propos recueillis par Gilles Médioni, mis à jour le 12/03/2007 12:56 - publié le 31/08/2006
La star du rap au féminin, qui vient d'être nommée directrice artistique du label Motown France, a conquis toutes les générations avec ses tubes joyeux ou bagarreurs. Alors que son dernier album, Dans ma bulle, caracole en tête des ventes, avant la tournée des Zénith, Diam's livre la main sur le cœur ses confessions intimes
Elle arrive en trombe, le casque de scooter sous le bras. C'est Diam's tout crachée avec ses jeans-baskets et ses boucles d'oreilles qui ont fait son style. A 26 ans, Mélanie Georgiades, qui a poussé à Orsay (Essonne), entre une maman française travaillant dans l'événementiel musical et un père chypriote absent, a toujours l'air d'une femme-enfant. Mais ses textes relatent le quotidien cru des quartiers, le sexisme, le machisme, la solidarité entre filles, la rage et la douceur de vivre… Vite! une clope. Hop! un jus de fruit. Et la jeune tchatcheuse généreuse, en qui tant de teenagers se reconnaissent, replonge dans son adolescence et raconte sa métamorphose.
Des disques d'or et de platine. Des tubes générationnels comme DJ et La Boulette. Une victoire de la musique… Adolescente, rêviez-vous d'un tel parcours?
15 ans, c'était l'époque de mes premiers textes de rap… Et non, bien sûr, je n'aurais jamais pensé vivre ce que je vis. Je n'attendais rien. Je n'étais pas destinée à réussir. Pas ambitieuse. Pas douée pour les études. Au collège, j'étais le bon copain, le p'tit mec. En dehors des cours, y'avait plus personne. Les adultes ne me comprenaient pas… J'ai trouvé mes réponses dans les disques de rap et avant tout dans ceux de NTM. J'étais bien, seule avec mon casque de Walkman sur la tête. Un jour, j'ai appelé une émission de radio, j'ai rappé en direct… Quand mon album Premier Mandat est sorti, je finissais ma première. J'ai arrêté juste avant le bac. Ma colère était alors très adolescente. Et, si elle resurgit encore, c'est à cause de mon adolescence.
Dans La Boulette. Génération nan nan, vous scandez: «C'est pas l'école qui nous a dicté nos codes.»
L'école m'a appris à lire, à écrire, à vivre en communauté. Elle m'a freinée aussi: il ne fallait surtout pas sortir du cadre. C'est à l'extérieur, en me frottant à d'autres cultures, que j'ai appris les valeurs humaines.
Ma France à moi milite pour une nation métissée. Marine combat le Front national. Un coupon glissé dans votre album incite à voter. Et, pourtant, vous refusez le terme de chanteuse engagée.
Je dis des choses toutes simples, presque innocemment, mais sans aller par quatre chemins: «Ma France à moi peut embellir la tienne et non pas la casser.» Je ne me vois ni comme un porte-drapeau ni comme un porte-parole, d'ailleurs je ne suis pas dressée pour, sinon je ferais de la politique. Je lance davantage un regard de reporter, curieux, passionné, sur la société. Je raconte cette atmosphère qui nous plombe et comment, malgré les craintes et les casseroles, les jeunes bravent les épreuves pour devenir des hommes et des femmes bien.
© DR
Et vous recevez en retour des centaines de lettres…
Je réponds à toutes.
Pour le faire correctement, vous avez même repris des cours d'orthographe?
Et aussi de grammaire. Je ne pouvais pas imaginer qu'un minot montre à ses parents un mot de Diam's criblé de fautes. J'hésitais des heures entre é ou er, ons ou ions, ai ou ais… Les gens m'écrivent, parce que je me livre énormément dans mes textes et sans doute parce qu'ils pensent que je n'ouvrirai jamais leurs lettres. Certaines m'ont poignardée. M'ont fait pleurer. J'en ai gardé sur moi, j'en ai fait encadrer. Après Ma souffrance [sur les violences conjugales dont Diam's a été victime, à 17 ans], beaucoup de petites nanas de 12-13 ans m'ont témoigné leur détresse. Je trouvais horrible qu'elles se reconnaissent dans cette chanson. Peut-être étaient-elles enfants de divorcés? Témoins? Victimes? Je me suis retrouvée à glisser des numéros verts, à conseiller d'appeler la police. C'est très perturbant.
Est-ce que tout cela ressort dans vos morceaux?
Non. Car la souffrance des autres ne m'inspire pas: elle me conforte juste dans mon mal-être. Dans le fait de ne pas souffrir de ma culpabilité. J'ai mis des années à écrire le titre TS [tentative de suicide]. J'avais honte d'avoir voulu mourir à 15 ans. Juste avant le morceau, je dis bien que rater cette vie aurait été trop con. Je ne voulais pas faire l'apologie du suicide ni le blâmer non plus. C'est encore à vif. Lorsque j'ai enregistré TS, j'ai baissé la lumière et j'ai demandé à tout le monde de sortir… Mais, à côté de ces chansons sombres, il y en a plein qui bougent: La Boulette, Big up, Jeune Demoiselle… Le but est quand même de donner la patate.
«Lever la tête, bomber le torse», affirmez-vous dans Ma philosophie, le tube que vous avez coécrit pour Amel Bent?
C'est tout moi. Tout Amel aussi. Toutes les filles de notre âge. Je ne suis pas SuperDiam's et je sais que la vie est une chienne, mais j'ai décidé de lui caresser le museau, de ne pas me laisser mordre ou abattre. Tant mieux si les gens se retrouvent. Parfois, une petite meuf m'avoue: «Ta chanson m'a rapprochée de ma mère.» Ou une jeune grand-mère de 60 ans me confie: «Je n'ai pas forcément l'âge d'écouter du rap, mais, le matin, je me lève et je danse sur La Boulette.» Quel kif! Avant de sortir un disque, j'ai la manie de l'écouter 200 fois en me mettant dans la peau d'une maman, d'un macho, d'une gamine… Je crois que Dans ma bulle est un disque sensible, même dans ses morceaux les plus crus. J'en voudrais toujours à la vie de ne pas être fluide. A mon géniteur d'être parti. Aux hommes de ne pas me comprendre.
Pourquoi avez-vous choisi ce surnom: Diam's?
J'avais 14 ans et je n'assumais pas mon prénom, trop mignon pour un MC: Mélanie. J'ai cherché quelque chose de bref et de vif. Qui claque. J'ai ouvert le dictionnaire et la définition du mot diamant m'a plu. Ce n'était pas pour le cliché «meilleur ami de la femme», mais parce qu'un diamant ne peut être brisé que par un autre diamant… Aujourd'hui, durant mes concerts, les gens crient Mélanie. C'est génial. Depuis quelques années, mes potes m'appellent aussi la Boulette, parce que je suis dingue de keftas.
Dans Jeune Demoiselle, vous vous décrivez «solide et masculine de la tête aux pieds»?
Mes copines sont pour un relookage total. Encore aujourd'hui, je me sens comme un petit mec, surtout si je ne porte pas mes boucles d'oreilles ni mes ongles de filles. Je me trouve masculine. J'ai la voix rauque. J'ai les cheveux courts - je les ai coupés sur un coup de tête à 19 ans après avoir vu un clip de Pink. J'ai beau faire des efforts, mettre de jolis petits hauts, des jeans moulants… je ne me sens pas moi… Alors, j'enfile mon baggy et comme le baggy attire le baggy… Je ne suis pas une nana qu'on drague. L'avantage, c'est que les gars me regardent toujours dans les yeux. Pas ailleurs. Je ne me suis jamais sentie aussi belle que dans le regard d'un homme amoureux. Jeune Demoiselle dit aussi: «Recherche un mec mortel/Un mec qui pourrait me donner des ailes/Un mec fidèle et qui n'a pas peur qu'on l'aime/Donc si t'as les critères, babe, laisse-moi ton e-mail.» Le mien, c'est jeunedemoisellerecherche@hotmail.fr.
Prix Goncourt et grand prix du roman de l'Académie française en 2006, l'écrivain américain Jonathan (...)
Résultats, interviews, reportages et blogs de nos envoyés spéciaux, photos et vidéos de grands moments... Avec LEXPRESS.fr, suivez comme si vous y étiez l'intégralité des Jeux olympiques de Pékin.
Commentaires (1)
fargo - 20/08/2008 03:43:29
Bj, jador t chanson t canon tou le mond te kiff meme ma maman tador!mdr
Signaler un contenu abusif
Commentez cet article