- le 12 Février 2012

Grèce: malgré la résistance de la rue, Athènes adopte l’austérité

Athènes, dimanche soir

Athènes, envoyé spécial. Malgré les défections d'une quarantaine de députés des partis de la coalition gouvernementale, le nouveau plan d'austérité imposé à la Grèce par l'Union européenne et le Fonds monétaire international a été adopté par le parlement. Dans la rue, les manifestations sévèrement réprimées ont fait au moins 50 blessés à Athènes et de nombreux immeubles en feu. Deux figures historiques de la Grèce contemporaine, Manolis Glezos et Mikis Theodorakis, présents dans la manifestation, ont reçu de fortes doses de gaz lacrymogène. Retour sur cette journée cruciale avec le récit de notre envoyé spécial, Fabien Perrier.

Les scènes qui se déroulent actuellement à Athènes sont d’une violence inouïe, indécente dans un pays membre de l’Union Européenne, censée respecter des valeurs aussi fondamentales que les droits de l’Homme ou la démocratie. Alors que les milliers de manifestants se rassemblaient tranquillement sur la place Syntagma, à l’appel des deux confédérations syndicales GSEE (privé) et Adedy (public) et de la gauche (Syriza, Andarsia…) ou sur la place Omonia à l’appel du KKE, la police a littéralement gazé la place, puis les rues alentours. Le prétexte invoqué pour justifier ces actes: des groupes de contestataires ont fait pression sur un cordon des forces antiémeutes devant l'esplanade du soldat inconnu, en contrebas du parlement, selon les images en direct du site internet Zougla.

Au sein de la Vouli, les députés débattaient d'un plan d’austérité, dont l’application est une condition sine qua non afin que les gouvernements de l’Union Européenne accordent un nouveau prêt à la Grèce. Ce plan comporte pourtant le même type de mesures que celles appliquées depuis mai 2010, lors du vote du 1er mémorandum contre un premier prêt de 110 milliards d’euros. Depuis, la Grèce s’enfonce dans la récession, le chômage et la misère. Le nombre de chômeurs a ainsi franchi la barre des 1 million dans un pays qui compte 12 millions d’habitants! Dans ce contexte, le ras-le-bol grimpe dans la population. Son expression alterne cependant entre un sentiment d’impuissance, correspondant à un reflux des protestations, et une volonté d’agir, voire d’en découdre, correspondant à un renouveau des mouvements sociaux.

Tout a été fait pour vider la place de la Constitution

Depuis lundi 6 février, les Grecs auront ainsi vécu 3 grèves générales, dont une de 48 heures, trois journées d’action consécutives, avec, à la clé, un dimanche au cours duquel l’encerclement du Parlement était prévu. Il n’aura pu avoir lieu tant tout a été mis en œuvre pour vider la place de la Constitution du moindre manifestant : gaz lacrymogènes, et autre produits chimiques, bombes assourdissantes, escadrons de police à moto… 

A 22 heures, 5 heures après le début de la manifestation, la population restait cependant massée dans les artères avoisinantes. La télévision grecque, publique comme privée, passait sous silence cette persistance de la contestation. En revanche, elle ne cessait de retransmettre les débats dans la Vouli, où les deux principaux groupes, Pasok (socialistes) et Nouvelle Démocratie (droite) tenaient le discours de la dramatisation: le nouveau plan ou la faim.

Des barricades dans les rues

La faim, de toute façon, est elle aussi contenue dans le plan: baisse de 22% du salaire minimum, coupe dans les retraites, licenciements facilités… Tous les ingrédients de la paupérisation que connait actuellement le pays sont renforcés. Mais la population ne souhaite pas accepter cette dose supplémentaire d’austérité. Ainsi, à 22h.15, elle commençait à établir des barricades dans les rues adjacentes à la place Syntagma. La sécurité civile évacuait des blessés. Des bâtiments étaient en feu. Malgré tout, une importante quantité d’irrésistibles continuait à rester dans les rues, bravant les forces de l’ordre, défiant un pouvoir qui refuse de les entendre.

 

  • A lire:

La Grèce s'inflige une nouvelle saignée pour rester sous perfusion

L'UE ramène la Grèce au Moyen-Age

Notre dossier consacré à la Grèce

Fabien Perrier

Recevez chez vous nos 3 titres (Cliquez sur la photo)

Poster un nouveau commentaire

Pour poster un commentaire, veuillez d'abord créer un compte.
Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de tester si vous êtes une personne réelle et empêche les soumissions de spam automatiques.
Image CAPTCHA
Inscrivez les caractères que vous voyez sur l'image
7 commentaires
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

Révoltes en vue

Les mouvements de révolte qui s'annoncent ont peu à voir avec la vague de protestations de la fin des années 60 même si la référence est dans tous les esprits.Il s'agissait alors de révoltes pour davantage de libertés.Aujourd'hui il est question avant tout d'injustice sociale,d'inégalité sociale ce qui renvoie l'Europe dans la deuxième moitié du XIXè siècle lorsque les peuples se mobilisaient pour davantage d'égalité.Les populismes d'alors avaient le vent en poupe,se sont diffusés rapidement en Russie,en Espagne,en Italie,en France...etc.Ce même populisme qui déboucha notamment sur le socialisme.A bien des égards ce qui se joue actuellement rappelle cette époque.Troubles,contestations,revendications tous azimuts reviennent sur le devant de la scène.Il y a encore quelques années certains affirmaient sans sourciller que c'était la "fin de l'histoire".Ce jugement un peu hatif risque d'être sérieusement démenti par les faits.Il est vrai que,pour l’heure l’Europe est bien tenue.Ca n’a pas franchement bougé.Mais pour combien de temps encore ?

DETTE

Au sujet de la dette grecque,je pense qu'il faudrait d'abord préciser qu'il ne s'agit pasd'argent entièrement dépensé...L'Euro impose d'emprunter aux banques privées,leur fournissant ains une bonne rente.,et du même coup imposant aux etats pas mal d'intérêts à leur verserAnisi la dette française serait quasiment nulle si nous avions la chance de pouvoir comme ces "Gauchistes"de gouvernements du japon,de Gb,des USA de pouvoir emprunter directement auprès de notre BCE(cecipour montrer que la "dette" des européens n'est pas faite que d'argent dilapidé..)..Autre aspect de la question,c'est que Goldmann Sachs a grandement "aidé" les gecs à rentrer dans le piège européen.Il faut encore ajouterqu'une partie de la dette a bien pofitéà des marchands d'armes Français et allemands et enfin que Papandréou a bien volontairement "endetté" la Grèce
Autre remarque importante ,la zone Euro sans frontières est devenue une jungle où les excédents des uns font les déficits des autres,favorisant les tricheurs qui au lieu de se fournir dans la Zone vont chercher leurs fournitures en Asie,ce qui bien entendu ne favorise pas les pays comme la Grèce
l'Europe est en train de démontrer plus que les "populistes "qu'elle n'est qu'un espace commercial sans loi et sans unitéDes règles sont décidées dans un arbitraire total .posons une seule question,serait-il souhaitable que l'Euro explose immédiatement avant qu'il nous ait tous condamnésà la régression politique ,économique ,morale???....

Je m'appelle Hélène...

Je m'appelle Hélène...

Je m’appelle Hélène…Je suis grecque… la Grèce… quelle étrange tendresse ?
Ma ville natale ne s’écrit plus en lettres capitales
ATHÈNES mère, marraine !
J’ai décidé sous l’œil de cette caméra
De mettre fin à mes jours
De m’arroser d’essence et de m’immoler par le feu
Parce que je n’ai pas envie de te céder
Pour une poignée d’euros
Ni de concéder une goutte d’hydrogène et deux gouttes d’oxygène pour combler un trou que l’Europe a creusé pour nous abuser toutes les deux.
Athènes, mère, marraine !
Je n’ai pas envie que tu meures
Je n’ai pas envie qu’on t’assiste
Pour respirer, manger ou bouger
Je n’ai pas envie de te confier à un tiers
Ni te mettre entre les mains de quelques pervers europhiles… des financiers déguisés en justiciers pour te sous-traiter comme une vulgaire marchandise avant de te retirer tes organes vitaux et te vider de ton sang et jeter tes mémoires dans les poubelles de l’histoire…
Pour eux, ta vie ne vaut pas un euro
Et un euro qu’est-ce que ça vaut ?

http://www.lejournaldepersonne.com/2012/02/je-mapelle-helene/

Soutient total !

Peu de place accordé dans votre article à la lutte exemplaire que mènent les communistes grecs, de plus dans votre article il n'est cité nul part la manifestation du PAME (le front des travailleurs) syndicat rouge grec qui mène lui aussi une lutte de classe face a la dictature bourgeoise ! Dans un contexte comme le notre il serait pourtant bien de montrer que le Parti communiste est l'organisation des travailleurs, celle de la lutte contre le capitalisme et de la construction d'une société nouvelle en Grèce comme en France. Le front de Gauche OK mais n'oublions pas qui nous sommes

la crise grecque

L'exaspération du peuple grec est à son comble. On comprend pourquoi : mise en coupe réglée et sous tutelle du pays par les"banksters" de l'UE, BCE et FMI réunis, avec la complicité active d'un gouvernement dit "d'union nationale "composé de socialistes, de réactionnaires libéraux et de néo fascistes. Seulement cette colère pour légitime qu"elle soit ne trouve à s'exprimer jusqu'à présent que dans la grève générale et ...des émeutes de rue dont on sait qu'elles sont utilisées par le pouvoir pour agiter la menace d'un chaos incontrôlé et pour persuader l'opinion qu'il faut "rétablir l'ordre public" coûte que coûte ... On connaît la chanson !

L'absence d'une perspective politique et économique alternative à gauche pèse lourdement sur les esprits et les évènements actuels . Cela explique que la révolte tarde à devenir un mouvement révolutionnaire conscient, réfléchi et organisé.

La Grèce n'est pas la France où confronté aux mêmes causes- la crise du capitalisme libéral et la fuite en avant dans les plans d'austérité sous tutelle européenne - notre peuple dispose lui d'un Front de gauche et de son programme partagé " lHumain d'abord"!

+1 Tout a fait d'accord

+1
Tout a fait d'accord

Parti communiste Grecque

Le rassemblement, les manifestations et la resistance contre la dictature des grands financiers à Athènes sont à l'appel notamment du parti communiste Grecque et des principaux syndicats du pays

Options d'affichage des commentaires

Sélectionnez la méthode d'affichage des commentaires que vous préférez, puis cliquez sur "Sauvegarder les paramètres" pour activer vos changements.

Poster un nouveau commentaire

Pour poster un commentaire, veuillez d'abord créer un compte.
Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de tester si vous êtes une personne réelle et empêche les soumissions de spam automatiques.
Image CAPTCHA
Inscrivez les caractères que vous voyez sur l'image