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le 19 avril 2003
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Guerre d’Algérie L’esprit d’équipe

En avril 1958, dix joueurs algériens désertent leurs clubs pour créer l’équipe du FLN, à la stupeur de l’opinion et de la presse française.

La Mémoire retrouvée. Le Onze du FLN. France 2, 0 h 10.

Stupeur dans le monde du football français, et dans le monde tout court : un matin d’avril 1958, cinq joueurs manquent à l’appel. Cinq autres disparaîtront quelques jours plus tard. Tous sont algériens. Certains se préparaient à disputer des matches internationaux quelques jours plus tard. Parmi eux Rachid Mekhloufi, de l’AS Saint-Étienne, club phare du championnat français. À Monaco, Toulouse, Lyon, Angers et Reims, la déconvenue est rude et la surprise ne peut passer inaperçue. Les dépêches inondent les rédactions une première fois. Nouvelle vague de dépêches : les joueurs sont arrivés à Tunis, où se tient le gouvernement provisoire de la République algérienne. Et où, sous la coordination de Mohamed Boumezrag, secondé de Mokhtar Arribi, ils vont fonder une équipe de football " nationale " algérienne, celle du Front de libération nationale. Apolitique le football ? Cet événement le dément, qui fait date dans l’histoire de la résistance algérienne.

Les journaux envoient aussitôt journalistes et photographes, à Tunis, pour relayer l’événement. Une photo montre cinq d’entre eux, rassemblés autour d’un poste de radio : ils suivent en direct le compte-rendu du match France-Suisse que certains auraient dû disputer. Suivant les titres, le ton oscille entre déconvenue, inquiétude et jubilation. Aucun ne reste indifférent. Dans les colonnes de l’Humanité, le 16 avril 1958, André Stil salue un geste dont, selon lui, la signification n’aura pas manqué de frapper " des millions de Français, de toute opinion, et même ceux, s’il en est ,qui n’ont "pas d’opinion" " : ces joueurs, rappelle-t-il, " étaient les vedettes de grands clubs français, l’un d’eux était le demi-centre de l’équipe de France ".

" Nous sommes algériens avant d’être footballeurs ", déclarent les joueurs à certains journalistes dubitatifs, qui voient dans leur acte une pression du FLN… Ainsi l’Aurore, qui n’hésite pas à titrer : " Sous la menace du FLN ". Le journaliste trouve dans l’événement une explication au relâchement du comportement de Rachid Mekhloufi, qu’il dit avoir constaté pendant la saison précédente : " Il était terrorisé ", conclut-il. Robert Vergne, quant à lui, cherche à lire du regret dans les visages de Ben Tifour et Zitouni qu’il est allé interroger à Tunis pour l’Équipe. " Sans la presse, le onze du FLN n’aurait pas existé ", déclare un joueur dans le récent documentaire que leur consacre Chikh Djemai : l’équipe s’est quasi improvisée à Tunis où personne n’était là pour accueillir les premiers arrivés. Quoi qu’il en soit, les joueurs font parler d’eux et rappellent aux Français incrédules que l’Algérie lutte pour son indépendance. La FIFA réagit aussitôt et menace de radier les adversaires qui disputeraient des matches contre l’équipe du FLN.

" L’Algérie, demeurant à l’heure actuelle et jusqu’à plus ample information, sous juridiction française, on imagine mal la constitution d’une équipe nationale d’Algérie ", s’indigne encore Robert Vergne dans un article du 17 avril 1958. Pourtant, augmentée d’autres joueurs plus jeunes, l’équipe va disputer des matches qui la font connaître partout dans le monde. Les joueurs se rendent en Chine, à Odessa, à Moscou, en Yougoslavie, en Roumanie. Ils rencontrent Bourguiba, Mao, Hô Chi Minh. L’aventure et le goût du défi leur impulsent enthousiasme et énergie : sur quatre-vingt-onze matches, ils en gagnent soixante-cinq et n’en perdent que treize. En Yougoslavie, on leur demande de jouer sans drapeau ni hymne. Pas question, répondent les joueurs. Piqués au vif, ils l’emportent par six buts à un. Plus tard, en Roumanie, leur jeu séduit au point qu’on les prie d’accepter un match supplémentaire. L’équipe se montre compétitive au plus haut niveau. Les joueurs, en choisissant leur camp, ont obligé l’opinion mondiale à faire de même.

Anne Roy

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