Dix-sept personnes (contre seize dans un premier bilan), deux militaires et quinze civils, ont été blessés, dont quatre grièvement, dimanche, peu avant 18 heures, lors d'une démonstration de libération d'otages dans la caserne Laperrine de Carcassonne. Le drame s'est précisément produit lors d'une démonstration du Groupe de commandos parachutistes (GCP) du 3ème Régiment de parachutistes d'infanterie de marine lors d'une journée portes ouvertes, a précisé le colonel Benoît Royal, chef du Sirpa-Terre (service d'information de l'Armée de terre).
« Pour une raison incompréhensible, des munitions à balles réelles ont été utilisées à la place de cartouches à blanc », a-t-il indiqué, soulignant « l'incompréhension et la perplexité » de l'armée de terre devant cet événement. Il y avait eu déjà cinq présentations similaires de 20 minutes montrant des techniques d'intervention de libération d'otages et le drame s'est produit au cours de la sixième.
Les différentes enquêtes (justice, police, administrative), selon le ministère, devront déterminer les raisons de cet emploi « totalement aberrant de balles réelles » au lieu de munitions à blanc, aucune hypothèse ne pouvant être privilégiée à ce stade. Aucun détail n'a été donné dans l'immédiat sur le type d'arme employé.
La brigade de recherches de Carcassonne, qui a reçu le renfort de la section de recherches de Montpellier, est sur place. « Des armes ont été saisies et mises sous scellé, et les auditions de plusieurs personnes ont débuté », selon une source de la direction de la gendarmerie nationale. « Toutes les hypothèses sont envisagées », a ajouté cette source.
« Le pronostic vital est engagé pour deux des blessés, dont un enfant de trois ans, et deux autres personnes sont blessées très grièvement », a ajouté de son côté le préfet du département de l'Aude, Bernard Lemaire. On compte cinq enfants parmi les blessés, a également précisé le préfet. Le plan rouge, déclenché dès qu'un accident, un attentat ou une explosion met en jeu la vie de nombreuses personnes, a été mis en place. Les blessés, dont des membres de familles de militaires, ont été transportés vers les CHU de la région, notamment à Toulouse pour les plus touchés, a indiqué la cellule de crise installée à la préfecture de l'Aude.
Quant au militaire, qui appartiendrait au 3e RPIMa (régiment de parachutistes d'infanterie de marine), il a été placé en garde à vue. « La question qui se pose est ‘Est-ce que le militaire a fait un geste criminel ou pas ?'. Pour l'instant, personne ne peut répondre mais la thèse qui prédomine est celle d'une erreur », a précisé le préfet.
Nicolas Sarkozy a exprimé dimanche dans un communiqué son « horreur » et « une profonde émotion » après cet accident. Il a annoncé qu'il attendait « au plus tôt » le résultat des enquêtes « déjà diligentées » sur cet accident « pour en tirer les conséquences qui seront exemplaires ». Le chef de l'État a demandé au ministre de la Défense Hervé Morin « de se rendre dès ce soir sur place. Celui-ci a « immédiatement ordonné une enquête de commandement afin que soient déterminées dans les plus brefs délais les circonstances » de cet accident. Il s'est rendu dimanche soir à l'hôpital au chevet des victimes sans faire aucune déclaration.
« Bouleversé », le premier ministre François Fillon a demandé dimanche soir à la justice de « faire toute la lumière sur les raisons pour lesquelles des tirs à balles réelles se sont produits ».
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