Culture 2 oct. 6h51

Fin de transmission pour Marc Moulin

Techno-pop. Le producteur, jazzman, leader du groupe belge Telex et figure de la RTBF est mort à 66 ans d’un cancer de la gorge.

5 réactions

YVES BIGOT

Ici, le musicien bruxellois Marc Moulin était connu pour avoir lancé avec son ami parolier Jacques Duvall la carrière chipie pop spectorienne de Lio, puis composé et réalisé quatre albums d’Alain Chamfort, de Tendres fièvres en 1986 à Personne n’est parfait en 1997. En Europe, ce touche-à-tout était leader du groupe Telex.

Kraftwerk belge lancé en 1978 avec une version situ minimaliste de Twist à Saint-Tropez, ce trio électro-BD triomphait ensuite avec Moskow Diskow, cultivant l’absurde en participant à l’Eurovision 1980 avec Eurovision, qui répète inlassablement ce logo au vocoder. Telex, qui s’était reformé il y a quelques années et avait lancé la vogue des remixes, participait de la vague synthétique dont relèvent aussi bien Depeche Mode que les tenants de la cold wave (il figure sur une double compilation de sortie, A Man and a Machine), mais son influence en dépassait les frontières, à tous les sens : ZZ Top s’en réclamait pour les rythmiques séquencées gagnantes de son méga Eliminator, et lorsque les frères Mael, des Sparks, ont appris mardi au téléphone à Los Angeles le décès de Marc Moulin, à 66 ans, d’un cancer de la gorge, ils ont fondu en sanglots : Moulin avait coréalisé à Bruxelles leur album In Outer Space, et Ron et Russell Mael avaient écrit des paroles pour Telex (l’album Sex). Ils chantaient encore récemment sur l’un des disques electro soul que Marc Moulin enregistrait désormais pour le prestigieux label Blue Note.

C’est que, bien avant de marquer la pop française et la techno transeuropéenne, ce fils d’un grand intellectuel belge et d’une poétesse, étudiant en sciences-po et économie, avait hanté depuis 1961 les clubs de jazz autour de la Grand-Place avec son fidèle, le guitariste Philippe Catherine, accompagnant au piano Slide Hampton, Dexter Gordon et autres Johnny Griffin de passage à Bruxelles.

Au début des années 70, il fondait Placebo, formation de fusion réputée, inspirée par Soft Machine et notoire pour son jeu de Moog (le jeune Brian Molko, grandi à Bruxelles, reprendra le nom en hommage rock), avant de se lancer en solo sous le nom de Sam Suffy. Parallèlement, ce géant brun au regard doux entrait à la RTBF, où ses émissions musicales du week-end sont légendaires - comme sa participation d’humoriste au fameux Jeu des dictionnaires avec Jacques Mercier et Philippe Geluck.

Auteur de pièces de théâtre, essais, chansons, chroniqueur à Télé Moustique, icône belge, Marc Moulin enregistrait sous son nom depuis 2001 et se produisait avec un succès grandissant dans toute l’Europe du Nord. Il a été enterré mardi à Ixelles, où il adorait promener Sadie, sa chienne zinnekke (bâtarde en bruxellois), à qui il vouait une passion, comme à sa musique.

Vos commentaires

5 commentaires affichés et 0 en attente de modération.                                  

Yves Ligot
Merci malgré tout
Merci, cher presque homonyme, pour votre hommage à notre surhomme aux 1000 talents. Bien qu'il y ait peu de chances que Marc eut apprécié votre départ chez les marchands du temple ...
Mercredi 22 octobre à 11h22
Jmairesse
Merci Marc
Merci Marc pour tes soirées musicales sur les ondes et le vinyl...Merci a Libe pour ce bel hommage...
Dimanche 12 octobre à 11h55
Bauhaus
musik!
Je suis né en 1979, je n'ai donc pas connu la grande époque de telex ni les autres suites musicales de Marc Moulin. Avec beaucoup de mal je me suis procuré une compil de Telex (il faut rééditer et vite!) et depuis 3 jours je vais de surprises en surprises; que du bonheur pour mes oreilles trop longtemps ensablées dans des choses bien ordinaires. Merci d'avoir si bien existé...
Samedi 11 octobre à 00h20
martinm
sale année
Marc Moulin , Philippe Gras, Daniel Caux, Zazou... sale année pour les amis de la !musique !
Vendredi 03 octobre à 15h40
Lemont
Merci
Merci à Libé de parler de Marc Moulin, sa mort est passée inaperçue en France, alors qu'il y a laissé plus de traces qu'on ne pourrait le croire. Et tant s'il aurait détesté cet hommage.
Vendredi 03 octobre à 08h20

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