Des milliers de petits épargnants colombiens ont été escroqués

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BOGOTA CORRESPONDANTE

Les "pyramides" se sont effondrées. Le gouvernement colombien a admis, jeudi 13 novembre, avoir "tardé à agir". La veille, plusieurs dizaines d'établissements financiers - des pseudo-banques - avaient brutalement fermé, empochant les économies de milliers de petites gens.

Dans cinq municipalités du sud et de l'ouest de la Colombie, le couvre-feu a été décrété pour contrôler les manifestations d'épargnants en colère. A Guesaco, gros bourg du département de Nariño, un fonctionnaire de la mairie est mort, lynché par la foule en colère qui l'a pris pour un escroc en fuite.

Pyramides financières. Ce sont des montages destinés à attirer de l'épargne en promettant des taux d'intérêt mirobolants. Ces rémunérations sont versées tant que de nouveaux clients viennent alimenter ces "pyramides" pour rembourser les dépôts anciens arrivés à échéance. Lorsque cet argent frais vient à manquer ou qu'un trop grand nombre d'épargnants retirent leurs capitaux, tout s'effondre. Comme en Albanie en 1997, débouchant sur de sanglantes émeutes.

Montées sur le modèle des "chaînes de la chance", les "pyramides" financières promettent aux investisseurs crédules des rendements pouvant atteindre 300 %. Quelques heureux ont gagné beaucoup d'argent. Les autres viennent de voir leurs économies partir en fumée.

En larmes, Carmen, 68 ans, veuve et sans retraite, raconte qu'elle a "tout perdu". Rodrigo, vendeur ambulant, est effondré : pour tenter sa chance, il a vendu sa machine à hot dog, son seul outil de travail. Des plus pauvres encore, qui n'avaient rien à vendre, s'étaient endettés pour "placer" de l'argent dans une de ces "pyramides" mirobolantes.

"Adieu. Merci, bande d'idiots, de nous avoir crus", disait mercredi matin un écriteau sur la porte d'une agence de Proyecciones DRFE, dans la ville de Pasto. Vendredi, un communiqué de cette société, qui semble à l'origine de la débâcle des "pyramides", annonçait la réduction des intérêts promis de 150 % à 70 %.

"ARGENT FACILE, RAPIDE"

Fondée en 2004 et dirigée par un certain Carlos Alfredo Suarez, ancien employé de parking, Proyecciones DRFE a ouvert plus de 60 agences en Colombie. La police affirme avoir arrêté, mercredi, la gérante de l'agence de la ville de Pereira, qui tentait de prendre la fuite en possession de 5 milliards de pesos (1,6 million d'euros) en liquide. Faute de données sérieuses, économistes et pouvoirs publics tentent d'évaluer l'ampleur du phénomène et son impact sur l'économie du pays. Ils évoquent le chiffre de 500 000 épargnants touchés et estiment que le montant de la fraude pourrait atteindre 2 000 milliards de pesos (670 millions d'euros). Le blanchiment d'argent de la drogue serait à l'origine du fonctionnement et du succès initial des "pyramides".

Selon le ministre des finances, Oscar Zuluaga, les autorités sont "mal outillées" pour agir. Le gouvernement, le parquet, la Superintendencia - organisme de contrôle du secteur financier - et les autorités locales se rejettent les uns sur les autres la responsabilité du scandale.

En avril, la faillite d'une première entreprise avait alerté la presse. " Comment comprendre que les pouvoirs publics ont laissé ces agences, qui avaient pignon sur rue, escroquer le peuple sans rien faire ?", s'interroge Juan Mendez, professeur de lycée à Pasto.

"Proyecciones DRFE", pour "Dinero rapido, facil y en efectivo" (argent facile, rapide et en liquide) : le nom de l'entreprise aurait pourtant dû mettre la puce à l'oreille des épargnants et des autorités colombiennes.

Marie Delcas
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Le ministre des finances colombien Oscar Zuluaga lors d'une conférence de presse à Miami, le 7 avril 2008.
AFP/JOE RAEDLE
Le ministre des finances colombien Oscar Zuluaga lors d'une conférence de presse à Miami, le 7 avril 2008.
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