Ciné & Spectacle //

L'Express du 03/08/2006

Pierrefonds

Ci-gît l'Histoirepar Michèle Leloup

Cent gisants et orants dans une crypte, le temps d'un Bal. Des éclairages de maîtres pour une atmosphère surréaliste

aléidoscope de lumières, bruissement d'étoffes, glissement d'un archet sur des cordes, murmures et poèmes chuchotés, c'est dans cette atmosphère, à la fois mystérieuse et festive, que le château de Pierrefonds (Oise) présente dans sa galerie souterraine Le Bal des gisants. Cette exposition étonnante présente cent gisants et orants (personnages représentés en prière), véritable trésor méconnu du patrimoine français, et ce sont Hélène Richard et Jean-Michel Quesne, artistes issus du monde du spectacle vivant et de l'image numérique, qui en ont réalisé la mise en scène. Ces maîtres de l'illusion et du trompe-l'œil - connus sous le nom de Skertzo - ont déjà mis leur talent au service de scènes éphémères ou de spectacles originaux, notamment la Fête des lumières à Lyon, la Nuit des chimères au Mans ou encore la colorisation par faisceaux lumineux des cathédrales de Rouen et d'Amiens.

© Olivier Ouadah / Skertzo

Personnages représentés en prière, commandés par Louis-Philippe pour le Musée national du château de Versailles.

«L'idée était de dépouiller ces statues de leur rôle historique pour donner une impression proche du surréalisme», expliquent-ils. La bande-son, composée avec leur compère Patrick Abrial, ajoute à l'étrangeté de cette crypte où le visiteur est bercé par des voix d'outre-tombe. En l'occurrence, celles de comédiens récitant des tirades d'auteurs célèbres, parmi lesquels Apollinaire, Charles Baudelaire, Montaigne, Jean Genet...

Représentant des personnages étroitement liés à la monarchie française et commandées par Louis-Philippe pour le Musée national du château de Versailles, ces sculptures en plâtre proviennent, pour la plupart, de la nécropole de la basilique de Saint-Denis. Dans les années 1920, elles avaient été réparties dans différents monuments historiques. L'an dernier, leur dépôt fut officialisé au château de Pierrefonds, édifice qu'administre, depuis peu, l'énergique Isabelle de Gourcuff: «La scénographie de la galerie des gisants est pérenne et fait partie d'une remise en valeur du site. Actuellement, nous restaurons le parc à vocation militaire et, pour ce faire, nous avons engagé 14 personnes en contrat de réinsertion.»

Un pastiche de pure fantaisie

La reprise en main des lieux - où s'installe, jusqu'au 17 septembre, une exposition de 300 pièces style Art nouveau réalisées en faïences et grès de Pierrefonds - vise à redorer le blason de ce château commandé, en 1393, par Louis d'Orléans. Etrangement, ses ruines servirent de décor au mariage de la fille de Louis-Philippe, et c'est seulement en 1857, sur les conseils de Prosper Mérimée, que Napoléon III ordonna sa restauration complète au célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier, auteur du Dictionnaire raisonné de l'architecture française, «recrée» ici, presque pierre à pierre, un château qui se révèle n'être finalement pas plus la reconstruction à l'identique d'une forteresse du XVe siècle qu'un pastiche de pure fantaisie. Il s'agit plutôt d'une libre interprétation de l'époque médiévale. A redécouvrir.



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