Publié le 04/02/2009 à 19:43 - Modifié le 04/02/2009 à 19:44 Le Point.fr

Chauprade, l'homme qui forme les officiers et déforme l'histoire

par Jean Guisnel

Chauprade, l'homme qui forme les officiers et déforme l'histoire

Aymeric Chauprade, professeur au Collège interarmées de défense, conforte de son autorité "scientifique" les théories complotistes sur le 11 septembre 2001.

Aymeric Chauprade est un géopoliticien qui ne cache pas ses convictions. Directeur de campagne de Philippe de Villiers aux européennes de 2004, en charge de la Revue française de géopolitique , il est très réservé sur l' adhésion de la Turquie à l'Union européenne , et a planché en juillet 2007, parmi d'autres intervenants aux idées affirmées, lors des Universités d'été du mouvement Renaissance catholique sur le thème : " le nationalisme est-il un péché ? " Il s'est montré critique sur le récent Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, ce qui ne manque pas de courage pour un enseignant censé se trouver en phase avec la politique de défense nationale.
Chroniqueur expert au Figaro , auteur prolifique dont les livres sont acquis chaque année à des centaines d'exemplaires par nombre d'écoles militaires, il a récemment publié un gros ouvrage très illustré sur le thème du choc des civilisations cher à l'Américain Samuel Huntington décédé le mois dernier. Logiquement, s'agissant d'un spécialiste de géostratégie, Aymeric Chauprade s'intéresse au monde de "l'après-11-septembre", dont il décline les évolutions d'une manière conforme à sa conception politique. Certes, c'est son droit. C'est tout juste si l'on se demande s'il est logique que le ministère de la Défense confie à un idéologue aux convictions aussi affichées, la chaire de géopolitique du CID ( Collège interarmées de défense , anciennement École de guerre).

Rappelons que tous les officiers français promis à un avenir d'encadrement dans les armées, mais aussi de très nombreux officiers étrangers, soit plusieurs centaines de cadres militaires chaque année , suivent son enseignement à l'École militaire, à Paris.
Or, il se trouve que ce professeur affiche dans son livre une perception pour le moins curieuse des attentats du 11-septembre. Dans son introduction générale qui s'étend sur dix pages, il présente les théories du complot qui foisonnent autour de cet événement, comme "une hypothèse qui ne manque pas d'argument à défaut de forcément convaincre". Cette "hypothèse" étant en réalité la vision de "ceux qui pensent qu'un machiavélique complot américano-israélien a été le point de départ d'une guerre américaine contre le reste du monde". Le point de vue est-il balancé, les sources contradictoires ? Non. Des recherches personnelles de celui qui se présente comme ayant "puissamment contribué à la renaissance des études géopolitiques en France" viendraient-elles conforter des sources inédites, des travaux scientifiques incontestables, sur ce prétendu complot ? Pas davantage. Le lecteur a seulement le droit à une compilation complaisante et sans recul, le plus souvent à l'indicatif.

Autorité "scientifique"

L'attaque des tours jumelles du World Trade Center de New York et du Pentagone par des terroristes préparés par al-Qaïda ? "Le nouveau dogme du terrorisme mondial", une "version officielle", donc sujette à caution. Au World Trade Center, "l'incendie n'a pas été si violent que le prétend la commission d'enquête". "L'onde de choc n'a pas pu provoquer l'effondrement. (...) Seule une démolition contrôlée par des explosifs permet d'obtenir un effondrement aussi rapide et parfait." Le reste est à l'avenant.

Ce qui pose problème sous la plume de cet enseignant qu'on penserait enclin à une certaine rigueur, c'est qu'il conforte de son autorité "scientifique" ces théories complotistes qu'il ne conteste pas, avec lesquelles il ne prend pas de distance. Un seul exemple : il prend à son compte la fable accusant George W. Bush et/ou les services secrets américains d'avoir organisé les attentats pour justifier une entrée en guerre. Cette version voudrait qu'il existât un "mystère" autour de l'effondrement du bâtiment 7 du World Trade Center, lequel a été détruit sans avoir été touché par un avion. Alors que les services officiels américains ont pris la peine de répondre à ces questions, dans un document publié le 21 août dernier , le professeur Chauprade ne cite pas cette source dans son ouvrage imprimé en décembre 2008 ! Comment s'en étonner, puisque la bibliographie qu'il propose sur ce sujet comprend sept sources univoques, toutes favorables à la thèse du complot ?
À la fin de ces dix pages intégralement biaisées, l'auteur se pose une question : "Comment une telle conspiration n'a-t-elle pas pu être démasquée dans un pays où tant de contre-pouvoirs peuvent jouer ?" Mais c'est tout simple, professeur : elle n'a pas existé !

Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations. Actualité, analyses géopolitiques et cartes pour comprendre le monde après le 11-septembre , Chronique-Dargaud, 240 pages, 31 euros, ISBN : 9782205062205

85 COMMENTAIRE(S)

Karlos

Ce qu'on en dit...

vendredi 6 février | 02:21

La seule chose que l'on peut en dire de notre petite lucarne, c'est que vous ne trouverez aucun spécialiste en bâtiment et en structure métallique qui n'explique la chute des tours autres que par un apport "extérieur"... De là à dire qu'il y a un complot américain-sioniste derrière tout cela, il y a un pas de géant que je ne franchirai pas, mais il y a énormément de choses plus qu'étranges dans cette affaire, et la CIA et le Pentagone ne font rien pour les éclairer, bien au contraire... Et lire à travers ce qu'il a écrit que M. Chauprade soutient les thèses conspirationnistes, c'est d'un aveuglement et d'une mauvais foi sidérantes !

briscard

A Marianne...

vendredi 6 février | 02:21

Le (...) n'a aucune approche scientifique et concrète... Ceci est l'opinion du journaliste, et de cet a priori vous concluez comme si cette opinion était fondée ! Monsieur Chauprade n'est pas expert en résistance des matériaux, c'est une évidence ; le journaliste utilise un argument spécieux, en revanche Monsieur Chauprade est un chercheur en géopolitique et il sait lire et confronter divers rapports et études et les replacer dans leur perspectives.

marco.88

Evidences

vendredi 6 février | 02:07

Les faits montrés sur les vidéos de l'attentat constituent tellement de preuves d'un complot, qu'il faut surtout éviter que les gens n'aient envie de les voir, et donc diaboliser l'idée du complot en la qualifiant de négationniste. A ce niveau de censure ce n'est plus de la pensée unique, c'est "Le meilleur des Mondes". Dans ce débat, on retrouve constamment le même contraste dans les arguments : - Les partisans du complot avancent des faits (et ils sont innombrables). - Leur détracteurs répliquent par l'ironie, les insinuations, le mépris et les attaques personnelles. En fait les négationnistes sont ceux qui nient le complot. Les camps d'extermination nazis ont fonctionné pendant des années avant que leurs principales victimes, les juifs, acceptent leur existence. Reconnaitre la réalité de telles ignominies n'est pas facile. Combien de pays les USA vont-ils encore mettre à feu et à sang, avant que l'opinion internationale reconnaisse que le terrorisme n'est que le prétexte fabriqué pour une guerre sans fin ? Pour ceux qui ont encore des doutes : allez voir les vidéos et jugez par vous-même... avant qu'il ne soit trop tard.

varda

La science est exacte, pas le journalisme

vendredi 6 février | 02:05

Au World Trade Center, "l'incendie n'a pas été si violent que le prétend la commission d'enquête". "L'onde de choc n'a pas pu provoquer l'effondrement. Seule une démolition contrôlée par des explosifs permet d'obtenir un effondrement aussi rapide et parfait. L'inexplication autour de l'effondrement du bâtiment 7 du World Trade Center, lequel a été détruit droit et en chute libre sans avoir été touché par un avion.

bebert

Rien n'est impossible

vendredi 6 février | 00:45

Au pays de l'Oncle Sam rien n'est impossible. "L'Opération Northwoods est un projet d'opération false flag proposé au sein du gouvernement américain en 1962. Il consistait, dans le contexte de la Guerre froide, en l'organisation d'une série d'actions d'intoxications pour justifier aux yeux de l'opinion américaine une intervention des forces armées américaines contre Cuba et d'obtenir l'appui diplomatique, voire militaire, des nations occidentales, la Grande-Bretagne en particulier[1]. Des attentats contre les États-Unis par l'état-major interarmes américain lui-même, de manière à en imputer la responsabilité au régime cubain étaient envisagés. Le président J.F. Kennedy a rejeté le projet. Parmi les auteurs du projet, plusieurs par la suite ont exercé de hautes responsabilités dans l'administration ou l'armée américaine sous les présidences Ford et Bush." Wikipédia

Joël B

Aymeric Chauprade dit ce que beaucoup savent déjà

jeudi 5 février | 23:27

Aymeric Chauprade dit ce que beaucoup savent déjà . Dans les réactions à l'article tous ceux qui ridiculisent M. Chauprade ne fournissent absolument aucun contre-argument pour débouter sa position... Tout simplement parcequ'ils n'en n'ont pas ! Ils se contentent de le tourner en ridicule et de brasser du vent en se gargarisant avec des "théories du complot". C'est pathétique . C'est l'ensemble de la classe journalistique, politique, intellectuelle qui se discrédite chaque jour un peu plus en refusant, en cachant la réalité, et pire la vérité . Les collectifs des familles de victimes des attentats, les associations de scientifiques, les mouvements d'activistes qui demandent une réouverture de l'enquête depuis des années et qui exposent, preuves à l'appui l'évidence d'une opération interne, la démolition contrôlée des tours etc... Qui osera me dire que tous ces individus sont pris de délire ?

MarcoH

La vérité fait son chemin

jeudi 5 février | 23:17

A tous, l'Histoire nous a appris 2 choses : - ce n'est pas parce qu'une nouvelle est incroyable qu'elle est fausse ; - ce n'est pas parce qu'un crime est trop affreux pour être envisagé qu'il n'a pas é té commis.

moa

Referendum US pour nouvelle enquête

jeudi 5 février | 22:59

Alors que les institutions politiques américaines font la sourde oreille sur le besoin d'une nouvelle enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 - pourtant désormais réclamée par plus de 70 millions d'Américains en âge de voter - et que les médias traditionnels occultent toute tentative de remise en question de la version officielle, le salut pourrait bien venir d'une très sérieuse et prometteuse campagne citoyenne menée dans la ville de New York. Cette campagne, appelée le « NYC 9/11 Ballot Initiative », a pour mission de donner aux électeurs new-yorkais le pouvoir de mandater par référendum une commission citoyenne disposant de pouvoirs d'assignation pour mener une enquête exhaustive, transparente et non partisane sur les attentats du 11 Septembre.

joachim

Son éviction ? La cause est ailleurs

jeudi 5 février | 22:54

Monsieur Jean Guisnel peut-il nous expliquer d'où viennent les causes des mouvements anormalement haut de transactions boursière sur la place de NY juste avant le 11 septembre ? Certains savaient. Des Saoudiens seulement, peut-être. Mais, à l'époque, un collaborateur m'avait affirmé sa stupéfaction quant à une relation, un juif de NY, lui affirmant qu'il pliait bagage car selon lui "we don't feel any secure" dans la ville. Chauprade est évidemment baroque car il vient d'une école de pensée vaincue (qui fut pourtant la seule à prédire et alerter sur la montée du nazisme, et qui avait foruni à la Résistance ses meilleurs éléments, de Frenay à Bénouville) et discréditée. Car, c'est un secret de polichinelle aux RG, Chauprade est foncièrement d'Action française, donc pour l'indépendance nationale contre l'empire américain et les fédéralistes européistes... auxquels le gouvernement français est subordonné via l'Otan et l'UE. Ce sont les vraies raisons, l'affaire du 11 S est une simple fenêtre d'opportunité. Ceci dit, j'avoue ne pas avoir ma religion sur le 11 S, si ce n'est qu'il est évident que les acteurs principaux soient islamistes et Saoudiens. Joachim Véliocas, chercheur à l'Observatoire de l'islamisation. Essayiste.

jr l'ad

à Ordi

jeudi 5 février | 22:48

Au delà de l'avis que l'on peut avoir sur cet article d'Aymeric Chauprade, il faut avoir suivi ses cours au CID pour connaître la qualité de cet enseignant. Très loin du travailleur intérimaire, il a repris le cours qu'assurait, durant des années Alexandre Adler...

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