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AFFAIRE CLEARSTREAM.

Un nouveau « mardi noir »

Alors que le Parlement reprend aujourd'hui ses travaux et examine le projet de loi sur l'immigration de Nicolas Sarkozy, l'onde de choc ébranle toute la majorité, de Matignon à l'Elysée. A l'UMP, inquiétude et colère sont de mise.

 
Béatrice Houchard et Bernard Mazières | 02.05.2006
IL Y A LE FEU dans la maison ! Le long week-end du 1 e r Mai n'aura rien apaisé : l'affaire Clearstream fait toujours vaciller l'Etat chiraquien. Le reprend aujourd'hui ses travaux et, alors que les députés , après deux semaines de vacances, histoire de récupérer du traumatisme du CPE, se réjouissaient de présenter aux Français, grâce au projet de loi sur l'immigration de , un front uni, patatras ! Ils se demandent maintenant - et certains même le souhaitent - si Dominique de Villepin, en chute libre (20 % de popularité) dans le dernier sondage LH2 pour « Libération », ne doit pas quitter prématurément son poste. La gauche mais aussi l'UDF et quelques-uns à l'UMP en appellent désormais à Jacques Chirac. Un nouveau « mardi noir » se profile pour le pouvoir. Sans doute, à l'Elysée, à Matignon et même à l'UMP, on s'est employé pendant le week-end et jusqu'à tard hier soir à déminer. L'entretien qu'accorde le général Rondot au « Figaro », et dans lequel il dédouane Villepin - « Je n'ai jamais été chargé d'une enquête sur Sarkozy » -, est accueilli avec soulagement. « Vous voyez, il y a un écart gigantesque entre la réalité politique et la pseudo-crise », confie un proche du Premier ministre. Il n'empêche : la situation est explosive. Et personne, pas même Sarkozy, n'est assuré de trouver une issue à la crise. La contre-attaque de Matignon. D'Europe 1 ce matin à un séminaire gouvernemental ce soir en passant par les questions d'actualité et la réunion avec un groupe UMP complètement déboussolé, la journée de Villepin s'annonce rude. Fort du soutien affiché de Sarkozy qu'il a rencontré hier en fin d'après-midi, le Premier ministre va tenter de retrouver un peu d'oxygène sur le thème : c'est un complot ! Réaffirmer qu'il ne démissionnera pas. Qu'il n'a pas à rougir des résultats de son action contre le chômage et qu'il a, pour rebondir, croit-il, plein d'idées dans sa besace pour faire de 2006 une année « utile ». Les silences de l'Elysée. Tiré dans les sondages vers le bas par l'impopularité de Villepin, Chirac qui, hier lors de la remise du muguet par les Forts de Halles, s'est réjoui de la reprise de la consommation de poulet après l'alerte sur la grippe aviaire ne dit mot depuis son communiqué de vendredi démentant toute responsabilité dans une quelconque enquête sur son ministre de l'Intérieur. Mais la pression est maximale. Que peut-il faire ? Se séparer de Villepin si la justice l'y oblige ? Pour le remplacer par qui ? A douze mois de la fin de son quinquennat, personne ne s'impose. La détermination de Sarkozy. Pas question d'en rajouter, la situation est suffisamment grave. Sarkozy sait qu'il n'a rien à y gagner. Il faut calmer le jeu. Mais pas question non plus pour le ministre de l'Intérieur, qui réunissait ses proches hier soir Place Beauvau (lire ci-dessous) et reçoit les députés UMP ce soir, de caler en chemin. La justice doit aller jusqu'au bout. C'est une question de « morale », assure le président de l'UMP qui se dit « totalement déterminé et maîtrisé ». Cet après-midi à l'Assemblée, en présentant son projet de loi, Sarkozy ne se désolidarisera pas de Villepin. Mais il se présentera une nouvelle fois comme le vrai patron d'une majorité affaiblie. Une majorité qui broie du noir et à laquelle il aura bien du mal à redonner le moral.
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Le Parisien

Cet article a été publié dans la rubrique Le Fait du Jour

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