MARCO
GREGORI
TUNISIE
Basée à Genève l`Association
des victimes de la torture en Tunisie revendique une action internationale.
Elle a recueilli cinquante témoignages de victimes.
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Lutter
contre l`impunité des tortionnaires. Dernière née
des associations qui mènent un combat en faveur du respect des
droits de l`homme l`Association des victimes de la torture
en Tunisie (AVTT) a choisi ce cheval de bataille. Fondée il y
a un an l`association a décidé de passer à
la vitesse supérieure. Au sortir de son récent congrès
et à l`occasion de la quatrième journée internationale
pour le soutien aux victimes de la torture le 26 juin elle a adopté
une déclaration d`intention qui doit servir de fil rouge
à son action.
Choc des événements ce même 26 juin le régime
du président Ben Ali arrêtait Sihem Ben Sedrine la porte-parole
du Conseil national pour les libertés en Tunisie de retour à
Tunis après une tournée en Europe. «Sihem l`amie
des victimes dans leur lutte pour la mémoire la réhabilitation
et contre l`impunité est arrêtée le jour anniversaire
des victimes de la torture. Plus qu`une atrocité un manque
de goût total des autorités tunisiennes» commente
l`AVTT.
AMNISTIE POUR
LES VICTIMES
D`ailleurs hier après-midi avait lieu à Berne une
manifestation allant du Palais fédéral à l`ambassade
de Tunisie avec remise d`une lettre tant au président de
la Confédération Moritz Leuenberger qu`à son
homologue tunisien Zine Ben Ali via l`ambassade. Parmi les organisateurs
de cette action de protestation demandant entre autre la libération
de MmeBen Sedrine ne figure pas l`AVVT. Pourquoi? «On ne
peut pas être partout à la fois» explique Abdel
Wahab Hani secrétaire général de l`AVVT.
Mais une raison plus spécifique existe également. A l`origine
l`action de Berne était de lancer «un appel à
la promulgation d`une loi d`amnistie et à l`instauration
de l`Etat des libertés en Tunisie». «Nous sommes
bien évidemment favorables à une amnistie en faveur des
victimes mais pas pour les tortionnaires. La lutte contre l`impunité
est primordiale c`est un droit non négociable» ajoute
M. Hani. On y revient.
Pour tenter de parvenir à ses fins l`AVVT qui bien que
basée à Genève revendique une vocation internationale
s`est constituée un réseau qui a ses racines essentiellement
en Allemagne en Suisse et en France. Elle assure avoir déjà
constitué cinquante témoignages de personnes victimes
de la torture en Tunisie. «Faire parler les gens entretien la
mémoire collective» remarque Abdel Wahad Hani.
Une mémoire collective qui pourrait le cas échéant
servir la cause de la justice. A ce titre Abdel Nasser Nait-Liman
président de l`AVVT rappelle que son association a failli
en février dernier réussir un coup assez spectaculaire.
Ayant appris qu`un ancien ministre de l`Intérieur
était hospitalisé à l`Hôpital cantonal
de Genève l`AVVT a fait appel à la justice genevoise.
Jugeant le cas suffisamment crédible le procureur général
Bernard Bertossa a ordonné l`arrestation du ministre. Hélas
lorsque la police est intervenue M. Kallel avait déjà
disparu dans la nature.
En dépit de la frustration ressentie l`AVVT juge cet épisode
de manière plutôt positive. Il prouve selon elle que
nul n`est à l`abri du droit et de la justice internationale.
L`association espère que d`ici peut d`autres
«tortionnaires» tunisiens auront moins de chance que l`ancien
ministre de l`Intérieur et qu`ils pourront être
jugés pour les crimes commis.
A terme note M. Hani cela pourrait inciter la justice tunisienne à
remplir son rôle. «Notre but est de faire en sorte que l`Etat
fonctionne. Pour cela il faut changer les lois et l`état
d`esprit actuel qui règnent en Tunisie» enchaîne
Ahmed Zanad autre membre de l`AVVT. Or jusqu`à présent
pour faire perdurer le contexte actuel le régime tunisien dispose
de tout un arsenal relativement efficace que décrit M. Hani:
«Il existe trois types de tortures. La première au ministère
de l`intérieur lorsque les gens sont arrêtés.
Puis intervient la torture en prison la pire. Et enfin à la
fin de la peine lorsque la victime est libérée tout un
dispositif administratif se met en place avec 55 000 «collabos»
officiellement membres de comités de quartiers qui peuvent mener
des actions d`intimidation en toute impunité.»
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