Société

Publié le 03/09/2009 à 19:48 - Modifié le 03/09/2009 à 21:14 Le Point.fr

EXPORTATION

Le Brésil s'intéresse au Rafale

Par Thierry Vigoureux

Le Brésil s'intéresse au Rafale

Comme Serge Dassault, promoteur du Rafale, Nicolas Sarkozy attend beaucoup de sa visite au pays de Lula © Montage lepoint.fr

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Fleuron de l'armée de l'air et de la marine françaises, le Rafale, produit par Dassault Aviation, n'a pas encore été vendu à l'export. Ces prochains mois, plusieurs appels d'offre sont susceptibles de se concrétiser, lancés par les Emirats, la Lybie, la Suisse, l'Inde, etc. Dès la semaine prochaine, à l'occasion de la visite officielle de Nicolas Sarkozy, le Brésil pourrait rendre son verdict sur une première commande de 36 Rafale mono et biplaces, un contrat de l'ordre de quatre milliards d'euros. Pour bien marquer l'importance de l'événement, la Patrouille de France sera présente en vol à Brasilia, lundi jour de la fête nationale.

Mais le Rafale n'est pas le seul sur les rangs. Si l'Eurofighter et le Sukhoï ont été écartés, restent comme concurrents en lice le F/A 18 Super Hornet de Boeing et le Gripen de Saab. Le Brésil a clairement spécifié à plusieurs reprises que le contrat devrait garantir de réels transferts de technologie. Un point sur lequel les États-Unis sont assez frileux. Aussi la proposition américaine ne répond-elle pas directement à cette demande. Elle fait état d'aides dans le domaine du nucléaire civil, d'un partenariat technique et commercial entre l'avionneur brésilien Embraer et Boeing pour le futur avion de transport militaire KC 390. Des achats d'avions d'entraînement Super Tucano d'Embraer sont évoqués, susceptibles d'être engagés dans la lutte antiguérilla en Afghanistan. Pour le Suédois Saab AB (société différente de "Saab automobile AB" détenue par General Motors), ce contrat s'avère vital. Sans commande, la chaîne du chasseur JAS 39 Gripen NG et l'activité aéronautique militaire s'arrêtent après celle des avions civils terminée avec l'avion régional Saab 2000. L'avionneur scandinave propose donc d'associer le Brésil à la future commercialisation du Gripen, mais les transferts technologiques restent relativement limités.

Commande ultérieure de plus de cent appareils

Cette première commande brésilienne doit être prolongée à terme par une autre d'une centaine d'appareils. La Força Aérea Brasileira souhaite, en effet, remplacer toute sa flotte de F 5, AMX, Mirage 2000 par un seul type d'avion multi-rôle. C'est ce choix qu'a fait l'armée française en commandant à terme 294 Rafale en lieu et place de 400 appareils divers. Ce concept multi-rôle permet de réduire la flotte (et son coût) grâce à des avions polyvalents. Par exemple, pendant une même mission, il est possible d'effectuer de l'attaque au sol en larguant des bombes, puis d'assurer la défense aérienne en repoussant un ennemi avec des missiles. Le Rafale est même "plug and play" comme un ordinateur qui reconnaît une souris, une clé USB ou un appareil photo lors du branchement. Quand l'armurier installe sous l'avion un réservoir supplémentaire, un pod photo ou un missile, les systèmes d'armes et de navigation les identifient automatiquement et configurent le cockpit en conséquence.

Cette deuxième vague de commandes devra permettre d'assembler, voire de construire au Brésil l'avion choisi. Une demande pour laquelle la France n'émet pas de réticence majeure, puisque la capacité nucléaire n'est pas demandée. "Un pays de l'importance du Brésil ne peut acheter un produit d'un autre pays sans transfert de technologie", a souligné Lula dans un entretien exclusif accordé mercredi à l'AFP. La France est apparue comme "le pays le plus flexible pour le transfert de technologie et, évidemment, cela est un avantage comparatif exceptionnel", a souligné le président brésilien, qui a toutefois refusé de dire quel avion était son favori.

Décision rendue mi-octobre

Cette collaboration est d'ailleurs déjà largement pratiquée dans le cadre de la commande brésilienne de quatre sous-marins de classe Scorpène, d'un autre nucléaire (sans fournir le réacteur), et de 50 hélicoptères de transport militaires EC-725 construits au Brésil chez Helibraz, une filiale d'Eurocopter. Dassault Aviation, comme Snecma pour le moteur ou Thales pour l'avionique, pratiquent largement ce partenariat. Dès les années 1960, la Suisse, l'Australie et la Belgique ont construit sous licence le Mirage III, sans parler des clones israéliens. L'Espagne et la Grèce ont largement été associées à la production du Mirage 2000.

Le contrat brésilien sera-t-il rendu public lors de la rencontre des présidents Luis Inacio Lula da Silva et Nicolas Sarkozy au début de semaine prochaine ? Il semble toutefois que l'armée de l'air brésilienne n'ait pas fini de dépouiller l'important questionnaire technique demandé aux trois constructeurs. Pour respecter la forme, la décision serait rendue à la mi-octobre. Et, un mois plus tard, se tient le salon aéronautique de Dubaï, qui pourrait être l'occasion de révéler un autre très beau contrat à l'export pour le Rafale.

En attendant, l'avion de chasse français vole sous tous les cieux. Deux Rafale monoplaces de l'escadron 1/7 Provence participaient mardi au défilé aérien à Tripoli, à l'occasion de la fête nationale libyenne. À la fin août, l'équipe de présentation de l'armée de l'air était présente, avec deux autres Rafale, au salon aéronautique de Moscou.


© Gouhier Nicolas / Abaca

33 COMMENTAIRE(S)

Gérard du 13

Aux anti rafale

lundi 7 septembre | 14:27

Pourquoi le RAFALE ne s'exporte pas aussi rapidement que prévu par l'entreprise Dassault : les raisons sont bien simples, réduction des budgets des Armées depuis longtemps. Pas de remplacement des mirages par des rafales. Je suis un ancien de l'armée de l'air et lors de mon affectation à Strasbourg base aérienne 124 (dissous depuis) les avions ont été vite remplacés par les Mirage et ce dans tous les escadrons de France. Beaucoup de pays ont acheté cet avion c'est comme cela que Dassault aviation et son personnel on pu élaborer le RAFALE. J'assiste souvent à des meetings aériens ou le RAFALE est en démonstration. L'erreur vient de nos politiques depuis monsieur Mitterrand qui ont réduit les budgets des armées , mais qui emploient du personnel et donne de la richesse vive (avec Dassault et autres entreprises) à la France et non des assistés .

maximilien

Intéressés, intéressés...

dimanche 6 septembre | 14:17

Si, si, ils sont bien très bien les deux Brésiliens, sur la photo. Faut bien vivre, ne mégotons pas, sérieux pour une fois.

garys/et/ami(e)s.

A "A.O.C."

dimanche 6 septembre | 12:44

La réalité fait plus peur que la fiction. Ne serait-ce pas un mal, pour éventuellement un bien?

tupinamba

triste succès.

dimanche 6 septembre | 10:49

Quel dommage que les plus grandes réussites commerciales françaises au Brésil, pays pacifique, soient dans le domaine des armes. Il serait plus utile de renforcer notre présence industrielle civile dans ce pays.

A.O.C.

Petits arrangements

samedi 5 septembre | 22:27

Sarko : Allez... Lula... prends quelques Rafale de mon ami Serge, et t'inquiète pas pour la pollution, je vais faire payer une de ces taxe "carbone" aux Français... [...] Et puis du temps qu'on y est, tu peux encore brûler quelques centaines de millions d'hectares de forêt, j'ai les copains du G 20 dans la poche.

pipeau

Cocorico

samedi 5 septembre | 21:54

Le nationalisme excessif des cocoricoboys nous fait clamer haut et fort à chaque fois que ce que nous faisons est meilleur, plus beau, de meilleure qualité que ce que font les autres. Les arguments des franchouillards : c'est français, c'est donc bon. A mourir de rire et à pleurer. La France produit d'excellents produits et de moins bons, c'est le cas des Rafales, des chars Leclerc et de notre m... de porte avion, une m... infâme qui ne fonctionne pas. Soyons plus modestes et réalistes et acceptons de nous appuyer sur les compétences comme celle des Anglais ou des Américains pour les navires. Acheter coûte moins cher que produire des m... Au nom de notre "grandeur", on veut tout faire et on fait parfois bien mal... Il faut aussi savoir vendre...

Yamamoto

A ceux qui couinent au sujet du prix

samedi 5 septembre | 19:35

A ceux qui clament qu'on ferait mieux de donner l'argent à l'éducation nationale au lieu d'acheter ces avions : le prix d'un Rafale (avec ses armes) représente un peu plus de 6 minutes de fonctionnement de notre éducation nationale... qui perd ses journées ouvrées sans trop compter...

O-brasileirinho

Le Brésil n'achètera pas des Rafale

samedi 5 septembre | 19:07

Hélas de vous décevoir ! Mais je n'ai pas pu résister face aux excès d'optimisme affichés dans les commentaires de cet article du Point. Mais dans les coulisses de l'Itamaraty (le ministère des relations extérieures du Brésil), le bruit qui court c'est que le Brésil se penchera finalement vers le Saab JAS 39 Gripen. Des officiers de la FAB (Força Aérea Brasileira ) n'affichent pas un grand enthousiasme pour un accord de transfert de technologie si le contrat de vente est donné aux Français, lesquels seraient réputés dans le milieu militaire brésilien « difficiles à côtoyer ».

jackyaci

samedi 5 septembre | 18:22

Il faudrait dire : "fait semblant de s'intéresser au Rafale". Le Brésil n'est pas le pigeon de l'année 2009.

Charlemagne2009

VRP

samedi 5 septembre | 17:46

Le rafale est sans doute un des meilleurs avions de chasse de sa génération, vu sa polyvalence. Le problème qui se pose à lui n'est pas la technologie de ses concurrents les plus directs mais simplement un problème de VRP, les Etat-Unis et la Russie mettent le gros paquet pour vendre leurs appareil. A nous de savoir en faire autant...

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