CHRISTOPHE KOESSLER    

Genève JUSTICE - Des militants inculpés pour le blocage des Transports publics genevois seront entendus demain au tribunal.
«Nous avons appris avec grande surprise que le juge avait demandé nos fiches à la police. De nombreux événements de notre passé militant y sont consignés, alors que nous n'avions pas été condamnés, ni même amendés!» Eric Decarro, ancien président du Syndicat des services publics (SSP), s'indignait hier lors d'une conférence de presse de la présence de fiches dans le dossier des syndicalistes inculpés pour avoir bloqué les Transports publics genevois (TPG) en mai dernier, dans le cadre de la grève de la fonction publique. Après avoir demandé à la police de pouvoir consulter leurs fiches comme le prévoit la loi, les syndicalistes impliqués ont été sidérés de leur contenu. M.Decarro s'étonne d'y trouver des événements remontant jusqu'à 1965, et pour lesquels ils n'avait pas été inculpé. «Il y est mentionné que j'ai participé à des manifestations en 1970, 1972 et 1988. Par ailleurs, il est écrit que j'étais impliqué dans des rassemblements non autorisés pendant le G8», a ajouté le militant. Rémy Pagani, député de l'Alliance de gauche et membre du SSP, confirme: «Ma fiche signale ma participation à des manifestations, alors qu'aucun policier n'avait contrôlé mon identité. J'ai aussi occupé le hall de l'UBS pour demander la libération de Mandela. Je n'avais pas été arrêté.»
L'affaire des fiches avait fait beaucoup de bruit au début des années 1990. Selon M.Pagani, le conseiller d'Etat genevois Bernard Ziegler avait publiquement assuré à l'époque que seules les informations sur les infractions à la loi dûment sanctionnées seraient conservées. Tous les autres éléments auraient du être effacés des dossiers. Le député constate donc aujourd'hui que la promesse n'a pas été tenue et que chaque citoyen peut être fiché pour des activités tout à fait légales.


CRIMINALISER LE MOUVEMENT

Les militants craignent que ces fiches soient aujourd'hui utilisées pour influencer les juges qui examineront leur cas demain mercredi à 14h30 au Palais de justice. Pourtant, on ne peut à leur sens rien leur reprocher: ils affirment n'avoir fait que convaincre les conducteurs des TPG du bien-fondé de leur action politique sans avoir exercé une quelconque contrainte. C'est de leur propre chef que les employés de la régie publique auraient décidé de ne pas sortir les véhicules. La direction aurait même suivi en diffusant un message enjoignant les conducteurs à rester sur place.
Les syndicalistes ne se positionnent en revanche pas contre des actions de blocage lorsque cela est nécessaire. «Je me souviens d'une action de blocage d'un TGV que nous avions mené contre la centrale nucléaire de Creys-Malville et auxquelles ont participé Robert Cramer, aujourd'hui conseiller d'Etat et Micheline Calmy-Rey, devenue conseillère fédérale. Mais les temps ont changé. La justice intervient désormais pour criminaliser la contestation sociale, alors qu'elle se contentait d'amendes d'ordre de la police dans le passé», a expliqué Pierre Vanek, conseiller national de l'Alliance de gauche.
CHRISTOPHE KOESSLER



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