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le 28 mars 1991
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Pas d’autocritique pour les accords de Munich LE journa

Pas d’autocritique

pour les accords

de Munich

LE journal de captivité d’Edouard Daladier ne manque certes pas d’intérêt. Il fourmille de détails et d’anecdotes. Mais on y chercherait en vain des explications nouvelles sur les idées et la pratique politiques de celui qui joua un rôle essentiel dans les gouvernements de la France d’avant-guerre et de la « Drôle de Guerre ». La discrétion du président du Conseil de 1938, qui signa les accords de Munich, est totale. En tout cas, pas d’autocritique.

Quelques remarques méritent cependant d’être retenues. Daladier écrit, par exemple, faisant allusion à la déclaration Bonnet-Ribbentrop (respectivement ministres des Affaires étrangères de France et d’Allemagne) de décembre 1938, qui jetait les bases d’une « collaboration » avant la lettre entre les deux pays : « Reprendre l’examen des faits et voir si Bonnet aurait encouragé Ribbentrop dans ses entreprises vers l’Est ».

De même, il pense que « la proposition italienne d’une conférence semblable à celle de Munich » (à propos de la Pologne) correspondait à la volonté de Hitler de rendre la guerre inévitable, ce qui est un demi aveu (page 68).

En toutes circonstances, Daladier fait montre d’un anti-communisme obtus. Personne ne s’en étonnera. Quoique relativement bien informé (il lit la presse et écoute la radio aussi bien dans ses prisons françaises qu’allemandes, il ignore ou presque ce qu’est la Résistance et ne semble pas avoir de sympathie pour de Gaulle. Il constate cependant : « La « Gazette de Lausanne » est écoeurante : l’anti-bolchévisme sert de prétexte à la flagornerie envers Hitler et à développements sur « la politique réaliste » de Vichy ». Pauvre Suisse. Là comme en France, seul le peuple est noble et généreux. Cette bourgeoisie politicienne et d’affaires donne la nausée » (page 95).

Il rapporte les propos que lui tient le R. P. Billard, prêtre jésuite qui lui a rendu visite le 1er juillet 1942 : « Les ouvriers sont la partie la plus intéressante de la population française. Mort héroïque des communistes devant les bourreaux allemands : de véritables chrétiens » (pages 149-150).

Sur Georges Bonnet, à la même époque, Daladier révèle : « Georges Bonnet travaille avec les Allemands. Il dînait récemment encore avec quelques-uns de ces seigneurs, acoquinés d’ailleurs avec des Françaises du monde et, pour le moment, préoccupés de mettre la main sur des mines de charbon portugaises dont les actions étaient réparties entre des Français, des Anglais, des Portugais, etc. Les Anglais aussi voudraient s’en rendre maîtres. Bonnet aide les Allemands de son mieux ; il continue » (page 158).

Vichy :

terreur blanche

marché noir

et bibliothèque rose

UN avocat, ex-collabo, lui donne cette définition du régime de Vichy : « terreur blanche, marché noir, bibliothèque rose ». Il lui rapporte que les Allemands avaient demandé « avec une grande courtoisie » au ministre de la Justice de Vichy, Barthélémy, « de leur apporter lui-même dix condamnations à mort par le tribunal d’Etat de Paris (cour spéciale, NDLR) avec exécution immédiate (…) ». Barthélémy avait obtempéré sans rechigner devant tant de courtoisie… (page 171).

En avril 1943, Edouard Daladier est livré aux Allemands. Il arrive le 2 mai au château de Itter, non loin du camp de concentration de Dachau, en compagnie du général Gamelin, de Léon Jouhaux, de Paul Reynaud, de Jean Borotra, de Mme Brouklin (secrétaire de Jouhaux), de Melle Mabire (secrétaire de Reynaud), et de Marcel Granger. En novembre, ils sont rejoints par Albert Lebrun, François Poncet, le général Weygand et son épouse, Michel Clemenceau (le fils du Tigre), le colonel de La Roque (chef des Croix-de-feu, d’Alfred Cailleau et de sa femme (famille du général de Gaulle). L’homme politique anti-mussolinien Nitti et un autre Italien, Georgini, partagent leur sort.

Daladier occupait

au troisième étage

la cellule numéro 11

NOUS possédons le récit qu’a fait de son séjour à Itter, de février 1943 jusqu’à la libération des prisonniers, en mai 1945, un détenu de rang beaucoup moins élevé, l’antifasciste yougoslave Cuckovic, extrait de Dachau pour travailler au château en tant qu’électricien (1). Grâce à lui, nous savons que Daladier occupait au troisième étage la cellule numéro 11. En fait, il s’agissait - comme pour les autres « cellules » - d’une chambre assez confortable. Cuckovic réussit, à l’insu des SS, à y installer un appareil de radio. Les gardes SS avaient reçu l’ordre de traiter les « Sonderhäftlinge » (prisonniers spéciaux) avec déférence et de les appeler « Excellences ».

Selon Cuckovic, les détenus entretenaient entre eux des rapports toujours corrects, amicaux. Ils étaient aimables avec les détenus « ordinaires » mis à leur service. Ils formaient cependant trois groupes dont les attitudes étaient différentes. Il y avait un groupe Clemenceau, Gamelin, Reynaud, Melle Mabire ; un groupe Weygand, Borotra, Granger, Mme Weygand. Les autres étaient « plus neutres », dit Cuckovic. Daladier en faisait partie. Il parlait suffisamment bien l’allemand pour s’entretenir avec le Yougoslave dans cette langue.

Dans l’ensemble, le récit d’Edouard Daladier semble confirmer cette impression. L’ancien président du Conseil, en tout cas, tient Clemenceau pour un minus et les généraux (qui ne s’aiment pas entre eux) pour des nullités ou presque.

La libération des détenus par l’armée américaine s’effectua dans des conditions rocambolesques. C’est Cuckovic qui avait été chargé de porter une lettre au premier officier américain qu’il rencontrerait. Sa mission réussit. Les récits de Daladier et du Yougoslave concordent à peu près.

Daladier ne fait cependant pas mention d’une tentative d’évasion qui aurait dû avoir lieu quelques temps auparavant. Cuckovic s’était procuré à Dachau, où il avait accompagné pour des raisons de service le commandant SS de Itter, une dose de somnifère suffisante pour endormir toute la petite garnison du château. Mais les prisonniers d’honneur ne voulurent pas en profiter. C’est du moins ce que raconte Cuckovic…

(1) Nous devons la possession de ce document tout à fait passionnant (soixante pages manuscrites en allemand) à l’obligeance de notre camarade de déportation Yves P. Boulongne à qui il avait été remis en 1984 alors qu’il était conseiller culturel et scientifique à l’Ambassade de France à Belgrade.

Pierre Durand

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