Chasse aux phoques: Greenpeace change de camp
Pêches et Océans récuse les accusations de mauvaise gestion des stocks
Photo : Agence Reuters
L’hakapik, un gourdin équipé d’un marteau et d’une pointe de métal qui permet la manipulation des carcasses, est l’arme la plus efficace, avec le gourdin, pour tuer un phoque puisqu’il détruit le cerveau et provoque une mort clinique compl
Alors que de forts vents clouaient au sol les hélicoptères des groupes animalistes qui veulent aller montrer aux journalistes étrangers les chasseurs de phoques au travail sans relâche depuis deux jours au large des îles de la Madeleine, Pêches et Océans Canada récusait fermement les critiques que Greenpeace a lancées sur la qualité de sa gestion du troupeau de phoques du Groenland.
Selon un des principaux chercheurs attitrés au dossier, Mike Hammill, de l'Institut Maurice-Lamontagne, les incertitudes scientifiques — bien réelles — que rencontrent les gestionnaires de grands cheptels comme celui des phoques du Groenland «peuvent néanmoins être gérées selon le principe de précaution, et c'est ce qu'on fait» en faisant en sorte que le prélèvement annuel soit basé sur des marges de sécurité proportionnelles.
Lors d'un entretien téléphonique hier, un chercheur britannique, Paul Johnston, a au contraire soutenu que «l'incertitude n'est pas gérée adéquatement par Pêches et Océans» dans le dossier des phoques, ce qu'il soutient dans une analyse critique commandée par Greenpeace.
C'est cette analyse qui permet cette année à Greenpeace de faire une nouvelle pirouette qui le place de nouveau dans le camp des adversaires de la chasse aux phoques, ce qu'il n'était plus depuis des années. L'an dernier à la même date, le coordonnateur québécois de Greenpeace, Steven Guilbeault, déclarait en effet au Devoir: «L'espèce n'est pas en danger, contrairement à d'autres mammifères marins — ce qui est le cas de plusieurs espèces de baleines, notamment — que nos organisations essaient de protéger et de défendre sur d'autres océans.» Cette position de Greenpeace rejoint celle des autres groupes écologistes québécois qui voient dans cette chasse une exploitation durable d'une ressource naturelle en santé.
À l'époque de Mike Taggart, son fondateur, Greenpeace défendait la chasse artisanale autochtone et non autochtone contre les multinationales de la mer. Son successeur, Paul Watson, aujourd'hui directeur du groupe animaliste Sea Shepperd, devait ranger Greenpeace dans le camp des adversaires des chasseurs de phoques en raison de la concurrence que lui faisait la campagne dirigée par Brigitte Bardot et ses alliés. Greenpeace devait par la suite redevenir plus neutre par rapport à cette chasse puisque aucun indice scientifique de menace ne pèse contre cette espèce et son exploitation durable. Il y a d'ailleurs plusieurs années que Greenpeace Canada ne fait plus aucune sollicitation financière sur la base de son opposition à cette chasse traditionnelle qu'on pratique chaque printemps d'abord au Québec puis, 15 jours plus tard, à Terre-Neuve.
Mais en 2005, nouveau virage: pour le directeur canadien de Greenpeace, Bruce Cox, Ottawa «a choisi d'aller de l'avant avec la chasse aux phoques malgré la preuve que cette chasse est insoutenable et scientifiquement injustifiable».
Ottawa a autorisé un prélèvement de 975 000 phoques en trois ans sur un troupeau de 5,2 millions de têtes, dont la relève annuelle atteint le million. Le quota de cette année est fixé à 320 000 phoques.
Selon Mike Hammill, de l'Institut Maurice-Lamontagne, l'inventaire de l'an dernier devrait révéler que le troupeau s'est stabilisé, ce qu'il attribue «principalement à la chasse». Dans les années 70, le troupeau se situait à 1,2 million de têtes et n'était pas jugé menacé. Son effectif a quadruplé à la suite du boycottage européen, ce qui a incité le Canada à ouvrir de nouveaux marchés d'exportation du côté de l'Asie, où les campagnes du mouvement animaliste frappent un mur. Les grands groupes animalistes sont de plus en plus dans la mire. On les accuse de désinformation du public car ils misent systématiquement sur des images de blanchons sur arrière-plan sanglant alors que la chasse aux blanchons est totalement interdite depuis 1987.
Pour Paul Johnston et Greenpeace, les gestionnaires canadiens, dans leurs calculs, ne prennent pas en compte le braconnage, les animaux dont les peaux sont éliminées et ceux qu'on chasse uniquement pour leurs organes génitaux. Le modèle ne tient pas davantage compte, disent-ils, des changements climatiques tandis que les inventaires quinquennaux ne peuvent pas déceler des menaces à long terme.
À ces accusations, Mike Hammill réplique que toutes ces facettes, sauf le braconnage, sont désormais retenues dans la définition des quotas. Par ailleurs, le Viagra a fait disparaître le marché des pénis de phoques, recherchés comme prétendus aphrodisiaques. On incorpore même les résultats de la chasse au Groenland afin d'avoir un portrait global du troupeau. Personne, dit-il, ne peut prédire les impacts à long terme des changements climatiques, bénéfiques ou non, mais cet aspect est désormais suivi par de nouvelles variables comme la présence ou non de glaces, que les femelles utilisent pour la mise bas. Globalement, dit M. Hammill, les impondérables peuvent être gérés car les inventaires valident les prévisions qu'on base sur des marges de sécurité ajustées aux incertitudes scientifiques.
Selon un des principaux chercheurs attitrés au dossier, Mike Hammill, de l'Institut Maurice-Lamontagne, les incertitudes scientifiques — bien réelles — que rencontrent les gestionnaires de grands cheptels comme celui des phoques du Groenland «peuvent néanmoins être gérées selon le principe de précaution, et c'est ce qu'on fait» en faisant en sorte que le prélèvement annuel soit basé sur des marges de sécurité proportionnelles.
Lors d'un entretien téléphonique hier, un chercheur britannique, Paul Johnston, a au contraire soutenu que «l'incertitude n'est pas gérée adéquatement par Pêches et Océans» dans le dossier des phoques, ce qu'il soutient dans une analyse critique commandée par Greenpeace.
C'est cette analyse qui permet cette année à Greenpeace de faire une nouvelle pirouette qui le place de nouveau dans le camp des adversaires de la chasse aux phoques, ce qu'il n'était plus depuis des années. L'an dernier à la même date, le coordonnateur québécois de Greenpeace, Steven Guilbeault, déclarait en effet au Devoir: «L'espèce n'est pas en danger, contrairement à d'autres mammifères marins — ce qui est le cas de plusieurs espèces de baleines, notamment — que nos organisations essaient de protéger et de défendre sur d'autres océans.» Cette position de Greenpeace rejoint celle des autres groupes écologistes québécois qui voient dans cette chasse une exploitation durable d'une ressource naturelle en santé.
À l'époque de Mike Taggart, son fondateur, Greenpeace défendait la chasse artisanale autochtone et non autochtone contre les multinationales de la mer. Son successeur, Paul Watson, aujourd'hui directeur du groupe animaliste Sea Shepperd, devait ranger Greenpeace dans le camp des adversaires des chasseurs de phoques en raison de la concurrence que lui faisait la campagne dirigée par Brigitte Bardot et ses alliés. Greenpeace devait par la suite redevenir plus neutre par rapport à cette chasse puisque aucun indice scientifique de menace ne pèse contre cette espèce et son exploitation durable. Il y a d'ailleurs plusieurs années que Greenpeace Canada ne fait plus aucune sollicitation financière sur la base de son opposition à cette chasse traditionnelle qu'on pratique chaque printemps d'abord au Québec puis, 15 jours plus tard, à Terre-Neuve.
Mais en 2005, nouveau virage: pour le directeur canadien de Greenpeace, Bruce Cox, Ottawa «a choisi d'aller de l'avant avec la chasse aux phoques malgré la preuve que cette chasse est insoutenable et scientifiquement injustifiable».
Ottawa a autorisé un prélèvement de 975 000 phoques en trois ans sur un troupeau de 5,2 millions de têtes, dont la relève annuelle atteint le million. Le quota de cette année est fixé à 320 000 phoques.
Selon Mike Hammill, de l'Institut Maurice-Lamontagne, l'inventaire de l'an dernier devrait révéler que le troupeau s'est stabilisé, ce qu'il attribue «principalement à la chasse». Dans les années 70, le troupeau se situait à 1,2 million de têtes et n'était pas jugé menacé. Son effectif a quadruplé à la suite du boycottage européen, ce qui a incité le Canada à ouvrir de nouveaux marchés d'exportation du côté de l'Asie, où les campagnes du mouvement animaliste frappent un mur. Les grands groupes animalistes sont de plus en plus dans la mire. On les accuse de désinformation du public car ils misent systématiquement sur des images de blanchons sur arrière-plan sanglant alors que la chasse aux blanchons est totalement interdite depuis 1987.
Pour Paul Johnston et Greenpeace, les gestionnaires canadiens, dans leurs calculs, ne prennent pas en compte le braconnage, les animaux dont les peaux sont éliminées et ceux qu'on chasse uniquement pour leurs organes génitaux. Le modèle ne tient pas davantage compte, disent-ils, des changements climatiques tandis que les inventaires quinquennaux ne peuvent pas déceler des menaces à long terme.
À ces accusations, Mike Hammill réplique que toutes ces facettes, sauf le braconnage, sont désormais retenues dans la définition des quotas. Par ailleurs, le Viagra a fait disparaître le marché des pénis de phoques, recherchés comme prétendus aphrodisiaques. On incorpore même les résultats de la chasse au Groenland afin d'avoir un portrait global du troupeau. Personne, dit-il, ne peut prédire les impacts à long terme des changements climatiques, bénéfiques ou non, mais cet aspect est désormais suivi par de nouvelles variables comme la présence ou non de glaces, que les femelles utilisent pour la mise bas. Globalement, dit M. Hammill, les impondérables peuvent être gérés car les inventaires valident les prévisions qu'on base sur des marges de sécurité ajustées aux incertitudes scientifiques.
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