Economie

Publié le 16/09/2008 à 19:44 Reuters

L'incertitude sur l'impact de Lehman tétanise la Bourse

L'incertitude sur l'impact de Lehman tétanise la Bourse

L'impossibilité d'évaluer l'ampleur des dégâts que devrait causer le dépôt de bilan de Lehman Brothers sur le système bancaire européen paralysait mardi les intervenants sur le marché parisien. /Photo prise le 16 septembre 2008/REUTERS/Charles Platiau

L'impossibilité d'évaluer l'ampleur des dégâts que devrait causer le dépôt de bilan de Lehman Brothers sur le système bancaire européen paralysait mardi les intervenants sur le marché parisien.

Les craintes que l'assureur American International Group (AIG) ne suive le même chemin que Lehman et la publication par Goldman Sachs d'un résultat en baisse de 70%, n'a pas amélioré la visibilité, dans des marchés financiers hantés pas la crainte de faillites en série.

Alors que, fait rare, un stratégiste boursier refusait de donner son point de vue, un trader résumait le sentiment général : "Le meilleur broker aujourd'hui, c'est celui qui ne dira rien."

"Aujourd'hui, on ne connaît pas encore tous les dégâts collatéraux liés aux problèmes de Lehman Brothers et d'AIG", a déclaré Franz Wenzel, directeur adjoint de la stratégie chez Axa Investment Managers.

"Notre boule de cristal reste plutôt aveugle. Nous sommes déjà en situation de krach boursier, mais ne pouvons pas encore affirmer que le pire est derrière nous."

Le CAC40 a fini en baisse de 1,96% à 4.087,40 points, près de ses plus bas de mi-juillet, dans un volume de 9,03 milliards d'euros sur l'indice, après avoir perdu 3,78% la veille.

"On n'a pas eu une explosion des volumes hier, comme on aurait pu l'imaginer pour une séance historique comme celle-là", a souligné Romain Boscher, responsable de la gestion actions chez Groupama Asset Managers.

"Le marché est en plein chaos. Autant aux Etats-Unis, on a assisté à une purge, avec de gros volumes, autant en Europe, il y a très peu de volume. Le marché est sonné et ne sait pas quelle conclusion en tirer", conclut-il.

Et, selon des analyses graphiques, les marchés d'actions devraient encore perdre du terrain, retrouvant leurs plus bas de mi-juillet, avant d'opérer un rebond technique de courte durée.

"A court terme, c'est cette semaine que l'on touche les plus bas, vers les 4.000 points. Cela correspond à 50% de retracement de la grande période de hausse de 2003-2007", précise Loïc de Galzain, analyste graphique de la Société générale. "Derrière, nous aurons une phase de reprise technique, un arrêt de l'hémorragie. Après novembre on devrait redescendre", dit-il.

DÉGÂTS COLLATÉRAUX DIFFICILES À ÉVALUER

Premières concernées, les financières continuent à pâtir de l'absence de visibilité.

"La faiblesse des valorisations est totalement justifiée par la plus faible visibilité jamais vue sur le secteur", écrit Oddo Securities, tablant sur de nouveaux reculs de 15% à 20%.

Certes les banques françaises, ainsi que l'assureur Axa, ont annoncé une exposition directe limitée à la dette de Lehman Brothers et AIG.

Mais celles-ci sont beaucoup plus lourdement engagées pour compte de tiers, sachant que les deux institutions américaines en difficultés sont des acteurs clé des dérivés de crédit et des produits structurés dans le monde, soulignent les analystes.

"Il y aura beaucoup d'effets collatéraux qui vont être beaucoup plus longs à démêler - sur les produits structurés, les swaps, les credit default swap (CDS) - que le pur impact des expositions directes", dit Romain Boscher. "En plus, il s'agit d'un marché de gré à gré dont on ne connaît pas la profondeur."

"Lehman Brothers est la plus grosse faillite financière de l'histoire avec ses 120 milliards de dette. C'est pourquoi je crains qu'on n'y voit pas clair avant plusieurs semaines."

"L'impact sur le marché du crédit est très lourd. Cela pose d'énormes problèmes de contreparties avec d'autres institutions financières et/ou avec des gérants", renchérit Sébastien Barthélémi, responsable de l'analyse crédit chez Louis Capital Markets. "Tout est gelé et on ne sait pas si on sera remboursé."

Axa par exemple, qui n'a annoncé que 300 millions d'euros d'exposition à la dette de Lehman, est en fait son premier actionnaire via des fonds pour compte de tiers (Plus de détails

).

"Cela ne va pas impacter directement les comptes propres du groupe. Par contre, les défauts sur des produits structurés lancés par Lehman Brothers à l'intention de réseaux, notamment de réseaux d'assureurs italiens, vont toucher les clients qui croyaient avoir un produit garanti", fait observer Romain Boscher.

Si AIG faisait défaut, ce sera encore plus grave, car l'assureur est un acteur encore plus important que Lehman Brothers sur le marché des produits structurés, a-t-il ajouté.

"Sur les marchés obligataires et dérivés, tout le monde a un produit Lehman Brothers ou AIG", a conclu ce gérant.

Juliette Rouillon, édité par Jean-Michel Bélot


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