuée par le Centre de recherche sur l’économie internationale (CIEI) et le Centre d’études de l’économie cubaine (CEEC) en vue de fixer la quantité approximative d’investissements directs nord-américains non effectués entre 1990 et 2002 a conclu que, dans une première étape (de trois à cinq ans), ils auraient pu atteindre au moins cent millions de dollars par an pour atteindre un plafond de quatre cents millions. Cette étude a pris en considération la valeur des investissements nord-américains à Cuba à la fin des années 50 et le courant d’investissements directs des USA vers des pays caribéens (République dominicaine et Costa Rica) pouvant servir de références par comparaison avec l’économie cubaine.

Ce montant est presque égal à celui des investissements d’autres pays dans l’économie cubaine à compter de 1990, qui a permis de développer des branches et de secteurs importants comme le nickel, le pétrole, le tourisme et les télécommunications, entre autres.

De son côté, un rapport de la Commission du commerce des USA (2001) comprend une estimation des courants nets qui se dirigeraient vers Cuba « en l’absence des sanctions nord-américaines » : bien que ce Rapport sous-estime le marché cubain, il a fixé le montant annuel d’investissements directs des USA à Cuba entre vingt et quarante millions de dollars par an, soit, sur dix ans, de deux cents à quatre cents millions de dollars d’investissements non effectués.

[3] La résolution 57/227 a été adoptée par l’Assemblée générale, trois Etats, dont les Etats-Unis, prétendus champions de la liberté et des droits de l’homme, ayant voté contre.

DEUXIEME PARTIE
 

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