Existe-t-il une nouvelle cinéphilie ?
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Culture

Existe-t-il une nouvelle cinéphilie ?

L'intégralité du débat avec Jean Tulard, historien, auteur d'un "Dictionnaire du cinéma" et d'un "Guide des films" (Robert Laffont).

Le Monde.fr | • Mis à jour le

Micgui : En quoi la nouvelle cinéphilie diffère-t-elle de l'ancienne ?

Jean Tulard : Dans l'ancienne cinéphilie, le film était une denrée rare, dans la mesure où un film, une fois qu'il était sorti dans le secteur commercial, disparaissait. Il n'y avait pas, comme aujourd'hui, 40 chaînes de télévision qui passent des films. Il n'y avait pas de vidéocassettes ni de DVD. Un film manqué lors de sa sortie ou non distribué était un film difficile à voir. Ce qui supposait, pour le cinéphile, l'effort de voyager pour le revoir dans une cinémathèque étrangère, et c'est ce qui explique que les cinéphiles de l'ancienne génération aient été les enfants de la Cinémathèque, c'est-à-dire les enfants d'Henri Langlois, qui passait, précisément, beaucoup de ces films manqués.

Furansu : La nouvelle cinéphilie influence-t-elle les réalisateurs ? Et, si oui, est-ce davantage sur le plan de la forme (technique, méthode de réalisation) ou sur celui du propos des films ?

Jean Tulard : Je pense que la nouvelle cinéphilie n'influence pas les nouveaux réalisateurs, dans la mesure où s'est imposée – ce qui est nouveau par rapport à jadis – la notion d'auteur. Un cinéaste aujourd'hui tourne un film selon son cœur et sans se soucier, à l'inverse de la télévision, de l'Audimat. Dans la mesure où, grâce à l'avance sur recettes, un film est assuré de rentrer à peu près dans ses frais. Donc – et c'est l'avantage de ce système de subventions – un cinéaste peut tourner un film sans se soucier des recettes des entrées. Il n'y a donc pas d'influence de la nouvelle cinéphilie sur les créateurs français, et j'insiste bien sur le mot "français". Le système français permet à un film d'être relativement amorti. En revanche, aux Etats-Unis, il est évident que ce sont les recettes qui sont l'élément déterminant. Il ne faut en revanche pas oublier qu'en France, les producteurs sont en partie les chaînes de télévision : TF1, Canal+, le service public. Elles ont donc un pouvoir de pression sur les réalisateurs, puisqu'il est souhaitable que les films qui sont coproduits par les chaînes de télévision aient, dans l'ensemble, la possibilité de passer en prime-time.

Julien : Quel est l'impact, selon vous, du cinéma en images de synthèse ?

Jean Tulard : L'image de synthèse a bouleversé la production cinématographique. On s'en est aperçu, je crois, pour la première fois chez les cinéphiles, avec Gladiator, de Ridley Scott, qui utilisait, précisément, ces images de synthèse. On s'en est aperçu aussi avec Le Seigneur des anneaux. Les grandes productions à la Cecil B. De Mille, aujourd'hui, coûtent beaucoup moins cher. Mais on voit aussi que dans le domaine du documentaire, l'image numérique, de synthèse, va aboutir à de véritables trucages de la réalité. Sur le plan de la cinéphilie, c'est un immense progrès. Sur le plan de l'Histoire, il y a là un danger. Je suis à la fois cinéphile et historien.

Krasna : La nouvelle cinéphilie n'est-elle pas en fait celle constituée par les séries Z, les introuvables hongkongais – films de genre très "spécialisés" –, par une sorte de "cinéma bis" de plus en plus accessible via les nouveaux supports (DVD, Internet...) ?

Jean Tulard : C'est effectivement une excellente question, dans la mesure où le cinéphile est un être par définition anxieux, qui cherche toujours l'impossible. Jadis, c'était la série B américaine, c'est-à-dire des films à petit budget, et à plus forte raison la série Z, qui étaient recherchés par les cinéphiles. Aujourd'hui, dans le cinéma américain, les séries B et les séries Z n'existent pratiquement plus. En revanche, dans le cinéma de Hongkong ou le cinéma coréen, on retrouve ces thrillers qui faisaient les délices des cinéphiles de jadis. Et il est évident qu'un cinéaste comme Johnny To fait l'objet d'un culte et que tout bon cinéphile doit rechercher les films que nous n'avons pas encore vus de ces réalisateurs. Le problème, c'est qu'il est plus difficile et plus onéreux d'aller à Hongkong que d'aller à Londres...

Lodz : Quelle est l'influence des nouveaux supports tels le DVD sur l'analyse filmique ?

Jean Tulard : Il est incontestable que pour un historien du cinéma, la vidéocassette a été un énorme progrès. Lorsque j'ai fait le Dictionnaire du cinéma chez Bouquins, guide des films, un auteur résumant Billy the Kid, de King Vidor, écrivait qu'à la fin le shérif ne tuait pas Billy the Kid, mais le laissait partir. J'avais été troublé, car dans l'histoire officielle, Billy the Kid est tué. Pour vérifier, si j'avais dû regarder la copie en 35 mm, il m'aurait fallu la demander à la Cinémathèque et ensuite me faire projeter au moins la dernière bobine, ce qui représentait une perte de temps considérable. Avec la vidéocassette, il suffit de la mettre dans un magnétoscope, d'accélérer et de regarder la fin du film. Cela représente, montre en main, dix minutes au lieu d'une journée. On gagne donc beaucoup de temps. D'autre part, la vidéocassette permet des retours en arrière, des arrêts sur image, et l'ont peut se repasser plusieurs fois la cassette. Le DVD a l'avantage d'ajouter des bonus. Je viens de faire pour Francis Girod, qui va ressortir en DVD Lacenaire, un commentaire éclairant historiquement le film. Et Francis Girod explique les conditions de tournage. Daniel Auteuil explique comment il s'est mis dans la peau de Lacenaire et comment il a interprété ce personnage. Vous voyez donc que les progrès sont considérables par rapport à une époque où l'on voyait un film à heure fixe, dans une salle de cinéma, et où le réalisateur pouvait, au mieux, dans le cadre d'un ciné-club, expliquer ses intentions. La cinéphilie a été transformée par la vidéocassette et le DVD.

Fares : N'y a-t-il pas un risque d'altération de la mémoire engendrée par le numérique ("remasterisation" des films, disparition des originaux...) ?

Jean Tulard : Question excellente. Dans la mesure où je prendrai le cas précis du Napoléon d'Abel Gance. Celui que j'ai présenté à l'Opéra-Bastille, qui était une version qui avait intégré toutes les chutes, les coupures d'Abel Gance et qui durait beaucoup plus longtemps, n'était peut-être pas conforme à ce qu'avait rêvé en définitive Abel Gance. Néanmoins, si vous considérez l'édition de Marcel Proust dans la Pléiade, vous voyez qu'on a introduit dans les notes les variantes du texte. Il y a donc un avantage à présenter un film en DVD avec un nouveau montage dans la mesure où il nous donne une image plus complète de l'art du metteur en scène.

Syracuse : La nouvelle cinéphilie peut-elle entraîner des dérives ? N'est-elle pas un danger pour les petits réalisateurs ?

Jean Tulard : Effectivement, mais le problème existait déjà pour eux au temps du film en 35 mm. Je suis peu favorable au Festival de Cannes, au festival officiel. Mais il y a à Cannes ce qu'on appelle le "marché du film", qui, en dehors de la compétition, présente des films qui n'ont pas trouvé de distributeur. Il me semble qu'avec le DVD et la vidéocassette, un producteur indépendant a la possibilité de mettre son film sur le marché, ce qu'il ne pouvait pas faire lorsque les films devaient obligatoirement passer dans une salle. Donc aujourd'hui, il est plus facile de trouver un public, et n'oubliez pas qu'à l'heure où je vous parle, au moins 25 films sont en train de passer à Paris sur les écrans de télévision. Donc le marché s'est élargi.

51_rue_de_berri : Internet est-il selon vous un support de communication et de partage privilégié pour les "nouveaux cinéphiles" ?

Jean Tulard : Indiscutablement, dans la mesure où il permet des échanges plus larges entre collectionneurs et où il permet de connaître, à l'heure actuelle, les films qui sont dans le monde entier sur le marché de la vidéocassette, qui est en train de mourir, et surtout du DVD. Cela aussi permet de toucher des propriétaires de films en 16 ou en 35 mm qui veulent les vendre ou les proposer pour des échanges. Internet abolit les frontières et permet ainsi de communiquer avec un obstacle, celui, évidemment, de la langue.

"LA PALME D'OR NE RIME À RIEN"

Sond3s : Que pensez-vous des séries télévisées américaines actuelles ? Il semble qu'en matière de variété des sujets traités, de créativité, on trouve de plus en plus de choses intéressantes (et cela même dans les productions des networks) alors que le cinéma de studio apparaît comme trop "formaté" . Y voyez-vous un danger pour le cinéma "traditionnel", ou au contraire de nouvelles pistes à explorer pour les cinéphiles ?

Jean Tulard : Je pense qu'il y a là, effectivement, de nouvelles pistes pour les cinéphiles et de nouvelles possibilités de création. Cela a souvent été le cas par le passé, dans la mesure où ce sont souvent des séries télévisées qui ont inspiré des films pour grand écran. Je rappelle l'exemple fameux des Incorruptibles, qui ont commencé en série télévisée avant de donner au moins deux films particulièrement importants dans le domaine du genre policier. Il est plus facile d'imaginer de créer dans une série télévisée à bon marché que de faire un film pour les grands studios d'Hollywood.

Pip : Pourquoi n'y a-t-il plus d'émission pour cinéphiles à la télévision ?

Jean Tulard : J'en pleure, car pour moi, "La Dernière Séance", de Patrick Brion et Eddy Mitchell, qui passait des westerns en version originale sous-titrée, était une émission adorée des cinéphiles. Et je crois que jamais autant de magnétoscopes n'ont fonctionné qu'avec "La Dernière Séance". Je dois avoir moi-même une trentaine de westerns qui viennent de cette émission. Et les commentaires d'Eddy Mitchell valaient les bonus des DVD d'aujourd'hui.

Artaud : Que pensez-vous des cartes illimitées qui sont sujettes à controverses, particulièrement à Paris ? Pensez-vous qu'elles nuisent à la survie des salles indépendantes et qu'ainsi elles se retourneront contre les cinéphiles qui en sont souvent possesseurs ?

Jean Tulard : Effectivement, on peut avoir une inquiétude sur ces cartes. Il faut rappeler qu'à l'heure actuelle, à Paris, il y a quelques salles qui font un gros effort pour passer de vieux films. Ce sont les survivants des salles de répertoire de jadis (Studio Parnasse, Agriculteur et autres), et ces salles nous permettent de voir sur grand écran des films anciens que l'on voit quand même dans les conditions où ces films ont été prévus, et non pas comme avec le DVD sur un écran de télévision. Si ces salles viennent à disparaître parce qu'elles sont plus chères, par la force des choses, et que les cartes illimitées et que les autres cartes d'abonnement s'imposent, inévitablement, les Studios Action et autres seront condamnés à disparaître, et ce sera une catastrophe pour les cinéphiles. En effet, ceux-ci ne pourront plus voir ces films dans les conditions dans lesquelles ils doivent être projetés, c'est-à-dire pas sur un écran de télévision.

Alain_paris : Pour revenir sur le rôle des chaînes de télévision, n'y a-t-il pas un risque fort de "normalisation", de perte de créativité ?

Jean Tulard : Effectivement, les chaînes de télévision sont prisonnières de cette horreur que l'on appelle l'Audimat, qui fait qu'à l'heure actuelle on ne voit plus de western sur les chaînes de télévision parce que le western n'est plus à la mode dans un certain public. Ou du moins, c'est ce que croient les directeurs de chaînes... Il y a donc à la télévision une dictature de l'Audimat qui est le pire ennemi des cinéphiles.

Judex : Les adeptes actuels du piratage sont-il les cinéphiles de demain ?

Olivier : Pensez-vous que le téléchargement de films sur Internet soit un vecteur de la (nouvelle) cinéphilie ?

Jean Tulard : La question est effectivement très embarrassante. Si j'approuve le piratage, je tombe sous le coup de la loi. Mais il faut bien dire que le piratage, l'illégalité, ont sauvé énormément de films. Moi-même, il y a bien longtemps, j'ai introduit en France des films américains achetés dans des conditions douteuses aux Etats-Unis. La Cinémathèque française s'est créée, précisément, par la constitution de collections qui venaient souvent de films récupérés dans des conditions aux frontières de la légalité par Henri Langlois. Si, donc, un pirate arrive ainsi à sauver un film, même si c'est pour son plaisir personnel à l'origine, évidemment, personnellement, je l'approuverai. Si c'est uniquement pour en faire commerce et gagner de l'argent, alors ce n'est plus un cinéphile. Si Henri Langlois s'est trouvé quelquefois dans des conditions qui pouvaient être discutées, cela a été toujours pour l'amour du cinéma et jamais pour s'enrichir. D'ailleurs, il est mort pauvre...

Victoire : A quoi sert le Festival de Cannes ?

Jean Tulard : Le Festival de Cannes permet déjà de remplir les hôtels de Cannes et de la région. C'est beaucoup à une époque où le tourisme se porte mal. Le deuxième intérêt du Festival de Cannes, c'est d'alimenter la chronique mondaine des journaux et de la télévision. Le troisième intérêt, c'est le marché du film, qui permet à des producteurs de tous les pays de présenter en dehors de la compétition officielle des œuvres qui cherchent un distributeur. Quant à la Palme d'or, elle ne rime à rien, à mon sens du moins, puisqu'elle met en compétition des films totalement différents et dont on ne peut pas dire que l'un est meilleur que l'autre. Les festivals utiles, ça a été Avoriaz pour le cinéma fantastique, ou Cognac pour le film policier, car là, la compétition met en présence des films d'un même genre, et par conséquent, peut se dégager un vainqueur. A Cannes, on réunit un coureur automobile, un champion de tennis et un boxeur... Quel est le meilleur ?

"DES FILMS OÙ C'EST LE SPECTATEUR QUI DÉTERMINERA LA FIN DU FILM"

Nardiello : Ne devrait-on pas mieux distinguer les nouveaux cinéphiles de ce que l'on appelle les cinévores, qui profitent du fait que les films ne soient plus des denrées rares pour se jeter sur tous ceux qui leur passent sous le nez sans se soucier d'aucune distinction de valeur artistique que ce soit ?

Coxwell : A votre propos, considérez-vous être davantage un cinéphile ou plutôt un cinéphage ?

Jean Tulard : Effectivement, le cinéphile est celui qui choisit les films qu'il veut voir. Les cinéphiles de l'ancienne génération étaient surtout portés sur le cinéma américain ancien, difficile à voir dans les années 1960, et le vieux cinéma français. Le cinéphile choisit les films qu'il veut voir, films rares qu'il traque, qu'il recherche à travers les cinémathèques. Il a des listes de films qu'il n'a pas vus, et il regarde les programmes des chaînes câblées pour voir s'ils passent. Il reçoit les programmes non seulement de la Cinémathèque de Paris, mais des autres : Lausanne, Bruxelles, Londres..., pour essayer de voir ces films. Le cinéphage est celui qui voit n'importe quoi. Et le propre du cinéphile, c'est que comme il a choisi le films qu'il voulait voir, il s'en souvient, alors que lorsqu'à minuit le cinéphage voit son septième film, il ne sait plus ce qu'il a vu au début de la matinée. Dans mon cas personnel, auteur d'un guide des films, il est évident que je suis forcé de mettre dans ce guide un maximum de films, mais je ne peux pas les voir tous, et donc j'ai des collaborateurs qui signent les notices et qui voient un tel le cinéma indien, un autre le cinéma iranien, un autre les films français récents. Bref, chacun choisit, dans la production cinématographique, ce qui l'intéresse, et c'est en cela que le cinéphile est différent du cinéphage ou du cinévore. Mais je respecte, je l'avoue, celui qui, arrivé à la première séance, avale les trois ou quatre films qui sont au programme sans s'occuper de quoi il s'agit. J'aime bien le cinéphage : dans le fond, c'est un boulimique par rapport à un gastronome.

Judex : L'essor commercial et artistique sans précédent du secteur du jeu vidéo a-t-il joué son rôle dans le développement de cette nouvelle cinéphilie, qui tendrait à un art plus ludique, plus "interactif" ?

Jean Tulard : C'est une question redoutable dans la mesure où le vieux cinéphile que je suis maîtrise moins la vidéo que les jeunes générations et indiscutablement, les jeux vidéo sont influencés aujourd'hui, très souvent, par les films. Ainsi certains films d'action, ou encore Le Seigneur des anneaux, ont joué un rôle dans les jeux vidéo. On s'oriente apparemment vers des films où c'est le spectateur qui déterminera la fin du film : le bon tuera-t-il le méchant ? Couchera-t-il avec l'héroïne ? Bref, le spectateur pourra modifier à sa guise l'histoire du film. Et il en ira de même du spectacle sportif, où l'on pourra modifier à sa guise un match de boxe ou une rencontre de football.

Paul : Pourquoi le mot "FIN" n'apparaît-il plus à la fin des films ?

Jean Tulard : Il apparaît encore, semble-t-il. Ce qui se passe, et qui doit tromper Paul, c'est qu'après la fin de l'action, dans les films américains, il y a des génériques détaillés où le moindre dresseur de chien savant, la moindre script-girl, le moindre perchman, à cause des conditions syndicales, est mentionné. Et à peine l'action est-elle finie que se déroule ce générique qui, je l'ai constaté, s'achève alors que la salle s'est entièrement vidée... Donc Paul a l'impression que le mot "FIN" n'est pas apparu, car le film n'est pas terminé, il y a encore au moins cinq minutes de générique dans les films américains.

Tuffreau : Le cinéma américain – dans un système non subventionné –, nous a offert depuis vingt ans Lynch, les frères Coen, Soderbergh, Tarantino, Gus van Sant. En France, aucun cinéaste de cette envergure. La faute au système ?

Jean Tulard : La faute au système, oui, dans la mesure où, effectivement, un réalisateur n'a pas besoin, grâce à l'avance sur recettes, de remplir les salles. Il y a des films qui ont pu sortir en salles avec 30, 40 spectateurs, pas plus. Cela n'a aucune importance en France. Mais il y a quand même, avec ce système d'avance sur recettes, un cinéma français, médiocre peut-être, mais qui permet à des techniciens et à des salles de fonctionner. De toute façon, il faut bien l'avouer, les grands créateurs du 7e art ont été avant tout américains, et je demande à Tuffreau de me pardonner cette affirmation.

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