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12 juillet 2004 06:33
 
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Musiques électroniques. Laurent Garnier, l’électro libre

Une compile et un livre, Électrochoc, créateur de la " french touch ", Laurent Garnier est le symbole de cette musique mais aussi de toute une génération.

Ses sets sont de véritables peintures expressionnistes, voire abstraites. Mieux : plus que de simples mix, les performances de Laurent Garnier sont même de véritables voyages. Un voyage au cour de sa musique, pleine d’âme, qu’il distille disque après disque aux clubbers du monde entier depuis plus de vingt ans. Pour retrouver l’atmosphère de ses soirées toujours surprenantes, il vient de sortir un coffret de cinq disques mixés (1), reflétant la diversité de ces moments de pure extase que peuvent être ses sets marathons. Un livre aussi, Électrochoc (2), co-écrit avec David Brun-Lambert, pour nous rappeler que l’histoire des musiques électroniques s’écrit aussi par ses petites histoires, ses coups durs, ses paris et, bien sûr, ses joies. Entretien sans concessions avec Laurent Garnier, voyageur insatiable de l’électronique.

L’idée de voyage semble prendre une place particulière dans vos mix Pourriez-vous donner votre définition du DJ ?

Laurent Ganier. C’est quelqu’un qui raconte une histoire, un musicien à la fois narrateur. Il travaille avec sa piste, pour sa piste, et doit prendre les gens à contre-pied pour essayer de les surprendre. La notion de voyage est super importante. Tu es là pour faire voyager les gens. Quand tu sors dans un club, le but premier, c’est d’écouter de la musique, de danser et de passer un bon moment. Plus l’histoire est belle, plus les gens voyagent.

On sens combien le son de Detroit a eu une importance majeure dans votre travail. Lui rendez-vous ici, dans ce coffret, une sorte d’hommage ?

Laurent Ganrnier. J’ai toujours pas mal défendu cette ville. Sa musique m’a toujours beaucoup touché, et l’histoire même de sa musique. Je pensais que c’était important de l’inclure sur un coffret comme celui-là, avec cinq CD, d’autant que je ne vais pas ressortir un mix de si tôt. C’est peut-être même le dernier. Alors si ce coffret n’est pas ma musique, il est assez autobiographique : l’histoire de cette musique, le côté éclectique, le Rex Club, la radio. Il fallait donc forcément inclure Detroit.

Le mix PBB, allant du jazz futuriste de Bugge Wesseltoft à Alain Bashung, est plus intimiste et plus difficile d’approche aussi. Avez-vous voulu surprendre par cet éclectisme ou juste montrer l’étendue de vos goûts musicaux ?

Laurent Garnier. J’ai voulu être vrai par rapport à ce que je suis et qui je suis. J’ai toujours voulu surprendre un peu les gens dans les soirées. La dernière fois au Rex, j’ai joué du Macéo Parker, et quelques personnes ont été surprises. Idem quand j’ai joué le Massive Attack, ou le morceau de Radiohead à la fin, mais cela fait partie de mon métier de ne pas installer les gens dans une espèce de " chiantisme ", de ne pas me répéter tout le temps. On n’est pas des juke-boxes, on est là aussi pour surprendre. Le mix PBB me permet de prendre un peu plus de risques.

Votre parcours est parsemé de nombreuses expériences, plus ou moins heureuses relatées dans Électrochoc. De votre parcours, quels souvenirs retiendriez-vous ?

Laurent Garnier. Dix mille ! Ma dernière visite au Japon où on a passé le dernier soir dans un tout petit bar et où on a joué pendant cinq heures, tout sauf de la techno et de la house, où j’ai joué du Ima Soumak, les Rolling Stones et des trucs indansables, ou le dernier week-end dans un club techno où j’ai mis Nirvana : on s’est bien marré et j’ai fini sur la piste de danse. J’ai joué neuf heures et demie au lieu de deux. Des moments comme ceux-là, il y en a des tonnes. Après les plus grosses galères, c’est par exemple le soir de Detroit où on s’est couché pendant dix minutes parce que des mecs allaient flinguer dehors à tout va.

À travers vos compositions ou vos mix, on devine que le jazz est une de vos sources d’influence. Votre prochain album continuera-t-il dans cette direction jazzy ?

Laurent Garnier. Quand je fais de la musique, je ne sais pas du tout où je vais. Quand je veux faire du jazz, je fais du rock ; quand je veux faire du rock, je fais du twist. J’ai souvent des idées bien définies mais ça ne veut rien dire. Je vais forcément bosser avec mes musiciens qui font tous du jazz. Le résultat va-t-il être pour autant jazz ?

Est-il encore possible de créer des choses vraiment nouvelles ou tout n’est-il qu’éternel recommencement ?

Laurent Garnier. Il y a vingt ans, qui pensait qu’une nouvelle mouvance exploserait ? Je suis convaincu qu’il n’y a pas de limite. Aujourd’hui, on a l’impression qu’il y a des limites peut-être parce qu’il n’y a pas autant de renouvellement, mais demain, un gamin va prendre une machine, la brancher à l’envers et il en sortira un disque qui révolutionnera tout...

Comment jugez-vous le traitement des musiques électroniques dans les médias, le plus souvent limité à la house commerciale et aux free parties ?

Laurent Garnier. Au début, les médias ne nous ont pas vraiment aidés. Votre canard m’a même foutu dans la merde à une période ! Mais à l’arrivée de la french touch, les choses ont changé, les médias se sont rendu compte que l’engouement pour cette musique était réel. Quand un million de personnes se retrouvent dans les rues de Berlin derrière des chars au son de la techno, ce n’est pas rien. On peut regretter que peu de journaux généralistes parlent de musique et que les médias, surtout les radios, ne fassent pas leur travail. Ils formatent des produits et foutent des paquets de lessive dans les supermarchés !

Vous avez justement créé PBB, votre Web radio (3). À quand une radio FM ?

Laurent Garnier. Depuis l’âge de quatorze ans, je fais de la radio. Je m’achète des disques pour les partager avec les autres, C’est le meilleur moyen de jouir de la musique. C’est pour ça que je suis DJ, que j’ai monté une radio, que j’ai un label. PBB n’est pas un hasard. Une étape, un tremplin. Si ça ne marche pas, j’arrêterai, je ferai autre chose.

Que pensez-vous de la politique de Nicolas Sarkozy face aux free parties et plus généralement à la scène électro ?

Laurent Garnier. Cette politique me fait rire. Il n’y a pas de politique d’ouverture d’esprit. Vis-à-vis des raves, elle n’existe pas. De la même manière, tout le monde s’excite sur la techno parade, veut être en tête du cortège avec de grands sourires en disant " la culture c’est génial ", " les politiciens aiment la techno ", et le soir, on casse les free parties dans Paris ! Excusez-moi, ça me fait un peu mourir de rire. Plus faux-cul, tu meurs. Quant aux free parties, elles sont la suite logique des raves. Les raves étaient la radicalisation du clubbing et les free la radicalisation des raves. Je connais mal les free parties parce que je n’y suis jamais allé pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais vraiment été le bien venu et je n’aime pas emmerder les gens. Ce n’est pas ma musique qui est jouée. Mais je les comprends. C’est une autre génération.

Entretien réalisé par François Vignal.

(1) Excess Luggage, coffret de cinq CD, F Communication.

(2) Électrochoc, Flammarion, 296 pages, 19,90 euros.

(3) Web radio : www.pedrobroadcast.com ; www.laurentgarnier.com ; www.fcomshop.com

Article paru dans l'édition du 17 octobre 2003.

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Au sommaire du 17 octobre 2003

- Aujourd’hui, à 19 heures, dans le métro...
- Botticelli Florence de la fête aux flammes
- Genève antifasciste
- Botticelli Girolamo Savonarole
- L’essentiel
- La Fiesta des Suds embrase Marseille
- Musiques électroniques. Laurent Garnier, l’électro libre
- Botticelli Repères
- Une Mosaïk de talents

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