Elle siégera aux côtés de la star du foot Lilian Thuram et de l'académicien François Cheng (ainsi que de Claude Imbert, fondateur du Point ), sous la présidence de la philosophe Blandine Kriegel. Docteur en droit, maître de conférences à Paris-I, Jeannette Bougrab est, à 29 ans, la benjamine du Haut conseil à l'intégration installé le 24 octobre par Jean-Pierre Raffarin.

Elle est née à Châteauroux. Fille de harkis (ses grands-parents ont été égorgés par le FLN en 1955 et son père est resté dans l'armée française jusqu'en 1967), elle n'a jamais parlé l'arabe à la maison. Mais, dit-elle, « j'ai le même passé que les jeunes issus de l'immigration ».

« Mon père a la Légion d'honneur, et on le traite de "sale Arabe" , s'indigne la jeune femme. Mon frère, militaire, revient de quatre mois au Kosovo, et il se fait refuser l'entrée d'une boîte de nuit à cause de sa tête... Vous ne trouvez pas cela révoltant ? »

Son père était ouvrier dans une fonderie, la nuit. « Il était brûlé, mais même avec 40 de fièvre, il travaillait, admire Jeannette. Nous avions très peu d'argent, mais, s'il nous fallait un livre, mes parents se sacrifiaient. » Ses parents ne savent ni lire ni écrire. Elle est l'auteur d'une thèse remarquée, « Les origines de la IVe République », et prépare l'agrégation de droit public. Et elle est encouragée par des sommités. Didier Maus, au Conseil d'Etat : « Elle a le sens de la recherche et du document. » Pierre Mazeaud, au Conseil constitutionnel : « C'est une juriste de très grande qualité. »

« Il faut mettre l'accent sur la réussite à l'école , dit Jeannette Bougrab. Tout le monde ne peut pas être Zidane. »