Une religieuse française guérie de la maladie de Parkinson
Soeur Marie-Simon-Pierre, de la congrégation des Petites Soeurs des maternités catholiques, témoigne vendredi 30 mars à Aix-en-Provence sur sa guérison, qui pourrait être attribuée à l'intercession de Jean-Paul II
Chapelle de la maternité Sainte-Félicité à Paris, où travaille soeur Marie-Simon-Pierre, la religieuse française dont la guérison "miraculeuse" est attribuée à l'intercession de Jean-Paul II (Photo Mori/AP).
Depuis quelque temps déjà, une rumeur circulait selon laquelle une religieuse française aurait été guérie de la maladie de Parkinson, deux mois après la mort de Jean-Paul II, par lintercession de celui-ci (pour plus d'informations, cliquez ici).
Lévénement, aujourd'hui, éclate au grand jour puisque, Mgr Claude Feidt, archevêque dAix-en-Provence, présent à lAssemblée du printemps des évêques à Lourdes cette semaine, a regagné son diocèse pour y tenir une conférence de presse à laquelle devait participer la religieuse en question : Sur Marie-Simon-Pierre, religieuse de la congrégation des Petites Surs des maternités catholiques, qui travaillait dans son diocèse au moment des faits.
Mgr Feidt comptait dailleurs transmettre samedi 31 mars à ses prêtres un texte à lire aux fidèles ce dimanche, dans lequel il précisait : « Il y aura bientôt deux ans, le jeudi 2 juin 2005 au soir, alors que lÉglise entrait dans la solennité du Sacré-Cur de Jésus, une religieuse de lInstitut des Petites Surs des maternités catholiques, de la maternité de lÉtoile, à Puyricard, près dAix-en-Provence, a été guérie dune maladie diagnostiquée comme maladie de Parkinson et qui avait atteint un stade avancé. »Les actes du procès transmis à la Cause des saints
Le « miracle », faut-il le préciser, nest actuellement pas encore authentifié par lautorité suprême de lÉglise, mais une première étape a été franchie depuis vendredi 23 mars. Mgr Feidt, en effet, a apposé officiellement son sceau sur le dossier dinstruction de lenquête qui a été menée selon les normes du droit canonique, déterminant les circonstances exactes, tant au plan médical que spirituel, de cette guérison.
Les actes du procès sont désormais transmis à la Congrégation des causes des saints, au Vatican, et cest seulement au terme dune procédure rigoureuse que le cas sera soumis au jugement final de Benoît XVI. Celui-ci, a confirmé à La Croix larchevêque dAix, est déjà informé de lexistence du dossier.
Mgr Feidt valide en tous points le témoignage de Sur Marie-Simon-Pierre, la religieuse guérie de la maladie de Parkinson dont, par discrétion pour elle, il ne souhaitait pas révéler le nom, qui a entre-temps été divulgué par la presse. "La maladie ma ravagée de semaine en semaine"
Sa maladie, raconte la religieuse, « était latéralisée à gauche, ce qui me handicapait beaucoup, étant gauchère. À partir du 2 avril 2005 (NDLR : jour de la mort de Jean-Paul II), la maladie ma ravagée de semaine en semaine, je me voyais diminuer de jour en jour, je ne pouvais plus écrire, étant gauchère, ou si je le faisais, jétais difficilement lisible. Conduire ne métait quasiment plus possible, hormis sur des trajets très courts, car ma jambe gauche connaissait des périodes de blocage et la raideur ne facilitait pas la conduite. Il me fallait de plus en plus de temps pour accomplir mon travail, celui-ci était devenu très difficile, travaillant en milieu hospitalier. Jétais fatiguée et épuisée. » (Pour lire l'intégralité de son témoignage, cliquez ici)
Pour la Petite Sur de la maternité de Puyricard, le décès de Jean-Paul II constitue un véritable « effondrement ». « Dans les jours qui suivirent, écrit-elle, je ressentis comme un grand vide, mais en même temps javais la certitude quil était toujours présent. » Un mois et demi plus tard, le 13 mai 2005, Benoît XVI annonce la dispense du délai canonique de cinq ans pour louverture du procès en béatification de Jean-Paul II.
Dès le lendemain, lensemble des religieuses de la congrégation de Sur Marie-Simon-Pierre, en France et en Afrique, décident de prier sans relâche pour sa guérison par lintercession de Jean-Paul II. Le 1er juin, raconte-t-elle, « je nen peux plus, je lutte pour avancer et tenir debout. Le 2 juin après-midi, je vais trouver ma supérieure pour lui demander darrêter mon activité professionnelle. » Celle-ci lui demande de tenir encore un peu et ajoute : « Jean-Paul II na pas dit son dernier mot. » Elle lui demande décrire le nom du pape, et lécriture reste alors quasiment illisible."Je remarquais une légèreté dans tout mon corps"
Plus tard dans la soirée, Sur Marie-Simon-Pierre ressent soudain lenvie décrire à nouveau. À sa grande surprise, lécriture, cette fois, est tout à fait lisible. Mais cest seulement le lendemain à laube et après avoir prié dans loratoire, quelle apparaît convaincue dêtre guérie : « Je priais devant le Saint-Sacrement. Une grande paix menveloppait, une sensation de bien-être. Quelque chose de trop grand, un mystère difficile à expliquer avec des mots. »
Peu après, ayant à marcher pour rejoindre sa communauté, elle saperçoit que son bras gauche balance à la marche, contrairement à lhabitude, où il restait immobile le long de son corps. « Je remarquais aussi une légèreté dans tout mon corps, une souplesse que je ne connaissais plus depuis longtemps », précise- t-elle dans son témoignage.
Au cours de leucharistie qui suit, la religieuse se souvient davoir été habitée « dune grande joie et dune grande paix ». Certaine dêtre délivrée de son mal, elle décide le jour même de ne plus prendre ses médicaments. Depuis lors, Sur Marie-Simon-Pierre, qui conclut que « rien nest impossible à Dieu », est en parfaite santé.
Ayant quitté la communauté de Puyricard, elle travaille à la clinique Sainte-Félicité à Paris ce que ne souhaitaient révéler ni Mgr Feidt, ni Sur Marie-Matthieu, directrice de la maternité de Puyricard, mais qui est devenu public dans lintervalle."Apparemment inexplicable"
Larchevêque dAix atteste, pour sa part, quil a très vite été informé de cet événement « apparemment inexplicable ». Il indique que, lorsque la religieuse a déclaré à son médecin traitant quelle avait cessé de se médicamenter, celui-ci sest évidemment inquiété. Mgr Feidt, pour sa part, est resté en contact avec la religieuse dont il constate la bonne santé physique et mentale. Il rappelle cette affirmation de la constitution Lumen gentium de Vatican II, selon laquelle « un miracle est une confirmation de la présence du royaume de Dieu sur la terre ».
« Pour moi, nous confie larchevêque, ce que je viens de vivre, à travers cette enquête que jai ordonnée, constitue une aventure spirituelle qui le sera aussi, je pense, pour mon diocèse. Un miracle sil savère au terme de la procédure quil y a bien miracle est un signe. Je le reçois comme tel. Pourquoi cela sest-il produit dans le diocèse dAix plutôt quailleurs ? Je ne veux pas en tirer un quelconque profit. Je me considère, selon une fable de La Fontaine, comme lâne qui porte la relique », conclut Mgr Feidt en souriant.
Bien sûr, larchevêque, qui se sent très proche du pape polonais, ne peut pas ne pas souligner ce quil considère comme une heureuse coïncidence, entre la clôture de lenquête aixoise et celle de lenquête diocésaine « sur la vie, les vertus et la renommée de sainteté » de Jean-Paul II. Il sera dailleurs présent lundi 2 avril à la cérémonie de clôture de cette phase du procès de béatification du pape défunt, à Saint-Jean-de-Latran à Rome
tout comme la Petite Sur de la maternité de lÉtoile, désormais délivrée de sa maladie.
Louis DE COURCY, à Lourdes