23 août 2008

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CRITIQUE DE LIVRE
Le Temps I Livres I Correspondance I Critique littéraire
Les amours littéraires maudites d'une féministe et d'un poète
Italie. Pionnière de la libération des femmes au début du XXe siècle, militante politique, romancière célèbre, Sibilla Aleramo vécut une relation tumultueuse avec le poète méconnu Dino Campana, auteur d'un seul recueil.


Titre: Ursa minor. Notes de carnet et d'autres encore
Auteur: Sibilla Aleramo (3 livres chroniqués)
Editeur: Rocher
Autres informations: Edité par Anna Folli. Trad. de Jeanne-Hortense Alzinson
250 p.

Sibilla Aleramo – Dino Campana. Ce Voyage nous l'appelions amour. Lettres 1916-1918. Edité par Bruna Conti. Trad. de Béatrice Vierne. Ed. du Rocher, 194 p.




Titre: Ce Voyage nous l'appelions amour. Lettres 1916-1918
Auteurs: Dino Campana, Sibilla Aleramo (3 livres chroniqués)
Editeur: Rocher
Autres informations: Edité par Bruna Conti. Trad. de Béatrice Vierne.
194 p.




Titre: Une Femme
Auteur: Sibilla Aleramo (3 livres chroniqués)
Editeur: Ed. du Rocher
Autres informations: Trad. de Pierre-Paul Plan.
252 p.
Marco Sabbatini, Samedi 16 août 2003
Le jeudi 3 août 1916, Sibilla Aleramo rencontre pour la première fois Dino Campana. Elle a 40 ans, il en a 31. Quelques jours plus tôt, après la lecture du seul et unique livre du poète (Les Chants orphiques), elle lui avait adressé ces vers passionnés: «Je ferme ton livre,/ je dénoue mes tresses,/ ô cœur sauvage,/ cœur mélodieux...» C'est le début d'une relation tumultueuse qui va durer moins de deux ans et marquer à jamais la littérature italienne. Dans Ce Voyage nous l'appelions amour (Un Viaggio chiamato amore, publié en Italie par Feltrinelli tout comme les autres ouvrages de Sibilla Aleramo), Bruna Conti a édité les lettres et les poésies des deux amants. Michele Placido les a transposées l'an passé pour le grand écran, avec Laura Morante dans le rôle principal.

Dino Campana, qui a publié son recueil en 1914 à compte d'auteur, peine à trouver des acheteurs et finira ses jours dans un asile psychiatrique: quasiment inconnu du grand public,

il deviendra tardivement pour les Italiens un «poète maudit» à la Rimbaud. Sibilla Aleramo, elle, est déjà un écrivain réputé, et le jeune poète a eu la révélation de son extraordinaire beauté en contemplant son profil sur les pièces de vingt centimes en circulation depuis 1908, œuvres du sculpteur Leonardo Bistolfi, auquel elle a servi de modèle. «Je brûle ma vie. C'est

magnifique. Pas une minute qui ne soit un trait de feu. Qui ne soit ardeur et intelligence. Combien cela va durer, je ne sais», écrit Sibilla Aleramo dans Ursa minor, recueil de notes et d'aphorismes en forme d'autoportrait. Lorsqu'elle rencontre Dino Campana, cette

femme belle et courageuse a déjà fait de nombreuses expériences sentimentales et littéraires.

Rina Faccio – c'est son vrai nom – épouse très jeune un employé de son père. La naissance d'un enfant la retient pendant dix ans dans ce foyer où elle est si malheureuse qu'elle tente de se suicider. C'est l'écriture qui la sauve. Elle décide finalement de quitter son mari, violent et autoritaire, et par là même son fils, pour retrouver sa liberté. C'est cette histoire qu'elle raconte dans Une Femme (Una Donna), publié en 1906: l'un des premiers romans féministes italiens, dont le succès ne s'est jamais démenti, puisqu'il en est aujourd'hui à sa quarante-deuxième édition et a été traduit dans de nombreuses langues.

Le livre fait scandale: voilà une femme qui abandonne non seulement son mari mais aussi son fils! Malgré l'évolution des mœurs et une écriture parfois un peu datée, le roman est d'une telle sincérité qu'il parvient encore à passionner le lecteur. Sibilla y illustre pour la première fois sa conception de la femme, qu'elle résume ainsi dans Ursa minor: «Les personnes qui m'ont suivie dans ma lente élaboration depuis trente ans savent que l'une de mes «idées fixes» est celle de l'autonomie de l'esprit féminin; celle de prétendre que la poétesse se différencie nettement du poète; de prétendre que la femme soit elle-même, qu'elle exprime sa réalité et son mystère, au-delà de toute suggestion masculine.»

Après ce succès littéraire, Sibilla Aleramo va mener une vie errante et modeste, mais très riche en rencontres artistiques: Stefan Zweig, D'Annunzio, Claudel, Péguy, Valéry, Verhaeren, Rodin, Apollinaire, Anatole France, pour n'en citer que quelques-uns. Si Dino Campana reste son plus grand amour, elle aura au cours de sa longue existence de nombreux amants, parmi lesquels Vincenzo Cardarelli, Giovanni Papini, Umberto Boccioni, Giovanni Boine, Julius Evola et Salvatore Quasimodo. En 1946, fidèle à ses convictions progressistes, elle s'inscrit au Parti communiste italien et se dévoue jusqu'à sa mort, en 1960, au combat social qu'elle avait courageusement choisi soixante ans plus tôt. «Tous les volumes de Sibilla sont autobiographiques, même quand ils sont écrits à la troisième personne», confie l'auteur dans une notule rédigée au soir de sa vie. Lire un livre de Sibilla Aleramo, c'est donc découvrir un fragment de ce vaste et passionné autoportrait qu'est son œuvre.


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