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| Thoré-la-Rochette Un ancien prix Médicis retrouvé mort (21/08/2008) | |
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La personne qu'on a retrouvée sans vie à son domicile hier n'était pas que le vieil homme solitaire que connaissaient les habitants de son village. Ecrivain reconnu nationalement dans les années 70, ses écrits feraient scandale aujourd'hui : il y faisait l'apologie de la pédophilie.
Tony Duvert a été retrouvé mort à son domicile de Thoré-la-Rochette. Le mercredi 20 août au matin, un voisin remarque que la boîte aux lettres déborde. Dans ce village de 880 habitants, presque personne ne connaît Tony Duvert, mais il est réputé solitaire. Sédentaire, son absence surprend son voisin. Il prévient le maire, qui alerte immédiatement la gendarmerie de Vendôme. Arrivés sur place, les gendarmes n'ont pas de réponse et font appel aux pompiers pour forcer une fenêtre et entrer dans le domicile. Ils y trouvent le corps de Tony Duvert, décédé (selon eux) depuis au moins un mois. L'homme de 63 ans vivait seul, n'avait pas de travail connu dans le village ni de famille sur place. Pas de traces de violence sur les lieux, les premiers éléments de l'enquête laissent penser à une mort naturelle. Une fois le décès constaté, le corps est transféré à l'institut médico-légal pour autopsie. Si cette histoire peut malheureusement sembler banale, l'homme l'est beaucoup moins. Un écrivain partisan de la pédophilie Tony Duvert était inconnu à Thoré-la-Rochette, mais c'était un écrivain reconnu nationalement, qui a reçu le prix Médicis en 1973 pour son livre « Paysage de fantaisie ». Parmi les autres titulaires de ce prix, on trouve Claude Mauriac, Georges Perec, Philippe Sollers ou Bernard-Henry Lévy. Et en 1972, un an avant Tony Duvert, Maurice Clavel. Il a écrit la plus grande partie de son œuvre dans la mouvance de la libération sexuelle, en pronant un point de vue difficile à comprendre aujourd'hui. Tony Duvert défend le droit des enfants (et particulièrement des garçons) à disposer de leur propre corps pour leur propre sexualité. En clair, il fait l'apologie de la pédophilie. « Paysage de fantaisie » met en scène des jeux sexuels entre un adulte et des enfants. Pour ses partisans, c'est un écrivain très fin avec une grande liberté de ton. Encore aujourd'hui, il est admiré par certaines communautés homosexuelles. Rappelons qu'à l'époque, ce genre de discours n'est pas encore scandaleux, Tony Duvert obtient le prix Médicis, et on lui consacre des articles très élogieux dans le Monde et Libération. Les mentalités se sont transformées au cours des années 80, et Tony Duvert a disparu de la circulation. Il ne publie plus rien à partir de 1989, et vient habiter avec sa mère, décédée depuis, à Thoré-la-Rochette, lui qui affirmait dans un entretien à Libération en 1979 qu'il fallait « retirer les enfants aux femmes ». Tony Duvert a été retrouvé mort hier, après s'être isolé des années pour sa vision incompatible avec la moralité du vingt et unième siècle. « Je dédie ce souvenir aux salauds qui me prêchent aujourd'hui le “ respect ” du mineur. Moralistes borgnes, je l'ai été ce mineur, et je l'ai subi, ce respect. » (extrait de « L'Enfant au masculin », essai, 1980).
Rémy MAUCOURT |
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© Copyright La Nouvelle République 2008 | Jeudi 13 novembre 2008 | | |