background image

MĂȘme si la consommation rĂ©-
guliĂšre de poisson et de mammi-
fÚres marins représente une
source importante d’omĂ©ga-3,
elle est Ă©galement une source
non négligeable de contami-
nants environnementaux. « Plu-
sieurs polluants rejetés à des
milliers de kilomùtres de l’Arc-
tique s’accumulent dans la chai-
ne alimentaire et les Inuits oc-
cupent le sommet de cette
chaine Â», affirme Dave Saint-
Amour.

Chercheur au Centre de re-

cherche du CHU Sainte-Justine
et au DĂ©partement d’ophtalmo-
logie de la Faculté de médecine
de l’UdeM, M. Saint-Amour
soutient que certains agents
toxiques qu’on retrouve en
grandes quantités dans les tissus
de phoques, de bĂ©lugas et d’ours
polaires engendrent mĂȘme des
anomalies sur le plan de la
transmission neuronale. « Ce-
la n’est pas Ă©tonnant, dĂ©plore

M. Saint-Amour. Le cerveau en
développement est trÚs sensible
aux agents toxiques. Or, le 
niveau de mercure a presque
triplé au cours des 25 derniÚres
années chez les mammifÚres
marins de l’Arctique et  les BPC,
bien que bannis de l’industrie
depuis plus de 30 ans, sont 
omniprĂ©sents dans l’environ-
nement. Â»

Au cours d’une confĂ©ren-

ce-midi tenue à l’École d’opto-
métrie le 5 février dernier, le
chercheur a effectué un survol
des résultats de recherches me-
nées depuis 20 ans sur les
consĂ©quences d’une exposition
à ces polluants sur le dévelop-
pement des enfants. Ayant lui-
mĂȘme conduit une Ă©tude au-
prùs d’enfants inuits d’ñge
préscolaire, dont les résultats
ont été publiés dans la revue
Neurotoxicology l’an dernier,
M. Saint-Amour parle en
connaissance de cause.

Un environnement Ă 

risque

Selon les travaux présentés

par Dave Saint-Amour, une ex-
position Ă  long terme aux bi-
phényles polychlorés (BPC) et
au mercure, particuliĂšrement
pendant la grossesse, peut en-
trainer des déficits cognitifs chez
les jeunes enfants, dont des
troubles de l’attention et de la
mĂ©moire. Mais, jusqu’à tout rĂ©-
cemment, on ne savait presque
rien sur les effets de ces conta-
minants sur les fonctions senso-
rielles. « Ceci est pourtant fon-
damental pour comprendre
l’origine des dĂ©ficits observĂ©s et
ainsi mieux orienter les straté-
gies d’intervention Â», dĂ©clare le
chercheur.

Spécialiste des évaluations

comportementale et Ă©lectrophy-
siologique du systĂšme visuel,
Dave Saint-Amour fait partie
depuis 2000 d’une importante
équipe de recherche québéco-

amĂ©ricaine qui s’intĂ©resse Ă  
cette problĂ©matique. « Notre
but est d’étudier, notamment
avec la vision, si le traitement
de l’information sensorielle est
touché chez les enfants inuits
du Nunavik en considérant
comme facteur potentiellement
protecteur le rÎle des oméga-3.
Cela n’a jamais Ă©tĂ© fait aupara-
vant Â», dit-il.

L’étude longitudinale, qui

se poursuivra jusqu’en 2010,
comprend une cohorte de 
483 nouveau-nĂ©s inuits du 
Nunavik. À leur naissance, des
Ă©chantillons de sang ont Ă©tĂ© 
prĂ©levĂ©s dans leur cordon 
ombilical afin de mesurer les
concentrations d’une panoplie
de contaminants environne-
mentaux. Durant la premiĂšre
annĂ©e de vie et Ă  l’ñge de cinq
ans, les enfants ont été soumis
à diverses évaluations du déve-

Hebdomadaire d’information

www.umontreal.ca

Volume 41 / NumĂ©ro 21 / 19 fĂ©vrier 2007

À l’ñge de quatre ans, Jacques Bou-
cher a vu entrer dans la maison fami-
liale de Saint-Pascal de Kamouraska
un groupe de violoneux venus célé-
brer la nouvelle année. DÚs les pre-
miĂšres mesures, il a voulu aller cher-
cher son meilleur ami, dans la maison
voisine, pour qu’il assiste Ă  la fĂȘte
musicale. « Toute ma vie est lĂ . J’ai
toujours aimé faire profiter les autres
de ma passion Â», dit le nouveau
doyen de la Faculté de musique, en-
tré en fonction en octobre dernier
en remplacement de RĂ©jean Poirier,
qui avait occupé le poste pendant
neuf ans.

À son avis, la FacultĂ© de musique

excelle sur tous les plans et mérite
une meilleure visibilité dans la com-
munauté québécoise. Son objectif,
au cours des quatre prochaines an-
nées, sera de donner un plus grand
rayonnement aux multiples activités
publiques de la FacultĂ©. « Nous 
prĂ©sentons dans nos trois salles 
de concert environ 580 spectacles 
par annĂ©e, qui attirent quelque 
100 000 personnes. De l’opĂ©ra, du
jazz, de la percussion, de la musique
contemporaine, de la musique ba-
roque, du piano, de la musique 
de chambre et bien d’autres sont 
au programme. Il est temps que ce
dynamisme soit reconnu Ă  sa juste
mesure. Â»

Cette jeune mĂšre a des raisons de s’inquiĂ©ter, car le poisson que mange son enfant ne contient pas seulement des omĂ©ga-3


Suite en page 2

Jacques Boucher, nouveau doyen de la
Faculté de musique

Jacques
Boucher veut
faire rayonner
la Faculté de
musique

DĂšs la gestation, les enfants du Nunavik sont exposĂ©s Ă  des 

taux

anormalement élevés

de contaminants environnementaux 

Les BPC et le mercure

menacent la santĂ© 

des enfants inuits

Suite en page 2

P3 

RECHERCHE À L’UDEM

Un

superordinateur fait son
entrée.

P4 

CAPSULE SCIENCE

D’oĂč

vient l’interdiction de manger
du porc ?

P4 

SCIENCE POLITIQUE

Les

jeunes aiment la politique,
mais ne votent pas.

P6 

IMMUNOLOGIE

Rafick Pierre
Sekaly fait une
découverte
majeure.

background image

Figure majeure de la musique

au Québec mais peu connu dans
le monde universitaire, le nou-
veau doyen a été réalisateur ra-
diophonique à la Société Radio-
Canada (SRC) de 1972 Ă  1997, oĂč
il a assuré la direction des émis-
sions musicales de 1984 Ă  1987.
Puis il a occupé les fonctions de
directeur général et artistique des
Jeunesses musicales du Canada
(JMC) de 1998 Ă  2002. Sous sa
conduite, les JMC ont pris un es-
sor impressionnant : rĂ©novation
du siĂšge social qui abrite aujour-
d’hui une salle de concert de qua-
litĂ©, ouverture Ă  l’échelle nationa-
le du concours d’art vocal,
création du Concours musical in-
ternational de Montréal, implan-
tation d’un service de communi-
cation.

« Je considĂšre mon poste ac-

tuel comme le troisiÚme grand dé-
fi de ma carriĂšre Â», indique le
doyen en faisant référence à ses
années passées à la SRC et aux
JMC. Il n’inclut pas dans le comp-
te sa propre activité de musicien.
Titulaire depuis 21 ans des orgues
de l’église Saint-Jean-Baptiste, Ă 
Montréal, il a enregistré une ving-
taine de disques. Il donne envi-
ron 20 concerts par année, no-
tamment en compagnie de sa
femme, la violoniste Anne Robert.

Jean ChrĂ©tien au trombone ?

MĂȘme si M. Boucher a reçu

une formation universitaire en
bonne et due forme dans les an-
nées 70 (baccalauréat et licence
en interprétation organistique de
l’UniversitĂ© Laval), il n’a pas fait
carriùre dans le milieu de l’ensei-
gnement. « Je me suis toujours
senti en filiation directe avec les
professeurs et les Ă©tudiants de la
FacultĂ© de musique de l’Univer-
sitĂ© de MontrĂ©al, prĂ©cise-t-il. J’ai
toujours reconnu la qualité de la
formation offerte ici. Quand j’étais
à Radio-Canada et que j’embau-

chais des recherchistes, 9 sur 10
venaient de cette facultĂ©. Â»

Le doyen entend laisser sa

marque comme celui qui aura fait
rayonner la Faculté, à une époque
oĂč la visibilitĂ© sur la scĂšne pu-
blique est un facteur de réussite.
DÚs le début de son mandat, il
s’est fixĂ© comme objectif de ren-
contrer au moins une fois par mois
un acteur clé du milieu politique
ou du monde de affaires afin de
le sensibiliser aux besoins d’une
faculté de musique. Son agenda
n’a pas tardĂ© Ă  se remplir. « J’en
suis bien au-delà de mes prévi-
sions Â», signale-t-il trois mois aprĂšs
son entrée en fonction.

Il se rĂ©jouit d’avoir vu l’an-

cien premier ministre du Québec
Bernard Landry assister au plus
rĂ©cent concert de l’Orchestre de
l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Quant
à l’ex-premier ministre du Cana-
da Jean Chrétien, il est venu en
compagnie de sa femme Ă  un
concert de jazz en novembre der-
nier. M. Chrétien était si enthou-
siaste Ă  la fin du concert que, aprĂšs
avoir félicité un à un tous les étu-
diants qui avaient donné le spec-
tacle, il a dit qu’il ressortirait son
trombone Ă  coulisse du placard...

Finie l’humilitĂ© !

« Les gens de l’industrie n’en

font pas assez pour le financement
de la culture Â», mentionne le
doyen Boucher, qui souhaite 
voir les choses chan-
ger dans un avenir
prochain. Il est
conscient d’entamer
son mandat Ă  un mo-
ment oĂč les temps
sont durs pour les
universités québécoi-
ses en ce qui concer-
ne leur financement.
« Raison de plus pour
faire preuve d’une
plus grande créativi-
tĂ© Â», lance-t-il.

Au mois de 

décembre, le don

posthume d’un piano Steinway à
la Faculté par Denis Regnaud a
révélé le style de gestion du nou-
veau doyen. PlutĂŽt que de simple-
ment apposer sur l’instrument une
plaque portant le nom du dona-
teur, on a créé un fonds Denis-
Regnaud qui attribuera annuelle-
ment des bourses aux Ă©tudiants
en musique pour le clavier (pia-
no, clavecin, orgue). Le tout a été
célébré par un concert auquel ont
pris part cinq professeurs de la 
Faculté. Pour inciter les donateurs
Ă©ventuels Ă  participer Ă  la capita-
lisation du Fonds, le doyen a signé
554 lettres personnalisées adres-
sées aux gens qui ont cÎtoyé le
donateur. « On veut amasser 
10 000 $ par année pour ce fonds.
On y arrivera ! Â»

La Faculté de musique, ce

sont 700 Ă©tudiants et 42 profes-
seurs. S’y ajoutent une centaine
de chargés de cours et une qua-
rantaine d’accompagnateurs. Ces
gens ont en commun la passion
de la musique et le souci de la qua-
lité, fait remarquer M. Boucher.
« Il faut cesser d’ĂȘtre humble. Â»

Dans ses rĂȘves, il imagine 

que les grands ensembles de la
FacultĂ© partent en tournĂ©e. « Et 
j’espĂšre me dĂ©barrasser de mes 
fantasmes... en les rĂ©alisant Â»,
conclut-il en riant.

Mathieu-Robert Sauvé

2

FORUM

S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

loppement physique, moteur, 
sensoriel et intellectuel. Tout un
Ă©ventail de mĂ©thodes ont Ă©tĂ© 
employées, dont des mesures élec-
trophysiologiques de l’activitĂ© 
cérébrale.

Les résultats révÚlent que les

nouveau-nés du Nunavik sont ex-
posés à des taux anormalement
Ă©levĂ©s de BPC et de mercure. « Les

concentrations de composés orga-
nochlorés retrouvées dans leur
cordon ombilical sont quatre fois
plus grandes pour ce qui est 
des BPC et de 15 Ă  20 fois plus
grandes pour le mercure que celles
mesurées dans le sud du Québec.
Nous avons remarqué des asso-
ciations entre l’exposition à ces
contaminants et l’existence de dĂ©-
ficits neurocomportementaux,
surtout au cours de la premiĂšre
annĂ©e de vie. C’est inquiĂ©tant Â»,
souligne Dave Saint-Amour.

Exposition intra-utérine

Comme bien d’autres pol-

luants organiques persistants, les
BPC et le mercure sont transmis
au fƓtus par la mĂšre. « Les BPC et
le mercure s’accumulent dans les
tissus des ĂȘtres vivants, traversent
la barriĂšre placentaire et peuvent
perturber le développement du
fƓtus Ă  un moment oĂč il est par-
ticuliĂšrement vulnĂ©rable Â», in-
dique le chercheur. Certaines
Ă©tudes entreprises au Nunavik et
ailleurs dans le monde, notam-
ment aux ßles Féroé (archipel da-
nois), laissent Ă  penser que les
nouveau-nés en subissent les
contrecoups.

Mais l’impact de l’exposition

intra-utérine à certains contami-
nants suscite encore la controver-
se dans les milieux scientifiques.
« Ă€ l’heure actuelle, il est impos-
sible de dire si les problĂšmes 
d’apprentissage que peuvent vivre
des jeunes du Nunavik sont dus 
Ă  des conditions familiales ou 
sociales difficiles ou encore Ă  
l’exposition aux contaminants Â»,
admet M. Saint-Amour. 

Les taux découverts chez les

enfants inuits au Canada sont
comparables à ceux trouvés chez
les enfants d’autres rĂ©gions (dont
ceux du lac Michigan et des Pays-
Bas) qui souffrent de divers pro-
blĂšmes cognitifs. Cependant, les
consĂ©quences Ă  long terme de l’ex-
position aux contaminants pour
les enfants du Nunavik ne seront
pas connues avant qu’ils soient
de nouveau Ă©valuĂ©s, soit Ă  l’ñge
de 10 ans.

Un traitement de

l’information sensorielle

hors norme

Pour l’instant, l’enregistre-

ment de l’activitĂ© Ă©lectrique du
cerveau Ă  partir des potentiels Ă©vo-
qués visuels auprÚs de 102 sujets

de la cohorte initiale démontre
une certaine influence bénéfique
des oméga-3 en ce qui concerne le
traitement visuel. Du moins chez
les enfants ùgés de cinq ans. Par
contre, ces acides gras ne sem-
blent pas empĂȘcher l’action nĂ©-
faste des contaminants. De fortes
corrélations existent en effet entre
la performance aux tests visuels
et le degrĂ© d’exposition aux BPC
et au mercure.

« Plus le taux de mercure chez

les jeunes est élevé, plus la laten-
ce des potentiels évoqués visuels
est courte Â», mentionne Dave
Saint-Amour. Autrement dit, la
transmission de l’information vi-
suelle semble se faire plus rapide-
ment que d’habitude. Et ce n’est
pas nécessairement bon signe.
« Vous savez, il y a plusieurs rai-
sons qui expliquent pourquoi les
potentiels évoqués visuels pren-
nent un certains temps Ă  se mani-
fester, signale M. Saint-Amour.
Cela indique que les circuits et
processus neuronaux fonction-
nent normalement. Â»

Le chercheur a noté un pro-

cessus contraire en ce qui a trait
aux BPC. « La latence Ă©tait beau-
coup plus longue que la norma-

le. Â» Signe d’une irrĂ©gularitĂ©, on
retrouve le mĂȘme phĂ©nomĂšne
chez les personnes atteintes de di-
verses maladies, dont la sclérose
en plaques. Ce qui fait croire Ă  
M. Saint-Amour que le problĂšme
des latences neuronales longues et
courtes pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  des 
anomalies dans le traitement de
l’information. « C’est ce que nous
tentons présentement de mieux
comprendre. Â» 

Une subvention de 4,7 M$

GrĂące Ă  une subvention 

des National Institutes of Health
de 4,7 M$, l’équipe quĂ©bĂ©co-
américaine poursuit donc son étu-
de sur le dĂ©veloppement des 
enfants inuits du Grand Nord. 

Outre Dave Saint-Amour,

Éric Dewailly, Pierre Ayotte, 
CĂ©lyne Bastien et Gina Muckle,
de l’UniversitĂ© Laval, Joseph et
Sandra Jacobson, de l’UniversitĂ©
Wayne State, Ă  Detroit, et Charles
Nelson, de l’UniversitĂ© Harvard,
composent l’équipe responsable
du projet. Les conclusions défi-
nitives de l’étude seront connues
vers la fin de 2010.

Dominique Nancy

Les BPC et le mercure menacent la santé des enfants inuits

Suite de la page 1

Jacques Boucher veut faire rayonner
la Faculté de musique

Suite de la page 1

Le projet d’une boite à chansons,
genre trÚs en vogue au Québec à
cette Ă©poque, murissait depuis le
début des années 60. Souvent re-
légué aux oubliettes, il renaissait
obstinĂ©ment, succĂ©dant Ă  l’effer-
vescence des campagnes Ă©lecto-
rales de l’AGEUM.

Les défis étaient de taille pour

ses jeunes promoteurs ; il fallait
d’abord trouver un local suffisam-
ment grand et qui conviendrait aux
activités envisagées. Le désir des
Ă©tudiants Ă©tait de recrĂ©er l’ambian-
ce d’un quartier latin, de constituer
un centre de vie culturelle tel le Ca-
fé de Flore, à Paris. On songea tout
d’abord Ă  une ancienne Ă©glise an-
glicane située rue Jean-Brillant, mais
les travaux de réfection se seraient
avérés trop couteux. Le seul local
disponible dans le quartier semblait
ĂȘtre cette grande salle dĂ©nudĂ©e si-
tuĂ©e Ă  l’angle de l’avenue Decelles
et du chemin Queen-Mary et qui
avait servi de cafĂ©tĂ©ria d’urgence
lors du boycottage de la cafétéria de
l’UdeM en 1966. Il fallait mainte-
nant voir comment on allait renta-
biliser ces 8000 pieds carrĂ©s. 

La diversitĂ© des services 

offerts et la durĂ©e d’exploitation,
jusqu’à 16 heures par jour, sem-
blaient ĂȘtre la solution. Le CafĂ© 
Campus sera effectivement ouvert
tous les jours de 8 h Ă  minuit et se-
ra Ă  la fois restaurant le jour et tour
Ă  tour boite Ă  chansons, disco-
thÚque, jazzthÚque, salle de théùtre,
de réception et de réunion le soir.
L’ñge minimal requis pour les soi-
rĂ©es de discothĂšque est de 20 ans ;
le prix de la biĂšre et du vin est de
0,40 $.

Le 10 février 1967 sera le soir

de l’avant-premiĂšre Ă©tudiante avec
en vedette Georges Dor et Stépha-
nie. Quelques avant-premiĂšres plus
tard a lieu l’ouverture officielle dans
une joyeuse atmosphĂšre avec cock-
tail de lancement, illustres invités,
bar ouvert et prestation d’artistes.
Et ce ne sera qu’un dĂ©but, plusieurs
personnalités de la scÚne culturel-
le quĂ©bĂ©coise s’y produiront : Jean-
Pierre Ferland, Jean-Guy Moreau,
Pauline Julien, Louise Forestier, Ro-
bert Charlebois, Claude Dubois, les
Cyniques, etc.

De nombreux Ă©tudiants y 

occuperont divers emplois : ils 
seront disques-jockeys, préposés à
la restauration, aux services aux
tables, Ă  l’éclairage, Ă  la mise en 
scĂšne, au son ; d’autres encore s’es-
saieront à la chanson, à la poésie,
Ă  la musique ou Ă  la comĂ©die. Le 
CafĂ© poursuivra ses activitĂ©s Ă  la 
mĂȘme adresse jusqu’en 1993, 
annĂ©e oĂč il dĂ©mĂ©nagera rue Prince-
Arthur Ă  la suite de multiples
plaintes des résidants du quartier.

Source :

Division des archives, Université de Mon-
trĂ©al. Fonds de l’Association gĂ©nĂ©rale des
Ă©tudiants de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al
(P0033).

Le Quartier latin, 

1967.

Saviez-vous 

que
?

Le Café Campus a ouvert ses
portes en 1967

Hebdomadaire 
d’information de 
l’UniversitĂ© de MontrĂ©al

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Paule des RiviĂšres

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Dave Saint-Amour

Georges Dor en 1967

Jacques Boucher a pour mission de mieux faire
connaitre les forces de la Faculté de musique.

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Le 

DĂ©partement

de chirurgie

compte se doter
d’un simulateur
haptique 

Voici des chiffres Ă  faire frĂ©mir :
pour la seule année 2000, une
Ă©quipe du Groupe de recherche
interdisciplinaire en santé a éva-
luĂ© Ă  185 000 le nombre d’erreurs
médicales survenues au Canada.
Il en a rĂ©sultĂ© un million d’heures
d’hospitalisation supplĂ©mentaires
et les chercheurs estiment que de
9000 à 24 000 décÚs auraient pu
ĂȘtre Ă©vitĂ©s n’eĂ»t Ă©tĂ© ces « Ă©vĂšne-
ments indĂ©sirables Â».

« Quatre-vingts pour cent de

ces fautes surviennent en situa-
tion d’apprentissage au cours de
laquelle un médecin doit maitriser
un nouvel instrument ou un nou-
veau type d’intervention, affirme
SĂ©bastien Delorme, agent de re-
cherche au Conseil national de
recherches du Canada (CNRC).
La plupart de ces erreurs sont liées
Ă  des chirurgies hautement com-
plexes et prĂšs de 40 % pourraient
ĂȘtre prĂ©venues par un meilleur en-
trainement. Â»

C’est tout dire de l’importan-

ce du contrĂŽle des gestes et de la
technologie. Selon les données
recueillies par l’agent de re-
cherche, un entrainement sur un
appareil de rĂ©alitĂ© virtuelle d’abla-
tion de la vésicule biliaire permet
de gagner 29 % du temps néces-
saire à une telle intervention et ré-
duit de cinq fois le risque de bles-
sure chez le patient.

Réalité virtuelle haptique

La technologie peut donc ĂȘtre

d’un grand secours pour Ă©viter les
erreurs mĂ©dicales. SĂ©bastien 
Delorme présentait, le 12 février,
l’état d’un projet de recherche
commun du CNRC, du DĂ©parte-
ment de chirurgie de la FacultĂ© 
de mĂ©decine et de l’unitĂ© de 
laparoscopie avancĂ©e de l’hĂŽpi-
tal Maisonneuve-Rosemont, pro-
jet portant sur une nouvelle géné-
ration d’appareils simulateurs de
laparoscopie.

Pour permettre aux Ă©tudiants

et aux mĂ©decins de s’exercer Ă  pra-
tiquer des interventions par lapa-
roscopie, il existe des simulateurs
qui reconstituent en trois dimen-
sions et de façon trÚs réaliste di-
verses parties du corps oĂč de telles
chirurgies sont possibles. Ces si-
mulateurs peuvent mĂȘme faire en-
tendre les gémissements plaintifs
du patient virtuel si l’opĂ©rateur ef-
fectue une fausse manƓuvre ou
manque de délicatesse.

« Mais ces appareils ne ren-

dent pas la réalité du contact avec

les tissus de l’organisme ni la rĂ©-
sistance de ces tissus lorsque nous
manipulons les outils chirurgi-
caux Â», souligne le D

Serge 

Dubé, vice-doyen aux affaires pro-
fessorales à la Faculté de médeci-
ne. Le dĂ©fi des concepteurs en 
rĂ©alitĂ© virtuelle est donc d’ajou-
ter cette dimension aux prochains
appareils. C’est ce qu’on appelle la
dimension haptique du mouve-
ment.

Le nĂ©ologisme « haptique Â»

dĂ©signe l’ensemble des compo-
santes sensorielles – soit kinesthĂ©-
siques, tactiles et thermiques – qui
entrent dans la sensation du tou-
cher. L’un des Ă©lĂ©ments essentiels
est le « retour de force Â», qui nous
permet de déployer la force né-
cessaire dans l’accomplissement
d’un geste, que ce soit pour sou-
lever un verre, tourner un volant
d’automobile ou serrer une main.

« Le programme haptique sur

lequel nous travaillons permettra
Ă  l’opĂ©rateur de ressentir la rĂ©sis-
tance d’un tissu lorsque ses ins-
truments entreront en contact
avec celui-ci, par exemple avec la
paroi intestinale, explique SĂ©bas-
tien Delorme. Le retour de force
nĂ©cessitera que l’opĂ©rateur exerce
la bonne pression pour faire adé-
quatement son intervention.
L’image montrera Ă©galement en
temps rĂ©el la dĂ©formation des 
tissus au moment d’un contact 
accidentel ou pendant l’interven-
tion. Â»

Assurer l’acquisition des

connaissances

Le programme de simulation

sur lequel porte le projet concer-
ne les interventions dans la zone
du bassin, soit les laparoscopies
en gynécologie et en urologie ain-
si que pour l’ablation de tumeurs
colorectales.

MĂȘme si les constituants mĂ©-

caniques d’un tel appareil existent
dĂ©jĂ  et sont produits ici mĂȘme, Ă 
Montréal, par la firme MPB, qui
fabrique les meilleures piĂšces du
genre dans le monde, le logiciel
haptique n’en est qu’à sa phase
embryonnaire. Serge Dubé espÚ-
re entrer en possession du pro-
duit final en 2010.

S’il accorde sa confiance à

cette technologie, le vice-doyen
jette toutefois un regard critique
sur celle-ci. « C’est une vĂ©ritable
rĂ©volution dans l’enseignement,
mais il ne faut pas que ces appa-
reils ne soient que des gadgets, dé-
clare-t-il. Il faut s’assurer que les
connaissances sont transmises et
qu’il en reste quelque chose chez
les Ă©tudiants. Â»

Lui-mĂȘme n’a pas appris Ă 

partir de simulateurs, mais l’éva-
luation des apprentissages réali-
sĂ©s Ă  l’aide de tels appareils dĂ©-
montre, à son avis, leur utilité et
leur pertinence.

Daniel Baril

L’Altix 4700

est 

Ă  la disposition 
de 350 chercheurs
québécois

Le superordinateur à mémoire
partagée le plus puissant du pays,
l’Altix 4700, est maintenant à la
disposition de 350 scientifiques
québécois grùce à un important
don en nature de SGI Canada au
Réseau québécois de calcul de
haute performance (RQCHP). Le
RQCHP regroupe les cinq Ă©tablis-
sements universitaires suivants :
l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, l’Uni-
versitĂ© de Sherbrooke, l’Univer-
sitĂ© Concordia, l’École polytech-
nique et l’UniversitĂ© Bishop’s.

Le RQCHP abrite aujourd’hui

le superordinateur Altix 4700 qui,
avec 384 processeurs à cƓur
double (768 cƓurs) et 1536 giga-
octets de mĂ©moire vive (Ă  titre com-

paratif, un ordinateur personnel
contient de 1 Ă  2 gigaoctets), aug-
mentera la capacité et la perfor-
mance du parc d’équipements ser-
vant au calcul de haute
performance. 

« Le geste de SGI mĂ©rite d’au-

tant plus d’ĂȘtre soulignĂ© qu’il per-
met Ă  des centres de recherche
quĂ©bĂ©cois d’ĂȘtre concurrentiels
dans un environnement oĂč la
technologie Ă©volue rapidement Â»,
a expliqué le recteur, Luc Vinet, au
cours d’une cĂ©rĂ©monie destinĂ©e
Ă  remercier SGI Canada et Ă  
laquelle assistaient Robert David-
son, directeur des programmes et
de l’exploitation à la Fondation
canadienne pour l’innovation,
Martin Pinard, président de SGI
Canada, ainsi que David Séné-
chal et Michel CÎté, respective-
ment directeur et directeur de
site Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al
pour le RQCHP.

« Avec l’Altix 4700, nos cher-

cheurs peuvent à présent compter

sur l’un des superordinateurs les
plus puissants du monde, a ajou-
tĂ© Joseph Hubert, doyen de la 
Faculté des arts et des sciences.
De nouvelles portes s’ouvriront à
eux, alors qu’ils pourront entre-
prendre des calculs d’une telle
complexitĂ© que ceux-ci n’étaient
pas envisageables auparavant. Â»

Les Ă©tudes des chercheurs du

RQCHP portent sur un vaste
Ă©ventail de domaines scientifiques
et leurs retombées influent sur plu-
sieurs secteurs d’activitĂ© : santĂ© et
pharmaceutique, automobile, aé-
ronautique, physique, chimie et
nanotechnologie, pour ne nom-
mer que ceux-lĂ . La performance
des superordinateurs auxquels les
chercheurs ont accÚs a des réper-
cussions certaines sur les possibi-
litĂ©s de recherche. L’Altix 4700
permettra de réduire considéra-
blement la durée des simulations,
certaines passant mĂȘme de deux
semaines Ă  deux minutes.

S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

FORUM

3

Affaires

universitaires 

Un superordinateur Ă 
mémoire partagée est
logĂ© Ă  l’UdeM

CĂ©line Pilon, directrice de la cam-
pagne Centraide à l’UdeM depuis
prÚs de 20 ans, se réjouit du résul-
tat de la collecte de 2006 qui,
cette annĂ©e encore, a dĂ©passĂ© son 
objectif. Le total atteint est de 
362 383 $ pour 1300 dons. Et
l’objectif initial avait Ă©tĂ© fixĂ© Ă 
350 000 $. Signalons par ailleurs
que la participation des Ă©tudiants
s’est chiffrĂ©e Ă  3609 $. 

Ces résultats, qui une fois de plus
attestent de la générosité de la
communautĂ©, ont pu ĂȘtre
obtenus grĂące au travail du
comité local de Centraide,
présidé par le professeur émérite
Gilles Rondeau, assisté de nom-
breux bénévoles qui ont tendu la
main au bénéfice des plus dému-
nis.  

Centraide :
objectif
dĂ©passĂ© !

De gauche à droite, Guy Berthiaume, vice-recteur au développement et aux relations avec les diplÎmés, Michel CÎté,
Robert Davidson, Martin Pinard, le recteur Vinet et Joseph Hubert 

Soins

et pédagogie

Réalité virtuelle en
laparoscopie

Trouvez le nom commun qui a successivement dĂ©signĂ© les Ă©lĂ©ments 
ci-dessous. 

‱ Une Ă©toffe de laine 
‱ Un tapis de table fait de cette Ă©toffe 
‱ Une table ainsi couverte 
‱ Une table de travail 
‱ La piĂšce oĂč se trouve une table de travail 
‱ Un lieu de travail 
‱ Un Ă©tablissement ouvert au public 
‱ L’ensemble des employĂ©s travaillant dans un bureau 

Ce test linguistique a été élaboré par le Centre de communication

Ă©crite (CCE) et reproduit avec son autorisation. Source : < www.cce.umon-
treal.ca>. Pour plus de dĂ©tails, consultez le site du Centre sous la 
rubrique « Boite Ă  outils Â».

test 

linguistique

RĂ©ponse: 

Ces définitions sont celles du nom

bureau,

dont le sens

a évolué par métonymie: avec le temps, le terme désignant le contenu

s’est appliquĂ© aussi au contenant ou le terme dĂ©signant la partie s’est

appliquĂ© au tout. L’évolution du mot 

toilette

est un autre exemple

d’extension mĂ©tonymique. DĂ©signant d’abord une petite toile, le nom

toilette

a désigné ensuite le linge sur lequel étaient déposés les acces-

soires servant Ă  la parure, puis les accessoires mĂȘmes, ensuite le meuble

garni des accessoires, enfin l’action de s’habiller ou d’effectuer les soins

de propretĂ© du corps. Au pluriel, le terme 

toilettes

désigne maintenant

les cabinets d’aisance.

Louise LĂ©vesque, coordonnatrice du Laboratoire d’enseignement chirurgical
de l’hĂŽpital Maisonneuve-Rosemont, et Serge DubĂ© montrent le fonctionnement
du simulateur de laparoscopie actuel.

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.

background image

4

FORUM

S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

Mais l’intĂ©rĂȘt des
jeunes tombe quand
ils sont en Ăąge

d’aller voter

Lorsqu’on invite les adolescents
montrĂ©alais Ă  Ă©valuer leur intĂ©rĂȘt
pour la politique sur une Ă©chelle
de 0 Ă  10, plusieurs donnent une
note supĂ©rieure Ă  6. « C’est dĂ©jĂ 
pour moi une surprise. Les jeunes
sont moins apathiques que les pré-
jugĂ©s le laissent entendre Â», com-
mente Eugénie Dostie-Goulet,
dont la thĂšse de doctorat au DĂ©-
partement de science politique
porte sur les adolescents et la po-
litique.

Pour les besoins de sa re-

cherche, la jeune femme de 26 ans
a menĂ© une vaste enquĂȘte auprĂšs
de 760 Ă©lĂšves de troisiĂšme secon-
daire afin de connaitre leurs opi-
nions sur l’actualitĂ© politique. Les
réponses obtenues sont éton-
nantes. « Les jeunes ont des 
opinions éclairées sur plusieurs
sujets liés à la politique nationale
ou internationale, dit-elle. Ils sont
de plus trĂšs critiques. Le menson-
ge, la corruption, les fausses pro-
messes, c’est ce qu’ils dĂ©testent le
plus chez les politiciens. Â»

L’originalitĂ© de cette recher-

che est qu’elle s’étend sur plu-
sieurs années, de façon à voir
comment progressera le rapport
des jeunes avec la politique. « La
littérature scientifique sur le sujet
est extrĂȘmement rare et remonte
aux années 70, explique la cher-
cheuse. À cette Ă©poque, on a sur-
tout Ă©tudiĂ© l’influence parentale
sur les attitudes Ă©lectorales des
enfants. Notre étude est différen-
te. Il s’agit de dĂ©couvrir les atti-
tudes et opinions des jeunes eux-
mĂȘmes pour ce qu’elles sont et de
voir comment elles vont Ă©voluer
sur plusieurs annĂ©es. Â»

Les jeunes sondés avaient 14

et 15 ans au moment de la pre-
miĂšre rencontre. Ils seront de nou-
veau interrogés en quatriÚme puis
en cinquiĂšme secondaire. Ils au-
ront ensuite le droit de vote.

VoilĂ  oĂč la recherche d’Eu-

génie Dostie-Goulet pourrait
s’avĂ©rer le plus utile. « Moins du
quart des Ă©lecteurs de 18 ans 
votent, souligne-t-elle. On aime-
rait mieux comprendre pourquoi
ils sont si nombreux Ă  s’abstenir. Â»

Ce phĂ©nomĂšne de l’absten-

tion chez les jeunes adultes préoc-
cupe les politologues. Selon une
recherche de Jon Pammett et 
Lawrence LeDuc effectuée en
2000, 38,2 % des Ă©lecteurs cana-
diens qui ont eu 18 ans en 1993
ont exercé leur droit de vote aux
élections fédérales de 2000. Ceux
qui ont atteint la majorité en 1997
n’ont Ă©tĂ© que 27,5 % Ă  dĂ©poser
leur bulletin dans l’urne et ceux
qui pouvaient voter pour la pre-
miĂšre fois en 2000 n’ont Ă©tĂ© que
22,4 % Ă  le faire.

Pourquoi s’abstiennent-ils au-

tant s’ils manifestent un intĂ©rĂȘt
pour la politique plus tĂŽt dans
l’adolescence, comme tend Ă  le dĂ©-
montrer l’étude de M

me

Dostie-

Goulet ? « Pour l’instant, c’est une
question sans rĂ©ponse. Et j’aime
les questions sans rĂ©ponse Â», lan-
ce la doctorante en esquissant un
sourire.

Études et engagement

Sous la direction d’AndrĂ©

Blais, professeur spécialisé dans
l’analyse du comportement de
l’électorat, EugĂ©nie Dostie-
Goulet poursuivra sa recherche
au cours des trois prochaines an-
nĂ©es. 

S’il est vrai qu’il serait hñtif

de tirer la moindre conclusion, el-
le Ă©met l’hypothĂšse que des
mythes entourent les jeunes au
chapitre de leur engagement dans
la vie publique. « J’ai le sentiment
que les jeunes sont plus politisés
qu’on pense, indique-t-elle. Cette
recherche permettra peut-ĂȘtre d’en
apprendre davantage Ă  ce sujet. Â»

Il est important d’étudier cet-

te question puisque les habitudes
Ă©lectorales s’acquiĂšrent trĂšs tĂŽt
dans la vie. Des chercheurs ont
découvert dans les années 90 que
voter est une habitude qui se
prend jeune. Et inversement. C’est
donc essentiel de comprendre ce
qui distingue les jeunes qui négli-
gent d’exercer leur droit de vote et
ceux qui, au contraire, s’en prĂ©-
valent Ă  la premiĂšre occasion.

En matiùre d’engagement,

Eugénie Dostie-Goulet est un mo-
dĂšle en soi. PrĂ©sidente de l’Asso-
ciation des Ă©tudiants des cycles
supérieurs en science politique de
l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, elle a
toujours accordé une bonne pla-
ce à ses propres activités poli-
tiques. En 2001 et 2002, par
exemple, alors qu’elle Ă©tudiait Ă 

l’UniversitĂ© de Sherbrooke, elle a
animĂ© l’émission Politique en 
direct 
Ă  la station CFLX 95,5. Du-
rant les mĂȘmes annĂ©es, elle a par-
ticipé à une simulation des tra-
vaux de l’Organisation des
Nations unies. Puis, en 2005, el-
le a suivi un stage d’étĂ© en psy-
chologie politique Ă  l’UniversitĂ©
Stanford.

Vote et mariage gai

Sur le plan universitaire, sa

recherche précédente a obtenu
beaucoup de succĂšs dans le sec-
teur de la science politique. En
2005, l’étudiante dĂ©posait Ă 
l’UdeM un mĂ©moire de maitrise
sur l’impact du mariage gai sur les
élections fédérales de 2004. Un
article synthĂšse vient de paraitre
dans la revue Politique et sociĂ©-
tĂ©s 
(volume 25, numéro 1).

Dans ce travail, la jeune 

femme a voulu savoir si le débat
sur le mariage gai a influencé les
électeurs. La réponse est oui.
« Nous avons calculĂ© que plus de
4 électeurs sur 100 ont voté diffé-
remment en raison de cet enjeu
Ă©lectoral, signale-elle. Une pro-
portion qui a atteint six pour cent
dans l’Ouest canadien. Â»

C’est grĂące Ă  l’Étude Ă©lecto-

rale canadienne (une Ă©tude dont
André Blais est un des principaux
responsables) qu’EugĂ©nie Dostie-
Goulet a pu obtenir les réponses
de 3275 entrevues réalisées avant
et aprĂšs les Ă©lections qui ont 
porté les conservateurs de Ste-
phen Harper au pouvoir. « Nous
croyons que, si cet enjeu n’avait
pas fait partie des considérations
des électeurs, le résultat du scru-
tin aurait été différent, certains
électeurs ayant alors voté pour un
autre parti que celui qu’ils ont
choisi Â», Ă©crit-elle dans sa prĂ©sen-
tation des résultats.

Cependant, le Parti conser-

vateur (seul parti ouvertement op-
posĂ© au mariage gai) n’a pas bĂ©nĂ©-
ficié du déplacement des votes,
puisque les Ă©lecteurs qui Ă©taient
en faveur du mariage gai ont été
nombreux à privilégier le Nou-
veau Parti démocratique ou le Par-
ti libĂ©ral. « Cette Ă©tude dĂ©montre
finalement que mettre l’accent sur
les enjeux moraux, mĂȘme si cela
suscite l’émotion, n’a pas vraiment
plus d’effet qu’une campagne sur
l’économie ou la santĂ© Â», conclut-
elle.

Mathieu-Robert Sauvé

Recherche

en science politique 

Les adolescents
s’intĂ©ressent plus qu’on
pense Ă  la politique

Ces Ă©lĂšves de l’école River Heights Elementary School, en Alberta, dĂ©pouillent les votes Ă  l’issue d’un scrutin local. À
l’adolescence, ils auront dĂ©jĂ  une certaine expĂ©rience du processus Ă©lectoral. 

On apprenait, il y a quelques 
semaines, que les garderies de la
Commission scolaire de Montréal
ont banni le porc des menus 
destinĂ©s aux enfants. La raison ? Il
devenait trop difficile de gérer les
repas s’il fallait accommoder les
juifs et les musulmans de stricte
observance qui refusent toute
consommation de porc, animal
considéré comme impur.

Plusieurs associent ce rejet

du porc Ă  son apparente malpro-
preté. Cette justification ne tient
pas la route quand on considĂšre
les conditions hygiĂ©niques dans 
lesquelles vivent d’autres animaux,
comme la chĂšvre ou la vache, qui
ne font pas l’objet d’interdits reli-
gieux. L’hypothùse de l’hygiùne
perd tout fondement lorsqu’on 
remonte Ă  la source biblique de
l’interdiction, soit le LĂ©vitique et le
DeutĂ©ronome, oĂč le porc figure
parmi une vingtaine d’autres ani-
maux qui ne doivent pas ĂȘtre
consommés. La liste va du liÚvre
jusqu’à l’aigle en passant par 
l’autruche et la grenouille.

Il est en fait défendu de

manger tout animal dont le sabot
est fendu mais qui ne rumine pas,
tout animal qui rumine mais dont
le sabot n’est pas fendu, tout ce
qui vit dans l’eau mais qui n’a pas
de nageoires ou d’écailles, tout 
oiseau qui n’est pas granivore, tout
reptile et tout insecte, sauf la sau-
terelle. Ils sont tous qualifiĂ©s d’im-
purs. Le porc n’est qu’un exemple
parmi d’autres d’animal dont le sa-
bot est fendu mais qui n’est pas
un ruminant.

Prototype pur

Pourquoi ces animaux sont-

ils impurs ? L’explication la plus
plausible a été proposée au milieu
des annĂ©es 60 par l’anthropologue
Mary Douglas. Les animaux qui
tombent sous le coup de l’interdit
possÚdent des caractéristiques qui
les associent à deux espÚces diffé-
rentes : ils sont impurs en ce sens
qu’ils ne correspondent pas au pur
prototype de la catégorie dans la-
quelle les anciens HĂ©breux les ran-
geaient.

C’est aussi l’explication que

privilégie Jean Duhaime, profes-
seur et doyen de la Faculté de théo-
logie et de sciences des religions.

« Les rĂšgles alimentaires structu-
rent et renforcent l’identitĂ© d’un
groupe, observe-t-il. Tout groupe
se perçoit comme étant distinct et
veut Ă©viter sa dissolution. Pour ce-
la, il doit empĂȘcher les “mĂ©langes”.
Si cette rĂšgle vaut pour les humains,
elle vaut aussi pour les animaux ;
ceux qui semblent avoir enfreint la
rÚgle sont considérés comme im-
purs et il faut s’en Ă©carter Â», sou-
ligne le thĂ©ologien en prĂ©cisant l’in-
terprétation de Mary Douglas.

La tradition juive attribue le

DeutĂ©ronome et le LĂ©vitique Ă  
Moïse, dont l’existence, non attes-
tée, remonterait au 13

e

siĂšcle avant

notre Úre. Toutefois, la rédaction
de ces livres date des 5

e

et 6

e

siĂšcles

avant JĂ©sus-Christ.

L’accommodement 

de Paul

Si les musulmans ont conser-

vé ces interdits alimentaires issus
du judaĂŻsme, pourquoi le christia-
nisme n’en a-t-il pas fait autant ?
MĂȘme si l’Église chrĂ©tienne des pre-
miers temps Ă©tait une branche du
judaĂŻsme, « Paul a voulu accueillir
dans cette Église tous ceux qui ve-
naient de l’extĂ©rieur du judaĂŻsme Â»,
explique Jean Duhaime. Pour ce
fondateur du christianisme, la si-
gnification de la conversion Ă©tait
plus importante que l’adhĂ©sion
stricte au « code de vie Â» du judaĂŻs-
me ancien.

Toute nouvelle religion Ă©tant

faite de syncrĂ©tisme, cet « accom-
modement raisonnable Â», le pre-
mier de l’histoire du christianisme,
a sans doute favorisĂ© l’expansion de
cette nouvelle religion.

Les interdits alimentaires 

de la loi juive constituent, en défi-
nitive, un excellent exemple de ce
qui, en psychologie développe-
mentale, est appelĂ© la « perception
essentialiste Â» : l’ĂȘtre humain, dĂšs
les premiÚres années de la vie, per-
çoit les ĂȘtres et les objets comme
s’ils avaient une essence interne
qui les distingue. Ce processus co-
gnitif est manifestement à l’Ɠuvre
dans les fonctions de catégorisa-
tion sociale, qui nous amĂšnent Ă 
classer les personnes en fonction
de similitudes réelles ou imagi-
naires. 

Daniel Baril

capsule

science

D’oĂč vient l’interdiction
de manger du porc ?

www.iForum.umontreal.ca

Le site d’information 
de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al

Publié par le Bureau des communications et des relations publiques.

Le cochon a le sabot fendu, mais ne rumine pas.

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S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

FORUM

5

L’aspirine demeure
un excellent
médicament
prĂ©ventif contre 
les troubles
coronariens,
confirme 

Chantal

Pharand

Le recours Ă  l’acide acĂ©tylsalicy-
lique, mieux connu sous son nom
populaire d’aspirine, est aujour-
d’hui une pratique courante dans
le traitement préventif des troubles
coronariens. Toutefois, les méde-
cins relÚvent des cas de résistan-
ce à ce médicament, un phéno-
mĂšne qui ne fait que commencer
Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©.

« Il est trĂšs bien Ă©tabli que l’as-

pirine prévient les troubles car-
diaques et qu’on devrait la prescri-
re aux patients qui sont Ă  risque de
souffrir de maladies corona-
riennes Â», affirme Chantal Pha-
rand, professeure à la Faculté de
pharmacie.

Cet effet préventif a été ob-

servé de façon épidémiologique
chez les personnes atteintes d’an-
gine instable (une phase plus aigĂŒe
que ce qui est communément ap-
pelé angine de poitrine) et chez
celles qui ont déjà fait un infarc-
tus.

Mais la littérature scientifique

rapporte depuis quelques années
des cas de résistance, soit des pa-
tients chez qui l’effet prĂ©ventif ne

se serait pas manifesté. Une revue
de la littérature réalisée par Marie
Lordkipanidzé, étudiante à la mai-
trise codirigée par Chantal Pha-
rand et Jean Diodati, a révélé que
les taux de résistance, mesurés à
l’aide de tests in vitro, varient de
0,4 Ă  83 % ! Comment expliquer
un tel Ă©cart ?

Une chaine complexe

Pour répondre à la question,

il faut connaitre tout le processus
de l’apparition des troubles coro-
nariens.

« L’angine est une douleur

ressentie dans la région du muscle
cardiaque parce que ses tissus
manquent d’oxygùne, explique
Chantal Pharand. Le manque
d’oxygĂšne est dĂ» Ă  un trop faible
apport sanguin Ă  la suite d’un rĂ©-
trĂ©cissement de l’une des artĂšres
qui irriguent le muscle cardiaque ;
ce rétrécissement est causé par
des plaques d’artĂ©riosclĂ©rose, qui
sont des dĂ©pĂŽts de cholestĂ©rol. Â»

La douleur peut se faire sen-

tir à la suite d’un effort physique,
d’un stress ou d’un simple chan-
gement de température. Elle peut
aussi s’étendre vers le cou ou vers
l’épaule et elle s’estompe avec du
repos. Si la douleur augmente
avec les crises et s’accompagne de
nausĂ©es et d’évanouissements, on
parle d’angine instable ; le risque
d’infarctus est alors plus grand.

Les plaques d’artĂ©riosclĂ©rose

présentent par ailleurs des fissures
dont la cicatrisation va contribuer
Ă  obstruer davantage la circula-
tion sanguine Ă  l’intĂ©rieur de l’ar-
tĂšre en crĂ©ant des caillots. C’est Ă 
ce stade qu’agit l’aspirine.

« L’aspirine n’élimine pas le

dépÎt de cholestérol, précise la
chercheuse. Elle empĂȘche plutĂŽt
l’adhĂ©sion des plaquettes san-
guines, un phénomÚne à la base de
la coagulation, ce qui prévient la
formation du caillot. Â»

La formation d’un caillot est

elle-mĂȘme le rĂ©sultat d’une longue
chaine dans laquelle interviennent
plusieurs agents biologiques. Une
enzyme présente à la surface des

plaquettes, la cyclo-oxygénase
(COX), est nécessaire à leur agré-
gation et c’est prĂ©cisĂ©ment cette
enzyme que neutralise l’aspirine.

Selon M

me

Pharand, la com-

plexité du processus explique les
résultats aussi éloignés que 0,4 et
83 % dans les taux de résistance
observĂ©s Ă  l’aspirine. « Tout dĂ©-
pend de l’étape de la formation
du caillot ou de l’agent prĂ©cis vi-
sé par chacun des tests, indique-
t-elle. Les taux varient Ă©galement
selon le groupe de patients sou-
mis au test. Â»

RĂ©sistance rĂ©elle : 4 %

La chercheuse a refait les tests

répertoriés dans la revue de la lit-
térature de Marie Lordkipanidzé
en recourant Ă  un Ă©chantillon de
patients ayant déjà subi un infarc-
tus. Les taux de résistance mesu-
rés ont varié de 3 à 60 %, ce qui est
quelque peu inférieur à ce qui
avait d’abord Ă©tĂ© notĂ© dans la lit-
térature.

Mais le test considéré par les

spécialistes comme le test stan-
dard et qui porte sur l’action de
l’enzyme COX a rĂ©vĂ©lĂ© un taux de
rĂ©sistance d’à peine 4 %. Les
autres tests concernent d’autres
phases du processus sur lesquelles
l’aspirine n’aurait que peu ou pas
d’effet.

« L’aspirine est donc efficace

chez la grande majorité des pa-
tients souffrant de troubles coro-
nariens, déclare Chantal Pharand.
La résistance plaquettaire touche
surtout les diabétiques, les obÚses
et sans doute les porteurs d’une
variante génétique renforçant
l’agrĂ©gation des plaquettes. Â»

Pas de contre-indication

Selon la chercheuse, l’aspiri-

ne ne constitue pas une contre-
indication chez les patients qui
ne répondent pas à son action. La
sagesse indique par conséquent
de prescrire ce médicament à tous
ceux qui sont Ă  risque puisque
seuls des tests de laboratoire per-
mettent de déceler une résistan-
ce.

Les seules contre-indications

seraient l’hĂ©mophilie et la prise 
d’anticoagulants puisque l’acide
acĂ©tylsalicylique rĂ©duit dĂ©jĂ  l’ef-
ficacité de la coagulation.

Par ailleurs, on découvre sans

cesse de nouvelles vertus à ce mé-
dicament qui, en plus d’ĂȘtre un
excellent analgésique et de com-
battre la fiÚvre, réduirait les risques
de cancer du sein chez les femmes
ménopausées ainsi que les risques
de cancer du cîlon dans l’en-
semble de la population.

Daniel Baril

Certains patients angineux sont
rĂ©sistants Ă  l’aspirine

L’aspirine prĂ©vient les troubles cardiaques, mais ne peut rien chez certains patients angineux.

Recherche

en pharmacie

Chantal Pharand

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6

FORUM

S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

Le D

r

Rafick

Pierre Sekaly 

et son Ă©quipe
découvrent une
protĂ©ine clĂ© et 
un mécanisme
important de la
mémoire des
lymphocytes T 

On sait depuis longtemps qu’aprùs
avoir reçu un vaccin notre systÚ-
me immunitaire reconnait les si-
gnaux chimiques de l’ennemi et
se met Ă  produire des anticorps et
des lymphocytes T cytotoxiques
pour le détruire. Cette réaction est
possible parce que notre organis-
me possÚde une mémoire immu-
nologique qui assure une protec-
tion Ă  long terme contre ce mĂȘme
virus. Mais jusqu’à ce jour, on

ignorait à peu prÚs tout des mé-
canismes associés à la longévité
de cette mémoire, dont la durée
peut aller jusqu’à 60 ans. 

L’équipe du D

r

Sekaly, pro-

fesseur au DĂ©partement de micro-
biologie et immunologie, vient
d’en percer le secret. « C’est l’une
des plus grandes découvertes de
ma carriĂšre Â», lance le chercheur
au cours d’une entrevue. Il 
explique : « On a dĂ©couvert que
la molécule FOXO3a était respon-
sable d’intĂ©grer tous les signaux
reçus de l’extĂ©rieur par les cellu-
les CD4+. Ce sont ces lymphocy-
tes T à mémoire qui séquestrent
FOXO3a dans le cytoplasme et
du coup permettent aux cellules
de la mémoire centrale de survivre
pendant autant d’annĂ©es. Â» 

Il s’agit d’un mĂ©canisme d’ac-

tion qui n’était pas connu et qui
faisait l’objet d’une intense inves-
tigation de la part de la commu-
nauté scientifique. Cette décou-
verte a été effectuée par la stagiaire
posdoctorale Catherine Riou sous
la direction des D

rs

Sekaly et Elias

K. Haddad, attaché de recherche

à la Faculté de médecine. Les
chercheurs présentent leurs résul-
tats prometteurs pour l’ĂȘtre hu-
main dans le numéro de janvier
du Journal of Experimental Me-
dicine. 
Ce travail a été financé en
grande partie par GĂ©nome Cana-
da et Génome Québec.

Agir sur la mémoire centrale

Les chercheurs du laboratoi-

re d’immunologie sont parvenus à
cette découverte en recourant à
une technique qui consiste Ă  fai-
re un tri cellulaire. Ils ont ainsi
réussi à isoler FOXO3a en puri-
fiant de façon homogÚne des cel-
lules de la mémoire centrale. Puis,
ils ont comparĂ© l’expression de
différents gÚnes avec plusieurs po-
pulations de lymphocytes (aussi
appelées cellules T). Ils ont enfin
analysé leurs résultats avec des lo-
giciels bio-informatiques.

Ce n’est qu’à ce moment

qu’ils ont compris l’ampleur de
leurs donnĂ©es. « Tous les gĂšnes
qui Ă©taient les cibles de FOXO3a
n’étaient pas exprimĂ©s dans les
cellules de la mémoire centrale
contrairement aux autres popu-
lations cellulaires Â», indique le 
D

Sekaly. À son avis, ce qui

contrĂŽle « cette activitĂ© de trans-
cription des gĂšnes Â», c’est la capa-
cité de FOXO3a de partir du cyto-
plasme et d’aller dans le noyau de
la cellule. 

« Lorsque la protĂ©ine se trou-

ve dans le cytoplasme, les gĂšnes ne
sont pas exprimés et, quand
FOXO3a est dans le noyau, les
gĂšnes sont exprimĂ©s Â», signale-t-il.
Or, l’étude de l’équipe du D

r

Se-

kaly démontre clairement que
FOXO3a est séquestrée dans le
cytoplasme lorsqu’elle reçoit les
signaux des cellules « Ă  mĂ©moi-
re Â». Tous les gĂšnes qui induisent
la mort cellulaire ne sont dĂšs lors
pas exprimĂ©s. « C’est ce qui protĂš-
ge les lymphocytes T à mémoire de
la mort cellulaire Â», affirme l’im-

munologue, dont les travaux ou-
vrent de nouvelles perspectives
dans la mise au point de straté-
gies thérapeutiques. Celles-ci se-
ront applicables non seulement Ă 
un vaccin contre le sida, mais Ă 
tout type de vaccin. 

« Maintenant qu’on sait qu’il

est possible d’agir directement sur
la mémoire centrale, mentionne
le D

r

Sekaly, on va essayer de

mettre au jour des molécules qui
empĂȘcheront FOXO3a de se
phosphoryler, c’est-à-dire de res-
ter dans le cytoplasme. Cela va
permettre aux cellules de rester
vivantes trĂšs longtemps et de de-
venir des mémoires centrales. Les
vaccins de demain pourraient
donc ĂȘtre beaucoup plus effi-
caces. Â»

Dans le cas des maladies au-

to-immunes comme le sida, oĂč les
cellules « Ă  mĂ©moire Â» alimentent
la maladie, un procédé inverse de-
vra ĂȘtre appliquĂ©. « Il faut repĂ©rer
des antagonismes qui vont empĂȘ-
cher FOXO3a de recevoir les si-
gnaux de survie afin d’inhiber la
phosphorylation de la molĂ©cule. Â»
Autrement dit, FOXO3a devra
ĂȘtre neutralisĂ©e dans le noyau.

Les Américains le courtisent

Éminent chercheur en biolo-

gie cellulaire, immunologie et vi-
rologie, le D

r

Rafick Pierre Seka-

ly dirige l’un des plus importants
centres de recherche consacrés à
cette science : le Laboratoire d’im-
munologie de l’UniversitĂ© de
Montréal du Centre de recherche
du CHUM. Cinquante chercheurs
y sont rattachés de façon perma-
nente et plusieurs Ă©tudiants au
doctorat et au postdoctorat y mĂš-
nent leurs travaux. Quatre grands
axes les occupent : le thymus, la
mémoire immunologique, les cel-
lules dendritiques ainsi que les
vaccins et l’immunothĂ©rapie.

On doit Ă  ce pionnier, qui 

a crĂ©Ă© et dirigĂ© jusqu’en 2006 

le RĂ©seau canadien pour l’élabo-
ration de vaccins et d’immunothĂ©-
rapies, une avancée majeure dans
le traitement du sida. Le profes-
seur Sekaly et son Ă©quipe ont en
effet découvert la façon de corri-
ger un défaut de la réponse immu-
nitaire au VIH. « Nous avons
trouvé une nouvelle cible théra-
peutique, la protéine PD-1, qui per-
mettrait de restaurer la fonction
des cellules T, responsables de l’éli-
mination des cellules infectées par
le virus du VIH Â», expliquait-il Ă 
Forum en aout 2006, peu de temps
aprÚs la publication des résultats
de son Ă©tude dans la revue Natu-
re Medicine. 
Cette percée a susci-
tĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt dans les mĂ©-
dias.

Son expertise relativement au

cancer, au sida et Ă  l’hĂ©patite C
lui vaut aussi des invitations aux
quatre coins du monde et plu-
sieurs centres de recherche amé-
ricains qui le courtisent sont prĂȘts
Ă  lui offrir le triple de son salaire
et de ses ressources. « Si j’ai refu-
sĂ© de quitter MontrĂ©al jusqu’à prĂ©-
sent, ce n’était pas que pour une
question d’argent, fait remarquer
le chercheur. Constituer une Ă©qui-
pe de recherche prend du temps,
et c’est chose faite ici. Notre la-
boratoire est trĂšs productif et
l’équipe est dynamique, compĂ©-
tente. Â»

De son propre aveu, le D

r

Se-

kaly admet que beaucoup reste Ă 
faire dans les prochaines années
en ce qui concerne l’élaboration
de vaccins contre le VIH et le can-
cer. Le spĂ©cialiste s’attend pour-
tant d’ici cinq ans à ce que la lut-
te contre ces maladies prenne un
tournant dĂ©cisif. D’ici lĂ , pas de
retraite en vue pour l’immuno-
logue d’origine libanaise. « Au
contraire, dit-il en souriant, je suis
présentement plus occupé que ja-
mais. Â»

Dominique Nancy

MalgrĂ© plusieurs offres allĂ©chantes, Rafick Pierre Sekaly reste Ă  MontrĂ©al, avec une Ă©quipe de chercheurs « dynamiques,
productifs et compĂ©tents Â».

Saviez-vous qu’Hydro-QuĂ©bec met les services de confĂ©renciers 
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DĂ©veloppement durable et rĂŽle social des entreprises
Analyse du cycle de vie des options énergétiques
Changements climatiques et sources d’énergie
L’hydroĂ©lectricitĂ© au QuĂ©bec : choix historique
Portrait de l’électricitĂ© au QuĂ©bec

Conférenciers

recherchés?

Recherche

en médecine

Percer le secret de la mémoire
immunologique

Les cellules CD4+, aussi appe-
lées lymphocytes T à mémoire
ou cellules T, sont responsables
de la réponse immunitaire de
longue durée, explique le D

r

Ra-

fick Pierre Sekaly. « Ces cellules
sont la cible privilĂ©giĂ©e du VIH Â»,
dit-il. Un premier contact avec
le virus infecte les CD4+ et in-
duit progressivement leur mort
cellulaire, tout comme l’abeille
meurt aprÚs avoir planté son
dard. RĂ©sultat ? Le systĂšme im-

munitaire s’affaiblit parce que le
corps ne peut produire des 
anticorps qui le protĂšgeraient du
virus et lui permettraient de l’éra-
diquer. ConsĂ©quence : ses lym-
phocytes T sont diminués en
nombre et ceux qui restent sont
incapables de remplir leurs fonc-
tions d’aide à la production d’an-
ticorps appropriĂ©s. 

On distingue trois sortes 

de lymphocytes T : les cellules
naïves, qui n’ont pas encore ren-

contrĂ© d’antigĂšne ou corps Ă©tran-
ger, les cellules T à mémoire, qui
ont été en contact avec un agent
infectieux et qui sont respon-
sables de la réponse immunitai-
re, et les cellules T effectrices,
qui détruisent les cellules infec-
tées. Des lymphocytes T à mé-
moire peuvent se reproduire
pendant une soixante d’annĂ©es
et c’est ce qui fait l’efficacitĂ© d’un
vaccin.

D.N.

À quoi servent les lymphocytes T Ă  mĂ©moire ?

background image

Menés par leur capitaine Michel
Boulianne, les nageurs des Cara-
bins ont remporté un troisiÚme
titre masculin en quatre ans le
weekend dernier au Champion-
nat provincial de natation, qui
s’est dĂ©roulĂ© Ă  l’UniversitĂ© de
Sherbrooke.

L’étudiant en biochimie est

monté sur le podium à six reprises,
dont cinq fois pour une médaille
d’or, une performance qui lui a
valu le titre de nageur de l’annĂ©e
au Québec.

Il a mis la main sur l’or aux

50 m brasse (29,48), 100 m bras-
se (01:03,79) et 200 m brasse
(02:17,28) ainsi qu’aux relais 

x

200 m libre (56,27 du 07:40,58)

et 4 

x

100 m quatre nages (28,94

du 03:55,05). Il a grimpé sur la
deuxiĂšme marche du podium Ă 
l’issue du relai 4 

x

50 m quatre

nages (28,58 du 01:47,22). Souli-
gnons Ă©galement que ses temps

aux 50, 100 et 200 m brasse ont
tous été ses meilleurs chronos de
l’annĂ©e dans ces Ă©preuves.

Ses résultats ont grandement

contribuĂ© Ă  la conquĂȘte du titre
masculin par les Carabins, qui ont
terminé deuxiÚmes au champion-
nat combinĂ©, derriĂšre l’Universi-
té Laval, qui a aussi gagné le titre
fĂ©minin. 

« Je suis trĂšs satisfait de la

prestation de l’équipe au Cham-
pionnat, oĂč nous l’avons empor-
té chez les hommes, en plus de ré-
trĂ©cir l’écart qui nous sĂ©parait de
Laval chez les femmes et au com-
binĂ©, a soulignĂ© l’entraineur-chef
Marc DĂ©ragon. C’est une excel-
lente préparation en vue du
Championnat canadien, oĂč nous
ne visons rien de moins qu’une
place parmi les quatre premiers. Â»

Du cĂŽtĂ© fĂ©minin, l’entraineur

relevait surtout la performance de
ChrystĂšle Roy-L’Écuyer (Ă©tudes

françaises), qui a remporté sa pre-
miĂšre mĂ©daille d’or en trois ans.
Elle a aussi battu des nageuses qui
avaient l’habitude de la coiffer.

« ChrystĂšle a offert une de ses

meilleures performances Ă  vie. El-
le est assurĂ©ment sur une lancĂ©e Â»,
a déclaré Marc Déragon.

Soulignons en outre que Mi-

kaĂ«l Benoit (arts et sciences) s’est
vu décerner le titre de recrue de
l’annĂ©e au QuĂ©bec.

À propos du Championnat

canadien, c’est une dĂ©lĂ©gation 
de 15 nageurs, soit 6 femmes 
et 9 hommes, qui représentera
l’UdeM du 23 au 25 fĂ©vrier pro-
chain Ă  l’UniversitĂ© Dalhousie, Ă 
Halifax. 

Le volet féminin sera formé

d’Élaine Chatel-DeRepentigny
(nutrition), de Marie-Raphaëlle
Allan-Lefebvre (arts et sciences),
d’Audrey Lacroix (communica-
tion et politique), d’HĂ©loĂŻse 
Lacroix (HEC MontrĂ©al), de 
Michelle Laprade (maitrise en 
informatique) et de ChrystĂšle Roy-
L’Écuyer.

Outre Michel Boulianne et

Mikaël Benoit, les autres nageurs
seront Louis-Philippe Delorme
(Polytechnique), Marc-André Du-
chesneau (Ă©ducation physique),
Régis Fortino (kinésiologie), Nico-
las Jorgensen (design industriel),
Pierre-Luc Le Blanc (Polytech-
nique), JĂ©rĂŽme Le SiĂšge (Polytech-
nique) et Kevin Paradis-Rioux
(droit).

Benoit Mongeon

Collaboration spéciale

S e m a i n e   d u   1 9   f Ă© v r i e r   2 0 0 7

FORUM

7

La formation
participera Ă  la
soirée Spatio
Lumino du

Festival MNM

Lorsque Delphine Measroch et
Nicolas Bernier prĂ©senteront 
les trois piÚces de vidéo musicale
qui composent leur Ɠuvre Treelo-
gy 
au Festival international 
Montréal/Nouvelles Musiques, le
24 février, ce sera en quelque sor-
te une premiĂšre Ă©tape de leur col-
laboration qui sera bouclée.

AprÚs avoir été vue sur tous

les continents – du Japon à l’Ar-
gentine, en passant par l’Italie –
et avoir récolté quelques prix au
passage, Treelogy, composĂ©e en
2004-2005, sera présentée inté-

gralement à Montréal pour la pre-
miĂšre fois.

Les piĂšces qui constituent

Treelogy sont les premiĂšres que
Delphine Measroch et Nicolas
Bernier ont Ă©crites ensemble. Les
deux Ă©tudiants Ă  la maitrise en
composition Ă©lectroacoustique
ont fondé leur duo, Milliseconde
Topographie, il y a trois ans, alors
qu’ils Ă©taient au baccalaurĂ©at.

On retrouve Ă  la base de

l’Ɠuvre de Milliseconde Topogra-
phie une volonté de faire entendre
la musique de façon différente.

« Au dĂ©part, c’est la vidĂ©o mu-

sicale qui est venue naturellement,
mais nous avons fini par voir
d’autres avenues pour atteindre
cet objectif Â», explique Delphine
Measroch.

L’une de ces avenues est

l’« installation sonore Â», expĂ©rien-
ce qui offre la liberté au specta-
teur de capter une piĂšce musica-
le au moment oĂč il le souhaite. 

« Il y a un cĂŽtĂ© immersif dans

l’installation qui n’existe pas dans
l’expĂ©rience de concert, indique
la musicienne. Et l’installation 
sonore offre plus d’autonomie au
spectateur. Â»

Milliseconde Topographie 

a prĂ©sentĂ©, en juin 2006, 
dans une piscine de Montréal,
Sub.a.quat.ic, qui proposait
l’écoute musicale sous l’eau, voi-
re la différence entre celle-ci et
l’écoute Ă  la surface de l’eau. Les
compositeurs avaient élaboré des
trames différentes pour les deux
expériences.

En septembre dernier, à l’oc-

casion de la manifestation Cité in-
visible, qui visait Ă  mettre en relief
l’architecture et l’urbanitĂ© du bĂą-
timent abritant la Grande Biblio-
thÚque de Montréal, les deux étu-
diants ont été invités à réaliser un
« parcours sonore Â». En incorpo-
rant voix parlées, sons concrets
et paysages sonores, ils ont fait se
croiser des personnages de l’his-
toire actuelle et d’autres de l’his-
toire passée du quadrilatÚre qui
accueille la bibliothĂšque.    

En plus de ces installations

sonores, Milliseconde Topogra-
phie s’est associĂ© avec le graphis-
te Urban9 pour produire une tri-
logie d’affiches
 avec fonds
sonores ! Cinquante copies de
chaque affiche ont été apposées
dans MontrĂ©al, chacune d’elles
munie d’un disque de la musique
composĂ©e par le duo Ă  partir du 
visuel. Les disques disparaissaient
au cours de la premiĂšre nuit !

Avec ses projets, le duo touche

un public diffĂ©rent de celui 
de la musique Ă©lectroacoustique.
Sub.a.quat.ic a attirĂ© des gens des
milieux de l’architecture et des arts
visuels, entre autres. Et le projet
d’affiches a fait l’objet d’un article

dans la revue Grafi-
ka. 

« Nous ne tra-

vaillons pas nécessai-
rement avec l’inten-
tion d’atteindre un
public différent, mais,
si c’est l’un des rĂ©sul-
tats, tant mieux.
Nous sommes certai-
nement favorables au
dialogue entre les dif-
fĂ©rents domaines Â»,
déclare Nicolas Ber-
nier.  

Retour aux

sources

MĂȘme s’ils tra-

vaillent en composi-
tion Ă©lectroacous-
tique, les deux
musiciens tiennent Ă  conserver
une grande part de musique ins-
trumentale dans leurs piĂšces.

« Nous voulons des instru-

ments acoustiques, des mélodies,
des vrais bruits, des sons concrets.
Je suis instrumentiste au départ
et, à un moment donné, la sensa-
tion de jouer m’a manquĂ© Â», lan-
ce Delphine Measroch, qui joue
du piano, du violoncelle et de l’ac-
cordĂ©on. 

En plus d’avoir recours aux

instruments dont ils jouent 
(Nicolas Bernier, lui, joue de la
guitare), les membres du duo uti-
lisent divers objets qui leur per-
mettent d’obtenir les sons
concrets qu’ils cherchent. 

Pour  Sub.a.quat.ic, par

exemple, ils se sont servi de
jouets, de boites Ă  musique et de
vieux appareils photo. 

« Oui, nous recourons Ă  des

logiciels, nous ne sommes pas
complÚtement détachés des ou-
tils Ă©lectroniques. Mais ces outils

ne doivent pas nous engloutir.
Parce qu’en bout de ligne nous
ne voulons pas que notre musique
sonne comme si elle sortait d’un
ordinateur. Notre souhait est
qu’on entende une musique pro-
duite par un ĂȘtre humain Â»,
conclut Nicolas Bernier.

Julie Fortier

Collaboration spéciale

Treelogy, de Milliseconde

Topographie, sera prĂ©sentĂ©e 
au Festival international Mon-
trĂ©al/Nouvelles Musiques le 
samedi 24 fĂ©vrier Ă  20 h, au 
cours de la soirée Spatio Lumi-
no, à la Société des arts techno-
logiques ; entrĂ©e : 10 $ (www.fes-
tivalmnm.ca).

Pour plus d’information 

sur les activités de Millise-
conde Topographie : <www.eku-
men.com>.

La vidéo musicale de Delphine Measroch et Nicolas
Bernier a été vue sur plusieurs continents avant
d’ĂȘtre jouĂ©e, enfin, Ă  MontrĂ©al.

Aff. : FSE 02-07/1

Apprentissage
au secondaire

Le 

Département de psychopéda-

gogie et d’andragogie

de la Fa-

cultĂ© des sciences de l’éducation sol-
licite des candidatures pour un poste
de professeure réguliÚre ou de pro-
fesseur régulier en apprentissage au
secondaire.

Fonctions

Enseignement aux trois cycles dans
le domaine de l’apprentissage 
au secondaire : thĂ©ories d’appren-
tissage, apprentissage scolaire et 
enseignement au secondaire ; 
Ă©laboration d’un programme de 
recherche dans ces secteurs.

Exigences

Doctorat en sciences de l’éducation
ou dans un domaine connexe ; expĂ©-
rience en enseignement universitai-
re et en recherche ; dossier de publi-
cations ; connaissance du milieu
scolaire au secondaire (la connais-
sance des programmes et une expé-
rience en contexte scolaire seront
considĂ©rĂ©es comme un atout) ; ca-
pacité de travailler en équipe.

Traitement 

L’UniversitĂ© de MontrĂ©al offre un 

salaire concurrentiel jumelĂ© Ă  une 
gamme complĂšte d’avantages 
sociaux (www.bpe.umontreal.ca/
infosProfesseurs/index.html).

Date d’entrĂ©e en fonction

Le ou aprĂšs le 1

er

juin 2007 (sous ré-

serve d’approbation budgĂ©taire).

Les personnes intéressées doivent
faire parvenir leur curriculum vitĂŠ,
une lettre précisant leurs champs
d’intĂ©rĂȘt et leurs compĂ©tences dans
le domaine et trois lettres de recom-
mandation, 

avant le 15 mars 2007,

Ă  l’adresse suivante :

Madame Manon ThĂ©orĂȘt
Directrice
Département de psychopédagogie
et d’andragogie 
FacultĂ© des sciences de l’éducation
Université de Montréal
C.P. 6128, succ. Centre-ville
MontrĂ©al (QuĂ©bec)  H3C 3J7

Conformément aux exigences pres-
crites en matiùre d’immigration au
Canada, cette annonce s’adresse en
priorité aux citoyens canadiens et
aux rĂ©sidents permanents. L’Univer-
sitĂ© souscrit Ă  un programme d’accĂšs
Ă  l’égalitĂ© en emploi pour les
femmes, les minorités visibles et eth-
niques, les autochtones et les per-
sonnes handicapées.

poste 

vacant

Faculté

de musique

Le duo Milliseconde Topographie veut sortir du cadre 
de la composition Ă©lectroacoustique 

Championnat

provincial de natation

Michel Boulianne et les Carabins
remportent le titre masculin

HĂ©loĂŻse Lacroix Ă©coute les conseils de l’entraineur-chef Marc DĂ©ragon.

P

HOTO

PHOTOACTION

.

CA

.  

background image

Nadia Aubin-
Horth

a rĂ©alisĂ© 

la premiĂšre Ă©tude
portant sur les
facteurs biologiques
de comportements
affiliatifs chez 
les poissons

Les cichlidés sont des poissons
trĂšs populaires auprĂšs des aqua-
riophiles. Mais bien peu d’entre
eux connaissent les mƓurs plu-
tĂŽt Ă©tonnantes de ces poissons en
milieu naturel. Ce sont des ani-
maux sociaux chez qui un mĂąle
et une femelle masculinisée for-
ment le seul couple reproducteur
et dominant au sein d’une colo-
nie coopĂ©rative. C’est du moins
le cas chez l’une des nombreuses
espĂšces de cette vaste famille, le
Neolamprologus pulcher, qui vit
dans le lac Tanganyika, situé à la
frontiĂšre du Burundi, de la Tanza-
nie et de la République démocra-
tique du Congo.

« Ce poisson n’a pas de nom

populaire, mais l’une de ses sous-
espÚces est communément appe-
lĂ©e “princesse du Burundi”», nous
dit Nadia Aubin-Horth, profes-
seure au DĂ©partement de sciences
biologiques. Les facteurs environ-
nementaux qui influent sur les
comportements de reproduction
des cichlidés sont assez bien com-
pris, mais on ne savait rien sur les
déterminants biologiques de ces
comportements combinant Ă  la
fois la dominance et la coopéra-
tion.

Nadia Aubin-Horth a donc

réalisé la premiÚre étude portant
sur les facteurs biologiques de
comportements affiliatifs chez les
poissons. Les résultats de cette re-
cherche postdoctorale effectuée
Ă  l’UniversitĂ© Harvard seront pu-
bliés dans le numéro de mars de
Molecular Ecology.

Un couple uni


L’une des caractĂ©ristiques des

cichlidés est la grande variété des
modes de reproduction, dont on
connait au moins 19 modĂšles dans
le seul lac Tanganyika. La ponte
des Ɠufs peut se faire Ă  dĂ©couvert
ou dans des endroits cachés et la

surveillance du nid ou des alevins
peut ĂȘtre maternelle, paternelle
ou biparentale. Si les ressources
sont abondantes, il arrive qu’un
mĂąle entretienne deux nids. Chez
certaines espĂšces, la femelle pro-
tùge les Ɠufs dans sa bouche et
c’est lĂ  qu’ils sont fĂ©condĂ©s par le
mĂąle ! Le mĂąle peut aussi relayer
la femelle dans ce rîle d’incuba-
teur buccal.

Les couleurs de ces poissons

varient d’une espùce à l’autre et
diffĂšrent Ă©galement entre les in-
dividus dominants et les subal-
ternes.

« Chez le Neolamprologus

pulcher, un mĂąle et une femelle
monogames et dominants Ă©lĂšvent
ensemble la portée comme chez
les oiseaux, fait remarquer la pro-
fesseure Aubin-Horth. Avec eux
vivent de 1 Ă  15 individus subor-
donnĂ©s qui nettoient les Ɠufs et
aident à protéger le territoire. Cha-
cun a la capacité de reconnaitre vi-
suellement non seulement le rang
social des autres poissons mais
aussi les individus qui ne font pas
partie du groupe. Â»

Un intrus ou un mĂąle adulte

compétiteur pourra facilement
ĂȘtre mis Ă  mort. Fait Ă©tonnant, la
femelle manifeste d’autant d’agres-
sivité que le mùle dans la défense
du territoire et les chercheurs par-
lent, dans ce cas inhabituel, de
comportement masculinisé.

Pour comprendre les méca-

nismes de ce comportement par-
ticulier chez la femelle, Nadia Au-
bin-Horth a mesuré le taux
d’expression cĂ©rĂ©bral de trois hor-
mones – soit la testostĂ©rone, la 11-
kĂ©totestostĂ©rone et l’arginine va-
sotocine – chez les mñles et les
femelles, tant dominés que domi-
nants.


 par la vasotocine

PremiĂšre constatation, les fe-

melles ont le mĂȘme niveau de tes-
tostérone que les mùles. Toute-
fois, chez le couple de dominants,
la proportion de cette hormone
est significativement plus élevée
que chez les dominés.

Le mĂȘme profil a Ă©tĂ© observĂ©

pour l’arginine vasotocine (AVT).
« L’AVT est une neurohormone

dont l’équivalent chez les mam-
mifÚres est la vasopressine, préci-
se la chercheuse. Elle joue un 
rÎle dans la territorialité, la repro-
duction et l’affiliation sociale. Â»
On sait que l’augmentation du
taux de vasopressine chez le mĂą-
le campagnol polygame asocial le
rend monogame et affectueux.

Le niveau de la 11-kétotesto-

stérone, un androgÚne propre aux
poissons, s’est rĂ©vĂ©lĂ© pour sa part
significativement plus haut chez
les mĂąles que chez les femelles,
quel que soit le rang social.

« Les caractĂšres sexuels par-

ticuliers des mĂąles viennent donc
de la kétotestostérone, conclut la
chercheuse. L’arginine vasotoci-
ne pourrait ĂȘtre responsable du
lien d’affiliation entre les deux
membres du couple dominant,
alors que le haut niveau de testo-
stérone serait lié aux comporte-
ments de dĂ©fense du territoire. Â»

Cette hypothÚse sera testée

dans les prochains travaux de Na-
dia Aubin-Horth, qui cherchera
à moduler les taux de l’AVT et de
la testostĂ©rone chez le Neolam-

prologus pulcher afin d’en noter
les effets sur les comportements
de dominance et d’affiliation.

La professeure a Ă©galement

pris en compte l’expression, dans
la rĂ©gion cĂ©rĂ©brale, d’une cinquan-
taine de gÚnes associés à des dif-
férences interindividuelles. Les
résultats ont révélé que le cerveau
des femelles dominantes res-
semble plus Ă  celui des mĂąles, do-
minants ou subordonnĂ©s, qu’à ce-
lui des autres femelles.

Les avantages de la

coopération

Le fait que des poissons su-

balternes coopĂšrent dans la pro-
tection des alevins est considéré
en biologie comme un comporte-
ment altruiste qui demande Ă  ĂȘtre
expliquĂ© puisqu’il semble aller Ă 
l’encontre de la sĂ©lection naturel-
le.

« La sĂ©lection de parentĂšle

peut permettre de comprendre ce
phénomÚne puisque les jeunes
poissons sont apparentés à la nou-
velle portĂ©e Â», explique la cher-
cheuse. La probabilité que les
jeunes et les alevins aient les
mĂȘmes parents est trĂšs Ă©levĂ©e. Du
point de vue de la diffusion géné-
tique, les jeunes ont donc intĂ©rĂȘt
Ă  assurer la survie de leurs frĂšres
et sƓurs cadets.

Mais cette rĂšgle ne tient plus

dans le cas des poissons subal-
ternes plus vieux, qui ne sont pas
nĂ©cessairement des mĂȘmes pĂšre
et mĂšre que les plus jeunes. « Dans
leur cas, ils profitent des avantages
du groupe pour la défense du ter-
ritoire, ce qui leur confĂšre un
meilleur taux de survie. C’est le
principe du “payer pour rester”»,
souligne Nadia Aubin-Horth.

Le couple dominant profite

également de cette coopération,
dont les avantages sont plus
grands que le cout associé à la
compĂ©tition d’éventuels rivaux au
sein du groupe.

Daniel Baril

Un couple de

Neolamprologus pulcher monte la garde Ă  l’entrĂ©e d’un nid.

Nadia Aubin-Horth

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Recherche

en sciences biologiques

Des poissons sociaux chez qui 
les femelles sont dominantes

Chez les 

Neolamprologus pulcher du lac Tanganyika, la femelle dominante adopte des comportements masculinisĂ©s.