A Guantanamo, la justice rejette des aveux obtenus "sous une forte contrainte"

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Le tribunal militaire d'exception américain à Guantanamo pourrait avoir des difficultés à juger les détenus, après la décision, rendue publique mardi 22 juillet, du juge militaire Keith J. Allred. Ce dernier a en effet décidé de ne pas retenir les aveux de Salim Hamdan, dont le procès s'est ouvert lundi à Guantanamo, considérant qu'ils avaient été obtenus "sous une forte contrainte". L'ancien chauffeur d'Oussama Ben Laden, qui comparaît pour "complot" et "soutien matériel au terrorisme", est soupçonné d'avoir suivi des entraînements dans des camps d'Al-Qaida en Afghanistan et d'avoir livré des armes à travers le pays.

Selon le New York Times, le capitaine Allred a décidé de rejeter les déclarations faites par l'accusé sur la base de Bagram, en Afghanistan, après sa capture fin 2001, car il a établi que Salim Hamdan avait les pieds et mains liés 24h sur 24, était à l'isolement complet et qu'un soldat lui avait mis un genou entre les omoplates et lui avait ordonné de "parler". Le juge militaire a estimé en revanche que l'enfermement à Guantanamo ne constituait pas une "contrainte inhérente", comme le faisait valoir la défense, et a donc autorisé l'exploitation des déclarations de M. Hamdan effectuées sur la base située à Cuba. M. Allred a par ailleurs précisé que l'accusation devait produire les interrogatoires de M. Hamdan pour montrer les conditions dans lesquelles ils s'étaient déroulés.

UN PROCÈS "INJUSTE" ET "MALHONNÊTE"

Cette décision pourrait augurer de difficultés lors des procès des autres détenus de Guantanamo, dont certains, comme Khaled Cheikh Mohammed, le "cerveau" présumé des attentats du 11-Septembre, ont été exposés à des "contraintes" autrement plus sévères. La CIA a reconnu l'avoir soumis notamment à la simulation de noyade en 2003. En créant les commissions militaires fin 2006, le Congrès américain avait refusé les "preuves" obtenues sous la torture mais n'avait pas interdit celles obtenues à l'issue d'interrogatoires musclés ou humiliants. Dans ces derniers cas, le Congrès laissait les juges décider de la recevabilité de ces "preuves". "Nous acceptons le jugement, et nous irons au procès mardi", a déclaré le colonel Lawrence Morris, principal responsable de l'accusation, selon des propos rapportés par le Washington Post. "On ne peut pas toujours obtenir ce que l'on veut, mais ça n'atténue pas ma confiance en notre capacité à démontrer le comportement criminel de M. Hamdan", a-t-il ajouté.

Les avocats de M. Hamdan dénoncent de leur côté un procès "injuste" et "malhonnête". Ils ont déjà annoncé qu'ils feront appel de la décision finale devant la justice civile. Une vingtaine d'autres détenus de Guantanamo, dont cinq sont accusés d'avoir participé aux attentats du 11-Septembre, doivent comparaître devant des tribunaux militaires. Ces procédures pourraient être entravées par la décision, mi-juin, de la Cour suprême d'autoriser les détenus de Guantanamo à contester leur détention devant la justice civile. Quelque 250 dossiers sont actuellement entre les mains des juges.

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Le camp 4 de la base américaine de Guantanamo, le 14 mai 2008.
AP/Rodrigo Abd
Lundi, à Guantanamo, s'est ouvert le procès de Salim Hamdan, l'ancien chauffeur d'Oussama Ben Laden.
RÉACTIONS DES ABONNÉS DU MONDE.FR
legrosminou :
«
Si c'est Donald Rumsfeld qui le dit, il ne peut pas mentir. En plus "ces gens", si on ose dire, prétendent être retenus depuis cinq ans sans avoir été jugés. Ça ne serait pas possible dans le plus grande démocratie du monde.