Pour la première fois depuis 1959, des représentants du pouvoir se sont réunis lundi à La Havane avec des Cubains vivant aux Etats-Unis et au Venezuela. Ce « séminaire sur la démocratie participative » qui a duré deux jours a été organisée par le mouvement Pro hombre (Pour l’homme), basé à Caracas et présidé par Amalio Fiallo, un homme politique cubain. Fondateur en 1957 d’un Mouvement de libération radical d’inspiration démocrate-chrétien, celui-ci avait quitté l’île en 1960. Son association est parrainée par la fondation bavaroise Hanns Seidel.
Du côté cubain, l’initiative a été patronnée par le Centre d’études d’alternatives politiques de l’Université de La Havane et le Centre d’etudes européennes. Elle pourrait être suivie, en juin ou juillet prochains, d’une réunion similaire à Miami, la grande cité de Floride où vivent de nombreux exilés cubains. Le président de l’Assemblée nationale cubaine, Ricardo Alarcon, et José Ramon Balaguer, tous deux membres du Bureau politique du Parti communiste cubain, Fernando Remirez, vice-ministre des Affaires étrangères, assistaient à la première séance.
« Il s’agit d’assumer un débat libre et ouvert entre des points de vue qui, bien que pouvant être différents, ne sont pas nécessairement antagonistes », a déclaré Fernando Remirez. La préservation de l’indépendance et de la souveraineté de Cuba passe nécessairement « par la préservation de la Révolution et du socialisme », a-t-il estimé, avant de dénoncer le « féroce embargo » maintenu depuis 1962 par les Etats-Unis contre son pays.
Ricardo Alarcon a souligné l’importance de ce séminaire, dont le thème est « au centre des préoccupations des autorités de La Havane ». « La démocratie équivaut au socialisme », a-t-il poursuivi, ajoutant que la clef de la démocratie résidait « dans la participation directe » du peuple « et non pas seulement à travers ses représentants ».
Pour Amalio Fiallo, le principal maître d’oeuvre, ce débat illustre « le processus actuellement en marche parmi les Cubains vivant à l’étranger ». Reconnaissant que l’organisation de ce séminaire avait suscité de violentes critiques au sein de l’importante communauté cubaine vivant à Miami, il a estimé qu’il ne fallait pas considérer les exilés cubains comme s’ils constituaient « une unité, comme si tout le monde pensait de la même façon ».