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Analyses chimiques d’échantillons de cocaïne et d’héroïne

consommés dans les rues de Genève entre 1999 et 2003

T.Musset*, M.Fathi**, A.Magnin**. C.Mani***

*    Direction des Soins Infirmiers, Hôpitaux Universitaires de Genève
**  Laboratoire central de chimie clinique, Hôpitaux Universitaires de Genève
***Groupe Sida Genève, secteur réduction des risques liés à la consommation de drogues

Mots clés :

Réduction des risques - testing - locaux d’injection - cocaïne - héroïne.

Résumé

A l’exception du  cannabis, les  drogues  illégales consommées dans  les  rues  de

Genève  sont  essentiellement  représentées  par  la  cocaïne  et  l'héroïne,  et  les

usagers  de  drogues  comme  les  intervenants  en  toxicodépendance  ont  peu

d'information sur la qualité de ces produits, ainsi que sur la présence de produits

de coupage potentiellement dangereux pour la santé.

L'analyse chimique des drogues, ou " testing ", s'inscrit dans l'approche dite de

réduction des  risques.  Cette  pratique  concerne principalement  l'ecstasy et  s'est

surtout développée dans le milieu festif (

rave parties

). En  lien avec l'ouverture

d'un  lieu  d'accueil  et  d'injection  en  2001  Ã   Genève,  nous  avons  entrepris  une

expérience  d'analyse  des  drogues  consommées  dans  ce  local  de  manière  Ã 

pouvoir transmettre des messages de prévention adaptés Ã  des consommateurs

actifs.

Les résultats d'analyse de 100 Ã©chantillons (cocaïne =  48,  héroïne  =  52)  ont

montré une forte variation de produits actifs aussi bien pour  l'héroïne que pour

la cocaïne et globalement une augmentation de la pureté pour  la cocaïne. Outre

les  produits  de  coupage  traditionnellement  retrouvés  dans  ces  drogues,  des

substances parfois surprenantes ont pu Ãªtre mises en Ã©vidence.

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Genève, décembre 2002 :

« Lorsqu’il s’est réveillé dans une unité de soins intensifs Ã  l’hôpital cantonal  de  Genève, ce
cadre de 34 ans n’a sans doute pas  compris ce qu’il lui Ã©tait arrivé. Il se rappelait  juste avoir
sniffé la veille une ligne de cocaïne, comme cela lui arrivait de  temps  en  temps  pour  Â« tenir
l’alcool ». Une analyse de son sang et d’une petite  boulette trouvée dans sa poche ne laissait
aucun doute : il s’agissait d’héroïne blanche, pure  Ã  plus  de 80%. La cocaïne est  un stimulant,
l’héroïne est un sédatif, dont les effets sont potentialisés par l’alcool. Sans l’intervention d’une
équipe d’urgence, ce cadre décédait d’une overdose d’héroïne. Cette vignette clinique illustre la
pertinence du Â« testing Â», ou analyse chimique des drogues de rue, de  manière Ã   informer les
usagers sur les risques liés Ã  l’usage de drogues  illicites  et  Ã   transmettre  des  messages  de
prévention adaptés. Â»

Introduction

 

En  Suisse,  les  mesures  de  réduction  des  risques  font  partie  intégrante  de  la

politique  de  la  drogue  depuis  une  dizaine  d'années

(1)

.  Dès  1991,  Genève  Ã 

développé cette approche avec la mise en place de bus d’échange de seringues,

de traitements de substitution Ã  bas seuil d’exigence,  de  prescription  d’héroïne

sous contrôle médical

(2)

 et plus récemment par l’ouverture d’un espace d’accueil

et  d’injection,  le  Â«  Quai  9  Â».  Les  drogues  illégales  consommées  dans  cette

structure  sont  principalement  représentées  par  la  cocaïne  et  l’héroïne,  et  les

usagers comme les professionnels  ont  peu  d’informations  sur  la  composition

chimique  de  ces  drogues.  Dans  un  but  d’information  et  de  prévention  des

dommages pour les usagers, nous avons entrepris cette expérience d’analyse des

drogues  consommées dans ce local afin de répondre aux questions suivantes :

1)  Quel  est  le  degré  de  pureté  (taux  moyen  et  extrêmes)  des  Ã©chantillons  de

cocaïne et d’héroïne analysés ?

2)  Quels  sont  les  principaux  produits  de  coupage  contenus  dans  ces

échantillons ?

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3) Quelles actions de prévention peut-on développer Ã  partir des ces analyses ?

La cocaïne et l’héroïne à Genève

 

La cocaïne est très disponible dans les rues de Genève depuis environ 7  ans.

Elle  est  généralement  vendue  sous  forme  de  Â«  boulettes  Â»  d’environ  0.3  gr.

pour 40 frs. Le prix  de la cocaïne est donc d’environ 130 frs le gramme.  Cette

drogue  est  commercialisée  par  des  organisations  dont  les  revendeurs  ne

consomment  généralement  pas.  Il  est  Ã   relever  qu’à  Genève,  la  cocaïne  est

fréquemment consommée par injection, ce qui a entraîné au cours des dernières

années  une  augmentation  importante  d’hospitalisations  d’usagers  de  drogues

pour infections liées Ã  la pratique des injections

(3)

.

L’héroïne   vendue dans les rues de Genève est presque  toujours  de  l’héroïne

brune,  de  type  Â«  brown  sugar  Â»,  encore  appelée  héroïne  n

0

  3.  Son  prix  est

d’environ 250 frs les 5 gr.,  soit  50frs  le  gramme.  Cette  drogue  est  Ã©galement

commercialisée  par  des  réseaux  organisés,  les  revendeurs  ne  consomment

généralement pas.

On  trouve  Ã©galement  de  l’héroïne  blanche,  ou  héroïne  n

4.  Cette  drogue,  de

meilleure  qualité,  est  surtout  vendue  dans  des  réseaux  Â« privés Â»,  mais  n’est

généralement  pas  disponible  dans  la  rue.  Son  prix  est  d’environ  250  frs  le

gramme.

Le lieu d’accueil et d’injection de Genève, le « Quai 9 » 

Mise en place depuis 2001 par le Groupe Sida Genève, cette structure  s’inscrit

dans l’approche dite de Â« réduction des risques »

(4)

.  Elle  est la suite logique des

programmes  d’échanges  de  seringues  et  des  structures  d’accueil  Ã   bas  seuil

d’exigence.  Ouvert  7  jours  sur  7,  dans  un  quartier  proche  du  marché  de  la

drogue,  ses  objectifs  sont  avant  tout  de  limiter  les  risques  liés  Ã   la

consommation de drogues par voie intraveineuse et maintenir le contact avec les

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usagers de drogues.  Du  matériel  d’injection  stérile  est  mis  Ã   disposition  des

usagers qui ont la possibilité d’utiliser la salle d’injection et de consommer leur

produit sous la supervision d’un membre de l’équipe d’accueil. Chaque  jour,

une centaine d’injections sont ainsi pratiquées au Quai 9, avec des pics  de  140

injections par jour. En 2002, les principaux produits consommés  dans  ce  local

étaient  respectivement  la  cocaïne  (50%  des  injections),  l’héroïne  (25%  des

injections),  les  mélanges  héroïne/cocaïne  ou  cocaïne/médicaments  (20%  des

injections) et plus rarement des médicaments,  notamment  la  méthadone  ou  les

benzodiazépines (5% des injections).

L’analyse des drogues, ou « testing » 

L’analyse chimique  des  drogues  s’est surtout  développée dans  le  milieu  festif

(rave parties, rassemblements Â« techno Â»). Cette pratique, parfois  controversée,

concerne surtout l’ecstasy, et a  Ã©té  développée  en  France  par  les  Ã©quipes  de

Médecins du monde

(5, 6)

. L’objectif de cette pratique est de pouvoir informer  les

usagers sur les risques liés Ã  la consommation des  produits  illicites,  en  attirant

leur attention sur la toxicité des drogues analysées ou sur la présence de produits

de coupage potentiellement nocifs.

En Suisse, le canton de Berne a innové en créant un laboratoire mobile géré par

le service du chimiste cantonal, présent notamment dans les raves parties.

A Genève, le laboratoire central de chimie clinique des Hôpitaux Universitaires

de  Genève  effectue  des  analyses  de  drogues  depuis  plusieurs  années.  Ces

analyses étaient surtout réalisées Ã  la demande de soignants de la Division abus

de substances du Département de Psychiatrie. Avec l’ouverture  du Quai 9,  cette

démarche s’est systématisée dans un but d’information aux  usagers de  drogues

et aux professionnels.

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Méthode

 

Dans un premier temps, les usagers rencontrés au Quai 9 ont Ã©té informés qu’il

était possible de faire analyser des Ã©chantillons de drogues par le laboratoire de

l’hôpital cantonal. Ces Ã©chantillons Ã©taient fournis de manière volontaire par les

usagers lorsqu’ils estimaient que les produits provoquaient  un  effet  inattendu

(effet puissant, peu d’effet, malaise  après  consommation,  consistance douteuse

ou  inhabituelle

,

 etc.).  Aucune  rétribution  financière  n’était  prévue  en  contre

partie des drogues confiées. L’analyse des drogues Ã©tait effectuée de  manière

anonyme,  l’accès  aux  résultats  des  analyses  Ã©tait  assuré  au  Quai  9  par  voie

d’affichage et les résultats discutés avec les usagers de drogues, notamment pour

les alerter en cas de circulation de produits dangereux

.

Techniques d’analyse :

Deux techniques analytiques ont Ã©té systématiquement utilisées pour l’analyse

des échantillons :

- le système REMEDI HS basée sur une technique de chromatographie  liquide

(HPLC) couplée Ã  une détection dans l’ultraviolet.

- la chromatographie gazeuse couplée Ã  un spectromètre de masse GC/MS.

Le chromatographe liquide REMEDI HS est un système multicolonnes utilisées

pour purifier, extraire, séparer  puis  analyser les  différentes  molécules par  une

détection  dans  l’ultraviolet  multilongeurs  d’onde  associée  Ã   un  algorithme

d’identification informatisé. Une librairie de spectres de  920  composés permet

l’identification des molécules. Il donne aussi et  directement  une  indication  sur

la quantité de substance présente dans l’échantillon.

La technique de chromatographie gazeuse couplée Ã   la  spectrométrie de  masse

(GC/MS)  réunit  la  puissance  de  la  chromatographie  gazeuse  sur  colonne

capillaire et la détection de la substance grâce Ã  son spectre de masse qui est une

caractéristique unique d’un composé : son empreinte.

Des  librairies  contenant  plusieurs  milliers  de  spectres  de  molécules  sont

associées Ã  ce système et permettent d’identifier chaque composé.

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La combinaison de ces deux techniques nous a permit une identification sans

ambiguïté  des  composés  ainsi  qu’une  estimation  de  leurs  quantités  présentes

dans les échantillons confiés.

Résultats 

Entre  1999  et  2003,  100  Ã©chantillons  (cocaïne  =  48,  héroïne  =  52)  ont  Ã©té

confiés au laboratoire de l’hôpital. Par ailleurs, des emballages de boulettes  de

cocaïne, des cotons filtres ou des cuillères ont Ã©galement  Ã©té  analysés, mais  ce

matériel  ne  contenait  pas  assez  de  produit  pour  réaliser  des  analyses

quantitatives. Les résultats de ces analyses n’ont donc pas Ã©té pris en compte

dans ce travail.

La cocaïne :

Le pourcentage de cocaïne retrouvé dans les Ã©chantillons analysés oscillait entre

0.1% et 100% (Fig.1). Le taux moyen Ã©tait de 49%,  la  médiane  Ã   47%  et  un

quart des Ã©chantillons (11) contenaient plus de 80% de cocaïne. Les Ã©chantillons

analysés entre 1999 et 2001 contenaient en moyenne 35% de  cocaïne,  42%  en

2002  et  67%  en  2003.  Mis  Ã   part  les  métabolites  de  la  cocaïne

(benzoylecgonine,  N-desmethyl...),  la  présence  d’anesthésiques  locaux

(lidocaïne, procaïne) a Ã©té mise en Ã©vidence  dans  40%  des  cas,  la  phénacétine

(antalgique) dans 35% des cas et la caféine dans 8% des Ã©chantillons. D’autres

échantillons de cocaïne contenaient par ailleurs de la tolpérisone (Mydocalm®),

du paracétamol ainsi que de la saccharine.

L’héroïne :

Le pourcentage d’héroïne contenu dans les  Ã©chantillons analysés oscillait  entre

0.4% et 94% (Fig.2).

Concernant l’héroïne brune (n=46), de qualité médiocre, le taux moyen Ã©tait de

20.5%, la médiane Ã  22%,  et les extrêmes entre 0.4  et 50%.  Deux Ã©chantillons

ne contenaient pas  d’héroïne,  mais  de  la  morphine.  Le  taux  moyen  d’héroïne

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retrouvé dans les Ã©chantillons est resté relativement stable durant la  période  de

l’étude.  Mis  Ã   part  les  alcaloïdes  de  l’opium  (papavérine,  noscapine...),  la

présence de caféine a Ã©té mise en Ã©vidence dans tous les Ã©chantillons. La  moitié

des Ã©chantillons contenaient en fait d’avantage  de  caféine  que  d’héroïne.  Du

paracétamol Ã©tait retrouvé dans 83% des Ã©chantillons. D’autre part,  des produits

plus  surprenants  ont  Ã©té  retrouvés  :  certains  Ã©chantillons  contenaient  de  la

griséofulvive (Fucidine®), du zolpidem (Stilnox®), de l’oxazépam  (Seresta®)

et dans un cas de l’atracurium (curare)!

Concernant l’héroïne blanche (n=6),  de  bonne  qualité,  le  taux  moyen  Ã©tait  de

85,5%, la médiane Ã  87% et les extrêmes entre 70 et 94%.

Enfin, certains produits contenus dans la cocaïne et l’héroïne n’ont pas pu Ãªtre

identifiés  par  le  laboratoire;  il  s’agit  peut-être  de  diluants  qui  ne  sont  ni  des

médicaments, ni des drogues.

Discussion

 

Les résultats observés dans ce travail sont assez semblables Ã  ceux de l’étude

réalisée Ã  Berne en 1996

(7)

. Les différences de concentration  en  produits  actifs

retrouvés dans les Ã©chantillons entraînent un  risque  d’overdose  important,  ceci

étant surtout vrai pour les opiacés.  L’héroïne  vendue  dans  les  rues  de  Genève

semble  néanmoins  assez  concentrée  par  rapport  Ã   d’autres  observations

effectuées en Europe 

(8,9)

.

  

La  présence de paracétamol et de caféine est presque

toujours constatée dans l’héroïne brune,  la  présence  de  certains  médicaments

reste  pour  le  moment  inexpliquée.  Néanmoins,  et  contrairement(?)  aux

représentations des usagers et de certains professionnels, nous  n’avons  jamais

retrouvé de strychnine dans les produits analysés.

Concernant  la  cocaïne,  les  différences  de  concentration  sont  Ã©galement

extrêmement  importantes.  Cependant,  la  Â«qualité»  a  augmenté  au  cours  des

dernières années(Fig.3). Ce point semble Ãªtre confirmé par les usagers, mais ne

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correspond pas Ã  d’autres données européennes 

(10,11)

. Les  produits  de  coupage

retrouvés dans la cocaïne sont surtout représentés par des anesthésiques locaux,

mais nous n’avons pas mis en Ã©vidence la présence  d’amphétamines  dans  les

échantillons analysés.

Lorsque l’on discute avec  les  usagers  de  drogues,  ceux-ci  sont  généralement

assez surpris  de  ces  résultats,  car  ils  sous-estiment  souvent  la  Â«qualité Â»  des

drogues  qu’ils  consomment.  D’autre  part,  il  semble  qu’il  existe  des

représentations erronées(?) aussi bien chez les consommateurs que chez certains

professionnels  (héroïne  coupée  Ã   la  strychnine,  cocaïne  coupée  aux

amphétamines).

Il  convient  cependant  d’être  prudent  sur  l’interprétation  de  ces  résultats;  les

produits sont fournis de manière volontaire par les usagers et  relativement  peu

d’échantillons ont Ã©té analysés. Les résultats présentés dans ce travail ne sont

donc pas forcément représentatifs des produits couramment consommés.

En règle générale, les usagers sont extrêmement intéressés  par  cette  démarche,

et il semble que le  côt頠« scientifique Â» des  analyses renforce  les  messages de

prévention.  Il  est  Ã   relever  qu’il  peut  y  avoir  un  effet  de  Â« publicité»  non

souhaité lorsqu’on affiche les résultats d’analyse  d’un  produit  particulièrement

pur.  A  ce  sujet,  est-il  Ã©thiquement  acceptable  de  proposer  aux  usagers  de

drogues les résultats d'analyses d'échantillons de cocaïne et  d’héroïne,  pourtant

illégales  ?  Pourrait-on  mettre  en  Ã©vidence  une  forme  d'incitation  Ã   la

consommation ?

A notre  sens,  le  manque  d'information  sur  les  drogues  renforce  fortement  les

dangers liés Ã  leur consommation. Passer d'un achat Ã  l'autre d'une héroïne Ã  2%

de  puret頠à  une  héroïne  Ã   80%,  présente  par  exemple  un  danger  bien  réel

d'overdose.

Les analyses ne sont pas faites en temps réel, il y a un délai de plusieurs  jours

jusqu'à l’accès aux résultats. Le temps  nécessaire Ã   la  réception  des  résultats

d’analyse des Ã©chantillons n'offre donc que peu de possibilités de prévention en

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direct. Par contre, proposer aux usagers de  drogues  d'avoir  une  vision  globale

plus précise des substances accessibles sur le marché noir  peut Ã  l'évidence leur

permettre  d'adapter  leurs  comportements  de  prévention.  Contrairement  aux

idées  reçues,  la  plupart  des  usagers  de  drogues  sont  attentifs  Ã   leur  santé  et

réceptifs aux informations qui peuvent leur Ãªtre utiles pour la conserver.

Dans  cet  esprit,  au  même  titre  que  la  mise  Ã   disposition  de  seringues  stériles

pour  la  prévention  des  maladies  transmissibles,  il  ne  s'agit  nullement  d'une

incitation Ã  consommer, mais  bien  d'informations  permettant  de  consommer  Ã 

moindre risque, comme le veut justement la politique de réduction des risques.

Celle-ci ne vise pas Ã  maintenir les gens dans la consommation; au contraire l'un

de  ses  objectifs  est  de  donner  des  informations  supplémentaires  sur  les

conséquences négatives de la consommation sur la santé et de favoriser le relais

vers les lieux de soin et de traitement de la toxicodépendance.

En allant plus loin, sachant que la dangerosité des produits provient en partie de

la variation de leur degré de pureté et des produits de coupage, on a tout intérêt

à  exiger  des  dealers  des  produits  de  bonne  qualité,  comme  cela  se  fait  Ã 

Rotterdam.

Pour faire un  pas  supplémentaire dans  la  prévention,  il  faudrait  réfléchir  Ã   la

mise sur pied d'un laboratoire mobile permettant de tester en direct les drogues,

non seulement sur le plan qualitatif (cf. Médecins  du  monde),  mais  Ã©galement

sur  le  plan  quantitatif  (cf.  Chimiste  cantonal  bernois).  Cette  proposition,  qui

pourrait Ãªtre mise en pratique autant dans un espace d'accueil que dans certaines

soirées, a  bien  Ã©videmment  un  coût,  mais  qui  pourrait  peut-être  permettre  un

système  d'alerte  plus  efficace  et  une  diminution  de    certaines  conséquences

dommageables en terme de santé publique.

En  conclusion,  le  testing  nous  semble  un  bon  moyen  pour  connaître  la

composition des substances vendues dans la rue et faire passer des messages de

prévention  aux  usagers  de  drogues.  Les  risques  liés  au  produit  doivent  Ãªtre

discutés, comme le risque d’overdose lorsqu’on change de produit  ou de dealer.

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Par  ailleurs,  les  risques  liés  au  mode  de  consommation  des  drogues  doivent

également  Ãªtre  Ã©voqués.   L’injection  restant  la  manière  la  plus  risquée  de

consommer  les  drogues  de  la  rue,  d’autres  modes  de  consommations (fumée,

« sniff Â») devraient Ãªtre proposés.

Il  nous  semblerait  enfin  utile  de  poursuivre  cette  expérience  afin  de  mieux

documenter l’évolution du marché local  des  drogues  et  l’apparition  Ã©ventuelle

de nouveaux produits.

Références :

1) Mino A. Â« Evolution de la politiques de soins en matière de toxicomanie, la réduction  des

risques. » Cahiers médico-sociaux, 1994, 38, 131-141.

2) Perneger T., Giner F., Del Rio M.,  and Mino  A. Â« Randomised trial of heroin

 

maintenance

programme for addicts who fail in conventional drug treatments ». BMJ 1998; 317, 13-18.

3) Musset T., Broers B. Â« Problèmes de santé liés Ã   l’usage des  drogues illégales : Ã©volution

des  motifs  d’hospitalisation  pour  les  usagers  de  drogues  traités  Ã   l’Hôpital  Cantonal  de

Genève entre 1993 et 1998 ». Bulletin des médecins Suisses 1999 ; 80, nr 34 ; 2059- 2063.

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4) François A., Baudin M., Mani C., Broers B. Â« Quai 9, espace d’accueil et d’injections pour

usagers de drogues à Genève : bilan et réflexions après 18 mois de fonctionnement » Médecine

et Hygiène 2003 ; 61 : 1799-802

5)  Célérier  I.  Â«  Du  testing  au  Â«  safer  drug  Â».  Swaps  n

0

 

15.

Http://publications.crips.asso.fr/swaps/15_146.htm

6) Delile J.D., Gachie J.P. Â«   Ecstasy et réduction des risques Â» Alcoologie et  addictologie

2002 ; 24 (4) 311-318

7) Institut pharmaceutique de l’université de Berne. Â« Surveillance chimique de l’héroïne et de

la cocaïne provenant des rues de Berne » (1995-1996). Office fédéral de la santé publique, 26

mai 1997. Bulletin 20.

8) Observatoire européen des drogue et toxicomanies. Â« Rapport annuel 2000 sur l’état du

phénomène de  la  drogue  dans  l’union  européenne Â».  Luxembourg, Office  des  publications

officielles des communautés européennes, 155-177.

9) Boekhout van Solinge, T. (1996) . L'offre d'héroïne. In: Boekhout van Solinge, Tim (1996),

« 

L'héroïne, la cocaïne et le crack en France. Trafic, usage et politique ».

 Amsterdam, CEDRO

Centrum voor Drugsonderzoek, Universiteit van Amsterdam, 161-178

10) Observatoire européen des drogue et toxicomanies. Â« Rapport  annuel 2000  sur  l’état  du

phénomène de la drogue dans  l’union  européenne Â».  Luxembourg,   office  des  publications

officielles des communautés européennes, 115-133.

11) Boekhout van Solinge, Tim  (1996).  L'offre  de  cocaïne et  de  crack.  In:  Boekhout  van

Solinge, Tim (1996), « 

L'héroïne, la cocaïne et le crack en France. Trafic, usage et politique ».

Amsterdam, CEDRO Centrum voor Drugsonderzoek, Universiteit van Amsterdam, 197-206.

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Fig. 1 Pourcentage de cocaïne dans les échantillons 

(n = 48) analysés entre 1999 et 2003

0

20

40

60

80

100

120

1

3

5

7

9

11

13

15

17

19

21

23

25

27

29

31

33

35

37

39

41

43

45

47

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Fig. 2 Pourcentage d'héroïne dans les échantillons 

d'héroïne brune (n = 46) et les échantillons d'héroïne 

blanche (n = 6) analysés entre 1999 et 2003

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

1

4

7

10

13

16

19

22

25

28

31

34

37

40

43

46

49

52

Brune
Blanche

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Fig. 3 Evolution du pourcentage de cocaïne dans les 

échantillons analysés entre  fin 99 et 2003 ( n = 48)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Années 99-01

Année 2002

Année 2003

%

Adresse des auteurs :

Thierry  Musset

Infirmier spécialiste clinique en toxicodépendance

Direction des Soins Infirmiers

Hôpitaux Universitaires de Genève

1211  Genève  14

Tel  :  022/372/61/17

E.mail : thierry.musset@hcuge.ch

Dr. Marc Fathi

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Laboratoire central de chimie clinique

Hôpitaux Universitaires de Genève

1211  Genève  14

Tel.  :022/372/73/85

E mail : marc.fathi@hcuge.ch