Accueil » GE-old » article


Une association se bat contre l`impunité des tortionnaires

Paru le Mardi 30 Janvier 2001
   MARCO GREGORI    

Genève TUNISIE Basée à Genève l`Association des victimes de la torture en Tunisie revendique une action internationale. Elle a recueilli cinquante témoignages de victimes.
<div align="left">

Lutter contre l`impunité des tortionnaires. Dernière née des associations qui mènent un combat en faveur du respect des droits de l`homme l`Association des victimes de la torture en Tunisie (AVTT) a choisi ce cheval de bataille. Fondée il y a un an l`association a décidé de passer à la vitesse supérieure. Au sortir de son récent congrès et à l`occasion de la quatrième journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture le 26 juin elle a adopté une déclaration d`intention qui doit servir de fil rouge à son action.
Choc des événements ce même 26 juin le régime du président Ben Ali arrêtait Sihem Ben Sedrine la porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie de retour à Tunis après une tournée en Europe. «Sihem l`amie des victimes dans leur lutte pour la mémoire la réhabilitation et contre l`impunité est arrêtée le jour anniversaire des victimes de la torture. Plus qu`une atrocité un manque de goût total des autorités tunisiennes» commente l`AVTT.

AMNISTIE POUR LES VICTIMES
D`ailleurs hier après-midi avait lieu à Berne une manifestation allant du Palais fédéral à l`ambassade de Tunisie avec remise d`une lettre tant au président de la Confédération Moritz Leuenberger qu`à son homologue tunisien Zine Ben Ali via l`ambassade. Parmi les organisateurs de cette action de protestation demandant entre autre la libération de MmeBen Sedrine ne figure pas l`AVVT. Pourquoi? «On ne peut pas être partout à la fois» explique Abdel Wahab Hani secrétaire général de l`AVVT.
Mais une raison plus spécifique existe également. A l`origine l`action de Berne était de lancer «un appel à la promulgation d`une loi d`amnistie et à l`instauration de l`Etat des libertés en Tunisie». «Nous sommes bien évidemment favorables à une amnistie en faveur des victimes mais pas pour les tortionnaires. La lutte contre l`impunité est primordiale c`est un droit non négociable» ajoute M. Hani. On y revient.
Pour tenter de parvenir à ses fins l`AVVT qui bien que basée à Genève revendique une vocation internationale s`est constituée un réseau qui a ses racines essentiellement en Allemagne en Suisse et en France. Elle assure avoir déjà constitué cinquante témoignages de personnes victimes de la torture en Tunisie. «Faire parler les gens entretien la mémoire collective» remarque Abdel Wahad Hani.
Une mémoire collective qui pourrait le cas échéant servir la cause de la justice. A ce titre Abdel Nasser Nait-Liman président de l`AVVT rappelle que son association a failli en février dernier réussir un coup assez spectaculaire. Ayant appris qu`un ancien ministre de l`Intérieur était hospitalisé à l`Hôpital cantonal de Genève l`AVVT a fait appel à la justice genevoise. Jugeant le cas suffisamment crédible le procureur général Bernard Bertossa a ordonné l`arrestation du ministre. Hélas lorsque la police est intervenue M. Kallel avait déjà disparu dans la nature.
En dépit de la frustration ressentie l`AVVT juge cet épisode de manière plutôt positive. Il prouve selon elle que nul n`est à l`abri du droit et de la justice internationale. L`association espère que d`ici peut d`autres «tortionnaires» tunisiens auront moins de chance que l`ancien ministre de l`Intérieur et qu`ils pourront être jugés pour les crimes commis.
A terme note M. Hani cela pourrait inciter la justice tunisienne à remplir son rôle. «Notre but est de faire en sorte que l`Etat fonctionne. Pour cela il faut changer les lois et l`état d`esprit actuel qui règnent en Tunisie» enchaîne Ahmed Zanad autre membre de l`AVVT. Or jusqu`à présent pour faire perdurer le contexte actuel le régime tunisien dispose de tout un arsenal relativement efficace que décrit M. Hani: «Il existe trois types de tortures. La première au ministère de l`intérieur lorsque les gens sont arrêtés. Puis intervient la torture en prison la pire. Et enfin à la fin de la peine lorsque la victime est libérée tout un dispositif administratif se met en place avec 55 000 «collabos» officiellement membres de comités de quartiers qui peuvent mener des actions d`intimidation en toute impunité.»

</div>



Commentaires

Une association se bat contre l`impunité des tortionnaires | S'identifier ou créer un nouveau compte | 0 Commentaires
Les commentaires appartiennent à leur auteur.
Ils ne représentent pas forcément les opinions du Courrier.
   lecourrier   lecourrier lecourrier
» Abonnez-vous!
» Le coin des abonnés
» Nouvelles du Courrier
» Présentation
» L'équipe
» Historique
» Charte
» Statuts NAC
» Membres
» Ass. lecteurs
» Architrave
» L'agenda
» Contacts
» Partenaires
» Tarifs annonces