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29/07/2009 07:23:04 - AFP

Plus de 260 morts dans les combats entre police et "talibans"

Le président a affirmé en fin de journée que la situation était globalement Le président a affirmé en fin de journée que la situation était globalement © AFP

Les affrontements dans le nord du Nigeria entre forces de l'ordre et islamistes radicaux continuaient de faire rage mardi à Maiduguri, après avoir fait au moins 260 morts selon les autorités qui assuraient mener l'assaut final contre le chef spirituel des "talibans".

Le président Umaru Yar'Adua a affirmé en fin de journée que la situation était globalement "sous contrôle" dans cette région.

Quelque 206 personnes ont été tuées lundi à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, frontalier du Cameroun, a indiqué mardi à l'AFP un policier sous couvert d'anonymat.

"Hier (lundi), nous avons compté 197 cadavres de talibans qui ont été déposés dans l'enceinte du commissariat central, (. . . ) les talibans ont tué neuf policiers", a-t-il précisé.

"Talibans" abattus à bout portant

Le bilan officiel communiqué lundi faisait déjà état de 55 morts dans les Etats de Bauchi et Yobe.

Signe d'une tension extrême, des témoins ont vu non loin du commissariat central de Maiduguri des militaires abattre à bout portant trois "talibans" prisonniers.

Les combats se poursuivaient mardi après-midi dans cette ville, berceau des fondamentalistes.

Juste avant son départ pour le Brésil, le président Yar'Adua a cependant estimé que "d'ici à la fin de la journée, tout sera rentré dans l'ordre".

Evoquant la situation à Maiduguri, il a dit que l'assaut final contre le leader spirituel des extrémistes de la secte "Taliban", Mohamed Yusuf, était en cours.

"L'éducation occidentale est un pêché"

Un policier interrogé par l'AFP dans cette ville avait indiqué auparavant que l'armée tirait au mortier sur la maison du dirigeant du groupe islamiste.

Dans l'après-midi on pouvait entendre depuis le commissariat central de la ville des coups de feu en continu provenant du quartier résidentiel Unguwar Galadima, d'où s'élevaient des colonnes de fumée.

"Je peux assurer que le gouvernement a tué dans l'oeuf un problème potentiellement dangereux", a martelé Umaru Yar'adua.

Selon lui, "ces gens sont organisés, se sont infiltrés dans la société, ont préparé des armes, appris à fabriquer des explosifs, pour déclarer le jihad" (guerre sainte). Mais "l'opération que nous avons lancée nous en débarrassera une fois pour toutes", a-t-il dit.

Les violences dans le nord du Nigeria avaient éclaté dimanche matin, quand des islamistes de la secte "Taliban", appelée en langue haoussa "boko haram" ("l'éducation occidentale est un pêché") ont tenté d'attaquer un poste de police dans l'Etat de Bauchi.

Services de sécurité en "alerte totale"

Elles se sont ensuite propagées dans la région, touchant en tout quatre Etats: Bauchi, Borno, Kano et Yobe. Selon un expert occidental du renseignement, toutes ces attaques étaient "coordonnées".

En réponse, le président, lui-même originaire du nord du pays, a ordonné lundi soir aux services de sécurité de se mettre en "alerte totale".

Cette secte s'est fait connaître en 2004 quand elle a établi sa base dans le village de Kanamma (Etat de Yobe), à la frontière avec le Niger.

Composée essentiellement d'étudiants en rupture d'université, elle comptait à ses débuts environ 200 membres. Sa dimension actuelle est inconnue. A l'instar de l'ancien régime taliban en Afghanistan, elle veut instaurer un Etat "islamique pur" dans le nord du Nigeria.

Ban Ki(moon "inquiet"

Ces cinq dernières années, des heurts entre ces "talibans" et les forces de l'ordre ont éclaté sporadiquement dans différents Etats du nord, mais le bilan des violences depuis dimanche est le plus lourd que la secte ait enregistré à ce jour.

Le nord du Nigeria, pays d'au moins 140 millions d'habitants, est à dominante musulmane et le sud est majoritairement chrétien. Douze Etats septentrionaux ont instauré la charia (loi islamique) depuis 2000.

Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "inquiet" de la situation et a condamné "les pertes de vies inutiles".

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