Le projet du futur hymne calédonien a été joué pour la première fois hier, à l’auditorium de Nouméa. La devise du pays a également été choisie : « Terre de paroles, terre de partage ». Ces deux signes identitaires devraient être proposés au Congrès d’ici la fin de l’année. Restent les billets de banque, encore à travailler. Et surtout le drapeau et le nom du pays, plus lourds de sens et de symbole. Ce sera pour plus tard.
Vous pouvez écouter et télécharger sur notre site l'hymne en cliquant sur le lien ci-dessous.
Le mouvement est parti du fond de l’auditorium. Une personne, une rangée, puis toutes les rangées se sont levées. Les mains jointes, avec le sentiment de partager quelque chose de nouveau.
Quelques larmes ont coulé sur des sourires, puis l’hymne s’est achevé sur une dernière strophe en forme de promesse : « Soyons unis, devenons frères / plus de violence ni de guerre / marchons confiants et solidaires / pour notre pays. » Un dernier coup de trombone, puis des applaudissements nourris.
C’était un peu avant midi, hier, au Conservatoire de Nouméa. Pour la première fois, la proposition d’hymne calédonien a été présentée aux personnalités civiles et politiques du pays. Deux heures auparavant, elle était adoptée par le gouvernement, en séance extraordinaire. Tout comme la devise (« Terre de paroles, terre de partage »), et une première sélection de billets de banque. Le drapeau et le nom du pays, ce sera pour plus tard.
Il n’empêche : le chantier des signes identitaires, prévu dans l’accord de Nouméa de 1998 et démarré l’an dernier, vient d’accoucher d’un premier résultat concret. L’hymne, s’il est validé par le Conseil d’État métropolitain puis par notre Congrès, sera le chant commun à tous les Calédoniens. Il sera joué après La Marseillaise, lors des cérémonies officielles.
La version dévoilée hier est l’œuvre de la chorale Mélodia, créée à Nouméa en 1985. Une fois sélectionnée, la partition et le texte ont été transmis au Conservatoire de Nouméa, chargé des arrangements. L’air ressemble à beaucoup de chants nationaux, porté par une mélodie dynamique et rythmé par des temps bien carrés.
Que l’air sonne océanien ou non, « l’essentiel est que la musique transcende »
« Il y avait dix-sept candidats, parmi lesquels le jury [issu du comité de pilotage monté en avril 2007] a sélectionné six finalistes, explique Jean-Pierre Cabée, directeur du Conservatoire. Il fallait une version qui ressemble à ce qu’il convenait d’imaginer pour un hymne. (...) Ce n’est pas une berceuse, ni une chanson. C’est quelque chose qui s’apparente à une marche. Il n’y avait que cette version qui avait tous ces éléments-là. »
En quelques semaines (« on l’a reçue en mai, il fallait faire ça pour le 26 juin »), le thème a été arrangé par le chef de chœur bulgare Plamen Tsontchev. Les paroles ont été adaptées, « pour y apporter des signes plus identitaires ».
Enfin, le refrain a été traduit par Édouard Wamedjo en nengone, « parce que c’est une langue commode à apprendre, proche du polynésien », selon Jean-Pierre Cabée. Par moments, deux percussionnistes de Lifou marquent le rythme. Au milieu, une sonnerie de toutoute s’envole.
Quand la lumière se rallume, l’émotion est encore palpable. Que l’air sonne océanien ou non, « l’essentiel est que la musique transcende », sourit Paul Néaoutyine, président de la province Nord et signataire de l’accord de Nouméa. « Il y a des rythmes de chez nous, et la mélodie rend compte des influences extérieures. Tout le monde peut s’y retrouver. J’ai confiance en l’avenir [de cet hymne]. »
Personne n’est resté assis, à part Bernard Deladrière. Les élus du Rassemblement, qui se sont abstenus sur le sujet, le matin même au gouvernement, gardent le silence. Ils s’opposent à l’adoption des signes avant les élections de 2009.
Parmi eux, il y a ceux qui se sont déplacés (Jean Lèques, Gaby Briault) et ceux dont la chaise est restée vide (comme le député Gaël Yanno). Symbole contre symbole.
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