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Les histoires d’amour finissent mal
Fred Chichin, guitariste, compositeur, moitié du duo excentrique Rita Mitsouko, est mort hier à 53 ans.
Ludovic Perrin
QUOTIDIEN : jeudi 29 novembre 2007

Engueulades? Ras le bol? Les rumeurs pour comprendre les absences répétées de Fred Chichin lors de la dernière tournée des Rita Mitsouko avaient oublié une hypothèse. L’alter ego de Catherine Ringer était hospitalisé. C’est pour cela qu’il ne s’était pas présenté le 13 novembre à l’Olympia. Pour cela que Catherine Ringer avait donné d’autres concerts sans son compagnon. Pour cela qu’elle a annulé les dates de Lille samedi, Nantes mardi et d’un nouvel Olympia hier. Fred Chichin est mort hier matin. Un cancer, nous communique sa maison de disques. Et on n’en saura pas beaucoup plus.

Chamboulement. Frédéric Chichin (c’est son vrai nom), né en 1954 à Clichy, avait une qualité qui manque cruellement aux vedettes ouvrant trop volontiers les portes de leur intimité. Fred Chichin semblait avoir hérité de l’aura insondable des artistes qu’il découvrait à l’heure des premiers accords de guitare. Fils d’un passionné de cinéma, cadre dans une entreprise de travaux publics qui avait créé une revue, Miroir du cinéma, et d’une mère au foyer, Fred Chichin aime autant les films de la nouvelle vague et hollywoodiens que les musiques qui vont avec, Nino Rota, Lalo Schifrin, Michel Legrand, Maurice Jarre, Ennio Morricone, qu’il couple avec Beatles, Velvet Underground, Jimi Hendrix, Rolling Stones, David Bowie et Léo Ferré. Difficile cependant de les identifier dans la musique de Fred Chichin. Les influences ont été digérées, mixées, recrachées dans un joyeux bazar accompagnant le phénomène de sono mondiale au milieu des années 1980. Même en collaborant avec Tony Visconti, le légendaire producteur de T-Rex et Bowie, pour le chamboulement du rock à la française The No Comprendo, c’est encore la patte Rita qui ressort.

Précurseurs du home studio, Fred Chichin et Catherine Ringer ont inventé une manière de faire qui a étonné ceux qui ont assisté à leurs ping-pong créatifs, comme ce fut le cas sur l’antenne de Radio Nova. Avec eux, les instruments appartiennent à tout le monde, boîtes à rythmes, guitares, basse, claviers qu’ils s’échangent dans leur studio. Un témoin se rappelle avoir un jour réveillé Fred Chichin pour être dépanné d’une guitare. Nous sommes au début des années 1980. Brian Setzer, le leader des Stray Cats, cherche à bœuffer au Gibus. En échange d’une pizza, Fred Chichin se pointe.

Fondateur de Rita Mitsouko tout neufs et inconnus – Mitsouko, «mystère» en japonais, un nom approprié pour le garçon –, Fred Chichin est à l’affût de tout ce qui crée du son, instruments comme machines. Passé par l’électro-acoustique avec Nicolas Frize, il a auparavant fondé le groupe Fassbinder avec Jean Néplin, le foudroyé de la «bande de Poissy», décédé en 2003. Il assiste également à la naissance de Taxi Girl et lance Gazoline avec Alain Kan. En avril 1978, on note des concerts au Gibus. Fred Chichin a 24 ans. Et déjà pas mal baroudé.

Marionnettiste. A 16 ans, il a quitté le lycée pour distribuer des prospectus, laver des carreaux. Puis il a accompagné un marionnettiste (à la guitare, aux bruitages et aux décors), chiné à Londres (des magnétos, des synthétiseurs et des micros) et vendu son sang en Espagne. «Tous les clodos, les routards le faisaient. Je voyageais, je n’avais plus de sous. J’ai pu aussi l’attraper en me shootant», déclarait-il il y a quelques mois, lors de la promotion du dernier album des Rita Mitsouko, Variety.

Ce qu’il a «attrapé», on en a beaucoup parlé à cette occasion. C’est une hépatite C, virus d’une génération. Le traitement le terrasse trois années, entre l’enregistrement de la Femme trombone (2002) et le concert des Rita Mitsouko avec l’orchestre Lamoureux (2005). Mais il y a d’autres histoires que n’importe quel rappeur aimerait voir figurer sur son CV et dont Fred Chichin ne faisait pas commerce. Retour en 1979. Fred Chichin sort de prison. Un an de «convalescence» à Fresnes suite à une embrouille de dope. C’est là qu’il rencontre Catherine Ringer, fille d’un peintre rescapé des camps de la mort, entre l’expérimental et le porno. Elle devient son double créatif et la mère de ses enfants. Sur un magnéto 4 pistes payé 4 000 francs, le tandem enregistre son premier succès. Les couples font des groupes à l’époque: il y a Elli et Jacno, Niagara… Mais combien parviennent à faire danser sur l’histoire d’une danseuse morte d’un cancer (Marcia Moretto pour Marcia Baila, 1984) ou des camps de concentration (le Petit Train, 1988) ? Combien imposent un tel style ?

Ambiance rue de Lappe-Hôtel du Nord, le duo s’exporte, enfants de Carné jouant dans les clubs en Allemagne et aux Etats-Unis, à la bonne fortune de toilettes pour loges. Ne se retrouvant plus dans le hip-hop, qu’il avait pourtant tant suivi, Fred Chichin s’était tourné avec Catherine Ringer vers le seul genre qu’il n’avait pas exploré : un album classique, après avoir inventé une sorte de chanson française mondiale. Baptisé tout simplement Variety, ce onzième disque, enregistré en français et en anglais, est d’une légèreté à laquelle ne nous avait presque pas habitués le compositeur d’Andy et de C’est comme ça. Les oiseaux y chantent comme une chanson de Trenet. A contre-courant, toujours.

exparigottchao cest comme ca ahahah
bordel ca m a foutu un sacré coup dblues quand j ai su que tu nous avais quitté et ouais du temps ou vous alliez chanter aux puces de st ouen et de montreuil je vous suivais depuis ce temps là car ... Vendredi 30 Novembre 2007 - 19:46
mysteriousLes larmes presque.
A chaque fois qu'un monument de la musique disparait, ça fait comme une mauvaise piqure de rappel, ces putains d'années qui passent. Tellement de souvenirs, on a tous quelquechose des Rita Mitsouko.... Vendredi 30 Novembre 2007 - 18:35
chantalprofonde tristesse
Je suis profondément triste depuis que j'ai appris la nouvelle. Je venais d'acheter les places pour le concert du 4 décembre à Toulouse : ce devait être mon cadeau d'anniversaire. Je compatis à t... Vendredi 30 Novembre 2007 - 11:39
Chrissouvenir
J'me souviens de toi Catherine à la sortie d'une salle de répet à Antony avec ton chignon et ta robe jaune... à pois. Nous, "on cablait" juste derrière "Les Ritas" mais, tout comme vous à l'épo... Vendredi 30 Novembre 2007 - 11:27
NoylC'est la mort qui t'a consumée
Mais c'est la mort qui t'a assassinée, Marcia C'est la mort qui t'a consumée, Marcia C"est le cancer que tu as pris sous ton bras Maintenant, tu es en cendres, cendres La mort, c'est comme une c... Vendredi 30 Novembre 2007 - 10:49
DidierJ'ai de la peine...
Un duo et un couple mythique et exceptionnel... Fred, un mec simple, discret... musicien... "Catherine, ta moitié est partie... mais tu es "grande" et belle... continues à faire vivre les Rita..." D... Vendredi 30 Novembre 2007 - 08:55
jadetristesse
pauvre catherine sans son alter ego...c'est avec beaucoup de tristesse que je pense à elle et aussi au vide que laissera le magnifique musicien qu'était Fred chichin son compagnon de toujours....... Vendredi 30 Novembre 2007 - 00:09
grrrCatherine tu es merveilleuse !
Les Rita Mitsuko c'est la crème de la crème - une voix incroyable des paroles en français et une musique qui déménage. Les Ritas Mitsuko doivent continuer - la composition existe, la voix est lÃ... Jeudi 29 Novembre 2007 - 23:53
lostinsnif
c'est vraiment triste. voilà.... Jeudi 29 Novembre 2007 - 22:23
flonflonduballes histoires d'amour finissent mal
bof ...1 bel article ,c'est tout ....le chagrin de voir notre generation perdre tous ses anges depuis gainsbourg...et juste un article ça fait peu pour ce ptit gars-la ....celui qui a transformé la ... Jeudi 29 Novembre 2007 - 22:03
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