|
||
Mystère Zidane
Dix-neuvième minute. Materrazi égalise. Photo REUTERS
C'est l'Italie. La Squadra azzurra emportera la Coupe du monde après sa victoire aux tirs aux but (5-3) contre la France • Les deux équipes étaient à égalité à l'issue du temps réglementaire et de deux prolongations • Zinédine Zidane a raté sa sortie, expulsé au cours de la seconde prolongation pour une violente agression.
Par Grégory Schneider
LIBERATION.FR : Dimanche 9 juillet 2006 - 22:01
BERLIN ENVOYE SPECIAL. Il y a une différence considérable entre gagner une Coupe du monde et la perdre, entre l'équipe qui remporte les quatre derniers matchs de son Mondial et celle qui n'en ramasse que trois. Où va se nicher cette différence ? Hier, pour la deuxième fois de l'histoire après la finale Brésil-Italie de 1994, une finale mondiale s'est jouée aux tirs au but. David Trezeguet a écrasé le sien sur la barre transversale. Et les Bleus sont tombés, à l'Olympiastadion de Berlin (5-3 aux tirs au but, 1-1 durant le temps réglementaire) face à une excellente Italie. Sans Zidane, justement expulsé à la 110e pour un phénoménal coup de tronche - ce sera le dernier geste que l'on verra de lui sur un terrain de football- sur Marco Materazzi, qui l'avait sans doute provoqué. Il y a quelque chose de terrible dans le verdict général de la soirée, parce que les Bleus ont dominé la finale de Berlin. Comme ils avaient dominé - et dans les mêmes proportions, c'est dire - l'Espagne en huitième, le Brésil en quart et le Portugal en demi. Manquait l'Italie. Un véritable revival puisque toutes les stations - on ajoutera la Corée du Sud et la Suisse - allemandes avaient marqué l'histoire récente des Bleus avant le début de ce Mondial. Cette histoire de revival, on l'a sentie présente à l'esprit des Italiens d'entrée de jeu. L'entrée des Bleus dans le grand monde, c'est le quart de finale de la Coupe du monde 1998 et les Italiens, merci pour eux, sont au courant : ce sont eux qui s'étaient fait sortir aux tirs au but, à la suite d'un match complètement fermé (0-0). Ça n'a pas commencé dans le suave, avec un tampon du capitaine italien Fabio Cannavaro sur un Thierry Henry complètement relâché, car assez loin du ballon (2e). Comme Zambrotta va au carton (jaune) sur Patrick Vieira (5e), on se dit que les Italiens ont choisi de jouer un truc un peu hardcore, que les Bleus vont souffrir dans leur chair, mais les Transalpins s'emballent : Marco Materazzi fait l'avion devant Florent Malouda, le Guyanais s'étale, ça se passe dans la surface et l'arbitre argentin siffle une mazurka. A ce niveau, tirer un péno en feuille morte (on spécule sur l'anticipation du gardien pour placer une frappe de moineau plein centre) est insensé. Mais Zinédine Zidane est insensé. Sa Panenka tape sous la barre transversale, retombe derrière la ligne et l'arbitre met les Bleus aux commandes sans hésitation (1-0, 7e). En principe, c'est le petit Jésus en culotte de velours. Concrètement, l'équipe de France a de gros problèmes, et qu'on ne vienne pas nous dire que l'Italie ne sait pas attaquer : prise des intervalles, domination écrasante de leur avant-centre Luca Toni dans le jeu de remise, course des latéraux sur les côtésŠ L'Italie, hé oui !, déroule. Donc, Materazzi met la tête plus haut que Vieira sur un corner et remet son équipe d'aplomb (1-1, 19e). La maîtrise italienne est, à cet instant, absolument totale. Andrea Pirlo cornaque ses hommes comme s'il s'agissait de marionnettes, faisant reculer celui-ci, poussant à l'inverse celui-là. Il y a pire : ces lignes défensives qui donnent du mou sans en donner et cassent les courses offensives des Tricolores. Sinon, Franck Ribéry se fait déblayer à chaque fois qu'il a le malheur d'approcher un ballon. On arrive à la pause et on se dit que les Bleus sont moins forts, qu'il faut une invasion de sauterelles pour que l'on remette ça un autre jour. Pas possible. Donc, les Bleus y vont. C'est là que l'on vit leur vrai visage et comme on voyait encore clairement celui de l'Italie, ce fut magnifique. Cette équipe de France ne gagne pas les matchs en plaçant un petit contre de rien du tout ou en envoyant du gabarit pour gober un coup de pied arrêté, non, elle prend le terrain pied à pied, respire le match, se donne corps et âme pour le dominer, rebondit sur les costauds d'en face et essaye encore. On va comme ça jusqu'aux prolongations et les joueurs italiens, qui ne sont pas du genre à s'illusionner à propos de ce qui se passe sur le terrain quand ils sont concernés, lâchent l'affaire. On attend. Les pénos. C'est d'autant plus simple que Zidane met son coup de tronche (110e), dans le dos de l'arbitre argentin Horacio Elizondo sauf que l'un de ses assistants a vu ce qui se passait. On arrive tranquillement à la 120e, sans qu'aucune des deux équipes n'en fasse un casus belli. Les tirs au but, c'est un truc à part. On se plaint, on parle de «loterie» mais bon, avant ça, ça se jouait vraiment à pile ou face. Un penalty, au moins, ça reste un geste technique, un fait de jeu. On n'a pas senti Trezeguet quand il s'approchait vers le ballon, et il a énormément souffert de sa condition de remplaçant durant le Mondial. Les Italiens ont fait 5 sur 5. Voilà. Libération ne peut être tenu responsable du contenu de ces liens. |
Accueil | Libé en pdf | Archives | Newsletter | Emploi | Annonces | Abonnements | Recherche libération : contacts | Publicité | Index © Libération | designed by BT France Licence | Données personnelles | Charte d'édition Un site de Libération Network |
||