Quelques questions sur le papier recyclé
Quel est l'impact de la production du papier sur les forêts anciennes ?
Près
de 80 % des forêts primaires de la planète ont déjà disparu, la grande
majorité de ces destructions ne remontent pas plus loin que ces trois
dernières décennies. Les 20 % de forêts originelles restantes sont
dites "forêts anciennes". Il leur a fallu des milliers, voire des
millions d'années pour se développer et elles n'ont jamais été soumises
à l'exploitation industrielle. Elles recouvrent près de 80 % de la
diversité biologique des terres émergées de la planète.
Parce
que près de 20% du papier consommé chaque année dans le monde provient
de ces dernières forêts anciennes de la planète, des dernières forêts
tropicales du Sud-Est asiatique, des lointaines forêts boréales
nord-américaines ou des dernières grandes forêts anciennes européennes
du nord de la Finlande, chaque consommateur de papier a entre ses mains
une partie de la biodiversité de la planète.
L'activité de l'industrie papetière n'est-elle pas bénéfique au développement des forêts ?
L'industrie
papetière, malgré des efforts certains, continue de ne pas s'intégrer
suffisamment dans un modèle de développement durable et de traçabilité.
Si une partie importante des pâtes à papier produites en France est
fabriqué à partir de sous-produits (coupes d'éclaircie, déchets de
scieries) de forêts correctement gérées, en revanche, on estime qu'au
niveau mondial, 17% du bois utilisé par l'industrie du papier provient
des forêts anciennes. Parmi elles, ce sont les forêts anciennes
boréales qui sont les plus touchées : ainsi, plus des deux tiers des
matières premières transformées par les industries papetières
canadienne (deuxième producteur mondial de pâte à papier et quatrième
producteur mondial de papiers et cartons provient de ces forêts). En
outre, les forêts tropicales ne sont pas épargnées; bien au contraire,
elles sont de plus en plus mises à contribution comme source de matière
première.Selon le Syndicat des papetiers, la Copacel, en France, près
de 20% du papier consommé en France provient de régions de forêts
anciennes : Finlande (8%), Brésil (5%), Asie (3,5%), Canada (3%),
Russie (0,5%).
Quel rôle peut jouer l'industrie du livre en faveur des forêts anciennes ?
L'industrie
du livre peut jouer un rôle déterminant pour la protection de la
biodiversité, en optant pour une politique d'achat de papiers
n'engendrant pas la disparition des forêts anciennes. Dans cette
perspective, aucun des papiers utilisés pour l'édition en France, ne
doit provenir d'exploitation contribuant à la destruction des forêts
anciennes. Les éditeurs doivent privilégier l'usage de fibres
recyclées. La part des produits papier importés des forêts anciennes,
doit venir de forêts gérées durablement, certifiées par un organisme
indépendant tel que le Forest Stewardship Council (FSC) ou Conseil de
bonne Gestion Forestière. Seul une gestion durable permet d'éviter la
déforestation, seule une certification crédible donne cette garantie.
Pour
les éditeurs, adopter une telle démarche est très clairement un moyen
de se positionner en faveur du développement durable. Cette démarche
volontaire ne peut évidemment que bénéficier à l'industrie du livre, en
lui donnant une image de marque favorable et en permettant d'établir
une stratégie de communication autours de cette approche respectueuse
de l'environnement.
Le papier recyclé n'est-il pas de moins bonne qualité ?
Non,
la qualité des papiers recyclés a beaucoup évolué. Aujourd'hui, il n'y
a plus de problèmes techniques et il existe des papiers dans toutes les
gammes et grammages utilisés pour l'impression. Il existe même des
bouffants de très bonne qualité.
Le papier recyclé n'est pas écologique !
Non, le choix du
papier recyclé s'inscrit dans une démarche de développement durable, en
faisant des déchets papiers/cartons une ressource. Le recyclage des
papiers est une industrie d'avenir à forte valeur ajoutée. Par
ailleurs, la production de papier recyclé nécessite beaucoup moins de
matières premières, une tonne de vieux papiers permet de produire 900
kg de papier recyclé, alors qu'il faut deux à trois tonnes de bois pour
obtenir une tonne de papier. En outre, la production de papier recyclé
permet d'économiser une quantité importante d'énergie, d'eau et de
produits chimiques.
Le papier recyclé pollue plus que le papier classique !
Faux.
Les adversaires du papier recyclé estiment que c'est une industrie
polluante en raison des boues de désencrages du papier, or une grande
partie de cette production se fait sans désencrage. Dans ce cas,
l'encre étant toujours dans le papier, les différentes teintes de blanc
sont réalisées avec un apport plus ou moins important de papier blanc
non souillé par de l'encre, par exemples les chutes des papiers ou des
imprimeur (papier recyclés pré-consommation). De plus, les encres ne
contiennent plus en principe, de métaux lourds comme le plomb depuis
vingt ans, il existe des encres réalisées à partir de pigments végétaux.
Chez
les papetiers qui pratiquent le désencrage, les résidus de cette
opération sont valorisés dans la production de matériaux de
construction pour les résidus minéraux et d'engrais pour les résidus
organiques. Dans le cas de l'incinération des déchets papiers, les
éléments polluants constituant les boues de recyclages sont rejetés
dans l'atmosphère, puisqu'ils ne sont pas intégrés au moment du
processus de recyclage, mais lors de la fabrication du papier et de son
impression.