Mon ex-mari, cet inconnu...

Par Karlin Elise, publié le 07/10/2009 12:11 - mis à jour le 07/10/2009 13:09

Nicolas Sarkozy et Sylvie Brunel lors d'un meeting des "Progressistes". thnik tank dirigé par Eric Besson le 09 novembre 2007 à Paris. AFP PHOTO JEAN AYISSI

AFP PHOTO JEAN AYISSI

Nicolas Sarkozy et Sylvie Brunel lors d'un meeting des "Progressistes". thnik tank dirigé par Eric Besson le 09 novembre 2007 à Paris. AFP PHOTO JEAN AYISSI

La géographe Sylvie Brunel a vécu près de trente ans avec Eric Besson. Après leur divorce, elle a choisi d'écrire leur histoire. L'ascension politique d'un ambitieux, la désillusion d'une féministe : deux guerres parallèles. Extraits de ce Manuel... choc.

 

C'est le titre qui a posé le plus de problèmes. Sylvie Brunel refusait que son Manuel de guérilla soit à l'usage des femmes "larguées", comme le proposait l'éditeur. Eric Besson, l'ex-mari, ne tenait pas à ce que l'ouvrage s'adresse aux femmes "trahies", choix initial de l'auteur - sur la trahison, il estimait avoir suffisamment donné. Entre-temps, il a été question de dédier le livre aux femmes "mûres". Finalement, largués, trahis ou mûrs, tous les protagonistes de l'aventure sont tombés d'accord : il s'agit, sans autre chichi, d'un Manuel de guérilla à l'usage des femmes.

Il y a longtemps que Sylvie Brunel songeait à écrire un roman dont son mari serait le héros : orphelin de père, marqué par une enfance choyée puis par la brutalité de l'univers du pensionnat, socialiste puis ministre de Nicolas Sarkozy, Eric Besson est un homme plus complexe qu'il n'y paraît.

Il y a longtemps que Sylvie Brunel songeait à écrire un essai sur ces femmes quinquagénaires, fracassées par une rupture conjugale au détour d'une vie de tromperies. Féministe dans l'âme, elle y voyait l'occasion de dresser le portrait d'une génération, sexuellement "libérée" en 1968 et finalement flouée par ses propres renoncements.

Ce Manuel de guérilla à l'usage des femmes, double récit donc, étrille les hommes en général, mais pas l'ex-mari en particulier. On découvre d'ailleurs un séducteur - un tombeur ! - plutôt franc, un père enthousiaste et un politique orgueilleux. Le problème, c'est que Monsieur est... ministre en exercice. Et que c'est la première fois qu'une porte s'ouvre si grand, de l'intérieur, sur la vie privée d'un membre du gouvernement.

Après avoir tenté, en vain, de dissuader sa femme d'écrire ce livre, Eric Besson l'a introduite chez son propre éditeur, soucieux de circonscrire le pire. Ce qui n'a pas empêché Sylvie Brunel de se sentir libre : elle n'a accepté, à la demande de Grasset, qu'une seule coupe, un chapitre consacré à la nouvelle compagne de son ancien époux. "Pas classe", assura l'éditeur, entendu par une femme intelligente.

Eric Besson, de son côté, après avoir lu les passages le concernant, s'est engagé par écrit à n'intenter aucun procès. Dans sa vie d'avant, mari modèle, Besson posait en famille dans Gala. Désormais, il a pris une décision : il attaquera, promet-il, tous les journaux qui publieront une photo de sa nouvelle compagne. Question d'âge, sans doute.

Le mariage

15 octobre 1983. Mairie de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, Rhône. Le maire énonce les principes bien connus du Code civil : "Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance..." Eric l'interrompt alors d'une voix claire : "Secours, assistance, oui. Fidélité, non." Stupeur de l'assistance. Quelques rires, dont celui de ma mère. Jaune.

Le maire m'interroge du regard : doit-il suspendre la cérémonie, comme, j'imagine, la loi l'exige ? Je ne sais pas comment réagir : depuis que je suis toute petite, mes parents m'ont inculqué l'idée qu'il ne faut pas se faire remarquer. A la perspective de mettre fin immédiatement à ce mariage, de blesser et d'humilier ma mère, qui a passé du temps à tout préparer pour le repas qui va suivre, de voir chacun se lever, peiné, et se séparer sur cette déclaration intempestive, tout mon courage m'abandonne. Mes principes aussi. Je prends sur moi. "Il plaisante, monsieur le maire, il plaisante. Vous pouvez continuer."

L'édile obtempère. Au fond de moi, je suis humiliée. Mais j'ai horreur du scandale, surtout sur des questions aussi intimes. Pourquoi Eric s'est-il senti obligé de lancer une telle provocation ? Par honnêteté probablement. Il ne veut pas me mentir. Préfère avertir tout le monde d'emblée : qu'on ne lui demande pas de prendre un engagement qu'il se sait incapable de tenir. Qu'il n'a pas tenu pendant les cinq ans que nous venons déjà de passer ensemble. Et qu'il ne tiendra pas plus après. Je ne pourrai pas dire que je n'ai pas été prévenue.

[...] Il s'est avéré beaucoup plus volage que je ne l'aurais souhaité... Quant à moi, la prétendue liberté qu'autorisait notre pacte conjugal ne m'a que médiocrement amusée. Et ma tolérance - ou mon ouverture d'esprit, ou ma bêtise, selon les points de vue - ne m'aura pas protégée de l'issue prévisible : parce qu'il côtoie de plus en plus de jeunes femmes attrayantes et d'autant mieux disposées qu'il est ministre, mon mari s'est mis à vivre le couple comme un carcan.

Tout ça pour ça...

Peu à peu, son discours a changé : il a commencé à évoquer le fait qu'il pourrait "refaire sa vie", avoir des enfants avec une autre. A ce moment-là, j'ai compris que les choses étaient plus graves que je ne le croyais. Jusque-là, ses maîtresses interchangeables s'annulaient mutuellement. Et voilà que, plus maligne ou plus déterminée que les autres, l'une d'elles posait des conditions, exigeait l'exclusivité. Et que mon mari se montrait réceptif à un discours qui l'avait toujours jusque-là poussé à rompre.

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Commentaires (61)

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Passagère

Passagère - 17/10/2009 17:40:17

Que de méchanceté ! des conseils, des jugements, des injures... Je trouve la situation évoquée dans le livre intéressante, l'analyse aussi, la volonté d'attirer l'attention sur les femmes âgées que l'on trahit honorable . Mais le plus minable se juge à la hauteur pour critiquer. Regardez-vous d'abord.

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wrenSO

wrenSO - 16/10/2009 14:01:53

A la lecture de l'excellent "La planète Disneylandisée" de Sylvie B. j'avais déjà deviné que son mari était un chieur fini. Doit-elle se lamenter d'en avoir fini avec lui ? POur avoir vécu le divorce de 2 copines larguées par Monsieur pour une jeunette, je sais que ce genre de situation est terrible. Virez Monsieur avant qu'il ne vous jette et remariez-vous avec un plus jeune. C'est ce que j'ai fait voilà 10 ans et je ne le regrette pas. Et si vraiment Monsieur vous largue, ne vous laissez pas faire. Faites le casquer un maximum.

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povsylvie

povsylvie - 14/10/2009 13:46:13

ben moi j'ai bien aimé ce " deballage" mais surtout elle a assumé sa vie, ses enfants, et le pere de ses enfants, jetrouve que ce n'est pas si mal!! evidemment maintenant ou l'on divorce à la premiere dispute, je dis il faut du cran pour tenir aussi longtemps avec un goujat, la morale de l'histoire (s'il devait y en avoir une) est qu'il est enfin tombé sur la Femme qui à mon avis va le faire "danser" à suivre.....

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Mamie

Mamie - 14/10/2009 09:04:21

Que s'est-il passé dans la tête de cette femme quand elle donnait son "Oui" ? Sans doute, à l'époque, elle était encore trop sous l'influence d'un milieu qui se préoccupe plutôt de la façade que de ses vrais besoins. Il est vrai qu'elle ne paraît pas crédible en tant que "féministe". Nous avons lu les extraits d'un livre qui apporte des informations sans intérêts sur une famille très banale. Mais surtout: il n'apporte aucun avantage aux lecteurs. De plus, le style n'est pas littéraire. Les politiciens d'en haut tiraient toujours un certain avantage du mystère qui entourait leur vie privée. Cela est désormais révolu. Les voilà qui se trouvent en pleine lumière jusque dans les recoins sombres et parfois glauques de leur vie privée. Question: qui prendra les décisions importantes dans cette maison de fous qu'est la politique? Question à "picard50": étiez-vous professeur de français?

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lba972

lba972 - 13/10/2009 20:01:27

finalement, a la lecture de ce que madame dit, je crois que ce divorce est ce qu'il pouvait arriver de mieux a monsieur besson.

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lumigny

lumigny - 13/10/2009 10:07:31

Est ce bien utile ce déballage ? Mme Ex Besson devrait avoir une attitude positive en essayant par exemple de refaire sa vie. Se lamenter sur son sort , n'est pas ça l'impudeur absolue ?

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judas

judas - 13/10/2009 00:12:49

À mourir de rire. Partager trente ans de mensonges avec un type pareil... puis enfin, ouvrir les yeux, il faut le faire ! Que de médiocrité ! Qui se ressemble, s'assemble... La famille Besson ne passera certainement pas à la postérité... :D

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neon

neon - 12/10/2009 22:27:22

La différence entre sylvie et Ségoléne c'est que Miss Poitou Charente elle en a dans le pantaln et besson a raison son destin est lié à celui de notre guignol de président s'il perd en 2012 on envoie Besson le traitre à Cayenne ou à Kaboul.

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ubu40

ubu40 - 12/10/2009 21:05:38

Après 30 ans de vie commune et trois enfants, son mari reste "un inconnu". Pour les Français qui l'ont désormais comme ministre, cet individu est désormais bien (trop) connu.

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jmleger

jmleger - 12/10/2009 17:40:36

(je termine...) ... Quant à Julien Dray, il avait 7 and en 62 et ses parents étaient des sympathisants FLN et coopérants, donc des pieds-noirs d'occasion. Si le Besson il a fait ce qu'il a fait à sa bonne Sylvie, c'est pas parce qu'il serait pieed-noir, ce que je récuse, c'est parce que c'est un fumier. Et elle une hmara. Comment, il t'annonce qu'il va te cocufier en pleine cérémonie de mariage et tu restes plantée là comme une banane? Après tu viens me chanter que ti es féministe? Attends un peu, si mon père il avait fait ça à ma mère en pleine mairie d'Oran en 47. Ma parole, il revoyait plus la Place d'Armes, qu'elle est juste devant la porte. Et elle savait rien du féminisme, ma mère. Elle savait seulement qu'il y a des choses que tu fais et des choses que tu fais pas. De grâce messieurs les journaleux et autres écrivaillons, cessez, dès que vous lisez que quelqu'un est né de l'autre côté de la mer à une certaine époque, d'expliquer les faiblesse de son caractère par le fait qu'il serait pied-noir. Nous en avons ras la casquette. Etre pied-noir ce n'est pas automatiquement être un coureur de jupons ou un amateur de bling bling. Respectez ceux à qui vous devez tant et que le pays a reçu comme des chiens galeux en 62. Et si vous ne pouvez pas les respecter, du moins foutez-leur la paix.

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