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Entretien

Björk: "Quand j'enregistre, je réagis à mes envies"

Propos recueillis par Philippe Cornet, avec Paola Genone, publié le 18/06/2007 - mis à jour le 25/06/2007 10:04

L'étonnante artiste islandaise vient de sortir un nouvel album, Volta, totalement auto-produit et enregistré dans les trois villes entre lesquelles elle partage sa vie: New York, Londres et Reykjavik. Björk sera en France cet été pour deux concerts exceptionnels, à Nîmes et à Paris. Interview.

 

On la surnomme la chanteuse «à la voix de cristal». Mais la fée Björk est bien plus qu'une virtuose capable de grimper et de dévaler les octaves avec une souplesse étourdissante.

I've Seen It All En mars 2001, Björk, habillée de sa célèbre "robe cygne", recevait l'oscar de la chanson la plus originale pour ce titre, à l'occasion de la 73e remise des Academy Awards.

© JP/RCS/REUTERS

I've Seen It All
En mars 2001, Björk, habillée de sa célèbre "robe cygne", recevait l'oscar de la chanson la plus originale pour ce titre, à l'occasion de la 73e remise des Academy Awards.

Femme de glace et de feu, Björk est la créatrice d'un monde fantastique, fait d'images autant que de sons. Depuis son premier album solo, en 1993, cette reine de la métamorphose et des prestations scéniques survoltées n'en finit pas de surprendre avec ses tenues vestimentaires extravagantes - robes en plumes écarlates, kimonos de geisha, yeux soulignés d'un pourpre outrageux et tenues de guerrière cybernétique... Enfant prodige, Björk a l'habitude d'étonner: à 11 ans seulement, elle sortait son premier album. A 15 ans quittait la maison pour travailler dans une poissonnerie. Puis elle fondait, trois ans plus tard, le groupe Kukl (Sorcellerie). Toujours animée de sa fièvre créatrice, la petite Islandaise vient de sortir son sixième album, Volta. Et décoche une de ses plus belles flèches: percussions tribales, harpes chinoises, mélodies planantes pop, jazzy et électroniques... Björk définit son disque comme une «oe; uvre techno vaudoue où je me suis laissée aller à une émotivité et une impulsivité proches de la transe». A l'occasion de sa tournée française, la chanteuse, âgée de 41 ans, se raconte.

On perçoit une nouvelle Björk dans cet album... Quelles sont les sources d'inspiration de ces dix nouvelles chansons?

J'avais réalisé successivement trois disques trop cérébraux et je ressentais le besoin de m'en démarquer. Je voulais goûter à de nouvelles expériences, tant émotionnelles que musicales. Ainsi, j'ai écrit des ballades très personnelles, comme I See Who You Are et My Juvenile, dédiées à mon fils et à ma fille: je m'y remets en question en tant que mère... J'ai aussi composé une chanson comme Earth Intruders, influencée par ma vision du tsunami indonésien, dont j'ai vu les dégâts lorsque je me suis rendue là-bas pour l'Unicef, début 2005. Le désastre naturel était tellement outrageant qu'il était impossible de ne pas en être affecté.

Volta La pochette du dernier album est une création du styliste Bernhard Wilhelm. "L'idée du fun était le premier objectif, dit Björk, mais je pensais également à un univers de "vaudou électronique", à la présence obsédante de la nature."

© DR/Universal

Volta
La pochette du dernier album est une création du styliste Bernhard Wilhelm. "L'idée du fun était le premier objectif, dit Björk, mais je pensais également à un univers de "vaudou électronique", à la présence obsédante de la nature."

La liste de vos musiciens dans Volta est plutôt éclectique... Comment les avez-vous choisis?

Quand j'enregistre, je réagis à mes envies. Il faut que la perspective d'une collaboration m'excite. Il existe une connexion entre ces musiciens très différents - le Malien Toumani Diabaté (maître de la kora), les percussionnistes congolais, la harpiste chinoise Min Xiao-Fen... - qui sont tous des virtuoses, des êtres spirituels et ouverts d'esprit. C'est donc beaucoup moins schizophrénique que cela n'en a l'air! L'appellation de «tribu universelle» est plutôt une blague, mais une blague en laquelle je crois.

En 2000, à Avignon, le styliste Alexander McQueen a travaillé avec vous sur l'installation Angel. La même année, au Festival de Cannes, vous avez fait sensation en portant la «robe cygne» de Marjan Pejoski. L'expérimentation est-elle votre premier critère de travail?

Non, je pense que les gens intellectualisent trop les vêtements, les prennent trop au sérieux. Si vous ne portez pas de costume noir Armani ou un truc de ce genre, vous risquez d'être arrêté! Il y a cette tendance tacite de vouloir se subordonner à une sorte d'uniforme de police, de se conformer à un stéréotype. Ce que je refuse totalement!

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