LA chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris a relancé mercredi l’affaire Mecili, l’avocat algérien assassiné à Paris en 1987, en ordonnant la continuation de l’instruction, dorénavant confiée au juge d’instruction parisien Chantal Perdrix. Ali Mecili avait été assassiné de trois balles le 7 avril 1987 dans le hall de son immeuble, boulevard Saint-Michel à Paris, et, après près de six ans d’instruction, le magistrat instructeur chargé du dossier, Gilles Rivière, avait rendu une ordonnance de non-lieu le 20 novembre dernier.
Le principal suspect dans cette affaire, un ressortissant algérien, se trouve en Algérie d’où il ne peut être extradé. Le 8 mars dernier, lors de l’audience, la chambre d’accusation avait examiné l’appel formé par l’épouse de la victime, Annie Mecili, contre l’ordonnance de non-lieu, prise conformément aux réquisitions du parquet. Le suspect, Abdelmalek Amellou, avait été expulsé de Paris, un mois après l’assassinat, vers l’Algérie, en vertu de la procédure « d’urgence absolue », à l’issue de sa garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle. Un arrêté d’expulsion avait également été pris contre Fatima Beliali, sa concubine. Les deux arrêtés avaient été signés le 12 juin 1987, pendant la cohabitation, sur instructions du ministère de l’Intérieur, dirigé alors par Charles Pasqua et Robert Pandraud.
Mme Mecili avait aussitôt protesté contre cette expulsion et déposé une plainte pour « forfaiture et attentats aux libertés individuelles ».
Hocine Aït Ahmed, un des anciens dirigeants du FLN, aujourd’hui à la tête du Front des forces socialistes (FFS), avait accusé « les services spéciaux » algériens d’avoir commandité l’assassinat.
D’autre part, l’avocat général avait désiré que soit joint à la procédure le dossier ouvert à la suite de la plainte de la veuve de Me Mecili pour « forfaiture et attentats aux libertés individuelles ». Dans cette plainte pour « forfaiture », instruite par le juge Roger Ribault, le magistrat avait estimé que le préfet de police de Paris en 1987, Jean Paolini, qui avait organisé l’expulsion, était susceptible d’être mis en cause.