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MANIFESTE pour la RENAISSANCE COMMUNISTE

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PREAMBULE COMMUN AUX QUATRE TEXTES :
(Manifeste, Programme, Texte international et Statuts)
CHOISIR LE SENS DE L’HISTOIRE

Il y a maintes façons d’analyser la société et son évolution : par l ‘histoire, a travers le prisme de la géopolitique, par l’anthropologie et la culture, ou bien encore à partir de la religion et de la spiritualité … Pourtant, quel que soit l’angle d’attaque, s’impose rapidement le caractère fondamental du mode de production et des rapports de production, qui régissent l ‘échange de biens et de travail : l’organisation économique détermine en dernière instance l ‘ensemble de la réalité sociale. Elle conditionne tout autant l’épanouissement des individus, qu’elle pèse sur les problématiques planétaires et qu’elles concernent l’environnement (la pollution d’origine spéculative), la santé (les ravages du sida, alimentés par le déséquilibre Nord-Sud,) ou la montée des fondamentalismes religieux.

La production de marchandises associée au progrès technique a permis à travers les âges d’accroitre globalement le niveau de vie des sociétés : toujours, les classes laborieuses ont lutté pour etre partie prenante de cette spirale ascendante. L’analyse économique, qu’elle soit marxiste ou libérale, révèle des antagonismes d’intérêt insurmontables entre la classe dominante et celle des travailleurs. Des rapports de forces entre classes sociales s’instaurent, ils sont la politique ! Au contraire, c ‘est l ‘économie, qui est objectivement la base du tout social. Nous qui sommes communistes, c’est bien à travers cet enseignement fondamental du marxisme qui est transversé à l’ensemble du fonctionnement des sociétés, que nous souhaitons bâtir une analyse fondée sur une attention prioritaire pour les données économiques.

Le présent document n’est ni uniquement un projet qui présente l’objectif à atteindre, ni uniquement un programme politique qui en constituerait la déclinaison au quotidien, mosaique de luttes mises en cohérence par le projet. C’est une juxtaposition de ces deux aspects indissociables de la réflexion politique auquel s’ajoute un Appel au Mouvement communiste international sans la reconstruction duquel il n’ y aura pas de lutte efficace contre la mondialisation capitaliste.

Ce document est politique et se réclame du communisme. il se veut également formateur : nous avons choisi de présenter nos analyses comme des extensions de concepts marxistes. Nous espérons par ce moyen, contribuer au vaste chantier de “re-formation” des communistes, si absente de la vie de parti, si nécessaire à la transmission de la pensée communiste et au développement de l’esprit critique et de la capacité d’initiative que tout militant devrait pouvoir cultiver pour participer activement à la transformation de la société.

Un projet : le monde que nous voulons

Solidarité, humanisme, paix, prospérité, égalité, liberté, , fraternité, altruisme, développement de chaque individu… La notion de rentabilité financière n’aura plus cours dans un monde communiste : un monde qui produira des richesses pour satisfaire les besoins de tous et qui preparera de manière responsable l ‘avenir de notre espèce en prenant au sérieux la remarque de Saint-Exupéry “Nous ne léguons pas le monde à nos enfants, ce sont eux qui nous le prêtent”.

Se réapproprier la théorie révolutionnaire, renouer avec la lutte idéologique

Dans l ‘arène politique actuelle, la clarté des mots effraie, en particulier, celle des sources idéologiques du communisme, diabolisées par une pensée dominante broyeuse de différences. Les idéologies de toute espèce sont d’ailleurs suspectes, dès lors qu’elles s’affirment comme telles et ne prennent pas le masque du “pragmatisme”, cette idéologie capitaliste qui n’ose pas dire son nom. Au nom d’un prétendu réalisme que l’on ne cesse de nous présenter comme la seule vision “raisonable”, on cède au clientélisme, au poujadisme, à la psychose sécuritaire, à la peur de l’étranger, au racisme, à l’anticommunisme, c ‘est à dire aux idéologies politiques les plus régressives. Ainsi, tout projet politique qui tente de proposer une alternative à cette norme, plutot que de susciter débat, est aussitot taxé d’utopie et voué au mépris !

Mais renoncer aux assises théoriques d’un courant de pensée relève du nihilisme, qu’il s’agisse de politique, de philosophie ou de science : les grandes découvertes ne surgissent pas du néant ; elles s’inscrivent dans un incessant mécanisme de “digestion” des acquis ; Einstein n’a pas renié les théories newtoniennes : il s’ y est adossé pour enfanter la théorie de la Relativité. En tant que communistes, et au regard de l’Histoire illustre du PCF, nous ne pouvons renoncer a ses bases idéologiques et théoriques, comme nous ne pouvons accepter le galvaudage des termes “communisme” et “socialisme”.

En renonçant à la lutte pour l’avènement d’une société sans classes (en passant par la nécessaire étape du socialisme), le parti communiste de la mutation, tel un bateau ivre, a dilapidé sa crédibilité à un moment crucial de l’évolution de notre société : la violence croissante du système capitaliste implique pourtant la nécessité d’un Parti franchement communiste, porteur d’une authentique visée révolutionnaire. C’est bien « d’abolition » du capitalisme qu’il s’agit, et non pas seulement de «dépassement», ni à plus forte raison «d’aménagement » comme n’a cessé de le professer le parti socialiste, cuvée «gauche plurielle».

En réaffirmant les «fondamentaux» communistes à partir dune analyse du mouvement de la société, le Pôle de Renaissance Communiste veut aider la résistance populaire à s’ouvrir de nouvelles perspectives transformatrices ; le PRCF entend également aider à la renaissance d’un vrai parti communiste, continuant les traditions révolutionnaires du PCF, mais rompant sur tous les plans avec les conceptions et les pratiques délétères de la «mutation ».

Loin de constituer un acte de clôture politique, les textes de la Convention sont à la disposition de tous ceux qui veulent construire une large convergence communiste tournée vers l’action.

MANIFESTE pour la RENAISSANCE COMMUNISTE

Introduction : TENDANCE A L’AFFRONTEMENT DE CLASSES ET BESOIN D’AVANT-GARDE

1.1. Démentant les prophéties anticommunistes des années quatre-vingt-dix sur la « fin de l’histoire », le « triomphe de la Démocratie » et « l’unité de la civilisation », la situation mondiale est marquée par l’exacerbation de toutes les contradictions. Au niveau mondial comme à l’échelle de chaque pays, les tendances à l’affrontement l’emportent de plus en plus sur les contre-tendances à la conciliation, à la collaboration des classes et à « l’apaisement » des tensions sociales et politiques.

1.1.1. Au niveau international, l’antagonisme entre l’impérialisme et les peuples opprimés oppose de façon sourde ou déclarée la « croisade sans limites » de l’impérialisme US à l’immense majorité de l’humanité qui supporte de moins en moins la prétention de l’Empire-gangster états-unien à imposer au monde son hégémonie économique, sa pensée unique et sa dictature totalitaire. En effet, sous couvert de lutte anti-terroriste, les milliardaires intégristes qui font main basse sur la Maison-Blanche se proposent de « nettoyer » la Terre de tous les mouvements populaires et de tous les Etats qui refusent les effets de la re-mondialisation du capitalisme sous pilotage états-unien.

1.1.2. Sous l’apparente unité de la « mondialisation », les rivalités s’aiguisent entre impérialismes rivaux, notamment entre les Etats-Unis d’Amérique et le bloc impérialiste en construction que constitue l’Union européenne pilotée, non sans mal, par l’axe Berlin-Paris. Débarrassés de la nécessité de tenir tête ensemble à l’URSS et au camp socialiste, les impérialismes rivaux ne dissimulent plus guère leur tendance native à la guerre pour le repartage du monde et des sphères d’influence. Derrière les prétextes humanitaires ou juridiques avancés par les uns et les autres, la première guerre du Golfe (1991), le démantèlement de la Yougoslavie, l’occupation de l’Afghanistan et d’une partie de l’ex-Asie soviétique, l’actuelle re-colonisation anglo-américaine de l’Irak, la mise sous tutelle impérialiste du peuple palestinien doivent s’interpréter comme les prémices de nouvelles guerres inter-impérialistes directes ou indirectes pour la domination mondiale. Une épée de Damoclès est ainsi suspendue sur l’avenir et la survie de la civilisation et de l’humanité au 21ème siècle, tant l’impérialisme surarmé fait preuve d’irresponsabilité, d’aventurisme et d’irrationalité en tous domaines, politique, militaire, économique et écologique. En même temps, jamais sans doute n’auront été si grandes les possibilités d’unir des milliards d’êtres humains sous la bannière de la lutte contre l’impérialisme, cet ennemi n°1 des peuples, de la civilisation humaine et de la paix.

1.1.3. Car désormais, la résistance des peuples à l’impérialisme et au-delà, le combat de classe des travailleurs contre le capitalisme n’ont plus seulement pour enjeu la fin de l’oppression nationale et l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme. La résistance à l’impérialisme et le combat anticapitaliste comportent une dimension humaine universelle ; face à un impérialisme de plus en plus « exterministe »( ) et irresponsable, qui n’hésite pas à « jouer » sans cesse le développement et la survie de l’humanité pour maximiser le profit à court terme de quelques magnats, l’engagement anticapitaliste et le combat anti-impérialiste coïncident de plus en plus avec la défense de la vie, de la raison, du développement collectif et individuel de milliards d’humains qui ne demandent qu’à vivre en paix dans un environnement sain, qu’à travailler dans des conditions dignes de l’homme et épanouissantes, qu’à élever décemment leurs enfants et qu’à jouir collectivement des magnifiques avancées considérables de la science et de la technique. Plus que jamais les contradictions s’aiguisent entre, d’une part, l’accaparement privé des ressources sociales et des richesses naturelles par une poignée d’actionnaires milliardaires, de firmes transnationales et d’Etats prédateurs à leur service, et, d’autre part, le caractère de plus en plus social, collectif et même mondial de l’économie. Cette contradiction fondamentale, depuis longtemps diagnostiquée par les auteurs du Manifeste communiste, ne peut objectivement trouver sa solution en dehors du socialisme, c’est-à-dire en dehors de la socialisation effective des grands moyens de production et de la conquête du pouvoir politique par les travailleurs.

1.1.4. Plus fondamentalement encore, le communisme, c’est-à-dire le combat de classe des travailleurs salariés pour une société débarrassée des classes sociales, de la guerre et de l’oppression politique, le combat pour une société mettant en commun pour l’épanouissement de chacun les ressources naturelles, les avancées de la recherche et les grands moyens d’échange et de production, apparaît objectivement comme l’unique alternative fondamentale aux horreurs de la mondialisation capitaliste. Le communisme est aujourd’hui la seule alternative aux menaces croissantes d’anéantissement de la civilisation et de l’humanité dont le capitalisme et l’impérialisme sont désormais porteurs : socialisme ou barbarie, telle est la question objectivement posée à tout travailleur en lutte, à tout antifasciste conséquent, à tout citoyen politiquement responsable.

1.1.5. Pourtant il s’en faut de beaucoup que la majorité des victimes du capital ait clairement pris conscience de cette alternative cruciale. Même si la résistance des peuples est vive et parfois même héroïque, l’émiettement des forces anti-impérialistes, le grave recul de la conscience de classe sont manifestes à l’échelle mondiale. Trop souvent, la résistance à l’impérialisme est dévoyée par des forces réactionnaires, chauvines ou intégristes qui, de manière consciente ou pas, aident l’impérialisme à dépecer les nations ou les Etats multinationaux (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Belgique…), à réprimer les forces progressistes et à justifier les guerres, les blocus et les ingérences impérialistes au nom de la lutte pour la « modernité » et la « démocratie ». Faut-il s’en étonner ? Miné par le révisionnisme et l’antisoviétisme, dans un rapport de forces mondial caractérisé par le maintien du capitalisme dans les pays les plus développés, le Mouvement communiste international et le Front anti-impérialiste mondial ont implosé au début des années quatre-vingt-dix, emportés par la victoire des forces contre-révolutionnaires dans les ex-pays socialistes. Le résultat en est que les peuples et les travailleurs affrontent l’impérialisme et le capitalisme re-mondialisé en ordre dispersé, sans ligne claire de résistance leur permettant de se fédérer et de reprendre peu à peu l’initiative historique. Il est donc décisif aujourd’hui de reconstituer une force politique internationale d’avant-garde capable d’unir les résistances sur une base anticapitaliste et révolutionnaire. Le besoin objectif d’une telle force se fait sentir à un point tel que des forces réformistes, qui ne contestent guère que les « abus » les plus criants de l’impérialisme, ont pris la tête d’un large mouvement « altermondialiste ». Celui-ci, tout en mobilisant de manière positive et prometteuse des millions de jeunes, de paysans et de salariés, maintient la contestation planétaire de la « mondialisation » dans l’impasse réformiste d’une impossible « humanisation » de la globalisation néo-libérale.

1.2. A l’échelle nationale, la tendance à l’affrontement de classe déjà perceptible en décembre 95 a repris le dessus en mai-juin 2003. Tancé par la Commission de Bruxelles, engoncé dans son idéologie néo-libérale et pressé par le MEDEF, le gouvernement ultra-réactionnaire Chirac-Juppé-Raffarin-Sarkozy a engagé une offensive de style thatchérien contre la France des travailleurs et l’existence même de la nation. Toutes les conquêtes civiques et sociales de la Résistance antifasciste et du gouvernement à participation communiste de la Libération (retraites par répartition, sécurité sociale, allocations familiales, statuts et conventions collectives, ordonnance sur la jeunesse, nationalisation de l’EDF et services publics…) sont visées par un « plan d’ajustement structurel » orchestré à l’échelle mondiale (AGCS), nationale (plans Seillère-Raffarin-Fillon-Ferry) et continentale (accords de Barcelone, pacte de stabilité monétaire) par les forces maastrichtiennes coalisées du grand patronat, de la droite libérale et de la social-eurocratie. Au-delà des acquis de 1945, ce sont les avancées de civilisation majeures héritées de la Révolution française et des luttes démocratiques du 19ème siècle qui sont menacées de liquidation, qu’il s’agisse de la souveraineté nationale, qu’enterrerait le projet giscardien de constitution européenne, de la « République laïque, une et indivisible » en cours de démantèlement au nom de la décentralisation, de l’Europe des régions ( ) et de la régionalisation-privatisation programmée de pans entiers de l’Education nationale. Les conditions d’existence de la France comme nation indépendante sont méthodiquement sapées pour adapter notre pays aux exigences de la course au profit, de la guerre économique entre sociétés transnationales, de la globalisation financière et de l’intégration capitaliste européenne.

1.3. Cela se traduit par une politique de réduction massive de la production industrielle nationale visant à détruire la résistance de la classe ouvrière, dont les conditions sociales d’existence sont détruites par une politique patronale ouvertement tournée vers la délocalisation massive de la production industrielle à la faveur de l’élargissement à l’Est de l’Union européenne. Il s’agit à terme de manière de transformer la France en une zone purement parasitaire ( ) de l’Europe où coexisteraient une « élite » bourgeoise extrêmement privilégiée, avec une mince aristocratie de salariés occupés dans la finance et des services pour l’essentiel privés ou les productions à haute valeur ajoutée (décisives pour la domination sur le tiers-monde…), tandis qu’une majorité de travailleurs au bord du déclassement s’enliserait pour longtemps dans la précarité, les petits boulots et l’assistanat avec un statut social rappelant celui de la plèbe romaine. Seules subsisteraient alors des activités de tourisme de luxe ou de transport nécessaire au transit européen de la production capitaliste à flux tendu, d’où d’ailleurs le caractère politiquement et socialement stratégique du transport dans notre pays.

1.4. Quant aux services publics, à la Recherche et au secteur nationalisé, ils sont impitoyablement asphyxiés, démontés et privatisés par les gouvernements maastrichtiens successifs avec l’objectif à peine déguisé d’en finir avec l’indépendance économique et de la France et avec le principe d’égalité des citoyens sur l’ensemble du territoire.

1.5. Les paysans travailleurs ne sont pas mieux lotis : avec la réforme Fischler de la Politique Agricole Commune, avec l’élargissement à l’Est de l’Union européenne, la ruine de millions de paysans travailleurs des deux côtés de l’Europe est programmée pour faire place aux géants de l’industrie agroalimentaire et à leur utilisation cynique de la génétique en vue de la course au profit. Il en va de même, quoique de manière plus contradictoire, de catégories comme les artisans, les petits commer-çants, les professions libérales et de santé auxquelles le « grand marché » européen, les critères maastrichtiens d’austérité et le capitalisme re-mondialisé ne laissent d’autre place que celle de sous-traitants sous tutelle ou de concurrents précaires, écrasés par les plans européens d’ajustement structurel pesant sur les marchés publics, la Sécurité sociale et les budgets publics.

1.6. Plus globalement, l’ensemble de la culture nationale, et tout particulièrement ses éléments progres-sistes sont aujourd’hui menacés, en France comme dans la plupart des pays du monde. Quand tout est fait pour minorer insidieusement le statut de la langue française sur le territoire national et privilégier l’anglo-américain dans l’enseignement, la publicité et les médias, quand la création culturelle nationale est sabordée au bénéfice de la sous-culture de masse « made in USA », quand les organismes publics de recherche (CNRS, CNES, CEA…) font l’objet de délestages budgétaires à répétition, quand les bases d’une défense nationale républicaine (notamment le principe républicain de la conscription et la production nationale d’armement) sont sacrifiées sur l’autel de l’armée européenne de métier intégrée à l’OTAN, quand l’histoire progressiste du monde et de notre pays, non seulement celle de la Révolution française et de la République, mais celle du mouvement ouvrier et de la Révolution d’Octobre, sont remplacées par un enseignement révisionniste de la prétendue « histoire européenne » frappé au coin de l’anticommunisme, de l’anti-jacobinisme et de l’antisoviétisme, quand la valeur de laïcité est dévaluée sous couvert d’« ouverture » de l’école aux campagnes médiatiques et commerciales ainsi qu’aux exigences patronales, quand le patriotisme républicain est méthodiquement pris en tenaille entre le racisme lepéniste et un « patriotisme » européen de commande, c’est l’existence même de la France et de la République que la grande bourgeoisie a entrepris de remettre radicalement en cause à l’orée du 21ème siècle.

1.7. Mais loin de susciter le pessimisme, un tel constat doit faire mesurer le potentiel de lutte et de rassemblement qui s’offre aujourd’hui aux communistes, au mouvement ouvrier et populaire, s’ils savent associer le patriotisme républicain à un internationalisme prolétarien de seconde génération, impulser l’Europe des luttes en s’opposant tout à la fois au nationalisme réactionnaire et à l’Europe supranationale du grand capital. Alors que le mouvement social s’est réveillé dans notre pays en mai-juin 2003 et que des signes avant-coureurs de soulèvement populaire se font jour sur fond de crise politique et institutionnelle, il est de plus en plus difficile d’accuser les travailleurs de passivité, de plus en plus impossible d’occulter les compromissions des partis de l’ex-gauche plurielle et des directions nationales des syndicats, toutes prisonnières à des degrés divers de leur allégeance à la Confédération Européenne des Syndicats et/ou à la social-démocratie internationale.

1.8. Alors que le 32ème congrès du PCF a réaffirmé le prétendu « principe fondamental de la mutation », alors que sa direction mutante s’est auto-reproduite en ignorant l’opposition d’une majorité de communistes hostiles à la mutation et critiques sur la participation du PCF au gouvernement Jospin, la fracture est de plus en plus profonde entre la nécessité pour les travailleurs en lutte de reconstruire une perspective politique anti-Maastricht et anticapitaliste et l’orientation « euro-constructive » des dirigeants du PCF. Peu présents dans le mouvement populaire, les dirigeants du PCF se sont avérés incapables d’appuyer clairement la revendication de retrait des plans gouvernementaux et de retour au 37 annuités ½ pour tous ; reniant le « Non de gauche à Maastricht » du référendum de 92, la direction « euroconstructive » du PCF a également refusé d’appeler à rompre avec l’Union européenne du capital, à remettre en cause l’euro, à annuler l’accord européen de Barcelone et le pacte de stabilité monétaire dont les contre-réformes réactionnaires Raffarin-Fillon-Ferry sont pourtant l’application directe aux services publics, au financement des retraites et de la Sécurité sociale.

1.9. Malgré cela, le mouvement populaire du printemps 2003 a objectivement posé avec force nombre de questions politiques cruciales, même si toutes ces questions sont loin d’être formulées clairement dans la tête des salariés en lutte : comment défendre d’un point de vue de classe l’Education nationale, la nation, la laïcité et la république, comment construire une alternative de progrès et d’émancipation sociale qui ne se réduise pas à une pure alternance entre les forces maastrichtiennes de la droite et de la fausse gauche ? Comment articuler l’engagement d’une avant-garde sociale qui a impulsé la grève de masse, et le rassemblement majoritaire dans l’action des salariés ? Comment faire vivre une nouvelle démocratie populaire face au régime de plus en plus autoritaire et anti-ouvrier de la Vème République dont les institutions n’ont plus pour objet que de donner une apparence démocratique aux diktats des institutions supranationales et aux projets de « refondation (anti-)sociale » du MEDEF ?

1.10. C’est pourquoi les délégués au congrès de la Renaissance communiste, réunis les 8 et 9 novembre 2003 en double hommage à la Révolution d’Octobre 1917 et aux Sans-culotte de 1793, veulent répondre à ce besoin d’avant-garde et contribuer à combler la fracture politique entre les aspirations révolution-naires latentes d’une part croissante des salariés et la « démocratie » bourgeoise en crise qui n’offre plus au peuple que le choix mortel entre la politique maastrichtienne unique de l’UMP et des dirigeants du PS et le programme fasciste d’un Le Pen.

1.11. C’est pour mettre radicalement en cause ce « choix » mortel que les militants affiliés ou associés à la FNARC ont décidé d’adopter le présent Manifeste, en mettant en discussion dans les luttes un programme communiste et des propositions immédiates d’action. Pour appeler à l’unité internationale des communistes, ils adoptent également un appel à la renaissance du Mouvement communiste international. En mettant en place un Pôle de Renaissance communiste en France, en appelant à construire parallèlement à lui une Convergence d’action et de réflexion communiste ouverte à tous ceux qui veulent reconstruire le Parti communiste en rompant totalement avec la mutation réformiste, ils entreprennent de mettre à la disposition des travailleurs en lutte et de leur avant-garde sociale un outil politique à eux, combattant de manière conséquente, sur la base d’une analyse marxiste-léniniste actualisée, le système capitaliste et l’ensemble de son dispositif de domination politique et idéologique. C’est en continuateurs du PCF, de l’engagement communiste de Gracchus Babeuf, des insurgés ouvriers de 1848 et des Communards de 1871, c’est en héritiers du congrès de Tours, c’est en défenseurs de l’œuvre du Front populaire, de la Résistance antifasciste, des ministres communistes de la Libération, des combats anti-colonialistes, anticapitalistes, anti-impérialistes et antifascistes incessants menés par le PCF aux accents de l’Internationale et de la Marseillaise que se construit le Pôle de renaissance communiste. Il est en cela l’héritier du travail politique et idéologique accompli depuis 1991 par les fondateurs de la Coordination communiste, par la Coordination des Militants Communistes et le Collectif National Unitaire des Communistes présidé par G. Hage, par la Fédération Nationale des Associations pour la Renaissance communiste, par diverses associations, réseaux et coordinations départementaux ou locaux.

1.12. Mais c’est aussi en rompant complètement sur les plans politique et organisationnel avec l’appareil failli du PCF muté que ce Pôle de Renaissance s’efforcera, en liaison avec les luttes et avec tous ceux qui, membres ou non du PCF, veulent rester, devenir ou redevenir communistes, de travailler à l’émergence d’un parti franchement communiste en France tout en oeuvrant, si modestement que ce soit, à la réorganisation du Mouvement communiste, ouvrier et révolutionnaire international.
Cette rupture organisationnelle complète avec le réformisme est le but stratégique des militants de la Renaissance communiste ; elle ne contredit en rien la nécessité de revendiquer le nom, l’héritage politique révolutionnaire et même, le cas échéant, des biens du PCF, fruit des sacrifices de générations de militants révolutionnaires. La « rupture organisationnelle » n’empêche pas que des camarades, là où c’est encore possible et fructueux, continuent d’unir des communistes à l’intérieur du PCF mutant sur des bases franchement communistes. Elle signifie avant tout qu’il ne faut semer aucune illusion sur la possibilité pour l’appareil actuel, complètement rallié au réformisme et à l’intégration capitaliste européenne, de se « régénérer » ou de se redresser.
Alors que les parlementaires du PCF (à l’exception de G. Hage et M.-C. Beaudeau) ont fait preuve d’une scandaleuse « neutralité bienveillante » envers l’élargissement de l’Union européenne (premier acte de la mise en place de la constitution supranationale et nouvelle arme du capital pour détruire l’emploi et les acquis sociaux), alors que la direction du PCF prétend déléguer la souveraineté des militants du PCF à un « Parti de la Gauche Européenne » de nature supra–nationale (et qui ne ferait plus référence au communisme !), l’heure est venue de ne plus subir la dérive, de passer à l’offensive et de reconquérir peu à peu le droit inaliénable des travailleurs de notre pays à un véritable parti communiste ; c’est pour aider les communistes à assumer cette tâche historique que la Convention nationale de janvier décide de la mise en place du Pôle de Renaissance communiste dans notre pays..

1.13. Le monde et notre pays sont en effet à la croisée des chemins. Soit les forces populaires continuent de s’enliser dans la voie sans issue du réformisme et de la collaboration des classes, et le pire est à craindre pour la classe ouvrière, la République, la nation et la paix mondiale. Soit les forces populaires renouent sous des formes vivantes et ouvertes avec la voie révolutionnaire et il ne fait aucun doute que l’offensive réactionnaire peut être stoppée, battue et que l’initiative historique peut revenir de manière définitive dans le camp du travail et des forces de progrès.

1.14. Le communisme ou l’anéantissement de l’humanité, la République sociale, démocratique, laïque et populaire ou bien l’Europe supranationale du capital, le socialisme ou la barbarie, tels sont les choix cruciaux auxquels chacun sera tôt ou tard confronté par la montée des antagonismes sociaux. Confiants dans la classe ouvrière, dans les communistes et dans le peuple de France, tendant fraternellement la main à tous ceux qui veulent travailler à la reconstitution du Parti révolutionnaire dont notre pays a un besoin vital, le Pôle de renaissance communiste invite tous les communistes, tous les travailleurs en lutte, tous les vrais progressistes à rejoindre ou à soutenir son combat.

Première partie : POUR UN INTERNATIONALISME PROLETARIEN de SECONDE GENERATION

2.1. Consécutive à l’implosion sous influence de l’URSS et des pays socialistes d’Europe de l’Est, l’actuelle re-mondialisation du capitalisme n’est pas seulement un processus objectif résultant des « nouvelles technologies », de la globalisation financière ou de l’internationalisation des échanges et de la production capitalistes. L’actuelle « mondialisation » est avant tout l’effet d’un processus politique et idéologique contre-révolutionnaire qui, après avoir abattu ou contraint au repli la première expérience socialiste de l’histoire, s’en prend désormais à l’ensemble des conquêtes obtenues par les travailleurs des pays capitalistes depuis 1917 et 1945, démolit le droit international (si hypocrite que soit ce « droit », l’ « unilatéralisme » états-unien prétend désormais l’ignorer complètement) résultant de la défaite du fascisme, remet en jeu les avancées obtenues par les femmes, le mouvement démocratique, le mouvement pour la paix et les mouvements de libération nationale naguère fédérés dans le Mouvement des non-alignés.

A) POUR UNE ANALYSE REVOLUTIONNAIRE DE LA CONTRE-REVOLUTION

La défaite des premières expériences socialistes issues d’Octobre 1917 résulte de la confluence d’une multiplicité de facteurs :

2.3. D’une part, de la pression croissante de l’impérialisme qui a soumis la construction du socialisme à un climat d’insécurité perpétuelle et à une étreinte potentiellement mortelle et fortement déformante en forçant les pays socialistes à détourner vers la défense et l’appareil d’Etat des ressources nécessaires à l’édification du communisme. Rappelons que l’URSS a dû au cours de sa relativement brève histoire subir la guerre civile et l’intervention étrangère, la montée du fascisme et l’effroyable guerre d’extermination menée par le nazisme), la guerre froide et une course épuisante aux armes nucléaires qui a culminé avec la croisade antisoviétique organisée par Reagan, puis par Bush Senior dans le but déclaré de préparer une attaque nucléaire « préventive » contre « l’Empire du Mal » soviétique. La lutte entre capitalisme et socialisme s’est déroulée dans des conditions généralement défavorables au socialisme : dans maint pays de l’Est, le socialisme a dû être édifié à partir de conditions initiales marquées par le retard économique et par les immenses destructions causées par l’invasion hitlérienne ; dans le même temps, les Etats-Unis, géant économique exempt des destructions des deux guerres mondiales, ont massivement relancé la production capitaliste en RFA et en Europe de l’Ouest pour faire pièce à l’URSS, à la RDA socialiste et à l’ensemble du camp socialiste..

2.4. Dans ce contexte d’affrontement de classe mondial entre la coalition impérialiste et le camp socialiste, alors que le Mouvement communiste international était gravement divisé par le différend entre l’URSS et la Chine d’une part, entre PCUS et partis de l’« eurocommunisme » d’autre part, des phénomènes de stagnation et de dégénérescence bureaucratique se sont manifestés en URSS et en Europe de l’Est avec un dessaisissement politique croissant du peuple travailleur et un déclin du rôle dirigeant effectif des partis communistes. Ces phénomènes prenaient racine pour une part dans la période stalinienne où, à côté d’avancées irrécusables, la démocratie socialiste et le centralisme démocratique avaient subi de lourdes distorsions dans le parti et l’appareil d’Etat. Le socialisme, en tant que transition vers le communisme, vers le dépérissement de l’Etat, du « marché » et du salariat, s’est peu à peu trouvé en situation de blocage ce qui a entraîné une fracture entre les partis communistes et la classe ouvrière. L’élévation progressive d’une « élite » politique bureaucratisée au-dessus des partis communistes et de la classe ouvrière a permis au courant révisionniste, qui avait fait de premières percées à l’époque de la déstalinisation (celle-ci a été conduite à partir d’une analyse non-marxiste du « culte de la personnalité » et a donné lieu à de premiers dérapages dans le sens des conceptions capitalistes, comme par exemple l’élimination des « stations de machines et de tracteurs » qui permettaient à la classe ouvrière soviétique de diriger d’influer directement sur le développement de l’agriculture), d’éliminer progressivement les communistes de la direction de la plupart du Parti. Imposée par Gorbatchev et son équipe liquidatrice, la conception anti-léniniste de la « nouvelle pensée politique », qui prétendait faire prévaloir les « valeurs universelles de l’humanité » sur les « intérêts de classe du prolétariat » (alors que le combat des exploités vise à émanciper toute l’humanité de l’exploitation et de l’oppression) a désarmé idéologiquement le PCUS et le Mouvement communiste international. Faute de boussole idéologique, ces derniers ont été totalement désorientés lorsque la contre-révolution travestie en « lutte pour la démocratie » a détruit la RDA et l’URSS sous le mot d’ordre fallacieux de « rénovation du socialisme ». Cela ne signifie nullement que le socialisme n’avait pas besoin d’un profond ressourcement léniniste: mais l’expérience de la restauration capitaliste à l’Est a montré que le renouvellement du socialisme doit se faire en approfondissant la démocratie socialiste, en démocratisant et en rationalisant la planification économique, en dynamisant l’utilisation des avancées scientifiques, en rendant aux soviets et aux collectifs de travailleurs le pouvoir effectif et en permettant aux partis communistes de jouer leur rôle de direction politique en redevenant les organismes militants qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être.

2.5. L’affrontement entre communistes et opportunistes, c’est-à-dire en dernière instance la lutte de classes entre défenseurs du socialisme et partisans de la restauration capitaliste, a pris un tour aigu à l’époque de la perestroïka sous la forme, difficilement intelligible pour les masses, d’un antagonisme entre les prétendus « conservateurs » (fidèles au léninisme mais incapables pour la plupart d’en appeler aux travailleurs) et les faux « progressistes » comme Eltsine. Ces derniers ont obtenu l’appui des milieux impérialistes pour gagner le « bras de fer » avec leurs opposants communistes. A l’arrivée, le démantèlement de l’URSS s’est traduit par la mise hors la loi du PCUS, la destruction des soviets, l’élimination de la propriété sociale des entreprises, l’expropriation de la paysannerie kolkhozienne, avec à la clé un terrible « bond en arrière » pour les peuples de l’URSS et des pays de l’Est dont l’économie et le pouvoir politique sont désormais détenus par le grand capital occidental et par les mafias locales à sa dévotion. Les acquis bien réels du socialisme, (plein emploi, logement bon marché, soins médicaux et éducation gratuits, droit égal au sport et à la culture, développement d’une culture nationale, paix civile entre les peuples au sein d’Etats multinationaux, équipements sociaux permettant l’égalité des sexes au travail, etc.) les avancées scientifiques et culturelles du socialisme ont été liquidées pour le plus grand malheur des ouvriers, des employés, des retraités et des intellectuels (chercheurs, créateurs, enseignants…).

B) un CAPITALISME RE-MONDIALISE aux prises avec d’EXPLOSIVES CONTRADICTIONS

2.6. L’élimination de l’URSS a permis la mise en place d’un « monde unipolaire » dominé par le capitalisme et piloté par l’impérialisme nord-américain. Alors que les capitalistes occidentaux avaient dû faire des concessions aux travailleurs de leurs pays respectifs pour « tenir » la compétition politique avec les pays socialistes, la grande bourgeoisie capitaliste, provisoirement victorieuse, a provisoirement repris l’initiative historique perdue en 1917 ; sous le drapeau du « néolibéralisme », elle a lancé à l’échelle mondiale une offensive générale contre les travailleurs salariés avec l’ambition de détruire tous les acquis du prétendu « Etat social » et en soumettant totalement l’appareil d’Etat et l’argent public aux exigences inhumaines du profit maximal. Sur le plan international, la disparition du camp socialiste (qui avait puissamment stimulé le mouvement de libération nationale) a permis à l’impérialisme de s’engager dans une entreprise de re-colonisation progressive de la planète. L’impérialisme brandit pour cela le prétexte du « droit d’ingérence humanitaire » ou celui de la « croisade sans limite contre la menace terroriste » dont l’impérialisme est en réalité le premier responsable, sinon le principal instigateur. Aujourd’hui l’unilatéralisme de Bush menace non seulement les pays socialistes d’Asie et d’Amérique latine, non seulement les pays du tiers-monde et les mouvements de libération nationale qui se réclament de l’anti-impérialisme, non seulement les pays de l’Est réduits à l’état d’Etats-mendiants, non seulement les Etats semi-occupés (Kirghizie, Ouzbékistan, etc.) et totalement occupés (Irak, Afghanistan, Yougoslavie…), mais même des pays impérialistes non totalement alignés sur Washington comme la France !

2.7. Pour autant, il serait illusoire de s’imaginer que le monde capitaliste est définitivement unifié sous la bannière des Etats-Unis. Lénine a démontré que le développement du capitalisme est marqué par le déséquilibre et l’inégalité. Les autres pôles impérialistes mondiaux, Japon et Union européenne, seront de plus en plus contraints de contester l’hégémonisme de Washington et de tenter d’élargir leurs zones d’influence. Telle est la raison profonde de la « divergence » entre les Etats-Unis et l’axe Berlin-Paris à propos de la seconde guerre du Golfe ; déjà le dépeçage impérialiste de la Yougoslavie avait donné lieu à une lutte sourde entre impérialismes rivaux au sujet des zones d’occupation militaire entre impérialismes allemand, français et américain. Certes l’Union européenne est aujourd’hui divisée entre, d’une part, l’axe Berlin-Paris et d’autre part, le trio pro-américain Londres-Madrid-Rome (rallié par les régimes contre-révolutionnaires de l’Est). Mais quelles que soient les contradictions entre pays capitalistes au sein de l’UE, l’intégration européenne a pour but final la constitution d’un nouveau bloc impérialiste rival des USA et disposant d’un Etat supranational (constitution européenne) et d’une armée de métier lui permettant à terme de disputer la domination mondiale aux USA. Et telle est la raison fondamentale de l’hostilité tenace des Etats-Unis envers France, accusée depuis De Gaulle de faire montre d’un excès d’indépendance envers le gendarme du monde états-unien. Loin de démentir cet antagonisme, le conflit latent au sein de l’Union européenne entre les Etats favorables au bloc germano-français et les Etats favorables à Washington, réfléchit cet antagonisme entre les blocs impérialistes rivaux.

2.8. Certes il y a et il y aura, comme l’avait remarqué Lénine, des phases provisoires d’unification des différents pôles impérialistes pour exploiter en commun les peuples du monde, mais l’autre tendance, celle qui conduit à l’aggravation des rivalités inter-impérialistes (qui se cristalliseront actuellement entre la zone dollar et la zone euro) ne peut manquer de s’affirmer au fur et à mesure que s’aggravera la crise du capitalisme, résultant notamment de la baisse tendancielle du taux de profit et de l’intense concurrence entre capitalistes qui en résulte. Aux contradictions entre l’impérialisme et l’humanité progressiste s’ajoute donc la tendance à la guerre mondiale inter-impérialiste dont il est superflu de souligner la menace qu’elle fait peser sur l’humanité à notre époque où les stocks d’armes existants sont capables de détruire toute vie sur terre. C’est pourquoi les communistes véritables n’appelleront jamais, sous couvert de « contre-balancer » l’impérialisme états-unien à renforcer la construction supranationale euro-péenne. Si toute divergence entre les forces impérialistes rivales doit naturellement être exploitée dans l’intérêt des peuples et de la paix, des internationalistes ouest-européens dignes de ce nom doivent résister pied à pied la construction du bloc impérialiste ouest-européen en exigeant le retrait de la France de l’OTAN et de l’Alliance atlantique, en refusant la constitution et l’armée européennes, en exigeant l’abrogation des traités de Maastricht, Nice, Schengen et Amsterdam, du pacte de stabilité monétaire et de la monnaie unique gérée par la Banque de Francfort, en défendant la souveraineté des nations d’Europe, en soutenant les luttes des forces progressistes de tout le continent.

2.9. Comme l’avait compris Jaurès, la guerre (et spécialement, la guerre mondiale) est dans la nature du capitalisme parvenu au stade impérialiste. En même temps, les fauteurs de guerre ne doivent pas oublier que chaque conflit mondial déclenché par l’impérialisme a donné lieu à une percée révolutionnaire du mouvement ouvrier (1917, Révolution russe, 1945, naissance du camp socialiste). Pour autant, il ne s’agit pas d’attendre passivement qu’un nouveau conflit dévastateur éclate car si la révolution prolétarienne peut en sortir, cela peut être également la fin de l’humanité civilisée. Ce n’est pas la guerre qui engendre mécaniquement la révolution prolétarienne mais la revendication populaire d’égalité en droits pour tous les êtres humains lorsque les travailleurs la portent sans concessions sur tous les plans, économique, politique et idéologique. Le devoir des communistes est donc aujourd’hui de dénoncer l’impérialisme sous toutes ses formes, de le combattre sur tous les continents et d’unir la majorité de l’humanité autour du combat de la classe travailleuse contre un système qui porte en lui la mort et l’extermination comme la nuée orageuse porte la foudre.

2.10. Face aux contradictions actuelles du système capitaliste, contradictions entre capital et travail, contradictions entre forces impérialistes et peuples opprimés, contradictions et rivalités entre puissances capitalistes dominantes, quelle doit concrètement être la réponse des communistes et des forces de progrès ?

C) RECONSTITUER LE FRONT ANTI - IMPERIALISTE MONDIAL

2.11. Sous le nom de « mondialisation », l’impérialisme s’attaque à tout ce qui peut constituer un obstacle aux entreprises prédatrices du grand capital. Les forces impérialistes s’efforcent ainsi d’en finir avec les pays socialistes et le mouvement communiste international. Elles s’attaquent à l’emploi, aux acquis sociaux, syndicaux et démocratiques des travailleurs des pays capitalistes. Elles détruisent le cadre national, dans lequel la classe ouvrière est le mieux à même de lutter pour devenir en premier lieu la classe dirigeante et renient l’idée même de droit international. Elles liquident la diversité des langues et des cultures, livrées au rouleau compresseur de la sous-culture made in USA. Soumettant la production, bridant la recherche scientifique, technique et médicale et la soumettant à la quête du profit maximal, le grand capital met en pièces l’environnement naturel ; n’hésitant pas à commercialiser et à « marchandiser » les recherches des biologistes et généticiens, les forces du capital financier mettent en péril les bases mêmes de l’existence biologiques de l’homo sapiens. Quant aux Etats capitalistes, ils poursuivent leur course suicidaire aux armes d’extermination et considèrent la paix mondiale comme une simple variable de leurs « plans d’ajustement structurel ». Pourtant, alors que la grande majorité des hommes condamne les guerres impérialistes, la division persistante des forces anti-impérialistes et du mouvement communiste international permet à l’impérialisme de garder l’initiative politique et d’imposer ses « solutions » barbares des Balkans à l’Afghanistan en passant par le Proche-Orient.
Dès lors, comment résister à cette entreprise de mort et reprendre l’offensive à l’échelle mondiale contre l’impérialisme ?
Un devoir élémentaire : développer la solidarité de classe avec les communistes et les progressistes persécutés, combattre la criminalisation du communisme et de son histoire.

2.12. Depuis la fin de la RDA, les dirigeants de l’impérialisme rêvent d’une planète sans pays socialiste, sans partis communistes, sans militants syndicalistes, sans forces de résistance au capitalisme. Loin de dénoncer cette entreprise liberticide sans précédent, nombre de partis se réclamant du communisme dont le PCF, ont préféré fermer les yeux sur la chasse aux sorcières et les persécutions contre les communistes des ex-pays socialistes qui persistent dans leur prise de parti, de Honecker au tchèque Milos Jakes ou au lituanien Braukevicius en passant par ces milliers d’enseignants est-allemands frappés d’interdit professionnel par la justice revancharde. Dans plusieurs pays de l’Est impétrants à l’Union européenne, c’est carrément le communisme, son drapeau et ses emblèmes qui sont interdits par la constitution et font l’objet de persécutions alors même que les partis communistes font des scores électoraux remarquables quand ils peuvent briguer les suffrages des électeurs. Ces persécutions anticommunistes sont d’autant plus scandaleuses qu’elles sont souvent organisées, avec le plein appui des dirigeants occidentaux, par des renégats carriéristes qui faisaient profession de communisme à l’époque du socialisme !

2.13. C’est l’honneur du Comité Honecker de Solidarité Internationaliste que d’avoir relevé le défi de la solidarité de classe contre la répression anticommuniste sans jamais confondre l’accord politique avec la ligne suivie par tel dirigeant communiste persécuté et la nécessité de défendre tout camarade contre la « justice » revancharde. Il faut aujourd’hui généraliser et internationaliser la défense des communistes persécutés car tout manquement au devoir de solidarité a pour conséquence que les gouvernements capitalistes s’efforcent aussitôt de généraliser les persécutions à l’ensemble des progressistes d’Europe. Le déni de solidarité aux communistes persécuté des pays des ex-pays socialistes constitue donc un danger, non seulement pour les communistes, mais pour tous les progressistes d’Europe et du monde. Déjà, sous couvert de « lutte anti-terroriste », le PC des Philippines et son dirigeant historique, José-Maria Sison, sont portés sur la liste des organisations ou des individus « terroristes »par l’UE. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et plusieurs partis se réclamant du marxisme-léninisme sont durement réprimés en Turquie. Sur pression des USA, l’UE a porté les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie sur la liste des organisations terroristes. Dans la foulée de ces mesures liberticides et anticommunistes, c’est toute l’opposition ouvrière, c’est le syndicalisme de lutte ou même, la simple contestation démocratique de la mondialisation qui font l’objet d’une criminalisation et d’une répression accrue comme celle qui frappe le dirigeant paysan José Bové, de nombreux grévistes des services public, les dirigeants CGT de l’ASF, ceux de la SCIA (59), plusieurs animateurs du mouvement des sans-papiers ou le dirigeant CGT de Cherbourg, Alain Hébert. L’expérience montre qu’il est possible, par une large mobilisation unitaire, de mettre en échec la répression des militants du mouvement populaire.
Alors que le FBI embastille et torture ouvertement des prisonniers de guerre à Guantanamo, alors que le mouvement démocratique et les droits de l’homme (de Mumia-Abu-Jamal à Léonard Peltier en passant par les Cinq Cubains de Miami) est férocement réprimé aux USA, mesure-t-on bien, à une époque où Bush veut étendre à toute la planète son « droit » d’ingérence, le risque que représente pour le mouvement démocratique, à l’échelle de la planète, le manque de solidarité envers les militants persécutés ? Comme le remarque Fidel Castro, les Etats-Unis ne sont certes pas (ou pas encore ?) un Etat fasciste, mais déjà leur brutalité sans limite sur la scène internationale engage la fascisation en profondeur des relations internationales. Plus que jamais, les communistes et les vrais progressistes doivent riposter offensivement aux campagnes de criminalisation du socialisme en mettant en accusa-tion les crimes innombrables de plus en plus graves du système capitaliste et de ses principaux dirigeants..

2.14. De même, a-t-on conscience de ce que signifie sur le plan des libertés démocratiques l’entrée dans l’UE des pays de l’Est où les partis communistes sont au mieux tolérés ? Prend-on toute la mesure des menaces que comporte pour la démocratie la campagne permanente de criminalisation du socialisme et de son histoire (cf. le prétendu « livre noir du communisme » de Courtois) et l’odieuse équation qui met un trait d’égalité entre l’URSS et l’Allemagne nazie, c’est-à-dire entre Stalingrad et Auschwitz ?! Combattre la criminalisation du communisme et de son histoire, assumer fièrement, fût-ce de manière critique, l’héritage communiste et la première expérience socialiste de l’histoire, ouvrir un vrai débat marxiste sur ses avancées mais aussi sur ses limites, fautes et blocages, c’est désormais une nécessité vitale pour qui veut, non seulement combattre la réhabilitation de l’extrême droite, non seulement défendre l’avenir du socialisme, mais tout simplement préserver les conquêtes sociales et démocratiques en France et dans le monde ! Loin de relever de la « nostalgie », la lutte contre la criminalisation du communisme est une tâche démocratique majeure, voire une mesure élémentaire d’autodéfense pour tous ceux qui combattent la fascisation des institutions politiques !

SOLIDARITE DE CLASSE AVEC LES PAYS SOCIALISTES ou à orientation socialiste

2.15. Dans son entreprise de « purification politique » de la planète, l’impérialisme s’efforce de liquider les régimes socialistes qui subsistent en Asie et en Amérique latine :

2.16.- concernant la Chine populaire, l’impérialisme mène une politique des « deux fers au feu ». D’un côté, par des concessions commerciales et des investissements massifs, il s’efforce de provoquer la décomposition du régime socialiste en tentant d’obtenir du PCC des concessions de principe analogues à celles qui, sous Gorbatchev, facilitèrent l’implosion de l’URSS. En même temps, l’impérialisme soutient ouvertement des forces contre-révolutionnaires, mouvements séparatistes, sectes obscurantistes, « dissidents » pro-occidentaux, qui luttent ouvertement pour la restauration capitaliste en Chine. La Chine populaire parviendra-t-elle à concilier son développement économique avec le maintien et le développement de rapports de production socialistes ? Beaucoup dépendra de la capacité du PC Chinois à défendre fermement le secteur public et nationalisé, à prendre en compte les revendications populaires, à combattre clairement l’impérialisme et ses menaces de guerre (notamment contre Cuba et la RPD Corée), à résister à l’entrisme de la nouvelle bourgeoisie chinoise dans l’appareil d’Etat et le PCC lui-même. Le Pôle de renaissance communiste sera naturellement solidaire de tous ceux qui, au sein du peuple et du parti chinois, lutteront pour défendre et étendre les fondements politiques, économiques et sociaux du socialisme en Chine. C’est dans le même esprit que le Pôle de Renaissance Communiste soutiendra le PC du Vietnam, le Parti populaire du Laos ainsi que les défenseurs de l’orientation socialiste, de la souveraineté nationale et de la démocratie populaire en République populaire de Corée. Le Pôle de renaissance communiste agira en ce domaine sans jamais confondre solidarité de classe anti-impérialiste et alignement politique a priori sur les orientations des partis communistes au pouvoir.

2.17 - solidarité politique totale avec le peuple cubain et sa Révolution : après leur victoire sur l’Irak, les dirigeants des Etats-Unis rêvent d’en finir rapidement avec Cuba, fût-ce au prix d’une invasion motivée par la prétendue « défense des droits de l’homme ». Compte tenu du rôle central joué par Cuba socialiste dans la défense de la voie révolutionnaire et anti-impérialiste en Amérique latine et dans le monde, compte tenu des menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’île du Che, compte tenu de l’expérience des pays de l’Est où sous couvert de « rétablissement de la démocratie », c’est en réalité la régression sociale et la répression anticommuniste qui ont triomphé, c’est un devoir internationaliste prioritaire de mener une campagne permanente de solidarité avec le peuple cubain, son parti communiste et sa direction révolutionnaire. Ces derniers ont le droit et le devoir de défendre sans faiblesse la souveraineté nationale et la voie socialiste choisie par le peuple cubain conformément à ses grandes traditions révolutionnaires. Face aux plans d’invasion US, face aux manœuvres de déstabilisation contre-révolutionnaire financées par Bush et par la mafia de Miami, les militants de la Renaissance communiste réaffirment le droit inaliénable de tout peuple en révolution de prendre des mesures d’auto-défense contre la réaction tout en développant la démocratie la plus large pour le peuple travailleur. Tel est d’ailleurs le rôle que les fondateurs du socialisme scientifique attribuaient à la « dictature du prolétariat ». Face aux menées déstabilisatrices contre Cuba et aux atteintes aux libertés qu’elles suscitent à l’intérieur même des USA, le Pôle de Renaissance Communiste sera également aux avant-postes de la campagne unitaire pour la libération des Cinq de Miami, scandaleusement incarcérés pour avoir combattu les menées terroristes de la mafia de Miami contre Cuba.

2.18. - solidarité préventive avec tous les pays et mouvement « ciblés » par l’Empire-gangster états-unien ; Libye, Syrie, Iran, Soudan, Venezuela, République populaire du Congo, insurrections populaires en Palestine et en Colombie…, la liste est longue des Etats et des mouvements de libération que l’Empire-gangster états-unien a inscrits, avec la complicité de l’U.E. sur la liste des prétendus « Etats-voyous ». Une liste sur laquelle apparaissent à l’occasion trois Etats parmi les plus peuplés du monde, Chine, Inde et Russie ! Adeptes déclarés de la « guerre préventive » (c’est-à-dire du « droit » à l’agression !), les dirigeants nord-américains veulent ainsi renforcer leur hégémonie mondiale, coloniser ou re-coloniser des parties entières des pays du Sud et de l’Est, marginaliser l’ONU discréditée par son refus de condamner l’invasion de l’Irak, éradiquer l’idée même de droit international. Solidaire des peuples en lutte pour leur émancipation, les militants de la Renaissance communiste déclarent que l’impérialisme sous toutes ses formes demeure l’ennemi principal de tous les peuples. Cela ne signifie pas qu’il y ait lieu de taire les critiques qui peuvent éventuellement être adressées à tel ou tel Etat ou mouvement de libération visé par l’impérialisme. Il est clair par exemple que les communistes doivent soutenir l’opposition ouvrière et progressiste au régime clérical iranien. Mais aujourd’hui le danger majeur pour la paix mondiale, pour les droits humains et pour la liberté des peuples vient incontestablement de l’impérialisme. Et le fait que l’impérialisme états-unien soit aujourd’hui le princi-pal instigateur des agressions contre les peuples ne peut faire oublier la nécessité de combattre l’impéria-lisme français qui continue de jouer un rôle profondément négatif en Afrique (Côte-d’Ivoire, Congo démocratique…) en se présentant comme le garant local du « nouvel ordre mondial ». Dans ces conditions il ne s’agit pas seulement de militer pour la défaite des forces impérialistes et néocolonialistes quelles qu’elles soient, mais de mener en permanence une campagne de solidarité préventive avec les victimes désignées de la croisade impérialiste contre les peuples. Il est en particulier capital de développer une campagne de masse permanente pour la solidarité avec le peuple palestinien dont la résistance est devenue le symbole universel de la lutte contre la re-colonisation impérialiste de la planète. Le peuple de France a également intérêt, pour sa propre émancipation, à marquer sa solidarité active avec le peuple algérien, notamment avec les communistes, les progressistes, les forces laïques et les femmes qui refusent la mainmise du FMI sur le pays et l’instrumentalisation de l’intégrisme pour liquider les droits des travailleurs, la liberté de pensée et les acquis des femmes. Il faut également condamner le refus colonialiste de reconnaître le droit à l’indépendance du peuple sahraoui, victime de la guerre et de l’occupation marocaine.

- défense de la paix mondiale, de la souveraineté nationale, des droits démocratiques :
- refus d’opposer « valeurs universelles » et combat de classe anticapitaliste, associer la défense de la souveraineté des nations à un internationalisme de nouvelle génération.

2.19 La « nouvelle pensée politique » inaugurée par Gorbatchev prétendait opposer les « valeurs universelles » aux intérêts de classe des travailleurs comme si ces derniers, en luttant pour une société sans classe, ne luttaient pas du même coup pour émanciper l’humanité de la guerre et de l’exploitation. Comme si, en dernière analyse, toute valeur véritable ne procédait pas du travail et des travailleurs !. Chacun a constaté au contraire que le reniement du socialisme et du combat de classe par les partisans de Gorbatchev a conduit à aggraver le danger de guerre et les menaces de toutes sortes que fait courir le capitalisme à l’avenir de l’humanité. Loin de se replier de manière ouvriériste sur les intérêts du prolétariat au sens étroit et de se désintéresser du sort global de l’humanité, le marxisme-léninisme enseigne au contraire à unir toute l’humanité progressiste autour du combat de classe du prolétariat pour défendre sur des bases anticapitalistes, non seulement le socialisme, mais la souveraineté des nations, la paix mondiale, l’environnement naturel et les droits démocratiques. A l’époque où l’impérialisme prend une dimension de plus en plus irrationnelle et exterministe, les partisans du communisme doivent absolument prendre le drapeau de la lutte pour la survie et le développement de la vie, de la raison et de l’humanité.
C’est pourquoi, il convient :
2.20 –d’associer sur des bases de classe la défense de la souveraineté des nations à un internationalisme prolétarien de nouvelle génération ; c’est la seule manière de combattre à la fois le nationalisme réactionnaire et le cosmopolitisme capitaliste, tous deux promus par le capitalisme. C’est sur ces bases, à la fois patriotiques, internationalistes et antifascistes que les communistes de France combattent pour le retrait de la France de l’Europe de Maastricht en ayant conscience qu’un tel retrait provoquerait une rupture majeure de la chaîne impérialiste en Europe, qu’il susciterait une crise politique majeure et permettrait aux classes laborieuses de toute l’Europe de passer de la défensive à l’offensive en remettant à l’ordre du jour dans plusieurs pays la lutte pour la transformation révolutionnaire et socialiste de la société ;

2.21-les communistes doivent être les meilleurs défenseurs de la paix mondiale en montrant que l’impérialisme, produit ultime du capitalisme dans sa phase la plus réactionnaire, constitue aujourd’hui la principale menace pour la paix mondiale ; de la même manière, les communistes doivent se faire, sur des bases anticapitalistes, les champions des luttes démocratiques pour l’environnement, l’utilisation humaniste des technologies, le déploiement de la recherche scientifique, l’égalité des sexes, la défense et l’épanouissement des libertés démocratiques et des droits au travail, à la santé, à l’éducation laïque, à la liberté de conscience, partout menacés par le capitalisme et par les germes de régression sociale, de réaction politique, d’obscurantisme idéologique et de fascisation qu’il comporte ;

POUR LA RENAISSANCE DU MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL

2.22. Mais il est impossible de reconstituer le front anti-impérialiste et de le fédérer à l’échelle mondiale, sans faire renaître le mouvement communiste international. L’expérience historique montre en effet que c’est seulement après la Révolution russe de 1917 que le mouvement national des peuples coloniaux a pris une dimension nettement anti-impérialiste ; a contrario, l’effacement du Mouvement des non-alignés, principal regroupement mondial des forces anti-impérialistes, a suivi de peu l’implosion du camp socialiste et du Mouvement communiste international. Loin de nuire à l’efficacité du rassemblement anti-impérialiste, la réactivation du Mouvement communiste international est indispen-sable à la relance et à l’unité des mouvements de libération nationale. Et cela, parce que le commu-nisme mondial est la seule alternative fondamentale à la mondialisation capitaliste, forme contemporaine de l’impérialisme capitaliste.

2.23. La renaissance du Mouvement communiste international doit cependant se faire sur des bases idéologiques claires. La seule utilisation du mot « communiste » par un parti ne suffit pas à le désigner comme tel. C’est en effet sous cette étiquette trompeuse que nombre de dirigeants et de partis ont liquidé le socialisme, rallié l’Internationale socialiste (Gorbatchev) ou pratiqué, comme les ex-ministres du PCF mutant, la gestion loyale de Maastricht et du capitalisme. Le communisme, c’est d’abord l’opposition conséquente au capitalisme et à l’impérialisme ; c’est le refus de laisser criminaliser la première expérience socialiste de l’histoire, c’est la volonté d’en tirer un bilan objectif en se fondant sur le point de vue des classes populaires ; c’est l’engagement dans le combat de classe pour une société sans classes aux côtés des travailleurs et de tous les exploités ; c’est la lutte révolutionnaire pour une société socialiste où la propriété des grands moyens d’échange et de production ainsi que le pouvoir politique appartiendront aux travailleurs qui en seront les maîtres effectifs ; c’est la capacité à défendre la vraie démocratie, celle qui émane des travailleurs et sert leurs intérêts, par opposition à la démocratie bourgeoise, qui n’est de plus en plus qu’un habillage plus ou moins grossier de la dictature du capital ; le communisme, c’est aussi le refus de l’opportunisme, de l’électoralisme, du « gauchisme » et du révisionnisme ; c’est l’effort permanent pour s’approprier la théorie forgée par Marx, Engels et Lénine sur la base des meilleurs acquis scientifiques, politiques et culturels de l’humanité, c’est l’engagement concret à développer sans cesse cette théorie pour permettre aux plus larges masses de comprendre la situation historique et de devenir les acteurs conscients de leur histoire ; c’est l’effort pour résister à l’idéologie de la classe dominante et pour être constamment à l’avant-garde du mouvement ouvrier et démocratique, des avancées des sciences, des techniques, des arts et de la pensée tout en restant constamment à l’écoute des travailleurs et de leurs besoins ; c’est l’organisation de partis de classe démocratiques, militants et disciplinés, liés aux luttes quotidiennes dans les entreprises, les campus et les quartiers populaires. C’est pourquoi un parti communiste est toujours en construction, la question essentielle étant de savoir s’il s’efforce ou pas de répondre aux hautes exigences qui définissent le communisme.

2.24. Dans la pratique, la reconstitution du communisme international est aujourd’hui devenue une tâche pratique de premier plan car la réponse à l’offensive réactionnaire et impérialiste mondiale doit avant tout être politique. Sans la renaissance d’un véritable acteur historique international, le capitalisme re-mondialisé est maître du jeu et il entraîne, malgré les résistances, l’humanité à sa perte. Tout en remettant ensemble en chantier la théorie révolutionnaire, il est urgent que les partis et mouvements se réclamant du communisme se retrouvent à l’échelle continentale ou mondiale pour défendre Cuba socialiste, se solidariser avec les partis et les militants communistes persécutés, défendre ensemble leur histoire criminalisés par l’ennemi, pour ouvrir des perspectives révolutionnaires et socialistes aux luttes populaires, pour défendre la souveraineté des nations sur des bases progressistes également opposées au nationalisme fasciste et au mondialisme capitaliste, pour donner une dimension anti-impérialiste aux luttes qui se réclament du pacifisme ou de l’altermondialisme, pour s’exprimer ensemble sur toute question intéressant les masses populaires. C’est en tissant des liens de solidarité, d’unité d’action, d’expression commune régulière, c’est en organisant des débats et des recherches sur la base du marxisme et du léninisme, c’est en mettant en place une coopération excluant toute forme d’ingérence ou d’inégalité que seront peu à peu créées les conditions pour la remise en place d’une organisation communiste internationale digne de succéder à l’Internationale communiste créée en 1919 à l’appel de Lénine. A terme, et si modestes que soient actuellement ses propres forces, le Pôle de renaissance communiste juge indispensable la reconstitution d’une telle organisation. Pourquoi en effet les communistes seraient-ils les seuls à ne pas être organisés à l’échelle mondiale alors que toutes les forces réactionnaires et réformistes disposent d’une multiplicité d’organisations supranationales ?

2.25. En Europe, il est urgent pour les communistes de l’Est et de l’Ouest de mener de concert de grandes campagnes contre la constitution européenne, ce nouveau carcan que les forces réactionnaires veulent imposer aux peuples et au mouvement ouvrier. Défendre ensemble Cuba socialiste, combattre ensemble la répression anticommuniste, cela ferait progresser plus que cent discours la renaissance du communisme en Europe et dans le monde entier.

Deuxième partie : POUR UNE NOUVELLE STRATEGIE REVOLUTIONNAIRE

FAILLITE DE L’ « UNION DE LA GAUCHE », Nature de classe de la social-démocratie, contenu politique du front unique

3.1. La vieille stratégie d’union de la gauche sous domination « socialiste » rebaptisée « gauche plurielle » qui avait conduit aux errements du programme commun de gouvernement et à l’expérience cruelle de 1981/84 a définitivement fait la preuve de sa nocivité ; elle a gravement désorienté le « peuple de gauche », elle a fait le jeu de la droite et de l’extrême droite, elle a brouillé les repères républicains les plus élémentaires et favorisé la dégénérescence social-démocrate du PCF qui, par sa participation toujours revendiquée au gouvernement maastrichtien de Jospin, s’est définitivement mué en gérant loyal du capitalisme.

3.2. Certes, l’unité d’action entre communistes et militants socialistes sincèrement engagés dans le mouvement social est toujours nécessaire à la base et sur des bases anticapitalistes. Mais qui peut croire un instant qu’un nouvel accord politico-électoral PS-PC puisse se faire, dans les rapports de forces actuels, sans ralliement complet du PCF au PS et à sa ligne d’intégration européenne, qui constitue aujourd’hui le vrai programme commun de la droite et de la social-démocratie européenne ? Qui peut oublier que le PS, malgré ses références à la « gauche » et aux classes populaires, s’inscrit désormais ouvertement dans la défense de la propriété capitaliste des moyens de production et de l’économie de marché ? Qui peut méconnaître l’expérience historique qui montre clairement que le PS est une pièce essentielle de l’alternance bourgeoise et du dispositif bi-partite de la domination politique du capital ? Qui peut ignorer que le « réformisme » auquel se réfèrent les dirigeants socialistes n’apporte plus de réformes progressistes depuis longtemps et que son rôle objectif se réduit à négocier et à gérer les régressions sociales du néolibéralisme en canalisant le mouvement populaire et en évitant les explosions sociales ?

3.3. Dès lors le front unique à la base avec des militants et des électeurs socialistes engagés dans les luttes ne peut avoir d’autre but que de mobiliser les travailleurs sur des bases anticapitalistes tout en détachant les sympathisants socialistes de l’appareil social-démocrate qui est objectivement leur ennemi de classe. Alors qu’une offensive réactionnaire d’une rare brutalité s’abat sur la France et sur d’autres pays d’Europe, l’obstination des dirigeants mutants du PCF à prêcher leur thèse illusoire d’une prétendue « réorientation progressiste de l’Europe » les met hors d’état de se démarquer du PS pour présenter une véritable alternative anticapitaliste et anti-Maastricht. Lors du 32ème congrès, les dirigeants mutants du PCF ont en outre refusé toute autocritique de fond de leur décision de participer au gouvernement Jospin et à sa politique de démontage social et national. Comment les travailleurs oublieraient-ils pourtant que ce gouvernement « pluriel » a plus privatisé que Juppé et Balladur réunis, que les attaques contre l’Education nationale ont atteint une ampleur jamais vue jusqu’alors sous le ministère du fascisant Allègre, que Jospin et son gouvernement ont participé derrière les USA à deux guerres impérialistes (Yougoslavie, Afghanistan), que c’est la gauche plurielle qui a restauré le travail de nuit des ouvrières, que la monnaie unique (dont les salariés paient aujourd’hui la facture sur leurs retraites et sur leurs dépenses de santé) a été instaurée sous Jospin sans consultation populaire, que la loi Aubry sur la RTT s’est révélée dans les faits une manière de faire sauter les derniers verrous empêchant encore le patronat de flexibiliser à outrance l’utilisation du temps de travail ? Oui, tous ceux qui refusent de faire une autocritique sérieuse de leur participation à un tel gouvernement, qui a mis en orbite l’UMP thatchérienne et l’extrême droite lepéniste, sont discrédités à jamais pour figurer une alternative d’avenir dans notre pays !

3.4. Sur le plan syndical, l’allégeance des grandes confédérations, CGT et FSU incluses, à la stratégie capitaliste d’intégration européenne, leur inféodation ou, concernant la FSU, leur candidature à la Confédération Européenne des Syndicats (qui n’est rien d’autre que la courroie de transmission « syndicale » de l’Europe de Maastricht) empêchent les salariés de résister efficacement aux réformes néo-libérales dont l’inspiration européenne est systématiquement niée ou sous-estimée par la plupart des confédérations.

LE MOUVEMENT POPULAIRE A BESOIN D’UNE AVANT-GARDE COMMUNISTE ET D’UNE PERSPECTIVE ANTICAPITALISTE

3.5. Ce manque de perspective politique, ce refus de la gauche politico-syndicale de mettre en cause Maastricht, pèsent lourdement sur les luttes. Malgré le magnifique élan de Mai-Juin 2003, malgré la combative grève reconductible des enseignants, des cheminots, des éboueurs de Marseille, des personnels de la RATP, un temps suivis par les personnels de la SNCF, le mouvement social n’a pas encore assez de force pour faire plier le gouvernement. Ce n’est pas principalement la combativité qui fait défaut aux travailleurs, y compris à ceux du privé qui ont montré à maintes reprises de quoi ils étaient capables face au grand patronat et à sa politique de licenciement et de délocalisation.

3.6. De même, personne ne doit désespérer de la jeunesse qui, dans la dernière période, s’est magnifiquement mobilisée contre Le Pen puis contre la guerre en Irak même si la nouvelle génération est encore fort loin de lier son engagement antifasciste aux luttes populaires contre Maastricht et le capitalisme. Le mouvement de masse n’est donc pas coupable de passivité : la « maladie » qui ronge le mouvement populaire provient d’abord de l’absence d’une avant-garde communiste capable de porter la lutte aux plans politique et idéologique. Cette avant-garde, qui a été détruite par la « mutation » du PCF et les graves dérives qu’elle a permises, suscitées ou « accompagnées » dans les états-majors des organisations syndicales de classe. Comment le pouvoir chiraquien pourrait-il céder au mouvement social alors que les forces capitalistes et les eurocrates de Bruxelles sont assurés de « garder la main » en France, y compris si la droite perd les élections et que le PS lui succède pour faire au nom de l’Europe une politique analogue à celle de la droite? N’oublions pas par ailleurs qu’en l’absence d’alternative populaire, la classe dominante se réserve d’utiliser en dernier recours la mortelle « solution » du fascisme lepéniste dans le cas où l’affrontement de classe prendrait une ampleur nouvelle. Ce danger ne doit pas être sous-estimé tant l’exaspération est grande contre la « politique unique » de la droite et du PS et tant est usé et discrédité un système institutionnel que la tentative chiraquienne d’instaurer un bipartisme à l’américaine ne peut suffire à sauver de sa faillite morale irrémédiable. La renaissance communiste, la relance d’une perspective anticapitaliste ne sont donc pas des vues de l’esprit mais un besoin vital pour l’avenir de la France, de la République et du mouvement populaire.

3.7. Depuis longtemps nécessaire du point de vue politique, la construction d’une telle avant-garde est devenue une possibilité réelle par la convergence entre d’une part, le travail théorique de fond accompli ces dernières années par les militants de la Coordination, du CNUC et de la FNARC ; d’autre part, l’émergence, au cœur même du mouvement social, de débats proprement politiques portant sur l’articulation entre nation, Europe, mondialisation et monde du travail, sur l’Accord de Barcelone et les convergences PS-Droite qu’il comporte, sur l’euro et sur les conséquences dramatiques du Pacte de stabilité monétaire, sur le caractère insupportable des tentatives de récupération du PS, sur l’attentisme des états-majors syndicaux, plus que réticents à construire dans les actes la grève générale « inter-pro ».

3.8. Particulièrement frappante a été notamment l’émergence d’une avant-garde sociale, composée notamment de jeunes salariés qui ont « tiré » la grève reconductible. Un phénomène très positif consiste aussi dans la dynamique démocratique créée par la multiplication des AG de lutte qui, tout en faisant une place centrale aux militants syndicaux, ont refusé de s’aligner a priori sur les positions pour le moins frileuses des directions syndicales nationales. En prenant un caractère interprofessionnel, ces AG de lutte peuvent constituer l’embryon d’une nouvelle démocratie populaire, opposée du tout au tout aux institutions vermoulues de la 5ème République bourgeoise, à son appareil répressif, à ses médias domestiqués, à son rôle cosmétique d’habillage parlementaire des directives du MEDEF et de Bruxelles.

3.9. Quant aux militants de la prétendue extrême gauche, ils n’ont pas été capables, malgré leur indéniable combativité personnelle, d’apporter au mouvement social l’aliment politique dont il avait besoin, et cela essentiellement parce que leur culture trotskiste ou anarchiste les conduit à rejeter comme « bourgeoise » toute défense de la nation, à rejeter sans discernement tout l’héritage de la Révolution française et à éluder toute lutte frontale contre l’Europe supranationale du capital. Raison de plus pour que les militants de la Renaissance communiste mettent en débat dans le mouvement social les grandes lignes d’une alternative politique fondée sur une analyse marxiste-léniniste de la situation politique et sociale. L’expérience du bassin minier de Lens, où des milliers de personnes en lutte ont fait démocratiquement leurs des slogans de masse anticapitalistes et anti-Maastricht, prouve que cette orientation peut rencontrer un large écho populaire dès lors qu’elle fait l’objet d’une véritable bataille idéologique en prise sur les besoins d’action du mouvement.

EUROPE DE MAASTRICHT, PLANS D’AJUSTEMENT STRUCTUREL ET TENDANCE A L’AFFRONTEMENT DE CLASSE

Pour satisfaire aux exigences de la course au profit maximal, pour construire un bloc impérialiste européen capable de rivaliser avec et l’impérialisme états-unien et l’impérialisme japonais, pour intégrer pleinement l’aire économique nationale et européenne aux exigences des institutions de la mondialisation capitaliste (OMC, FMI, AMI, AGCS), le capital financier, les monopoles capitalistes transnationaux et la grande bourgeoisie d’Europe de l’Ouest mettent en place, non sans contradictions, les bases d’un Etat supranational dont la commission de Bruxelles, la monnaie unique, la Banque européenne, la constitution et l’armée européenne sont les piliers institutionnels. Il est illusoire de prétendre « réorienter dans un sens progressiste » une telle construction entièrement tournée contre les acquis sociaux, l’emploi industriel et agricole, les services publics, la souveraineté des peuples, contre le droit des peuples à construire le socialisme, contre l’indépendance et le développement des pays de l’Est et du Sud ; en dernière analyse, l’euro-bloc européen en construction est tourné, de par les dangers qu’il représente dans la compétition inter-impérialiste pour l’hégémonie planétaire, contre la paix mondiale. L’élargissement à l’Est de l’Union européenne et l’adoption d’une « constitution » européenne réduisant à néant la souveraineté des Etats nationaux représentent une étape décisive dans la mise en place de ces Etats-Unis d’Europe dont Lénine déclarait déjà en 1915 qu’ils ne sauraient être qu’ « utopique ou réactionnaire » dans les conditions capitalistes. Avec l’élargissement à l’Est de l’U.E., c’est notamment une déstabilisation majeure de l’emploi industriel et agricole, du code du travail, du pouvoir d’achat des salariés, qui attend les classes populaires de tout le continent avec le risque d’attiser toutes les formes de nationalisme et de communautarisme. En particulier, l’adoption d’une « constitution » européenne signifie la fin du droit de veto des nations, ultime refuge de la souveraineté nationale.

3.10 BIS : ADDITIF SUR LE TRAITE DE MAASTRICHT

La création de l’EUROPE CAPITALISTE - Les enjeux
A l’issue de la seconde guerre mondiale s’est développée l’aspiration des peuples à une Europe pacifiée. Mais sur fond de guerre froide, cette aspiration légitime a été dévoyée par les forces du capital qui voulaient faire de « l’Europe unie » un rempart au communisme, sous l’égide des Etats-Unis.
La clairvoyance de Lénine sur la nature réactionnaire de la construction capitaliste européenne est stupéfiante ; selon lui, le capitalisme en développement connaît deux phases : la construction des Etats nationaux puis le débordement de ces Etats vers une la mise en place de cartels supranationaux. Compte tenu de la nature impérialiste des principaux Etats européens, les Etats Unis capitalistes d’Europe ne peuvent être, d’après Lénine, qu’« utopiques ou réactionnaires ». A t-on observé autre chose depuis cinquante ans, que cette déportation progressive d’un capitalisme national vers un capitalisme supra-national de plus en plus antidémocratique et antisocial ? Le combat anti-européen de la droite ‘dure’ (Pasqua), aux antipodes du combat pour la souveraineté nationale et populaire, a précisément pour objet de remettre en selle l’impérialisme « national » en plein déclin.
Précisons que pour nous, « impérialisme » ne signifie pas principalement une politique d’empire à coloration napoléonienne. A l’époque du capital monopoliste et de l’exportation massive des capitaux, la guerre économique entre les trusts capitalistes rivaux et les Etats qui les servent conduit à une compétition de plus en plus violente pour le partage et le repartage du monde. Cette politique conduit à un dépeçage permanent du Tiers Monde et peut dégénérer, dans certaines conditions politiques, en une nouvelle guerre mondiale. Telle est la raison majeure pour laquelle la fondation d’un socle européen de pays industrialisés se poursuit aujourd’hui, notamment par une politique de re-colonisation à l’encontre des anciens pays socialistes.
Rappelons brièvement les bases de l’Union Européenne. Les institutions européennes sont réparties en institutions décisionnelles (Conseil Européen, Conseil de l’Union Européenne), consultatives (Commission Européenne, Parlement Européen), de contrôle (Cour de Justice et Cour des Comptes Européenne), de finance (Banque Européenne d’Investissement et Banque Centrale Européenne), de médiation. Elles sont, par ailleurs, assistées d’agences décentralisées.
Comme on peut le constater, cette organisation est fort simple et particulièrement proche du citoyen…

Le Traité de Maastricht : ses principes

Le Traité de Maastricht impose à chaque Etat de l’U.E. « une économie de marché ouverte sur le monde » : c’est-à-dire qu’il rend obligatoires le capitalisme et le néolibéralisme et qu’il interdit, de manière antidémocratique, non seulement de construire le socialisme ou de remettre en cause le libéralisme comme mode de fonctionnement économique (de la même manière, il n’est pas prévu de procédure permettant de sortir du cadre dudit Traité, une fois celui-ci signé), mais de pratiquer une politique nationale de développement économique, industriel ou agricole.
Des Etats à l’autonomie financière et budgétaire réduite sont ainsi mis sous la tutelle de la Banque Centrale Européenne, habilitée à prendre des sanctions à leur encontre. Construit pour favoriser l’austérité (pacte de stabilité) et la baisse du coût de la main-d’œuvre (la notion de coût du travail est une manipulation idéologique : c’est la force de travail que paie le capital) (déréglementation, excès de sous-traitance, flexibilité), Maastricht débusque dans tout service public un coût à réduire : santé, éducation, transports, énergie, territoire, équipement, poste, téléphone, allégement des conditions d’indemnisation du chômage et ce, dans tous les pays d’Europe… Mise en concurrence des services publics, privatisation de leurs branches rentables, taux de chômage maintenus volontairement (ou « stratégiquement ») au-dessus de 9% (pour corseter les aspirations salariales et revendicatives) président au respect des critères de convergence. Maastricht c’est l’austérité décrétée. C’est la négation de la démocratie dans la vie politique : tout y apparaît comme inéluctable, figé, au-delà des enjeux. Pauvre régime parlementaire national, réduit à légiférer dans l’arrière cours de la Commission Européenne !
Le Traité de Maastricht a créé toutes les conditions économiques, sociales et politiques pour éloigner le peuple des décisions, permettre la surexploitation des travailleurs et empêcher la lutte pour la défense des acquis et des nationalisations. La monnaie et la maîtrise budgétaire échappent à la responsabilité de la Nation. Le traité de Maastricht conduit à une profonde régression sociale et à un recul de civilisation en Europe.
Lors d’une interview sur France Inter, le chargé des relations entre l’Assemblée nationale et Bruxelles ne précisait-il pas clairement que “Service public ne veut pas dire entreprises publiques. Il est indispensable de laisser davantage de place au privé”… Et depuis 10 ans, toutes les actions entreprises, tous les accords signés l’ont été dans l’objectif de construire l’Europe du capital (monnaie unique, Banque Centrale européenne, appropriation des marchés publics par le privé). En revanche, qu’à t-on fait dans le sens d’une Europe sociale? L’Europe de Maastricht est-elle la grande Europe des peuples qu’on nous avait promise ? Non, c’est la machine de guerre du grand capital contre les travailleurs.

Graves conséquences du traité de Maastricht
L’Europe que nous connaissons n’a pas pour seule conséquence la déstructuration des Etats et par induction celle des périmètres de lutte traditionnels ; c’est également l’Europe des paradis fiscaux dont le développement est une des conséquences de l’ouverture des frontières aux capitaux ; c’est l’installation de plus de 1000 bureaux de lobbies à Bruxelles qui font la pluie et le beau temps sur les choix politiques européens : c’est le voile blanc qui drape les délits politico-financiers; c’est l’édiction de lois dépourvues de décrets d’application (réglementation sur les transports maritimes pollueurs) ; c’est le lieu des contradictions économico-géopolitiques : on ergote sur l’entrée de la Turquie dans l’Europe sous le prétexte qu’elle ne répond pas aux critères économiques alors que même les pays membres ne sont plus en mesure de les respecter (France, Allemagne sont hors des critères de convergence).

Conditions antidémocratiques du référendum de 1992 sur le Traité de Maastricht
L’Europe est présentée comme une alliance de grands pays démocratiques, construite par référendum démocratique (encore !). Outre le fait que les prétendus citoyens européens sont de plus en plus éloignés des décisions de Bruxelles, comment s’est passé ce référendum en 1992 ?
Le pouvoir mitterrandien, les chefs de la droite et le patronat ont eu pour caisse de résonance une presse respectueuse et quasi unanime…. Alors directeur du « Monde », Jacques Lesourne prit la plume pour annoncer qu’ « un non au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir ». Le Conseil Supérieur de l’audiovisuel révéla que, pendant l’été, le « oui » avait disposé d’un temps d’antenne supérieur au « non » de 46% de plus sur TF1, 53% sur Antenne 2, 191% sur FR3 », autant d’exemples qui démontrent le caractère propagandiste de la mobilisation en faveur du « oui » Extraits de “Les nouveaux chiens de garde” – S. Halimi – Liber- Raisons d’agir.….
A t-on fait différemment avec l’Irlande en proposant un référendum à deux temps, permettant d’arracher un OUI « en appel » à un peuple trop récalcitrant aux yeux des chiens de garde de l’Europe.

Douze ans plus tard … quel constat, quelle action ?

En 1992, le PCF a mené, contre vents et marées, une campagne sans faiblesse pour le Non à Maastricht, dans un contexte délicat : 89% d’adhésion parlementaire, une propagande médiatique enragée en faveur du oui, et une frange de l’extrême gauche trotskiste (Lutte ouvrière) menant une campagne irresponsable sur le thème “Dire non à Maastricht, c’est dire oui à Le Pen”. Pourquoi dix ans plus tard, nos dirigeants, nos députés, ont-ils soutenu les dérives du Gouvernement de la gauche Plurielle, sous le joug des diktats européens ? Le PCF s’est laissé étouffer par l’étau dont les deux mâchoires sont l’appartenance au gouvernement « gauche » plurielle et l’Europe de Maastricht.
Nous refusons les orientations social-libérales qui nous présentent la mixité public-privé comme la solution “raisonnable”. Nous demandons au contraire l’abrogation du traité de Maastricht et de ses codicilles : traités de Schengen, d’Amsterdam, de Nice, pacte de stabilité monétaire, déclaration de Barcelone. A la stratégie illusoire du ‘dépassement’ de Maastricht, substituons une stratégie de contestation de la légitimité du traité. Créons le rapport de forces qui permette un retour progressiste en arrière, n’ayons pas peur des paradoxes révolutionnaires et faisons de cette question un enjeu politique majeur.
C’est pourquoi nous refusons aussi le projet antinational et antisocial de constitution européenne proposé par Giscard, l’homme qui se plaisait à définir la démocratie comme « un gadget pour les Africains». Une telle constitution, véritable « super-Maastricht », rendrait irréversible la perte de la souveraineté nationale et faciliterait les attaques contre les acquis nationaux de tous les peuples d’Europe. Une victoire du NON au référendum que nous exigeons sur ce texte liberticide permettrait au contraire aux forces populaires et républicaines d’engager une contre-attaque politique à l’échelle nationale et européenne.
Pour y parvenir, oeuvrons à briser les éléments de pensée dominante (politiciens et médias), qui nous présentent l’Europe de Maastricht comme inéluctable et irréversible.

Relations Europe/USA

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique et du camp socialiste, le constat d’une domination sans partage des USA sur le monde est établi. Loin d’être un contre–feu à leurs aspirations hégémoniques, l’Europe de Maastricht garantit au contraire les conditions d’une entrée et d’une circulation sans entrave des capitaux américains sur le marché européen. L’Europe et les USA sont unis dans l’OTAN (les forces américaines sur le territoire européen représentent la plus forte concentration de leur armée hors de leur propre territoire).
Pourtant, à moyen terme, du fait de l’affaiblissement progressif des USA par rapport à l’Europe après 50 ans de domination, la situation ne peut que changer et dégénérer en une guerre entre nations impérialistes.

Dans toute l’Europe, les exigences du pacte de stabilité monétaire, conséquences directes de la monnaie unique, auxquelles s’ajoutent en France les revendications du MEDEF en matière de « refondation (anti-)sociale », aboutissent à un démontage en règle des conquêtes sociales de la période précédente où le rapport des forces était plus favorable aux salariés du fait de l’action du camp socialiste et de puissants partis communistes dans plusieurs pays européens. Analogue à ces plans d’ajustement structurel que le FMI impose périodiquement aux pays de l’Est et du Sud, un projet politique antidémocratique et antisocial sans précédent est actuellement mis en œuvre de manière concertée dans plusieurs pays d’Europe contre les « dépenses sociales » (sic) en matière de santé, d’enseignement, de retraite, d’indemnisation du chômage, de financement et d’organisation des services publics (RFA, Autriche, Italie, France…).

3.12 En Allemagne, c’est le « modèle rhénan » mis en place après guerre pour concurrencer la RDA sur le plan social qui est progressivement démonté sous l’égide du Parti social-démocrate et des « Verts ».
En France, ce sont les conquêtes de la Résistance antifasciste et des ministres communistes de 1945 qui sont brutalement attaquées sous l’appellation trompeuse de « modernisation ». C’est le service public de l’énergie, institué par Marcel Paul (nationalisation d’EDF-GDF) qui est promis à la privatisation ; c’est l’œuvre sociale d’Amboise Croizat (Assurance maladie, retraites par répartition, alloca-tions familiales) qui est vidée de sa substance ; ce sont le statuts des mineurs et celui des fonctionnaires (Maurice Thorez), c’est la Recherche publique (CEA, CNRS, CNES) originellement mise en place sous l’impulsion de Joliot-Curie qui est asphyxiée, c’est l’ordonnance de 1945 sur la jeunesse qui est annulée au profit d’une politique « sécuritaire » qui cache mal la volonté d’intimider la jeunesse, le mouvement ouvrier, les syndicats et les « classes pauvres ». Dans sa dénonciation des « meneurs », dans sa volonté de frapper le mouvement populaire et de briser le mouvement gréviste, dans son allégeance déclarée au MEDEF, dans son discours néo-pétainiste sur la nécessité de « remettre la France au travail », le gouvernement Raffarin, le plus réactionnaire depuis 60 ans, veut faire reculer la France de plus de soixante années. Il ne fait en la matière que prolonger en l’aggravant la politique des gouvernements antérieurs (comme ces derniers ont tous aggravé la politique de leurs prédécesseurs) qui se sont succédés depuis Giscard et Mitterrand, et dont la principale préoccupation a été de dissoudre peu à peu la France, les acquis sociaux et républicains de son peuple, dans l’Europe supranationale de la finance. Dans ces conditions, une série d’affrontements de classe majeurs, prolongeant les grèves de décembre 95 et le mouvement de mai-juin 2003 est inévitable entre le pouvoir chiraquien, émanation directe du MEDEF et de Maastricht et le monde du travail avec à sa tête la classe des travailleurs salariés.

3.13. Aujourd’hui cette politique antisociale prend un tour encore plus réactionnaire. Au-delà des attaques contre les retraites par répartition, l’Education nationale, la sécurité sociale, la Poste, l’EDF, la Recherche publique, etc., c’est la nation populaire et républicaine que les forces du capital veulent démonter pour atteindre leurs objectifs égoïstes. Poussant à son terme la vieille politique antinationale de la réaction française, celle des aristocrates émigrés à Coblence pour combattre la première République, celle de Thiers écrasant la Commune avec l’aide de Bismarck, celle de la droite pétainiste clamant « plutôt Hitler que le Front populaire » avant de se vautrer dans la collaboration avec Hitler, les nouveaux Versaillais de l’oligarchie financière et leurs commis de la droite et de la fausse gauche veulent régler définitivement son compte à la France en tant que « République une, sociale laïque et indivisible », quitte à liquider au passage des principes fondamentaux de la Révolution française, tels que la souveraineté du peuple, la laïcité de l’école et de l’Etat, l’égalité des citoyens devant la loi et l’impôt, etc. Tel est le but réel des campagnes contre l’héritage « jacobin » de la France et des modifications constitutionnelles portant décentralisation de la République, de l’abrogation du principe républicain de conscription, des attaques insidieuses contre la langue française (omniprésence de l’américain dans les media et la publicité, quasi-monopole de l’anglais à l’école primaire, monopole de l’anglo-américain dans les publications scientifiques, charte européenne des « langues minoritaires »), de la régionalisation rampante de l’école et des services publics, de l’encouragement donné au séparatisme réactionnaire en Corse par le processus Jospin-Sarkozy-Talamoni, de l’institutionnalisation du culte musulman à l’initiative de Sarkozy en violation de la loi de 1905 portant séparation des églises et de l’Etat, de l’intrusion systématique du patronat, des campagnes commerciales et médiatiques dans les enceintes scolaires, des nouveaux privilèges accordés aux écoles privées, sans parler de la servilité des dirigeants de droite et de « gauche » à l’égard des traités supranationaux, des « marchés financiers » et des instances non-élues de Bruxelles et de la Banque de Francfort. Particulièrement réactionnaire est le projet de « Françallemagne » concocté par Chirac et Schröder dans le dos de leurs peuples respectifs ; ce projet typiquement néo-pétainiste consisterait à fusionner les ministères allemand et français de l’Education, du budget, de la Défense et des Affaires étrangères. De même que les « coopérations renforcées » trilatérales entre la RFA, la France et la Grande-Bretagne, la Françallemagne ne s’oppose pas au projet de Constitution européenne pour l’Europe à vingt-cinq : au-delà de contradictions secondaires, il ne fait au contraire qu’en accuser l’orientation antidémocratique, antinationale et grossièrement impérialiste.

3.14. Sur le plan économique, cette orientation anti-nationale se traduit par la politique du MEDEF dont le numéro 2, Guillaume Sarkozy, affiche cyniquement sa volonté politique de délocaliser massivement les « industries de main-d’œuvre », quitte à liquider la classe ouvrière industrielle de France et les principales branches productives de l’économie nationale : mines, sidérurgie et métallurgie, chimie, agroalimentaire, textile, chimie, électronique, etc., la volonté de l’oligarchie capitaliste étant de transformer la France en euro-territoire parasitaire voué à la finance, au tourisme « haut de gamme », au transport de la production européenne à « flux tendu » et à quelques activités privatisées ou privatisables de recherche-développement permettant de contrôler l’économie des pays de la périphérie capitaliste ; ceux-ci seraient alors voués à produire en masse, en échange de salaires de misère, les produits agricoles et industriels consommés ici. Si l’on ajoute à cela le démontage des services publics d’Etat, la casse du CNRS et la ruine programmée des paysans travailleurs menacés par la réforme Fischler de la PAC, on voit qu’il s’agit de détruire les bases mêmes de l’existence, de l’indépendance et de l’unité de la nation quitte à réduire une masse de jeunes et de salariés à l’état de plèbe déculturée, alternant entre surexploitation et exclusion sociale, entre bas salaires, chômage et précarité.

3.15. Certes Chirac peut encore à l’occasion s’opposer fugitivement aux Etats-Unis quand les intérêts des monopoles capitalistes à base française sont menacés par les concurrents américains : mais cette opposition n’est fondée en réalité ni sur l’amour de la paix ni sur l’intérêt de la nation laborieuse. Si l’on ajoute à cela l’orientation de plus en plus répressive des gouvernements successifs et la multiplication des attaques contre le droit de grève mettent gravement en cause les bases de la démocratie, fût-elle bourgeoise, on saisit à quel point la France est à la veille de crises politiques majeures dont peuvent sortir soit un renouveau fondamental du mouvement populaire soit un bouleversement réactionnaire qui n’exclut ni la fascisation rampante de la démocratie bourgeoise ni, dans des conditions de crise politique aiguë, la tentative pour l’extrême-droite fasciste d’accéder directement au pouvoir.

3.16. Quant au « libéralisme » et à la « liberté d’entreprise » dont on nous promet monts et merveilles, il ne sont guère qu’un leurre. Certes les classes réactionnaires et leurs commis politiques de droite et de « gauche » s’acharnent à détruire le droit du travail, les statuts publics et les conventions collectives. Mais symétriquement, jamais l’Etat et les collectivités territoriales publiques n’auront à ce point contribué, sous couvert de « lutte pour l’emploi » au financement public du profit privé, jamais les capitalistes n’auront autant drainé sans contrôle l’argent des contribuables ; jamais le patronat et les classes bourgeoises n’auront été à ce point délestées de l’obligation de payer les prétendues « charges sociales », c’est-à-dire le salaire collectif et différé des travailleurs. En réalité, sous le masque du libéralisme, c’est bien « l’Etat minimum » quand il s’agit de financer les services publics utiles à tout le monde ; mais c’est l’Etat maximum quand il s’agit de financer la course au profit et de contrecarrer la baisse du taux de profit inhérente au mode de production capitaliste. Si bien qu’on peut se demander si le néo-libéralisme n’est pas une nouvelle forme de ce que les marxistes appelaient naguère le « capitalisme monopoliste d’Etat », en entendant par là que l’Etat bourgeois et les monopoles capitalistes forment un mécanisme unique exploitant, non seulement la classe ouvrière, mais l’ensemble des couches non-monopolistes de la société. Certes, pour comprendre les formes modernes de ce capitalisme monopoliste d’Etat, il faut ne pas confondre l’Etat avec l’Etat central, ni l’Etat avec la nation dans la mesure où la puissance publique s’exerce de plus en plus par le biais d’institutions supranationales (Commission de Bruxelles, G.8, OMC, etc.) et infranationales : euro-régions et « communautés d’agglomération ».

3.17. Les forces existent cependant pour contrecarrer ces tendances réactionnaires et rendre l’initiative politique au mouvement populaire. Le mouvement de mai-juin 2003 prouve la combativité de la classe laborieuse ; l’engagement de plus en plus prononcé des communistes dans la résistance à la mutation social-démocrate et la lutte pour la renaissance communiste sont également un facteur d’espoir à la condition que ces deux données politiques confluent pour rendre corps à une perspective révolutionnaire.

COMBAT de CLASSE, RASSEMBLEMENT POPULAIRE et TRANSFORMATION REVOLUTIONNAIRE DE LA SOCIETE

a) centralité de l’antagonisme capital-travail ; bourgeois et prolétaires d’aujourd’hui

4.18. Après les grandes grèves de décembre 95, le mouvement de mai-juin 2003 a apporté un nouveau démenti aux théoriciens de l’extinction de la lutte des classes. Paradoxalement, ce sont les personnels de l’Education nationale qui furent la locomotive du mouvement. Mais s’ils ont réussi à entraîner dans l’action des millions de salariés, c’est parce qu’ils n’ont pas mené leur lutte sur des bases étroitement corporatives et qu’ils ont su, à des degrés divers, mettre en lumière la signification politique et la portée universelle du conflit sur les retraites et la « décentralisation ». Cet affrontement de classe a mis aux prises deux logiques irréconciliables : d’un côté la logique capitaliste fondée sur le profit et la privatisa-tion générale de la société (des retraites, avec les fonds de pension, de la santé, avec les assurances privées, des services publics dont la décentralisation constitue l’ultime étape avant la privatisation), de l’autre la logique des besoins humains. Il s’agit donc bien, en dernière analyse, d’un affrontement de classe entre la logique capitaliste et la logique du communisme telle que la résume la devise de Marx « de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins », une logique qui inspirait précisément le ministre communiste A. Croizat lorsqu’il mit en place à la Libération, malgré l’opposition larvée de De Gaulle, les retraites par répartition, la sécurité sociale et les allocations familiales. Nombre d’enseignants en lutte ont en effet compris que l’enjeu de la « marchandisation » de l’enseignement, telle que la programme l’Accord Général sur la Commercialisation des Services, est de prolétariser leur profession pour en faire, comme la santé publique, un nouveau gisement de plus-value capitaliste.

4.19. Pourtant, même si les circonstances les ont momentanément placés à l’avant-garde du mouvement, les personnels de l’Education nationale ont vérifié à leurs dépens qu’ils ne constituent pas, ou pas encore, le cœur de ce que Marx appelait la classe ouvrière, en entendant par là non une profession particulière, mais cette partie du salariat qui fournit du travail productif, source de la plus-value. Alors que l’arrêt des trains, des usines, des chantiers, des grands magasins, etc. frappe d’emblée le patronat « à la caisse », l’arrêt des cours ne perturbe que très indirectement la production de plus-value. C’est d’ailleurs pourquoi les enseignants grévistes les plus conscients ont cherché d’emblée à « mettre dans le coup » les cheminots, les grandes usines, l’EDF, la RATP, les salariés de la route, etc.

4.20. S’il est aujourd’hui particulièrement compliqué de mobiliser les travailleurs du privé, et spécialement les ouvriers, ce n’est pas parce que ceux-ci auraient perdu tout sens du « rôle historique » que leur attribue la théorie marxiste. C’est d’abord parce que depuis le milieu des années 70, la classe ouvrière industrielle (celle qui votait massivement communiste) a subi de plein fouet la désindustrialisation systématique de l’appareil productif français. Cette politique destructive a démantelé systématiquement l’appareil industriel productif en visant tout particulièrement les branches où la conscience de classe était la plus forte (mines, sidérurgie, etc.). C’est aussi parce que la grande bourgeoisie a réussi à mettre en place depuis des décennies des politiques (crédits, actionnariat dit « populaires », etc.) qui vise à enchaîner une partie des salariés au système capitaliste dont ils sont victimes. Le but du patronat est de faire en sorte qu’une partie des salariés aient le sentiment d’avoir « quelque chose à perdre » dans la grève ou la révolution. Ces mécanismes d’aliénation peuvent et doivent être plus fortement dénoncés par les militants communistes et par les syndicalistes combatifs qui doivent montrer leur caractère de plus en plus illusoire. Il faut partir pour cela de l’expérience des luttes et prendre appui sur le fait que le capitalisme offre aux travailleurs de moins en moins de « miettes » et de plus en plus de « cadeaux empoisonnés » dans la mesure où sa logique l’amène à résilier les compromis sociaux pour attaquer frontalement l’emploi, le pouvoir d’achat et les conditions de vie élémentaires des travailleurs, y compris celles des salariés qui se croient « à l’abri ».

4.21. Mais dans le même temps, d’autres secteurs productifs se sont développés, notamment les transports qui constituent aujourd’hui, en raison de la situation géographique de la France et de l’organisation de la production capitaliste selon le principe du « flux tendu », un secteur stratégique de la lutte des classes. En outre, cette classe des travailleurs salariés productifs ne comporte pas seulement la majorité des ouvriers des chantiers et de l’industrie, mais une masse de techniciens, d’ingénieurs de production, de dessinateurs, d’employés, etc. qui sont objectivement producteurs de plus-value même s’ils n’ont pas tous conscience, loin s’en faut, de faire partie du « nouveau prolétariat ». Au demeurant, les ouvriers « traditionnels » sont encore fort nombreux (la seconde catégorie sociale française selon les statistiques de l’INSEE qui minimisent pourtant l’importance de la classe ouvrière) ; et du point de vue marxiste, il faut leur adjoindre la masse des ouvriers retraités, des apprentis, des élèves des Lycées techniques et professionnels, les millions de précaires et de chômeurs qui cherchent un emploi dans l’industrie, les chantiers, la restauration, le commerce de gros, etc.. Exploités parmi les exploités, les ouvriers immigrés et, parmi eux, les « sans-papiers » dont l’absolue précarité déstabilise le combat de toute la classe ouvrière de France.

4.22. Il serait en outre restrictif de cantonner le travail productif au seuls secteurs industriel et agricole, alors que de plus en plus les « services » sont soumis à la loi du profit, du rendement maximal, de la flexibilité, de la marchandise, de l’ « objectivation » et de « l’obligation de résultats », et que nombre de salariés classés « employés » ou cadres par la statistique officielle sont en réalité devenus peu ou prou membres du prolétariat productif.

4.23. Pour autant cette question complexe nécessite une étude approfondie car à côté de la tendance au développement du salariat productif, le capitalisme parvenu au stade pourrissant de l’impérialisme développe toutes sortes d’activités parasitaires, finance, pub, « communication », tourisme de luxe, etc., qui sont à l’origine de ce salariat « doré » des « libéraux libertaires » et autres « bourgeois bohèmes » dont le journal Libé est l’expression quintessenciée. Parallèlement à la prolétarisation de maintes activités tertiaires, le capitalisme contemporain tend également à déclasser une masse de travailleurs et de jeunes qui sont condamnés à glisser au sous-prolétariat, et dont certains en sont réduits à « vivre » de trafics ou de mendicité ou à survivre dans les pires conditions (SDF). Cette nouvelle « plèbe » doit évidemment être gagnée par le prolétariat à partir des luttes sociales dont le terrain principal reste l’entreprise, comme l’ont confirmé décembre 95 et mai-juin 2003, même si les lycées, campus et les quartiers populaires ne sauraient être tenus pour un espace négligeable ou secondaire.

4.24. Quant à la masse des cadres et des contremaîtres (le mot « ingénieur » désigne une qualification plutôt qu’une place définie dans l’ordre social), ils conservent le statut profondément contradictoire qui fut toujours le leur sous le capitalisme ; d’une part, ils relaient, quelquefois de manière zélée, l’exploitation capitaliste ; d’autre part, ils sont contraints, comme les salariés d’exécution, de vendre leur force sur le marché de l’emploi ; comme les ouvriers et les employés, ils sont en permanence attaqués dans leur emploi, leur pouvoir d’achat, leur retraite, leurs acquis, leurs conditions de travail, l’avenir de leurs enfants (de moins en moins assurés de retrouver le statut social de leurs parents), la dégradation des services publics, avec en prime la pression idéologique et psychologique constante du patronat et de « l’esprit l’entreprise », etc.

4.25. Au final, et même si les ouvriers restent les salariés les plus lourdement exploités, les plus exposés à la précarité, au chômage et aux licenciements, aux bas salaires, aux accidents du travail, à une mortalité précoce, au danger permanent de glisser dans l’exclusion, le déclassement et la marginalité, même s’ils restent de ce fait les plus directement intéressés au changement de société, la masse des salariés d’exécution et une part grandissante des salariés moyens sont aujourd’hui durement frappés par l’exploitation capitaliste, soit directement dans l’entreprise par la pression croissante du patronat sur la productivité, soit indirectement par le truchement de l’Etat bourgeois et des institutions supranationales qui relaient à l’échelle de toute la classe travailleuse les revendications collectives des monopoles capitalistes transnationaux. Cette intervention de plus en plus directe des appareils d’Etat régionaux, nationaux et supranationaux de la bourgeoisie dans l’exploitation capitaliste confère immédiatement aux luttes de classes une dimension politique et nationale éclatante. On l’a vu en décembre 95 lors du conflit sur la Sécu, on le voit à nouveau dans le conflit sur l’école et les retraites, on le verra demain dans les conflits à venir sur le statut de la Poste, de l’EDF, sur la privatisation de l’assurance-maladie, sur la dénationalisation de l’enseignement supérieur ou sur l’avenir du bac (de plus en plus menacé en tant que premier diplôme universitaire constituant la pierre de touche des conventions collectives).

Bien que la jeunesse ne forme évidemment pas une catégorie sociale homogène, la masse des jeunes, qu’ils soient lycéens, étudiants, salariés, « précaires » ou chômeurs, est directement victime directe de l’évolution réactionnaire de la société : perte des acquis sociaux, petits boulots durement exploités, bas salaires, études de plus en plus chères et aléatoires, absence de débouchés clairs et volatilité du marché de l’emploi, manque de logements, dégradation de l’enseignement public, menace permanente d’exclusion et de marginalisation, avec en prime le développement « ciblé » de toutes les formes d’aliénation sociale et d’abêtissement idéologique (sport-spectacle, américanisation de la culture, de la langue et des mœurs, culte de la violence, explosion du marché des drogues, destruction des repères civiques, nationaux et syndicaux les plus élémentaires, etc.) et en guise d’antidote, la répression policière et la sarko-fascisation de la société par le gouvernement CRS (Chirac-Raffarin-Seillère). Malgré cela, une bonne partie de la jeunesse a montré sa capacité à se mobiliser contre la guerre, contre Le Pen, contre la mondialisation capitaliste, pour de meilleures conditions d’étude ; nul ne peut oublier que le pouvoir capitaliste a tremblé en France en mai 68 quand les jeunes et les salariés ont fait leur jonction. Cette leçon reste vraie pour demain alors que se profilent des réformes particulièrement rétrogrades dans le domaine de l’enseignement. Aucun communiste ne peut regarder avec indifférence les grandes batailles que les jeunes ont livrées de Seattle à Barcelone en passant par Gênes contre la mondialisation capitaliste, même si la conscience politique et l’orientation anticapitaliste de ces remarquables mobilisations laissent encore beaucoup à désirer et appellent tout naturellement l’intervention politique et les explications idéologiques des militants vraiment communistes.

Autour de la classe des travailleurs salariés gravite potentiellement une série de couches sociales qui restent juridiquement propriétaires de leurs moyens de production : paysans travailleurs, artisans, petits commerçants, petits entrepreneurs, professions dites « libérales » de la santé, artistes « indépendants », etc. Très durement exploitée, la partie inférieure de ces couches moyennes non-salariées est en réalité sous la coupe directe des banques, des sociétés capitalistes, des organismes dirigeants de la Sécurité sociale (pilotée désormais selon les règles du plan Juppé), des eurocrates de la « politique agricole commune ». Vouée à la ruine, à la prolétarisation totale ou à la sous-traitance la plus humiliante par la destruction des marchés local et national, cible directe de la mondialisation capitaliste et de l’Europe supranationale, la part inférieure de ces couches sociales est l’alliée objective du prolétariat pour la reconquête de la souveraineté nationale, dans l’action contre Maastricht, dans la défense de la Sécurité sociale dont la disparition signerait l’arrêt de mort de centaines de milliers de professionnels de santé. Il est d’autant plus nécessaire de s’adresser à ces couches sociales, de les appeler à défendre la nation sur des bases progressistes, que toute étroitesse en la matière fait l’affaire des fascistes, intégristes et autres réactionnaires. Cette lutte idéologique est d’autant plus nécessaire qu’avec le relais des catégories supérieures « friquées » des couches moyennes (gros agriculteurs, petits et moyens capitalistes, « mandarins » du privé, etc., les partis de droite et d’extrême droite s’évertuent non sans succès à faire miroiter à ces couches sociales déstabilisées l’espoir illusoire d’un retour à leur grandeur passée. Aujourd’hui comme hier, ces catégories sociales sont les plus mal placées, de par leur place dans la production, pour bien saisir par elles-mêmes la portée de classe des conflits sociaux. Faute d’une lutte idéologique suffisante, elles peuvent par conséquent redevenir, comme aux années du fascisme et du poujadisme, le support d’une offensive ultra-réactionnaire extrêmement dangereuse pour l’avenir de la société.

4.28. Face à la classe prolétarienne dans sa diversité, la bourgeoisie capitaliste mène avec plus d’initiative et d’esprit offensif que jamais sa guerre de classe contre le mouvement populaire. Même s’il y a lieu de distinguer dans cette classe sociale une fraction « nationale » qui a tout à perdre à l’extinction du marché national (mais cette défense réactionnaire de la nation, un moment représentée par Pasqua, ne peut intéresser le prolétariat que de manière tactique et provisoire : toute division, toute brèche est bonne à prendre en la matière), la grande bourgeoisie, actionnaires milliardaires des monopoles capitalistes, nouveaux rentiers vivant de spéculation boursière, PDG et cadres supérieurs intéressés aux profits, journalistes vedettes cumulant les revenus les plus lucratifs, « stars » du sport-spectacle et du show-business, hauts fonctionnaires naviguant du public aux conseils d’administration du privé, militaires de haut rang, est aujourd’hui porteuse sous le nom de « néolibéralisme » d’un projet politique global extrêmement réactionnaire qui programment froidement la destruction de la France en tant que nation, l’éradication des acquis du Front populaire et de la Résistance, et jusqu’à la remise en cause de certaines conquêtes fondamentales de la révolution de 1789 (souveraineté nationale et populaire, République une, laïque et indivisible, égalité des citoyens devant la loi, etc.). Il appartient à la classe laborieuse et à ses représentants, les militants franchement communistes, de dénoncer ce projet dé-civilisateur dont la mise en place nécessite aujourd’hui la dissolution du cadre national et la construction des Etats-Unis d’Europe dans la perspective d’une fédération d’euro-régions, base territoriale du bloc impérialiste en formation, construire le rassemblement populaire majoritaire, agir pour la reconquête et le développement de la souveraineté nationale, des acquis sociaux, laïques et démocratiques, de l’emploi industriel et agricole, des services publics, dans la perspective du socialisme et du communisme

4.29. Face à la politique faillie d’union de la gauche à la remorque du PS maastrichtien, il est urgent de construire une alternative progressiste dirigée contre le grand capital. Cette alternative politique a commencé à prendre corps en septembre 92 lorsqu’à l’appel, principalement, du PCF, près de 50% des citoyens et une majorité d’ouvriers, d’employés et d’agriculteurs ont dit NON au traité de Maastricht. C’est en décembre 95 que le rassemblement populaire contre les conséquences du traité de Maastricht (plan Juppé sur la Sécu, attaque contre les retraites des cheminots) s’est mué en force sociale agissante : mais aucun parti n’a été capable de donner un débouché politique à cette mobilisation populaire puisque entre-temps, le PCF avait amorcé sa « mutation » au 28ème congrès, préparant ainsi son ralliement ultérieur au PS et au gouvernement social-maastrichtien de la « gauche » plurielle. Malgré l’orientation « euro-constructive » du PCF, de la FSU et de la CGT (qui n’ont rien fait pour dénoncer l’origine européenne des mauvais coups), le mouvement de mai-juin 2003 s’est construit lui aussi contre les conséquences antisociales dramatiques de la monnaie unique et des accords européens de Barcelone co-signés par Chirac et Jospin engageant par là tout son gouvernement. Il existe donc bel et bien aujourd’hui une possibilité concrète, comme l’avait d’ailleurs noté le 25ème congrès du PCF, de construire en France un rassemblement populaire majoritaire pour isoler et vaincre les forces du grand capital, rouvrir une alternative progressiste et rendre à la classe laborieuse et au parti franchement communiste qu’elle saura tôt ou tard reconstruire, un rôle politique central dans la vie nationale.

4.30 Électoralisme ou primat du combat de classe et priorité au mouvement populaire ?
Pour cela, il faut rompre avec l’électoralisme qui caractérise depuis des années la plupart des directions du PCF, avant tout préoccupées d’assurer la réélection des élus sortants à partir d’alliances sans principe avec le PS. (c’est dans cette direction que semble d’ailleurs aller à nouveau la direction mutante pour les européennes et des régionales de 2004…). Cet électoralisme n’a pas seulement pour effet de démoraliser l’électorat communiste et le mouvement populaire, il conduit également, comme on l’a vu, à des résultats électoraux catastrophiques. Ce qui doit primer absolument pour les militants révolutionnaires que sont les communistes, c’est le combat de classe, c’est le développement du mouvement populaire ; l’engagement dans les batailles électorales n’est à cet égard qu’un aspect subordonné, même si elles peuvent aussi représenter pour les révolutionnaires une tribune efficace de diffuser leurs idées.

4.30. C’est à cette aune, qui est aussi celle des intérêts de la nation laborieuse, que doivent être mesurées l’opportunité d’alliances électorales ou la participation éventuelle de militants franchement communiste à un gouvernement populaire, dont la première tâche soit de rompre avec Maastricht et d’affronter le grand capital pour engager la reconquête et le développement de la souveraineté nationale, de la « République laïque, une, sociale et indivisible », du pouvoir d’achat des salaires, pensions et minima sociaux, des acquis sociaux et démocratiques, des services publics, de l’emploi industriel et agricole tout en développant une politique de paix, de coopération et d’amitié avec tous les peuples du monde. Il est clair de la sorte qu’aucune alliance gouvernementale ne peut être conclue avec des partis ou mouvements qui n’auraient pas pour but prioritaire de rompre avec le traité de Maastricht pour dégager la France de la tutelle de l’Europe supranationale.

4.31. Le cadre de ce rassemblement populaire est très large : centré sur le combat de classe des travailleurs salariés, l’appel au rassemblement populaire s’adresse également aux artisans, paysans travailleurs, petits commerçants et petits entrepreneurs, à la majorité des membres des professions libérales et de santé, à la majorité des intellectuels et des créateurs, qui refusent de voir la culture s’engloutir dans « les eaux glacées du calcul égoïste » (Marx). Ne sont exclues du rassemblement populaire que les tenants du capital financier, les grands actionnaires capitalistes, leurs commis politiques, leurs relais idéologiques et médiatiques. Le but stratégique de ce rassemblement populaire est de permettre aux affrontements de classe et à la résistance populaire à Maastricht de stopper l’offensive néolibérale, de liquider les sourdes menaces que l’extrême droite fait peser sur les libertés, de faire de la France une place forte de la lutte pour la paix et contre toute forme d’impérialisme, de contribuer à impulser l’Europe des luttes, de créer les conditions d’un affrontement majeur entre les forces populaires et celles du grand capital dans la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société.

4.32. Sur le plan proprement politique, il s’agit de placer la lutte de classe et le point de vue de classe au cœur de l’intervention communiste dans les luttes sociales et les élections. Non il n’y a pas d’un côté ceux qui sont pour l’Europe et de l’autre ceux qui sont pour « la » nation : les militants franchement communistes associent la France des travailleurs chantée naguère (Pellet) par Ferrat à l’Europe des luttes contre l’Europe de Maastricht et le nationalisme aux relents vichystes des Seillère, Raffarin et autres Le Pen. Sur le plan idéologique, conformément à l’enseignement du marxiste italien Antonio Gramsci, il faut mener la lutte idéologique pour une nouvelle « hégémonie culturelle » placée sous le signe de l’anticapitalisme, de l’antifascisme, de l’anti-impérialisme, en combattant fermement la criminalisation du communisme, le néolibéralisme et le révisionnisme historique antisoviétique qui sont les piliers de l’hégémonie culturelle de la grande bourgeoisie en France et dans le monde. Sur le plan stratégique, c’est unissant sur la base du combat de classe anticapitaliste les différents chantiers de l’alternative progressiste, mouvement social pour les revendications populaires, action de la jeunesse et des travailleurs immigrés contre le racisme et le fascisme, défense républicaine de la nation contre Maastricht, engagement pour l’Europe des luttes contre la mondialisation capitaliste, que se constituera un véritable bloc historique de progrès, dont la dynamique pourra remettre concrètement à l’ordre du jour la question du socialisme pour la France. La question centrale en ce moment est celle de la défaite de la constitution supranationale européenne, dont la mise en place porterait un coup très rude à l’existence nationale des pays européens. Imposer un référendum sur un tel sujet, le gagner en obtenant un refus net de la supranationalité, ce serait en effet engager la rupture avec l’Europe supranationale en mettant les travailleurs à l’offensive pour la reconquête des acquis, de l’emploi, du secteur public et nationalisé. Qui ne voit en particulier que le retrait éventuel d’un grand pays capitaliste de l’U.E. provoquerait une crise politique majeure en Europe à l’avantage de la classe dominée tout en dynamisant partout les luttes sociales et le mouvement démocratique ?

4.33. Loin d’opposer le combat social au combat « sociétal » pour faire évoluer les mœurs et les mentalités dans un sens progressiste et émancipateur, comme s’y évertuent les tenants de la mutation, il faut plus que jamais montrer la dimension de classe des problèmes dits « sociétaux » (notamment ceux relatifs à l’égalité des sexes, de la « sécurité », à la laïcité, à la lutte contre les toxicomanies, à la protection de l’environnement, à l’utilisation des biotechnologies, à l’antiracisme et à l’intégration citoyenne des immigrés, etc.) et inversement, il faut saisir la portée émancipatrice universelle du combat de classe : à l’heure où la déferlante néo-libérale et ses sous-produits réactionnaires (intégrismes, fascismes, nationalismes, communautarismes…) menace d’engloutir les acquis des femmes travailleuses et jusqu’aux conquêtes démocratiques de la révolution bourgeoise de 1789, au moment où la déréglementation du transport maritime et de l’agroalimentaire menace quotidiennement l’humanité de catastrophes sanitaires et de désastres écologiques majeurs, la classe laborieuse doit résolument prendre la tête sur ses propres bases anticapitalistes de la lutte contre toutes les formes d’aliénation et d’oppression en dénonçant les effets déshumanisants de la recherche effrénée du profit. Pour cela il faut à la fois faire échec aux idéologies « libérales-libertaires » de la prétendue « bourgeoisie bohème » et combattre à boulets rouges les idéologies ultra-réactionnaires, fascistes et intégristes qui surfent sur l’idéologie inhumaine dont les « néo-conservateurs » obscurantistes au pouvoir à Washington sont les promoteurs à l’échelle mondiale.
4.35. Cette lutte pour la souveraineté nationale est inséparable d’une lutte contre le nationalisme réactionnaire. Le mouvement de désobéissance civique aux lois Pasqua, la mobilisation populaire autour des sans-papiers et pour l’abrogation des lois Pasqua-Chevènement, le magnifique élan de la jeunesse contre Le Pen (indépendamment des manœuvres politiciennes auxquelles il a donné prise, on ne peut que se féliciter de l’engagement de millions de jeunes des lycées et des cités populaires contre le parti fasciste) montrent qu’il existe en France un socle solide pour contrer, vaincre et éradiquer le fascisme et le racisme. Encore faut-il, pour éviter à ce mouvement un échec historique, le lier à la bataille anticapitaliste et à la lutte contre l’anticommunisme, dont le fascisme et l’extrême-droite sont l’expression la plus virulente et la plus dangereuse. Encore faut-il lier le combat antifasciste à l’action contre le néolibéralisme de la droite et contre la politique « sécuritaire » du gouvernement CRS (Chirac-Raffarin-Sarkozy). Sans quoi une bonne partie des salariés, des retraités et des chômeurs déçus par la pseudo- « droite républicaine » et par l’ « antifascisme » de la gauche caviar finiront tôt ou tard par un ralliement suicidaire à Le Pen, cet ennemi public n°1 du mouvement ouvrier et de la démocratie. Encore faut-il proposer des mesures antifascistes et antiracistes sérieuses et conséquentes : droit de vote immédiat et éligibilité pour les travailleurs immigrés aux élections municipales dans un premier temps, accès simplifié à la nationalité française et retour intégral au droit du sol, interdiction des partis fascistes et racistes, lutte impitoyable contre le révisionnisme et le négationnisme (pas question pour autant de laisser passer la tentative de certains milieux pro-impérialistes de présenter comme « antisémite » la critique légitime de la politique colonialiste des dirigeants de l’Etat d’Israël !) etc. Encore faut-il s’opposer avec intransigeance aux ingérences et aux menées criminelles de l’impérialisme et du néocolonialisme français, notamment en Afrique, en Haïti, dans les Balkans, etc.

4.36. Quant au courant souverainiste bourgeois, représenté à droite par certains gaullistes « historiques » et à « gauche » par Chevènement, son objectif réel est moins de préserver l’indépendance nationale que de sauvegarder l’espace géopolitique de l’impérialisme français déclinant et de maintenir dans le giron du système capitaliste les travailleurs les plus attachés à la France et à la tradition patriotique et républicaine. Symétriquement au trotskisme, qui rejette la Marseillaise au profit de l’Internationale, le souverainisme bourgeois rejette le drapeau rouge au profit du drapeau tricolore au risque de couper la défense de la nation des luttes populaires pour l’emploi, les salaires et les services publics. Sans s’interdire au cas par cas des fronts circonstanciels avec le courant républicain et souverainiste sur des contenus clairs et indiscutablement démocratiques, le rôle des militants de la Renaissance communiste est de lier la défense de la nation au combat de classe pour le socialisme et contre le capitalisme. Partisans de l’internationalisme prolétarien et de la République sociale universelle, acteurs dynamiques de l’Europe des luttes et des batailles internationalistes contre la mondialisation capitaliste, les communistes considèrent que loin d’avoir épuisé sa mission historique progressiste, le cadre national est un lieu de résistance au capitalisme et à l’impérialisme, qu’il est actuellement le lieu le plus adéquat à la socialisation des grands moyens de production et le terrain le plus propice à une large alliance de la classe travailleuse avec l’ensemble des couches populaires victimes de Maastricht. Dans cette optique révolutionnaire, anticapitaliste et internationaliste, les communistes doivent considérer comme une priorité leur intervention auprès des ouvriers immigrés dont l’engagement contre Maastricht et pour la reconquête de la France républicaine n’est pas moins décisif pour la construction de la résistance populaire que ne le fut l’engagement des FTP-MOI dans la résistance antifasciste et patriotique des années noires.

4.37. Pour construire ce rassemblement populaire majoritaire, il faut d’abord cultiver la nouvelle démocratie populaire nouvelle dont les luttes populaire de mai-juin 2003, après celles de décembre 95, ont été porteuses, notamment sous la forme des AG de lutte préparant les grèves de masse reconductibles. « C’est pas au patronat de faire la loi, clamaient des centaines de manifestants nordistes en mai, la vraie démocratie, elle est ici ». Ce slogan populaire en dit long sur la suspicion dont est désormais l’objet la « démocratie » bourgeoise, son gouvernement et son parlement à la remorque du MEDEF et des eurocrates bruxellois. Sans se leurrer sur le niveau politique actuel du mouvement, ce slogan est aussi révélateur de l’aspiration des salariés, notamment des jeunes, à une démocratie directe et participative, celle-là même dont la Commune de Paris puis les soviets russes de 1905 et 1917 ont donné les premières illustrations historiques ; loin de voir en la démocratie le lieu d’une illusoire médiation entre les classes, le mouvement de mai-juin a fortement exprimé son exigence d’une véritable démocratie, poussant « jusqu’au bout » les luttes et les revendications, refusant catégoriquement de négocier les régressions, exigeant le retrait pur et simple des plans gouvernementaux, dénonçant le MEDEF, les média-mensonges de l’appareil gouvernemental de propagande et affrontant à maintes reprises la légalité bourgeoise et ses appareils répressifs.

4.38. Le mouvement de mai peut également fournir des pistes sur la bonne manière d’aborder les questions des alliances entre les communistes et les autres forces politiques. Les barricades n’ont que deux côtés ; s’il est tout à fait possible et nécessaire d’agir fraternellement aux côtés de militants d’autres obédiences, trotskistes, anarcho-syndicalistes, républicains, plus rarement socialistes, les exigences mêmes du combat et de la dynamique unitaire obligent à clarifier sans cesse les positions, à mener la lutte idéologique, à faire le lien entre le syndical et le politique en pointant l’ensemble des niveaux à partir desquels se mène la guerre de classe du capital : gouvernement, MEDEF, mais aussi Europe supranationale du capital et institutions de la globalisation capitaliste. A partir de là, il ne peut qu’y avoir débat et polémique politique sur la nécessité d’affronter l’Europe supranationale et de prendre en charge la défense républicaine de la nation, ce qui conduit nécessairement à affronter le trotskisme et à mettre en pleine lumière sa fonction de supplétif de la social-eurocratie et du PS.

4.39. Un aspect décisif de la lutte pour reconstruire l’alternative populaire est la reconquête par les salariés de leurs syndicats de classe. La dérive réformiste du syndicalisme de lutte de classe nuit en profondeur à la résistance populaire. Bien que la CGT reste de loin le principal espace syndical pour les militants de la lutte de classe, bien que la FSU organise la majorité des enseignants en lutte contre le démantèlement de l’école, les directions de ces deux organisations n’ont pas pu ni voulu construire la grève générale interprofessionnelle que nécessitait l’ampleur des attaques gouvernementales et l’aspiration majoritaire des salariés en lutte. Ni la direction de la CGT ni la direction de la FSU n’ont voulu dénoncer, par-delà la politique de la droite et du MEDEF, l’Europe capitaliste (accords de Barcelone, pacte de stabilité monétaire, monnaie unique) qui est l’épicentre de l’offensive contre les retraites, l’Education nationale et les services publics. La direction de la CGT a mis en place un calendrier de lutte qui excluait le « tous ensemble » et conduisait objectivement les enseignants à rester seuls dans la grève de masse jusqu’au 3 juin. En réalité, le haut état-major CGT a continué de privilégier le partenariat avec la direction jaunissante de la CFDT sous le nom de syndicalisme rassemblé ; le choix de l’équipe Thibault-Le Duigou (animateur avec Herzog du club « confrontations », ouvert à des dirigeants du MEDEF tels que Mer) est également de se rapprocher du PS comme on l’a vu au congrès socialiste de Dijon. Il est aussi et surtout d’intégrer de plus en plus la CGT dans le « syndicalisme » complaisant, maastrichtien et supra-national de la Confédération européenne des syndicats (CES), cette courroie de transmission de la commission de Bruxelles à l’intérieur du mouvement syndical. Face à une direction de la CFDT de plus en plus compromise avec le MEDEF et la droite, face à une direction de FO qui a joué avec le mot d’ordre de grève générale sans travailler sérieusement à la construire (et qui est d’ailleurs revenue à une ligne de collaboration de classe ouverte dans la dernière période en signant plusieurs accords régressifs), face à des syndicats minoritaires qui n’ont d’autre programme que la surenchère et le radicalisme de pacotille, il est essentiel que les syndicalistes de lutte de classe, à la CGT, à la FSU et au MODEF pour ce qui concerne les non-salariés, se réapproprient leurs syndicats. Face à la pression permanente exercée sur le syndicalisme par les médias, le patronat, les organisations syndicales de collaboration de classe, la défense des principes du syndicalisme de classe, la réappropriation par les salariés du syndicalisme de lutte, de classe et de masse, est impossible sans l’engagement spécifique à leurs côtés des militants franchement communistes. Retrait de la CGT de la CES maastrichtienne, reconstruction d’un syndicalisme de classe et de masse à l’échelle nationale et mondiale, telle est l’exigence que formulent désormais nombre de syndicalistes combatifs de la CGT et de la FSU.

4.40. Le rôle irremplaçable des militants de la renaissance communiste est alors de faire le lien entre le combat anticapitaliste et la défense républicaine de la nation pour rouvrir la perspective du socialisme de manière à donner une portée révolutionnaire aux affrontements de classe à venir. Alors que les députés UMP se sont offert un succès politique facile en ripostant par la Marseillaise à l’Internationale, entonnée par les députés du PCF, (Raffarin se payant même le luxe de lancer à la gauche parlementaire « vous préférez votre parti à votre patrie »), les militants de la Renaissance communiste doivent faire vivre au présent la double tradition patriotique et internationaliste du PCF, héritée du Front populaire et de la Résistance, en associant de nouveau dans les luttes la Marseillaise et l’Internationale, le drapeau rouge de la classe ouvrière au drapeau tricolore de la nation comme surent le faire notamment les Francs-Tireurs et Partisans de France sous la direction du parti communiste clandestin.

4.41. Le PCF mutant ayant jeté l’éponge en acceptant en son principe l’intégration capitaliste européenne, il est donc indispensable que renaisse en France un vrai parti communiste héritier et continuateur dans les conditions d’aujourd’hui des Cachin, Vaillant-Couturier, Sémard, Thorez, Timbaud, Gabriel Péri, Frachon, Duclos, Guy Mocquet, Manouchian, Daniel Epstein, Politzer, Danielle Casanova, Jacques Decour, Aragon, Joliot-Curie, Langevin et de tant d’autres militants communistes ?

POUR UN POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE POUR UNE CONVERGENCE COMMUNISTE D’ACTION

5. L’aiguisement des contradictions au niveau international, européen et national exige la renaissance d’une avant-garde communiste moderne susceptible d’orienter politiquement le combat des classes populaires contre un ennemi de classe qui s’emploie activement à liquider les résistances populaires. Or le PCF mutant est devenu incapable de jouer ce rôle en raison de son enlisement définitif dans la mutation et l’« euro-construction ».Il faut donc faire renaître un parti franchement communiste dans ce pays en unissant tous ceux qui, membres ou pas du PCF mutant, veulent rester, devenir ou redevenir communistes. Cette reconstruction de l’avant-garde ne se décrète pas et ne peut en aucun cas procéder d’une auto-proclamation. La renaissance communiste est un processus politique qui implique à la fois le regroupement offensif des communistes qui se réfèrent, de manière conséquente, aux conceptions marxistes-léninistes et l’unité d’action de tous les communistes qui s’opposent franchement à la direction mutante du PCF et à ses orientations liquidatrices. C’est à ces exigences que répond la mise en place d’un pôle de renaissance communiste et d’une convergence communiste d’action.

A- FAILLITE DU PCF MUTANT

5.1. A la suite de plusieurs batailles de portée historique (grèves de 1920, résistance à l’impérialisme français, luttes et avancées du Front populaire et de la Résistance, conquêtes de la Libération, opposition aux guerres coloniales d’après-guerre, combat contre le régime antidémocratique de la 5ème République, luttes quotidiennes pour le progrès social, la paix, les libertés démocratiques, etc.), le PCF était devenu le parti incontesté de la classe ouvrière et le premier parti politique du pays.

5.2. Harcelé par des campagnes anticommunistes à répétition et par la guerre idéologique anti-soviétique menée à l’échelle mondiale dès la fin des années 70, taraudé de l’intérieur par des dérives électoralistes, grevé par un fonctionnement dirigiste faisant plus de place au suivisme qu’au véritable centralisme démocratique, paralysé par une conception opportuniste du front unique entre communistes et socialistes, fortement ébranlé par la stagnation des pays de l’Est et par la chute du camp socialiste, le PCF a cru sortir de ses difficultés en abandonnant l’une après l’autre les références théoriques et les objectifs politiques qui fondaient son identité révolutionnaire. Dans les années 70, dans l’espoir illusoire de « tenir » la compétition électorale avec le PS, le PCF a répudié toute référence à la conception marxiste-léniniste de l’Etat et de la révolution (telle était la signification, au-delà du mot, de l’« abandon » de la dictature du prolétariat) en prenant appui sur certaines conceptions révisionnistes qui avaient brièvement eu cours dans le Mouvement communiste international juste après la seconde guerre mondiale. Comme on pouvait s’y attendre, ces « remèdes » opportunistes et révisionnistes se sont avérés pires que le mal qu’ils prétendaient combattre ; les délestages idéologiques, les prises de distance ostentatoires avec l’URSS (non accompagnées d’une analyse marxiste des causes de la « stagnation » de ces pays dans les années 80), l’entrée du PCF dans la mouvance opportuniste de l’ « eurocommunisme » sous la houlette des dirigeants réformistes des PC italien et espagnol, ont gravement perturbé les repères politiques de nombreux militants et électeurs communistes ; ils ont divisé le parti et favorisé l’essor des idées réformistes et la revanche historique du parti socialiste qui a réussi à utiliser le programme commun de la gauche pour redevenir le premier parti de gauche.
5.3. C’est donc en position affaiblie et en baissant la tête devant un PS dominateur que le PCF est entré dans le gouvernement Mitterrand-Mauroy de 1981. Le PCF a alors pris le risque de cautionner un politique de gestion loyale des intérêts capitalistes. En réalité, au prix de quelques avancées initiales destinées à neutraliser le mouvement populaire, le rôle historique de Mitterrand et de ses gouvernements aura été de discréditer en profondeur les idées de gauche, d’ancrer une partie du « peuple de gauche » dans l’anticommunisme, l’antisoviétisme et l’acceptation du capitalisme, de réduire lourdement les salaires réels (désindexation des salaires sur les prix) d’accélérer la désindustrialisation de la France (fermeture des mines et de la sidérurgie, abolition du statut des dockers, etc.), de participer à la course aux armes nucléaires et d’engager notre pays dans la croisade de Reagan contre l’ « Empire du Mal » soviétique, d’ancrer la France dans l’Europe capitaliste (plan de « rigueur » de Delors en 83, politique du « franc fort » et de la monnaie unique européenne) en mettant notamment en place le funeste traité de Maastricht, de relancer politiquement l’extrême droite fasciste dont Mitterrand a sciemment joué pour de sordides calculs politiciens. Sorti affaibli et humilié de cette expérience gouvernementale, le PCF avait néanmoins repris des couleurs lors de son 25ème congrès (1985) où fut développé le concept de « rassemblement populaire majoritaire » en opposition à l’ « union de la gauche » sans contenu clair. Le PCF a alors été l’objet d’une très vive lutte interne entre, d’une part un courant liquidateur (dirigé par le « rénovateur » Juquin et le « reconstructeur » Poperen, puis par le « refondateur » Fiterman) et une direction « marchaisienne » plus soucieuse de l’avenir du parti mais incapable de riposter clairement aux conceptions réformistes du fait de ses délestages idéologiques antérieurs. Dans la même période, les communistes qui dénonçaient les dérives à partir de positions marxistes-léninistes étaient réprimés ou marginalisés.

5.4. Même si le PCF fut encore capable en 1992 d’obtenir un référendum sur Maastricht et de mener une bataille d’avant-garde pour le Non de gauche, les forces « rénovatrices » soutenues par le PS et faisant fonds sur les campagnes antisoviétiques ont fini par l’emporter momentanément en prenant appui sur la perestroïka gorbatchévienne, sur le recyclage social-démocrate du PCUS. Ces forces ont tiré profit de l’implosion de l’URSS pour imposer, sous couvert de « sauvetage » du parti, la ligne suicidaire de social-démocratisation définitive du PCF. Inaugurée à l’époque de G. Marchais (28ème congrès, 1994, abandon de la référence au marxisme, à la classe ouvrière, à la socialisation des moyens de production et au centralisme démocratique), cette politique ultérieurement baptisée « mutation » par R. Hue reçut à l’origine le soutien enthousiaste de certains « opposants » ultérieurs à la mutation qui prétendent aujourd’hui donner des leçons aux militants de la Renaissance communiste.

5.5. Après quelques succès initiaux qui firent illusion, la mutation s’est traduite par un complet changement de camp du PCF dans la lutte des classes. Au niveau idéologique, le PCF mutant a activement contribué aux campagnes de criminalisation du communisme en cautionnant par la voix de R. Hue le lancement du prétendu « livre noir du communisme » où les graves déformations du socialisme sont montées en épingle, où les chiffres de la répression sont démesurément gonflés, où le contexte historique et les succès du socialisme sont systématiquement occultés, où le communisme est présenté comme historiquement « pire » que l’Allemagne nazie. Au niveau politique, la mutation s’est notamment traduite par l’abandon de l’objectif révolutionnaire du socialisme au profit de la notion réformiste d’« économie mixte privée/public » (Boccara-Dimicoli-Marchand, etc.) qui a servi ultérieurement de caution théorique aux privatisations décidées par le gouvernement Jospin. La mutation a servi de socle idéologique de la participation ministérielle de 97/2002 qui a permis à la classe dominante d’installer l’euro sans résistance de masse, de démanteler le secteur public, d’instaurer la flexibilité sous couvert de RTT, de participer sereinement à deux guerres impérialistes sous la houlette des Etats-Unis (Yougoslavie et Afghanistan). Gravement discrédité par cette expérience (catastrophes électorales des européennes, des municipales et des présidentielles, où le PCF est distancé par les trotskistes), la direction du PCF n’a eu de cesse de se dérober à toute autocritique fondamentale. Défiant l’opposition majoritaire des militants (10 000 voix pour le texte du Pas-de-Calais précédé d’un préambule unitaire soutenu par la FNARC, 45% de suffrages oppositionnels officiellement recensés, des centaines de milliers d’adhérents en rupture de carte…), la direction mutante s’est auto-reconduite au 32ème congrès en réaffirmant le « principe fondamental de la mutation », en refusant toute remise en cause franche de sa participation au gouvernement et en préparant son ralliement à la social-démocratie sous couvert de mise en place du « Parti de la Gauche Européenne ». Surenchérissant sur le PS dans l’opposition à la droite, la direction du PCF épargne consciencieusement l’Europe capitaliste dans ses diatribes de manière à ménager l’ « allié » socialiste sur lequel elle compter pour passer sans trop de casse les futures échéances électorales régionales et européennes. Continuant à donner des gages de respectabilité réformiste, la direction mutante hurle avec les loups contre les mesures d’autodéfense prises par Cuba socialiste, menacée d’invasion par le gouvernement américain. Le résultat net en est que les travailleurs en lutte sont privés d’avant-garde politique et qu’aucune alternative anticapitaliste et anti-Maastricht ne prend forme au moment où la nation républicaine est mise en liquidation, où les luttes redoublent d’intensité et où Le Pen guette le moment propice pour promouvoir et imposer son « alternative » fasciste. Dans ces conditions, la renaissance d’un parti franchement communiste devient une nécessité historique.

B- POUR UN POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE

5.6. Depuis plus de dix années des militants communistes se sont coordonnés au niveau national pour s’opposer aux dérives liquidatrices du PCF et redéfinir une stratégie révolutionnaire. De la Coordination communiste au Collectif National Unitaire des Communistes présidé par Georges Hage en passant par la Coordination des militants des Communistes, et par différents courants, coordinations et réseaux communistes organisés de manière plus locale, ce courant unitaire, léniniste et non dogmatique se réclame de la légitimité historique du PCF et du Mouvement communiste international; engagé dans la recherche théorique et l’analyse marxiste de la société contemporaine, il s’est notamment, mais pas exclusivement, cristallisé dans la Fédération Nationale des Associations pour la Renaissance Communiste, principale organisation nationale de la renaissance communiste.

5.7. Par renaissance communiste, il ne faut entendre ni une simple « rénovation révolutionnaire » du PCF (qui reviendrait à faire l’impasse sur l’extraordinaire dégénérescence de ce parti qui, après cinq congrès de mutation, n’a plus de communiste que le nom), ni la mise en place ex nihilo d’un nouveau parti révolutionnaire sans tradition historique. Faire référence à la renaissance communiste, c’est souligner la nécessité pour celles et ceux qui veulent reconstruire l’avant-garde d’assumer au présent, fût-ce manière critique, la continuité historique et politique du Parti fondé au congrès de Tours pour répondre à l’appel de la Troisième Internationale. Se référer à la renaissance communiste, c’est également accepter de faire politiquement son deuil d’un appareil mutant qui a définitivement rompu avec le combat révolutionnaire et qui n’a d’autre ambition désormais que de servir de force d’appoint au PS ou à un « pôle de radicalité » dominé par des groupes trotskistes tout acquis à l’Europe supranationale. La renaissance communiste implique donc à la fois de rompre les liens organisationnels et politiques avec le PCF mutant et de revendiquer hautement l’héritage révolutionnaire du PCF qu’il s’agit de faire revivre dans les conditions d’aujourd’hui en dégageant cet héritage du carcan de la mutation réformiste. Non, les dirigeants du parti officiel qui ont renié la Révolution d’Octobre, qui ont aidé Jospin à privatiser, non ceux qui dénoncent aujourd’hui Cuba socialiste et qui auraient déjà abandonné le nom du PCF s’ils ne s’étaient heurtés à un refus quasi-unanime des communistes, non, ces dirigeants ne sont pas, ne sont plus des communistes. « Nous sommes le parti communiste », comme l’ont déclaré près de 1000 adhérents et ex-adhérents du PCF lors du 32ème congrès, vétérans communistes, anciens résistants et FTP, militants ouvriers et intellectuels révolutionnaires qui entendent relever le défi du communisme et de la révolution au 21ème siècle.

5.8. « Pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire ». Ce précepte politique léniniste implique d’unir la construction du parti révolutionnaire à la lutte idéologique et à l’élaboration théorique. A l’encontre de ceux qui prétendent que « le mouvement est à lui-même sa propre avant-garde » et qui en fait de parti communiste, n’ont en vue que la mise en place d’une « nébuleuse » informelle hors d’état de peser sérieusement sur la lutte de classe, il importe de regrouper les militants communistes autour de conceptions marxistes-léninistes, d’une analyse concrète de la situation actuelle, en dégageant des objectifs politiques à court, moyen et long terme, dans la perspective d’une lutte révolutionnaire pour le socialisme. Naturellement, la mise en place d’une avant-garde ne saurait résulter d’une quelconque auto-proclamation : construire une avant-garde, c’est se lier au mouvement de masse et tout particulièrement aux forces d’avant-garde qui existent dans le mouvement social, dans la culture, dans la science et dans la société. Et c’est en fusionnant ces deux exigences, celle d’une intelligence théorique de la société et celle de l’implication dans les luttes que des pas significatifs peuvent être faits vers la renaissance communiste. Or il n’est pas immodeste de constater qu’en plus d’une décennie de travail politique et théorique, les militants de la renaissance communiste sont devenus porteurs d’un acquis théorique et politique non négligeable. En outre ils se sont liés, bien que de manière inégale, au mouvement populaire, notamment en décembre 95 puis en mai-juin 2003, même si de nombreux progrès restent à faire en la matière. L’accueil réservé aux tracts et journaux de la FNARC lors des manifs du printemps montre que les salariés en lutte sont demandeurs de renaissance communiste que le PCF officiel est incapable d’apporter.

5.9. Pour autant les militants de la renaissance communiste ne peuvent mentir aux travailleurs en promettant de mettre en place du jour au lendemain un vrai parti communiste. Celui-ci ne peut résulter de la simple volonté des communistes. Il doit naître d’un processus qui, à travers cent expériences de luttes, permettra aux communistes de France, aux travailleurs les plus combatifs, aux communistes des pays étrangers, permettra de reconnaître à son travail « le » parti communiste du futur qui méritera de prendre le flambeau du PCF fondé en 1920 et détruit par la « mutation ».

5.10 La mise en place d’un Pôle de renaissance communiste marquera cependant une étape dans la réorganisation du véritable parti communiste. Regroupant de manière ouverte les militants qui acceptent de se référer au marxisme-léninisme tout en tendant la main à l’ensemble des communistes refusant la mutation, ce « Pôle » doit permettre d’éviter deux écueils politiques majeurs :
- le premier écueil consisterait à accompagner l’auto-liquidation du PCF mutant par la mise en place d’une prétendue « tendance révolutionnaire » à l’intérieur du parti muté. Une telle démarche ne peut aboutir qu’à cautionner l’actuelle direction, à ralentir les clarifications nécessaires et à maintenir les communistes dans l’illusion d’une soi-disant réorientation communiste de la mutation alors que le préalable minimal à toute reconstruction sérieuse est la rupture politique totale avec la direction mutante. Pour autant, la constitution d’un Pôle de renaissance pleinement indépendant du Parti mutant ne justifie en rien une rupture politique avec les adhérents communistes du PCF ; elle implique au contraire de s’adresser fraternellement à ces camarades. Etant entendu que le Pôle de renaissance est comme tel indépendant, par sa politique, son expression publique et son organisation, de l’organisation mutante, il est loisible à chaque militant, à chaque organisation de base du PCF, de mener jusqu’au bout sa propre expérience politique en continuant d’adhérer au PCF là où les conditions le permettent, en ayant en tête l’idée que le réformisme et l’esprit révolutionnaire sont comme l’eau et le feu, qu’ils ne sauront encore bien longtemps coexister sous un même toit et qu’à terme, la rupture organisationnelle totale est inéluctable avec l’organisation mutante. Cela posé, il revient à chacun de décider par lui-même de son appartenance au PCF mutant sans qu’il soit question de classer les militants de la renaissance communiste en fonction de leur appartenance ou de leur non-appartenance à l’organisation dirigée par M.-G. Buffet.*

5.11. - Le second danger à éviter est le vertige groupusculaire et l’isolement politique. Le Pôle de renaissance communiste ne se considère pas comme un parti et encore moins comme « le » parti. Il se veut la composante la plus dynamique et la plus conquérante du mouvement pour la renaissance du Parti communiste mais c’est la pratique politique et elle seule qui dira à terme s’il aura su être à la hauteur de cette ambition. C’est pourquoi le Pôle se conçoit comme partie prenante d’une Convergence communiste d’action englobant tous les communistes sérieusement opposés à la mutation et désireux de se battre effectivement contre l’impérialisme, le fascisme, le capitalisme, le gouvernement du MEDEF et de Maastricht.

5.12. Dans l’immédiat, à partir des associations départementales ou régionales pour la Renaissance communiste, en s’ouvrant aux collectifs locaux non affiliés à la FNARC qui acceptent pleinement le présent manifeste, en acceptant aussi que des collectifs communistes s’associent à ses travaux sans être formellement adhérents, le Pôle de renaissance communiste se donne pour tâche immédiate
-de s’organiser dans chaque département en démultipliant son implantation dans un maximum de localités, d’entreprises, de services publics, de campus, de cantons ruraux ;

-de s’adresser sans relâche aux salariés et à la jeunesse à la porte des entreprises, sur les campus, pour diffuser les idées et les propositions des véritables communistes ;
-d’impulser sans relâche la résistance populaire à l’Europe supranationale et à la globalisation capitaliste ; cela implique notamment de mener une campagne de masse contre la constitution européenne, pour la souveraineté nationale, la reconquête et le développement de l’emploi industriel et agricole, des services et du secteur publics, des acquis sociaux, pour une véritable République une, sociale, laïque et indivisible dans la perspective du socialisme et du communisme ; dans cette perspective, le Pôle de renaissance communiste prendra appui sur un véritable programme communiste de lutte avec des propositions immédiates contribuant à développer le mouvement populaire sur des bases anticapitalistes ;
-de combattre le fascisme, l’extrême droite et la fascisation rampante de la « démocratie » bourgeoise, de construire l’unité d’action entre travailleurs français et immigrés, d’exiger la dissolution des partis fascistes et racistes et l’annulation de toutes les lois anti-jeunes, antisyndicales, anti-ouvrières et anti-immigrées ;
-d’agir pour la défense du syndicalisme de classe et de masse en appelant notamment la CGT à rompre à la fois avec la Confédération européenne des syndicats et avec la CISL pour revenir à la Fédération Syndicale Mondiale et renouer avec l’objectif fondateur de la CGT : en finir avec l’exploitation capitaliste par la socialisation des moyens de production ; il convient également de soutenir plus activement les militants syndicaux qui combattent les compromissions de leurs états-majors respectifs;
-de combattre l’impérialisme et ses guerres, y compris l’impérialisme et le néocolonialisme français et le bloc impérialiste européen en formation, à défendre Cuba socialiste et tous les pays se réclamant de la voie socialiste, à s’opposer à l’entreprise de domination mondiale des Etats-Unis ;
-d’agir si modestement que ce soit pour la réorganisation du mouvement communiste international et la reconstitution du front anti-impérialiste mondial ;
-de développer la formation théorique, politique et militante des communistes, des salariés en lutte, des jeunes ; de défendre et à cultiver l’analyse marxiste-léniniste sans esprit dogmatique et sans révisionnisme ;
-de développer une action spécifique en direction de la jeunesse ;
-de faire vivre la fraternité militante, l’internationalisme et la camaraderie, d’encourager le débat démocratique, le militantisme, l’application rigoureuse des décisions prises et l’esprit d’initiative communiste ;
-de diffuser largement la presse franchement communiste, notamment du journal Initiative communiste, la revue EtincelleS et les publications régionales ou départementales des associations franchement communistes ;

C- POUR UNE CONVERGENCE COMMUNISTE D’ACTION

La longue marche des militants léninistes du PCF pour l’unité de tous les vrais communistes

6.1. Contrairement à ce qui s’est passé en d’autres pays, la « décommunisation » du PCF s’est opérée en France de manière très graduelle et dans une grande confusion politique. La « mutation », c’est-à-dire le changement de nature de classe du parti ne s’est pas faite au nom de la rupture avec le communisme mais sous prétexte de mettre en place le « nouveau communisme ». Cette confusion, savamment entretenue par la direction et les refondateurs, n’a pas facilité la démarcation entre les réformistes et les vrais communistes. Au fil des reniements de la direction se sont formés plusieurs groupes et mouvances anti-mutation dont les leaders eurent spontanément tendance à se livrer une féroce concurrence. Aujourd’hui comme hier, cette division de l’opposition à la mutation comporte un grave danger : celui d’accompagner « de gauche » la mutation réformiste, l’espace politique du PCF étant peu à peu neutralisé, d’une part, par le ralliement du PCF muté à la social-démocratie, d’autre part par un foisonnement de chapelles s’auto-proclamant le « vrai » parti ».

6.2. C’est pour contrecarrer ces dérives groupusculaires que dès le 29ème congrès, la Coordination communiste (qui regroupait initialement l’ensemble des opposants à la mutation) s’est d’abord efforcée de construire le rassemblement des communistes en s’adressant aux groupes qui s’étaient constitués à l’approche du 29ème congrès : Gauche communiste (qui place sur le même plan Marx, Lénine et Trotski dans ses références théoriques), appel des 500 (un groupe empreint de conceptions héritées de la période Marchais sur l’« autogestion », le refus des références léninistes et cultivant l’image d’un groupe « informel »), groupe des 41, etc., et en engageant le dialogue avec des membres du comité central du PCF tels que Rémy Auchedé et la Fédération du Pas-de-Calais (la première à s’être opposée à la mutation sous l’impulsion de la Coordination communiste du Pas-de-Calais et de R. Auchedé) ou Rolande Perlican, qui commençait alors à émettre des critiques contre la direction après avoir approuvé les abandons statutaires majeurs du 28ème congrès. C’est dans cet esprit que furent organisés les Etats Généraux des communistes en février 98 pour regrouper l’opposition sur une base minimale : refus de criminaliser l’histoire de l’URSS, lutte pour le socialisme, référence à la classe ouvrière, abrogation du traité de Maastricht, solidarité anti-impérialiste. Le but n’était pas seulement de construire un front anti-mutation mais de mettre le courant léniniste, représenté par la coordination, en position de prendre le drapeau de l’unité des communistes de manière à reconstruire l’avant-garde sur des bases de classe solides.

6.3. Malgré sa justesse, cette ligne unitaire était rendue fort incommode ; d’une part, l’entrisme du « parti des travailleurs » (trotskiste-lambertiste) au sein du PCF et de l’opposition communiste, le flirt d’une partie des dirigeants du Pas-de-Calais et de la Gauche communiste avec le PT, l’action déloyale du groupe lambertiste Résistances communistes ne pouvaient que diviser et désorienter l’opposition à la mutation. A Paris, le groupe de R. Perlican, qui venait de scissionner d’avec l’Appel des 500, choisit très vite de faire cavalier seul en refusant tout dialogue avec les autres secteurs de l’opposition et en s’auto-proclamant « le » parti des communistes. D’autre part, dans la Coordination communiste même, des tendances isolationnistes et dogmatiques se firent jour qui considéraient la coordination comme le socle de la future Union des Communistes de France au risque d’abandonner le drapeau de l’unité des communistes à des groupes fort peu révolutionnaires. Ce raidissement sectaire et dogmatique d’une partie des dirigeants de la Coordination conduisit celle-ci à une série de divisions, d’exclusions et de scissions. Prenant acte de l’impossibilité de travailler dans un tel climat politique, plusieurs fondateurs de la Coordination communiste décidaient en décembre 99 de former la Coordination des militants communistes.

6.4. La Coordination des militants communistes d’une part, le député communiste G. Hage d’autre part (il fut l’unique député communiste à refuser la participation gouvernementale de 1997) firent alors converger leurs efforts pour mettre en place le Collectif national unitaire des communistes qui joua un grand rôle pour unir et dynamiser l’opposition communiste, sans cependant parvenir à rallier les opposants parisiens de l’Appel des 500 ni ceux du groupe dirigé par Rolande Perlican. Unitaire pour trois, le CNUC alla jusqu’à soutenir la pétition « nous assumons nos responsabilités » lancée notamment par l’appel des 500.

6.5. C’est de ces efforts unitaires que devait naître le comité de liaison pour une convergence communiste. Celui-ci permit des rapprochements utiles mais il trouva rapidement ses limites : fonctionnement souvent peu démocratique sous une apparence informelle, tractations occultes de certains de ses membres avec la LCR à l’approche des présidentielles 2002, tentation de contourner les textes fondateurs de la « convergence » dans l’expression publique, indifférence totale à la bataille politique du 32ème congrès, efforts pour lancer un prétendu journal unitaire sans cadrage politique clair, incapacité à prendre position collectivement et régulièrement sur l’actualité sociale et politique, avec une tendance nette à instrumentaliser les militants issus du CNUC sans tenir compte de leur avis, tout cela au service d’une conception floue du parti comme « mouvement » sans organisation ni contenu idéologique défini. Alors qu’il apparaissait de plus en plus que certains leaders utilisaient la « convergence » pour paralyser la mouvance léniniste et étendre leur hégémonie, les militants léninistes et unitaires du CNUC et de la CMC décidèrent,-tout en continuant à participer à la convergence-, de convoquer une Assemblée générale pour fonder la FNARC sous la présidence emblématique de Georges Hage, d’Henri Alleg, de Jean-Pierre Hemmen, Léon Landini, Jacques Coignard et Pierre Pranchère.

6.6. Depuis cette époque, la FNARC a eu le double souci de son propre développement, principale garantie du contenu de classe présent et à venir de la renaissance communiste, et de la mise en place d’un large front des communistes. Celui-ci s’est notamment cristallisé à l’occasion du 32ème congrès du PCF par la publication d’un texte alternatif intitulé nous sommes le parti communiste et par le soutien public apporté parallèlement par souci unitaire au texte de la Fédération du Pas-de-Calais et à son préambule unitaire. Il est cependant à regretter que plusieurs des composantes du front contre la mutation au 32ème congrès, dont la direction fédérale du Pas-de-Calais, aient eu depuis cette période une attitude plus qu’équivoque puisqu’ils ont accepté d’entrer dans « l’exécutif » du PCF ce qui équivaut à rallier de fait la majorité mutante tout en la critiquant à l’interne.

6.7. Pour autant les militants de la Renaissance communiste ne renoncent pas à unir les communistes pour faire pièce à l’entreprise liquidatrice et résister aux réformes réactionnaires. Pour la solidarité avec Cuba socialiste, pour la défense de la paix contre l’impérialisme, pour écraser l’extrême droite et faire échec à la fascisation des institutions, pour refuser la constitution européenne et reconquérir la souveraineté nationale, pour donner un contenu anti-capitaliste et anti-impérialiste aux luttes du peuple et de la jeunesse, il est urgent que tous ceux qui veulent rejeter la « mutation », non en paroles mais en faits, construisent ensemble une convergence communiste d’action. Celle-ci ne constituerait pas une nouvelle organisation mais un cadre souple, travaillant sur la base du consensus à partir de quelques principes communs, pour permettre aux communistes de s’exprimer ensemble sur l’actualité nationale et internationale. Sur ces bases pourraient coopérer des communistes membres du PCF, ex-membres de ce parti ainsi que des militants issus du mouvement social et porteurs d’idéaux communistes. Ainsi préservée, la diversité pourrait se manifester de manière constructive au seul détriment des réformistes et de tous les défenseurs du capitalisme.
Alors que les communistes aspirent à l’union pour « faire le poids » dans les dramatiques affrontements qui nous attendent, alors que les travailleurs s’impatientent à juste titre des divisions de l’opposition communiste, ceux qui rejetteraient la mise en place rapide d’une telle convergence communiste d’action prendraient une lourde responsabilité devant les communistes, devant le peuple et devant l’histoire. La dernière période a montré que des progrès pouvaient être faits dans la direction d’une telle convergence d’action : avec la contribution de plusieurs camarades du C.L. non-membres de la FNARC, une campagne communiste et républicaine unitaire est en train de prendre corps pour exiger un référendum sur la constitution supranationale et pour faire grandir dans la population le NON à ce projet. Il faut à tout prix faire grandir cet esprit unitaire à partir d’actions communes sur le terrain, tout en poussant fraternellement le débat politique et idéologique entre communistes opposés à la mutation réformiste. Les militants du PRCF agiront également avec vigueur pour construire au plus tôt, avec tous ceux qui en accepteront le principe, une convergence communiste d’action pour la solidarité préventive avec Cuba socialiste.

CONCLUSION

Les communistes, tous les vrais amis du peuple et du monde du travail sont au pied du mur en cette période décisive où se décide l’avenir de la France, des acquis sociaux et de la paix mondiale.
Ou bien les communistes, renouant avec le militantisme révolutionnaire et remettant en chantier leurs outils théoriques sans égal, s’engagent collectivement dans la reconstruction d’une avant-garde populaire, démocratique, et liée aux luttes sociales, et les terribles soubresauts du système capitaliste pourront enfin déboucher sur une transformation révolutionnaire de la société.
Ou bien ils accompagnent par leur résignation, leurs divisions, leur scepticisme et leur passivité, la démolition du Parti communiste, de la classe ouvrière, de la France, de la République et de la civilisation humaine ; dans ce cas, l’humanité peut glisser vers un avenir terrifiant.
Résister au capitalisme ou collaborer à la destruction de siècles de progrès humain, il n’y a pas de troisième voie pour l’humanité, pour les travailleurs et les militants de l’émancipation sociale. « Si tu ne partages pas le combat, écrivait Bertolt Brecht, tu partageras la défaite » !
Alors, tous ensemble entrons en résistance contre le capitalisme !
Tous ensemble engageons-nous pour la renaissance communiste en France et dans le monde !

*Adoptés par la Convention Nationale de la Renaissance Communiste
PARIS 17-18 JANVIER 2004*