L’alliance arabo-européenne contre l’Occident

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Milliere Guy - mercredi 26 avril 2006

L’Europe prend des allures crépusculaires. Après les attentats de Madrid, les Espagnols ont manifesté un esprit de reddition. La paix, ont-ils dit par milliers dans les rues de Madrid. Le message s’adressait aux dirigeants d’Al Qaida qui l’ont reçu cinq sur cinq. Aznar a été remplacé par Zapatero. Depuis, l’Espagne a pris ses distances avec les Etats-Unis et s’est rapprochée d’Hugo Chavez. La ligne vis-à-vis de l’islam radical est celle de la « coexistence pacifique » et, dans les mosquées du pays, on se prend à rêver au retour d’al Andalus. L’économie s’essouffle peu à peu, mais c’est logique en ce contexte.

En Italie, il n’y a pas eu d’attentat, mais l’esprit de reddition est très semblable. Si le gouvernement Berlusconi n’avait réussi à faire passer que fort peu de réformes, au moins avait-il libéré le marché du travail et fait baisser le chômage, et au moins était-il conscient des menaces qui pèsent sur l’Europe. L’hétéroclite coalition Prodi qui le remplace apporte avec elle quelques tristes certitudes : les réformes nécessaires ne seront pas menées, l’alliance italo-américaine va se trouver rompue, la ligne vis-à-vis de l’islam radical sera celle de l’apaisement, voire pire si l’on songe que l’on trouve, derrière Prodi, des altermondialistes qui ne dissimulent pas leur sympathie pour le Hamas.

Si on ajoute l’immobilisme dans lequel la France est plongée, l’enlisement de la grande coalition allemande et les ombres de fin de parcours qui montent autour de Tony Blair en Grande-Bretagne, on se demande si ce n’est pas le continent tout entier qui se relègue lui-même dans le révolu.

En lisant Eurabia, le remarquable livre de Bat Ye’or, on dispose d’éléments précis permettant de discerner ce qui se passe. Une stratégie cynique et douteuse a été mise en œuvre voici un peu plus de trois décennies. Elle a pu, quelque temps, sembler comporter des avantages. C’est désormais un engrenage infernal que rien ni personne ne paraît en mesure d’arrêter.
L’idée de départ est française et gaullienne : il s’agit de trouver le moyen pour la France de retrouver sa grandeur perdue. L’instrument sera la construction européenne où la France fera tout pour jouer un rôle moteur.
Le levier sera la « politique arabe de la France », qui deviendra « politique arabe de l’Europe » et qui aura pour finalité ultime la création d’un grand bloc euro-arabe susceptible de faire pièce aux Etats-Unis.

L’avancée se fera économiquement : signature de contrats préférentiels avec diverses dictatures arabes. Elle se fera démographiquement : on ouvrira les portes de l’Europe à une véritable immigration de peuplement pour que la destinée des peuples concernés soit inextricablement mêlée. Elle se fera culturellement : on insistera de plus en plus sur l’apport de l’islam et du monde arabe aux cultures européennes ; plutôt que d’inciter les populations immigrées à s’intégrer, on prendra soin de les maintenir dans une extrême proximité avec leur culture d’origine. Elle se fera diplomatiquement : on se rapprochera de la vision du monde disséminée par la Ligue Arabe et l’Organisation de la Conférence Islamique, anti-américanisme, antisionisme et, parfois, antisémitisme compris.

La stratégie, disais-je, a pu un temps sembler comporter des avantages : main-d’œuvre bon marché, contrats mirifiques de vente d’armes, accords pétroliers, avancée vers une Europe découplée d’avec l’Amérique.
Nous en sommes au stade de l’engrenage infernal. La stabilité du monde arabe n’a été que la stabilité d’un pourrissement faisant le lit de l’islam radical. Les effets de rente économique se sont évanouis. L’immigration de peuplement ne crée que la coexistence de deux populations : l’une non musulmane et vieillissante, l’autre musulmane et jeune qui discerne qu’elle a l’avenir pour elle. Les hommes politiques sont pris au piège d’une pusillanimité générale et, faute de maîtriser ce qui se joue, se contentent d’accompagner en adoptant l’attitude du chien crevé au fil de l’eau.

La création d’Eurabia avance : elle risque d’accoucher d’un monstre. Mais ce ne serait pas la première fois en Europe que la mise en œuvre de mauvaises idées finirait mal…

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