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Rapport au Premier ministre

2008

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Rapport au Premier ministre 2008       

 

3

▌

Sommaire

Le mot du PrĂ©sident ............................................................................... 5

Introduction ............................................................................................ 7

1

re

 partie

Le risque sectaire

 ....................................................................................11

Contribution de la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale 
Ă  l’emploi et Ă  la formation professionnelle ....................................... 13

Contribution du ministĂšre de l’IntĂ©rieur ............................................ 19

Le satanisme, une dĂ©rive d’actualitĂ© en Europe ................................. 27

Internet :  l’amplifi cation du risque de dĂ©rives sectaires ..................... 39

StratĂ©gies d’infl uence Ă  l’international en 2008 : 
l’exemple des agissements de la mouvance sectaire Ă  l’ONU ........... 45

2

 e

 partie

La lutte contre les dérives sectaires

 ............................................57

Contribution du ministĂšre de l’IntĂ©rieur ............................................ 59

Dispositifs d’assistance aux victimes 
des dĂ©rives sectaires en Europe ........................................................... 63

3

e

 partie

Dossier : le risque santĂ©

 .....................................................................105

Le dĂ©voiement des pratiques psychothĂ©rapeutiques 
Ă  des fi ns sectaires ............................................................................... 107

Contribution du ministĂšre de la SantĂ© .............................................. 117

4

e

 partie

Activités administratives 2008

 ......................................................121

Les ministĂšres en 2008 ....................................................................... 123

Les objectifs des ministĂšres en 2009 .................................................. 143

Bilan de la la Miviludes en 2008 ........................................................ 155

Les perspectives de la Miviludes pour 2009 ...................................... 165

Conclusion

 .................................................................................................171

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MIVILUDES 

▌

Annexes

Loi n

o

 2008-1187 du 14 novembre 2008, 

relative au statut des tĂ©moins devant les commissions 
d’enquĂȘte parlementaires .................................................................. 175

Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer 
et des CollectivitĂ©s territoriales, du 25 fĂ©vrier 2008 
sur la « Lutte contre les dĂ©rives sectaires Â» ......................................... 177

Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer 
et des CollectivitĂ©s territoriales, du 23 janvier 2009, 
sur les « Orientations du ministĂšre de l’IntĂ©rieur 
en matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives sectaires pour 2009 Â» ............ 185

ActivitĂ©s parlementaires ..................................................................... 187

Adresses et liens utiles ........................................................................ 199

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Rapport au Premier ministre 2008       

 

5

▌

Le mot du Président

Je tiens en premier lieu à rendre hommage à mon prédécesseur, le pré-

fet Jean-Michel Roulet, lequel pendant les trois années de son mandat a insuf-
fl Ă© un nouveau dynamisme Ă  la Mission interministĂ©rielle de vigilance et de 
lutte contre les dérives sectaires.

Ce haut serviteur de l’État a  su incontestablement trouver le point 

d’équilibre entre le respect des libertĂ©s fondamentales qui fondent une 
RĂ©publique et la fermetĂ© face Ă  des comportements attentatoires Ă  l’ordre 
public et la dignité de la personne humaine.

À ses cĂŽtĂ©s, Catherine Katz a apportĂ© Ă  la Mission sa prĂ©cieuse expĂ©-

rience de magistrat qu’elle met aujourd’hui au service d’une autre cause, au 
sein de la Mission interministĂ©rielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. 
Un autre magistrat lui a succĂ©dĂ©, AmĂ©lie CladiĂšre, qui d’emblĂ©e s’est attelĂ©e 
aux réformes de structure de la Miviludes.

Le prĂ©sent rapport d’activitĂ© est donc davantage le fruit de la prĂ©cĂ©-

dente direction. Il met l’accent sur les nouvelles stratĂ©gies et les nouveaux 
risques de dĂ©rives sectaires, notamment dans les secteurs de la santĂ©, de l’accĂšs 
à l’emploi et de la formation professionnelle.

On relĂšvera plus particuliĂšrement la dĂ©cision du ministĂšre de la SantĂ© 

de créer un outil de veille appliqué aux pratiques thérapeutiques non conven-
tionnelles, ou encore l’objectif fi xĂ© par le ministĂšre du Travail de poursuivre les 
mouvements sectaires quand sont constatĂ©es des violations au droit du travail, 
telles que l’absence de rĂ©munĂ©ration ou de contrat de travail, ou enfi n l’im-
pulsion rĂ©affi rmĂ©e du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, qui affi che clairement dans sa 
circulaire du 25 fĂ©vrier 2008 sa volontĂ© de 

« relancer l’action de l’État en matiĂšre de 

lutte contre les dĂ©rives sectaires Â»

.

Dans cette continuitĂ©, la Miviludes, dont la mission premiĂšre est de 

coordonner l’action de l’ensemble des pouvoirs publics, s’efforcera d’ĂȘtre 
davantage « hors les murs Â» par une prĂ©sence plus active sur le terrain, au 
contact direct des groupements concernĂ©s et de tous les acteurs publics ou 
issus du monde associatif.

De mĂȘme, dans un souci de transparence, elle rendra compte publi-

quement par la diffusion d’une lettre bimestrielle de ses activitĂ©s dans tous les 
domaines. On se fĂ©licitera Ă©galement de la convention de partenariat signĂ©e 
entre la Miviludes et La ChaĂźne parlementaire-AssemblĂ©e nationale pour 
mieux informer nos concitoyens des dangers et des risques de dĂ©rives sectaires 
constatés dans certains mouvements.

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MIVILUDES 

▌

On relĂšvera encore que, comme l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente le prĂ©sent rapport 

met l’accent sur la dimension internationale du phĂ©nomĂšne sectaire.

Ainsi, Ă  l’invitation du Bureau international des droits de l’Homme, 

dĂ©pendant de l’OSCE, la Miviludes s’est rendue Ă  Varsovie le 8 octobre 2008 
pour souligner, en liaison directe avec les services du Quai d’Orsay, le caractĂšre 
dĂ©mocratique, Ă©quilibrĂ© et respectueux des libertĂ©s publiques et individuelles 
de son action.

Pour une optimisation de ses objectifs, la Miviludes ambitionne de 

refondre ses structures (Secrétariat général, Comité exécutif de pilotage opé-
rationnel et Conseil d’orientation) avec la volontĂ© de la rendre plus effi cace et 
plus opérationnelle.

Ainsi, avec la mĂȘme dĂ©termination que par le passĂ©, la Mission inter-

ministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires continuera Ă  
dĂ©masquer, au-delĂ  des apparences trompeuses, l’appĂ©tit mercantile, les tech-
niques psycho-spirituelles qui tendent Ă  favoriser l’emprise mentale et autres 
pratiques dangereuses pour les individus et les libertĂ©s fondamentales. Il y va 
de la protection des intĂ©rĂȘts majeurs qui fondent une dĂ©mocratie.

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Rapport au Premier ministre 2008      Introduction

 

7

▌

Introduction

Si l’on en croit les nombreuses commandes faites Ă  La Documentation 

française, et le nombre croissant de visiteurs en ligne sur le site Internet de la 
Mission, c’est toujours avec beaucoup d’intĂ©rĂȘt qu’est accueilli chaque annĂ©e 
le rapport du PrĂ©sident de la Miviludes au Premier ministre. Depuis six ans, 
ce rapport annuel n’a cessĂ© de s’étoffer et d’élargir ses ambitions, vers une 
information toujours plus complĂšte et approfondie sur le phĂ©nomĂšne sectaire, 
en direction d’un public toujours plus diversifi Ă©. Il est manifeste en effet, Ă  la 
lecture des courriers reçus, qu’un public extrĂȘmement large et divers prend 
connaissance, d’une maniĂšre ou d’une autre, de ce rapport annuel, et se 
l’approprie.

Cette constante exigence de qualitĂ© est toujours un dĂ©fi  pour chacun 

de ceux, permanents de la Mission interministĂ©rielle ou services des ministĂšres 
concernés, qui contribuent à son élaboration.

Ce fut le cas tout particuliĂšrement en 2008, annĂ©e de transition pour 

la Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires. 
Transition en raison du dĂ©part de Jean-Michel Roulet et de la nomination de 
Georges Fenech comme PrĂ©sident de la Miviludes, transition en raison d’un 
renouvellement d’une proportion importante du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral perma-
nent, mais transition Ă©galement en raison des modifi cations importantes du 
dispositif de terrain, qui a  conduit la Miviludes Ă  faire Ă©voluer les modalitĂ©s 
de sa collaboration avec les pouvoirs publics, dont elle est chargĂ©e de 

« favo-

riser la coordination de l’action prĂ©ventive et rĂ©pressive Â»

 (article 1

er

 du dĂ©cret du 

28 novembre 2002 instituant la Miviludes) Ă  l’encontre des agissements dange-
reux ou répréhensibles constitutifs de dérives sectaires.

La suppression des « cellules de vigilance Â» dĂ©partementales dont les 

compĂ©tences ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es aux « conseils dĂ©partementaux de prĂ©ven-
tion de la dĂ©linquance, de l’aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les 
dĂ©rives sectaires et les violences faites aux femmes Â» consĂ©cutivement Ă  la sim-
plifi cation des procĂ©dures administratives instaurĂ©e en 2007 devait, aux termes 
de la circulaire du 27 mai 2005 du Premier ministre relative Ă  la lutte contre 
les dĂ©rives sectaires, ĂȘtre complĂ©tĂ©e par la constitution, au sein de ces conseils 
dĂ©partementaux, de groupes de travail chargĂ©s de suivre spĂ©cifi quement les 
questions relatives à la lutte contre les dérives sectaires.

Dans sa circulaire du 25  fĂ©vrier 2008, le ministre de l’IntĂ©rieur 

a demandĂ© avec force aux prĂ©fets de « relancer l’action de l’État en matiĂšre de 
lutte contre les dĂ©rives sectaires Â» et de rĂ©unir Ă  cette fi n une fois par trimestre 
ces groupes de travail, « lieu de centralisation et de recoupement des informa-
tions concernant d’éventuelles dĂ©rives sectaires Â».

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MIVILUDES 

▌

C’est notamment Ă  l’occasion de la prĂ©paration et de la tenue de ces 

rĂ©unions que les services dĂ©concentrĂ©s ont pris conscience de la nĂ©cessitĂ© de 
renforcer leur information, voire leur formation en la matiĂšre, et ont sollicitĂ© 
la Miviludes à cet effet conformément à sa mission.

De mĂȘme, la profonde rĂ©forme des services de renseignement et d’en-

quĂȘte, qui sont les interlocuteurs naturels de la Mission, n’a pas Ă©tĂ© sans inci-
dence sur le fonctionnement de cette derniĂšre.

Le prĂ©sent rapport est donc, Ă  l’image de l’annĂ©e 2008, un rapport de 

transition, tout particuliĂšrement ouvert sur l’avenir, sur les perspectives offertes 
par le renouvellement des personnes et des pratiques dans la lutte contre les 
dĂ©rives sectaires, au sein de la Mission et sur l’ensemble du territoire. Ce qui 
ne l’empĂȘche pas de s’inscrire dans la continuitĂ© du rapport 2007 Ă  bien des 
Ă©gards.

Ainsi, le rapport s’ouvre sur une Ă©vocation des nouveaux risques de 

dĂ©rive particuliĂšrement prĂ©occupants dans le secteur de l’emploi et de la for-
mation professionnelle, suivie d’un approfondissement de l’étude des risques 
liĂ©s au satanisme, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s dans les rapports prĂ©cĂ©dents. Un exposĂ© relatif 
Ă  la dĂ©multiplication des risques par le biais d’Internet est suivi d’une nouvelle 
Ă©tude sur les stratĂ©gies de lobbying des mouvements prĂ©sentant des risques de 
dĂ©rives sectaires Ă  l’international, dans le prolongement de celle proposĂ©e en 
2007, en Ă©voquant cette fois plus prĂ©cisĂ©ment l’exemple de l’ONU.

De mĂȘme, aprĂšs un exposĂ© des nouvelles mĂ©thodes de lutte contre les 

dĂ©rives sectaires, est proposĂ©e une Ă©tude du dispositif d’assistance aux victimes 
en Europe, qui vient complĂ©ter l’étude du dispositif juridique et administratif 
de lutte contre les dérives sectaires en Europe présenté en 2007.

Le rapport annuel prĂ©sente cette annĂ©e un dossier central axĂ© sur le 

risque santé, et plus particuliÚrement sur le dévoiement des pratiques théra-
peutiques. Bien que déjà présente dans les précédents rapports, cette préoc-
cupation a pris en effet en 2008 une place vĂ©ritablement prĂ©pondĂ©rante, liĂ©e 
Ă  la multiplication d’offres relatives au bien-ĂȘtre et Ă  l’épanouissement person-
nel dĂ©pourvues de toute Ă©valuation sĂ©rieuse, et dont certaines prĂ©sentent un 
risque rĂ©el pour la santĂ©. Cette Ă©tude se prolonge par un exposĂ© de la Direction 
gĂ©nĂ©rale de la santĂ© du ministĂšre de la SantĂ©, sur l’important chantier relatif 
Ă  l’encadrement des pratiques non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique. Ce 
travail ne concerne que partiellement le champ des dĂ©rives sectaires, mais il 
apporte au lecteur un éclairage précieux sur la zone frontiÚre, toujours déli-
cate Ă  dĂ©limiter, entre un « charlatanisme Â» simple, plus ou moins inoffensif 
quoique parfois dangereux, et la dĂ©rive sectaire, qui peut ĂȘtre supportĂ©e ou 
favorisĂ©e par de telles pratiques. C’est ainsi que ce thĂšme, qui concerne en 
premier lieu les services du ministÚre de la Santé, rejoint le domaine de com-
pĂ©tence de la Miviludes lorsque sont constatĂ©es des dĂ©rives laissant craindre, 
ou favorisant, une emprise mentale. Elle a étĂ© saisie en 2008 Ă  ce titre de trĂšs 

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Rapport au Premier ministre 2008      Introduction

 

9

▌

nombreuses questions Ă©manant de particuliers ou d’agents publics confrontĂ©s 
à des offres susceptibles de présenter un risque.

Enfi n, le bilan de chacun des ministĂšres membre du comitĂ© exĂ©cutif de 

pilotage opĂ©rationnel en matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives sectaires s’accom-
pagne cette annĂ©e d’un important volet « perspectives Â» qui ouvre des chantiers 
pour l’annĂ©e 2009 et les annĂ©es suivantes. De mĂȘme, le bilan de l’action de la 
Mission en 2008 est-il largement ouvert sur les annĂ©es Ă  venir. Ainsi, en matiĂšre 
d’interventions sur le territoire notamment, l’annĂ©e 2008 a vu l’expression de 
trĂšs nombreux besoins nouveaux, qui n’ont pu ĂȘtre immĂ©diatement satisfaits, 
mais le seront en 2009, conformĂ©ment aux missions de la Miviludes qui se veut 
toujours plus au service des agents publics sur le terrain.

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Rapport au Premier ministre 2008 

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1

re 

partie

Le risque sectaire

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 13

▌

Contribution 
de la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale 
Ă  l’emploi et Ă  la formation 
professionnelle

Nouvelles stratĂ©gies, nouveaux 
risques : les dĂ©rives sectaires 
dans le secteur de l’accĂšs Ă  l’emploi 
et de la formation professionnelle

Prévention des dérives sectaires

Depuis plusieurs années, on constate une montée en puissance de for-

mations affi chant des dimensions « comportementales Â» importantes. Certaines 
de ces actions relĂšvent du « dĂ©veloppement personnel Â» avec, parfois, une voca-
tion « thĂ©rapeutique Â». Certaines de ces prestations posent question, non seu-
lement vis-Ă -vis de la lĂ©gislation en matiĂšre de formation professionnelle, mais 
aussi au regard de celle relative Ă  la santĂ© publique (l’exercice illĂ©gal des pro-
fessions médicales réglementées...).

En effet, il convient de rappeler que la formation est un acte pédago-

gique par lequel une personne transmet des compĂ©tences, dont des savoir-faire 
ou des savoir-ĂȘtre, Ă  d’autres. Cela nĂ©cessite de dĂ©fi nir les objectifs Ă  atteindre 
à partir des connaissances détenues par les personnes qui suivent la forma-
tion. La formation professionnelle doit concrĂštement servir Ă  l’emploi et au 
poste de travail et/ou au dĂ©veloppement des connaissances. C’est pourquoi 
les actions de dĂ©veloppement personnel n’entrent gĂ©nĂ©ralement pas dans le 
champ de la formation professionnelle continue.

Du point de vue des rĂšgles applicables, en particulier de l’imputabilitĂ© 

des dépenses, la circulaire DGEFP n

o

 2006-35 du 14 novembre 2006 prĂ©cise que 

sont exclues du champ de la formation professionnelle continue « les actions 
“comportementales” destinĂ©es Ă  des publics indiffĂ©renciĂ©s ou hĂ©tĂ©rogĂšnes, et 
donc sans relation avec un poste ou une fonction, des actions qui relĂšvent de 
l’organisation gĂ©nĂ©rale (d’un service ou d’une entreprise), sans rĂ©fĂ©rence prĂ©-
cise au poste de travail et aux compĂ©tences Ă  acquĂ©rir Â».

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MIVILUDES 

▌

 

●

L’enquĂȘte auprĂšs des services rĂ©gionaux de contrĂŽle

Une enquĂȘte a étĂ© rĂ©alisĂ©e auprĂšs des services rĂ©gionaux du contrĂŽle 

entre la fi n de l’annĂ©e 2007 et le dĂ©but de l’annĂ©e 2008 pour mieux identifi er 
la rĂ©alitĂ© de ces formations et de leurs prestataires. La trĂšs grande majoritĂ© des 
services rĂ©gionaux dĂ©clare accorder une grande vigilance Ă  l’égard de ce type 
de formation au regard du droit applicable. Ils considĂšrent que le nombre 
de formations de ce type est soit en augmentation, soit stable. Toutefois, les 
services constatent un fl ux constant de dĂ©clarations de nouveaux organismes 
de formation dans ces domaines, reprĂ©sentant un peu plus de 10 % des nou-
velles dĂ©clarations. Les spĂ©cialitĂ©s concernent notamment le dĂ©veloppement 
des capacitĂ©s mentales, comportementales, les formations en dĂ©veloppement 
personnel, et parfois la psychologie et la santĂ©, soit environ prĂšs de 20 % du 
nombre total de prestataires de formation déclarés.

La grande majoritĂ© de ces formations a  pour objet l’acquisition de 

compĂ©tences comportementales ou de « savoir-ĂȘtre Â» professionnels pour un 
poste de travail prĂ©cis, ce qui ne pose 

a priori

 pas de problĂšme au regard de la 

rĂ©glementation ou dans leur mise en Ɠuvre. Toutefois, des problĂšmes appa-
raissent notamment dans le cas des actions ou formations liĂ©es au domaine de 
la santĂ© ou du bien-ĂȘtre. Les diffi cultĂ©s tiennent au caractĂšre souvent fl ou des 
actions envisagées ne permettant pas de les apprécier. Il est souligné notam-
ment le caractĂšre trĂšs gĂ©nĂ©raliste de l’article L. 6313-7 du code du travail, dĂ©jĂ  
pointé par la circulaire n

o

 2000-20 du 25 mai 2000. TrĂšs souvent, le caractĂšre 

professionnel ou professionnalisant de ces formations n’est pas dĂ©montrĂ©, 
d’autant plus que les objectifs ou programmes demeurent imprĂ©cis, ou ne font 
Ă©tat d’aucune progression pĂ©dagogique, ne dĂ©fi nissent pas de prĂ©requis ou de 
situation professionnelle particuliÚre des personnes formées. Elles ne propo-
sent pas non plus de dispositif d’évaluation permettant d’apprĂ©cier les compĂ©-
tences acquises. Elles peuvent, notamment dans le domaine de la santĂ© ou de 
la psychologie, prĂ©coniser des techniques ou mĂ©thodes non Ă©prouvĂ©es ou non 
reconnues par des autoritĂ©s compĂ©tentes. Le degrĂ© de dangerositĂ© augmente 
lorsqu’elles s’accompagnent de dĂ©stabilisation mentale, d’exigences fi nan-
ciĂšres exorbitantes et d’atteintes Ă  l’intĂ©gritĂ© physique.

 

●

Charlatanisme et dĂ©rive sectaire : 

des phénomÚnes minoritaires mais préoccupants

Certains prestataires cherchent, en se dĂ©clarant comme organismes 

de formation, Ă  faire apparaĂźtre une « reconnaissance Â» de l’État, du fait que 
la dĂ©claration d’activitĂ© est souvent prĂ©sentĂ©e abusivement (et illĂ©galement) 
comme un « agrĂ©ment Â», ou Ă  se prĂ©valoir du caractĂšre « professionnel Â» de 
leurs prestations. Ils dĂ©veloppent ensuite leurs offres, principalement auprĂšs 
de particuliers qui achĂštent ces prestations Ă  titre individuel et Ă  leurs frais, 
pour profi ter d’une rĂ©glementation avantageuse en matiĂšre de TVA. Ces pres-
tataires méconnaissent le plus souvent les obligations des organismes de forma-

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 15

▌

tion professionnelle en matiĂšre de contractualisation, de publicitĂ©, de remise 
de documents pĂ©dagogiques prĂ©alable aux stagiaires et de comptabilitĂ© en 
cas d’activitĂ©s multiples. Cette catĂ©gorie de prestataires douteux ne constitue 
qu’une minoritĂ© de l’ensemble des organismes proposant des formations com-
portementales, mais, comme le rĂ©vĂšle l’enquĂȘte, c’est lĂ  que l’on trouve des 
pratiques ésotériques, charlatanesques, pouvant également conduire les béné-
fi ciaires Ă  l’exercice illĂ©gal de profession mĂ©dicale rĂ©glementĂ©e. Si le phĂ©no-
mĂšne n’est pas massif, il exige de la vigilance de la part des services de contrĂŽle, 
puisque 90 % des rĂ©gions dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă  des dossiers prĂ©sen-
tant un risque sérieux de charlatanisme et/ou de dérive sectaire.

S’agissant plus particuliĂšrement de la formation, une vigilance accrue 

s’exerce depuis l’annĂ©e 2000, notamment lors de l’enregistrement des orga-
nismes de formation ou lors de contrĂŽles exercĂ©s 

a posteriori

 par les services de 

contrĂŽle de la formation professionnelle. Elle doit permettre ainsi d’exclure 
du champ de la formation professionnelle continue, toute personne physique 
ou morale qui poursuivrait d’autres objectifs que ceux assignĂ©s Ă  la formation 
continue ou qui aurait pour but ou pour effet de porter atteinte aux libertĂ©s de 
la personne, à sa dignité et à sa personnalité.

La législation applicable vise aussi à protéger les entreprises et les indi-

vidus de toute mention publicitaire de nature Ă  les induire en erreur sur les 
conditions d’accĂšs aux formations proposĂ©es, leurs contenus, leurs sanctions 
ou leurs modalitĂ©s de fi nancement.

 

●

Contribuer Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de l’offre

En 2005-2006, le nombre de contrĂŽles d’organismes de formation est 

restĂ© limitĂ©, notamment du fait de l’importance des contrĂŽles au titre du Fonds 
social europĂ©en et cette tendance s’est prolongĂ©e les annĂ©es ultĂ©rieures. Ceci 
empĂȘche le contrĂŽle de produire tous ses effets en termes de dissuasion et de 
conseil par rapport Ă  ces errements constatĂ©s sur le terrain. Il faut souligner 
cependant que, sans remplacer le rĂŽle contrĂŽleur et Ă©ventuellement rĂ©pressif 
de l’État, les organismes paritaires collecteurs agrĂ©Ă©s (OPCA), qui fi nancent la 
majoritĂ© des formations dans les PME et TPE, ont en matiĂšre de rĂ©gulation un 
rĂŽle Ă  jouer et le jouent de plus en plus. Un contrĂŽle rĂ©gulier par l’État des pro-
cĂ©dures qu’ils mettent ou ne mettent pas en Ɠuvre en ce domaine, permettrait 
de dĂ©multiplier l’effi cacitĂ© du contrĂŽle et de contribuer Ă  l’amĂ©lioration de la 
qualitĂ© de l’offre dans son ensemble.

La rĂ©forme de la formation professionnelle : 
amĂ©liorer la qualitĂ© de l’offre de formation

Dans le cadre de la rĂ©fl exion autour de la rĂ©forme de la formation profession-
nelle prĂ©vue dĂ©but 2009, trois groupes de travail ont Ă©tĂ© constituĂ©s dont un 
consacrĂ© Ă  la qualitĂ© de l’offre et de l’achat de formation. Les propositions de 
ce groupe de travail visent Ă  rĂ©pondre Ă  trois principales questions :

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16 

MIVILUDES 

▌

– Comment rĂ©duire l’infl ation dĂ©clarative d’organismes de formation ?
– Comment garantir la qualitĂ© d’un organisme de formation et de ses prestations ?
– Quelles sont les bonnes pratiques en matiĂšre d’achat de formation ?

Diverses recommandations ont Ă©tĂ© faites Ă  l’issue des dĂ©bats, concer-

nant l’identifi cation des organismes de formation et de leurs prestations et 
les achats de formation, notamment des entreprises (plus particuliĂšrement les 
TPE-PME).

Concernant tous les organismes de formation, la principale proposition 

a pour objet d’amĂ©liorer la visibilitĂ© de l’offre en prĂ©conisant un mĂ©canisme 
d’inscription des organismes de formation sur un portail-rĂ©pertoire, ce qui per-
met de les identifi er sans donner l’impression d’une garantie de qualitĂ© que 
laisse entendre de maniĂšre erronĂ©e un enregistrement auprĂšs de l’administra-
tion. Les certifi cations ou labels de qualitĂ© acquis par ces organismes sont vive-
ment encouragĂ©s et devraient fi gurer dans ce portail-rĂ©pertoire. La deuxiĂšme 
recommandation concerne une clarifi cation des conditions d’exonĂ©ration de 
TVA aujourd’hui accordĂ©e automatiquement sur simple demande, y compris 
pour des prestataires commerciaux Ă  but lucratif. Ces deux premiĂšres recom-
mandations ont un impact direct sur la lutte contre les dĂ©rives sectaires dans 
la formation professionnelle en supprimant la notion fausse « d’agrĂ©ment de 
l’État Â» et la manne de l’exonĂ©ration de TVA qui crĂ©e un effet d’aubaine pour 
nombre de charlatans.

Pour amĂ©liorer la lisibilitĂ© de l’offre, la troisiĂšme recommandation prĂ©-

conise la crĂ©ation d’une fi che d’identitĂ© en ligne de l’organisme, harmonisĂ©e Ă  
l’échelle nationale, ainsi le portail-rĂ©pertoire est accessible Ă  tous (particuliers, 
entreprises, intermĂ©diaires). La quatriĂšme recommandation s’intĂ©resse aux 
engagements en amont des acteurs concernĂ©s par la convention en instaurant 
un document signĂ© de chacun, prescripteur, acheteur, usager, organisme de 
formation, qui rĂ©capitule les buts de l’action et les diffĂ©rents moyens mobili-
sĂ©s. Enfi n, une cinquiĂšme recommandation propose qu’à l’issue de chaque 
formation, une attestation mentionnant les objectifs de l’action et le succĂšs 
aux Ă©preuves lorsqu’elles ont eu lieu soit dĂ©livrĂ©e au bĂ©nĂ©fi ciaire. Ce docu-
ment pourra ainsi ĂȘtre produit dans des dĂ©marches de validation ultĂ©rieures ou 
fi gurer dans le passeport de l’intĂ©ressĂ©. Ainsi, une meilleure identifi cation des 
organismes de formation et un encadrement plus explicite des buts et rĂ©sultats 
des actions de formation permettront un contrĂŽle plus rigoureux au nom de la 
lutte contre les dérives sectaires et le charlatanisme.

Les recommandations pour les achats de formation par les entreprises, 

en particulier les TPE-PME, préconisent pour améliorer la qualité de la for-
mation, de dĂ©velopper les fonctions d’intermĂ©diation auprĂšs des personnes et 
des petites entreprises. Ces intermĂ©diaires clairement dĂ©signĂ©s ont vocation Ă  
encourager le dĂ©veloppement de la formation tout au long de la vie, Ă  soutenir 
l’expression de la demande, à fournir l’aide à la recherche de prestations adap-
tĂ©es et Ă  faciliter l’évaluation. La fonction d’intermĂ©diation en direction des 
petites entreprises devrait ĂȘtre confi Ă©e aux partenaires sociaux, 

via

 les OPCA 

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 17

▌

dans leurs domaines de compĂ©tence, et aux OPACIF en ce qui concerne les 
personnes en congé individuel.

Actions de sensibilisation et de formation 
conduites en 2008

La DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’emploi et Ă  la formation professionnelle 

a poursuivi ses efforts afi n de sensibiliser et former aux risques de dĂ©rives sec-
taires les principaux prescripteurs et fi nanceurs de formation publics et privĂ©s. 
Notamment une action de sensibilisation a étĂ© conduite auprĂšs de la Mission 
emploi des travailleurs handicapĂ©s de la sous-direction politique de l’emploi.

Comme chaque annĂ©e, la promotion des inspecteurs-Ă©lĂšves du travail 

affectĂ©s Ă  la formation professionnelle a  Ă©tĂ© sensibilisĂ©e pendant deux jours 
sur le sujet des dĂ©rives sectaires et deux rencontres avec Madame Catherine 
Picard, prĂ©sidente de l’UNADFI, et Monsieur Henri-Pierre Debord, conseiller 
à la Miviludes, ont été organisées.

Une confĂ©rence-dĂ©bat coordonnĂ©e par le FONGECIF, en partenariat 

avec l’ADFI Normandie, s’est dĂ©roulĂ©e Ă  l’universitĂ© de Rouen et avait pour 
thĂšme les dĂ©rives sectaires dans la formation professionnelle. Cette premiĂšre 
action de sensibilisation en Haute-Normandie a rĂ©uni un public de plus d’une 
centaine d’auditeurs, parmi lesquels des professionnels de la formation et des 
Ă©tudiants.

Orientations pour 2009

La dĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’emploi et Ă  la formation professionnelle 

entend continuer son travail de sensibilisation et de formation auprĂšs de 
publics ciblĂ©s comme les opĂ©rateurs du nouveau pĂŽle emploi qui ont en charge 
des publics fragilisés.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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▌

Contribution du ministĂšre 
de l’IntĂ©rieur

Le satanisme

Les missions de la SDIG s’inscrivent dans le prolongement de celles 

anciennement exercĂ©es par les renseignements gĂ©nĂ©raux en matiĂšre de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires, en Ă©tant plus particuliĂšrement orientĂ©es sur les 
menaces à l’ordre public.

La recherche du renseignement sur les mouvements sectaires est effec-

tuĂ©e par l’ensemble des correspondants du territoire appartenant aux diffĂ©-
rents services dĂ©partementaux de l’information gĂ©nĂ©rale (SDIG) qui assurent 
la transmission de l’information à la sous-direction centrale.

DĂšs lors, les dĂ©viances sataniques continuent d’ĂȘtre suivies, une place 

prĂ©pondĂ©rante Ă©tant attribuĂ©e Ă  l’analyse des profanations de lieux de culte et 
de sĂ©pultures dans leur ensemble, en s’attardant spĂ©cifi quement sur la nature 
des faits (racisme, vandalisme, satanisme...).

La physionomie actuelle du satanisme en France

Le satanisme continue de sĂ©vir en France tout en prĂ©sentant un visage 
informel et se dĂ©veloppant de maniĂšre diffuse, essentiellement sur 
Internet ou par le bouche Ă  oreille, dans les concerts de Black Metal, 
les nights-clubs spĂ©cialisĂ©s ou lors de soirĂ©es privĂ©es. Le nombre 
important des profanations de sĂ©pultures recensĂ© depuis plusieurs 
annĂ©es et la signature de leurs auteurs confi rme par ailleurs que la 
France n’est pas à l’abri du pouvoir de nuisance des satanistes.

 

●

Les manifestations concrĂštes du satanisme sur le territoire

Selon une double caractĂ©ristique qui reste d’actualitĂ©, il n’existe pas de 

dĂ©fi nition offi cielle du satanisme et ce phĂ©nomĂšne demeure multiforme. DĂšs 
lors, le nombre total de satanistes s’avĂšre diffi cile Ă  Ă©tablir.

La plupart des adorateurs de Satan continuent de s’inspirer des Ă©crits 

d’Anton Szandor LaVey (dont 

Les neuf péchés sataniques

Les neuf commandements 

sataniques

Les onze lois sataniques de la terre

 et la 

Bible satanique

 Ă©crite par LaVey 

en 1969 et traduite en français en 2006).

La doctrine satanique est fondĂ©e sur l’anticonformisme (ses partisans 

croient en eux-mĂȘmes, en leurs propres qualitĂ©s et ils s’autoproclament leur 
propre dieu) et sur l’individualisme (nous vivons dans « un monde cruel Â», et 
« seuls les plus forts doivent survivre Â»).

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MIVILUDES 

▌

À l’heure actuelle, il n’existe pas d’association strictement satanique 

dĂ©clarĂ©e sur le territoire français, comprenant un bureau constituĂ© et un objet 
portant sur le culte de Satan. Les quelques associations structurĂ©es ayant fait 
parler d’elles Ă  la fi n du siĂšcle dernier ont disparu (la Wicca, le temple de 
Seth...). Il existe cependant quelques mouvements ayant un rapport plus ou 
moins direct avec le diable.

 

●

Les derniÚres structures et lieux de rendez-vous recensés

Aujourd’hui, les seules structures participant au phĂ©nomĂšne satanique 

sont de nature essentiellement commerciale : Ă©dition, boutiques, industrie 
musicale, etc. Il existe cependant quelques formations, de crĂ©ation rĂ©cente, qui 
peuvent ĂȘtre signalĂ©es pour leurs liens plus ou moins directs avec les croyances 
occultes et sataniques :

– L’association Libre assemblĂ©e paĂŻenne francophone

 (LAPF), dĂ©clarĂ©e le 

11 aoĂ»t 2004 Ă  la sous-prĂ©fecture de Langon (Gironde) a pour objet d’animer 
le dialogue entre diverses sensibilités spirituelles, dont le paganisme, le cel-
tisme, le chamanisme et la Wicca, un courant de pensée satanique.

– L’association 666 le chiffre de la bĂȘte humaine

, dont l’objet est « l’étude 

du confl it entre le paganisme et le christianisme des origines Ă  nos jours Â», se 
caractérise par sa discrétion et une activité quasi nulle.

– Le magasin Le Saint-Graal

 est spĂ©cialisĂ© dans la vente de produits dits Ă©sotĂ©-

riques et arbore sur sa façade un Ă©lĂ©ment graphique prĂ©sentant une analogie 
avec le pentacle, symbole de la magie noire ou du satanisme. Au cours du mois 
de juin 2006, une enquĂȘte de la gendarmerie d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais) 
rĂ©vĂ©lait l’existence de sĂ©ances de purifi cation et de rituels assortis notamment 
d’égorgements de boucs ou de coqs, dont les participants frĂ©quentent Le Saint-
Graal. Les carcasses des animaux Ă©taient retrouvĂ©es en avril 2007, dans le canal 
de Neufossé à Racquinghem (Pas-de-Calais).

On mentionnera aussi l’organisation internationale de l’Église de 

Satan, qui n’existe en France que de maniĂšre virtuelle mais qui propose en 
ligne une affi liation Ă  l’Église. Le site offi ciel traduit en plusieurs langues est 
complet sur l’univers d’Anton LaVey et de ses disciples.

Des boutiques spécialisées, des bars, des clubs spécialisés et des disco-

thÚques sont particuliÚrement fréquentés par les gothiques et les satanistes.

Des 

fl yers

 (cartons d’invitation) sont disponibles dans ces Ă©tablisse-

ments et orientent vers d’autres lieux de vie tels que des sex-shops spĂ©cialisĂ©s 
sur le fétichisme ou des soirées axées sur une sexualité débridée.

On prĂ©cisera qu’un bar de la capitale est le principal point d’ancrage 

d’un groupe d’une dizaine de satanistes fascinĂ©s par la personnalitĂ© et le passĂ© 
criminel d’un artiste connu pour ses tableaux reprĂ©sentant des tueurs en sĂ©rie.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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▌

 

●

Le mouvement gothique et Internet : deux facteurs propices 

aux idées satanistes

ArrivĂ© en France il y a une vingtaine d’annĂ©es, le mouvement gothique 

rassemble aujourd’hui un public de plus en plus large. MĂȘlant essentiellement 
univers mĂ©diĂ©val, fantastique et 

heroic fantasy

, la thĂ©matique gothique incarne 

une sorte de vaste mouvance hĂ©tĂ©roclite au sein de laquelle gravitent amateurs 
de jeux de rĂŽles, de musique Black Metal, mais aussi des adeptes du fĂ©tichisme 
ou de certains milieux satanistes.

Populaire auprĂšs d’une frange de la jeunesse en quĂȘte d’identifi cation, 

les gothiques Ă©voluent dans un univers noir, morbide, oĂč l’on rencontre des 
fi gures mĂ©diĂ©vales Ă©tranges avec un attrait marquĂ© pour les pratiques magiques, 
le spiritisme et les superstitions.

Si le gothisme ne conduit pas systématiquement au satanisme, il peut ser-

vir de passerelle vers lui, notamment par l’intermĂ©diaire de 

blogs

 (sortes de pages 

personnelles ou de journaux intimes mis en ligne) de plus en plus explicites.

Par ailleurs Internet, lieu privilĂ©giĂ© de rencontres pour les satanistes 

du monde entier est sans conteste le principal vecteur de propagation de cette 
idĂ©ologie. De fait, il existe une multitude de sites français ou anglo-saxons, plus 
ou moins violents, qui traitent de cette doctrine, proposant des extraits de la 
bible satanique, des textes, voire des livres reproduits dans leur intĂ©gralitĂ©, mais 
aussi des liens vers des sites proches de cette culture, comme la sorcellerie, la 
dĂ©monologie, le vampirisme, la magie, l’univers gothique, le Black Metal.

Les 

blogs

 abondent en outre de commentaires faits par les internautes, 

qui dĂ©voilent sans tabou leur amour pour Satan. De nombreux 

blogs

 arborent 

dĂšs leur page d’accueil les thĂšmes de prĂ©dilection de leur crĂ©ateur : le vampi-
risme, la dĂ©crĂ©pitude mentale, les cimetiĂšres, le romantisme noir, les scarifi ca-
tions, le 

Blood Fetishism

, le gothique, la dĂ©pression, la tristesse, la mort, les envies 

suicidaires...

Avec plus ou moins deux millions de sites français à gérer, parmi les-

quels des milliers faisant directement l’apologie du culte de Satan dans leur 
titre ou dans leur contenu, Skyrock.com/blog est le premier hébergeur fran-
çais de 

blogs

. Pour prĂ©venir les abus, sa direction a  dĂ©jĂ  dĂ» mettre en place 

une Ă©quipe chargĂ©e de surveiller en permanence plus de cent trente millions 
d’articles et de commentaires.

Ainsi le site intitulĂ© « Gothic Â» est une vĂ©ritable encyclopĂ©die en ligne 

sur cet univers renvoyant Ă  une soixantaine de thĂ©matiques dont de longues 
pages sur les messes noires et le satanisme. On mentionnera Ă©galement l’exis-
tence d’un annuaire gothique, structurĂ© en fonction des tendances, www.
annuaire-gothique.com.

Enfi n, un des sites Internet français les plus complets en la matiĂšre a étĂ© 

conçu par un adepte de la culture gothique (Corpus Angel). Par ailleurs, les 

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MIVILUDES 

▌

pages web de la communautĂ© gothique francophone concentrent une foule de 
renseignements sur les dates et lieux des concerts, la parution de divers fanzines, 
et référence les lieux de rencontres gothiques, les bars, les boutiques, les soirées.

Le satanisme, un danger pour l’intĂ©gritĂ© physique

 

●

Le satanisme, une source d’inspiration 

pour les personnes fragiles et suicidaires

En rÚgle générale, les satanistes ne prÎnent pas le suicide et le considÚ-

rent comme un acte lĂąche. D’aprĂšs la philosophie de l’Église de Satan, 

« le  suicide 

est grandement dĂ©sapprouvĂ©, car il s’agit de se donner la grande abstinence, la mort Â»

.

Mais certains de ces supports technologiques totalement consacrĂ©s Ă  

Satan font l’apologie des suicides relatĂ©s dans la presse. Ils peuvent ainsi consti-
tuer l’élĂ©ment dĂ©terminant d’un passage Ă  l’acte chez des collĂ©giens et lycĂ©ens 
fragilisés.

Des milliers de jeunes dans le monde Ă©voquent Ă  travers ce nouveau 

mĂ©dia gratuit et libre d’accĂšs leur mal-ĂȘtre et leurs idĂ©es suicidaires. Certains 
d’entre eux peuvent alors ĂȘtre tentĂ©s d’utiliser les 

blogs

 et les forums de discus-

sion non seulement pour partager leur mal de vivre mais aussi pour prĂ©parer 
ensemble un suicide collectif.

Ainsi en septembre  2005, deux collĂ©giennes de 13 et 14 ans se sont 

donné la mort en se jetant du 17

e

 Ă©tage d’une tour de la citĂ© Monmousseau 

Ă  Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les deux jeunes fi lles qui Ă©voquaient souvent 
la mort et laissaient entendre qu’elles allaient se suicider tĂŽt ou tard, s’étaient 
rapprochĂ©es du fait de leur attirance commune pour l’univers gothique. Le 
31 mai 2008, c’est un fait similaire qui s’est dĂ©roulĂ© en Belgique avec le suicide 
par pendaison de deux jeunes gothiques de 16 ans.

 

●

Un phénomÚne qui touche les amateurs de musique Black Metal

L’expression artistique de la culture satanique reste essentiellement 

musicale Ă  travers la musique Black Metal qui connaĂźt un succĂšs grandissant 
auprĂšs des jeunes. Certains d’entre eux, gĂ©nĂ©ralement fragilisĂ©s ou intellec-
tuellement peu armĂ©s, adhĂšrent totalement Ă  ce style musical et Ă  l’idĂ©ologie 
qu’il vĂ©hicule.

Beaucoup d’albums sont truffĂ©s de sigles cabalistiques et Ă©sotĂ©riques : 

la mort, les bougies, le feu, le sang, la croix inversĂ©e, le diable... Des messages 
subliminaux peuvent mĂȘme, selon leurs dĂ©tracteurs, y ĂȘtre insĂ©rĂ©s.

Leur infl uence est variable selon les individus, la majoritĂ© d’entre eux 

manifestent uniquement une certaine appĂ©tence pour les sonoritĂ©s macabres, 
ou sont séduits par un phénomÚne de mode à vocation essentiellement commer-

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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ciale, mais un public jeune et pas assez mĂ»r pour rĂ©sister Ă  l’infl uence de Â« l’ima-
gerie Â» mise en Ɠuvre peut rapidement adhĂ©rer Ă  ce style et Ă  ses prĂ©ceptes.

Les appels Ă  rejoindre l’armĂ©e de Satan ne sont pas rares. Nombre de 

fans n’hĂ©sitent pas, dans certains concerts, Ă  arborer des tenues et maquillages 
imitant ceux de leurs idoles. EntiĂšrement vĂȘtus de noir, ils portent plus discrĂš-
tement au quotidien la croix renversée.

En effet, de plus en plus d’adolescents, parfois trĂšs jeunes, sont acquis 

et vĂ©nĂšrent des groupes ou des chanteurs du vedettariat satanique, cherchant Ă  
copier les rituels imaginaires relatés dans les chansons ou en spectacle.

C’est ainsi que l’imprĂ©gnation prolongĂ©e dans une culture faisant la 

part belle aux musiques sombres, composĂ©es de paroles violentes et de mises en 
scĂšne grandiloquentes, conduit parfois certains jeunes Ă  se rapprocher de soi-
rĂ©es plus « ouvertes Â» rassemblant musique Black Metal, satanisme et nazisme.

État des lieux des profanations sataniques

Ces derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© marquĂ©es par un accroissement rĂ©gulier 

de dĂ©gradations d’édifi ces religieux et de sĂ©pultures, ce que le bilan chiffrĂ© de 
l’annĂ©e 2008 confi rme, mais le caractĂšre strictement satanique de ces faits reste 
proportionnellement faible.

Ainsi en 2008, sur un total de 266 sites touchĂ©s (cimetiĂšres, lieux de 

culte et calvaires), 22 prĂ©sentent un caractĂšre satanique avĂ©rĂ©. En 2007, sur les 
234 faits commis, 22 Ă©taient sataniques et en 2006, 28 sur 195 faits. On assiste 
donc à une stagnation de ce type d’actes.

Ces exactions se résument le plus souvent à des inscriptions antichré-

tiennes et à des croix retournées, à des allusions à Satan et à son univers, accom-
pagnées de propos blasphématoires mais sans indices de véritables rituels.

Parfois les effractions de lieux sacrĂ©s prennent un aspect profanatoire, 

se traduisant par une augmentation des vols d’objets d’art religieux et d’hosties 
consacrĂ©es, qui tendent Ă  diriger les enquĂȘteurs vers des pistes sataniques. C’est 
notamment le cas dans plusieurs Ă©glises des Hautes-PyrĂ©nĂ©es au cours du mois de 
septembre 2007, dont la cathédrale Saint-Jean de Perpignan (Pyrénées orientales).

Sur les 266 faits recensĂ©s en 2008, 39 se sont soldĂ©s par l’interpella-

tion des auteurs, soit un taux d’élucidation de 14,7 % qui correspond Ă  80 per-
sonnes interpellĂ©es, dont 57 mineurs (85 dont 40 mineurs en 2007) ; le taux 
d’élucidation Ă©tait de 12 % en 2007, contre 15,4 % en 2006 et 17 % en 2005.

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MIVILUDES 

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Dégradations anti chrétiennes

Total faits élucidés

Total actes sataniques

Lieux de culte

SĂ©pultures

0

30

60

90

120

150

2006

2008

2007

Sur l’ensemble de ces dĂ©lits, les interpellations rĂ©vĂšlent une baisse de 

l’ñge des auteurs. Des mineurs de 7 Ă  9 ans ont Ă©tĂ© interpellĂ©s pour des dĂ©gra-
dations de tombes en septembre dernier Ă  Puymirol (Lot-et-Garonne), alors 
que de jeunes adolescents un peu plus ĂągĂ©s et en mal de vivre n’hĂ©sitent pas Ă  
se livrer eux aussi Ă  de tels actes.

Le caractĂšre exclusivement satanique des exactions doit ĂȘtre relativisĂ©. 

D’aprĂšs les aveux des mis en cause, ces derniers agissent le plus souvent par 
pur vandalisme ou par jeu, et dans certains cas en Ă©tat d’ébriĂ©tĂ©. Ils Ɠuvrent 
essentiellement en groupe, par haine de la religion, sans toutefois relever 
d’une structure organisĂ©e, mĂȘme si quelques-uns d’entre eux appartiennent Ă  
la mouvance gothique.

Il arrive aussi que de jeunes « satanistes amateurs Â», infl uencĂ©s par la 

rĂ©sonance mĂ©diatique qui se dĂ©gage du phĂ©nomĂšne des dĂ©rives sataniques, 
passent Ă  l’acte. Les profanateurs restent dans leur grande majoritĂ© des primo 
dĂ©linquants, agissant gĂ©nĂ©ralement par mimĂ©tisme et exprimant pour certains 
une complaisance pour l’idĂ©ologie satanique, sans se livrer pour autant Ă  de 
véritables rituels.

La  Â« rĂ©sistance »  antisatanisme

Face Ă  cette accĂ©lĂ©ration de l’idĂ©ologie satanique, des voix s’élĂšvent et 

des rĂ©actions apparaissent. Ainsi plusieurs catholiques, premiĂšre communautĂ© 
visĂ©e par ce phĂ©nomĂšne, et plus largement les chrĂ©tiens, ont crĂ©Ă© un groupe 
(www.indignations.org) visant Ă  dĂ©noncer les profanateurs qui s’attaquent Ă  
leur communauté.

Ils agissent en alertant les pouvoirs publics sur ces actes, notamment 

par l’envoi massif de pĂ©titions et de courriers, dans le souci de faire connaĂźtre 
au grand public l’existence de ce problĂšme de sociĂ©tĂ©.

En fĂ©vrier 2006, lors d’une session de trois jours organisĂ©e Ă  Francheville 

(RhĂŽne), cent cinquante exorcistes catholiques et leurs collaborateurs, des reli-

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gieux et laĂŻcs spĂ©cialistes de l’occulte, se sont penchĂ©s sur la montĂ©e du sata-
nisme chez les jeunes.

En mars 2006, les Ă©vĂȘques de France ont adoptĂ© le nouveau rituel de 

l’exorcisme (la prĂ©cĂ©dente version datait de 1614). Pour la premiĂšre fois, le 
texte a étĂ© traduit du latin vers les langues nationales et il invite dĂ©sormais trĂšs 
clairement les prĂȘtres exorcistes Ă  se rapprocher de la mĂ©decine et de la psy-
chiatrie pour affi ner leur discernement, car l’Église appelle toujours Ă  la plus 
grande rĂ©serve autour de l’exorcisme.

Au niveau europĂ©en, la police italienne a crĂ©Ă© en dĂ©cembre 2006 une 

cellule spĂ©cialisĂ©e antisataniste, la 

Squadra

 (Ă©quipe) antisecte (SAS), composĂ©e 

de quinze agents d’investigation, comprenant Ă©galement des psychologues et 
analystes qui s’intĂ©ressent aux phĂ©nomĂšnes liĂ©s aux groupes satanistes, Ă©sotĂ©-
riques et religieux.

Leur objectif est de travailler sur le monde occulte en recueillant et analy-

sant les signalements et les faits Ă  l’aide d’équipes mobiles provinciales, en inter-
venant sur le territoire pour rĂ©soudre les cas criminels les plus graves tels que 
violences sexuelles, usage de drogues, soustractions de biens liant des particuliers 
Ă  des phĂ©nomĂšnes occultes. La prĂ©sence d’un prĂȘtre est Ă©galement prĂ©vue.

Par ailleurs l’universitĂ© pontifi cale 

Regina Apostolorum

 de Rome, orga-

nise des cours sur le satanisme et l’exorcisme, pour apprendre aux prĂȘtres 
et aux sĂ©minaristes Ă  diffĂ©rencier les cas de possession diabolique des cas de 
troubles psychiques.

En Russie, une trentaine de groupes sataniques, pour la plupart liĂ©s 

aux nĂ©o-nazis, ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s Ă  Moscou. En 2003, le ministĂšre russe de l’In-
tĂ©rieur a crĂ©Ă© un dĂ©partement chargĂ© d’enquĂȘter sur l’activitĂ© des mouvements 
sataniques qui multiplient les rituels et les assassinats.

Commentaire

Si dans certains pays, comme l’Italie ou le BrĂ©sil, la propagation du sata-

nisme atteint des proportions inquiĂ©tantes, sa progression en France semble de 
moindre ampleur, donnant lieu tout de mĂȘme Ă  des actes dĂ©lictuels, rarement 
criminels.

Les structures organisĂ©es du satanisme ne font plus parler d’elles mais 

le mouvement n’est pas pour autant affaibli. Il se maintient à travers un impor-
tant rĂ©seau relationnel sur le web, l’abondance des sites attirant de nombreux 
adolescents, animĂ©s d’une grande curiositĂ© pour le bizarre et le paranormal et 
en quĂȘte d’identitĂ©.

La hausse manifeste des dĂ©gradations de cimetiĂšres et de lieux de culte 

prĂ©sente un impact sur les populations locales non nĂ©gligeable au regard de 
la gravitĂ© des faits, de l’atteinte au patrimoine privĂ© et public, du respect des 

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MIVILUDES 

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croyances et du sacrĂ©. Le jeune Ăąge de leurs auteurs reste Ă©galement un sujet 
de préoccupation majeur.

DĂšs lors le principe de prĂ©caution s’applique avant tout pour les 

mineurs, tant en ce qui concerne la navigation sur Internet, que l’adoption de 
la culture gothique et de la musique Black Metal.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 27

▌

Le satanisme, une dĂ©rive 
d’actualitĂ© en Europe

Depuis plusieurs annĂ©es, la Miviludes analyse et surveille le phĂ©nomĂšne 

du satanisme en attirant l’attention des pouvoirs publics et de la population en 
général sur les dangers de cette mouvance.

La Miviludes, dans ses prĂ©cĂ©dents rapports, insistait dĂ©jĂ  sur le fait que 

ce n’est pas la croyance en Satan qui la prĂ©occupe mais uniquement les dĂ©rives 
occasionnées par les idées et les concepts véhiculés par la mouvance sataniste.

Certains de ces concepts diffusĂ©s par Internet peuvent amener de 

jeunes adolescents Ă  dĂ©velopper des idĂ©es de suicide, se rapprocher de groupes 
extrĂ©mistes proches des idĂ©ologies nĂ©o-nazies, etc. Ces aspects ont largement 
été détaillés dans le rapport 2007 de la Miviludes.

En cette annĂ©e de PrĂ©sidence europĂ©enne française, la Miviludes s’est 

attachĂ©e Ă  analyser ce phĂ©nomĂšne au niveau de l’Europe, Ă  partir des informa-
tions transmises par les postes diplomatiques.

Au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, deux mouvements liés au satanisme sont à distin-

guer : les groupes religieux satanistes qui se manifesteraient principalement 
par la diffusion d’une pensĂ©e, et les satanistes dits 

Dabblers

 qui se distingue-

raient par des pratiques pouvant constituer des infractions de droit commun.

‱ Les groupes « religieux Â» satanistes

Les groupes religieux satanistes sont considĂ©rĂ©s par l’association 

INFORM 

 1

 (association chargĂ©e d’effectuer une veille sur les nouveaux mouve-

ments religieux) comme un vĂ©ritable mouvement religieux Ă  part entiĂšre, trĂšs 
organisĂ©, qui ne prie pas un Être suprĂȘme, mais prĂŽne une philosophie de vie 
basĂ©e sur l’égocentrisme.

Cette mouvance peut Ă©galement rassembler des adeptes du druidisme 

et de groupes paĂŻens.

Les membres de ces groupes religieux satanistes se défendent de sacri-

fi er des animaux pendant leurs cĂ©rĂ©monies.

1  -  Information Network Focus on Religious Movements.

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28 

MIVILUDES 

▌

Les principaux groupes satanistes rĂ©pertoriĂ©s sont au nombre de trois : 

Church of Satan, Temple of Set, et Order of Nine Angles. Selon INFORM il est 
trĂšs diffi cile d’évaluer le nombre d’adeptes de ces diffĂ©rents groupes, les rĂ©u-
nions n’étant pas publiques et leurs membres pas trĂšs prolixes sur leurs effec-
tifs ; toutefois, selon les chiffres Ă©voquĂ©s, Church of Satan a pu compter jusqu’à 
5 000 membres et les adeptes de Temple of Set ont Ă©tĂ© estimĂ©s Ă  500 en 1995.

Le groupe considĂ©rĂ© comme le plus problĂ©matique, 

Order of Nine Angles

 

(ONA) se signale dans des forums sur Internet sans qu’il soit possible d’obtenir 
des informations sur son importance du fait de son activitĂ© secrĂšte. Selon les 
spĂ©cialistes d’INFORM, ONA serait rĂ©fĂ©rencĂ© comme un groupe fasciste sata-
niste, s’inspirant des idĂ©es proches du national-socialisme.

Pour autant, aucune infraction n’a Ă©tĂ© revendiquĂ©e, ni constatĂ©e ces 

derniÚres années, qui serait imputable à ces groupes satanistes.

Le membre type de ces groupes est dĂ©fi ni par INFORM comme cĂ©liba-

taire, et appartenant plutĂŽt au milieu artistique.

Suite Ă  de nombreuses enquĂȘtes pour abus d’enfants dont Temple of 

Set  avait fait l’objet aux États-Unis dans les annĂ©es 1980, sa branche britan-
nique a fait l’objet de nombreuses affi rmations qui n’ont toutefois jamais pu 
ĂȘtre vĂ©rifi Ă©es.

Selon INFORM, toutes les allĂ©gations de rituels sataniques violents 

génÚrent la peur et alimentent la rumeur autour de ces groupes.

‱ Les 

Dabblers

Il s’agit d’une nĂ©buleuse d’individus, jeunes pour la plupart, et qui 

sont attirĂ©s par diffĂ©rentes expressions artistiques liĂ©es au satanisme comme la 
musique, la photographie, ou la bande dessinée.

Il n’y a pas vĂ©ritablement de thĂ©ologie fondĂ©e mais plutĂŽt une accumu-

lation d’élĂ©ments provenant de diffĂ©rentes sources comme la magie noire et 
diverses traditions occultes.

Il arrive que les 

Dabblers

 commettent des infractions auxquelles ces der-

niers souhaitent donner un caractĂšre sataniste, telles que les profanations de 
cimetiĂšres, des graffi tis sur les murs, et des actes de barbarie envers les animaux.

INFORM considĂšre que les infractions Ă©noncĂ©es ci-dessus ainsi que les 

suicides chez les jeunes, les phĂ©nomĂšnes de scarifi cation, les incitations Ă  la 
haine raciale ne sont pas forcément attribuables à des mouvements dits sata-
nistes, mais Ă  des sous-groupes animĂ©s de sous cultures 

(sic)

.

En tout état de cause, les infractions liées directement ou indirecte-

ment au satanisme, ne sont pas prises en compte statistiquement en tant que 
telles par le 

Home Offi ce

, il est donc diffi cile de dĂ©terminer l’ampleur du phĂ©no-

mĂšne au Royaume-Uni.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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▌

En Italie

Les sectes satanistes constituent un phĂ©nomĂšne rĂ©current en Italie. 

Elles se sont dĂ©veloppĂ©es principalement dans le nord du pays, en Émilie-
Romagne et dans le Piémont. Certaines de ces sectes satanistes se situent éga-
lement en Toscane.

Ce phĂ©nomĂšne a  dĂ©butĂ© en Italie dans les annĂ©es 1960 et a  pris de 

l’ampleur. Plusieurs groupes satanistes ont disparu, mais d’autres mouvements 
se sont constituĂ©s, le plus souvent en secret ; on constate une augmentation 
progressive du nombre d’adeptes, qui serait passĂ© d’une centaine au dĂ©but 
du phĂ©nomĂšne Ă  environ 3 500 Ă  l’heure actuelle, regroupĂ©s en quelque 600 
groupuscules.

Il s’agit le plus souvent d’organisations aux rites Ă©sotĂ©riques, voire bar-

bares et criminels.

De nombreux incidents dĂ©lictueux concernant l’activitĂ© d’individus ou 

de groupes se rĂ©clamant du satanisme sont rapportĂ©s Ă  la police italienne. La 
plupart d’entre eux ont trait Ă  des infractions pĂ©nales de droit commun : agres-
sions sexuelles, viols en rĂ©union sur personnes vulnĂ©rables, administration de 
substances toxiques, trafi c de matĂ©riel pĂ©dopornographique, profanations de 
tombes, vol et recel de cadavres.

Bien d’autres affaires ont Ă©tĂ© relayĂ©es par les mĂ©dias. C’est ainsi 

qu’entre 1968 et 1985, la bande du « monstre de Florence Â», constituĂ©e de huit 
personnes, a agressĂ© sexuellement et assassinĂ© huit couples d’amoureux dans 
la campagne de Toscane... En janvier 2004, plusieurs membres de la secte dite 
« BĂȘte de Satan Â» ont Ă©tĂ© interpellĂ©s Ă  VarĂšse pour des assassinats.

Les « Enfants de Satan Â» ont fait disparaĂźtre plusieurs des leurs lors 

de rites sataniques initiatiques. Plus récemment, des pratiques liées au sata-
nisme « Acide Â» se multiplient : elles regroupent des individus qui s’adonnent Ă  
la consommation de drogues « dures Â», suscitant des comportements dĂ©viants 
allant des violences aux crimes les plus graves.

AlertĂ©s par l’ampleur du phĂ©nomĂšne, les pouvoirs publics et l’Église 

ont mis sur pied divers comités chargés de surveiller ces organisations.

Des 

Squadre mobili

 (Ă©quipes mobiles) ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es au sein de la police, 

afi n de mener des enquĂȘtes judiciaires sur ce type de phĂ©nomĂšne.

La police italienne, notamment en matiĂšre de pĂ©dopornographie, 

prĂȘte une attention toute particuliĂšre aux sites satanistes.

L’Église italienne a trĂšs vite rĂ©agi, estimant de son devoir d’informer 

et de mettre en garde ses fi dĂšles. La confĂ©rence Ă©piscopale italienne a crĂ©Ă© en 
1987 une association : le Groupe de recherche et d’information socioreligieux 
(GRIS).

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30 

MIVILUDES 

▌

En Allemagne

En Allemagne la mouvance sataniste a  connu un essor particulier 

depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Les nouveaux 

LĂ€nder

 ont dĂ©couvert 

ce phénomÚne qui était peu développé lors de la période communiste. Le sata-
nisme n’en demeure pas moins un phĂ©nomĂšne encore relativement mĂ©connu, 
dont l’ampleur est dĂ©licate Ă  apprĂ©hender. On peut nĂ©anmoins distinguer le 
satanisme organisĂ©, avec ses rituels, de la tendance gothique en vogue chez de 
nombreux jeunes. La particularitĂ© allemande rĂ©side dans les liens Ă©tablis avec 
la mouvance néo-nazie.

Ces derniÚres années ont été marquées par une médiatisation impor-

tante de quelques meurtres Ă  caractĂšre satanique. Le plus connu est sans doute 
l’affaire dite de 

Witten

, dans laquelle une femme a étĂ© reconnue coupable d’un 

meurtre qu’elle disait avoir commis sous l’emprise du dĂ©mon. Ce fait macabre 
a étĂ© l’objet d’un long documentaire tĂ©lĂ©visuel sur la chaĂźne ZDF en 2006.

S’il est plus facile de juger de la motivation sataniste de certains faits 

comme les profanations de cimetiĂšres, etc. , les services de police allemands ne 
fournissent cependant pas de chiffres précis dans ce domaine.

Les experts allemands sont tout aussi divisĂ©s sur le nombre d’adeptes 

de la mouvance sataniste. Les nombres Ă©voquĂ©s vont de 5 000  Ă  20 000. Plus 
certainement ce sont les jeunes issus des couches sociales les moins favorisĂ©es 
qui sont les plus susceptibles d’adhĂ©rer Ă  ce mouvement.

Face Ă  ce phĂ©nomĂšne, l’action des pouvoirs publics est limitĂ©e. En 

effet, l’article 4 de la loi fondamentale assurant la neutralitĂ© de l’État vis-Ă -vis de 
tous types de croyances, le satanisme n’est pas interdit en tant que tel. La prĂ©-
vention des actes satanistes est essentiellement rĂ©alisĂ©e par les mouvements de 
lutte contre les dĂ©rives sectaires, acteurs que l’on trouve essentiellement dans 
les administrations des 

LĂ€nder

, au sein des Ă©glises catholiques et protestantes, et 

surtout sous forme d’associations de particuliers.

La musique joue un rĂŽle important dans ces mouvements : si de nom-

breux groupes Black Metal ne sont pas rĂ©ellement satanistes, mais peuvent se 
rapprocher des gothiques, ils prĂ©sentent toutefois des analogies par un mĂȘme 
sentiment de dĂ©sillusion profonde par rapport Ă  la vie, voire des tendances 
suicidaires.

Pour les autorités allemandes, le lien apparaßt évident entre les mou-

vances satanistes et la mouvance nĂ©o-nazie : ce constat est fait sur la base de 
l’étude de plusieurs sites Internet. Par exemple il a étĂ© constatĂ© un antisĂ©mi-
tisme violent dans les textes du groupe de Black Metal de tendance nationale-
socialiste Magog fondé en 1997.

Les services de police allemands ont relevĂ© dans le profi l de la plupart 

des individus ayant tentĂ© de commettre des actes de folie meurtriĂšre dans des 
Ă©tablissements scolaires une constante Ă  caractĂšre gothique.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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▌

En Espagne

Les autoritĂ©s espagnoles indiquent ne pas avoir enregistrĂ© rĂ©cemment 

de faits délictueux en rapport avec le satanisme. Ce phénomÚne semble tou-
tefois ĂȘtre bien prĂ©sent en Espagne. En effet le nombre de sectes et d’adeptes 
sataniques est respectivement estimĂ© Ă  une centaine de groupes et Ă  2 500 
adeptes. La majoritĂ© des groupes est implantĂ©e dans la rĂ©gion du Levant, mĂȘme 
s’il en existe dans le sud de l’Andalousie, en Galice et en Castille-et-LeĂłn. La 
rĂ©gion de Madrid est Ă©galement considĂ©rĂ©e comme un lieu de concentration 
des sectes sataniques. Parmi les groupes les plus connus en Espagne nous pou-
vons citer : Les Amis de Lucifer, La CommunautĂ© du Grand Aigle, Les SƓurs du 
Halo de BelzĂ©buth, Église de Satan, etc.

Il est Ă  noter que certains prĂȘtres catholiques sont reconnus comme 

experts du phĂ©nomĂšne sataniste en Espagne, notamment les pĂšres Guerra 
Manuel et Picazo Ruiz. Ce dernier, curĂ© de la ville de Gandia, a étĂ© attaquĂ© Ă  
l’arme blanche et blessĂ© par un adepte de Satan en 2000.

Plusieurs affaires en rapport avec le satanisme ont dĂ©frayĂ© la chronique 

en Espagne. En septembre 1997 Ă  Madrid, un cadavre d’un homme dĂ©capitĂ© 
portant sur sa peau un pentacle et le chiffre 666 n’a pu ĂȘtre identifi Ă©.

En 1997 Ă©galement, deux petites fi lles de 8 et 10 ans sont soumises par 

sept adultes (dont leurs propres parents) Ă  des rituels satanistes (ingestion de 
sang humain) et Ă  des orgies sexuelles. De source judiciaire espagnole, le rĂ©cit 
des fi llettes Ă©tait crĂ©dible.

En 1999, une jeune femme de 22 ans est enlevĂ©e Ă  Almassera et 

conduite dans une maison abandonnĂ©e, oĂč plusieurs personnes pratiquent un 
rituel sataniste.

En novembre 2001, la police municipale d’Arganzuela met fi n Ă  une 

fĂȘte satanique en cours dans d’anciens abattoirs. Elle a constatĂ© Ă  cette occa-
sion la prĂ©sence des restes d’un rituel : sang, viscĂšres d’animaux, dessins et 
inscriptions sataniques.

En dĂ©cembre 2003, le tribunal d’Alicante condamne Ă  soixante-dix ans de 

prison Antonio R.B. pour avoir agressé 18 enfants ùgés de 11 à 14 ans entre jan-
vier 1998 et janvier 2001. Toutes les victimes ont affi rmĂ© qu’outre les viols, l’auteur 
avait essayé de les recruter dans la secte de la demi-lune, secte à caractÚre satanique.

En 2004, deux hommes sont interpellés pour avoir profané une tren-

taine de tombes au cimetiĂšre municipal de Villaobispo. Lors de cette arresta-
tion, les deux hommes étaient habillés de tuniques noires arborant des sym-
boles sataniques.

En outre les autoritĂ©s espagnoles ont constatĂ© ces derniĂšres annĂ©es 

le dĂ©veloppement d’un marchĂ© noir d’hosties consacrĂ©es, revendues de 80 Ă  
500 euros l’unitĂ©. Ces hosties sont en effet trĂšs recherchĂ©es pour les rituels de 
messes noires.

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32 

MIVILUDES 

▌

Au Portugal

Pour le ministĂšre de l’IntĂ©rieur portugais aucun acte dĂ©lictueux n’a Ă©tĂ© 

commis Ă  ce jour par un mouvement se revendiquant du satanisme.

Les seuls actes rĂ©prĂ©hensibles associĂ©s Ă  des pratiques dites sataniques 

(notamment des profanations de cimetiĂšres et d’églises) sont l’apanage des 
jeunes infl uencĂ©s par des courants musicaux extrĂ©mistes (Black et Black 
Metal). La police portugaise surveille en consĂ©quence les principaux festivals 
de musique rock invitant des groupes représentatifs de ces courants.

Il est intĂ©ressant de noter que pour la principale association portugaise 

d’aide aux victimes (l’APAV fondĂ©e en 1990), il n’existe Ă  ce jour aucun cas de 
victime d’un mouvement religieux, sectaire ou non...

En Russie

En Russie, le phĂ©nomĂšne atteste d’environ trente groupuscules sata-

nistes et environ 2 000 adhĂ©rents. Le phĂ©nomĂšne du satanisme s’est dĂ©veloppĂ© 
aprĂšs l’annĂ©e 1989, s’en prenant notamment aux lieux et objets du culte ortho-
doxe. Le vecteur de l’Internet en constitue actuellement un support important.

Bien qu’il soit aujourd’hui une rĂ©alitĂ©, le satanisme constitue toujours 

en Russie avant tout une accusation. Le terme est utilisé par les milieux ortho-
doxes les plus militants pour désigner tout ce qui est perçu comme une tenta-
tive d’inversion des valeurs, et en particulier les maux dont l’effondrement des 
annĂ©es 1990 a brutalement rĂ©vĂ©lĂ© l’existence au peuple russe.

La mouvance sataniste en Russie recouvre une double rĂ©alitĂ© :

‱  Des groupements traditionnels satanistes ont, outre les dogmes satanistes, 
conservĂ© l’hĂ©ritage de l’athĂ©isme antireligieux. Ces groupes se sont manifestĂ©s 
Ă  la faveur du rĂ©veil de l’Église orthodoxe, principalement par des actions de 
profanation de lieux ou d’objets de culte (mutilation d’icĂŽnes, destruction de 
croix dont en 1996 une croix gĂ©ante qui venait d’ĂȘtre bĂ©nie par le patriarche 
Alexis II, attentat Ă  la bombe en 1997 contre une Ă©glise Ă  Moscou, etc.).
‱  S’agissant des nouveaux courants satanistes importĂ©s des États-Unis et plus 
particuliĂšrement autour de la fondation de l’Église de Satan d’Anton LaVey, 
aucune  Â« succursale »  offi cielle n’a Ă  ce stade Ă©tĂ© ouverte en Russie, grĂące aux 
obstacles effi cacement mis en place par la rĂ©glementation nationale. Toutefois 
des dizaines de petits groupes satanistes existent aujourd’hui Ă  travers le pays ; 
les experts ont mis en Ă©vidence le rĂŽle important jouĂ© par certains concerts 
de musique rock, comme un premier point d’entrĂ©e pour les jeunes dans la 
mouvance sataniste.

En Russie la croyance sataniste tend Ă  s’affi lier frĂ©quemment avec des 

mouvances ultranationalistes ou nazies, imprĂ©gnĂ©es de fascination pour l’ac-
tion violente et de xénophobie.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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Le dernier acte criminel attestĂ© date du 10 septembre 2008, lorsqu’ont 

Ă©tĂ© dĂ©couverts dans une ville situĂ©e Ă  300 kilomĂštres au nord de Moscou 
(Iaroslavl) les corps de quatre adolescents, mutilés dans des conditions épou-
vantables par 666 coups de couteau et des actes de cannibalisme accompagnĂ©s 
de revendications explicitement satanistes.

En Biélorussie

Une mouvance sataniste fait sporadiquement parler d’elle, mais il 

s’agit d’une mouvance ultra-minoritaire trĂšs peu relayĂ©e au sein de la sociĂ©tĂ© 
biélorusse.

Cette mouvance n’aurait aucune infl uence sur les jeunes gĂ©nĂ©rations 

de ce pays, lesquelles, selon les autoritĂ©s religieuses, se tournent toujours plus 
vers la religion.

En Suisse

Le satanisme n’est pas une prĂ©occupation majeure pour la 

ConfĂ©dĂ©ration ; les Ă©lĂ©ments statistiques fournis par les autoritĂ©s suisses sont 
des plus rĂ©duits. Les dĂ©lits susceptibles d’ĂȘtre liĂ©s au satanisme peuvent ĂȘtre 
punis sur la base des articles de loi sanctionnant les atteintes Ă  la libertĂ© de 
croyance et de conscience, et les crimes et délits contre la paix publique.

Cette mouvance au sein de la jeunesse helvĂ©tique se manifeste surtout 

actuellement par le comportement particulier de nombreux jeunes vĂȘtus de 
noir, se teignant les cheveux en noir et exhibant des croix portĂ©es Ă  l’envers. 
Pour les autoritĂ©s, ce culte du diable par des adolescents n’aurait pas d’arriĂšre-
plan idĂ©ologique, mais exprimerait une envie de provocation. Ce phĂ©nomĂšne 
est qualifi Ă© de « jeu avec le diabolique Â».

En Suisse, de maniĂšre exceptionnelle, le satanisme peut se rĂ©vĂ©ler par 

la commission d’actes graves, comme l’incendie d’une Ă©glise Ă  Aarau en 2004 
par un jeune adepte d’un cercle sataniste.

Globalement, l’état actuel des connaissances policiĂšres en la matiĂšre 

conclut Ă  l’existence de groupes trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes d’adolescents se rassemblant 
autour de ce thĂšme.

En Autriche

En Autriche, le suivi des dĂ©rives liĂ©es au satanisme est confi Ă© Ă  l’Offi ce 

fédéral de protection de la Constitution et de lutte contre le terrorisme.

Les autoritĂ©s autrichiennes soulignent la diffi cultĂ© de dĂ©fi nir  avec 

prĂ©cision le phĂ©nomĂšne, dont les formes et les causes sont multiples (simple 

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MIVILUDES 

▌

moyen d’exprimer son mal-ĂȘtre ou vĂ©ritable phĂ©nomĂšne religieux). Le carac-
tĂšre secret de cette dĂ©rive explique en outre pour les Autrichiens la diffi cultĂ© 
d’évaluer de façon pertinente le nombre d’adeptes concernĂ©s.

Il est Ă©galement constatĂ© dans ce pays l’infl uence importante de la 

musique Black Metal dans le courant sataniste, ainsi que l’apparition d’un 
autre phĂ©nomĂšne proche du satanisme : le vampirisme.

La police autrichienne prĂ©cise que la piste sataniste a étĂ© Ă©voquĂ©e lors 

de crimes ou de dĂ©lits rĂ©cents, ainsi que lors de suicides d’adolescents, mais 
aucun Ă©lĂ©ment concret n’a jamais permis d’établir cette thĂšse.

En Belgique

En Belgique, le satanisme ne fait l’objet d’aucune Ă©tude particuliĂšre, 

et en ce qui concerne les mesures de prĂ©vention et de lutte, le satanisme est 
traitĂ© comme les autres mouvements sectaires. Depuis 2000, seuls trois cas de 
satanisme ont Ă©tĂ© signalĂ©s mais ils n’ont pas Ă©tĂ© avĂ©rĂ©s.

Les spĂ©cialistes estiment que la jeunesse belge n’est pas touchĂ©e par ce 

phénomÚne.

À Chypre

L’Église orthodoxe reconnaüt l’existence de quelques cercles sata-

niques. Les manifestations de satanisme Ă  Chypre auraient selon elle peu de 
rapport avec les perceptions satanistes du Moyen Âge, ou les cĂ©rĂ©monies obs-
cures des XVIII

e

 et XIX

e

  siĂšcles, mais seraient fortement infl uencĂ©es par les 

organisations néo-satanistes du XX

e

  siĂšcle. Les membres de ces groupes se 

rĂ©clameraient ainsi d’Aleister Crowley, prĂ©curseur du nĂ©o-satanisme.

Selon les confessions d’un ancien adepte, les quelques groupes existant 

Ă  Chypre seraient organisĂ©s depuis l’étranger et les membres communique-
raient uniquement 

via

 Internet.

Quelques affaires liĂ©es Ă  cette mouvance ont Ă©tĂ© recensĂ©es au cours de la 
pĂ©riode rĂ©cente :
– La police chypriote avait retrouvĂ© il y a plusieurs annĂ©es (sans prĂ©cision) plu-
sieurs moutons dĂ©capitĂ©s et vidĂ©s de leur sang. Ces faits ont pu ĂȘtre imputĂ©s au 
groupe sataniste Église de Satan, laquelle Ă©tait composĂ©e essentiellement de 
jeunes gens habitant la petite ville de Limassol.
– En mai 2008, la tentative de suicide d’un jeune membre du cercle des par-
tisans de Lucifer Ă©tait liĂ©e au fait qu’il avait incisĂ© sa petite amie pour boire 
son sang. Ce cercle organisait des cĂ©rĂ©monies initiatiques sur le territoire de 
la RĂ©publique de Chypre mais Ă©galement dans la partie nord de l’üle (partie 
turque).

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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Dans les cimetiĂšres les agissements des adeptes consistent Ă  briser et Ă  

renverser des croix, entonner des chansons Ă  la gloire de Satan et s’asperger 
avec du sang d’animal. Il y aurait lors de ces cĂ©rĂ©monies de grandes consomma-
tions de drogue (ecstasy) et d’alcool.

Selon l’Église orthodoxe, les adeptes sont recrutĂ©s principalement 

parmi des Ă©tudiants Ă©trangers qui feraient l’objet de propositions d’ordre 
sexuel dans un premier temps, puis qui seraient ensuite piégés par des ser-
ments de silence avant d’ĂȘtre incitĂ©s au suicide, convaincus ainsi d’approcher 
Satan.

En GrĂšce

Depuis l’arrestation en 1993 du groupe satanique Katsoula, aucune 

action dĂ©lictuelle ou criminelle liĂ©e au satanisme n’a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e, bien que la 
section de contrĂŽle des dĂ©rives sectaires de la Direction gĂ©nĂ©rale de la police 
de l’Attique enquĂȘte avec soin depuis cette dramatique affaire sur toutes les 
dĂ©nonciations d’éventuelles activitĂ©s satanistes.

Pour mĂ©moire le groupe Katsoula avait assassinĂ© de façon rituelle une 

femme de 28 ans et une jeune fi lle de 14 ans. Les auteurs, deux hommes, ont 
Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© et leur complice, une 
jeune fi lle Ă  peine majeure, Ă  18 ans de rĂ©clusion.

En Pologne

La premiĂšre Ă©tude sur le satanisme en Pologne fut Ă©tablie en 1987 par 

le ministĂšre de l’IntĂ©rieur polonais. Une opĂ©ration d’infi ltration avait permis 
d’identifi er trois groupes en Pologne :
– Un groupe dirigĂ© par le Polonais Robert Szwed qui dĂ©veloppa pour la pre-
miĂšre fois les rituels sataniques : ce groupe fut trĂšs prĂ©sent dans la rĂ©gion de 
Czestochowa et de Wroclaw.
– Les satanistes appartenant Ă  l’Église de Satan qui dans un de leur rituel boi-
vent du sang d’animaux divers.
– Les lucifĂ©riens reconnus comme les plus radicaux et qui dans leurs divers 
rituels pratiquent le viol collectif.

Les sociologues polonais parlent de satanistes dits « traditionnels Â» et 

qui regroupent les adorateurs de l’Église de Satan fondĂ©e par Anton LaVey 
en 1966.

En Irlande

Au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, quelques actions criminelles 

ont Ă©tĂ© attribuĂ©es Ă  des adeptes de rituels lucifĂ©riens. Il s’agit d’affaires de 

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disparitions et de viols, d’abus sexuels sur des enfants et de mauvais traite-
ments sur des animaux.

Les enquĂȘtes ont rĂ©vĂ©lĂ© des troubles psychologiques Ă©vidents chez cer-

tains des auteurs, mais de vĂ©ritables liens entre ces faits et l’appartenance Ă  des 
groupes satanistes n’ont pu ĂȘtre dĂ©montrĂ©s.

Les spĂ©cialistes font remarquer qu’en Irlande, l’importance de la cel-

lule familiale dans ce pays de quatre millions d’habitants est en opposition 
frontale avec les mouvements de type sataniste, et que les principes fondateurs 
de l’identitĂ© nationale suscitent en Irlande une condamnation sans appel de ce 
type d’appartenance.

En NorvĂšge

Il existe en NorvĂšge depuis les annĂ©es 1980, une mouvance musicale 

d’inspiration sataniste, le Black Metal. Cette musique fait rĂ©fĂ©rence au sata-
nisme et aux diverses mythologies scandinaves ; les principaux groupes de 
musique issus de ce mouvement vendraient des centaines de milliers d’exem-
plaires de leurs albums.

Cette mouvance a  attirĂ© l’attention des mĂ©dias au dĂ©but des annĂ©es 

1990, en raison d’un virage spectaculaire vers la violence envers les personnes 
et les biens : entre  1991 et  1995, une quarantaine d’églises auraient Ă©tĂ© pro-
fanĂ©es, un certain nombre d’agressions et de viols aurait Ă©tĂ© commis par des 
musiciens ou des adeptes du Black Metal. Cette sĂ©rie de violences s’est ter-
minĂ©e en 1995 avec la condamnation Ă  vingt et une annĂ©es de prison (peine 
maximale en NorvĂšge) pour meurtre.

Depuis cette dramatique affaire, le satanisme en NorvĂšge est trĂšs 

marginal.

En Finlande

Quelques actes dĂ©lictueux isolĂ©s d’inspiration sataniste ont Ă©tĂ© rĂ©perto-

riĂ©s ces derniĂšres annĂ©es, tels que des profanations de tombes et de cimetiĂšres 
(un Ă  deux cimetiĂšres profanĂ©s chaque annĂ©e) et des incendies d’églises.

Il faut remonter Ă  1998 pour trouver un cas signifi catif : Ă  Hyvinkaa, 

trois jeunes gens s’étaient livrĂ©s sur une personne Ă  des actes de torture, avant 
de la tuer et de manger certaines parties de son corps. Le tribunal avait consi-
dĂ©rĂ© dans son jugement que les auteurs avaient agi sous une infl uence pro-
fonde du satanisme. L’instigateur a étĂ© condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© : ce 
dossier est classĂ© confi dentiel par les autoritĂ©s fi nlandaises.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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En SuĂšde

Dans les annĂ©es 1990, plusieurs cas d’exploitation sexuelle d’enfants 

en rapport avec des rituels satanistes ont Ă©tĂ© identifi Ă©s. Ces faits n’apparaissent 
plus dans le tableau actuel de la criminalité suédoise.

Aucune affaire liĂ©e au satanisme n’a Ă©tĂ© enregistrĂ©e en SuĂšde dans la 

période récente.

Conclusion

Pour tous les autres pays d’Europe interrogĂ©s, le phĂ©nomĂšne du sata-

nisme est soit trĂšs peu rĂ©pandu, soit tout simplement ignorĂ© par les autoritĂ©s, 
qui estiment que cette mouvance ne prĂ©sente aujourd’hui aucun aspect rĂ©elle-
ment signifi catif et qu’il n’entre donc pas dans le cadre d’études ou de distinc-
tions particuliÚres lors du traitement de crimes ou de délits.

Le satanisme en Europe est une rĂ©alitĂ© de notre temps qui touche plus 

particuliĂšrement les adolescents et qui est vĂ©hiculĂ©e notamment par un genre 
musical et par l’Internet.

Cette mouvance, variable selon les États, est d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale 

bien installĂ©e en Europe et ne cesse mĂȘme de se dĂ©velopper.

Les « valeurs Â» qu’elle est censĂ©e transmettre ne sont en rĂ©alitĂ© qu’une 

approche du morbide et de la violence, mĂȘme si quelques rares « intellectuels Â» 
tentent de les théoriser.

Le cheminement de cette mouvance Ă©loigne en effet les adolescents 

de l’espoir et les conforte dans les interrogations nĂ©gatives normales Ă  cet Ăąge. 
Elle les Ă©loigne Ă©galement de la confi ance en leur propre avenir, les amenant 
pour certains Ă  commettre l’irrĂ©parable soit sur autrui, soit sur leur propre 
personne.

Dans l’avenir la mouvance sataniste mĂ©rite donc de la part des pouvoirs 

publics une prise en considĂ©ration trĂšs sĂ©rieuse, par une Ă©tude approfondie 
de ses rĂ©seaux, de ses vĂ©ritables buts, et de son dĂ©veloppement au sein de nos 
sociétés modernes.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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Internet :  l’amplifi cation du 
risque de dérives sectaires

Une part importante de la vigilance des États de droit face aux mouve-

ments et réseaux à caractÚre sectaire se joue sur Internet.

L’enjeu est considĂ©rable. Sans effectuer un examen exhaustif des 

diverses zones de risques dĂ©coulant de l’émergence de la menace sectaire sur 
le web, il est possible de rĂ©sumer cette menace en abordant trois niveaux d’ana-
lyse et de préoccupations.

Le premier niveau concerne le caractĂšre sĂ©ducteur des sites et leur 

effet démultiplicateur en direction des cibles potentielles.

Le second niveau est celui de la possibilitĂ© offerte par Internet aux 

crĂ©ateurs de sites Ă  fi nalitĂ© sectaire, de prĂ©senter sous forme de tromperie des 
projets, des prestations et des produits, indĂ©pendamment du contexte d’orga-
nisation et de fonctionnement rĂ©el d’un mouvement ou d’un rĂ©seau, et donc 
d’amĂ©nager leur irresponsabilitĂ© juridique.

Le troisiĂšme niveau enfi n, est celui du foisonnement de propositions 

mĂȘlant quĂȘte de sens, dĂ©veloppement personnel, bien-ĂȘtre, accomplissement 
de soi et management des hommes, qui induit une dispersion du risque et 
une diffi cultĂ© Ă  le dĂ©fi nir. En effet, seule une recherche approfondie permet 
de dĂ©celer la cohĂ©rence d’action d’entitĂ©s apparaissant sur « la toile Â» sans lien 
entre elles.

Enfi n, force est de constater qu’Internet est devenu instrument unique 

de dénigrement des institutions et des hommes qui les servent.

Le caractĂšre sĂ©ducteur d’Internet 
et l’effet dĂ©multiplicateur du risque

La premiĂšre Ă©tape consiste en la crĂ©ation par le fondateur d’un ou 

plusieurs 

« concepts »

. Puis une deuxiĂšme phase consiste en la protection de ces 

« concepts Â» par des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle ou droits d’auteur auprĂšs 
d’instituts nationaux et transnationaux de protection de la propriĂ©tĂ© intellec-
tuelle. Cela reprĂ©sente un double avantage : celui de la protection de l’usage et 
celui d’une diffusion maĂźtrisĂ©e des messages et des propositions Ă  destination 
des cibles potentielles.

Puis vient l’étape de mise en place de processus de commercialisation, 

associant confĂ©rences de promotion, sĂ©minaires, formations et dĂ©veloppement 

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d’un rĂ©seau de diffuseurs. On notera Ă©galement la recherche du cloisonne-
ment des entitĂ©s juridiques concourant Ă  l’objet central du mouvement, dans le 
but d’échapper Ă  la vigilance des autoritĂ©s administratives et judiciaires.

À ce titre, connaĂźtre l’historique de mouvements et rĂ©seaux Ă  carac-

tĂšre sectaire les plus anciens apporte de trĂšs riches enseignements sur leurs 
choix de protection et de prĂ©servation de leurs intĂ©rĂȘts. Car c’est notamment 
de la confrontation ancienne de ces mouvements aux lĂ©gislations nationales 
que sont nĂ©es leurs structures juridiques diversifi Ă©es et leurs modes opĂ©ratoires 
opaques. Au-delĂ  de l’opacitĂ©, l’objectif recherchĂ© est bien de gĂȘner, voire 
d’empĂȘcher la dĂ©tection des risques de dĂ©rives sectaires et l’exercice par les 
services de l’État de leurs prĂ©rogatives.

Toutes ces Ă©tapes sont repĂ©rables pour un analyste expĂ©rimentĂ©. Avant 

comme aprĂšs Internet, l’approche mĂ©thodologique reste la mĂȘme.

Avant l’apparition d’Internet, l’approche s’opĂ©rait avant tout par des 

rĂ©unions d’informations, des invitations Ă  une premiĂšre expĂ©rience de vie 
commune ou Ă  une confĂ©rence, Ă  l’issue desquelles une proposition de 

« pre-

mier engagement Â»

 Ă©tait formulĂ©e.

Cette maniùre d’agir perdure.

Il peut s’agir de propositions Ă©manant de communautĂ©s fermĂ©es, qui 

ont pour vocation de proposer une rupture physique avec l’environnement 
d’origine, de tenir un discours antisocial inaccessible aux enquĂȘteurs par des 
moyens d’investigation classique, de formuler des exigences fi nanciĂšres dans 
un but de don de soi au service de la communautĂ©. Il peut Ă©galement s’agir 
de pratiques ouvertes sur l’extĂ©rieur comme le sont les mouvements Ă  visĂ©e 
psychothérapeutique, ou encore les réseaux préconisant un schéma de vie tota-
lisant avec maintien de la personne dans la vie sociale.

Ces dĂ©rives interviennent sur le champ du dĂ©veloppement personnel, 

de l’aspiration à s’accomplir humainement, socialement et professionnelle-
ment, ce qui induira des rejets non plus physiques mais psychologiques de l’en-
vironnement d’origine, un discours institutionnel fondĂ© sur la contestation des 
méthodes et pratiques validées et déontologiquement encadrées, et des exi-
gences fi nanciĂšres exorbitantes liĂ©es Ă  la nĂ©cessitĂ© d’acheter des prestations et 
produits en nombre croissant.

Avec l’utilisation d’Internet, les communautĂ©s fermĂ©es organisĂ©es en 

rĂ©seau s’installent la plupart du temps dans une distanciation calculĂ©e. Ceci signi-
fi e qu’Internet permet de maintenir hors champ la communautĂ© elle-mĂȘme,  
alors que la structure juridique qui les fĂ©dĂšre est seule Ă  apparaĂźtre sur la « toile Â».

Ainsi la tĂȘte de rĂ©seau prend en charge la prĂ©sentation des 

« idéaux »

 du 

mouvement, de l’historique et des thùmes porteurs avec ses produits et presta-
tions associĂ©es. La communautĂ© vers laquelle les 

« recruteurs  webmestres »

 guident 

les futurs adeptes assure quant Ă  elle les phases de 

« sĂ©duction  rĂ©tentrice »

 et de 

mise en situation de dépendance.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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De leur cĂŽtĂ©, les mouvances ouvertes sur l’extĂ©rieur sont passĂ©es 

maĂźtres dans la diffusion de leurs propositions par l’intermĂ©diaire de rĂ©seaux 
de prestataires ou d’

« adeptes  professionnalisĂ©s »

, qui apparaissent sur la « toile Â» 

indĂ©pendamment de l’organisation en rĂ©seau elle-mĂȘme. Cette dilution du 
risque est mise en place par des prestataires de services proposant notamment 
des solutions Ă  des problĂšmes de vie personnelle, sociale et professionnelle. 
C’est dans cet ensemble que l’on retrouve nombre de pratiques Ă  risques, non 
repérables immédiatement.

L’internaute est face Ă  un foisonnement d’offres Ă  caractĂšre 

« théra-

peutique »

« bien-ĂȘtre »

« dĂ©veloppement  personnel »

« accomplissement de soi Â»

 d’appa-

rence associative ou commerciale classique, et n’est pas en mesure de dĂ©tecter 
le risque par des mots-clĂ©s 

« conceptuels »

 ou 

« doctrinaux »

 puisqu’il n’accĂšde 

qu’aux mots des praticiens.

En apparence, les mĂ©thodes et pratiques proposĂ©es semblent s’inscrire 

dans une logique transparente d’un marchĂ© du bien-ĂȘtre, quand bien mĂȘme 
pourrait apparaĂźtre quelque prĂ©tention Ă  donner un sens 

« spiritualiste »

 ou 

« religieux »

 Ă  l’éventail des propositions.

Ainsi la recherche par l’internaute de mots-clefs comme 

« bien-ĂȘtre »

 

ou 

« accomplissement de soi Â»

 s’avĂšre gravement et de plus en plus porteuse de 

risques, en raison de la capacité des réseaux à caractÚre sectaire à se mou-
voir dans la plupart des thĂšmes de sociĂ©tĂ© ou d’actualitĂ©, hors rĂ©fĂ©rencement 
conceptuel ou mĂ©thodologique dans les premiĂšres phases d’approche des per-
sonnes réceptives ou en recherche.

De surcroĂźt l’usage de 

blogs

 ou de forums liĂ©s aux sites sensibles favorise 

la mise en contact, d’apparence anodine, avec le rĂ©seau porteur de risques.

Internet rend plus diffi cile la vigilance

L’organisation Ă  caractĂšre sectaire peut grĂące Ă  Internet approcher les 

futurs 

« adeptes  consommateurs

 

»

 de façon appropriĂ©e, presque individualisĂ©e, 

dĂ©cuplant ainsi l’impact de la 

« phase de sĂ©duction Â»

.

L’architecture la plus aboutie des organisations Ă  caractĂšre sectaire est 

fondĂ©e sur l’utilisation de copyrights et de droits d’auteur dont la gestion est 
centralisĂ©e et la diffusion dĂ©centralisĂ©e, et sur la recherche des 

« adeptes-clients »

 

ou 

« adeptes-consommateurs »,

 par un marketing enseignĂ© par les dĂ©tenteurs de 

droits et mis en Ɠuvre à l’aide du web.

Il est ainsi de plus en plus frĂ©quent de dĂ©tecter des cabinets libĂ©raux 

ou associations assurant la promotion d’outils protĂ©gĂ©s, liant donc ces cabinets 
Ă  des propriĂ©taires de droits d’exploitation de concepts tout en cherchant Ă  
apparaßtre comme des travailleurs indépendants, professions libérales ou pra-
ticiens autonomes.

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La formidable diversitĂ© de leurs parcours personnels, l’hypothĂšse sou-

vent confi rmĂ©e d’une formation acquise auprĂšs des formateurs liĂ©s Ă  telle ou 
telle mouvance porteuse de risques, l’autoproclamation frĂ©quente de leurs 
compĂ©tences et de la rĂ©ussite assurĂ©e de leur pratique, qui n’est ni soumise Ă  
examen critique ni validée, sont des indices.

Il est d’ailleurs de plus en plus courant d’ĂȘtre confrontĂ© Ă  des « pro-

fessionnels Â» de l’accompagnement personnel en lien avec le phĂ©nomĂšne sec-
taire, qui cumulent l’usage de plusieurs concepts et mĂ©thodes.

C’est pourquoi l’approche du risque par la dĂ©tection de dĂ©pendances 

juridiques, commerciales ou fi nanciĂšres est pertinente dans l’évaluation des 
menaces de dérives sectaires.

Internet : un Ă©cran favorable 
à l’expansion de la menace sectaire

À cette complication considĂ©rable des modalitĂ©s de fonctionnement du 

sectarisme dans ses Ă©volutions les plus rĂ©centes s’ajoute l’intervention de lob-
bies dits 

« prosectaires »

, dont la mission centrale est de contester le bien-fondĂ© 

de l’action des pouvoirs publics et faire Ă©cran entre 

« concepts »

 et 

« pratiques »

, en 

s’érigeant en dĂ©fenseurs des 

« minoritĂ©s  spirituelles ».

L’exploitation par les groupes Ă  caractĂšre sectaire d’Internet, tant pour 

la propagation de leurs activitĂ©s sensibles que pour la conduite d’une stratĂ©gie 
de plus en plus fi ne de communication, fait en effet appel Ă  la constitution de 
groupes 

« porte-parole »

 organisĂ©s juridiquement indĂ©pendamment des mouve-

ments et rĂ©seaux actifs. Leur moyen d’action est l’animation d’un site Internet 
offensif et 

« trompe-l’Ɠil »

.

Ainsi Internet diversifi e les points d’impact, dilue les responsabilitĂ©s 

des organisateurs de ces réseaux porteurs de risques de dérives sectaires et favo-
rise l’émergence de nouvelles zones de confl it entre mouvements organisĂ©s et 
États de droit.

Aux sites « conceptuels Â» le soin de valoriser un thĂšme et aux sites « pra-

tiques Â» la mission de dĂ©velopper la prise de contact et la rĂ©tention des per-
sonnes. Enfi n aux sites « polĂ©miques Â», vĂ©ritables lobbies prosectaires, d’atta-
quer les pouvoirs publics.

Un double front est en train de se constituer : le premier concerne la 

montĂ©e en puissance du « juridisme Â», le second tient Ă  la capacitĂ© des organi-
sations Ă  caractĂšre sectaire Ă  contester le bien-fondĂ© de l’action de l’État contre 
leurs agissements répréhensibles ou dangereux.

L’Internet est notamment l’un des rĂ©vĂ©lateurs essentiels de la montĂ©e 

en puissance du « juridisme Â» de leur action.

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Ce phĂ©nomĂšne tient d’une part Ă  l’accroissement exponentiel du 

nombre de concepts et mĂ©thodes protĂ©gĂ©s soit par des droits d’auteurs (pre-
miÚre étape) soit par des droits de marques ou autres droits de propriété intel-
lectuelle (deuxiĂšme Ă©tape).

Les produits et services porteurs de risques de dĂ©rives sectaires sont de 

plus en plus marchands, quoique certains types d’organisations restent atta-
chés à des concepts non marchands, soit en apparence soit réellement en cohé-
rence avec leur systÚme de pensée.

La contestation de ces produits et services par les familles d’adeptes, 

les associations de dĂ©fense des victimes ou les avocats amĂšne naturellement ces 
observateurs critiques à se référer à des biens matériels ou immatériels proté-
gĂ©s, voire confi dentiels au sein de l’organisation en cause.

ConcrĂštement, le fait qu’un observateur critique publie des extraits 

d’écrits tels que des citations, des descriptions de concepts et pratiques pro-
priĂ©tĂ© de celui-ci ou d’un rĂ©seau Ă  caractĂšre sectaire, peut conduire Ă  un confl it 
« commercial Â» voire Ă  une procĂ©dure judiciaire.

Ainsi apparaissent actuellement, dans le contexte de la lutte contre les 

dĂ©rives sectaires, des procĂ©dures d’arbitrage entre mouvement et victime, et ce 
notamment en cas d’intervention des pouvoirs publics, suite Ă  une plainte ou 
un signalement.

D’autre part, ces mĂȘmes mouvements et rĂ©seaux ont de plus en plus 

recours Ă  la procĂ©dure de demande d’accĂšs aux documents administratifs et Ă  
la plainte en diffamation.

La premiĂšre dĂ©marche vise Ă  pointer l’exploitation d’informations 

rĂ©ellement ou prĂ©tendument protĂ©gĂ©es et Ă  contraindre les pouvoirs publics Ă  
rĂ©vĂ©ler ainsi indirectement les sources des donnĂ©es qu’ils dĂ©tiennent, afi n de 
mettre en diffi cultĂ© les personnes qui ont fait appel Ă  eux.

Cependant, nombre de dĂ©cisions rĂ©centes de la Commission d’accĂšs 

aux documents administratifs (CADA) viennent confi rmer les dĂ©cisions de 
refus de l’administration fondĂ©es sur la sĂ©curitĂ© des personnes ou la sĂ©curitĂ© 
publique.

La surveillance des sites et des 

blogs

 ouverts par les mouvements ou les 

groupes d’infl uence agissant dans leur intĂ©rĂȘt permet frĂ©quemment de repĂ©rer 
leurs choix tactiques ou stratégiques.

C’est ainsi qu’un mouvement peut faire le choix de dĂ©poser une plainte 

en diffamation contre une autoritĂ© publique lorsque se profi le pour lui un 
risque judiciaire, aprĂšs qu’il ait tentĂ© d’empĂȘcher un plaignant de se manifes-
ter en lui proposant une indemnisation ou un arbitrage commercial.

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Internet : un terrain de confl it Ă  venir 
entre mouvements, victimes de dĂ©rives 
sectaires et pouvoirs publics

Les mouvements à caractùre sectaire ont un temps d’avance par rap-

port Ă  ceux qui ont reçu mission de faire appliquer le droit et plus encore de 
détecter des zones de non-droit créées par ces mouvements.

Internet est le rĂ©vĂ©lateur privilĂ©giĂ© de cet Ă©tat de fait et du « rapport de 

force Â» qui en dĂ©coule.

Deux exemples permettent d’illustrer cette rĂ©alitĂ© :

‱  Le premier concerne l’usage du mot « Miviludes Â» par des organisations 
sur lesquelles la mission interministĂ©rielle est amenĂ©e Ă  porter son attention. 
L’objectif est d’apparaĂźtre le plus haut possible dans l’affi chage des sites de 
rĂ©fĂ©rence, Ă  la fois pour dĂ©tourner l’attention et pour gonfl er artifi ciellement 
le volume des interrogations d’internautes.
‱ Le second a trait Ă  la souplesse infi nie de cet outil de mise en relation pour 
constituer des 

blogs

 

ad hoc

 ou des annonces prĂ©tendument commerciales ayant 

pour fi nalitĂ© d’établir un contact, d’engager le dialogue et de mettre en Ɠuvre 
un processus d’

hameçonnage

.

Le 

blog

 n’avoue pas immĂ©diatement son origine et les liens proposĂ©s ne sont 

pas transparents. Il est alors le lieu idĂ©al de recueil d’informations Ă  carac-
tĂšre personnel quand bien mĂȘme l’usage de pseudonymes offre de thĂ©oriques 
garanties.

D’aucuns considĂšrent que la partie est Ă©quilibrĂ©e entre organisations 

Ă  caractĂšre sectaire et pouvoirs publics. Il n’en est rien. L’accĂ©lĂ©ration de la 
circulation de l’information liĂ©e Ă  la libertĂ© de crĂ©er, de dĂ©placer ou de fermer 
des sites et forums rend la tĂąche des pouvoirs publics de plus en plus dĂ©licate 
quand on sait la capacitĂ© des mouvements et rĂ©seaux Ă  contacter de nouvelles 

« cibles »

 puis Ă  les prendre en charge en toute discrĂ©tion.

NĂ©anmoins, la prĂ©tention des mouvements Ă  accentuer leur contrĂŽle 

sur Internet en usant de l’arme juridique et de la menace est contrebalancĂ©e 
par les initiatives d’une part, d’observateurs critiques, quelquefois anciens 
membres, donc trĂšs au fait des stratĂ©gies de communication internes, et d’autre 
part, des pouvoirs publics en mesure de dĂ©tecter les organisations prĂ©sentant 
une menace sectaire sur le web, notamment grĂące aux services de renseigne-
ment et d’investigation, fortement investis dans ce domaine.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

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StratĂ©gies d’infl uence Ă  
l’international en 2008 : 
l’exemple des agissements 
de la mouvance sectaire 
à l’ONU

Les stratĂ©gies d’infl uence des mouvements sectaires passent notam-

ment par l’instrumentalisation de tout espace ou Ă©vĂ©nement sujet Ă  visibilitĂ© 
et communication. Il s’agit lĂ  pour eux de s’exprimer, non pour recruter, mais 
avant tout pour gagner en notoriĂ©tĂ© et en respectabilitĂ© tout en dĂ©crĂ©dibilisant 
l’action des pouvoirs publics.

Les rapports 2006 et 2007 de la Miviludes en ont dĂ©voilĂ© les mĂ©canismes 

Ă  travers deux exemples : le premier, au plan national avec le lobbying dĂ©ployĂ© 
autour de la Commission d’enquĂȘte parlementaire sur « L’enfance volĂ©e : les 
mineurs victimes de sectes Â» 

 2

 et le second, au plan international avec l’analyse 

des actions dĂ©ployĂ©es par la mouvance sectaire, principalement au sein de la 
ConfĂ©rence annuelle d’examen de la dimension humaine du Bureau des insti-
tutions dĂ©mocratiques et des droits de l’Homme, institution relevant de l’Orga-
nisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

AprĂšs un rappel de gĂ©nĂ©ralitĂ©s sur la stratĂ©gie d’infl uence des lob-

byistes à l’international, nous en poursuivrons l’analyse à travers leurs agisse-
ments Ă  l’ONU au cours de l’annĂ©e 2008.

Depuis une douzaine d’annĂ©es, les critiques Ă©noncĂ©es contre la poli-

tique française de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires et tous ses 
acteurs (Miviludes, associations de dĂ©fense des victimes, parlementaires) se 
rĂ©pĂštent comme en Ă©cho sur la scĂšne internationale, grĂące Ă  l’implication de 
quelques lobbyistes dont le discours se place volontairement sur le terrain de 
la libertĂ© religieuse. Celui-ci reprend principalement les arguments de deux 
mouvements d’origine nord-amĂ©ricaine, qui se prĂ©sentent systĂ©matiquement 
comme les victimes d’une discrimination religieuse dont est responsable, selon 
eux, l’intolĂ©rance de « la mouvance antisecte Â» composĂ©e d’associations et de 
certaines institutions Ă©tatiques.

Ces organisations, le plus souvent des ONG nationales ou internatio-

nales plutĂŽt que les mouvements sectaires en direct, sont trĂšs peu nombreuses. 

2  -  AssemblĂ©e nationale, dĂ©cembre 2006.

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MIVILUDES 

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Mais elles dĂ©ploient suffi samment d’énergie, certaines d’entre elles depuis 
une dizaine d’annĂ©es, pour qu’on s’y intĂ©resse. Ces lobbies ont en commun 
de centrer leur activitĂ© sur le respect des droits de l’Homme dans le monde. 
C’est dans le cadre de leur combat pour la libertĂ© religieuse et les droits des 
minoritĂ©s qu’ils dĂ©noncent avec rĂ©gularitĂ© l’attitude, jugĂ©e par eux restrictive, 
de certains États comme la France, la Belgique ou l’Allemagne, qui ont mis en 
place une politique ou pris des initiatives ponctuelles en matiĂšre de vigilance 
et de lutte contre les dĂ©rives sectaires et pour la protection des victimes de ces 
dérives.

Tout comme les cibles, les angles d’attaque sont rĂ©currents : d’une part 

l’éternelle accusation d’atteintes Ă  la libertĂ© religieuse permettant de mieux 
victimiser les mouvements sectaires, d’autre part le dĂ©ni de sectarisme allant 
de pair avec la nĂ©gation mĂȘme de l’existence de victimes de leurs pratiques. 
Sont ainsi rĂ©guliĂšrement fustigĂ©s le rĂŽle de la Miviludes voire le principe mĂȘme 
de son existence, les travaux parlementaires – tout particuliĂšrement la liste de 
mouvements publiĂ©e en 1995 dans le premier rapport de commission d’en-
quĂȘte parlementaire sur 

Les sectes en France

 – la loi About-Picard 

 3

, le fi nance-

ment par l’État d’associations de dĂ©fense de victimes accusĂ©es de stigmatiser 
les minoritĂ©s religieuses, l’absence de dĂ©bat contradictoire et le crĂ©dit apportĂ© 
aux tĂ©moignages des « apostats Â».

Le rapport 2007 de la Miviludes Ă©voquait Ă  ce sujet 

« le triomphe de l’écho 

ou du copiĂ©-collĂ© Â»

, se rĂ©fĂ©rant au contenu rĂ©pĂ©tĂ© des critiques profĂ©rĂ©es par les 

mouvements sectaires et leurs amis dans des enceintes telles que le Conseil de 
l’Europe, l’OSCE, l’ONU mais aussi dans les rapports annuels du DĂ©partement 
d’État amĂ©ricain sur 

La liberté religieuse dans le monde

.

La scĂšne internationale est incontestablement le lieu privilĂ©giĂ© de l’ex-

pression des mouvements sectaires car elle constitue une formidable caisse de 
rĂ©sonance et surtout parce qu’elle habille leur dĂ©marche d’une certaine res-
pectabilitĂ©, quelles qu’en soient la teneur et l’issue. Certains mouvements ne se 
privent pas d’accompagner leurs actions d’une communication ambiguĂ« dans 
laquelle la confusion est presque systĂ©matiquement de mise entre ce qui est 
annoncĂ© et ce qui est effectif : ainsi telle rĂ©clamation ou requĂȘte d’un mouve-
ment sectaire contre la France sera prĂ©sentĂ©e, par le biais d’habiles amalgames 
ou raccourcis, comme une condamnation de la France par telle institution 
internationale sans mĂȘme que cette derniĂšre se soit prononcĂ©e en ce sens. Les 
lobbies sectaires ont su s’engouffrer sur les voies rĂ©servĂ©es Ă  l’expression de la 
sociĂ©tĂ© civile. Loin de remettre en cause ce droit et de critiquer cette attitude, 
il s’agit de la dĂ©crypter, comme nous l’avons fait dans les rapports prĂ©cĂ©dents, 
et ce, dans le cadre de la mission qui nous est impartie d’observer et d’analyser 
le phénomÚne sectaire.

3  -  Loi du 12  juin 2001 tendant Ă  renforcer la prĂ©vention et la rĂ©pression des mouvements sectaires portant 
atteinte aux droits de l’Homme et aux libertĂ©s fondamentales (dite loi « About-Picard Â», du nom des deux parle-
mentaires qui en sont à l’origine).

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 47

▌

Plaintes et rĂ©clamations 
contre la France

Le 22  mai 2008, Le journal 

La Croix

 titrait Ă  la une : « Conseil des 

droits de l’Homme de l’ONU : quand la France est Ă©pinglĂ©e Â» et renvoyait Ă  un 
article sur « les droits de l’Homme malmenĂ©s Â» dans lequel, entre autres mises 
en cause (surpopulation carcérale, interdiction des signes religieux ostenta-
toires, etc.), il Ă©tait mentionnĂ© que deux ONG amĂ©ricaines 

« s’en

 [prenaient] 

à la Miviludes qui selon elles, “

[avait] 

contribuĂ© Ă  la stigmatisation de certains groupes 

religieux en France”

 [...]

. Un avis partagĂ© par “Droits de l’Homme sans frontiĂšres”, pour 

qui la Miviludes favorise “la discrimination raciale en stigmatisant des groupes religieux 
minoritaires”

 

»

.

On ne peut ĂȘtre qu’interpellĂ© par la violence de telles accusations. 

Pourtant, replacĂ©es dans le contexte du lobbying de la mouvance sectaire, 
celles-ci revĂȘtent une autre dimension et sont riches d’enseignement sur la 
stratĂ©gie de dĂ©sinformation de ceux qui ont l’art de renverser les rĂŽles en se 
faisant passer pour les victimes d’atteintes aux droits de l’Homme alors qu’ils 
n’ont de cesse de les bafouer. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© de s’arrĂȘter sur ce qui s’est rĂ©el-
lement passĂ© Ă  l’ONU.

Dans des contextes procĂ©duriers diffĂ©rents ci-aprĂšs explicitĂ©s, sont 

intervenus soit les mouvements eux-mĂȘmes en direct, soit des Organisations 
non gouvernementales (ONG) ou Organisations internationales non gouver-
nementales (OING) dont les discours servent implicitement leur cause.
En vue de l’examen par le Conseil des droits de l’Homme dans le cadre de la 
nouvelle procĂ©dure de l’examen pĂ©riodique universel (EPU), les dolĂ©ances 
des uns et des autres ont Ă©tĂ© compilĂ©es dans un document servant de base, avec 
d’autres, Ă  l’examen de la situation française :
– Le 

mouvement raélien européen

 y formule une plainte pour discrimination 

religieuse.
– Le 

Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualitĂ©s

 (CICNS) 

y dĂ©nonce « les dĂ©rives de la lutte antisectes Â» Ă  travers une longue Ă©numĂ©ration 
de faits et gestes qui, Ă  ses dires, Ă©tayent son analyse.
– 

Human Rights Without Frontiers

 (HRWF) critique particuliĂšrement les activi-

tĂ©s de la Miviludes et des associations de familles de victimes de dĂ©rives sectaires 
et conteste vivement le soutien apportĂ© par l’État par le biais du versement de 
subventions de fonctionnement.
–

 The Institute on Religion and Public Policy

 (IRPP) axe ses critiques sur la loi 

About-Picard, sur la formation des magistrats et contre la Miviludes.
–

 The Becket Fund for Religious Liberty

 (BFRL), spĂ©cialiste du contexte juri-

dique de la liberté de religion, cible plus particuliÚrement la loi About-Picard.

Par ailleurs les 

raéliens de France

, Suisse, Belgique et du QuĂ©bec ont 

alertĂ© le Haut Commissariat aux droits de l’Homme sur les discriminations 
dont ils font l’objet en dĂ©posant vingt-cinq nouvelles plaintes au mois de juin, 
sans suites Ă  ce jour.

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48 

MIVILUDES 

▌

Le 21 mai 2008, la 

Coordination des associations et particuliers pour 

la liberté de conscience (CAP-LC)

 a adressĂ© une rĂ©clamation Ă  l’attention de 

M. Leandro Desquoy, rapporteur spĂ©cial sur l’indĂ©pendance des juges et des 
magistrats et de M

me

  Asma Jahangir, rapporteure spĂ©ciale pour la libertĂ© de 

religion et de croyance. Ce texte, soumis par l’avocat amĂ©ricain de la sciento-
logie au nom de l’association, concerne « les violations du droit Ă  un procĂšs 
Ă©quitable et l’indĂ©pendance du systĂšme judiciaire français Â».

Rappelons que le prĂ©sident de l’Union nationale des FrĂšres de 

Plymouth (citĂ© dans le rapport 2005 de la Miviludes) avait dĂ©posĂ© en 2007 une 
plainte contre la France pour laquelle la dĂ©cision de recevabilitĂ© est toujours 
en attente.

La spĂ©cifi citĂ© du contexte onusien

Comme toute instance internationale, l’ONU dialogue en permanence 

avec la sociĂ©tĂ© civile. Plusieurs voies sont accessibles Ă  ceux qui souhaitent s’y 
exprimer.

C’est le mĂ©canisme de 

l’examen pĂ©riodique universel (EPU)

 qui a servi 

cette annĂ©e de cadre Ă  une premiĂšre action des lobbyistes prosectaires. L’EPU 
est partie intĂ©grante du 

Conseil des droits de l’Homme

 

 4

 dont le but est de pro-

mouvoir le respect et la dĂ©fense des droits de l’Homme et de toutes les liber-
tĂ©s fondamentales. Ces procĂ©dures, mises en place Ă  partir d’avril  2008, ont 
pour but d’évaluer la situation des droits de l’Homme dans les États. Chaque 
pays fait l’objet d’un dĂ©bat de trois heures Ă  l’issue duquel sont formulĂ©es des 
recommandations adressĂ©es Ă  l’État en question. La situation est examinĂ©e sur 
la base de trois rapports : l’un est prĂ©sentĂ© par le pays auditionnĂ©, l’autre com-
pile les renseignements rassemblés à son sujet par les Nations unies et un troi-
siĂšme consiste en un rĂ©sumĂ© d’informations provenant des ONG Ă©tabli par le 
Haut Commissariat aux droits de l’Homme. C’est cette possibilitĂ© offerte Ă  la 
sociĂ©tĂ© civile de s’exprimer dans laquelle s’est engouffrĂ© le lobby prosectaire. 
Au fi nal, des recommandations sont formulĂ©es.

D’autres interventions ont eu lieu dans le cadre de la possibilitĂ© qu’ont 

les ONG d’adresser Ă  tout moment des rĂ©clamations, dĂšs lors qu’elles estiment 
avoir Ă  se plaindre de tel ou tel manquement rĂ©el ou supposĂ© au respect des 
droits de l’Homme. Elles peuvent notamment solliciter les rapporteurs spĂ©-
ciaux ou agir auprĂšs des comitĂ©s conventionnels. La recevabilitĂ© de ces plaintes 
ou rĂ©clamations n’est pas systĂ©matique.

4  -  En juin 2006, le Conseil des droits de l’Homme, dont le siĂšge est Ă  GenĂšve, a remplacĂ© la Commission des 
droits de l’Homme.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 49

▌

Les intervenants

Le rapport 2007, Ă  travers l’analyse des agissements des mouvements 

sectaires et de leurs alliĂ©s Ă  l’OSCE, avait mis en lumiĂšre les liens, fonction-
nels ou circonstanciels, qui unissaient les intervenants, ce qui avait conduit Ă  
dĂ©voiler l’existence d’un vĂ©ritable rĂ©seau d’action. Ainsi, pouvait-on constater 
que les critiques formulĂ©es Ă  l’encontre de la politique française et de tous ses 
acteurs – Miviludes et associations de dĂ©fense – se rĂ©pĂ©taient en Ă©cho au grĂ© des 
interventions des uns et des autres : Ă  l’ONU mais aussi Ă  l’OSCE, au Conseil 
de l’Europe, ainsi que dans les contributions citĂ©es dans les rapports annuels 
du DĂ©partement d’État amĂ©ricain sur 

La liberté religieuse dans le monde

 et sur 

Les 

droits de l’Homme dans le monde

. Ces critiques peuvent ĂȘtre le fait de mouvements 

eux-mĂȘmes – le plus souvent, la scientologie, les TĂ©moins de JĂ©hovah, Moon, et 
les raĂ©liens – car ils ont les moyens d’exercer un lobbying intensif, tant au plan 
national qu’international, qu’ils ne se privent pas de pratiquer, certains avec 
assiduitĂ©, d’autres de maniĂšre plus occasionnelle. Quand ils n’émettent pas de 
critiques sous leur nom propre, le message est relayĂ© par certaines ONG, infi l-
trĂ©es ou « faux-nez Â» de leurs mouvements. Celles-ci, dans le cadre de leur com-
bat pour la libertĂ© religieuse et le droit des minoritĂ©s, relayent les arguments 
des mouvements en question en dĂ©nonçant avec rĂ©gularitĂ©, et plus ou moins 
de virulence selon les cas, l’attitude de certains États qui, comme la France, se 
sont investis sur le terrain de la vigilance et de la lutte contre les dérives sec-
taires ainsi que sur celui de la protection des victimes.

S’agissant de l’ONU, plusieurs types de contributions ont Ă©tĂ© recensĂ©s 

de la part de mouvements ou d’ONG et OING subtilement activĂ©es Ă  cet effet.

Le 

Mouvement raélien européen

 s’est exprimĂ© dans le cadre de l’EPU 

et la Coordination des associations et particuliers pour la libertĂ© de conscience 
(

CAP-LC)

 auprĂšs des rapporteurs spĂ©ciaux sur l’indĂ©pendance des juges et des 

magistrats et pour la liberté de religion et de croyance.

Cependant, si un document datĂ© du 21 mai 2008 a bien Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au 

nom de la 

CAP-LC

, des Ă©lĂ©ments ci-aprĂšs Ă©noncĂ©s dĂ©montrent que la 

sciento-

logie

 y est probablement pour beaucoup.

La CAP-LC est une association française 

«

 

créée en 2000 pour unir les mino-

ritĂ©s religieuses afi n de lutter contre la discrimination concernant le droit Ă  la libertĂ© 
de conscience et de croyance et pour dĂ©noncer des actes et des discours qui violent les 
droits de l’Homme ou qui reprĂ©sentent une menace pour les libertĂ©s fondamentales

 

»

. Elle 

est surtout connue pour sa promptitude Ă  critiquer depuis des annĂ©es toute 
initiative de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires. La CAP-LC dit 
compter parmi ses membres 

«

 

des nombreux adhĂ©rents Ă  des minoritĂ©s de conviction 

visĂ©es en tant que “sectes” par des mesures discriminatoires du

 

gouvernement

  Â» 

 5

. Le 

rapport 2007 expliquait que ses argumentaires et ses mĂ©thodes d’intervention 
laissaient Ă  penser que la scientologie comptait parmi ses inspirateurs, ce dont 

5 - http://www.coordiap.com/Document/resolution-62-154-en.pdf

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50 

MIVILUDES 

▌

atteste l’actualitĂ© onusienne. En effet, c’est l’avocat amĂ©ricain de ce mouve-
ment qui a  soumis la plainte de la CAP-LC Ă  l’ONU. Par ailleurs, le rapport 
2008 du DĂ©partement d’État amĂ©ricain sur 

La liberté religieuse dans le monde

 prĂ©-

sente la rĂ©clamation comme Ă©manant de 

l’Église de

 

scientologie

 

 6

, et non de 

la CAP-LC. La confusion est ainsi tout Ă  la fois entretenue pour certains, mais 
levée pour ceux qui veulent décrypter les stratégies.

Le 

Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualitĂ©s 

(CICNS

), jusqu’à prĂ©sent cantonnĂ© Ă  un rĂŽle de lobby au plan national, a égale-

ment apportĂ© une contribution Ă  l’EPU. En juin 2008, le CICNS, avec le soutien 
de Human Rigths Without Frontiers (HRWF 

 7

), s’était adressĂ© au PrĂ©sident de 

la RĂ©publique 

 8

 pour lui prodiguer quelques conseils quant au choix annoncĂ© 

du futur Président de la Miviludes en remplacement de Jean-Michel Roulet.

Son objectif affi rmĂ© est de 

« faire respecter la recherche spirituelle dans toute 

sa diversitĂ© et de mettre un terme Ă  l’inacceptable association qui est faite quotidienne-
ment entre les mouvements spirituels et la criminalitĂ© ou la manipulation mentale Â»

. Le 

CICNS dit n’ĂȘtre 

« liĂ© Ă  aucun mouvement qualifi Ă© de “secte” ni ne reprĂ©sente aucune 

tendance spirituelle particuliĂšre Â»

.

Avec la CAP-LC, depuis sa crĂ©ation en 2004, il est de tous les combats 

contre la politique de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, réagis-
sant sans dĂ©lai Ă  toute initiative d’origine gouvernementale, associative ou 
parlementaire 

 9

.

Concernant les OING, deux d’entre elles, 

Human Rights Without 

Frontiers International (HRWF)

 et 

The Institute on Religion and Public Policy 

(IRPP)

, trÚs actives dans la défense des minorités religieuses, critiquent réguliÚ-

rement la politique française de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires, 
notamment Ă  l’OSCE 

 10

. Leurs actions, leur place dans le rĂ©seau du lobbying 

prosectaire voire leurs connections avec la 

scientologie

 notamment, ont Ă©tĂ© 

largement dĂ©cryptĂ©es dans le rapport 2007 de la Miviludes 

 11

.

HRWF se dit indĂ©pendante de tout mouvement politique, idĂ©ologique 

ou religieux 

 12

. Elle a pour objet de 

« promouvoir la dĂ©mocratie, l’autoritĂ© de la loi et 

les droits individuels partout dans le monde par tous les moyens appropriĂ©s Â»

.

L’IRPP se revendique « interreligieuse Â» avec pour but de veiller au res-

pect de la libertĂ© religieuse dans le monde. Son responsable a écrit cette annĂ©e 
au PrĂ©sident de la RĂ©publique pour s’indigner du contenu du rapport 

La justice 

face aux dérives sectaires

, commandĂ© par le Premier ministre Ă  Georges Fenech, 

magistrat, depuis Président de la Miviludes.

6 - http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2008/index.htm
7 - 

Cf. supra.

8  -  Lettre du 11 juin 2008.
9 - 

Cf.

 rapport 2006 de la Miviludes pour ce qui est de la stratĂ©gie d’infl uence dĂ©ployĂ©e autour des travaux de la 

Commission d’enquĂȘte parlementaire, « Les mineurs victimes des sectes Â».
10 - 

Cf.

 rapport 2007 de la Miviludes oĂč elles sont dĂ©signĂ©es parmi les OING phares du rĂ©seau d’infl uence de 

la mouvance prosectaire.
11  -  Rapport 2007 de la Miviludes : pages 124-129.
12 - http://www.hrwf.net

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 51

▌

Enfi n, 

The Becket Fund for Religious Liberty

 (BFRL 

 13

), se prĂ©sente 

comme une organisation Ă  but non lucratif, interreligieuse, ayant pour objet 
de protĂ©ger et de dĂ©fendre la libre expression de toutes les religions. CrĂ©Ă©e en 
1994 par un avocat, cette OING basée à Washington, dotée du statut consul-
tatif auprĂšs de l’ECOSOC (Conseil Ă©conomique et social de l’ONU), inter-
vient dans de nombreux litiges entre les religions et l’État, sur le sol amĂ©ricain 
notamment. Mais elle fait fi gure de « petit nouveau Â» dans le rĂ©seau, puisque 
c’est la premiĂšre fois qu’elle intervient sur la situation française. Jusqu’à prĂ©-
sent, le BFRL n’avait pas publiĂ© de rapports concernant un pays europĂ©en. 
Au-delĂ  des critiques Ă©noncĂ©es Ă  l’égard de ce qu’il nomme les « restrictions 
concernant les minoritĂ©s religieuses Â» dans notre pays, il formule des observa-
tions sur le principe de laĂŻcitĂ© et sur l’interdiction du port de signes religieux 
Ă  l’école.

Discours, propositions, confusion 
entretenue et effets d’annonce

‱ Des critiques rĂ©currentes et des attaques personnelles

Les mouvements sectaires et leurs alliĂ©s aiment Ă  porter le dĂ©bat sur le 

terrain de la libertĂ© religieuse en se positionnant ainsi comme les victimes des 
atteintes Ă  cette libertĂ©. Les argumentaires dĂ©ployĂ©s par les uns et les autres 
devant l’ONU n’échappent pas Ă  la rĂšgle.

À l’ONU comme ailleurs, il est, sans grande originalitĂ©, question d’une 

supposĂ©e « violation de la libertĂ© de religion Â» avec son corollaire, la discrimi-
nation dont sont accusĂ©s tous les acteurs de la lutte et de la vigilance contre 
les dĂ©rives sectaires qui mĂšneraient une « croisade Â» et qui sont au passage assi-
milĂ©s Ă  des « instances sectaires de discrimination et de violence Â» : sont ainsi 
visĂ©es la Miviludes et les associations de dĂ©fense des victimes comme l’Union 
nationale des associations de dĂ©fense des familles et de l’individu victimes des 
sectes (UNADFI), le Centre contre les manipulations mentales – Centre Roger-
Ikor (CCMM) ou la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d’in-
formation sur le sectarisme (FECRIS). Comme coresponsables de cette discri-
mination, sont stigmatisĂ©es, comme de coutume, les initiatives parlementaires 
telles que les rapports de commission d’enquĂȘte – en particulier la « liste Â» des 
mouvements publiĂ©e dans le premier rapport de commission d’enquĂȘte par-
lementaire 

Les sectes en France

  â€“  ainsi que la loi About-Picard, unanimement 

décriée par ces mouvements.

Outre ces cibles rĂ©currentes ici repĂ©rĂ©es et censĂ©es ĂȘtre Ă  l’origine 

d’« atteintes Ă  la libertĂ© religieuse Â» depuis une dizaine d’annĂ©es, on en observe 
de nouvelles qui ont fait rĂ©cemment l’actualitĂ© de la lutte contre les dĂ©rives sec-
taires dans notre pays : d’une part la loi sur la protection juridique des tĂ©moins 

13 - http://www.becketfund.org/index.php/case

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52 

MIVILUDES 

▌

devant les commissions d’enquĂȘte parlementaire 

 14

, dans laquelle le CICNS voit 

une 

« intention d’empĂȘcher les personnes diffamĂ©es par les rapports parlementaires de 

se dĂ©fendre Â»

, d’autre part le rapport confi Ă© Ă  Georges Fenech par le Premier 

ministre 

La justice face aux dérives sectaires

 dont l’annonce a fondĂ© la rĂ©clama-

tion de la CAP-LC précitée. Cette réclamation qui reprend les critiques répan-
dues depuis plusieurs annĂ©es par la scientologie et ses alliĂ©s Ă  l’encontre de la 
France en les habillant d’une coloration juridique n’est manifestement qu’un 
prĂ©texte. En effet, dĂšs les premiĂšres lignes puis Ă  de nombreuses reprises, on 
comprend qu’il s’agit avant tout de dĂ©nigrer l’auteur du rapport visĂ© 

 15

.

On a pu entendre les mĂȘmes attaques 

ad hominem

 reproduites presque 

mot pour mot Ă  la tribune de l’OSCE au mois d’octobre 2008, Ă  l’occasion de la 
ConfĂ©rence annuelle d’examen de la dimension humaine Ă  Varsovie, attaques 
par ailleurs dĂ©veloppĂ©es sur Internet par des membres français bien connus de 
la scientologie. Cette pratique s’apparente Ă  la mĂ©thode dite de « propagande 
noire Â» qui est la marque d’un cĂ©lĂšbre mouvement sectaire et qui consiste Ă  
dĂ©nigrer par tous les moyens ceux qui le combattent, Ă  

« dĂ©populariser  l’ennemi 

jusqu’au point de l’effacer totalement Â»

 comme le recommandait son gourou fon-

dateur. La reprĂ©sentation permanente de la France prĂšs l’OSCE, par la voix du 
conseiller aux affaires religieuses du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, s’était 
alors publiquement Ă©levĂ©e pour relever que 

« les attaques ad hominem contre le 

Président de la Miviludes, nommé par décret du Président de la République,

 [relevaient] 

de la diffamation et se

 [dispensaient] 

de tout commentaire Â».

‱  Propositions : mise en place d’instances indĂ©pendantes et appel au 

contrîle de l’ONU

Tout comme leurs observations, les propositions des lobbies ne varient 

guĂšre d’une annĂ©e Ă  l’autre et leurs dolĂ©ances onusiennes n’échappent pas Ă  
ce constat. Elles consistent principalement Ă  vouloir confi er l’information sur 
les mouvements Ă  un 

« observatoire indĂ©pendant des minoritĂ©s spirituelles Â» confi Ă© Ă  

des « experts en religion ou en sociologie

 

»

 (IRPP, CICNS) ou Ă  

« des  scientifi ques, spĂ©-

cialistes des comportements religieux, qui respectent les droits de l’Homme Â»

 (HRWF), Ă  

l’exemple d’

Information Netwok Focus on Religious Movements (INFORM)

 

 16

une organisation britannique animĂ©e principalement par des sociologues des 
religions. Autrement dit, il s’agit de recommander une objectivitĂ© et une neu-
tralitĂ© qui feraient dĂ©faut Ă  la Miviludes et aux services de renseignement, et 
de s’en remettre Ă  l’expertise d’universitaires, spĂ©cialistes des religions, ceux-
lĂ  mĂȘme, dĂ»ment rĂ©fĂ©rencĂ©s par la mouvance sectaire, qui n’ont de cesse de 

14 - Loi n

o

 2008-1187 du 14 novembre 2008 : adoptĂ©e Ă  l’unanimitĂ© le 4 novembre 2008 Ă  l’initiative du prĂ©si-

dent de l’AssemblĂ©e nationale, M. Bernard Accoyer, cette loi faisait suite aux actions en justice intentĂ©es par cer-
tains mouvements sectaires Ă  l’encontre de tĂ©moins, institutionnels et ex-adeptes, qui s’étaient exprimĂ©s devant 
la commission d’enquĂȘte parlementaire sur « 

Les mineurs victimes de sectes

 Â».

15  -  ...une cible privilĂ©giĂ©e, parce qu’investi de longue date et Ă  plusieurs titres dans la vigilance et la lutte contre 
les dérives sectaires.
16  -  Information Netwok Focus on Religious Movements (INFORM) : association animĂ©e principalement par 
des sociologues des religions, fondée à Londres en 1998 par le P

r

 Eileen Barker, avec pour objectif de rassembler 

et de mettre Ă  disposition des informations sur les nouveaux mouvements religieux et/ou spirituels.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 53

▌

dĂ©nigrer les acteurs de la vigilance et de la lutte contre les dĂ©rives sectaires et 
de mettre en doute la fi abilitĂ© des tĂ©moignages des ex-adeptes 

 17

.

Cette proposition est extrĂȘmement rĂ©ductrice puisqu’elle assimile 

toute action de vigilance et de lutte Ă  des atteintes Ă  la libertĂ© religieuse, alors 
que l’essentiel des prĂ©occupations de l’État et des associations en la matiĂšre 
concerne, aujourd’hui, des domaines comme ceux de la santĂ© ou de la forma-
tion, oĂč il est souvent diffi cile de dĂ©celer la moindre part de spiritualitĂ©.

Certes, les souhaits de dissolution de la Miviludes et de l’arrĂȘt de fi nan-

cement des associations de dĂ©fense de victimes de dĂ©rives sectaires par l’État 
ne sont pas ici clairement exprimĂ©s comme Ă  l’OSCE par le passĂ©. Toutefois 
HRWF, aprĂšs avoir identifi Ă© la Miviludes et les associations comme les princi-
paux vecteurs de discrimination religieuse, recommande au Gouvernement de 
rattacher la Miviludes au Bureau des cultes du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et de 
rĂ©server ses fi nancements Ă  des organisations qui font la promotion de la libertĂ© 
religieuse et non, comme c’est le cas selon eux, Ă  celles qui feraient Ɠuvre de 
discrimination dans ce domaine, sous-entendu, les associations précitées.

Il est Ă©galement fait appel dans ces rĂ©clamations Ă  l’expertise du Conseil 

des droits de l’Homme de l’ONU, pour enquĂȘter 

« sur les activitĂ©s de l’État et des 

associations

 

»

 (HRWF), pour Ă©valuer 

« le traitement des minoritĂ©s religieuses (pas seu-

lement des grandes religions) en France Â»

 (BFRL) ou faire le point sur 

«

 

les violations 

du droit Ă  un procĂšs Ă©quitable et l’indĂ©pendance et l’impartialitĂ© du systĂšme judiciaire 
français dans des affaires ayant trait aux associations de minoritĂ©s religieuses et Ă  leurs 
adhérents en France

 

»

 (CAP-LC).

‱ Amalgame, confusion entretenue et effets d’annonce

Le systĂšme onusien est d’une grande complexitĂ© pour le grand public 

qui n’en retient guĂšre que le rĂŽle – la promotion d’idĂ©aux comme la paix dans 
le monde, le dĂ©veloppement et le respect des droits de l’Homme – ainsi qu’un 
logo aisĂ©ment identifi able. Toute rĂ©fĂ©rence Ă  l’ONU est un gage de respecta-
bilitĂ© et certains mouvements n’hĂ©sitent pas en user, voire pour certains, Ă  en 
abuser.

Il en est ainsi de la revendication du « statut consultatif Â» comportant 

lui-mĂȘme plusieurs catĂ©gories qui « hiĂ©rarchisent Â» les ONG affi liĂ©es. Ce statut 
ne doit pas ĂȘtre confondu avec « l’association d’une OING avec le DĂ©partement 
de l’information des Nations unies Â», qui permet seulement d’accĂ©der aux 
locaux de l’ONU, de recevoir des informations mais en aucun cas de participer 
aux conférences.

À ce titre, l’exemple de 

Friends of United Nations

 citĂ© dans le rapport 

2006 

 18

, une OING connue pour avoir participĂ© Ă  des actions en France aux 

17 - 

Cf.

 

Apostates and religious organizations : why their statements should not be taken at face value

 by Bryan Ryan Wilson 

et 

La FiabilitĂ© du tĂ©moignage d’un apostat Ă  propos des nouveaux mouvements religieux

, Ă©tude du Professeur Lonnie 

D. Kliever publiée par la scientologie (Freedom publishing).
18  -  Rapport 2006 de la Miviludes, page 131.

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54 

MIVILUDES 

▌

cĂŽtĂ©s de la scientologie, est instructif. Sur son site Internet, cette organisation 
qui affi che un logo dont le visuel plagie sans complexe celui de l’ONU, se 
prĂ©sente, Ă  juste titre, comme 

« associĂ©e au dĂ©partement de l’information publique 

des Nations unies Â»

 (DPI). Cela peut ainsi laisser croire qu’elle bĂ©nĂ©fi cie du pres-

tigieux statut consultatif et qu’elle est incorporĂ©e au systĂšme des Nations unies 
alors que la simple association au DPI ne le lui permet nullement. Mais qui est 
capable de faire la diffĂ©rence, Ă  part les spĂ©cialistes de ces questions ? Les lob-
bies sectaires le savent et ils jouent sans scrupule de cette complexité.

Moon, 

via

 son rĂ©seau d’associations humanitaires Ɠuvrant pour la 

paix 

 19

, peut lĂ©gitimement revendiquer le statut d’OING dotĂ©e du statut consul-

tatif auprĂšs du Conseil Ă©conomique et social (ECOSOC), l’un des principaux 
organes de l’ONU. Mais lorsque la FĂ©dĂ©ration internationale et interreligieuse 
pour la paix dans le monde (FPU), offi cine mooniste, publie cette annĂ©e sur le 
site de la CAP-LC le « Discours du D

r

 Hyun Jin Moon, coprĂ©sident de la FPU Ă  

l’ONU Â» et que, sur son site Internet, elle situe l’évĂšnement dans le cadre d’un 
« dialogue interreligieux Ă  l’ONU Â» Ă  l’occasion de la cĂ©lĂ©bration du 60

e

 anni-

versaire de la DĂ©claration des droits de l’Homme, on est amenĂ© Ă  croire que la 
prestigieuse institution a offi ciellement donnĂ© la parole au responsable du mou-
vement, alors qu’il s’agit d’une confĂ©rence organisĂ©e dans un local de l’ONU 
dont l’initiative revenait Ă  la seule offi cine mooniste et non Ă  la prestigieuse 
instance internationale. Habilement prĂ©sentĂ© par la suite, voilĂ  l’exemple d’un 
non-Ă©vĂ©nement qui devient un magnifi que  Â« coup »  mĂ©diatique.

Quant au dĂ©pĂŽt de plaintes, rĂ©clamations ou autres requĂȘtes, ils prĂ©-

sentent l’intĂ©rĂȘt pour les lobbies de pouvoir revendiquer haut et fort l’exis-
tence d’une intervention Ă  l’ONU, quels qu’en soient les aboutissements, 
que la France fasse ou non l’objet de remontrances ou de condamnations. Le 
mĂȘme type de raisonnement vaut plus gĂ©nĂ©ralement aussi pour toute action en 
justice intentĂ©e par les mouvements sectaires. Pour eux, le dĂ©pĂŽt d’une plainte 
est immĂ©diatement exploitĂ© et prĂ©sentĂ© dans leurs organes de propagande 
comme la condamnation dĂ©jĂ  acquise de l’État, de l’institution ou de la per-
sonne visée.

Il est arrivĂ© par le passĂ© que notre pays fasse l’objet d’observations de 

la rapporteure spĂ©ciale sur la libertĂ© de religion ou de croyance 

 20

. Toutefois, 

malgrĂ© ces remarques et les contributions du lobby « prosectaire Â» prĂ©citĂ©es, il 
convient de noter que 

le document fi nal concernant la France adoptĂ© le 13 juin 

2008 dans le cadre de l’EPU ne comporte aucune conclusion et/ou recom-
mandation concernant la politique de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives 
sectaires

 et, qu’

Ă  ce jour, les rĂ©clamations dĂ©posĂ©es par la CAP-LC n’ont pas 

19  -  Plusieurs associations moonistes sont dotĂ©es du statut consultatif Ă  l’ONU, parmi lesquelles : la FĂ©dĂ©ration 
universelle pour la paix (FUP) ou Interreligious and International Federation for World Peace, dotĂ©e du statut 
consultatif spécial et dans la catégorie Inscription sur la liste, La Fédération des femmes pour la paix mondiale.
20  -  Rapport Ecosoc/Commission des droits de l’Homme (8 mars 2006), de M

me

 Asma Jahangir, rapporteure 

spĂ©ciale sur la libertĂ© de religion ou de conviction. Les remarques, mesurĂ©es, contenues dans ce texte font l’objet 
d’un rĂ©sumĂ© en quelques lignes dans la compilation de documents onusiens concernant la France qui a, entre 
autres rapports, servi de base à l’EPU.

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Rapport au Premier ministre 2008      Le risque sectaire

 55

▌

donné suite à une procédure de questionnement de la France.

 Les « donneurs 

d’ordre Â» se sont bien gardĂ©s de le prĂ©ciser.

Mais l’effet d’annonce peut ĂȘtre garanti lorsque le trĂšs offi ciel rapport 

2008 du DĂ©partement d’État amĂ©ricain sur 

La liberté religieuse dans le monde

 rend 

compte des dolĂ©ances des lobbies sectaires. C’est le cas dans le dernier en date, 
qui fait Ă©tat d’une « rĂ©clamation engagĂ©e contre la France par la scientologie Â», 
Ă  l’ONU auprĂšs du rapporteur spĂ©cial sur l’indĂ©pendance des juges et des 
avocats.

Il s’agit en fait de la rĂ©clamation dĂ©posĂ©e par l’avocat amĂ©ricain de la 

scientologie au nom de la CAP-LC qui, de son cĂŽtĂ©, vante son intervention dans 
un communiquĂ© intitulĂ© : « L’activisme militant de Georges Fenech rapportĂ© Ă  
l’ONU Â». Dans le mĂȘme communiquĂ©, la CAP-LC se targue d’ailleurs d’avoir 
aussi dĂ©noncĂ© 

« auprĂšs de l’ONU

 [...] 

la diffamation dont sont victimes certaines reli-

gions Â», plus prĂ©cisĂ©ment auprĂšs du haut commissaire aux droits de l’Homme dans le 
cadre de la mise en place de la rĂ©solution 62/154 sur “la lutte contre la diffamation des 
religions” »

.

L’écho de ces plaintes et rĂ©clamations a étĂ© largement relayĂ© quelques 

mois plus tard par d’autres voix lors de la ConfĂ©rence annuelle d’examen de la 
dimension humaine organisée à Varsovie par le Bureau des institutions démo-
cratiques et des droits de l’Homme (institution de l’OSCE), et il est depuis 
dĂ©multipliĂ© grĂące aux vertus d’Internet que le 

lobby

 sectaire ne manque pas 

d’alimenter, alors mĂȘme qu’aucune suite n’a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  ce jour Ă  ces actions 
qui s’analysent comme de purs effets d’annonce.

Conclusion

Au fi nal, par l’accumulation d’effets d’annonce, on cherche Ă  accrĂ©di-

ter l’idĂ©e que la France est rĂ©guliĂšrement condamnĂ©e par les instances inter-
nationales alors qu’à la vĂ©ritĂ©, elle n’est que critiquĂ©e au sein de ces instances 
par la mouvance prosectaire elle-mĂȘme, et cela, le plus souvent, sans que ces 
critiques n’aient jamais Ă©tĂ© jugĂ©es recevables ou reprises Ă  leur compte par les 
instances internationales elles-mĂȘmes.

Mais la mouvance sectaire, qu’il s’agisse des organisations en direct ou 

de leurs prĂȘte-noms, redoute que l’effi cacitĂ© de la politique française de lutte 
et de vigilance contre les dĂ©rives sectaires ne la mette en pĂ©ril, et que d’autres 
pays s’en inspirent Ă  leur tour, pour rĂ©pondre Ă  des demandes de plus en plus 
frĂ©quentes des victimes et de leurs familles. C’est pourquoi il est essentiel pour 
elle de contre-attaquer et de communiquer en toute mauvaise foi.

Le processus de dĂ©sinformation, fruit d’un lobbying actif de la mou-

vance prosectaire, porte parfois ses fruits lorsqu’on est insuffi samment vigilant. 
C’est ainsi que dans la compilation qui fut Ă©tablie par le haut commissaire aux 
droits de l’Homme de l’ONU en vue de l’examen du cas de la France dans le 
cadre de l’EPU, la Miviludes fut prĂ©sentĂ©e comme 

« un des mĂ©canismes chargĂ©s 

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56 

MIVILUDES 

▌

de la question de

 [ces] 

groupes religieux ou communautĂ©s de conviction Â»

. Cette infor-

mation, totalement erronĂ©e, quand bien mĂȘme elle serait rectifi Ă©e par la suite, 
est alors marquée du prestigieux label onusien. Elle peut ainsi donner du cré-
dit aux mouvements sectaires et Ă  leurs alliĂ©s qui ont tout intĂ©rĂȘt Ă  entretenir 
l’amalgame entre lutte contre les dĂ©rives sectaires et atteintes Ă  la libertĂ© de 
religion dans le seul but de mieux se victimiser.

Fort heureusement, à l’ONU comme à l’OSCE ou au Conseil de l’Eu-

rope, nos ambassadeurs et reprĂ©sentants permanents auprĂšs de ces instances 
ne laissent rien passer des contrevĂ©ritĂ©s profĂ©rĂ©es ici et lĂ  sur une prĂ©tendue 
attitude liberticide de l’État français. Chaque fois que c’est nĂ©cessaire, ils ne 
manquent pas de rétablir la vérité et de débusquer ainsi la désinformation.

La prĂ©sence de dĂ©lĂ©gations françaises au sein de ces instances permet 

d’expliquer la politique de la France en matiĂšre de vigilance et de dĂ©rives sec-
taires, en rappelant qu’elle s’exerce dans le cadre du strict respect des libertĂ©s 
fondamentales et de la dĂ©fense de ces mĂȘmes libertĂ©s qui sont bafouĂ©es et gra-
vement mises Ă  mal, en permanence, par les mouvements auteurs de dĂ©rives 
sectaires. Leurs victimes doivent pouvoir compter sur l’État, garant de la sĂ»retĂ© 
et du libre exercice des libertĂ©s publiques, pour les protĂ©ger contre de tels 
agissements qui font fi  de la dignitĂ© humaine.

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Rapport au Premier ministre 2008 

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▌

2

  e 

partie

La lutte contre 
les dérives sectaires

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

 59

▌

Contribution du ministĂšre 
de l’IntĂ©rieur

Vers une action ciblée

Le prĂ©sent document constitue la contribution du ministre de l’IntĂ©-

rieur (gendarmerie nationale) au rapport annuel de la Mission interministé-
rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires (Miviludes) adressĂ© au 
Premier ministre.

Dans une premiĂšre partie fi gurent les suggestions faites pour amĂ©liorer 

le suivi des dérives sectaires.

La seconde partie correspond au suivi des enquĂȘtes judiciaires en cours 

menées par les unités opérationnelles de la gendarmerie.

Propositions pour amĂ©liorer 
le suivi des dérives sectaires

La loi rĂ©prime tous les agissements qui sont attentatoires aux droits de 

l’Homme, aux libertĂ©s fondamentales ou qui constituent une menace Ă  l’ordre 
public.
Le cadre particulier de l’emprise mentale est caractĂ©ristique des dĂ©rives sec-
taires. L’action rĂ©pressive de l’État doit ĂȘtre mise en Ɠuvre dĂšs lors qu’un cer-
tain nombre de critĂšres sont rĂ©unis :
– Une ou des personnes qui commencent Ă  s’attacher Ă  des idĂ©es vĂ©hiculĂ©es, 
différentes des idées habituellement partagées par le consensus social. La per-
sonne qui les reçoit est amenĂ©e Ă  modifi er tous ses repĂšres, ses relations et ses 
projets. Sa vie lui échappe, désormais dirigée et conditionnée par le manipula-
teur psycho-sectaire.
– Cet engagement coĂ»te de l’argent et va constituer une part importante dans le 
budget. La dĂ©pendance s’instaure. Le basculement sectaire est rĂ©alisĂ© lorsque 
la victime rompt avec tous les éléments de sa vie antérieure, ses proches, sa pro-
fession, ses centres d’intĂ©rĂȘt habituels. À ce moment son investissement fi nan-
cier devient considérable.

La place de la victime est centrale, elle fait l’objet de toutes les convoi-

tises pour assouvir les desseins de la secte et de toutes les attentions dans les 
phases allant de la prĂ©vention Ă  la nĂ©cessaire rĂ©pression dans le cadre de la 
lutte contre les dĂ©rives sectaires. Elle est incontournable pour dĂ©clencher l’ac-
tion pénale.

En ce qui concerne la gendarmerie nationale, elle intervient dans 

l’exĂ©cution de ses missions traditionnelles.

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MIVILUDES 

▌

Les renseignements recueillis par les unitĂ©s opĂ©rationnelles (le plus 

souvent les brigades territoriales) sont exploitĂ©s et transmis par les personnels 
des cellules renseignement des rĂ©gions, groupements et formations spĂ©cialisĂ©es 
(gendarmeries maritimes, de l’air, des transports aĂ©riens et de l’armement).

Ces personnels sont formĂ©s Ă  l’école de gendarmerie du Mans, au sein 

du centre de formation au renseignement opĂ©rationnel (CFRO). Au cours du 
stage, ils sont sensibilisĂ©s aux phĂ©nomĂšnes sectaires par le rĂ©fĂ©rent national 
gendarmerie sectes. De mĂȘme, les stagiaires enquĂȘteurs bĂ©nĂ©fi cient  d’une 
information sur les dĂ©rives sectaires dispensĂ©es par un magistrat de la Direction 
des affaires criminelles et des grĂąces (DACG) du ministĂšre de la Justice, au 
cours de leur formation au Centre national de formation de police judiciaire 
(CNFPJ) de Fontainebleau. Cette information pourrait ĂȘtre valablement Ă©ten-
due Ă  la dominante police judiciaire lors des stages des commandants d’unitĂ©s 
de recherches, des directeurs d’enquĂȘte et des enquĂȘteurs dispensĂ©s Ă©gale-
ment au CNFPJ.

Les enquĂȘteurs doivent ĂȘtre en mesure d’identifi er les victimes de 

dĂ©rives sectaires pour mettre en Ɠuvre des mesures tout Ă  fait appropriĂ©es 
d’accueil de la victime, d’écoute en matiĂšre d’audition de tĂ©moin ou de dĂ©pĂŽt 
de plainte.

Tout enquĂȘteur confrontĂ© Ă  une victime de dĂ©rives sectaires, aux pro-

pos parfois diffi cilement comprĂ©hensibles ou confus, ne doit pas hĂ©siter Ă  
contacter les services familiarisĂ©s au suivi de la lutte contre les dĂ©rives sectaires 
pour bien appréhender la situation et faire ressortir tous les éléments constitu-
tifs des infractions constatĂ©es. Si toutes les infractions encourues dans le cadre 
des dĂ©rives sectaires relĂšvent du dĂ©lit de droit commun, l’article 223-15-2 du 
code pĂ©nal relatif au dĂ©lit de l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de 
faiblesse (Ă©manant de la loi About-Picard du 12  juin 2001) est encore trop 
méconnu et mal exploité.

Pour une rĂ©ponse plus effi cace dans la rĂ©pression des dĂ©rives sectaires, 

les forces de l’ordre sont confrontĂ©es Ă  un dĂ©fi cit d’informations sur les milieux 
fermĂ©s au sein desquels ils ne peuvent lĂ©galement intervenir. Toutefois, des 
informations sont pourtant recueillies par d’autres acteurs impliquĂ©s (milieu 
mĂ©dical, enseignant, social, etc.). Une plus large collaboration avec les autres 
administrations est donc souhaitable et attendue. S’il faut reconnaĂźtre que les 
référents et les cellules mis en place aux échelons départementaux et régio-
naux sont de nature à faciliter la circulation de l’information sur les commu-
nautĂ©s implantĂ©es, toutefois l’échange mĂ©thodique d’informations se heurte 
Ă  des obstacles juridiques (secret professionnel, collecte des renseignements 
et traitement automatisĂ© de donnĂ©es) qui demandent Ă  ĂȘtre levĂ©s par le lĂ©gis-
lateur pour que ce dispositif devienne rĂ©ellement effi cient en terme de lutte 
contre les dérives sectaires.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

 61

▌

Suivi des enquĂȘtes en cours

Les unitĂ©s de gendarmerie saisies agissent soit d’initiative, soit le plus 

souvent en exĂ©cution d’un soit-transmis du procureur de la RĂ©publique pour 
faire suite à une plainte, une dénonciation ou un témoignage.

Lorsqu’une information est ouverte pour les cas les plus graves, les 

investigations conduisent gĂ©nĂ©ralement Ă  des mises en examen assorties d’un 
contrÎle judiciaire ou de la détention provisoire.
Les investigations menĂ©es dans les enquĂȘtes directement liĂ©es aux dĂ©rives sec-
taires concernent les infractions suivantes :
– Abus de faiblesse.
– Abus de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne en Ă©tat de sujĂ©tion 
psychologique.
– Mise en danger d’autrui (enfants et adultes).
– Non-reprĂ©sentation d’enfant.
– Non-respect du droit Ă  l’éducation et de l’obligation scolaire.
– Non-dĂ©nonciation de crime.
– Recel de malfaiteurs.
– Non-assistance Ă  personne en danger.
– Non-dĂ©nonciation de mauvais traitements.
– EnlĂšvement d’enfant.
– Viol et agression sexuelle sur mineur de 15 ans.
– Viol et agression sexuelle commis sur une personne dont la vulnĂ©rabilitĂ© est 
apparente ou connue.
– Viol avec acte de torture et de barbarie.
– Agression sexuelle par ascendant ou personne ayant autoritĂ©.
– Coups et blessures – violences aux personnes (adultes et enfants).
Par ailleurs, des enquĂȘtes de patrimoine peuvent ĂȘtre effectuĂ©es afi n de vĂ©rifi er 
les origines et l’emploi des fonds gĂ©rĂ©s par les sectes.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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Dispositifs d’assistance 
aux victimes des dĂ©rives 
sectaires en Europe

AprĂšs avoir examinĂ©, en  2006 et  2007, la perception du phĂ©nomĂšne 

sectaire en Europe du point de vue des pouvoirs publics, la Miviludes estime 
opportun d’étudier ce mĂȘme sujet du point de vue des victimes et a donc jugĂ© 
utile et intĂ©ressant d’interroger nos postes diplomatiques dans ces pays amis 
et partenaires, sur la perception qu’ont les victimes du phĂ©nomĂšne sectaire 
afi n d’amorcer ici une rĂ©fl exion susceptible de dĂ©boucher sur une meilleure 
comprĂ©hension mutuelle et sur un renforcement de la protection de nos 
ressortissants.

Il s’agira d’examiner, pour chaque pays oĂč elles existent, les structures 

d’aide aux victimes : associations privĂ©es ou structures publiques d’aide aux vic-
times, Ă  la famille, Ă  l’individu ; afi n de connaĂźtre, d’une part, leur perception 
du phĂ©nomĂšne des dĂ©rives sectaires dans ses effets sur les victimes qui s’adres-
sent Ă  elles, leurs constatations et leur action auprĂšs de ces victimes ; et, d’autre 
part, la coopĂ©ration entre les diverses associations Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme pays, 
ainsi que les rapports qu’elles entretiennent avec les pouvoirs publics de l’État 
concernĂ© ainsi qu’avec les autoritĂ©s consulaires et – quand elles existent – les 
relations internationales de ces associations qui luttent contre un phĂ©nomĂšne 
qui ignore largement les frontiÚres géopolitiques.

Aucun des pays Ă©tudiĂ©s ne dispose de structure comparable Ă  la Mission 

interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Si la situa-
tion de la France prĂ©sente une spĂ©cifi citĂ© et des particularitĂ©s, liĂ©es notamment 
Ă  sa conception de la laĂŻcitĂ©, il reste que les principes directeurs de la politique 
française au regard de l’évaluation du risque, de la mise en Ɠuvre de sanctions 
rĂ©primant les dĂ©rives en application du droit commun, et de la prise en charge 
des victimes, se retrouvent souvent, pour l’essentiel, dans d’autres États, sous 
une forme sans doute moins régalienne, mais pas nécessairement moins rigou-
reuse, nĂ©cessitant des structures – privĂ©es ou publiques – d’aide aux victimes.

En France, la lutte contre les dĂ©rives sectaires s’inscrit dans le cadre 

de « CritĂšres permettant d’identifi er une emprise sectaire Â» : rupture profes-
sionnelle, sociale et familiale ; notion de temps et absence de disponibilitĂ© de 
l’adepte ; l’argent : exigences fi nanciĂšres exorbitantes ; emprise du groupe ou 
du gourou et dĂ©stabilisation mentale ; promesses et secrets ; emprise sur les 
enfants qui sont embrigadĂ©s ; santĂ© ; prosĂ©lytisme et recrutement ; dĂ©tourne-
ment des circuits Ă©conomiques ; infi ltration des pouvoirs publics et atteinte Ă  

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MIVILUDES 

▌

l’intĂ©gritĂ© physique ; et dans un seul intĂ©rĂȘt, celui des victimes : les adeptes, 
ex-adeptes et leur famille.

Il s’agit pour les pouvoirs publics de rechercher et identifi er le mou-

vement susceptible de revĂȘtir un caractĂšre sectaire, puis d’initier une action 
rĂ©pressive contre les agissements rĂ©prĂ©hensibles : l’infraction de droit commun 
n’est possible que parce que la victime a d’abord Ă©tĂ© dĂ©truite psychologique-
ment, placĂ©e sous l’emprise d’un groupe ou d’un gourou. L’emprise est prĂ©a-
lable Ă  l’acte dĂ©lictueux ; le droit commun s’applique dans un domaine spĂ©ci-
fi que caractĂ©risĂ© par la contrainte.

Le 27 mai 2005, une circulaire du Premier ministre confortait les « cri-

tĂšres Â» rappelĂ©s par la circulaire du ministre de la Justice du 29 fĂ©vrier 1996.

D’autres États europĂ©ens –  la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la 

Suisse, la Pologne – partagent dans leurs grandes lignes l’approche française 
du problĂšme, mĂȘme si des nuances existent. De mĂȘme dans certains pays, 
la lutte contre les dérives sectaires est prise en charge par les religions elles-
mĂȘmes ou par des institutions indĂ©pendantes ; par des structures publiques ou 
des associations privées.

La France

En France, l’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires relĂšve d’initia-

tives privées ainsi que des pouvoirs publics.

Assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires 
par des associations privées

‱ Union nationale des associations de dĂ©fense des familles et de l’indi-

vidu victimes de sectes (UNADFI)

En France, la lutte contre les dĂ©rives sectaires a d’abord relevĂ© de l’ini-

tiative privĂ©e. Elle a étĂ© initiĂ©e par les familles, avec la crĂ©ation, en 1974, des 
associations de dĂ©fense des familles et de l’individu (ADFI) Ă  Rennes et de la 
FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d’information sur le secta-
risme (FECRIS) en 1994. La loi du 15 juin 2000, renforçant la prĂ©somption d’in-
nocence et les droits des victimes, a insĂ©rĂ© dans le code de procĂ©dure pĂ©nale un 
article – modifi Ă© par la loi du 12 juin 2001, dite loi About-Picard – permettant 
aux associations de dĂ©fense contre les mouvements Ă  caractĂšre sectaire de se 
constituer partie civile, dans le cas de certaines infractions portant atteinte aux 
droits de l’Homme (article 2-17 du code de procĂ©dure pĂ©nale).

Enfi n, l’ADFI de Lille a crĂ©Ă©, il y a cinq ans, un centre d’accompagne-

ment des victimes d’organisations Ă  caractĂšre sectaire grĂące Ă  des subventions 
des collectivités locales (mairie, conseil général, conseil régional). Mis à dispo-
sition des familles, ce centre propose une prise en charge sociale, juridique et 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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psychologique grĂące aux interventions de personnes qualifi Ă©es dont une avo-
cate et une psychologue.

Ces associations privĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement le premier lieu de recueil 

de la parole des ex-adeptes. Par ailleurs, elles détectent les nouveaux mouve-
ments dans un univers particuliĂšrement changeant. Enfi n, elles sont un prĂ©-
cieux vecteur de remontĂ©e d’informations auprĂšs des pouvoirs publics (justice, 
police, gendarmerie, Miviludes).

L’UNADFI est reconnue d’utilitĂ© publique depuis 1996. AgrĂ©Ă©e par le 

ministĂšre de la Jeunesse et des Sports, elle a également obtenu l’agrĂ©ment de 
l’Éducation nationale en 2002.

Membre associĂ© de l’Union nationale des associations familiales 

(UNAF), l’UNADFI regroupe et coordonne les associations de dĂ©fense des 
familles et de l’individu victimes de sectes (ADFI), dont l’objet est l’informa-
tion sur le phĂ©nomĂšne sectaire, la prĂ©vention et l’aide aux victimes. SpĂ©cialisĂ©e 
dans l’information sur les sectes, la prĂ©vention et l’aide aux victimes, une ADFI 
existe dans chaque région.

‱  Le Centre contre les manipulations mentales –  Centre Roger-Ikor 

(CCMM)

Le CCMM a  pour but de participer Ă  la protection de la libertĂ© de 

l’homme. Il s’oppose Ă  toute action, collective ou individuelle, qui tend, par 
quelques moyens que ce soit, Ă  pĂ©nĂ©trer, domestiquer ou asservir les esprits, 
notamment ceux des jeunes. À cette fi n il mĂšne une action d’information, 
d’éducation et de mise en garde du public fondĂ©e sur la DĂ©claration des droits 
de l’Homme et du citoyen, la Convention internationale des droits de l’enfant 
et en rĂ©fĂ©rence aux valeurs rĂ©publicaines, au principe de laĂŻcitĂ© en particulier. 
Ces principes qui inspirent l’action du CCMM sont inchangĂ©s depuis sa fon-
dation : dĂ©fendre la personne humaine contre toutes les formes de manipula-
tion par des actions faisant rĂ©fĂ©rence aux valeurs rĂ©publicaines, aux droits de 
l’Homme, aux droits de l’enfant et en particulier aux principes de libertĂ© de 
conscience dont est issue la liberté religieuse et à la laïcité.

Le CCMM vient de connaĂźtre une importante Ă©volution structurelle, 

passant de l’organisation nationale centralisĂ©e Ă  une organisation fĂ©dĂ©rant 
des associations rĂ©gionales autonomes administrativement et fi nanciĂšrement. 
Progressivement les associations rĂ©gionales se constituent sur l’ensemble du 
territoire sous des appellations diverses (CCMM rĂ©gion Île-de-France, Info 
sectes, le Groupe d’étude des mouvements de pensĂ©e en vue de la prĂ©ven-
tion de l’individu (GEMPPI)...) mais liĂ©es par une adhĂ©sion commune en des 
valeurs et des principes dĂ©fi nis par « la charte du CCMM Â». La charte Ă©crite 
par le fondateur, Roger Ikor, a étĂ© actualisĂ©e Ă  l’occasion du « congrĂšs du 25

e

 

anniversaire Â» en 2006. Il est agrĂ©Ă© par les ministĂšres de l’Éducation nationale, 
de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche et par celui de la Jeunesse, des 
Sports et de la Vie associative.

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MIVILUDES 

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‱ Autres associations privĂ©es

Des associations locales se prĂ©occupent d’information sur les mouve-

ments Ă  caractĂšre sectaire et d’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires.

Ainsi, 

Info-sectes spécial universités et écoles (ISSUE)

 regroupe, 

depuis 1994, des jeunes bĂ©nĂ©voles prĂ©occupĂ©s par l’avancĂ©e des sectes qui 
portent atteinte aux libertés et aux droits des personnes et qui se sont regrou-
pĂ©s pour mieux agir, sensibiliser et informer, aller au-devant des personnes 
pour leur expliquer les problÚmes posés par les groupes sectaires et totali-
taires, et susciter un esprit critique. Ils agissent localement dans le but de 
faire de la prévention contre les dangers des organisations à caractÚre sec-
taire. ISSUE est organisĂ©e en associations locales, celles-ci Ă©tant fĂ©dĂ©rĂ©es au 
niveau national et subventionnĂ©es par les mairies, les conseils gĂ©nĂ©raux et les 
bureaux des Ă©lĂšves.

À la rentrĂ©e 2002, les associations lyonnaise et parisienne n’ont pas 

pu reprendre leurs activitĂ©s car le renouvellement de leurs membres n’a 
pas Ă©tĂ© suffi sant au cours des derniĂšres annĂ©es. Leur dissolution respective 
Ă©tait donc programmĂ©e. Cependant, soucieux de continuer la lutte contre 
le sectarisme et le totalitarisme (en particulier auprĂšs des jeunes), ainsi que 
de rĂ©pondre aux nombreuses demandes d’informations et de sensibilisation 
sur le phĂ©nomĂšne, les derniers membres d’ISSUE ont dĂ©cidĂ© de se joindre 
Ă  une nouvelle structure associative, le 

Centre d’information sectes Rhîne-

Alpes (CISRA)

, basĂ© Ă  Lyon, « association loi 1901 Â», en partenariat avec le 

CCMM.

Par ailleurs, 

Vigi-Sectes

 est une association Ă©vangĂ©lique francophone 

crĂ©Ă©e en 1998 et rĂ©gie par les articles 21 à 79 du code civil local maintenu en 
vigueur dans les dĂ©partements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Elle 
dispose d’un site d’informations sur les sectes et d’aide aux victimes des sectes, 
mais l’aide proposĂ©e aux victimes des dĂ©rives sectaires est essentiellement une 
aide spirituelle.

Enfi n, Ă  l’initiative privĂ©e d’un couple –  une psychologue et son 

conjoint, avou頠–  une cellule d’intervention mobile a  Ă©tĂ© mise en place en 
2000, la 

Cellule d’intervention mobile sur l’emprise sectaire (CIMES)

, qui est 

intervenue dans plusieurs situations d’urgence concernant des adeptes rĂ©cem-
ment sortis de sectes ainsi que leurs familles, et auxquelles sont Ă©galement 
confrontĂ©s les professionnels de la justice et de la santĂ©, ces affaires nĂ©cessitant 
une approche et une thĂ©rapie spĂ©cifi ques.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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Assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires 
par les pouvoirs publics

‱ Action parlementaire et gouvernementale

Depuis le rapport Vivien en 1983, rĂ©digĂ© Ă  la demande du Premier 

ministre, jusqu’à la Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires (Miviludes), on observe une volontĂ© affi rmĂ©e du 
Gouvernement français de protĂ©ger ses citoyens et ses institutions des activitĂ©s 
des organisations Ă  caractĂšre sectaire.

Sur le plan politique, cette démarche a été alimentée par des commis-

sions d’enquĂȘte parlementaire (1995 et 1999) ainsi que par la crĂ©ation d’orga-
nismes interministériels de lutte contre ces dérives.

En 1995, le rapport parlementaire d’Alain Gest et Jacques Guyard 

Les sectes en France

 estime Ă  160 000 le nombre d’adeptes selon les renseigne-

ments gĂ©nĂ©raux et 400 000 selon l’UNADFI. Ce rapport, favorisant la prise de 
conscience de l’existence d’un risque sectaire, dĂ©termine la mise en place, le 
9 mai 1996, d’une phase d’observation avec l’Observatoire interministĂ©riel sur 
les sectes, aboutissant, le 7 octobre 1998 à la création de la Mission interminis-
térielle de lutte contre les sectes (MILS).

Le 18 dĂ©cembre 1998, est votĂ©e une loi tendant Ă  renforcer le contrĂŽle 

de l’obligation scolaire.

Le rapport parlementaire de 1999 

Les sectes et l’argent

 a  ensuite mis 

l’accent sur l’infl uence Ă©conomique et la stratĂ©gie des mouvements sectaires 
depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 et sur leur domaine de prĂ©dilection : la for-
mation, l’informatique, le dĂ©veloppement personnel, le domaine pharmaceu-
tique et mĂ©dical et la distribution (commerce de produits agricoles biologiques 
par exemple).

Enfi n, le 12 juin 2001, est votĂ©e la loi About-Picard. Cette loi, tendant Ă  

renforcer la prĂ©vention et la rĂ©pression des mouvements portant atteinte aux 
droits de l’Homme et aux libertĂ©s fondamentales, ne concerne pas que les seuls 
mouvements sectaires. Elle est applicable Ă  toutes personnes morales de droit 
ou de fait. Ce texte a  Ă©largi l’ancienne incrimination d’abus frauduleux de 
l’état de faiblesse. Il sanctionne Ă©galement la publicitĂ© en faveur des mouve-
ments sectaires et permet la dissolution civile des personnes morales.

Le tribunal de grande instance peut prononcer la dissolution d’une 

personne morale qui poursuit des activitĂ©s ayant pour but ou pour effet de 
crĂ©er, de maintenir ou d’exploiter la sujĂ©tion psychologique ou physique des 
personnes qui participent Ă  ces activitĂ©s, dĂšs lors qu’auront Ă©tĂ© prononcĂ©es Ă  
son encontre plusieurs condamnations dĂ©fi nitives pour certaines infractions 
limitativement énumérées. Il est à noter que le tribunal peut prononcer la dis-
solution de plusieurs personnes morales dĂšs lors qu’elles poursuivent le mĂȘme 
objectif et sont unies par une communautĂ© d’intĂ©rĂȘts, et qu’a Ă©tĂ© prononcĂ©e, Ă  

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MIVILUDES 

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l’égard de chacune d’entre elles, d’un de ses dirigeants de droit ou de fait, au 
moins une condamnation pĂ©nale dĂ©fi nitive.

Enfi n, l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires est renforcĂ©e par 

des dispositions relatives Ă  l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de fai-
blesse. Le nouvel article 223-15-2 du code pĂ©nal rĂ©prime l’abus frauduleux de 
l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse d’un mineur ou d’une per-
sonne particuliĂšrement vulnĂ©rable en raison de son Ăąge, d’une maladie ou 
d’une infi rmitĂ©. Il protĂšge aussi, dĂ©sormais, la personne en Ă©tat de sujĂ©tion psy-
chologique ou physique rĂ©sultant de l’exercice de pressions graves ou rĂ©itĂ©rĂ©es 
ou de techniques propres Ă  altĂ©rer son jugement pour la conduire Ă  des actes 
ou à des abstentions qui lui sont gravement préjudiciables.

Le 28  novembre 2002 est crĂ©Ă©e la Mission interministĂ©rielle de vigi-

lance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires (Miviludes), avec pour mission 
d’observer et analyser le phĂ©nomĂšne des mouvements Ă  caractĂšre sectaire ; 
de favoriser, dans le respect des libertĂ©s publiques, la coordination de l’action 
prĂ©ventive et rĂ©pressive des pouvoirs publics ; de dĂ©velopper l’échange d’infor-
mations entre services publics ; de contribuer Ă  l’information et Ă  la formation 
des agents publics et d’informer le public sur les risques et dangers sectaires et 
faciliter la mise en Ɠuvre d’actions d’aide aux victimes de dĂ©rives et ce, sur le 
plan national et international.

La Miviludes a  pour mission de collecter tous renseignements utiles 

– tout en prenant garde Ă  la dĂ©sinformation. Sur le territoire, elle prend part 
aux travaux des « cellules dĂ©partementales de vigilance Â» devenues « groupes 
de travail dans le cadre des conseils de prĂ©ventions contre la dĂ©linquance, 
les violences aux femmes, la toxicomanie et les dĂ©rives sectaires Â». Elle reçoit 
des confi dences des familles ; celles des ex-adeptes, ainsi que les confi dences 
recueillies par les associations de lutte contre les organisations Ă  caractĂšre 
sectaire et de protection des victimes, provenant des diffĂ©rents ministĂšres ou 
d’échanges avec d’autres pays, tel le Centre d’information et d’avis sur les orga-
nisations sectaires nuisibles de Belgique, centre fĂ©dĂ©ral belge d’information 
sur les sectes (CIAOSN). Son rĂŽle est d’analyser les Ă©volutions du phĂ©nomĂšne 
sectaire par un rapport annuel au Premier ministre ; assurer la formation d’en-
quĂȘteurs, magistrats et de toute personne Ă  mĂȘme de dĂ©tecter la dĂ©rive et infor-
mer de l’action de la France pour empĂȘcher les dĂ©rives sectaires par son site 
Internet et la publication de guides.

Enfi n, en avril  2008, le Premier ministre a  confi Ă© Ă  Georges Fenech, 

magistrat, une mission de rĂ©fl exion et d’évaluation des dispositifs judiciaires de 
lutte contre les dĂ©rives sectaires ; l’action du gouvernement Ă©tant rĂ©solument 
engagĂ©e – dans le respect des principes rĂ©publicains de libertĂ© d’opinion et de 
croyances – dans la lutte contre les dĂ©rives sectaires.

‱ L’Institut national d’aide aux victimes et de mĂ©diation (INAVEM)

L’INAVEM a étĂ© mis en place en 1986 par le ministĂšre de la Justice, Ă  

l’occasion du premier regroupement de la cinquantaine d’associations d’aide 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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aux victimes prĂ©existante. Plusieurs ministĂšres contribuent au fi nancement de 
l’INAVEM, le ministùre de la Justice principalement.

Les missions fondamentales de l’INAVEM en tant que tĂȘte de pont 

d’un rĂ©seau de cent cinquante associations au plan national sont d’animer, 
coordonner et promouvoir ce rĂ©seau d’aide aux victimes, ainsi qu’engager des 
partenariats et des conventions pour faciliter l’accĂšs des personnes victimes 
aux services des associations. Les principaux objectifs de l’INAVEM sont la dĂ©fi -
nition et l’évaluation des missions d’aide aux victimes ; la coordination et le 
soutien aux associations d’aide aux victimes et l’information et la sensibilisa-
tion des professionnels et du public à l’aide aux victimes.

L’INAVEM assure une fonction de reprĂ©sentation nationale des asso-

ciations d’aide aux victimes, au sein d’instances telles le Conseil national de 
l’aide aux victimes, le Fonds de garantie des victimes du terrorisme et d’autres 
infractions, ou la juridiction nationale de la libération conditionnelle.

Il informe le public, les professionnels de tous secteurs et les associa-

tions d’aide aux victimes par une 

Lettre d’information

 trimestrielle traitant de 

l’actualitĂ© du droit et des actions en faveur des victimes, par l’édition ponctuelle 
d’ouvrages, tels que les actes des Assises nationales des associations d’aide aux 
victimes, des recueils de textes juridiques, des recueils thĂ©matiques...et par la 
mise à jour réguliÚre de son site Internet.

Il intervient réguliÚrement auprÚs du Gouvernement, des parlemen-

taires ou des administrations, pour proposer de nouvelles mesures, lĂ©gislatives 
ou rĂ©glementaires, permettant d’amĂ©liorer les droits des victimes et/ou les ser-
vices aux victimes.

Il est agrĂ©Ă© comme organisme de formation et propose chaque annĂ©e 

un programme de formations pour les salariĂ©s, bĂ©nĂ©voles ou administrateurs 
du secteur associatif, les fonctionnaires de l’État ou des collectivitĂ©s locales, et 
les entreprises concernées.

Il soutient les activitĂ©s des associations, Ă  travers notamment les chargĂ©s 

de mission du « pĂŽle animation Â» de l’INAVEM qui sont en relation suivie avec 
les associations d’aide aux victimes. Ils interviennent suivant leur spĂ©cialisation 
dans les domaines de l’accueil et de l’information des victimes, de l’aide psy-
chologique et des droits des victimes, des catastrophes collectives et des pra-
tiques de mĂ©diation. Leur action vise notamment Ă  renforcer la structuration 
du rĂ©seau des associations d’aide aux victimes, ainsi qu’à Ă©valuer et promouvoir 
les initiatives des associations. Des rencontres entre associations sont ainsi trĂšs 
souvent organisĂ©es au niveau de journĂ©es d’études nationales ou de rencontres 
de travail rĂ©gionales. Elles mettent en commun les pratiques innovantes et 
nourrissent les orientations générales du réseau INAVEM.

Enfi n, l’INAVEM hĂ©berge et anime depuis octobre 2001, un numĂ©ro 

national d’aide aux victimes, qui Ă©coute les victimes d’infractions et les oriente 
vers les associations proches de leur domicile ainsi que vers d’autres services 

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MIVILUDES 

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ou organismes compĂ©tents et dĂ©veloppe les activitĂ©s du Forum europĂ©en des 
services d’aide aux victimes qui regroupe les associations nationales de quinze 
pays pour amĂ©liorer les droits et les services aux victimes en Europe. En effet, 
l’INAVEM et les associations d’aide aux victimes ont des liens privilĂ©giĂ©s avec 
des partenaires institutionnels, tels que les tribunaux, les parquets, les maisons 
de justice et du droit, la police et la gendarmerie, les hĂŽpitaux, les mairies, 
et Ă©tablissent des accords nationaux ou rĂ©gionaux avec le secteur bancaire, 
des organisations commerciales ou des entreprises de transport. Ces accords 
ou conventions s’adressent aux personnes victimes sur leur lieu de travail. Ils 
concernent souvent aussi les clients ou usagers des entreprises exposĂ©es, par 
exemple avec la Société nationale des chemins de fer (SNCF) ou la Régie auto-
nome des transports parisiens (RATP) ou les personnels agressĂ©s, pour un suivi 
psychologique adéquat.

Des conventions existent en outre avec les ministĂšres des Affaires 

Ă©trangĂšres et de l’Éducation nationale. Les coordonnĂ©es des Français victimes 
de violences graves Ă  l’étranger ou de leurs familles sont transmises Ă  l’INA-
VEM ainsi que des informations sur les circonstances des violences subies. La 
convention Éducation nationale prĂ©voit Ă  l’initiative des autoritĂ©s scolaires, des 
rencontres entre associations et personnels, Ă©lĂšves ou parents d’élĂšves, victimes 
de violences en milieu scolaire. Cette premiĂšre convention d’une durĂ©e de 
trois ans a atteint son terme en mars 2002. Elle est reconduite en 2004 et éten-
due, au-delĂ  des quatorze dĂ©partements-pilotes initialement retenus, Ă  tous les 
départements français.

‱ La DĂ©lĂ©gation aux victimes (DAV)

InaugurĂ©e en 2005, la DAV est une structure Ă  vocation nationale et 

permanente, relevant du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et de l’AmĂ©nagement du 
territoire.

Les policiers et gendarmes Ă©tant les premiers interlocuteurs des vic-

times, soutenir, Ă©couter, renseigner et orienter les victimes doivent ĂȘtre de 
rĂ©elles prioritĂ©s d’action. Aussi, la dĂ©lĂ©gation est-elle chargĂ©e de proposer et 
conduire les actions destinĂ©es Ă  la mise en Ɠuvre d’une politique dynamique 
et opĂ©rationnelle d’aide aux victimes au sein du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et de 
l’AmĂ©nagement du territoire.

La DAV a plus particuliĂšrement pour mission, en interne, de proposer 

des actions, des mĂ©thodes et des outils adaptĂ©s Ă  l’amĂ©lioration de la prise en 
compte des victimes dans les services relevant de l’autoritĂ© du ministre de l’In-
tĂ©rieur et de l’AmĂ©nagement du territoire. Elle est notamment chargĂ©e de faire 
Ă©voluer les mentalitĂ©s et les comportements des policiers et des gendarmes et, 
en externe, d’entretenir des liens Ă©troits et permanents avec l’ensemble des 
associations de victimes et d’aide aux victimes en analysant et relayant leurs 
attentes. Elle participe aux travaux interministériels dans ce domaine.

Enfi n, des travaux conduits, en juin 2008, par le Service de l’accĂšs au 

droit et Ă  la justice et de la politique de la ville (SADJPV) avec l’UNADFI, le 

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CCMM, l’INAVEM et la Miviludes, tendent Ă  crĂ©er une meilleure coordina-
tion entre les associations privĂ©es, qui connaissent le phĂ©nomĂšne sectaire mais 
sont insuffi samment familiarisĂ©es avec les procĂ©dures judiciaires, et les organi-
sations publiques qui sont des associations relais de la justice telle l’INAVEM, 
qui, si elles sont moins au fait du phĂ©nomĂšne sectaire, maĂźtrisent en revanche 
les rĂšgles de procĂ©dures. Cette coopĂ©ration permettra la formation rĂ©ciproque 
de leurs personnels, d’une part Ă  la prise en charge de victimes d’infractions 
pĂ©nales dans le cadre d’un procĂšs et, d’autre part, Ă  la comprĂ©hension du phĂ©-
nomùne de l’emprise mentale et la conclusion de protocoles assurant la com-
plĂ©mentaritĂ© des interventions locales des deux types d’associations, notam-
ment lors d’opĂ©rations de police judiciaire.

L’Europe

En Europe, les associations privĂ©es sont les instances les plus impliquĂ©es 

dans l’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires, mĂȘme dans les pays qui dis-
posent de structures publiques d’assistance à ces victimes. De nombreuses asso-
ciations unissent leur expĂ©rience dans le cadre de la 

FĂ©dĂ©ration europĂ©enne 

des centres de recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS).

Jouissant du statut d’OING (Organisation internationale non gouver-

nementale), participatif auprĂšs du Conseil de l’Europe, la FECRIS a étĂ© crĂ©Ă©e 
le 30 juin 1994 Ă  Paris Ă  la suite du CongrĂšs international sur le sectarisme, Ă  
Barcelone en 1993, et siĂšge Ă  Marseille.

Il s’agit d’une association Ă  but non lucratif de droit français. Elle se 

dĂ©clare, par l’article  2 de ses statuts, neutre sur les plans politique, philoso-
phique et religieux.

Ses objectifs sont de grouper les associations européennes représenta-

tives concernées par les organisations contemporaines de type sectaire et tota-
litaire, lĂ©galement constituĂ©es ou non, dont les pratiques sont contraires Ă  la 
DĂ©claration universelle des droits de l’Homme, Ă  la Convention europĂ©enne de 
sauvegarde des droits de l’Homme, Ă  la Convention internationale des droits 
de l’enfant, Ă  la lĂ©gislation europĂ©enne et aux lĂ©gislations nationales ; de reprĂ©-
senter les associations membres devant les institutions europĂ©ennes dans le 
cadre de leurs activitĂ©s d’information et de dĂ©fense des individus, des familles 
et des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques contre les agissements d’organisations sectaires 
nuisibles ; d’alerter les instances et les institutions internationales en cas d’agis-
sements dĂ©lictueux ; de participer Ă  l’élaboration de l’espace judiciaire euro-
pĂ©en en la matiĂšre et constituer un rĂ©seau d’informations international ; enfi n 
d’effectuer des recherches et des Ă©tudes en particulier juridiques, dans tout 
domaine pouvant faire l’objet de dĂ©rives sectaires.

Une des bases essentielles de rĂ©fl exion et d’action des associations 

membres de la FECRIS est l’écoute des victimes d’agissements abusifs ou prĂ©-
sumĂ©s tels. Les objectifs et les mĂ©thodes de recherches et d’analyse sont validĂ©s 

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MIVILUDES 

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prĂ©cisĂ©ment par cette proximitĂ© des personnes directement concernĂ©es. La 
FECRIS considÚre que les dérives sectaires ne sont pas des phénomÚnes sta-
tiques et que leurs manifestations sont Ă©volutives et base son argumentation sur 
des donnĂ©es vĂ©rifi Ă©es et actualisĂ©es.

Son analyse se situe sur le plan comportemental car il est impĂ©ratif de 

rĂ©sister aux pressions visant Ă  dĂ©placer la question des dĂ©rives sectaires sur le 
terrain des croyances et de la religion. Ce faux dĂ©bat, fondĂ© sur une approche 
incomplĂšte du problĂšme, est incompatible avec une analyse scientifi que.

Elle dĂ©signe comme secte ou gourou l’organisation ou l’individu qui 

fait commerce de croyances et de techniques comportementales déstructu-
rantes et qui utilise la manipulation mentale comme outil. Ses conclusions sont 
circonstanciĂ©es et prudentes. Elles prennent en compte les dols, douleurs et 
dĂ©structurations des victimes et de leur famille en dĂ©nonçant l’embrigadement 
aveugle gĂ©nĂ©rĂ© par certains systĂšmes de pensĂ©e et les consĂ©quences graves qui 
en découlent pour les structures familiales, sociales et démocratiques.

Enfi n, les membres de la FECRIS s’engagent Ă  coopĂ©rer selon les prin-

cipes du respect du pluralisme religieux, philosophique et politique ; de l’ob-
jectivitĂ© et du pragmatisme en tenant compte de la complexitĂ© des situations Ă  
traiter ; de la discrĂ©tion, du respect du secret professionnel et de la remise en 
cause permanente compte tenu du caractÚre évolutif du phénomÚne sectaire.

La FECRIS compte Ă  ce jour quarante-cinq associations rĂ©parties sur 

vingt-neuf pays : Allemagne, Argentine, ArmĂ©nie, Australie, Autriche, Belgique, 
Belarus, Bulgarie, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Irlande, IsraĂ«l, 
Italie, Lituanie, Malte, NorvĂšge, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Russie, 
Serbie, Slovaquie, SuĂšde, Suisse, Ukraine, États-Unis d’AmĂ©rique. Cette crois-
sance s’explique par l’adhĂ©sion Ă  la FECRIS d’associations de pays de l’Est qui 
se sont constituĂ©es progressivement face Ă  la migration et au dĂ©veloppement 
important des mouvements Ă  caractĂšre sectaire venant des USA et de l’Europe 
de l’Ouest.

Le traitement du problĂšme des dĂ©rives sectaires et de l’assistance 

offerte Ă  ses victimes varie considĂ©rablement d’un pays Ă  l’autre.

Certains pays d’Europe disposent de structures publiques et privĂ©es 

d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires.

D’autres pays europĂ©ens ne disposent pas de structure publique d’aide 

aux victimes des dĂ©rives sectaires ; celle-ci est assurĂ©e par des associations 
privées.

Enfi n, d’autres États ne disposent pas de structures d’aide aux victimes 

de dĂ©rives sectaires, ni publiques ni relevant d’initiatives privĂ©es.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

 73

▌

La Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, 
l’Autriche, la Suisse et la Slovaquie

La 

Belgique

 est le pays qui prĂ©sente, par ses choix, la plus grande simi-

litude avec la France, mĂȘme si son approche du phĂ©nomĂšne sectaire est propre 
à cet État.

Depuis 1999, elle s’est dotĂ©e du Centre d’information et d’avis sur 

les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) implantĂ© Ă  Bruxelles. Centre 
indépendant institué auprÚs du ministÚre de la Justice, ses membres sont dési-
gnĂ©s par la chambre des reprĂ©sentants, dont la moitiĂ© sur prĂ©sentation du 
Conseil des ministres. Ce sont des personnalitĂ©s Ă©minentes, issues de diffĂ©rents 
domaines et rĂ©putĂ©es pour leur connaissance, leur expĂ©rience et leur intĂ©rĂȘt 
pour le phénomÚne sectaire.

S’agissant de structures publiques d’aide aux victimes des dĂ©rives 

sectaires, le CIAOSN est un service public fĂ©dĂ©ral qui se charge Ă©galement 
d’apporter un soutien aux victimes. Il assure un service d’accueil du public 
et fournit des informations sur ses droits et obligations. Le CIAOSN ne s’oc-
cupe cependant pas de l’aide psychologique. Cette aide est une compĂ©tence 
qui relÚve des communautés.

Les structures privĂ©es d’aide aux victimes de dĂ©rives sectaires sont nom-

breuses. Il existe plusieurs associations d’aide aux familles et aux victimes de 
dĂ©rives sectaires, mais celles-ci ont tendance Ă  ĂȘtre de moins en moins actives. 
En effet, ces associations ont perdu leur raison d’ĂȘtre depuis la crĂ©ation d’un 
service public fĂ©dĂ©ral d’aide aux victimes des organismes Ă  caractĂšre sectaire 
et, surtout, la nomination de la plupart de leurs responsables au CIAOSN.

La seule association privĂ©e qui soit rĂ©ellement active est l’association 

sans but lucratif (ASBL) Studie En Adviesgroep Sekten (SAS). Cette association 
néerlandophone effectue des études et émet des avis sur les sectes.

Les autres associations subsistent diffi cilement. Il s’agit d’SOS Sectes, 

Aide aux victimes de psychothĂ©rapeutes autoproclamĂ©s (AVPA), Association 
des victimes des pratiques illĂ©gales de la mĂ©decine (AVPIM) et Contacts et 
informations sur les groupes sectaires (CIGS).

Toutes ces associations se connaissent et entretiennent des relations entre 

elles. Elles entretiennent Ă©galement des relations suivies avec les associations fran-
çaises homologues. Enfi n, au plan europĂ©en, la Belgique est reprĂ©sentĂ©e par la 
CIGS au sein de la FECRIS, oĂč chaque association membre reprĂ©sente les associa-
tions de son pays et sert de relais pour la FECRIS Ă  l’intĂ©rieur de cet État.

L’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires au 

Royaume-Uni

 se par-

tage entre quatre associations privĂ©es dont une seule –  INFORM  â€“  dispose 
d’une rĂ©elle capacitĂ© d’action grĂące aux fonds publics. Les structures d’aide 
Ă  ces victimes sont toutes des associations privĂ©es enregistrĂ©es comme 

Charities

 

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74 

MIVILUDES 

▌

(associations d’utilitĂ© publique) et ne reçoivent aucune subvention de l’État Ă  
l’exception d’INFORM.

INFORM est une 

Charity

 subventionnĂ©e notamment par le 

Home Offi ce

 

(ministĂšre de l’IntĂ©rieur), la 

Metropolitan Police

 de Londres et l’Église d’An-

gleterre. Son objet est de maintenir une veille sur les nouveaux mouvements 
religieux. À l’origine, elle n’était pas destinĂ©e Ă  venir en aide aux victimes. 
Actuellement, du fait de son expertise sur les mouvements dits « sectaires Â», 
INFORM est souvent contactĂ©e par les familles ou les victimes elles-mĂȘmes. La 
situation de monopole d’expertise d’INFORM au profi t du Gouvernement et 
son fi nancement sur fonds publics entraĂźnent de vives critiques des autres asso-
ciations qui ne perçoivent aucune aide fi nanciĂšre de l’État et qui ont du mal Ă  
survivre. La situation d’INFORM, tant au regard du fi nancement qu’elle reçoit 
de l’État que des prises de position de sa prĂ©sidente et de son analyse jugĂ©es 
« ambiguĂ«s Â» Ă  l’égard des « nouveaux mouvements religieux Â», place cette 

Charity

 sous les feux croisĂ©s de la critique des autres associations qui aimeraient 

pouvoir profi ter des mĂȘmes ressources. Enfi n, INFORM est la seule association 
disposant des ressources nĂ©cessaires (locaux, chercheurs, etc.) au sein de la 
London School of Economics (LSE) pour recueillir les informations néces-
saires Ă  l’aide aux victimes de dĂ©rives sectaires.

Reachout Trust

 est une association privĂ©e bĂ©nĂ©fi ciant du statut de 

Charity

 

depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 et son objet est d’aider les victimes de dĂ©rives 
sectaires. Son directeur soutient que son association est fi nancĂ©e par des dons et 
affi rme entretenir des relations avec les États-Unis et l’Europe de l’Est. Il serait 
trĂšs intĂ©ressĂ© d’entretenir des contacts plus Ă©troits avec la France. L’association 
dispose d’un site Internet. Elle affi rme Ă©changer rĂ©guliĂšrement avec les autres 
associations privĂ©es 

Cult Information Center

 et 

Family Survival Trust

 et rencontrer 

occasionnellement les reprĂ©sentants d’INFORM. 

Reachout Trust

 se proclame 

indĂ©pendante d’organisations internationales.

Cult Information Center

 (CIC), crĂ©Ă© en 1987, a  Ă©galement le statut de 

Charity

. CIC dispose d’un site Internet. Son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral se prĂ©sente lui-

mĂȘme comme un ancien membre de secte. Son association vient en aide aux 
familles de victimes de dérives sectaires, aide la police et organise des confé-
rences dans les Ă©coles. CIC Ă©tait affi liĂ© Ă  la FECRIS, et en a 

« dĂ©missionnĂ©  pour 

des diffĂ©rences de points de vue avec cette organisation Â»

, selon le secrétaire géné-

ral. Selon d’autres sources, CIC, ainsi qu’une autre association, Catalyst, en 
auraient Ă©tĂ© en rĂ©alitĂ© exclus du fait de liens fi nanciers avec la secte Amway aux 
États-Unis.

Quant Ă  l’association 

Family Survival Trust

 (FST), anciennement 

Family 

Action Information And Resource

 (FAIR), crĂ©Ă©e Ă  l’origine pour aider les familles 

des Moonies (adeptes de l’organisation à caractùre sectaire Moon), elle est diri-
gĂ©e par un ancien parlementaire britannique et ancien ministre du 

Home Offi ce

 

(ministre de l’IntĂ©rieur), contraint de consacrer beaucoup de temps au lob-
bying pour obtenir des fonds publics. L’association FAIR a changĂ© de nom dans 
le cadre de la rĂ©forme en cours sur les 

Charities

 et s’est scindĂ©e en deux pour 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

 75

▌

devenir FST qui continue Ă  soutenir les victimes de dĂ©rives sectaires et leurs 
familles, et Fair News Publishing qui publie le bulletin de l’association. Cette 
scission a pour but de protĂ©ger juridiquement l’association contre les organisa-
tions Ă  caractĂšre sectaire. FST, qui dispose Ă©galement d’un site Internet, a d’ex-
cellentes relations avec des associations similaires en Belgique, en Espagne, 
ainsi qu’avec la Miviludes.

Une cinquiĂšme association privĂ©e du mĂȘme type, Catalyst, connaĂźtrait 

des diffi cultĂ©s fi nanciĂšres, selon les organisations mentionnĂ©es.

En 

Allemagne

, la perception du phĂ©nomĂšne sectaire est largement 

infl uencĂ©e par l’article  4 de la loi fondamentale qui garantit la libertĂ© reli-
gieuse par le biais de la neutralitĂ© de l’État si le mouvement religieux ne porte 
pas atteinte aux libertĂ©s fondamentales. Au niveau fĂ©dĂ©ral, l’assistance aux vic-
times de dĂ©rives sectaires est basĂ©e essentiellement sur l’information ; les struc-
tures d’aide Ă  ces victimes ont plutĂŽt pour origine des initiatives rĂ©gionales, 
confessionnelles ou privées.

Les autorités administratives diffusent au public une information rela-

tive, d’une part, aux mouvements religieux en gĂ©nĂ©ral et aussi, d’autre part, 
aux nouveaux mouvements spirituels et aux mouvements Ă  tendance sectaire. 
À cette mission d’information gĂ©nĂ©rale s’ajoutent de nombreuses initiatives 
Ă©manant tant des Églises catholique et protestante que d’associations privĂ©es 
ou de particuliers sensibilisés à cette cause.

Des structures administratives d’information et d’aide aux victimes de 

dĂ©rives sectaires existent dans l’ensemble des 

LĂ€nder

. Au niveau des États fĂ©dĂ©-

rĂ©s 

(LĂ€nder)

, on trouve des structures d’aide et de conseil. Ainsi, dans le 

Land

 

de Berlin, le SĂ©nat (Gouvernement du 

Land

) a mis en place une assistance télé-

phonique destinĂ©e aux victimes et fait distribuer des brochures d’information. 
De leur cĂŽtĂ©, les 

LĂ€nder

 de Basse-Saxe, de Hambourg, de Hesse et de RhĂ©nanie 

du Nord-Westphalie ont proposĂ© conjointement, le 12 octobre 2007, devant le 

Bundesrat

 (deuxiĂšme chambre fĂ©dĂ©rale), l’adoption d’une loi permettant aux 

victimes de dérives sectaires de se porter partie civile plus facilement.

La plupart des structures administratives des États fĂ©dĂ©rĂ©s coopĂšrent 

de maniĂšre Ă©troite avec l’État fĂ©dĂ©ral au sein d’un rĂ©seau de coopĂ©ration com-
mun dédié à cette question. Les débats y sont féconds et débouchent couram-
ment sur l’adoption de textes lĂ©gislatifs concrets relatifs Ă  la protection des vic-
times. Une attention plus particuliĂšre est portĂ©e Ă  l’Église de scientologie. Ce 
mouvement semble quasiment ĂȘtre le seul Ă  faire l’objet d’une surveillance sys-
tĂ©matique de la part des autoritĂ©s administratives allemandes, qui considĂšrent 
que ses activités sont potentiellement incompatibles avec la loi fondamentale.

Suite Ă  un rĂ©fĂ©rendum d’initiative populaire, les parlementaires du 

Bundestag

 (premiĂšre chambre fĂ©dĂ©rale) ont votĂ© en 1996 la crĂ©ation d’une 

Commission d’enquĂȘte, toujours en place actuellement, sur « ce que l’on 

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MIVILUDES 

▌

appelle communĂ©ment sectes et groupes de pression psychologique Â», traduc-
tion littĂ©rale de 

sogenannte Sekten und Psychogruppen

. Il est en effet signifi catif de 

noter que les structures fĂ©dĂ©rales rechignent Ă  parler de « sectes Â», prĂ©fĂ©rant Ă  ce 
vocable les prudentes circonlocutions mentionnĂ©es ci-dessus. La Commission 
d’enquĂȘte a pour objet, en plus de l’analyse des activitĂ©s de ces groupes et des 
raisons qui motivent certains individus Ă  s’en rapprocher, de rechercher les 
moyens de prĂ©venir une telle adhĂ©sion et, le cas Ă©chĂ©ant, d’aider ces personnes 
et leur entourage Ă  quitter ces groupes.

S’agissant des structures confessionnelles d’information, au sein de 

l’Église catholique, un « Groupe de travail sur les questions sociales et Ă©thiques Â» 
collabore avec des services de veille sur les dĂ©rives sectaires prĂ©sents dans les 
diffĂ©rents Ă©vĂȘchĂ©s. Au sein de l’Église protestante, un « Observatoire central 
des questions Ă©thiques Â» collabore avec les diffĂ©rentes instances rĂ©gionales, 
aboutissant Ă  la publication d’une abondante documentation sur le thĂšme des 
sectes.

Quant aux initiatives privĂ©es d’aide aux victimes des dĂ©rives sectaires, 

elles sont multiples. Il existe, en effet, en Allemagne, une multitude de sites 
Internet Ă©manant soit d’associations privĂ©es, soit de particuliers. L’une des 
associations les plus actives est l’AGPF (Mouvement pour la libertĂ© spirituelle 
et psychique). Le site de l’AGPF fournit une liste de mouvements Ă  caractĂšre 
sectaire, ainsi qu’une liste d’interlocuteurs privilĂ©giĂ©s Ă  destination des victimes 
de ces mouvements. Certaines de ces initiatives ont donnĂ© lieu Ă  la constitution 
d’un rĂ©seau Internet se donnant pour but de faire converger les expĂ©riences et 
les connaissances respectives afi n de mener des actions coordonnĂ©es. L’activitĂ© 
de ce rĂ©seau a notamment dĂ©bouchĂ© sur l’organisation de confĂ©rences natio-
nales et internationales.

Il existe, en 

Autriche

, plusieurs organisations d’information et de 

conseil concernant les dĂ©rives sectaires, ainsi que des structures publiques 
fĂ©dĂ©rales et rĂ©gionales. Par ailleurs, les ministĂšres fĂ©dĂ©raux de la SantĂ©, de 
la Famille et de la Jeunesse, ainsi que de l’Enseignement, des Arts et de la 
Culture, mettent Ă  la disposition du public plusieurs interlocuteurs spĂ©cialisĂ©s 
sur les questions des dĂ©rives sectaires et deux institutions privĂ©es d’assistance 
aux victimes de ces dĂ©rives bĂ©nĂ©fi cient d’un soutien de l’État.

Les principales structures publiques, fĂ©dĂ©rales ou rĂ©gionales, sont 

basĂ©es Ă  Vienne et en Basse-Autriche. Il s’agit du Bureau fĂ©dĂ©ral pour les ques-
tions sectaires 

(Bundesstelle FĂŒr Sektenfragen)

 basĂ© Ă  Vienne ; du Bureau rĂ©gional 

pour la défense de la Constitution et la lutte contre le terrorisme/sous-direc-
tion Â« ExtrĂ©misme » 

(Lamdesamt FĂŒr Verfassungsschutz und TerrorismusbekĂ€mpfung/

Referat ‘Extremismus’)

 basĂ© Ă  Vienne Ă©galement et du Bureau pour les questions sec-

taires au sein du Gouvernement de Basse-Autriche 

(Amt der Niederösterreichischen 

Landesregierung, Landesstelle FĂŒr Sektenfragen)

.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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▌

Par ailleurs, les ministĂšres fĂ©dĂ©raux de la SantĂ©, de la Famille et de la 

Jeunesse, Direction de la « politique envers les jeunes Â» ; et de l’Enseignement, 
des Arts et de la Culture, Direction de l’« orientation et du soutien psycholo-
gique scolaires Â» mettent Ă  disposition du public plusieurs interlocuteurs spĂ©-
cialisĂ©s sur les questions relatives au phĂ©nomĂšne sectaire. Enfi n, deux institu-
tions privĂ©es bĂ©nĂ©fi cient d’un soutien de l’État. Il s’agit de 

Kult und Co Tirol

 

(Culte et Compagnie Tyrol), basĂ©e au Tyrol, et 

Logo Eso Info

, basée en Styrie.

Dans les rĂ©gions, le ministĂšre de la SantĂ©, de la Famille et de la Jeunesse 

fi nance plusieurs structures de conseil aux familles, orientĂ©es plus particu-
liĂšrement sur les questions sectaires et idĂ©ologiques. Ainsi, 

Ehe–

  , 

Familien–  , 

Lebensberatung des katholischen Familienwerkes

 (Association de conseil  â€“  destinĂ© 

aux couples et aux familles – des Ɠuvres familiales catholiques) basĂ©e Ă  Vienne ; 

Magistrat der Landeshauptstadt Klagenfurt, Sektenberatung

 (magistrat de la ville de 

Klagenfurt, conseil en matiĂšre de sectes), en Carinthie ; 

Familien– , Partner– und 

Jugendberatungsstelle des Niederösterreichische Hilfswerkes 

(Bureau de conseil – des-

tinĂ© aux familles, couples, jeunes  â€“  des Ɠuvres sociales de Basse-Autriche) ; 

Familienberatung des Oberösterreichischen Familienbundes

 (conseil  â€“  destinĂ© aux 

familles  â€“  de l’association familiale de Haute-Autriche) ; 

Familienberatung des 

Familienreferates des Landes Salzburg

 (conseil destinĂ© aux familles du bureau 

familial du 

Land

 de Salzbourg) ; 

Jugend– und Familienberatungsstelle des Steirischen 

Familienbundes

 (Bureau de conseil destinĂ© aux familles et aux jeunes de l’asso-

ciation familiale de Styrie) ; 

Caritas Beratungszentrum Tirol

 (Centre de conseil 

Caritas du Tyrol) et 

Institut fĂŒr Sozialdienste

 (Vorarlberg) (Institut pour les ser-

vices sociaux) Ă  Vorarlberg.

S’agissant des associations privĂ©es, outre les associations d’information 

et de conseil 

Kult und Co Tirol

 (Culte et Compagnie Tyrol) et 

Logo Eso Info

Logo

 

Ă©tant le nom d’une association proposant des informations aux jeunes, dont 
l’une des branches, 

Logo Eso Info

, traite plus particuliĂšrement des questions liĂ©es 

Ă  l’ésotĂ©risme 

(Esotherik)

, aux sectes 

(Sekten)

 et aux sciences occultes 

(Okkultismus)

 ; 

il existe plusieurs organismes privĂ©s d’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires. 
La Société de lutte contre les dangers sectaires et religieux (

Gesellschaft gegen 

Sekten und Kultgefahren

), basĂ©e Ă  Vienne ; L’Association pour les questions sec-

taires et religieuses de Carinthie (

Netzwerk Verein fĂŒr Sekten und Kultfragen

) et l’As-

sociation pour les questions sectaires et religieuses de Styrie (

Netzwerk Verein fĂŒr 

Sekten und Kultfragen

). Il existe des contacts informels entre les structures privĂ©es, 

d’une part, et entre ces associations et les pouvoirs publics, d’autre part. Ces asso-
ciations privĂ©es entretiennent aussi des contacts informels avec d’autres organisa-
tions et associations Ă©trangĂšres. À noter que le responsable de la SociĂ©tĂ© de lutte 
contre les dangers sectaires et religieux (

Gesellschaft gegen Sekten und Kultgefahren

), 

Friedrich Griess, est président de la FECRIS.

La 

Suisse

 a étĂ© pendant longtemps un pays oĂč existait une grande rĂ©ti-

cence Ă  contrĂŽler les organisations Ă  caractĂšre sectaire, sans doute pour Ă©vi-
ter les errements d’une histoire marquĂ©e par les persĂ©cutions de confessions 

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MIVILUDES 

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chrĂ©tiennes trĂšs diverses. Dans le contexte des profondes mutations religieuses 
actuelles, avec Ă©mergence de groupuscules dangereux, l’État fĂ©dĂ©ral affi rme 
dĂ©sormais son rĂŽle d’aiguillon national dans le domaine de la protection des 
victimes des dĂ©rives sectaires, tout en laissant une trĂšs grande part d’initiative 
aux cantons, aux associations et aux particuliers. De plus, la ConfĂ©dĂ©ration, 
qui s’était longuement interrogĂ©e pour savoir si et comment il convenait – avec 
son droit spĂ©cifi que – de rĂ©agir, estime maintenant qu’elle doit examiner son 
rapport avec les collectivitĂ©s religieuses actives. Elle a donc dĂ©cidĂ© de lancer un 
« Plan national de recherche Â» (PNR 58) intitulĂ© « CollectivitĂ©s religieuses Â» qui 
a pour but d’étudier scientifi quement les processus du changement profond 
du paysage religieux, d’identifi er les zones de confl its et de contribuer Ă  leur 
solution. EngagĂ© en 2007, ce « PNR 58 Â» devrait aboutir Ă  un rapport fi nal pro-
duit en 2010.

En matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives sectaires, si, au plan privĂ©, les 

structures suisses d’aide aux victimes de ces dĂ©rives sont semblables Ă  celles de 
la France, au niveau public, l’approche est diffĂ©rente en raison de l’organisa-
tion politique de la Suisse, Confédération constituée de vingt-six cantons souve-
rains qui sont compĂ©tents pour les questions religieuses ; ce qui induit vingt-six 
systĂšmes pour rĂ©gler les problĂšmes liĂ©s aux organisations Ă  caractĂšre sectaire. 
Ainsi, au niveau fĂ©dĂ©ral, il n’y a pas d’Offi ce des cultes qui pourrait harmoni-
ser la situation. Toutefois, l’autoritĂ© fĂ©dĂ©rale, aprĂšs avoir considĂ©rĂ© que cette 
problĂ©matique relevait exclusivement des autoritĂ©s cantonales, se manifeste de 
plus en plus dans des rĂŽles de coordination, d’information et de recherche. Il 
est Ă  signaler l’implication particuliĂšre des cantons de GenĂšve, Vaud, Valais et 
Tessin dans ce domaine. NĂ©anmoins, si la ConfĂ©dĂ©ration est censĂ©e ne pas s’oc-
cuper de ces questions, suite Ă  la forte Ă©motion suscitĂ©e au sein de l’opinion 
publique par l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire en 1994, elle est intervenue 
pour renforcer la dynamique issue des cantons.

Suite à un rapport publié le 1

er

 juillet 1999 par la Commission de ges-

tion du Conseil national (chambre basse) et intitulĂ© 

Sectes ou mouvements endoc-

trinants en Suisse

, l’action de la ConfĂ©dĂ©ration s’est traduite, d’une part, par la 

crĂ©ation au niveau fĂ©dĂ©ral d’un site Internet dĂ©nommĂ© « RĂ©seau mouvements 
endoctrinants Â» et, d’autre part, par la mise en place d’un rĂ©seau interne Ă  l’ad-
ministration qui regroupe des spĂ©cialistes des « mouvements endoctrinants Â».

Le site Internet « RĂ©seau mouvements endoctrinants Â» fournit, d’une 

part, une liste des « centres d’information et de conseil Â» dans les cantons. 
ActualisĂ©e une fois par an, elle est assortie de deux rĂ©serves expresses au niveau 
de la ConfĂ©dĂ©ration. La premiĂšre, est qu’elle a étĂ© dressĂ©e sur la base des indi-
cations fournies par les cantons et que la prĂ©sence ou l’absence d’un tel centre 
sur celle-ci est du ressort des cantons. La seconde, est qu’en publiant cette liste, 
la chancellerie fĂ©dĂ©rale – état-major du Conseil fĂ©dĂ©ral (Gouvernement) – ne 
vise pas l’exhaustivitĂ© et ne porte aucun jugement de valeur. Aujourd’hui, vingt 
et un cantons sur vingt-six y fi gurent. BĂąle-Ville, NeuchĂątel, Nidwald, Obwald 
et Schwyz en sont absents.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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▌

Le site « RĂ©seau mouvements endoctrinants Â» fournit, d’autre part, 

des informations gĂ©nĂ©rales sur les « mouvements endoctrinants Â». Il est Ă©gale-
ment prĂ©cisĂ© que la chancellerie fĂ©dĂ©rale ne vise pas l’exhaustivitĂ© et ne porte 
aucun jugement de valeur sur l’éventuelle dĂ©signation en tant que « secte Â» 
ou « mouvement endoctrinant Â» d’un groupe fi gurant sur un site rĂ©pertoriĂ© 
et qu’un site ne peut ĂȘtre ajoutĂ© que si l’organe responsable de celui-ci est 
connu. Parmi les sites Internet qui y apparaissent, il y a ceux des institutions 
religieuses chrĂ©tiennes comme le groupe de travail de la ConfĂ©rence des 
Ă©vĂȘques de Suisse, l’association ƓcumĂ©nique 

ReligiƓse Sondergruppen und Sekten

le Centre Ă©vangĂ©lique d’information (

Kirchen – Sekten – Religionen

) ; les univer-

sitĂ©s de Lausanne et de Fribourg ; des associations laĂŻques comme Infosekta, 
composĂ©e d’une trentaine de membres issus des milieux les plus divers – social, 
mĂ©dical, mĂ©diatique, juridique, politique et religieux – et active dans le can-
ton de Zurich ; Information Religion implantĂ©e dans le canton de BĂąle-Ville ; 
Informationsplattform Religion diffusant des informations sur les communau-
tĂ©s religieuses considĂ©rĂ©es comme organisation Ă  caractĂšre sectaire par les 
reprĂ©sentants de l’orthodoxie islamique et sise Ă  Marburg en Allemagne ; ou 
encore les sites de particuliers comme Religioscope.

Ce site fournit aussi des arrĂȘts du tribunal fĂ©dĂ©ral relatifs Ă  la libertĂ© 

de conscience et de croyance et aux rapports entre l’État et la religion, ainsi 
que des interventions parlementaires et des rapports et communiquĂ©s de la 
Confédération dans ce domaine.

Il fournit aussi des sites Internet Ă©trangers consacrĂ©s aux « mouvements 

endoctrinants Â», avec les mĂȘmes rĂ©serves de non-exclusivitĂ© et d’identifi cation 
nĂ©cessaire de l’organe responsable de chaque site.

S’agissant du rĂ©seau interne Ă  l’administration qui regroupe des spĂ©-

cialistes des « mouvements endoctrinants Â», crĂ©Ă© Ă©galement suite au rapport du 
1

er

 juillet 1999, ce groupe de travail interdĂ©partemental est associĂ© Ă  l’examen 

pĂ©riodique du site Internet « Sectes ou mouvements endoctrinants en Suisse Â».

Au niveau cantonal, c’est en Suisse romande que la seule structure 

fi nancĂ©e et la plus Ă©laborĂ©e a  Ă©tĂ© mise en place Ă  l’initiative des cantons de 
GenĂšve, Vaud, Valais et Tessin. Il s’agit du Centre intercantonal d’information 
sur les croyances (CIC) dont le siĂšge est Ă  GenĂšve. Fin 2001, il a étĂ© constituĂ© 
en une « fondation sans but lucratif Â» (articles 80 et suivants du code civil suisse) 
et soumis Ă  la surveillance des autoritĂ©s cantonales. Son rĂŽle est de rĂ©unir et 
de diffuser des informations sur la doctrine, l’organisation et les activitĂ©s des 
communautĂ©s religieuses et des groupements Ă  caractĂšre religieux, spirituel 
et Ă©sotĂ©rique, au bĂ©nĂ©fi ce des particuliers, des administrations cantonales et 
communales, des Ă©coles, des organismes privĂ©s et des mĂ©dias, tous destinataires 
de ces informations ainsi mises Ă  leur disposition. Cependant, il existerait une 
forme de concurrence entre les associations privĂ©es bĂ©nĂ©voles et le CIC. Leur 
coopération serait moins bonne que celle entretenue par le CIC avec les asso-
ciations privĂ©es françaises, notamment l’UNADFI, et avec les universitĂ©s suisses. 
Le CIC est en fait peu en relation avec des victimes directes. Il joue davantage 

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80 

MIVILUDES 

▌

un rÎle de prévention, de maintien du dialogue entre les proches et la per-
sonne engagĂ©e dans un groupe Ă  caractĂšre sectaire, de conseil aux services de 
l’État et aux organismes privĂ©s et de contribution Ă  l’analyse et Ă  la comprĂ©-
hension d’un monde religieux en pleine mutation. Enfi n, le CIC participe Ă  la 
rĂ©union annuelle des organisations d’État chargĂ©es des dĂ©rives sectaires dans 
le cadre du Conseil de l’Europe.

Sur le plan privĂ©, il y a similitude entre la Suisse et la France dans le 

domaine de la lutte contre les dĂ©rives sectaires, avec l’existence d’un rĂ©seau 
trĂšs dense d’associations privĂ©es de dĂ©fense de ces victimes. Beaucoup de ces 
structures privĂ©es ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par des personnes ayant Ă©tĂ© touchĂ©es dans 
leur vie par cette problĂ©matique et qui viennent Ă  l’aide tant des victimes que 
de leurs familles.

Les autoritĂ©s de 

Slovaquie

 ont commencĂ© Ă  prendre conscience du 

danger que pouvaient reprĂ©senter les organisations Ă  caractĂšre sectaire. Ce 
danger est expliquĂ© et dĂ©taillĂ© dans la « StratĂ©gie de lutte contre l’extrĂ©misme Â» 
que le Gouvernement a  adoptĂ©e en janvier  2006. Le Gouvernement actuel 
a également fait de la lutte contre l’« extrĂ©misme Â» l’une de ses prioritĂ©s. Ainsi, 
le relĂšvement du seuil requis, pour l’« enregistrement Â» d’un mouvement reli-
gieux, Ă  20 000 membres –  contre lequel s’est Ă©levĂ©e l’ambassade des États-
Unis – avait prĂ©cisĂ©ment pour but de rendre plus diffi cile l’enregistrement des 
« nouveaux mouvements religieux Â».

Il existe par ailleurs en Slovaquie, oĂč le phĂ©nomĂšne sectaire toucherait 

environ 50 000 personnes, des structures publiques et privĂ©es (ONG) d’assis-
tance aux victimes des dérives sectaires, actives dans les domaines de la préven-
tion et du conseil en matiùre d’organisations à caractùre sectaire.

L’Institut pour les relations entre l’État et les Églises, Ă  Bratislava, est 

une institution d’État rattachĂ©e au ministĂšre de la Culture. CrĂ©Ă© en 1997, il 
emploie cinq spĂ©cialistes. Il analyse l’évolution de la scĂšne religieuse tradition-
nelle et non traditionnelle en Slovaquie. Il est membre de la FECRIS et colla-
bore avec de nombreuses organisations de divers pays, dont la Miviludes, ainsi 
qu’avec les deux autres structures slovaques. Parmi ses activitĂ©s fi gure notam-
ment le conseil aux victimes de dĂ©rives sectaires. L’Institut dĂ©plore que les poli-
ciers qu’il forme dans le domaine des dĂ©rives sectaires, au sein de l’UnitĂ© de 
lutte contre l’extrĂ©misme, restent trop peu de temps en place pour mettre Ă  
profi t cette formation.

Le Centre d’étude des sectes auprĂšs du Conseil ƓcumĂ©nique des 

Églises, Ă  Bratislava, a  Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2001 et ne dispose que d’un seul expert. 
Il exerce une activitĂ© de conseil aux victimes des dĂ©rives sectaires et Ă©dite un 
magazine spĂ©cialisĂ© en problĂ©matique des sectes, 

Rozmer

. Il coopĂšre avec les 

deux autres structures slovaques, ainsi qu’avec des organisations similaires en 
RĂ©publique tchĂšque (Centre pour l’étude des sectes et des nouvelles tendances 
religieuses), en Pologne, en Allemagne et en Russie.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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Le centre de prĂ©vention dans le domaine des sectes Integra, Ă  Banska 

Bystrica, est une ONG crĂ©Ă©e en 2000. Il fonctionne sur la base du bĂ©nĂ©volat 
et ses activitĂ©s s’orientent principalement vers la prĂ©vention et le conseil aux 
victimes des organisations Ă  caractĂšre sectaire. Il collabore avec les deux autres 
structures citĂ©es, ainsi qu’avec l’universitĂ© de Banska Bystrica et avec le rĂ©seau 
slovaque de « centres de conseil psychologique Â». Le centre dĂ©plore que la 
rĂ©forme des « centres de conseil psychologique Â» ait entraĂźnĂ© la disparition de 
structures qui avaient acquis une expertise dans le domaine du conseil aux 
victimes de dérives sectaires, comme le Centre de prévention contre la dépen-
dance aux drogues de Banska Bystrica. Integra a toutefois continué de coopé-
rer avec ce rĂ©seau qui comptait, dĂ©but 2006, cinquante-deux centres employant 
cent quarante conseillers.

L’ONG a  adressĂ© Ă  ce rĂ©seau un questionnaire sur le conseil dans le 

domaine des sectes. Il ressort des rĂ©ponses au questionnaire que 85 % des 
consultations concernaient des questions relatives aux organisations Ă  caractĂšre 
sectaire. Les principaux problĂšmes Ă©voquĂ©s lors de ces consultations Ă©taient 
des problĂšmes d’éducation liĂ©s au fait que l’un des parents Ă©tait membre d’une 
organisation Ă  caractĂšre sectaire ; ou des confl its au sein d’un couple dont l’un 
des partenaires est membre d’un mouvement Ă  caractĂšre sectaire ; ou encore 
des demandes d’informations sur une organisation à caractùre sectaire parti-
culiĂšre et d’aide Ă  un proche. D’autres consultations concernaient une procĂ©-
dure de divorce du fait de l’appartenance d’un des Ă©poux Ă  une telle organisa-
tion ; ou une demande d’aide pour quitter un mouvement Ă  caractĂšre sectaire 
ou encore pour s’affranchir de la dĂ©pendance Ă  un tel mouvement. Enfi n, 
d’autres appels concernaient des problĂšmes fi nanciers liĂ©s Ă  des dons d’argent 
Ă  une organisation Ă  caractĂšre sectaire ; ou une demande d’expertise psychia-
trique ou des problĂšmes personnels Ă  la suite de l’entrĂ©e du partenaire ou du 
conjoint dans un mouvement Ă  caractĂšre sectaire ; ou encore la recherche de 
familles d’accueil pour des enfants.

Les principales organisations qui font l’objet de demandes de conseil 

sont les TĂ©moins de JĂ©hovah, la scientologie, les mouvements satanistes, Hare 
Krishna, divers mouvements d’inspiration chrĂ©tienne et d’autres d’inspira-
tion orientale ; mais Ă©galement les sociĂ©tĂ©s de vente directe comme Amway 
ou Herbalife, les mĂ©decines parallĂšles, des Ă©coles parallĂšles comme l’école 
Waldorf ou l’école russe d’inspiration sectaire Anastazia, l’occultisme et l’éso-
térisme. Il y aurait 80 à 100 organisations à caractÚre sectaire en Slovaquie.

Ces trois structures dĂ©plorent qu’il n’existe aucune dĂ©fi nition  d’un 

« culte Â» ou d’une « secte Â» dans la lĂ©gislation slovaque et qu’il n’existe pas non 
plus une liste offi cielle des organisations Ă  caractĂšre sectaire dangereuses, esti-
mant que, de ce fait, les autoritĂ©s judiciaires et policiĂšres sont ainsi dĂ©munies 
pour lutter contre les dĂ©rives sectaires. Elles estiment les structures existantes 
insuffi santes pour faire face aux besoins. Ces trois structures vĂ©ritablement spĂ©-
cialisĂ©es dans la problĂ©matique sectaire manquent de moyens. Les « centres de 
conseil psychologiques Â» sont, pour leur part, trop peu formĂ©s Ă  ces questions 

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trĂšs spĂ©cifi ques pour remplir correctement leur rĂŽle. Certains considĂšrent qu’il 
conviendrait d’envisager la possibilitĂ© de crĂ©er des associations de victimes de 
dĂ©rives sectaires, Ă  l’image de ce qui existe en France.

MalgrĂ© une prise de conscience du problĂšme posĂ© par les organisations 

Ă  caractĂšre sectaire, les structures d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires 
restent donc trÚs en deçà des besoins. Les Slovaques se montrent trÚs intéres-
sĂ©s par un Ă©change d’expĂ©rience avec la France, qu’ils estiment en pointe sur 
cette question et sont demandeurs d’une poursuite de la coopĂ©ration avec la 
Miviludes.

L’Espagne, la SuĂšde, l’Italie, la Bulgarie, 
la Finlande, l’Irlande, la Pologne, la RĂ©publique 
tchĂšque, Chypre, le Danemark, et la Lituanie

L’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires en 

Espagne

 relĂšve essen-

tiellement du milieu associatif privĂ©. Il n’existe aucune structure publique, au 
niveau national ou local, de prise en charge spĂ©cifi que de ces victimes. L’État 
espagnol n’est –  hormis le « suivi Â» gĂ©nĂ©ral assurĂ© par les services de rensei-
gnement de la police et de la garde civile – concernĂ© que par la gestion des 
registres des religions et des associations. Seules certaines communautés auto-
nomes (notamment en Catalogne et au Pays basque) apportent un soutien 
fi nancier aux associations d’aide aux victimes de sectes, qui dĂ©noncent globale-
ment le manque d’intĂ©rĂȘt des pouvoirs publics, et dont les plus connues sont :

‱  Ă€ Barcelone : 

AtenciĂłn e  investigaciĂłn de socioadicciones

 (AIS) (sur-

veillance et enquĂȘtes concernant la « socio-addiction Â»), association privĂ©e 
crĂ©Ă©e en 1977 et dirigĂ©e par Julia Nueno. Au plan national, AIS est en relation 
avec le ministĂšre du Travail et des Affaires sociales, notamment sa sous-direc-
tion des ONG et du volontariat, avec laquelle a été signé en 2006 un accord-
programme relatif au projet dĂ©nommĂ© 

‘Atención a afectados por grupos de mani-

pulación psicológica o sectas coercitivas’

 (surveillance des personnes affectĂ©es par 

des groupes de manipulation psychologique ou par des sectes coercitives), et 
bĂ©nĂ©fi cie du soutien de quelques banques espagnoles (Ɠuvres sociales de la 
Caixa et de la Caja Madrid).

Au plan régional, AIS est largement soutenu par la communauté auto-

nome de Catalogne – 

(Generalitat)

, dĂ©partements de la santĂ© et de la politique 

familiale. L’accord passĂ© avec la 

Generalitat

 lui permet notamment de mettre 

en place une assistance gratuite et d’ĂȘtre reconnue depuis trois ans comme 
« centre sanitaire de santĂ© mentale Â».

Au plan local, AIS bĂ©nĂ©fi cie du soutien de la mairie de Barcelone, qui 

a notamment fi nancĂ© une campagne de prĂ©vention reposant sur la distribution 
de documents d’information de l’AIS dans l’ensemble des centres civiques, 
culturels et autres associations de jeunes.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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Au niveau international, AIS est membre fondateur de la FECRIS et 

fait partie du Conseil de l’International Cultic Studies Association (ICSA). Son 
Ă©quipe thĂ©rapeutique participe notamment chaque annĂ©e au congrĂšs annuel 
de l’ICSA “Psychological manipulation, cultic groups, and other alternative 
movements” (Manipulation psychologique, groupes cultuels et autres mouve-
ments alternatifs). Elle a également, en France, des contacts avec l’UNADFI.

‱ À Barcelone : 

Equipo multidisciplinar para el asesoramiento y asistencia en 

problemas sectarios

 (EMAAPS) (Ă©quipe pluridisciplinaire pour l’assistance aux 

victimes de dĂ©rives sectaires en Espagne). C’est un centre privĂ© dirigĂ© par Pepe 
RodrĂ­guez, docteur en psychologie Ă  la facultĂ© de Barcelone, considĂ©rĂ© comme 
un des plus grands experts espagnols de la problĂ©matique des sectes et auteur 
de plusieurs livres sur le sujet.

‱ À Saint-SĂ©bastien : 

Largantza

, association basque contre la manipula-

tion sectaire, crĂ©Ă©e en 1998 avec le soutien du Parlement de la communautĂ© 
autonome du Pays basque. Son prĂ©sident actuel, Juantxo DomĂ­nguez, a dirigĂ© 
une commission d’enquĂȘte sur les sectes au Parlement basque durant la lĂ©gis-
lature 1994-1998.

‱ 

Redune

 (association pour la prĂ©vention de la manipulation sec-

taire) est une association privĂ©e, crĂ©Ă©e en 2005, disposant de dĂ©lĂ©gations 
dans presque toutes les communautĂ©s autonomes. Son prĂ©sident actuel est 
Juantxo DomĂ­nguez (Ă©galement prĂ©sident de 

Largantza

) et sa vice-prĂ©sidente 

est Mercedes Montenegro GĂłmez, ex-prĂ©sidente de la dĂ©lĂ©gation de Madrid 
d’AIS, elle-mĂȘme auteure de plusieurs livres sur les sectes.

L’objectif de 

Redune

 est d’unir les efforts de tous les professionnels et 

ex-adeptes luttant contre les organisations Ă  caractĂšre sectaire et de lancer une 
grande campagne visant à éveiller les consciences en Espagne. Elle a en parti-
culier proposĂ© au CongrĂšs des dĂ©putĂ©s, ainsi qu’au Conseil gĂ©nĂ©ral du pouvoir 
judiciaire espagnols la crĂ©ation d’un « Observatoire permanent sur les groupes 
de manipulation psychologique Â» (proposition Ă©manant du Parlement euro-
pĂ©en depuis plusieurs annĂ©es) ; la formation et la sensibilisation du pouvoir 
judiciaire espagnol ; la formation de psychiatres et de psychologues lĂ©gaux dans 
ce domaine et la crĂ©ation d’un parquet spĂ©cialisĂ©. Aucune de ces propositions 
n’a, Ă  ce jour, Ă©tĂ© suivie d’effet.

La 

SuĂšde

 a  une approche trĂšs libĂ©rale des organisations Ă  caractĂšre 

sectaire, qui repose sur une interprĂ©tation trĂšs large des libertĂ©s d’opinion et 
de rassemblement. Il n’y existe pas de loi qui pĂ©nalise expressĂ©ment les dĂ©rives 
sectaires et bien qu’un rapport parlementaire de 1998 soulignait les carences 
du systĂšme, toutes les initiatives politiques individuelles prises depuis ont Ă©tĂ© 
des Ă©checs. La principale lĂ©gislation faisant indirectement rĂ©fĂ©rence aux sectes 
est la loi sur les communautĂ©s religieuses de 1998, dont l’article premier inter-
dit toute appartenance forcĂ©e Ă  l’une d’elles. Le cadre juridique suĂ©dois rend 
donc relativement diffi cile  l’identifi cation des victimes de mouvements Ă  

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MIVILUDES 

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caractĂšre sectaire, au moins dans sa dimension juridique et lĂ©gale. Il n’existe 
pas non plus de statistiques offi cielles auprĂšs de la police.

La prise en charge des victimes de dérives sectaires est avant tout assu-

rée par le milieu associatif.

L’association privĂ©e la plus active est 

Foreningen Radda Individen

 (FRI 

Sverige/Association pour sauver les individus), fondĂ©e en 1984 et animĂ©e par 
des bĂ©nĂ©voles au nombre de onze. Cette association privĂ©e est particuliĂšrement 
sensibilisĂ©e Ă  la dimension internationale de la lutte contre les dĂ©rives sectaires. 
Elle a rejoint le rĂ©seau europĂ©en de la FECRIS. FRI mĂšne Ă©galement un travail 
prĂ©ventif par la diffusion d’informations sur les mouvements sectaires et par 
l’organisation de formations.

Avec le soutien de l’Agence nationale de l’éducation (Skolverket), 

FRI a élaboré un matériel pédagogique comprenant vidéos et fascicules sur dif-
fĂ©rents mouvements Ă  caractĂšre sectaire. Sa fi liale 

Sesam

 propose une assistance 

aux victimes d’organisations Ă  caractĂšre sectaire ou de « mouvements manipu-
lateurs Â», ainsi qu’à leur famille. Selon la disponibilitĂ© de ses bĂ©nĂ©voles, 

Sesam

 

met en place des « groupes de parole Â» en prĂ©sence d’anciennes victimes, oĂč 
elle insiste notamment sur la comprĂ©hension des processus de manipulation 
mentale. Elle propose Ă©galement Ă  ces victimes des ouvrages et une mise en 
relation avec des avocats et des psychologues, voire des prĂȘtres.

Une autre association privĂ©e, l’association 

Radgivning Om Sekter

 (ROS/

conseils sur les sectes) propose Ă©galement un soutien aux victimes des dĂ©rives 
sectaires. Comme FRI, elle offre des sĂ©ances de discussion avec un bĂ©nĂ©vole de 
l’association. ROS propose aussi une ligne tĂ©lĂ©phonique de soutien, aide les 
victimes de dĂ©rives sectaires Ă  mettre en place des « groupes d’auto-assistance Â», 
de cinq Ă  huit personnes ayant eu des expĂ©riences similaires et organise des 
rĂ©unions pour ses membres plusieurs fois par an. Elle mĂšne Ă©galement des 
actions préventives dans les écoles.

Il existe aussi des associations privĂ©es plus spĂ©cifi ques, comme l’Asso-

ciation 

Hjalpkallan

 qui propose une assistance aux personnes ayant quittĂ© les 

TĂ©moins de JĂ©hovah.

Enfi n, le nombre total de victimes de dĂ©rives sectaires aidĂ©es en SuĂšde 

par les associations privĂ©es est diffi cile Ă  vĂ©rifi er. On l’estime entre cinquante et 
cent victimes par an et par association.

Il n’existe aucune structure publique de prise en charge spĂ©cifi que des 

victimes des dĂ©rives sectaires, que ce soit au niveau national ou au niveau local. 
Lorsqu’une assistance est proposĂ©e, celle-ci s’inscrit dans le cadre des services 
sanitaires et plus particuliĂšrement des services psychiatriques, au niveau des 
conseils gĂ©nĂ©raux ou des services sociaux de communes. La prise en charge se 
fait alors en liaison avec les associations privées citées plus haut et, éventuelle-
ment, les Églises ou les rares spĂ©cialistes mĂ©dicaux de la question.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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Les carences de ce systÚme ont été soulignées dans un rapport parle-

mentaire de 1998. Celui-ci dĂ©plorait les insuffi sances des services sanitaires et 
sociaux en matiĂšre d’aide aux victimes de dĂ©rives sectaires. Le rapport propo-
sait une sĂ©rie de mesures, parmi lesquelles la mise en place d’un « Centre de 
recherche sur les questions religieuses et spirituelles Â», ainsi que la diffusion de 
brochures aux professionnels des milieux scolaire, médical et social. Le rap-
port recommandait Ă©galement une rĂ©vision des dispositions rĂ©gissant les Ă©coles 
privées, ainsi que la pénalisation de la manipulation mentale des individus.

Suite aux insuffi sances pointĂ©es par ce rapport, plusieurs Ă©lus se sont 

mobilisĂ©s pour que soit mis en place un suivi adaptĂ© aux victimes des dĂ©rives 
sectaires au sein des services psychiatriques. Trois parlementaires libĂ©raux 
– Barbro Westerholm, Liselott Hagberg et Lars Tysklind – ont Ă©tĂ© Ă  l’origine 
de propositions de loi sur les sectes. En octobre 2007, l’une d’elles (2007/8 : 
SO486), visant Ă  aider les « victimes de sectes et de mouvements manipulateurs Â» 
et prévoyant notamment de leur proposer un soutien psychiatrique, a été reje-
tĂ©e ; si bien qu’aucune mesure n’a pour l’instant Ă©tĂ© mise en place. Le « Parti 
libĂ©ral Â», membre minoritaire de la coalition gouvernementale, est le principal 
acteur politique de la lutte contre les dĂ©rives sectaires et son programme de 
2007 concernant la psychiatrie projetait la mise en place d’un centre spĂ©cialisĂ© 
dans l’aide à ces victimes.

En 

Italie

, bien que l’État ait instituĂ© un groupe d’action 

(Task Force)

c’est-Ă -dire une Ă©quipe d’experts et de spĂ©cialistes, appelĂ©e SAS (Équipe anti-
sectes) au sein du Service central opĂ©ratif de la Direction anticrimes de la police 
d’État, avec qui collaborent les associations, ce sont celles-ci qui assument seules 
l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires. Il existe des associations privĂ©es 
laĂŻques d’assistance Ă  ces victimes et Ă  leurs familles et d’autres associations 
privĂ©es socioreligieuses, constituĂ©es en association de recherches et d’informa-
tion, qui s’occupent notamment du phĂ©nomĂšne sectaire et qui sont prĂ©sentes 
dans les plus importants diocĂšses de l’Église catholique. Toutes ces associations 
privĂ©es sont constituĂ©es de spĂ©cialistes du phĂ©nomĂšne sectaire, parmi lesquels 
coopÚrent médecins, psychothérapeutes, juristes, criminologues, etc.

Parmi les principales associations actives en Italie, Association pour la 

recherche et l’information sur les sectes (ARIS) Veneto et ARIS Toscana sont 
membres de la FECRIS ; FAVIS (Association nationale des familles des victimes 
de sectes) et le Centre d’études sur les abus psychologiques (CESAP) en sont 
des correspondants.

S’agissant de ces associations de lutte contre les dĂ©rives sectaires qui ten-

tent d’aider les personnes victimes des dĂ©rives sectaires ainsi que leurs familles, 
plusieurs sont proches de l’Église catholique, comme FAVIS et « FAVIS Rimini Â» 
qui aide les victimes Ă  rĂ©diger les plaintes et dont la devise est 

« Stop Ă  la manipu-

lation mentale Â»

 ; le Groupe de recherche et d’information sur les sectes (GRIS), 

qui s’occupe de l’étude du phĂ©nomĂšne sectaire avec un intĂ©rĂȘt particulier pour 

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MIVILUDES 

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les TĂ©moins de JĂ©hovah (association Tour de Garde) ; ou encore l’Association 
communautĂ© Pape Jean XXIII, association internationale privĂ©e de fi dĂšles de 
droit pontifi cal s’occupant entre autres de la lutte contre les dĂ©rives sectaires et 
qui collabore avec les services du ministĂšre de l’IntĂ©rieur.

D’autres sont d’essence laĂŻque comme l’Association pour la recherche 

et l’information sur les sectes (ARIS) ; le CESAP et le « CESAP-FRIULI Â» 
(Centre d’études sur les abus psychologiques), constituĂ©s en vue de lutter 
contre les dĂ©rives des organisations Ă  caractĂšre sectaire en Italie ; l’

International 

Crime Analysis Association

  (ICAA) ; le ComitĂ© italien des personnes sorties du 

groupe des TĂ©moins de JĂ©hovah ; SOS antiplagiat ; le TĂ©lĂ©phone antiplagiat et 
le TĂ©lĂ©phone antisectes connu aussi comme NumĂ©ro Vert – Service antisectes 
occultes.

Les associations laïques sont constituées de volontaires, sont apoli-

tiques et sans but lucratif. Elles sont, en général, inscrites sur le registre régio-
nal de l’organisation des volontaires de la province oĂč elles sont Ă©tablies. 
Concrùtement, les associations d’aide aux victimes des organisations à carac-
tĂšre sectaire, en plus de l’aide psychologique apportĂ©e aux victimes, collabo-
rent avec les forces de police en dĂ©nonçant les abus des organismes Ă  caractĂšre 
sectaire et appellent l’attention des administrations locales sur le phĂ©nomĂšne. 
Elles favorisent Ă©galement la constitution de partie civile, lors de procĂšs des 
victimes de dĂ©rives sectaires et les conseillent dans les dĂ©marches juridiques. 
La coopĂ©ration entre les diverses associations est parfaitement coordonnĂ©e car 
les responsables de ces organisations se connaissent et Ă©changent leurs infor-
mations. Enfi n, les autoritĂ©s consulaires en Italie ne sont pas amenĂ©es Ă  saisir 
des associations locales qui luttent contre les dĂ©rives sectaires, car les rares cas 
gĂ©rĂ©s par ces services sont rĂ©solus par le rapatriement rapide des personnes 
concernĂ©es suite Ă  l’intervention consulaire.

Enfi n, il convient de signaler qu’à l’inverse, le Centre d’études sur les 

nouvelles religions (CESNUR) assimile les mouvements sectaires Ă  de nou-
veaux mouvements religieux et mÚne un véritable combat national et interna-
tional contre les associations ou les organismes gouvernementaux de dĂ©fense 
des victimes de ces mouvements.

Il n’existe pas en 

Bulgarie

 de structure publique d’aide aux victimes 

des dérives sectaires. Comme dans les autres anciens pays communistes, la tran-
sition dĂ©mocratique en Bulgarie s’est accompagnĂ©e d’une libĂ©ralisation du fait 
religieux, peu compatible avec la mise en place d’un dispositif Ă©tatique de lutte 
contre les dérives sectaires.

Actuellement, une seule association privĂ©e, le Centre de recherche 

sur les nouveaux mouvements religieux (CRNMR), fait de la prĂ©vention sous 
forme de confĂ©rences et d’interventions auprĂšs des mĂ©dias bulgares, contre 
les organisations Ă  caractĂšre sectaire. CrĂ©Ă©e en 2006 et composĂ©e de quinze 
membres, elle gĂšre une ligne tĂ©lĂ©phonique 

(hotline)

 visant Ă  recueillir les tĂ©moi-

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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gnages des victimes de dĂ©rives sectaires ou de leur entourage et leur apporte un 
soutien psychologique et juridique.

Cette association est membre de la FECRIS qui semble son seul contact 

avec une association homologue Ă©trangĂšre. Mis en relation par l’ambassade 
de France Ă  Sofi a avec la Miviludes, le CRNMR a organisĂ© – avec le soutien du 
Centre culturel et de coopĂ©ration de l’ambassade – une confĂ©rence en mars 
dernier sur le thÚme de la politique française de lutte contre les dérives sec-
taires, au cours de laquelle est notamment intervenu un membre du SecrĂ©tariat 
général de la Miviludes.

Le CRNMR travaille Ă©troitement avec la Direction des affaires reli-

gieuses, rattachĂ©e au Conseil des ministres (services du Premier ministre), qui 
lui commande occasionnellement des rapports sur l’évolution de la prĂ©sence 
sectaire en Bulgarie.

Le dispositif juridique en 

Finlande

 parvient Ă  concilier avec beaucoup 

de cohĂ©rence le respect des grands principes et le contrĂŽle administratif en 
amont, au stade de l’« enregistrement Â», ce qui le dispense de contrĂŽles en aval. 
Il peut ainsi faire l’économie d’incriminations spĂ©cifi ques relatives aux dĂ©rives 
sectaires. Une fois reconnue comme telle, une organisation religieuse dispose 
de la protection de la loi, et donc d’une grande latitude d’action.

La libertĂ© de religion et de conscience fi gure parmi les libertĂ©s fonda-

mentales reconnues par la Constitution, qui proscrit Ă©galement la discrimina-
tion sur une base religieuse ; le code pĂ©nal prĂ©voit des poursuites en cas de blas-
phĂšme et en cas d’entrave Ă  l’exercice d’un culte. Le ministĂšre de l’Éducation 
et de la Culture est compĂ©tent pour superviser tous les cultes. L’État reconnaĂźt 
deux Églises ; l’Église Ă©vangĂ©lique –  luthĂ©rienne, rattachĂ©e Ă  la Communion 
de Porvoo, dont le PrĂ©sident de la RĂ©publique est thĂ©oriquement le chef et 
dont l’organisation et l’administration sont rĂ©glĂ©es par une loi que l’Église 
elle-mĂȘme a le privilĂšge de pouvoir rĂ©diger et l’Église orthodoxe, autocĂ©phale, 
rattachĂ©e au Patriarcat ƓcumĂ©nique de Constantinople. Leur sont affi liĂ©s res-
pectivement 82 % et 1 % de la population, 14 % se dĂ©clarant sans affi liation 
religieuse. Elles sont compĂ©tentes en matiĂšre d’état-civil et bĂ©nĂ©fi cient de pri-
vilĂšges fi scaux.

Aux termes de la loi sur la liberté de religion du 1

er

 aoĂ»t 2003, les autres 

communautĂ©s religieuses qui remplissent les deux critĂšres de « respect des droits 
fondamentaux et des droits de l’Homme Â», d’une part, et d’ĂȘtre une « organi-
sation Ă  but non lucratif Â», d’autre part, peuvent se faire inscrire comme telles 
sur un registre tenu par le Bureau national des brevets et enregistrements. Leur 
organisation est alors rĂ©gie par la loi sur les associations de 1989. Enfi n, elles 
peuvent aussi se faire enregistrer comme « simple association Â» sans bĂ©nĂ©fi cier 
alors d’une reconnaissance en tant qu’« organisation religieuse Â». L’affi liation 
individuelle Ă  plusieurs « associations Â» est naturellement possible, alors qu’elle 
est interdite pour les « communautĂ©s religieuses ». Actuellement, une soixantaine 

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MIVILUDES 

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d’organisations communautaires sont offi ciellement reconnues comme « reli-
gieuses Â». Dans cette catĂ©gorie fi gurent notamment les TĂ©moins de JĂ©hovah au 
nombre de 18 000, dont les convictions sont prises en compte par le systĂšme 
Ă©ducatif et par l’armĂ©e, l’Église Ă©vangĂ©lique libre de Finlande, l’Église catho-
lique, les juifs, l’islam sunnite, etc. Vingt personnes majeures suffi sent  pour 
fonder une « communautĂ© religieuse Â». L’enregistrement permet Ă  la commu-
nautĂ© de dispenser un enseignement religieux, de cĂ©lĂ©brer des mariages mais 
sans compĂ©tence d’état-civil et, sous certaines conditions, de gĂ©rer des cime-
tiĂšres. Depuis cette annĂ©e 2008, les communautĂ©s religieuses qui comptent 
plus de 200 membres ont reçu des aides de l’État. Enfi n, si la communautĂ© 
religieuse ne donne pas de signe d’activitĂ© au Bureau national des brevets et 
enregistrements, celui-ci la radie du registre au bout de dix ans.

L’Église de scientologie a échouĂ© en 1998 Ă  se faire enregistrer comme 

« communautĂ© religieuse Â» mais existe lĂ©galement comme simple « associa-
tion Â». Elle revendique un millier d’adhĂ©rents. L’essor des « nouveaux mouve-
ments religieux Â» se situe trĂšs majoritairement dans la sphĂšre protestante. Les 
organismes tels Sahaja Yoga, Hare Krishna, bouddhisme tibĂ©tain ou japonais, 
BahaĂŻ, etc. , sont ultraminoritaires ; mais les « nouvelles spiritualitĂ©s Â» sont moins 
marginales :  anthroposophie, 

New Age

, sociĂ©tĂ©s thĂ©osophiques, les disciples de 

Steiner qui gĂšrent un important rĂ©seau d’écoles, de crĂšches et d’institutions 
pour handicapĂ©s et disposent Ă  Helsinki d’un centre de formation en pĂ©dago-
gie et en agriculture biodynamique. On constate aussi un certain intĂ©rĂȘt pour 
le nĂ©opaganisme, souvent tournĂ© vers la redĂ©couverte des anciennes croyances 
fi nnoises, et le satanisme, qualifi Ă© d’épiphĂ©nomĂšne, rĂ©unissant une centaine 
d’individus tout au plus, la plupart mineurs.

Dans ce cadre libĂ©ral, la puissance publique estime ne pas avoir Ă  se 

soucier des choix individuels. Il revient alors au secteur associatif de diffuser 
l’information dans la sociĂ©tĂ© et de prendre en charge d’éventuelles dĂ©rives. La 
prise en charge des victimes des dĂ©rives sectaires est donc laissĂ©e au secteur 
associatif. Il n’existe pas d’organisation publique d’assistance aux victimes de 
dĂ©rives sectaires. Deux organisations non gouvernementales s’en chargent. La 
principale, 

Uskontojen Uhrien Tuki

  (UUT/aide aux victimes des religions) est 

gĂ©nĂ©raliste. L’autre, 

JT-Tuki

 (aide aux TĂ©moins de JĂ©hovah), se concentre sur 

cette seule confession, lĂ©galement reconnue en Finlande. Sous un angle plus 
militant et selon des approches mutuellement opposĂ©es, l’Église Ă©vangĂ©lique 
luthĂ©rienne et l’Association des sceptiques fi nlandais 

(SKEPSIS)

 assurent un 

travail d’information sur ces dĂ©rives.

Association indĂ©pendante, enregistrĂ©e en 1993, UUT apporte depuis 

1987 son 

« aide et son soutien Ă  tous ceux qui estiment avoir Ă©tĂ© abusĂ©s, maltraitĂ©s 

ou déçus par une communautĂ© religieuse autoritaire ou par un “culte” Â»

. Dans son 

manifeste, elle milite pour que les communautĂ©s religieuses fassent preuve de 
transparence, notamment s’agissant des rùgles et obligations qu’elles impose-
ront Ă  ceux qui dĂ©sirent les rejoindre. Elle appelle les communautĂ©s religieuses 
Ă  obĂ©ir aux lois et Ă  respecter les normes Ă©dictĂ©es par les Nations unies en 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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matiĂšre de droits de l’Homme, ainsi qu’à ne pas restreindre la libertĂ© indi-
viduelle de leurs membres, ni les contacts de ceux-ci avec le « monde extĂ©-
rieur Â». Selon UUT, les membres ne devraient pas ĂȘtre poussĂ©s Ă  abandonner 
leurs biens, leur travail ou leur occupation et devraient pouvoir exercer le droit 
de quitter la communautĂ© sans peur ni rĂ©torsion. En partie autofi nancĂ©e par 
ses membres, UUT bĂ©nĂ©fi cie d’une subvention annuelle, gĂ©nĂ©ralement de 
15 000  euros, versĂ©e par l’équivalent fi nlandais de la Française des jeux. Son 
personnel, formé de bénévoles, intervient comme médiateur auprÚs de diffé-
rentes institutions. Il peut Ă©galement apporter un soutien psychologique ou 
lĂ©gislatif aux victimes en tant que de besoin. UUT diffuse Ă©galement, sur son 
site Internet consultable en anglais, des informations sur certains mouvements 
religieux : Adventistes, scientologie, Hare Krishna, Sahaja Yoga, Prabhupada, 
Laestadianisme, etc. , ainsi que des tĂ©moignages. Ses derniers communiquĂ©s de 
presse en ligne concernent les Mormons et les TĂ©moins de JĂ©hovah.

La coopĂ©ration d’UUT avec d’autres associations ou institutions gou-

vernementales s’est limitĂ©e, par le passĂ©, Ă  quelques Ă©changes avec les autoritĂ©s 
suĂ©doises. En revanche, des contacts ont Ă©tĂ© nouĂ©s avec la FECRIS, dont UUT 
est un des correspondants, et l’ICSA basĂ©e en Floride, États-Unis. Son site en 
ligne propose des liens vers d’autres organisations, notamment le Centre pour 
l’étude des nouvelles religions (CESNUR), l’Église Ă©vangĂ©lique – luthĂ©rienne, 
le Centre d’aide aux Ă©tudiants (NYYTI), 

SKEPSIS

, la FECRIS, ainsi que des sites 

anglo-saxons et nordiques et aussi vers 

JT-Tuki

.

JT-Tuki

 dĂ©veloppe une approche analogue, qu’elle qualifi e de « cri-

tique Â», Ă  propos des seuls TĂ©moins de JĂ©hovah. Elle s’adresse Ă  la fois aux 
anciens adhĂ©rents, aux familles d’adhĂ©rents et aux adhĂ©rents dĂ©sireux de 
prendre leurs distances ou de rompre avec la communautĂ©. Son site en ligne, 
en fi nnois uniquement, offre notamment des liens vers les sites offi ciels – fi n-
landais et amĂ©ricain – des TĂ©moins de JĂ©hovah, ainsi que vers UUT et vers des 
sites anglo-saxons qui diffusent des informations critiques sur les TĂ©moins de 
JĂ©hovah.

Enfi n, il existe aussi un site Internet, dĂ» Ă  l’initiative individuelle d’un 

ex-Mormon conservant l’anonymat, qui regroupe depuis 1998 d’abondantes 
informations critiques en fi nnois sur le mormonisme.

En 

Irlande

, le phĂ©nomĂšne des dĂ©rives sectaires est considĂ©rĂ© par les 

pouvoirs publics comme relevant de la sphÚre privée. La manipulation men-
tale ne peut pas ĂȘtre poursuivie en justice lorsque les victimes sont des adultes, 
au motif qu’une personne majeure doit ĂȘtre capable de rĂ©sister aux pressions 
psychologiques. Pour cette raison, les structures publiques d’aide aux vic-
times de dĂ©rives sectaires sont inexistantes. Aucun ministĂšre n’est en charge 
du problĂšme et aucun observatoire du phĂ©nomĂšne n’a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par les pou-
voirs publics. Les services sociaux comme les universitĂ©s ne se sentent guĂšre 

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MIVILUDES 

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concernés. Devant une telle situation, quelques initiatives privées se sont mani-
festĂ©es sous la forme d’associations d’aide aux victimes.

La plus ancienne est 

Dialogue Ireland Trust

, créée en 1992, dont le direc-

teur, assistĂ© d’un comitĂ© de huit personnes, se donne pour mission d’apporter 
une aide psychologique aux victimes de mouvements sectaires, mais Ă©galement 
de leur prodiguer des conseils juridiques dans les cas oĂč des poursuites sont 
envisageables. Il s’efforce aussi de susciter une prise de conscience des dan-
gers constituĂ©s par les organisations Ă  caractĂšre sectaire en intervenant dans 
les Ă©tablissements scolaires. Il a étĂ© reçu Ă  deux reprises par des ministres de 
la Justice. L’association ne perçoit aucun soutien fi nancier de l’État et les frais 
de fonctionnement sont couverts par les donations privĂ©es. Cette structure 
semble disposer d’un rĂ©seau de contacts assez solide puisqu’elle revendique 
des Ă©changes suivis avec la FECRIS, le 

Dialog Center International

 (Danemark), 

l’Union nationale des associations de dĂ©fense des familles et de l’individu vic-
times de sectes (UNADFI) et l’

International Cultic Studies Association

 (ICSA) 

basĂ©e en Floride, États-Unis. Enfi n, il est Ă  noter que le directeur de 

Dialogue 

Ireland Trust

, qui se dĂ©clare déçu de l’indiffĂ©rence des pouvoirs publics irlan-

dais Ă  ces problĂšmes de dĂ©rives sectaires en dĂ©pit de ses mises en garde, espĂšre 
une action de la France auprĂšs de certains gouvernements dont le sien, afi n 
de souligner l’utilitĂ© du travail des associations semblables Ă  celle qu’il dirige.

La seconde association privĂ©e, de crĂ©ation plus rĂ©cente, est la branche 

irlandaise d’

Anonymous

, qui concentre ses efforts sur la dénonciation des acti-

vitĂ©s de l’Église de scientologie et organise un samedi par mois un rassemble-
ment de voie publique aux abords du siĂšge de la scientologie Ă  Dublin. Une 
centaine de personnes sont présentes les jours de forte mobilisation.

Ces deux associations entretiennent de bonnes relations, le directeur 

de 

Dialogue Ireland Trust

 Ă©tant rĂ©guliĂšrement prĂ©sent aux rassemblements orga-

nisĂ©s par 

Anonymous

.

Ainsi, malgrĂ© quelques initiatives privĂ©es disposant de moyens limitĂ©s, 

l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires demeure, en Irlande, bien limitĂ©e.

L’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires, en 

Pologne

, n’est assurĂ©e 

par aucune autoritĂ© ou structure Ă©tatique. Seules les associations privĂ©es, toutes 
liĂ©es Ă  l’Église catholique, s’intĂ©ressent au problĂšme et mĂšnent une action au 
niveau local tout en Ă©tant favorables Ă  la mise en place d’un organe national de 
lutte contre ces dĂ©rives, car il n’existe pas non plus de structure ou d’organe 
qui agisse au niveau national. Toutes les associations existantes agissent unique-
ment au niveau local ou régional.

Les dominicains semblent avoir l’organisation la plus dĂ©veloppĂ©e en 

matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives sectaires en Pologne. Ils sont prĂ©sents dans 
toutes les grandes villes et disposent, Ă  dĂ©faut d’une organisation centralisĂ©e, 
d’une ligne tĂ©lĂ©phonique ouverte 24 heures sur 24 et d’un vrai rĂ©seau qui leur 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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permet d’envoyer les victimes vers le centre d’aide le plus proche. L’association 
est Ă©troitement liĂ©e au diocĂšse catholique dont elle tire l’essentiel de ses 
ressources.

Le Centre de lutte contre les manipulations psychologiques, basĂ© Ă  

Lublin, propose un « soutien psychologique, juridique et thĂ©ologique Â» Ă  ces 
victimes et Ă  leurs familles, mais Ă©galement des fi ches d’information sous forme 
de questions/rĂ©ponses, sur le thĂšme « Quand ton groupe est appelĂ© secte Â» 
ou « Si tu as fait partie d’une secte Â». Cette organisation fonctionne sur la base 
du seul volontariat. Les volontaires peuvent tenir le standard tĂ©lĂ©phonique ou 
faire des formations dans les collĂšges et lycĂ©es pour les jeunes, les enseignants 
et les parents afi n de pouvoir mieux dĂ©tecter les comportements dangereux et 
savoir comment y rĂ©agir. Comme la plupart des structures d’assistance aux vic-
times des dĂ©rives sectaires, qui sont souvent de simples « points d’information Â», 
l’organisation n’est pas constituĂ©e en « association Â» et ne dispose donc d’au-
cune forme juridique et, comme la grande majoritĂ© de ces organisations, elle 
est liĂ©e Ă  la paroisse locale, au moins par l’utilisation d’un local que la paroisse 
met Ă  sa disposition.

Le Centre d’information sur les sectes et les groupes psycho-manipu-

lateurs en SilĂ©sie fonctionne depuis 1995 Ă  Katowice. Le rapport d’activitĂ© de 
ce centre pour l’annĂ©e 2005 mentionne 204 lettres et courriers Ă©lectroniques 
de demandes de renseignements et d’assistance, 420 appels tĂ©lĂ©phoniques vers 
le centre et 267 entretiens. 180 cours de « prĂ©vention et d’information Â» ont 
Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s, auxquels 3 000 Ă©lĂšves ont participĂ©. Ces cours ont pour 
objet l’acquisition par les Ă©lĂšves d’une « rĂ©sistance Ă  l’endoctrinement Â». Des 
formations sont aussi proposées pour les parents et les enseignants, qui por-
tent sur la reconnaissance des syndromes d’appartenance aux organisations Ă  
caractĂšre sectaire et les mĂ©thodes de communication avec les victimes de ces 
organisations.

Enfi n, l’organisation 

Effatha

, basĂ©e Ă  Torun, s’est constituĂ©e en « asso-

ciation Â» – et dispose donc de la personnalitĂ© juridique – depuis 1998. Elle mĂšne 
des campagnes d’information auprĂšs des collĂ©giens et des lycĂ©ens et est prĂ©-
sente sur les radios catholiques ainsi que sur les radios rĂ©gionales. L’association 
est subventionnĂ©e par les diocĂšses, mais tire Ă©galement des revenus de contrats 
de prestations passĂ©s avec les Ă©tablissements scolaires qui lui passent commande 
pour des formations. Le pic d’activitĂ© de l’association en matiĂšre de prĂ©vention 
se situe juste avant les vacances d’étĂ©, qui sont la pĂ©riode la plus risquĂ©e pour 
les victimes potentielles des organisations Ă  caractĂšre sectaire.

Il existe Ă©galement une revue 

Sekty I Fakty

 Ă©ditĂ©e par le groupe Maternus 

depuis 1999, qui s’intĂ©resse aux phĂ©nomĂšnes sectaires.

Il n’existe pas de concertation formelle entre les organisations privĂ©es 

de lutte contre les dĂ©rives sectaires, cependant elles se connaissent et renvoient 
frĂ©quemment les victimes qui les contactent vers l’organisation la plus proche 
gĂ©ographiquement. Le site Internet du Centre de lutte contre les manipulations 

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psychologiques renvoie ainsi vers les diffĂ©rentes associations qui existent dans 
chaque rĂ©gion de Pologne. Son directeur a pour projet d’établir une confĂ©dĂ©-
ration des centres d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires.

Toutes ces organisations sont consternĂ©es face Ă  l’inaction des pouvoirs 

publics. Le directeur du Centre de lutte contre les manipulations psycholo-
giques a accordé un entretien en juillet dernier au journal catholique conserva-
teur 

Nasz Dziennik

 dans laquelle il appelle l’État polonais Ă  

« ne pas reproduire les 

mĂȘmes erreurs que la France il y a 15 ans Â»

. L’article dĂ©nonce par ailleurs le dĂ©sin-

tĂ©rĂȘt total pour cette question du ministre de l’IntĂ©rieur actuel qui, interrogĂ© 
sur le « problĂšme des sectes Â», aurait dĂ©clarĂ© 

« Les  sectes ?  Qu’est-ce  que  c’est ? »

. En 

1997, une commission interdĂ©partementale chargĂ©e des « nouveaux mouve-
ments religieux Â» avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par le ministre de l’IntĂ©rieur de l’époque et, 
aprĂšs un seul rapport en 2001, elle a étĂ© dĂ©mantelĂ©e et n’a jamais Ă©tĂ© rĂ©tablie 
par les gouvernements suivants.

MalgrĂ© l’inexistence de rapports avec l’État central en l’absence de 

structure de coordination, les organisations privĂ©es ont, avec plus ou moins de 
succĂšs, rĂ©ussi Ă  Ă©tablir des contacts avec les collectivitĂ©s locales. Le Centre de 
lutte contre les manipulations psychologiques déclare ne recevoir aucun sou-
tien des autoritĂ©s locales, mais certaines organisations, notamment 

Quo Vadis

 Ă  

Olsztyn et 

Effatha

 Ă  Torun, reçoivent des subventions de la municipalitĂ©.

Les dominicains semblent ceux qui ont le mieux rĂ©ussi Ă  Ă©tablir une 

collaboration substantielle avec les pouvoirs publics. Leurs employés (pédago-
gues, psychologues) sont en effet subventionnĂ©s par la mairie dont le centre 
dĂ©pend : les centres prĂ©sentent leurs besoins et reçoivent des subventions en 
fonction de ces besoins exprimĂ©s. Ils organisent aussi des confĂ©rences, Ă  l’orga-
nisation desquelles des fonctionnaires de la mairie participent volontairement. 
Enfi n, ces centres coopĂšrent avec les services de police locaux.

En 

RĂ©publique tchĂšque

, le soutien aux victimes des sectes est rĂ©duit aux 

activitĂ©s d’une seule association dont l’objet principal est d’ailleurs plus l’étude 
des nouveaux phĂ©nomĂšnes religieux que l’assistance aux victimes. La modeste 
taille de l’association ne lui permet pas Ă  l’évidence d’entreprendre des actions 
de grande ampleur ni de jouer un rĂŽle auprĂšs des autoritĂ©s publiques autre 
que celui de conseiller informel sur les phénomÚnes sectaires.

Ces mĂȘmes autoritĂ©s publiques (ministĂšre de l’IntĂ©rieur, ministĂšre 

du Travail et des Affaires sociales) ne consacrent pas de moyens fi nanciers ou 
humains spĂ©cifi ques Ă  l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires.

FondĂ©e en 1993, la SociĂ©tĂ© pour l’étude des sectes et des nouveaux 

mouvements religieux 

(Spolecnost pro studium sekt a  novych nabozenskch smeru)

regroupe moins d’une vingtaine de membres, pour l’essentiel issus du milieu 
acadĂ©mique. Son fi nancement est majoritairement privĂ©.

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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La SociĂ©tĂ© dispose d’un fonds d’archives accessible aux chercheurs et 

organise frĂ©quemment des sĂ©minaires consacrĂ©s aux sectes et aux mouvements 
religieux minoritaires. Auprùs du grand public, elle assure les missions d’in-
formation sur les sectes et les mouvements religieux minoritaires ; de conseil 
aux familles et proches des victimes d’organisations Ă  caractĂšre sectaires et de 
conseil et assistance aux membres d’une secte ou d’un mouvement religieux, 
et souhaitant quitter celui-ci.

La SociĂ©tĂ© coopĂšre rĂ©guliĂšrement avec les pouvoirs publics (ministĂšre 

de l’IntĂ©rieur, Justice) qui la consultent sur les phĂ©nomĂšnes sectaires. Elle tient 
Ă©galement une permanence d’information ouverte au public une matinĂ©e 
par semaine. Cette coopĂ©ration n’est cependant pas formalisĂ©e par une quel-
conque convention, ou par la prĂ©sence d’un reprĂ©sentant de l’association au 
sein d’une structure consultative du gouvernement. Les pouvoirs publics ne 
soutiennent pas fi nanciĂšrement l’association, mĂȘme si elle a dĂ©jĂ  reçu par le 
passé des subventions publiques pour certaines opérations.

L’association entretient des liens ponctuels avec des associations Ă©qui-

valentes d’autres pays – Allemagne, Danemark, Irlande, Slovaquie, Royaume-
Uni – les contacts semblant plus Ă©troits avec ces deux derniers pays. Il ne s’agit 
pas de coopération formalisée, mais plutÎt de contacts et de rencontres ponc-
tuelles. Elle dispose d’un site Internet en tchùque seulement.

Ainsi, en RĂ©publique tchĂšque, le soutien aux victimes de dĂ©rives sectaires 

est rĂ©duit aux activitĂ©s d’une association dont l’objet principal est d’ailleurs 
plus l’étude des nouveaux mouvements religieux que l’assistance aux victimes ; 
elle n’est pas liĂ©e Ă  l’État tchĂšque et est peu active au plan international.

Chypre

 ne dispose ni de lĂ©gislation spĂ©cifi que aux dĂ©rives sectaires, ni 

de dispositif de prĂ©vention ou de structures publiques d’aide aux victimes de 
ces dĂ©rives. Seules l’Église orthodoxe et une association privĂ©e locale Ă©tudient 
le problĂšme des dĂ©rives sectaires et s’efforcent de venir en aide aux victimes.

Face Ă  un problĂšme perçu jusqu’à prĂ©sent comme Ă©tant marginal, la 

RĂ©publique de Chypre n’a jamais lĂ©gifĂ©rĂ© dans ce domaine. Les principales 
mesures de prĂ©vention et de lutte contre les dĂ©rives sectaires sont prises par 
l’Église de Chypre, qui Ă©tudie le phĂ©nomĂšne et informe ses fi dĂšles des risques 
d’aliĂ©nation mentale de l’individu appartenant Ă  un mouvement Ă  caractĂšre 
sectaire ou Ă  un groupe sataniste.

Outre des groupes satanistes, et Ă  cĂŽtĂ© de la scientologie, de l’église uni-

taire de Moon et des TĂ©moins de JĂ©hovah, on trouve Ă  Chypre des groupes du 
Culte de l’Âme – Silva Mind Control et Success Dynamics, etc. , – des groupes 
nĂ©opentecĂŽtistes – Mormons, Église de Dieu, Église apostolique de JĂ©sus-Christ, 
etc.  â€“  et des organisations diverses  â€“  Sri Chinmoy, Sathya Sai Baba, Ananda 
Marga, Maharisi Mahesh Yogi et Vie Harmonieuse (de Robert Nadjemi).

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MIVILUDES 

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La forte infl uence de l’Église orthodoxe dans la sociĂ©tĂ© chypriote Ă©tait 

considĂ©rĂ©e jusqu’à une pĂ©riode rĂ©cente comme un solide rempart face aux 
dĂ©rives sectaires potentielles. Avec la forte diminution du rĂŽle de l’Église dans 
la vie quotidienne des Chypriotes, les conditions paraissent plus favorables Ă  un 
Ă©ventuel renforcement des mouvements Ă  caractĂšre sectaire dĂ©jĂ  existants et Ă  
l’apparition de nouveaux groupes.

Prenant progressivement conscience des risques liĂ©s au dĂ©veloppement 

de ce phĂ©nomĂšne, les autoritĂ©s chypriotes apportent dĂ©sormais leur soutien Ă  
l’Église orthodoxe et Ă  une association privĂ©e spĂ©cialisĂ©e dans l’assistance aux 
victimes de dĂ©rives sectaires, l’Union pan-chypriote de parents pour la protec-
tion de la culture orthodoxe grecque, de la famille et de l’individu (PPU).

CrĂ©Ă©e Ă  Chypre en 1994, l’objectif de la PPU est la recherche, l’étude 

permanente sur la prĂ©sence des organisations Ă  caractĂšre sectaire et des cultes 
Ă  Chypre et Ă  l’étranger, et l’information opĂ©rationnelle en temps rĂ©el pour 
tous les groupes et individus concernĂ©s. Son site Internet est rĂ©guliĂšrement 
mis Ă  jour. La PPU organise Ă©galement des sĂ©minaires sur les mouvements Ă  
caractĂšre sectaire. Le 22

e

 CongrĂšs inter-orthodoxe europĂ©en de la PPU, sur le 

thĂšme « Qui pĂ©nĂštre dans l’esprit de votre enfant ? Le risque des cultes pour les 
jeunes Â», s’est ainsi dĂ©roulĂ© rĂ©cemment, en juillet 2008, Ă  Chypre. Les victimes 
de dĂ©rives sectaires, qui peuvent prĂ©senter des troubles de la personnalitĂ© trĂšs 
marquĂ©s, et leurs familles peuvent contacter le Centre consultatif de la PPU 
au tĂ©lĂ©phone ou par messagerie Ă©lectronique. Des personnels spĂ©cialisĂ©s leur 
apportent dans ce cadre des informations et une assistance immĂ©diate. Enfi n, 
la PPU coopĂšre Ă©troitement avec l’Église orthodoxe et les autoritĂ©s et maintient 
des liens avec des associations de parents et autres groupes Ă©trangers actifs dans 
la lutte contre les dérives sectaires, comme la FECRIS, dont elle est membre.

Le dispositif d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires, qui s’ap-

puie donc essentiellement sur l’Union pan-chypriote de parents pour la protec-
tion de la culture orthodoxe grecque, de la famille et de l’individu (PPU), qui 
pouvait jusqu’à prĂ©sent apparaĂźtre suffi sant, pourrait, Ă  l’avenir, montrer ses 
limites. L’Église orthodoxe reconnaĂźt d’ailleurs la nĂ©cessitĂ© et l’urgence d’une 
plus grande implication des pouvoirs publics dans la gestion du problĂšme.

Il existe au 

Danemark

 un ministĂšre des Cultes en charge des affaires 

religieuses qui prend en principe en compte le phénomÚne sectaire. Ce minis-
tĂšre est, en effet, responsable du classement comme religion des diffĂ©rents 
mouvements cultuels qui se manifestent. Ce classement en qualité de reli-
gion a des effets importants en termes de capacitĂ© juridique et de droit fi scal. 
Au-delĂ  de ces considĂ©rations administratives, l’État danois ne propose pas aux 
victimes de dĂ©rives sectaires une aide particuliĂšre diffĂ©rente de celle dispensĂ©e 
Ă  toute victime de faits relevant du droit commun.

Ce rĂŽle d’assistance aux victimes des organisations Ă  caractĂšre sectaire 

est principalement assurĂ© au Danemark par l’association privĂ©e 

Dialogcentret

 

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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dont le siĂšge est Ă  Aarhus mais qui dispose de reprĂ©sentants dans les grandes 
villes. 

Dialogcentret

 vise Ă  dĂ©noncer les dangers prĂ©sentĂ©s par les organismes Ă  

caractĂšre sectaire. Cette association procĂšde en particulier Ă  des publications 
rĂ©guliĂšres. FondĂ©e il y a une trentaine d’annĂ©es, elle constitue elle-mĂȘme un 
mouvement religieux d’obĂ©dience chrĂ©tienne. Elle n’est pas adhĂ©rente Ă  la 
FECRIS mais elle fait partie d’un rĂ©seau chrĂ©tien installĂ© dans plusieurs pays 
d’Europe 

Dialog Center International

.

Il n’existe pas en 

Lituanie

 de structure publique chargĂ©e de prĂ©venir 

les dĂ©rives sectaires ou d’assister les victimes d’éventuels abus de faiblesse du 
fait d’organisations Ă  caractĂšre sectaire. Le service public d’aide vers lequel 
les Ă©ventuelles futures victimes de dĂ©rives sectaires pourraient se diriger est 
le Service de soutien Ă  la famille du ministĂšre des Affaires sociales, qui est un 
service d’aide psychologique gĂ©nĂ©raliste ayant compĂ©tence pour traiter le cas 
Ă©chĂ©ant de ce type de problĂšme. Ce service admet ne jamais avoir eu d’appels 
de victimes de dérives sectaires.

De fait, l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires est quasiment 

inexistante car seules quelques associations agissent sporadiquement et ont 
quelques relations avec des ONG Ă©trangĂšres. Deux associations de la sociĂ©tĂ© 
civile se consacrent aux dérives sectaires mais se limitent à des actions de pré-
vention. Une ONG basĂ©e Ă  Kaunas, deuxiĂšme ville du pays, dĂ©nommĂ©e 

Cult 

Prevention Bureau

 a éditĂ© en 2005 un rapport sur 

La prĂ©vention des activitĂ©s sectaires 

au sein de la jeunesse

. Ce rapport est particulier car il fait sienne la dĂ©fi nition des 

sectes de l’UNADFI, concept qui n’est sanctionnĂ© par aucun texte lĂ©gislatif 
en Lituanie. En outre, cette association organise des sĂ©minaires de prĂ©vention 
Ă  destination de la jeunesse dans le cadre de colonies de vacances. Le 

Cult 

Prevention Bureau

 bĂ©nĂ©fi cie du soutien d’une association russe.

Une autre organisation, le 

New Religions Research and Information Center

 

(NRTIC), basĂ©e Ă  Vilnius, a  pour mission de « diffuser dans la sociĂ©tĂ© litua-
nienne des informations objectives sur les nouveaux mouvements religieux 
en Lituanie Â». Cette organisation publie des articles et des Ă©tudes Ă©crits par 
des universitaires lituaniens ou Ă©trangers sur les nouveaux mouvements reli-
gieux prĂ©sents en Lituanie. Il est Ă  noter que cette organisation, qui dispose 
d’un site Internet trĂšs documentĂ© (www.religija.lt), est administrĂ©e par certains 
membres du dĂ©partement des affaires religieuses du ministĂšre de la Justice. 
Elle n’a pas vocation Ă  apporter une aide concrĂšte aux victimes de dĂ©rives sec-
taires. Elle dĂ©fend avant tout le principe de libertĂ© religieuse et se refuse Ă  
utiliser le terme « secte Â» pour dĂ©signer un mouvement religieux. Cette orga-
nisation constitue la meilleure source d’informations sur tous les mouvements 
religieux en Lituanie.

Le NRTIC entretient plusieurs partenariats avec des associations Ă©tran-

gĂšres. Il collabore avec l’organisation anglaise INFORM basĂ©e Ă  la London 
School of Economics et fondĂ©e en 1988 par le professeur de sociologie Eileen 

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MIVILUDES 

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Barker. Le NRTIC participe deux fois par an Ă  des sĂ©minaires organisĂ©s 
par  INFORM sur les « nouveaux mouvements religieux Â». Le NRTIC est Ă©ga-
lement affi liĂ© au 

Center for Studies on New Religions

  (CESNUR) basĂ© en Italie. 

Ici encore, les deux organisations collaborent principalement dans le cadre 
de confĂ©rences sur les mouvements religieux. Enfi n, le NRTIC entretient un 
partenariat avec le rĂ©seau international Habitus dont le but est de diffuser de 
l’information sur la chrĂ©tientĂ©.

Les autoritĂ©s lituaniennes assurent qu’à ce jour aucun mouvement reli-

gieux ou Ă  caractĂšre sectaire n’a troublĂ© l’ordre public et qu’il n’y a pas, en 
Lituanie, de victimes de dérives sectaires. Malgré le faible succÚs des organi-
sations Ă  caractĂšre sectaire et la prĂ©pondĂ©rance marquĂ©e du culte catholique 
avec 60 % Ă  80 % de la population se dĂ©clarant catholique selon les sondages, 
des associations commencent Ă  agir en matiĂšre de prĂ©vention d’éventuels abus 
de faiblesse du fait de nouveaux mouvements religieux, tĂ©moignant ainsi d’un 
début de prise de conscience de la réalité de ces dangers.

Le Portugal, la PrincipautĂ© de Monaco, 
La Hongrie, la Lettonie, l’Estonie, l’Islande, 
la SlovĂ©nie, la Croatie, la NorvĂšge, les Pays-Bas, 
le grand-duchĂ© de Luxembourg, 
l’Ancienne RĂ©publique yougoslave de MacĂ©doine, 
la GrĂšce, la Roumanie et Malte

Au 

Portugal

, il n’existe pas de structure publique ou privĂ©e d’assistance 

aux victimes de dérives sectaires et la principale association nationale portu-
gaise d’aide aux victimes, 

Apoio a  vitima

  (APAV) traite de toute victime sans 

distinction spĂ©cifi que des victimes de dĂ©rives sectaires. FondĂ©e en 1990, elle ne 
dĂ©plore aucun cas de victime d’un mouvement religieux, Ă  caractĂšre sectaire 
ou non. De fait, aucune activitĂ© criminelle pouvant incriminer un organisme Ă  
caractĂšre sectaire ou un mouvement religieux n’est actuellement recensĂ©e par 
les autoritĂ©s portugaises. Il n’y a pas de concept juridique pour dĂ©fi nir les sectes 
et il existe au Portugal, État laĂŻque (Constitution de 1976), une grande tolĂ©-
rance « religieuse Â». Selon la « Commission de la libertĂ© de la religion Â», entitĂ© 
sous tutelle du ministĂšre de la Justice prĂ©sidĂ©e par l’ancien PrĂ©sident de la 
RĂ©publique, Mario Soares, la loi 16/2001 de la « libertĂ© religieuse Â» ne permet 
pas de dĂ©fi nir juridiquement le concept de secte qui est par consĂ©quent seule-
ment dĂ©fi ni d’un point de vue sociologique.

La libertĂ© de conscience et de pratique religieuse est un fait indĂ©niable 

dans une sociĂ©tĂ© trĂšs tolĂ©rante, largement codifi Ă©e par les valeurs de l’Église 
catholique encore présente, bien que discrÚte. Avec le phénomÚne migra-
toire en provenance des anciennes colonies (Angola, Mozambique, Cap-Vert, 
BrĂ©sil), les Églises de toutes sortes sont acceptĂ©es. L’opinion publique portu-
gaise prĂ©fĂšre ignorer leurs spĂ©cifi citĂ©s et rĂ©serve une connotation trĂšs pĂ©jo-

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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rative au mot « secte Â» dont elle qualifi e plutĂŽt « toute bande d’individus aux 
activitĂ©s douteuses Â».

Il n’existe pas, en 

Principauté de Monaco

, de structures spĂ©cifi ques de 

lutte contre les dĂ©rives sectaires ou d’aide aux victimes de ces dĂ©rives, car le 
phĂ©nomĂšne sectaire y est marginal ; aucune organisation Ă  caractĂšre sectaire 
ne dispose d’une implantation effective sur le territoire national et les quelques 
rares rĂ©sidents affi liĂ©s Ă  ces organismes Ă  l’étranger ne troublent en rien l’ordre 
public local.

Pas de structures spĂ©cifi ques d’aide aux victimes de dĂ©rives sectaires 

non plus en 

Hongrie

. Ces victimes doivent donc avoir recours aux dispositifs 

d’aide Ă  toute victime, assurĂ©e, en principe, par le Service d’aide aux victimes 
de l’Offi ce de la justice du ministĂšre de la Justice et de la Police qui existe 
depuis le 1

er

 janvier 2006 seulement. Cet offi ce a crĂ©Ă© un rĂ©seau de coopĂ©ration 

avec les collectivitĂ©s locales, les organismes de santĂ© et des associations civiles 
d’aide aux victimes de tout type de crime ou de dĂ©lit.

La principale et la plus connue de ces associations est 

Feher Gyuru

 (l’An-

neau blanc), association reconnue d’utilitĂ© publique crĂ©Ă©e en 1989. Elle a une 
compĂ©tence nationale et est membre depuis treize ans du Forum europĂ©en 
d’aide aux victimes. Elle compte plus de 900 membres dont 63 personnes 
morales incluant le ministĂšre de la Justice, le ministĂšre de la SantĂ©, des Affaires 
sociales et de la Famille, la Direction gĂ©nĂ©rale de la police nationale, le parquet 
gĂ©nĂ©ral et plusieurs mairies dont celle de Budapest. L’aide consiste en un sou-
tien psychologique, des soins, une assistance juridique, fi nanciĂšre ou adminis-
trative. Depuis la crĂ©ation de cette association, il n’y a eu aucun cas dĂ©clarĂ© de 
victime de dérives sectaires.

Il n’existe pas, en 

Lettonie

, de structure dĂ©diĂ©e Ă  la protection des 

personnes contre les dĂ©rives sectaires. L’État letton n’a pas crĂ©Ă© de structure 
publique Ă  cette fi n et aucune association privĂ©e poursuivant un tel objectif ne 
s’est constituĂ©e en Lettonie.

De mĂȘme en 

Estonie

 oĂč il n’existe qu’un service comptant deux fonc-

tionnaires, crĂ©Ă© en 1991 au ministĂšre de l’IntĂ©rieur, c’est le dĂ©partement des 
affaires religieuses en charge des mouvements sectaires. Ces deux fonction-
naires sont chargés du suivi, de la réglementation et de la prévention. Ce ser-
vice est compĂ©tent en matiĂšre de mouvements religieux ou cultuels, au niveau 
national. L’Estonie a  adoptĂ© une approche ultralibĂ©rale en la matiĂšre, avec 
un primat accordĂ© Ă  la libertĂ© de religion et de culte. Il n’existe pas de dĂ©fi -
nition des sectes, il n’y a que des « mouvements religieux Â». L’article 40 de la 
Constitution prĂ©cise que 

« Chacun est libre d’exercer sa religion, seul ou en commu-

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MIVILUDES 

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nautĂ©, en public ou en privĂ© Â»

. Le code pĂ©nal dispose, en son article 154, qu’

« une 

personne interfĂ©rant dans les pratiques ou affi liations religieuses d’une autre personne,

 

Ă  moins que cette pratique ou affi liation soit nĂ©faste moralement pour les droits ou la 
santĂ© d’autres personnes, ou viole l’ordre public

, est punissable d’une amende ou d’une 

peine de prison pouvant aller jusqu’à un an Â».

La lutte contre les dĂ©rives sectaires passe donc nĂ©cessairement par 

la mise en Ɠuvre de moyens indirects : les victimes doivent obligatoirement 
dĂ©poser plainte avant toute action des services gouvernementaux. Une seule 
campagne de prĂ©vention a étĂ© mise en place en Estonie, entre 1993 et 1996, 
au travers des mĂ©dias estoniens. Toutefois, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 

via

 ses 

départements spécialisés, reste en contact permanent avec les écoles, les uni-
versitĂ©s, les organismes d’État, les autres ministĂšres et les autoritĂ©s Ă©trangĂšres. 
Enfi n, il est Ă  noter que seule 30 % de la population estonienne se dĂ©clare 
proche d’un mouvement religieux.

En 

Islande

, le gouvernement n’a adoptĂ© aucune mesure particuliĂšre 

pour l’étude ou le contrĂŽle du phĂ©nomĂšne sectaire. Il n’existe aucune struc-
ture publique ou privĂ©e d’assistance spĂ©cifi que aux victimes de dĂ©rives sectaires 
et aucune association islandaise n’est adhĂ©rente de la FECRIS.

En 

Slovénie

, une communautĂ© catholique trĂšs largement majoritaire et 

des liens familiaux solides semblent des facteurs contrariant l’implantation de 
mouvements Ă  caractĂšre sectaire. Il n’y a aucune structure gouvernementale ni 
aucune association privĂ©e spĂ©cialisĂ©e dans l’assistance aux victimes de dĂ©rives 
sectaires, mais il existe des structures d’aide aux victimes dans les domaines des 
violences conjugales, des atteintes aux mineurs, des discriminations et de la 
traite des ĂȘtres humains, qui agissent dans de bonnes conditions d’entraide et 
de coopĂ©ration avec les pouvoirs publics. Selon le Bureau national de suivi des 
minoritĂ©s religieuses, il n’existe aucun projet de mettre en place un dispositif 
spĂ©cialisĂ© pour les victimes de dĂ©rives sectaires, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur ne 
semblant pas préoccupé par le phénomÚne.

Il n’existe, en 

Croatie

, aucun organisme public ni aucune association 

privĂ©e pour l’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires et le ministĂšre de l’In-
tĂ©rieur n’a pas de contacts avec les organisations internationales qui traitent de 
ce problĂšme.

Si toutefois une enquĂȘte criminelle mettait en Ă©vidence des actes illĂ©-

gaux liĂ©s aux dĂ©rives sectaires, la police conseillerait aux victimes et Ă  leur 
entourage de rechercher une aide psychologique auprÚs des services médi-
caux ou des associations civiles d’aide aux victimes des diffĂ©rents actes crimi-
nels. Mais dans le cas d’enfants ou de mineurs, l’article  108 de la loi sur la 
famille oblige la police Ă  aviser immĂ©diatement le centre d’aide sociale terri-

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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torialement compĂ©tent. Le centre devra envoyer une Ă©quipe composĂ©e d’un 
travailleur social, d’un psychologue et d’un juriste afi n d’aider le mineur et ses 
parents ou tuteurs.

Plusieurs associations civiles assurent l’assistance aux victimes de crimes 

et délits. Elles coopÚrent étroitement avec la police et leurs actions sont coor-
donnĂ©es. Il en est ainsi notamment des associations qui s’occupent des vio-
lences familiales et du trafi c d’ĂȘtres humains.

Il n’y a pas, en 

NorvĂšge

, d’organe public chargĂ© de la lutte contre les 

dĂ©rives sectaires, ni d’associations privĂ©es dĂ©diĂ©es Ă  ces victimes. La Constitution 
garantit la libertĂ© religieuse et les cultes n’ont pas l’obligation de se dĂ©clarer 
aux autoritĂ©s, sauf s’ils souhaitent bĂ©nĂ©fi cier de subventions de l’État, qui leur 
sont alors attribuĂ©es au prorata du nombre de leurs fi dĂšles. Aucun mouvement 
Ă  caractĂšre sectaire ne bĂ©nĂ©fi cie actuellement de subventions en NorvĂšge, 
mĂȘme si plusieurs y  sont prĂ©sents, notamment l’Église de scientologie qui 
a rĂ©cemment attirĂ© l’attention des mĂ©dias et de l’opinion publique lors du sui-
cide, Ă  Nice, en France, le 28 mars dernier, d’une jeune NorvĂ©gienne de vingt 
ans, fi lle d’un parlementaire, aprĂšs un contact avec une cellule scientologue.

Il n’existe pas aux 

Pays-Bas

 de structure publique spĂ©cialement char-

gĂ©e d’assurer un suivi des activitĂ©s des organisations Ă  caractĂšre sectaire ou de 
l’assistance à leurs victimes. Cette question ne fait pas l’objet d’un suivi parti-
culier au sein du ministĂšre de l’IntĂ©rieur. Tout au plus, le service national de 
police judiciaire (KLPD) dispose-t-il d’un seul agent qui exerce une veille sur 
les informations Ă  caractĂšre opĂ©rationnel ou les procĂ©dures traitĂ©es afi n  de 
rechercher les Ă©ventuelles traces de faits pouvant relever de dĂ©rives de cette 
nature.

Enfi n, le ministĂšre de la Justice n’a procĂ©dĂ© Ă  aucun recensement 

spĂ©cifi que des organisations susceptibles d’ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des orga-
nismes Ă  caractĂšre sectaire et les directives de politique pĂ©nale, dĂ©fi nies  en 
concertation avec le collĂšge des procureurs gĂ©nĂ©raux, ne font pas mention 
du phĂ©nomĂšne sectaire. Aucune poursuite pĂ©nale n’a Ă©tĂ© exercĂ©e Ă  ce jour Ă  
l’encontre d’une organisation à caractùre sectaire.

Il n’y a pas non plus d’associations ou autres structures privĂ©es se pro-

posant d’apporter une aide aux victimes des dĂ©rives sectaires. Plusieurs sites sur 
Internet font rĂ©fĂ©rence Ă  une consultante privĂ©e qui propose, Ă  titre onĂ©reux, 
des conseils et des thérapies aux victimes de dérives sectaires.

Le 

grand-duché de Luxembourg

 ne dispose pas d’une lĂ©gislation spĂ©-

cifi que en matiĂšre de dĂ©rives sectaires. En ce qui concerne les victimes de ces 
dĂ©rives, elles relĂšveraient du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral d’assistance aux victimes et pour-

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MIVILUDES 

▌

raient utiliser les services d’aide prĂ©vus pour toutes les autres formes de dĂ©lin-
quance, de délit ou de crime.

En 

Ancienne République yougoslave de Macédoine

, il n’y a  pas de 

texte législatif ou réglementaire concernant les organisations à caractÚre sec-
taire, alors que la libertĂ© religieuse est garantie par la Constitution dont les 
dispositions sont mises en Ɠuvre par la loi du 20  septembre 2007 et par la 
« Commission nationale des religions Â». Il n’existe pas non plus d’association 
privĂ©e d’aide aux victimes de dĂ©rives sectaires.

En 

GrĂšce

 non plus, il n’existe aucun dispositif public ou privĂ© d’assis-

tance aux victimes des dérives sectaires.

Il n’existe pas, en effet, de services publics ni d’associations privĂ©es 

crĂ©Ă©s Ă  cette fi n. Le Bureau des hĂ©rĂ©sies du Saint-Synode des Ă©vĂȘques grecs 
observe et recense les associations cultuelles.

La Constitution reconnaissant Ă  la religion chrĂ©tienne orthodoxe une 

position dominante, la lĂ©gislation prĂ©voyait que le prosĂ©lytisme constituait un 
délit (article 13 de la Constitution et article 4 de la loi 1672 de 1939). Le sta-
tut des minoritĂ©s religieuses est encore largement rĂ©gi par des dĂ©crets datant 
de la dictature de Metaxas. L’article 1

er

 de la loi n

o

 1363 de 1938 et le dĂ©cret 

royal du 20 mai 1939, stipulent qu’une autorisation prĂ©alable est nĂ©cessaire Ă  la 
construction d’un lieu de culte ou Ă  l’utilisation d’un bĂątiment existant Ă  cette 
fi n. Ces dispositions lĂ©gales ont longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme une protec-
tion accordĂ©e Ă  la religion orthodoxe. DĂ©sormais, le principe constitutionnel 
de la libertĂ© de conscience (article 13 de la Constitution de 1975) s’applique 
non plus seulement aux « religions acceptables Â», mais aussi aux « religions 
connues Â» dĂšs lors que les pratiques et les rites de celles-ci sont conformes Ă  
l’ordre public et aux bonnes mƓurs. Dans ce contexte, les dispositions prĂ©vues 
par les textes non abrogĂ©s de  1938 et  1939 semblent ne plus pouvoir servir 
qu’à la rĂ©pression des groupements qui se rapprochent d’un « mouvement Ă  
caractĂšre sectaire Â», notion qui, en GrĂšce, n’a toutefois pas de dĂ©fi nition lĂ©gale 
ou jurisprudentielle.

C’est le ministĂšre de l’Éducation nationale et des cultes qui reconnaĂźt 

le statut de « religion connue Â» et dĂ©livre en thĂ©orie l’autorisation pour la crĂ©a-
tion des lieux de culte Ă  la personne morale qui en fait la demande.

La 

Roumanie

 n’a pas de cadre lĂ©gislatif sur les mouvements Ă  caractĂšre 

sectaire et la loi sur les victimes d’infractions pĂ©nales ne mentionne pas spĂ©cia-
lement les victimes des dĂ©rives sectaires. Il n’existe aucune structure publique 
ou association privĂ©e ou ONG ayant pour mission spĂ©cifi que la protection de 
ces victimes. En ce qui concerne les mineurs, les dommages qui pourraient 
leur ĂȘtre causĂ©s par des mouvements Ă  caractĂšre sectaire, sont pris en compte 
par les services dĂ©partementaux de protection de l’enfance (DGASPC) et l’Au-

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

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toritĂ© nationale pour la protection des droits de l’enfant (ANPDC). Quelques 
situations ponctuelles d’enfants privĂ©s de soins mĂ©dicaux du fait des convic-
tions de leurs parents ont Ă©tĂ© signalĂ©es. Les services de protection de l’enfance 
ont agi pour assurer des soins Ă  ces enfants, sans s’intĂ©resser pour autant au 
phĂ©nomĂšne sectaire et aucune Ă©tude gĂ©nĂ©rale n’a Ă©tĂ© publiĂ©e sur la question.

Il n’existe pas Ă  

Malte

 de dispositions spĂ©cifi ques concernant l’assis-

tance aux victimes des dĂ©rives sectaires, ni de structures publiques ou privĂ©es 
de prise en charge de ces victimes. MĂȘme l’Église, pourtant trĂšs prĂ©sente dans 
la sociĂ©tĂ© maltaise oĂč le catholicisme est religion offi cielle, n’a pas crĂ©Ă© ou 
encouragĂ© de structure spĂ©cifi que dans ce domaine.

Face aux diffĂ©rences d’approche du phĂ©nomĂšne sectaire et de l’aide 

aux victimes, une coopĂ©ration judiciaire europĂ©enne renforcĂ©e doit ĂȘtre encou-
ragée.

 C’est l’une des prĂ©conisations faites par Georges Fenech, magistrat, au 

Premier ministre, dans son rapport suite Ă  la mission qu’il lui a confi Ă© 

La justice 

face aux dĂ©rives sectaires : rĂ©fl exion et Ă©valuation des dispositifs judiciaires de lutte contre 
les dérives sectaires,

 dont est extrait le chapitre VII « Pour la construction d’une 

coopĂ©ration judiciaire europĂ©enne Â» reproduit ci-dessous :

« Les grandes organisations Ă  caractĂšre sectaire ne connaissent pas de frontiĂšres. 

Leur organisation pyramidale les met en position d’agir sur n’importe quel continent. Au 
sein mĂȘme de l’Union europĂ©enne, la disparition des frontiĂšres facilite les activitĂ©s crimi-
nelles ou dĂ©lictueuses de certaines d’entre elles. Cette impunitĂ© est d’autant plus rĂ©elle qu’il 
n’existe pas de convention spĂ©cifi que entre les États en ce domaine. La vigilance au sein 
de la CommunautĂ© europĂ©enne est rendue encore plus diffi cile par les diffĂ©rences dans les 
approches du phénomÚne sectaire suivant les pays.

Depuis le 1

er

 juillet 2008

 

la France prĂ©side l’Union europĂ©enne. Ce doit ĂȘtre 

l’occasion pour notre pays d’impulser une nouvelle coopĂ©ration policiĂšre et judiciaire 
en s’appuyant sur les institutions d’Europol et d’Eurojust.

Ce vƓu avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©mis par la premiĂšre commission d’enquĂȘte parlementaire 

de 1996 qui avait expressément souhaité que des accords soient adoptés au niveau euro-
péen pour

 â€œl’étude du phĂ©nomĂšne et l’échange d’informations grĂące, notam-

ment, Ă  une banque de donnĂ©es ; la coordination des dispositifs de contrĂŽle, 
compte tenu de la disparitĂ© des systĂšmes juridiques ; la recherche des per-
sonnes poursuivies en justice ou par l’administration ; la recherche des per-
sonnes disparues”.

Cette mĂȘme volontĂ© a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© exprimĂ©e Ă  maintes reprises par

 

le Parlement euro-

pĂ©en ou par l’assemblĂ©e parlementaire du Conseil de l’Europe

, trĂšs tĂŽt prĂ©occupĂ©s des 

consĂ©quences du phĂ©nomĂšne sectaire. On rappellera notamment :

1) La rĂ©solution du 22 mai 1984 faisant suite au rapport de Richard Cottrell 

(Parlement européen) qui préconisait

 

la nĂ©cessitĂ© pour les ministres de l’IntĂ©rieur et les 

ministres de la Justice de se réunir dans le cadre de la coopération judiciaire européenne.

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102 

MIVILUDES 

▌

2) La rĂ©solution du 29  fĂ©vrier 1996

 

par laquelle la commission des libertĂ©s 

publiques et des affaires intĂ©rieures du Parlement europĂ©en proposait aux commissions 
correspondantes des parlements nationaux une rĂ©union conjointe consacrĂ©e Ă  la question 
des sectes, de maniĂšre, d’une part, Ă  procĂ©der Ă  un Ă©change d’informations sur l’organisa-
tion, le fonctionnement et le comportement de ces communautĂ©s dans chaque État membre, 
et, d’autre part, Ă  parvenir Ă  des conclusions sur les meilleures façons d’endiguer leurs 
activités inopportunes et sur les stratégies à suivre pour mettre en garde les populations.

3) Le rapport Maria Berger du 11 décembre 1997 (Parlement européen).

 

La 

parlementaire europĂ©enne avait dressĂ© un bilan global d’échec de l’Union europĂ©enne face 
aux dĂ©rives sectaires :

 â€œLe Conseil et la Commission ont Ă©tĂ© invitĂ©s par Ă©crit Ă  indi-

quer les mesures concrĂštes qu’ils ont prises pour tenir compte des exigences 
du Parlement europĂ©en. Dans sa rĂ©ponse, la Commission ne s’est prononcĂ©e 
que sur un des points Ă©voquĂ©s, sans parler de mesures concrĂštes. Quant au 
Conseil, il s’est bornĂ© Ă  renvoyer Ă  la position prise par le prĂ©sident en exercice 
au cours d’un dĂ©bat du Parlement europĂ©en du 28  fĂ©vrier 1996, annonçant 
plusieurs actions. Il est manifeste que rien n’a progressĂ© depuis lors”.

4) Le rapport Nastase du 20 fĂ©vrier 1998 (Conseil de l’Europe)

 

avait dressĂ© 

le mĂȘme constat d’échec :

 â€œLes États se sont bien souvent abstenus d’agir par souci 

de respecter les libertés fondamentales des personnes... Les groupements sec-
taires ont largement profi tĂ© de cette tolĂ©rance et se sont engouffrĂ©s dans la 
brùche qui leur est ouverte”.

5) Enfi n le 4 septembre 2003

 

une nouvelle résolution du

 

Parlement européen

 

Ă©tait adoptĂ©e au chapitre de la « libertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion Â» :

 â€œLe 

Parlement met une nouvelle fois les États membres en garde contre les agisse-
ments dangereux de groupements Ă  caractĂšre sectaire qui menacent l’intĂ©gritĂ© 
physique et psychique des individus et les invite Ă  s’employer, sur la base de 
leur lĂ©gislation pĂ©nale et civile ordinaire, Ă  lutter contre les pratiques illĂ©gales 
et dĂ©rives au sein de ces groupements Ă  caractĂšre sectaire”.

Le prĂ©sident de la Cour europĂ©enne des droits de l’Homme, Jean-Paul Costa, 

a lui-mĂȘme affi rmĂ© :

 â€œAutant il faudra que la Cour continue de protĂ©ger effi ca-

cement la libertĂ© de conscience et le pluralisme religieux, autant il lui faudra 
certainement se pencher sur les abus commis au nom de la religion (au sens le 
plus noble du terme), ou de pseudo-religions qui ne revĂȘtent le manteau reli-
gieux que pour déployer plus tranquillement des activités nocives, voire abo-
minables. De mĂȘme que la libertĂ© d’association ne doit pas assurer l’impunitĂ© 
aux coupables d’agissements dĂ©lictueux ou criminels menĂ©s au nom de cette 
libertĂ©â€.

À ce constat d’échec il faut ajouter les pressions exercĂ©es par plusieurs organi-

sations Ă  caractĂšre sectaire au niveau europĂ©en et contre lesquelles il conviendrait de se 
prĂ©munir. Ainsi le PrĂ©sident de la Miviludes a rĂ©itĂ©rĂ© devant la mission ses inquiĂ©tudes 
fi gurant en conclusion de son rapport d’activitĂ© annuel de 2007.

Il est en effet apparu que la mouvance sectaire a tentĂ© de discrĂ©diter la France Ă  

travers l’action de la Miviludes lors des confĂ©rences organisĂ©es par le Bureau des institu-

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Rapport au Premier ministre 2008      La lutte contre les dĂ©rives sectaires

 103

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tions dĂ©mocratiques et des droits de l’Homme de l’OSCE (BIDDH) qui se sont tenues en 
septembre 2007 à Varsovie.
En conclusion, pour remĂ©dier Ă  cette carence europĂ©enne, la France pourrait prendre une 
initiative forte en proposant Ă  ses partenaires :
1) la crĂ©ation d’un espace juridique europĂ©en dotĂ© d’un cadre lĂ©gislatif visant les activitĂ©s 
illĂ©gales des organisations Ă  caractĂšre sectaire ;
2) l’élaboration d’un code europĂ©en de rĂšgles dĂ©ontologiques applicables Ă  toute associa-
tion ou communautĂ© Ă  but non lucratif ;
3) la crĂ©ation d’un Observatoire europĂ©en sur les sectes chargĂ© de contrĂŽler le respect de ces 
rĂšgles communes ;
4) l’institution au sein de la Commission juridique des droits de l’Homme du Parlement 
europĂ©en d’un organe permanent d’harmonisation des jurisprudences des États membres.

Préconisation 12

 

: favoriser la crĂ©ation d’un Observatoire europĂ©en sur les 

dĂ©rives sectaires et l’harmonisation des jurisprudences des États membres Â».

Conclusion

Il ressort de ces constatations que, globalement, les mouvements trans-

nationaux Ă  caractĂšre sectaire inquiĂštent les autoritĂ©s chargĂ©es de protĂ©ger 
leurs populations les plus fragiles. Des structures publiques d’aide à ces vic-
times sont souvent mises en place mais l’obligation de prĂ©vention et d’informa-
tion puis d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires, s’appuie volontiers sur 
l’initiative privĂ©e. Celle-ci est souvent la plus effi cace, voire la seule disponible. 
Face Ă  la menace que certains groupes peuvent faire peser sur les plus faibles, 
les États qui ont choisi de ne pas lĂ©gifĂ©rer sur ce sujet – pour des raisons liĂ©es Ă  
leur histoire – encouragent et subventionnent souvent les associations privĂ©es 
qui assurent cette assistance.

Par ailleurs, la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coordination, d’une part entre 

États adhĂ©rant aux mĂȘmes valeurs de dĂ©fense des droits de l’Homme et de pro-
tection de la dignitĂ© de l’individu et, d’autre part, entre associations privĂ©es 
d’assistance aux victimes de dĂ©rives sectaires, est Ă  prĂ©sent de plus en plus res-
sentie. En l’absence – dans de nombreux États europĂ©ens – d’armes lĂ©gislatives 
permettant de lutter contre l’abus frauduleux de faiblesse et l’exploitation des 
plus fragiles, une coopĂ©ration accrue des associations d’assistance aux victimes 
des dĂ©rives sectaires avec les autoritĂ©s consulaires, d’une part, et, d’autre part 
avec les associations poursuivant le mĂȘme objectif d’assistance dans d’autres 
États, apparaĂźt indispensable. Cette coopĂ©ration est nĂ©cessaire, qu’elle s’exerce 
entre associations privĂ©es de diffĂ©rents États ou dans le cadre d’une organisa-
tion paneuropéenne comme la FECRIS par exemple.

Aujourd’hui encore, l’ensemble des États dĂ©mocratiques d’Europe 

dresse le constat de la diffi cultĂ© du libre exercice des libertĂ©s individuelles dans 
le respect du droit imprescriptible à la sûreté de chacun, ce droit passant iné-
vitablement par la nĂ©cessitĂ© d’assurer des structures adĂ©quates – publiques ou 
privĂ©es – d’assistance aux victimes des dĂ©rives sectaires.

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3

  e 

partie

Dossier : le risque santĂ©

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Le dĂ©voiement des pratiques 
psychothĂ©rapeutiques 
Ă  des fi ns sectaires

Martine Maurer dans son ouvrage intitulĂ© 

Comment choisir son psychothé-

rapeute, attention risque de pratiques déviantes

 paru en octobre 2001 chez Hommes 

et Perspectives/Martin Media, observe que 

la psychothĂ©rapie, au sens du soin 

psychique,

 est une constante dans l’évolution humaine. La souffrance, la folie 

et les comportements déviants ont longtemps été traités par des pratiques reli-
gieuses voire magiques.

Avec la fi n du XIX

e

  siĂšcle, la pratique de l’hypnose puis l’introduc-

tion avec Freud de l’inconscient dans le soin psychique, font apparaĂźtre deux 
professionnels, le mĂ©decin ou psychiatre et le psychanalyste. Cette dichotomie 
dans le champ psychologique sera au cours du XX

e

 siĂšcle et de maniĂšre trĂšs 

marquĂ©e Ă  partir des annĂ©es 1970, suivie par l’apparition d’un nouveau venu, 
le psychothérapeute.

Le rapide succĂšs de ce dernier s’explique par la demande de personnes 

dĂ©sirant un suivi non mĂ©dical et non institutionnel dans le traitement de leur 
mal-ĂȘtre, la recherche de la performance individuelle et professionnelle ou 
encore la quĂȘte de nouvelles valeurs.

Face aux diffi cultĂ©s des sociĂ©tĂ©s contemporaines et devant le recul de 

certaines institutions, dont la famille, l’accompagnement psychologique est 
aujourd’hui de plus en plus sollicitĂ© pour des publics fragiles (malades, jeunes 
en diffi cultĂ©, personnes dĂ©pendantes, en recherche d’emploi...) mais Ă©gale-
ment au niveau collectif pour la gestion de situations de crise (catastrophes 
naturelles, accidents aĂ©riens...) ou encore des fl Ă©aux sociaux (violence urbaine, 
routiÚre, toxicomanie, délinquance, prévention du suicide...).

Cette Ă©volution coĂŻncide avec un Ă©largissement constant des pratiques 

et des mĂ©thodes dont le nombre se situerait aujourd’hui entre 200 et 400. Elle 
se traduit par une importante augmentation du nombre des professionnels de 
la psychothérapie.

Mais l’explosion de la bulle « psy Â», trĂšs insuffi samment maĂźtrisĂ©e par 

les différents acteurs publics, professionnels et associatifs, inquiÚte par les nom-
breuses dĂ©viances qui l’accompagnent. Parmi celles-ci, les dĂ©rives de caractĂšre 
sectaire arrivent en bonne place d’autant que la mouvance sectaire investit lar-
gement le champ de la santé.

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MIVILUDES 

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La FĂ©dĂ©ration française de psychothĂ©rapie et de psychanalyse (FF2P), 

dans une lettre ouverte aux parlementaires en date du 29 janvier 2007, soulĂšve 
la question cruciale du dévoiement de la psychothérapie et par voie de consé-
quence celle de la protection des usagers : 

«

 

Le but fi nal commun reste de protĂ©ger 

Ă  la fois les usagers et les professionnels qualifi Ă©s contre l’action de certains charlatans 
insuffi samment formĂ©s et contre certaines sectes usurpant effrontĂ©ment Ă  la fois notre titre 
et quelques-unes de nos techniques. Â»

L’intĂ©rĂȘt de la mouvance sectaire pour ces techniques rĂ©side Ă©videm-

ment dans leur effi cacitĂ© destructrice conduisant Ă  la mise en Ă©tat de sujĂ©tion 
de l’adepte.

Jean-Marie Abgrall, psychiatre, criminologue et ancien expert prĂšs la 

cour d’appel d’Aix-en-Provence, observe, au chapitre 8 de son ouvrage intitulĂ© 

La mécanique des sectes

 paru aux Ă©ditions Payot et Rivages en 1996 : 

« La  manipu-

lation mentale ou conditionnement psychique ou encore lavage de cerveau (en anglais

 

Brain Washing

) est la base de l’endoctrinement sectaire Â».

Ce lien entre manipulation mentale et endoctrinement sectaire est 

confi rmĂ© dans la majoritĂ© des situations douloureuses portĂ©es Ă  la connais-
sance de la Mission.

Une augmentation de l’offre 
et de la demande de soins, 
une augmentation des risques

Les constats :

– Une hausse rapide du besoin d’accompagnement « psy Â».
– Une augmentation et une diversifi cation de l’offre psychothĂ©rapeutique.
– Un manque d’encadrement du titre de psychothĂ©rapeute.
– L’absence d’évaluation des mĂ©thodes et pratiques.

‱ Un nombre d’usagers en hausse

À la veille des Ă©tats gĂ©nĂ©raux de la psychothĂ©rapie, tenus Ă  Paris en 

2001, la Fédération française de psychothérapie avec la collaboration du maga-
zine 

Psychologies

 confi ait Ă  l’institut national de sondage BVA, une enquĂȘte sur 

un Ă©chantillon de 8 069 Français, usagers de psychothĂ©rapies et ĂągĂ©s de plus 
de 15 ans.

Pour cette fĂ©dĂ©ration, cette enquĂȘte a rĂ©vĂ©lĂ© au dĂ©but des annĂ©es 2000 

« qu’en France 5,2 % de la population gĂ©nĂ©rale a suivi ou poursuit encore une psycho-
thĂ©rapie, soit prĂšs de trois millions de personnes. Ce nombre augmente rĂ©guliĂšrement du 
fait des conditions de vie actuelles, et constitue donc une prĂ©occupation d’intĂ©rĂȘt national. 
Cette premiĂšre enquĂȘte de grande ampleur – effectuĂ©e auprĂšs des usagers et non des pro-
fessionnels – a permis de constater que, malgrĂ© la place considĂ©rable que la psychanalyse 
occupe encore dans les mĂ©dias français, elle ne concerne plus que 30 % environ des thĂ©ra-

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Rapport au Premier ministre 2008      Dossier : le risque santĂ©

 109

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pies tandis que les thĂ©rapies non analytiques, bien moins connues, reprĂ©sentent au total 
70 % des traitements : 20 % de thĂ©rapies cognito-comportementales, 12 % de thĂ©rapies 
humanistes-existentielles, 12 % de thĂ©rapies familiales ou de couple...et 26 % de thĂ©ra-
pies mal dĂ©fi nies par les bĂ©nĂ©fi ciaires – encore insuffi samment informĂ©s. Les deux tiers des 
usagers sont des femmes, 50 % avaient consultĂ© pour dĂ©pression, troubles du sommeil, 
angoisse ou stress majeur ; 22 % Ă  la suite d’un deuil, d’un abandon ou d’un trauma-
tisme psychique ; 21 % pour phobies ou attaques de panique... MalgrĂ© une information 
encore insuffi sante, la psychothĂ©rapie conquiert peu Ă  peu sa place dans la population 
française, non seulement parmi les cadres supĂ©rieurs (23 %) et les professions intermĂ©-
diaires (21 %) mais aussi parmi les employĂ©s (13 %), les ouvriers (15 %) et mĂȘme les 
paysans (2 %) Â».

L’entourage d’une personne en psychothĂ©rapie Ă©tant fortement 

concernĂ©, l’étude Ă©valuait l’impact de ce type de soins non pas aux 3 millions 
d’usagers mais Ă  une population d’au moins 8 Ă  10 millions. Quelques annĂ©es 
aprĂšs et compte tenu de la progression de l’offre et de la demande dans ce 
domaine, il est raisonnable de rapporter l’impact des pratiques psychothĂ©ra-
peutiques Ă  environ 12 millions de personnes, ce qui est loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable 
sur une communautĂ© nationale qui aujourd’hui compte 64 millions d’indivi-
dus. Cette Ă©tude Ă©tablissait par ailleurs un taux de satisfaction Ă  hauteur de 
84 %, ce qui atteste du sĂ©rieux et de la qualitĂ© du plus grand nombre des pro-
fessionnels de psychothérapie.

NĂ©anmoins un taux d’insatisfaction voire de dangerositĂ© Ă  hauteur de 

16 % est trĂšs Ă©levĂ©, s’agissant de prise de risque voire de mise en danger du 
patient et de ses proches.

‱ Une multiplication des indications

L’offre psychothĂ©rapeutique se caractĂ©rise Ă©galement par un Ă©largisse-

ment rĂ©gulier des indications :
– ThĂ©rapeutiques dans la prise en charge du dysfonctionnement psychique et 
de la souffrance mentale.
– D’accompagnement individuel, (personnel, professionnel, scolaire, familial...).
– De contribution Ă  la rĂ©solution de crises diverses dans le monde du travail, le 
champ social...

Parmi les cibles ayant rĂ©cemment suscitĂ© la vigilance de la mission, on 

peut citer les mineurs et le public des jeunes adultes.

Le traitement de l’hyperactivitĂ© et l’accompagnement des parcours sco-

laires et universitaires notamment, trouvent un terrain favorable dans les pré-
occupations voire l’angoisse des intĂ©ressĂ©s ou de leurs familles, Ă  la recherche 
de l’excellence et de stratĂ©gies pour faciliter leur insertion dans la vie active.

On constate Ă©galement l’apparition de nouveaux « produits Â» tels 

le tic-

ket psy

, sur le modĂšle des tickets restaurant et chĂšques cadeaux.

InitiĂ©e il y  a  environ deux ans, cette prestation destinĂ©e aux salariĂ©s 

en souffrance est fi nancĂ©e par l’employeur Ă  hauteur de 100 Ă  120 euros par 

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MIVILUDES 

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ticket ou consultation. Prescrite par le mĂ©decin du travail, elle est exĂ©cutĂ©e 
par un rĂ©seau de 200 professionnels, principalement psychologues et dans une 
moindre proportion psychiatres et psychothérapeutes. Les initiateurs escomp-
tent un rapide dĂ©veloppement du produit en raison notamment du contexte 
de crise Ă©conomique avec ses rĂ©percussions sur les conditions de travail et 
l’emploi.

Cette innovation dans le registre du traitement du mal-ĂȘtre au travail, 

a soulevĂ© des critiques, notamment de l’ordre des mĂ©decins qui rappelle que 

« la mĂ©decine n’est pas un commerce Â»

 et qui redoute que le respect du secret mĂ©di-

cal ne soit pas garanti.

Outre ces rĂ©serves, l’hypothĂšse d’un dĂ©tournement du dispositif n’est 

pas Ă  Ă©carter : manipulation des bĂ©nĂ©fi ciaires, au demeurant volontaires, pour 
faciliter des licenciements voire des reconversions professionnelles dans les 
métiers liés aux mouvances à caractÚre sectaire.

Les activitĂ©s concernĂ©es sont prĂ©cisĂ©ment celles des psychothĂ©rapeutes, 

mais aussi celles des distributeurs de produits complĂ©mentaires de santĂ©, sur 
lesquels la Miviludes exerce Ă©galement sa vigilance, notamment Ă  travers les 
organisations de vente pyramidale.

‱ DiversitĂ© et prolifĂ©ration des approches

a) La FĂ©dĂ©ration française de psychothĂ©rapie et de psychanalyse (FF2P) 

soit une soixantaine d’organismes regroupant plus de 3 000 professionnels, 
retient trente-huit mĂ©thodes :

Analyse bioénergétique
Analyse des rĂȘves

Analyse psycho-organique
Analyse transactionnelle
Art thérapie
Danse thérapie
IntĂ©gration neuro-Ă©motionnelle par les 
mouvements oculaires (EMDR)
Gestalt thérapie
Haptonomie
Hypnose classique
Hypnose Ă©ricksonienne
Intégration posturale thérapeutique
Massage psychothérapeutique
Musicothérapie
Programmation neuro-linguistique 
thérapeutique
Psychodrame
Psychogénéalogie
Psychologie de la motivation
PsychosynthĂšse
Psychothérapie analytique

Psychothérapie brÚve
Psychothérapie centrée sur la personne
Psychothérapie intégrative
Psychothérapie psychocorporelle
Psychothérapie transpersonnelle
Relaxation
RĂȘve Ă©veillĂ©
Sexothérapie
Somatothérapie, psycho-somatothérapie
Psycho-somato analyse
Sophia analyse
Sophrothérapie
Technique de respiration
Technique cognito-comportementale
Thérapie familiale analytique
Thérapie familiale et systémique
Thérapie primale
Végétothérapie

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b) Les organismes du soin alternatif et du bien-ĂȘtre proposent une 

panoplie d’offres plus large, au nombre desquelles fi gurent les mĂ©thodes psy-
chothĂ©rapeutiques couramment utilisĂ©es et Ă©prouvĂ©es, mais aussi des pratiques 
non évaluées ou rattachées à des théories repérées comme présentant un dan-
ger pour les « patients Â».

Le site (Mieux ĂȘtre.org), orientĂ© sur les soins naturels, alternatifs et de 

bien-ĂȘtre pour la France et la Belgique, illustre ce constat avec un regroupe-
ment de 45 sites et 138 catĂ©gories, dont les rubriques suivantes :

1) Alimentation-nutrithérapie
2) Analyse bioénergétique
3) Analyse et réinformation cellulaire
4) Analyse transactionnelle
5) Approche centrée sur la personne
6) Approche de l’alignement
7) Aromathérapie
8) Astrologie
9) Ayurvéda
10) Biodanza
11) Biologie totale et dĂ©programmation 
biologique
12) Catharsis glaudienne
13) Coaching
14) Communication non violente
15) Constellations familiales
16) Contraception naturelle
17) EMDR
18) Élixirs fl oraux
19) Fleurs de Bach
20) Émotionnel Freedom technique
21) ÉnergĂ©tique
22) Eutonie
23) Feng sui
24) Gestalt
25) Gestalt expérientielle
26) Haptonomie
27) Hypnose
28) Intégration posturale
29) Jeûne
30) Kinésiologie

31) Massage
32) MĂ©decine anti-Ăąge
33) MĂ©diation familiale
34) Méthode de libération des cuirasses
35) MĂ©thode ESPERE
36) MĂ©thode Tomatis
37) Musicothérapie
38) Naturopathie
39) Numérologie
40) Orientation (professionnelle, sco-
laire, psychothérapeutique)
41) PĂ©dagogie clinique
42) Programmation neuro-linguistique
43) Psychogénéalogie
44) Psychologie quantique
45) Psychothérapie corporelle intégrée
46) RĂ©fl exologie
47) Reiki
48) Somnothérapie
49) Suggestopédie
50) Supervision
51) Tai Chi et Qi Gong
52) Tarot psychologique
53) Technique Alexander
54) Thérapie brÚve
55) Thérapie brÚve systémique
56) Thérapie somatique des traumatismes
57) ThĂ©rapie par le souffl e
58) Voix
59) Vue
60) Yoga

La largeur et l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de l’éventail proposĂ© illustrent la diffi -

cultĂ© pour les institutions mais plus encore pour les particuliers, d’un choix 
Ă©clairĂ© de la technique et du praticien. Elles soulignent le caractĂšre « psy Â» des 
offres de soin alternatives.

Ce constat vaut pour les méthodes largement répandues mais égale-

ment pour des pratiques plus confi dentielles de crĂ©ation rĂ©cente.

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MIVILUDES 

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‱ Des psychothĂ©rapeutes aux parcours divers

Trois catĂ©gories de professionnels interviennent dans le domaine des 

psychothĂ©rapies. Cette population, sur la base d’évaluations convergentes, 
concerne environ 15 000 praticiens dont le nombre progresse rĂ©guliĂšrement.
Cette population se rĂ©partit entre :
– 10 Ă  15 % titulaires d’un doctorat en mĂ©decine notamment dans la spĂ©cialitĂ© 
psychiatrique.
– 25 % Ă  30 % psychologues formĂ©s sur les bancs des facultĂ©s de sciences 
humaines et en possession de masters en psychologie clinique.
– 15 Ă  20 % psychanalystes bĂ©nĂ©fi ciant d’un encadrement et d’une rĂ©gulation 
par leurs pairs.
– 25 % Ă  30 % de professionnels se dĂ©clarant psychothĂ©rapeutes, se rĂ©clamant 
de disciplines diverses et avec des parcours de formation hétérogÚnes.

Or la formation aux psychothérapies soulÚve précisément des interro-

gations sur le contenu des programmes et le professionnalisme futur d’une 
partie de ces nouveaux praticiens.

Ces universitĂ©s libres, facultĂ©s libres, instituts supĂ©rieurs, ne sont l’objet 

d’aucun contrĂŽle de l’autoritĂ© publique sur la conception des programmes, en 
raison notamment du principe de libertĂ© reconnu par la loi du 12 juillet 1872 
relative Ă  l’enseignement supĂ©rieur privĂ©. Leur recensement auprĂšs des recto-
rats est essentiellement dĂ©claratif et Ă  l’initiative des responsables de ces orga-
nismes. Aucune garantie n’est donc donnĂ©e sur la qualitĂ© des formations ni 
sur la valeur des diplĂŽmes dĂ©livrĂ©s, dont aucun d’ailleurs, quelle que soit la 
mĂ©thode psychothĂ©rapeutique enseignĂ©e, n’est aujourd’hui reconnu par les 
pouvoirs publics.

Ces enseignements de caractĂšre professionnel sont Ă©galement dispen-

sĂ©s par des organismes enregistrĂ©s au titre de la formation professionnelle et 
continue. Dans ce domaine prĂ©vaut encore le principe dĂ©claratif, et les moyens 
des services publics comme le cadre rĂ©glementaire de leur intervention sont 
insuffi sants pour garantir la qualitĂ© des formations et prĂ©venir effi cacement 
des risques Ă  caractĂšre sectaire.

700 structures disparates par leur taille et les formations dispensĂ©es, 

relĂšveraient de l’offre de formation, sans compter les structures non dĂ©clarĂ©es 
dans l’un ou l’autre dispositif.

‱ L’encadrement du titre de psychothĂ©rapeute : un dispositif inachevĂ©

L’article  52 de la loi du 9  aoĂ»t 2004 relative Ă  la politique de santĂ© 

publique a  Ă©tĂ© introduit par amendement du dĂ©putĂ© Bernard Accoyer, afi n 
de protĂ©ger les victimes des graves insuffi sances professionnelles de certains 
praticiens ou du dĂ©tournement des pratiques Ă  des fi ns manipulatoires. Cette 
protection s’appuie sur l’obligation de fi gurer sur un registre de la Direction 
dĂ©partementale des affaires sanitaires et sociales, sous rĂ©serve de satisfaire aux 
conditions du titre de psychothérapeute.

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Rapport au Premier ministre 2008      Dossier : le risque santĂ©

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Le texte prĂ©cise : 

« L’usage du titre de psychothĂ©rapeute est rĂ©servĂ© aux profes-

sionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes.

L’inscription est enregistrĂ©e sur une liste dressĂ©e par le reprĂ©sentant de l’État 

dans le département de leur résidence professionnelle. Elle est tenue à jour, mise à la dis-
position du public et publiĂ©e rĂ©guliĂšrement. Cette liste mentionne les formations suivies 
par le professionnel. En cas de transfert de la rĂ©sidence professionnelle dans un autre 
dĂ©partement, une nouvelle inscription est obligatoire. La mĂȘme obligation s’impose aux 
personnes qui, aprĂšs deux ans d’interruption, veulent Ă  nouveau faire usage du titre de 
psychothérapeute.

L’inscription sur la liste visĂ©e Ă  l’alinĂ©a prĂ©cĂ©dent est de droit pour les titulaires 

d’un diplĂŽme de docteur en mĂ©decine, les personnes autorisĂ©es Ă  faire usage du titre de 
psychologue dans les conditions dĂ©fi nies par l’article 44 de la loi n

o

 85-772 du 25 juillet 

1985 portant diverses dispositions d’ordre social et les psychanalystes rĂ©guliĂšrement enre-
gistrés dans les annuaires de leurs associations.

Un dĂ©cret en conseil d’État prĂ©cise les modalitĂ©s d’application du prĂ©sent article 

et les conditions de formation thĂ©oriques et pratiques en psychopathologie clinique que 
doivent remplir les personnes visĂ©es aux deuxiĂšme et troisiĂšme alinĂ©as. Â»

Ce texte constitue un immense espoir pour les victimes, les familles, 

les associations de dĂ©fense et les professionnels qui constatent les dĂ©gĂąts de 
groupes ou d’individus de la mouvance sectaire. Malheureusement, en l’ab-
sence de texte d’application, ce dispositif reste Ă  ce jour lettre morte 

 1

.

‱ RaretĂ© des Ă©valuations indĂ©pendantes

Des Ă©valuations autoproclamĂ©es et dithyrambiques fl eurissent et tien-

nent le rĂŽle de messages publicitaires convaincants. Ainsi les sites de la nou-
velle mĂ©decine germanique multiplient-ils les rĂ©cits de guĂ©rison de cancers ou 
autres graves maladies. Ces rĂ©cits sous forme de tĂ©moignages justifi ent la puis-
sance de la « thĂ©orie Â». Ils lui confĂšrent des possibilitĂ©s magiques. L’échec, dans 
ces conditions, est attribuĂ© Ă  la dĂ©fi ance du malade qui n’a pas accordĂ© toute 
son adhĂ©sion au processus d’autoguĂ©rison.

Le seul exemple d’évaluation mĂ©thodique et rigoureuse est celui de 

l’étude de l’INSERM rĂ©alisĂ©e en 2004 sur trois approches psychothĂ©rapeu-
tiques. Les conclusions ont à cette époque nourri des polémiques violentes.

Dans un tel contexte, la protection de l’usager, l’identifi cation de thĂ©-

rapeutes fi ables et la prĂ©vention du risque de manipulation Ă  l’origine de prĂ©-
judices majeurs directs et indirects semblent alĂ©atoires mĂȘme si la majoritĂ© des 
psychothérapeutes exercent leur art de maniÚre satisfaisante.

1  -  Deux amendements ont Ă©tĂ© adoptĂ©s en premiĂšre lecture par l’AssemblĂ©e nationale, lors du vote en mars 
2009 du projet de loi portant rĂ©forme de l’hĂŽpital et relatif aux patients, Ă  la santĂ© et aux territoires. Ces disposi-
tions concernent la modifi cation de l’article 52 de la loi du 9 aoĂ»t 2004 sur les conditions de formation thĂ©orique 
et pratique des psychothĂ©rapeutes souhaitant s’inscrire au registre national et prĂ©voit des sanctions Ă  l’encontre 
des professionnels exerçant ou autorisant des pratiques Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique prĂ©sentant des risques sĂ©rieux pour 
la santé humaine.

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MIVILUDES 

▌

La dĂ©rive psychothĂ©rapeutique 
et l’emprise sectaire

Pour Delphine GuĂ©rard, psychologue clinicienne, plusieurs Ă©lĂ©ments 

permettent de repĂ©rer des pratiques psychothĂ©rapeutiques sectaires. Selon ses 
propres termes tirĂ©s de l’article paru dans 

Le Journal des psychologues

 des mois de 

dĂ©cembre 2008 et janvier 2009, cinq caractĂ©ristiques sont identifi ables :

« â€“ Position de toute puissance et de tout pouvoir du thĂ©rapeute : dans une dĂ©marche inqui-
sitrice grĂące Ă  la suggestion et Ă  sa force de persuasion, le thĂ©rapeute recherche la vĂ©ritĂ© pour 
guérir. Il adopte une position interventionniste de justicier et propose des solutions.

– 

Injonction de rupture avec la famille comme dĂ©voiement de la notion d’autonomie.

– Embrigadement thĂ©orique : « la thĂ©orie Â» n’est pas Ă  considĂ©rer comme un ensemble d’hy-
pothÚses à interroger, mais sacralisée, elle explique tout et marche à tous les coups.
– Atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© psychique des patients : dans l’urgence, avec insistance, sans prĂ©-
caution ni délicatesse, les interventions font intrusion dans la psyché.
– Instauration d’une relation d’emprise : dans une sorte de fusion, sans dĂ©gagement 
possible, le thĂ©rapeute entraĂźne l’autre dans un processus destructeur de singularitĂ©. Le 
patient est transformĂ© en objet se retrouve dans une dĂ©pendance aliĂ©nante. Â»

Cette analyse lĂšve toute ambiguĂŻtĂ© sur le caractĂšre sectaire d’un grand 

nombre de dĂ©rives psychothĂ©rapeutiques en tant que telles ou associĂ©es Ă  
d’autres « thĂ©ories Â». La Mission constate par ailleurs la constitution de fronts 
unitaires rassemblant des leaders de pratiques sous-tendues par des « postulats 
Ă  risque Â» et des organisations du paysage sectaire en tant que telles ou par leurs 
organismes affi liĂ©s, sur des thĂšmes sensibles comme la psychiatrie, la toxicoma-
nie, les psychotropes, et une critique systématique de la médecine convention-
nelle qui s’apparente en rĂ©alitĂ© Ă  son rejet.

Au cours des derniers mois, la mission a plus particuliÚrement été aler-

tĂ©e par des tĂ©moignages inquiĂ©tants sur deux types de dĂ©viances dans le champ 
de la santĂ© :

‱ La nouvelle mĂ©decine germanique et ses formes dĂ©rivĂ©es

La premiĂšre catĂ©gorie concerne la mouvance de la nouvelle mĂ©decine 

germanique.

Son inspirateur, le docteur Ryke Geerd Hamer, Ă  la suite d’un drame 

personnel, dĂ©veloppe la thĂšse que toute maladie et en particulier les cancers 
naissent de graves confl its psychologiques non rĂ©solus parce que non identifi Ă©s 
et enfouis dans l’inconscient du malade. Le dĂ©cryptage de ce confl it conduit 
Ă  la guĂ©rison puisque la maladie n’est dans ce schĂ©ma que la manifestation 
d’une dĂ©fense du corps face Ă  un Ă©vĂ©nement non rĂ©solu dans son vĂ©cu ou par 
un membre de sa famille.

Cette thĂšse contestĂ©e Ă  son origine par la communautĂ© scientifi que 

allemande faute de donnĂ©es Ă©valuables et en raison des dangers potentiels du 
postulat, est Ă  l’origine du dĂ©veloppement d’un important rĂ©seau de thĂ©ra-
peutes, en dĂ©pit de condamnations judiciaires Ă  l’encontre de son fondateur 

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Rapport au Premier ministre 2008      Dossier : le risque santĂ©

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▌

pour mise en danger, non-assistance Ă  personne en danger, escroquerie et exer-
cice illégal de la médecine.

Les formes dĂ©rivĂ©es comme le dĂ©codage biologique des ĂȘtres vivants 

se dĂ©veloppent Ă©galement de maniĂšre inquiĂ©tante et s’appuient sur un rĂ©seau 
international dynamique de formateurs conférenciers.

L’identifi cation de l’évĂ©nement Ă  l’origine de la maladie comme mani-

festation de dĂ©fense et la mobilisation des capacitĂ©s d’autoguĂ©rison du patient 
conduisent tout naturellement Ă  mobiliser des outils psychothĂ©rapeutiques 
pour l’exploration de l’inconscient.

Les titres de ces praticiens mentionnĂ©s sur les annuaires de l’Internet 

sont multiples. Les méthodes et techniques les plus couramment citées concer-
nent la psycho-gĂ©nĂ©alogie, l’hypnose, la sophrologie, les constellations fami-
liales, la kinĂ©siologie, le 

rebirth

...

Par ailleurs cette pratique non conventionnelle Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique, 

pour reprendre une rĂ©cente terminologie du ministĂšre de la SantĂ©, reçoit 
le soutien d’autres groupes Ă  caractĂšre sectaire dans la recherche du « moi 
authentique Â» de l’adepte, la libĂ©ration des Ă©motions et le chemin du bonheur 
voire de l’éternitĂ©. Cette mouvance qui, par prudence, ne rejette plus dans 
ses discours les thĂ©rapies Ă©prouvĂ©es comme complĂ©ment de prise en charge, 
Ă©largit au fi l du temps son champ de compĂ©tences pour traiter l’individu dans 
sa globalité.

‱ La falsifi cation de la mĂ©moire « retrouvĂ©e Â»

La seconde, sur la base de nombreux témoignages, se caracté-

rise, en premiĂšre analyse, par un dĂ©tournement des mĂ©thodes et pratiques 
psychothérapeutiques.

Elle s’apparente souvent en deuxiĂšme analyse Ă  diverses mouvances 

dont celles du 

New Age

. Il s’agit notamment de jeunes publics dont les diffi -

cultĂ©s ou leurs diffĂ©rences conduisent leurs parents Ă  adhĂ©rer Ă  des solutions 
marginales impliquant un ou plusieurs outils psychothĂ©rapeutiques mais de 
maniÚre orientée pour atteindre les objectifs du groupe.

Mais elle concerne plus généralement tous les ùges de la vie. Le rap-

port public de la Mission pour l’annĂ©e 2007 abordait la dĂ©rive thĂ©rapeutique 
et sectaire Ă  travers la falsifi cation de la mĂ©moire enfouie appelĂ©e Ă©galement 
« syndrome des faux souvenirs induits Â». Les mois suivant cette publication ont 
Ă©tĂ© marquĂ©s par une avalanche de tĂ©moignages et de demandes d’aide adressĂ©s 
aux associations de dĂ©fense des victimes et Ă  la Mission, dĂ©nonçant notamment 
des techniques de « psychothĂ©rapie Â» intrusives dont le diagnostic prĂ©-Ă©tabli 
portait systématiquement sur des maltraitances ou agressions sexuelles com-
mises sur le client au cours de son enfance, dans un cadre intrafamilial.

La gravitĂ© de telles « rĂ©vĂ©lations Â» entraĂźne immanquablement une dĂ©s-

tabilisation du ou de la cliente et des ruptures avec son environnement, d’au-
tant que le praticien dans sa pseudo-relation d’aide suggĂ©rera d’en tirer toutes 
les conséquences.

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MIVILUDES 

▌

Le dĂ©veloppement rapide des psychothĂ©rapies au cours des derniĂšres 

dĂ©cennies n’a pas permis un encadrement suffi sant de ces activitĂ©s. La situation 
actuelle se caractĂ©rise par de nombreux facteurs de risque, Ă  commencer par 
une rĂ©elle impossibilitĂ© de l’usager Ă  effectuer un choix Ă©clairĂ© quant au pro-
fessionnel pressenti.

Cette situation alarmante implique l’enrichissement et l’intensifi cation 

des politiques publiques dans la vigilance, la prĂ©vention et la lutte contre les 
dérives sectaires induites par le dévoiement des pratiques psychothérapeutiques.
Cette mission de service public qu’est la protection de l’individu, et le rĂ©tablis-
sement de la confi ance dans des professions dont l’utilitĂ© est incontestable et 
qui auront à répondre de besoins grandissants dans un avenir proche, suggÚ-
rent plusieurs recommandations :
‱ 

Sur les méthodes et pratiques

 : dresser un inventaire prĂ©cis et rĂ©guliĂšrement 

actualisĂ© de l’offre Ă  risque, Ă©valuer les contenus, limites et la dangerositĂ© des 
pratiques non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique dont les psychothĂ©rapies 
et informer rĂ©guliĂšrement le grand public 

 2

.

‱ 

Sur le volet formation

 : inventorier la diversitĂ© de l’offre, informer les publics 

dont les professionnels sur les risques de certains cursus, et intensifi er  les 
contrÎles prévus par la réglementation en vigueur.
‱ 

Intensifi er et dĂ©velopper les actions de sensibilisation des agents publics

 pour 

une meilleure dĂ©tection des situations dangereuses et un dĂ©clenchement des 
actions administratives ou judiciaires appropriées.
‱ 

Protéger le titre de psychothérapeute

 par la publication rapide des disposi-

tions d’application de l’article 52 de la loi du 9 aoĂ»t 2004.
‱ 

Renforcer les sanctions

 Ă  l’encontre des thĂ©rapeutes recourant Ă  des mĂ©thodes 

non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique, facteur de mise en danger de leurs 
clients.
‱ 

Augmenter le nombre d’experts

 auprĂšs des instances judiciaires.

‱ 

Intensifi er la coordination et la coopĂ©ration des services de l’État

 dans l’iden-

tifi cation des conduites Ă  risque, notamment dans les domaines de la sĂ©curitĂ© 
intĂ©rieure en raison de risques de troubles Ă  l’ordre public (salons, colloques et 
conférences dans des lieux publics ou prestigieux). Ces actions devront égale-
ment concerner les fl ux fi nanciers Ă  cause de la facilitĂ© offerte Ă  ces praticiens 
pour dissimuler leurs ressources.
‱ 

Améliorer la défense des victimes et la réinsertion des anciens adeptes

 par le 

renforcement des moyens notamment en direction des associations.

Ces orientations devraient faire l’objet de programmes pluriannuels 

avec un phasage prĂ©cis de leur mise en Ɠuvre. En tout Ă©tat de cause, le renfor-
cement des actions publiques dans ce domaine revĂȘt un caractĂšre d’urgence.

2  -  Depuis l’annĂ©e 2007, le ministĂšre de la SantĂ© met en Ɠuvre un programme d’actions pluri-annuel sur les 
pratiques non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique. Ce plan comporte la crĂ©ation d’un outil de veille, la mise 
en place d’un groupe d’appui technique interinstitutionnel destinĂ© Ă  Ă©clairer de maniĂšre complĂšte et appro-
fondie les services, et le lancement d’une collaboration avec l’INSERM afi n d’évaluer ces mĂ©thodes, d’identifi er 
les dĂ©rives sectaires dans le champ de la santĂ© et de lancer des campagnes d’information pour le grand public.

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Rapport au Premier ministre 2008      Dossier : le risque santĂ©

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▌

Contribution 
du ministÚre de la Santé

Direction générale de la santé

Compte tenu des caractĂ©ristiques d’un certain nombre de pratiques 

non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique (PNCAVT), le ministĂšre chargĂ© 
de la SantĂ© a jugĂ© nĂ©cessaire d’établir un rapprochement pragmatique entre 
la lutte contre les dĂ©rives sectaires dans le champ de la santĂ© et celle contre les 
dĂ©rives thĂ©rapeutiques liĂ©es aux PNCAVT, qu’elles soient ou non exercĂ©es en 
milieu sectaire.

Ce rapprochement se justifi e par le fait que certaines PNCAVT prĂ©-

sentent des risques et des caractĂšres proches des dĂ©rives sectaires : fondement 
Ă©sotĂ©rique ou mystique, attachement aveugle au fondateur-promoteur de la 
mĂ©thode, modes d’organisation en rĂ©seau, fonctionnement commercial par 
Ă©tapes de plus en plus coĂ»teuses pour l’usager, prosĂ©lytisme.

Certes, nombreuses sont les PNCAVT qui ne présentent pas de carac-

tÚre sectaire, comme par exemple les pratiques inspirées de la médecine tra-
ditionnelle chinoise. Cependant, parmi elles, certaines pratiques peuvent pré-
senter des risques pour la santĂ© publique, notamment en termes de perte de 
chance pour les usagers, lorsqu’elles les dissuadent de recourir aux mĂ©thodes 
Ă©prouvĂ©es et scientifi quement validĂ©es de la mĂ©decine conventionnelle. Ce 
risque est d’autant plus prĂ©occupant lorsqu’il concerne des pathologies graves 
engageant le pronostic vital.

Actions menĂ©es par la Direction 
générale de la santé en 2008

PrĂ©paration de la mise en place 
d’un groupe d’appui technique

Le plan de lutte contre les dĂ©rives sectaires signĂ© par le ministre chargĂ© 

de la SantĂ© le 18 mars 2007 annonçait la mise en place d’un groupe d’appui 
technique placĂ© auprĂšs de la DGS pour procĂ©der Ă  l’analyse des pratiques les 
plus Ă  risques en termes de danger ou de perte de chance pour leurs utilisateurs.

Durant l’annĂ©e 2008, la rĂ©fl exion a  Ă©tĂ© approfondie afi n de prĂ©ciser 

concrĂštement le rĂŽle et la composition de ce groupe. À ce titre plusieurs rĂ©u-
nions prĂ©paratoires ont eu lieu avec les diverses institutions pressenties pour 
participer Ă  ce groupe de travail.

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MIVILUDES 

▌

Il a  ainsi Ă©tĂ© dĂ©fi ni que ce groupe, placĂ© auprĂšs du directeur gĂ©nĂ©ral de la 
santĂ©, aurait les missions suivantes :
– Aide au repĂ©rage et Ă  la classifi cation des PNCAVT dangereuses ou au 
contraire prometteuses.
– Aide Ă  la conception, Ă  la mise en Ɠuvre et au suivi de la politique de lutte 
contre les PNCAVT dangereuses.
– Mise en place d’une action d’information en direction du grand public par le 
biais d’un site Internet.

Suivi du protocole de coopĂ©ration en matiĂšre 
de médecine traditionnelle chinoise

ParallĂšlement, dans le cadre du protocole de coopĂ©ration en matiĂšre 

de mĂ©decine traditionnelle chinoise entre le gouvernement de la RĂ©publique 
française et le gouvernement de la RĂ©publique populaire de Chine, signĂ© le 
1

er

 mars 2007 par les deux États, la Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© a poursuivi sa 

participation au ComitĂ© de pilotage chargĂ© de lancer des appels Ă  projets pour 
l’évaluation de produits et de pratiques issus de cette mĂ©decine traditionnelle.

En effet, de nombreuses PNCAVT se prĂ©sentent, au nom d’une 

approche dite « Ă©nergĂ©tique Â» ou encore « holistique Â», comme Ă©tant inspirĂ©es 
par les fondements spirituels et par les méthodes thérapeutiques de la méde-
cine traditionnelle chinoise.

Il y a ainsi, par exemple, actuellement en France environ deux mille 

mĂ©decins acupuncteurs, formĂ©s Ă  cette pratique dans le cadre de l’univer-
sitĂ©. Mais un nombre nettement plus important de praticiens n’appartenant Ă  
aucune profession de santĂ© exerce divers types de soins, y compris l’acupunc-
ture, aprĂšs avoir Ă©tĂ© formĂ©, pendant des durĂ©es variables et parfois trĂšs courtes, 
dans l’une ou l’autre de la quarantaine d’instituts privĂ©s qui, en France, dĂ©li-
vrent des enseignements dits de médecine traditionnelle chinoise.

Évaluation de la mĂ©sothĂ©rapie

La mésothérapie est une pratique empirique non évaluée. Des acci-

dents infectieux rĂ©cents survenus Ă  l’occasion de soins de mĂ©sothĂ©rapie rĂ©alisĂ©s 
dans un but esthĂ©tique ont conduit la Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© Ă  s’inter-
roger non seulement sur les conditions de rĂ©alisation de cette mĂ©thode mais 
Ă©galement sur ses fondements physiologiques.

Actuellement, la mĂ©sothĂ©rapie est rĂ©pertoriĂ©e au sein de la classifi ca-

tion commune des actes mĂ©dicaux (CCAM), sous l’inscription « mĂ©sothĂ©rapie 
Ă  visĂ©e antalgique Â», sans remboursement par l’assurance-maladie. Or, les indi-
cations apparaissant sur le site de la SociĂ©tĂ© française de mĂ©sothĂ©rapie (SFM) 
sont beaucoup plus larges, incluant le traitement de l’asthme, de la bronchite 
chronique, des sinusites et la mĂ©decine esthĂ©tique qui occupe une grande 

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Rapport au Premier ministre 2008      Dossier : le risque santĂ©

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place. Aucun travail d’évaluation n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, notamment par la haute auto-
rité de santé (HAS) sur ce sujet.

La DGS a donc passĂ© en dĂ©cembre 2008 une convention d’étude avec 

l’INSERM pour Ă©valuer l’intĂ©rĂȘt de la mĂ©sothĂ©rapie.
L’objectif est de pouvoir Ă©valuer l’intĂ©rĂȘt thĂ©rapeutique de la pratique de la 
mésothérapie :
– Clarifi cation des indications allĂ©guĂ©es par les « mĂ©sothĂ©rapeutes Â».
– Identifi cation des risques liĂ©s Ă  cette pratique.
– Ă‰valuation de la plausibilitĂ© thĂ©rapeutique de cette pratique sur la base d’une 
expertise par des physiologistes.

Le travail comportera un recueil des informations contenues dans la 

littĂ©rature mĂ©dicale scientifi que nationale et internationale ainsi que la littĂ©ra-
ture destinĂ©e aux professionnels Ă  fi ns d’expertise. Au vu des rĂ©sultats obtenus, 
ce travail pourra dĂ©boucher sur la mise Ă  plat des pratiques de la mĂ©sothĂ©rapie 
en vue d’une Ă©valuation qualitative par Ă©tudes de cas et, Ă©ventuellement, d’une 
Ă©tude scientifi que permettant de juger de l’effi cacitĂ©/effi cience des prises en 
charge (essais randomisés ou études épidémiologiques).

Objectifs de la Direction gĂ©nĂ©rale 
de la santé pour 2009

Mise en place du groupe d’appui technique (GAT)

AprĂšs la crĂ©ation du groupe d’appui technique par arrĂȘtĂ© du directeur 

gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, la premiĂšre rĂ©union de ce groupe devrait intervenir dans 
le courant du premier semestre 2009.

Les institutions sollicitĂ©es pour ĂȘtre membres du GAT seront les sui-

vantes : Miviludes, INPES, HAS, AFSSAPS, DHOS, DSS, DGS (PP1 et MC4), 
AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine, INSERM, Ordre des mĂ©decins, ministĂšre 
de la Justice, Offi ce central de lutte contre les atteintes Ă  l’environnement et 
Ă  la santĂ© publique (OCLAESP). Le GAT comptera aussi parmi ses membres 
trois praticiens experts : un cancĂ©rologue, un rhumatologue, un psychiatre. Ces 
spĂ©cialitĂ©s correspondent en effet aux champs le plus souvent investis par les 
PNCAVT.

En outre, selon les circonstances et les besoins, le GAT pourra solliciter 

la contribution ponctuelle d’autres institutions et celle d’associations concer-
nĂ©es par les PNCAVT, parmi lesquelles : l’IGAS, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, le 
ministĂšre de l’Éducation nationale, les ordres des professions de santĂ© autres 
que mĂ©decins, le Collectif interassociatif sur la santĂ© (CISS), l’Union nationale 
de dĂ©fense des familles et de l’individu (UNADFI), le Centre contre les mani-
pulations mentales – Centre Roger-Ikor (CCMM)...

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MIVILUDES 

▌

La mission prioritaire de ce groupe sera de contribuer Ă  l’élaboration 

d’une information objective Ă  l’attention du grand public sur les pratiques non 
conventionnelles, en s’intĂ©ressant dans un premier temps aux pratiques les 
plus courantes (mésothérapie, acupuncture, homéopathie, ostéopathie ...).

Organisation d’un encadrement juridique

L’état actuel du droit ne permet pas de mettre en cause des pratiques, 

mais seulement les individus qui les conçoivent et les utilisent, sur la base de 
la mise en danger d’autrui, de l’exercice illĂ©gal de la mĂ©decine, de la publi-
citĂ© mensongĂšre, etc. L’expĂ©rience montre que les plaintes Ă  l’encontre de ces 
individus aboutissent rarement. Aussi, Ă  l’instar des mesures d’encadrement 
qui ont Ă©tĂ© introduites pour les actes Ă  visĂ©e esthĂ©tique (projet de loi portant 
rĂ©forme de l’hĂŽpital et relatif aux patients, Ă  la santĂ© et aux territoires, n

o

 1210 

rectifi Ă©, dĂ©posĂ© le 22 octobre 2008), il est envisagĂ©, avec l’aide du groupe d’ap-
pui technique, d’encadrer les pratiques « prometteuses Â» et de procĂ©der Ă  l’in-
terdiction des pratiques jugées dangereuses.

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Rapport au Premier ministre 2008 

 121

▌

4

 e 

partie

ActivitĂ©s 
administratives 2008

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 123

▌

Les ministĂšres en 2008

Contribution du ministĂšre des Affaires 
étrangÚres et européennes (MAEE)

Le MAEE met Ă  disposition de la Miviludes un conseiller diplomatique 

permanent. Le conseiller pour les affaires religieuses (CAR) reprĂ©sente d’autre 
part ce ministĂšre au sein du comitĂ© exĂ©cutif de pilotage opĂ©rationnel (CEPO) 
de la Miviludes, avec le sous-directeur de la sécurité (ASD/SEC).

Organisation de missions Ă  l’étranger 
pour les membres de la Miviludes

La Miviludes est amenĂ©e, de par ses responsabilitĂ©s de veille en matiĂšre 

d’évolution du risque et de prĂ©vention des dĂ©rives sectaires, Ă  s’intĂ©resser Ă  l’as-
pect international de ces questions, en raison du caractĂšre transfrontalier des 
organisations Ă  caractĂšre sectaire. Il lui incombe par ailleurs, en liaison avec le 
MAEE, d’informer les partenaires de la France de son activitĂ© de vigilance et 
de lutte contre les dĂ©rives sectaires et d’expliquer la lĂ©gislation française en la 
matiĂšre ainsi que le contexte de sa mission.

Dans ce cadre, les diffĂ©rentes missions menĂ©es par la Miviludes en 2008 

ont Ă©tĂ© les suivantes :

‱ Approches comparatives des politiques publiques de lutte contre les 

dĂ©rives sectaires au QuĂ©bec – 18 au 20 mars 2008.

Du 18 au 20  mars 2008, deux membres de la Miviludes, dont la 

Secrétaire générale, se sont rendus au Québec (Canada).

Cette deuxiĂšme mission exploratoire, en collaboration avec le consulat 

général de France au Québec, avait pour objectif de rencontrer les interlocu-
teurs associatifs et professionnels en charge de l’aide aux victimes en gĂ©nĂ©ral, 
et plus particuliĂšrement ceux chargĂ©s des mineurs. L’accent a étĂ© mis Ă  la fois 
sur la reconstruction psychique des victimes et la réparation par indemnisa-
tion de ce prĂ©judice suivi par le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels 
(CAVAC).

La rencontre avec des victimes ex-adeptes de mouvements fermĂ©s a étĂ© 

particuliùrement pleine d’enseignements.

‱  Table ronde sur l’émergence du phĂ©nomĂšne sectaire en Croatie 

– 1

er

 mars 2008.

À l’initiative du quotidien 

Novo List

, une table ronde consacrĂ©e Ă  l’émer-

gence et au dĂ©veloppement du phĂ©nomĂšne sectaire en Croatie s’est tenue le 
1

er

 mars 2008.

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MIVILUDES 

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Psychologues, psychiatres, journalistes et juristes, dont un professeur 

de droit pĂ©nal, se sont relayĂ©s pour prĂ©senter leur approche du phĂ©nomĂšne 
dans un pays oĂč une pareille manifestation Ă©tait organisĂ©e pour la premiĂšre 
fois.

Le représentant de la Miviludes a décrit le dispositif institutionnel pré-

valant en France, ainsi que le cadre juridique, administratif et judiciaire dans 
lequel s’exerce l’action interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les 
dérives sectaires.

‱  ConfĂ©rence d’examen annuelle de la dimension humaine dans 

l’OSCE – du 6 au 8 octobre 2008.

Une dĂ©lĂ©gation de la Miviludes, conduite par son PrĂ©sident, Georges 

Fenech, s’est rendue en Pologne pour la ConfĂ©rence d’examen annuelle de la 
dimension humaine organisĂ©e par le Bureau des institutions dĂ©mocratiques 
et des droits de l’Homme (BIDDH) – institution de l’OSCE – qui s’est tenue 
Ă  Varsovie Ă  l’automne 2008. Cette rĂ©union d’experts (fonctionnaires interna-
tionaux et personnalitĂ©s qualifi Ă©es) est ouverte aux ONG qui y participent en 
nombre. La FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d’information 
sur le sectarisme (FECRIS) y participait pour la premiÚre fois.

Les membres de la Miviludes ont suivi avec attention les interventions 

menĂ©es dans le cadre des sessions de travail consacrĂ©es d’une part aux ques-
tions d’intolĂ©rance et de discrimination, d’autre part Ă  la libertĂ© de pensĂ©e, de 
conscience, de religion ou de croyance.

Aux attaques de certaines ONG concernant la politique de vigilance et 

de lutte contre les dĂ©rives sectaires (reproches sur les subventions accordĂ©es 
aux associations, action de la Miviludes, etc.), la dĂ©lĂ©gation française, par la 
voix du conseiller pour les affaires religieuses, a justifi Ă© l’attitude de la France, 
notamment en ce qui concerne la protection des victimes. Il a  Ă©galement 
dĂ©noncĂ© les procĂšs d’intention intentĂ©s au nouveau PrĂ©sident de la Miviludes.

Étude sur le satanisme sur le continent europĂ©en

À la demande de la Miviludes, une quarantaine de nos postes diploma-

tiques sur le continent europĂ©en ont Ă©tĂ© sollicitĂ©s en 2008 afi n de fournir des 
Ă©lĂ©ments d’information sur les manifestations de satanisme dans leurs pays de 
rĂ©sidence ainsi que sur les dispositions lĂ©gislatives Ă©ventuellement applicables 
Ă  ces mouvements. Les rĂ©sultats de ces enquĂȘtes ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  la Miviludes 
qui les a intĂ©grĂ©s Ă  ses propres observations dans la premiĂšre partie du prĂ©sent 
rapport.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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Étude sur l’assistance aux victimes des dĂ©rives 
sectaires sur le continent européen

À la demande de la Miviludes, une quarantaine de nos postes diplo-

matiques sur le continent europĂ©en ont Ă©tĂ© sollicitĂ©s en 2008 afi n de recueillir 
les Ă©lĂ©ments d’information permettant de comparer les dispositifs d’assistance 
aux victimes des dĂ©rives sectaires sur le continent europĂ©en. Les rĂ©sultats de 
ces enquĂȘtes sont intĂ©grĂ©s par la Miviludes dans la deuxiĂšme partie du prĂ©sent 
rapport.

Politique française auprĂšs des instances 
internationales

Le dĂ©partement fait valoir dans les enceintes concernĂ©es que les activitĂ©s de la 
Miviludes respectent pleinement les conventions internationales que la France 
a ratifi Ă©es dans ce domaine, notamment le Pacte des Nations unies sur les liber-
tĂ©s civiles et politiques de 1966 et la Convention europĂ©enne de sauvegarde 
des droits de l’Homme et des libertĂ©s fondamentales de 1950. Il souligne que 
la politique menĂ©e en France n’a pas pour but de limiter la libertĂ© de religion 
et de conscience mais de prĂ©venir le risque de dĂ©rives sectaires et d’informer le 
public Ă  cet Ă©gard. En ce sens, le dĂ©partement insiste auprĂšs de nos partenaires 
sur trois points :
– Que ce ne sont pas des mouvements spĂ©cifi ques qui sont sous surveillance 
mais des types de comportements délictueux.
– Que les activitĂ©s pĂ©nalement rĂ©prĂ©hensibles sont poursuivies devant les tribu-
naux de droit commun.
– Que la Miviludes existe car les victimes de dĂ©rives sectaires s’attendent Ă  ĂȘtre 
soutenues et aidées par les pouvoirs publics.

Consultations pour les nominations d’experts

C’est en concertation que le PrĂ©sident de la Miviludes et le conseiller 

pour les affaires religieuses veillent au renouvellement des experts français du 
« groupe sur la libertĂ© religieuse et de croyance Â» du Bureau des institutions 
dĂ©mocratiques et des droits de l’Homme (BIDDH) de l’OSCE.

Utilisation de la valise diplomatique pour 
la transmission des documents de la Miviludes

Le dĂ©partement se charge de transmettre, 

via

 le service de la valise, la 

documentation publiĂ©e par la Miviludes aux diffĂ©rents postes diplomatiques 
et consulaires. Ainsi, le rapport 2007 a notamment fait l’objet d’un envoi en 
février 2008.

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MIVILUDES 

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Contribution du ministĂšre 
de l’Agriculture et de la PĂȘche

Les services du ministĂšre de l’Agriculture et de la PĂȘche (MAP) ont en 

charge de nombreuses missions concernant principalement :
– 

la sĂ©curitĂ© et la qualitĂ© de l’alimentation ;

– 

la formation agricole et l’emploi en milieu rural ;

– 

le dĂ©veloppement et l’amĂ©nagement des territoires ruraux ;

– 

la qualitĂ© et la disponibilitĂ© de l’eau ;

– 

la prĂ©servation de l’environnement et la gestion des espaces naturels.

Les 35 000 agents qui participent Ă  ces missions sont rĂ©partis sur l’en-

semble du territoire français. La moitiĂ© d’entre eux exercent dans le secteur 
de l’enseignement agricole. 2 000 personnes basĂ©es Ă  Paris et 400 Ă  Toulouse 
constituent l’administration centrale du ministùre. Les autres agents appar-
tiennent aux services dĂ©concentrĂ©s ou aux Ă©tablissements publics sous tutelle 
répartis sur toute la France métropolitaine et dans les Dom-Tom.

Le MAP est reprĂ©sentĂ© au ComitĂ© exĂ©cutif de pilotage opĂ©rationnel 

(CEPO) de la Miviludes depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2007.

AprĂšs la nĂ©cessaire phase de dĂ©couverte de l’institution, cette contribu-

tion au rapport d’activitĂ© de la Mission est la premiĂšre apportĂ©e par le minis-
tùre de l’Agriculture.

À la lumiĂšre des travaux du CEPO auquel ses reprĂ©sentants ont parti-

cipĂ©, les dĂ©cisions ou actions suivantes ont Ă©tĂ© prises ou rĂ©alisĂ©es :

‱ Établissement d’un lien informatique entre le site Internet du MAP 

et le site de la Miviludes.

Afi n de permettre l’accĂšs aux informations prĂ©sentes sur le site Internet 

de la Miviludes, cet accĂšs a étĂ© ouvert par la dĂ©lĂ©gation Ă  l’information et Ă  la 
communication. Le choix d’un lien 

via

 le site Internet du MAP a étĂ© fait car 

les réseaux Intranet ne sont pas encore parfaitement homogÚnes entre le sec-
teur de l’enseignement agricole et les autres secteurs d’emploi du MAP ; or 
la volontĂ© est de faire bĂ©nĂ©fi cier tous les agents du MAP (ainsi que ceux de 
ses Ă©tablissements publics sous tutelle) de cette information. ParallĂšlement, la 
Direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement et de la recherche (DGER) a également 
Ă©tabli un lien vers le site de la Miviludes depuis son site Intranet, plus parti-
culiĂšrement utilisĂ© par les agents du secteur de l’enseignement agricole. Une 
communication 

via

 les mĂ©dias internes sur l’ouverture de ces liens est prĂ©vue 

au dĂ©but de l’annĂ©e 2009.

‱ Participation à la veille documentaire.

L’abondance d’informations transmise par la Miviludes a  conduit la 

DGER Ă  effectuer un premier traitement/sĂ©lection des sujets Ă  porter Ă  la 

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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connaissance des agents les plus concernés. Cette sélection est ensuite trans-
mise aux services répartis sur le territoire.

‱  Demande d’intervention de la Miviludes devant les dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©gio-

naux Ă  la formation continue des personnels, lors de leur sĂ©minaire de 
mai 2009.

Cette intervention, dĂ©jĂ  demandĂ©e lors du sĂ©minaire d’octobre 2008, 

n’a pu ĂȘtre programmĂ©e qu’en mai 2009. L’objectif est de sensibiliser les relais 
du service des ressources humaines que sont ces dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©gionaux aux risques 
potentiels que peuvent représenter certains organismes proposant de la forma-
tion au dĂ©veloppement personnel. Le MAP est, avec le ministĂšre de l’Écolo-
gie, de l’Énergie, du DĂ©veloppement durable et de l’AmĂ©nagement du terri-
toire (MEEDDAT), l’une des premiĂšres administrations Ă  avoir expĂ©rimentĂ© la 
rĂ©forme des services de l’État, par la fusion des Directions dĂ©partementales de 
l’agriculture et de la forĂȘt (DDAF) et des Directions dĂ©partementales de l’équi-
pement (DDE) dĂšs le 1

er

  janvier 2007 dans huit dĂ©partements. Les change-

ments induits par ces rĂ©organisations, amplifi Ă©s ensuite par les dĂ©cisions prises 
par le comitĂ© de modernisation des politiques publiques, concourent Ă  une 
dĂ©stabilisation certaine des agents, malaise qui peut ĂȘtre mis Ă  profi t par des 
acteurs ou organisations mal intentionnés.

‱ ActivitĂ©s propres au secteur de l’enseignement agricole.

L’enseignement agricole, deuxiĂšme systĂšme Ă©ducatif en France, scola-

rise 175 000 Ă©lĂšves, 13 000 Ă©tudiants, 30 000 apprentis et de nombreux stagiaires 
prĂ©sents dans plus de 850 Ă©tablissements rĂ©partis sur l’ensemble du territoire. 
Plus de 13 000 agents travaillent auprĂšs de ces publics pour assurer les cinq mis-
sions dĂ©volues Ă  cet enseignement, parmi lesquelles l’insertion sociale, scolaire 
et professionnelle.
L’annĂ©e scolaire 2007-2008 a étĂ© l’occasion d’amorcer une sensibilisation des 
membres de la communautĂ© Ă©ducative Ă  la prĂ©vention des dĂ©rives sectaires 
selon trois axes : s’informer et ĂȘtre vigilant, encadrer et accompagner, appli-
quer la loi. Dans ce sens, plusieurs actions ont Ă©tĂ© conduites :
– Demande de participation des reprĂ©sentantes du MAP qui siĂšgent au comitĂ© 
interministĂ©riel au sĂ©minaire annuel de formation et d’information Ă  destina-
tion des correspondants acadĂ©miques du ministĂšre de l’Éducation nationale.
– Appui aux personnels confrontĂ©s Ă  des situations pouvant relever de phĂ©-
nomĂšnes sectaires sur deux points : le dialogue avec la famille et la rĂ©alisation 
d’un signalement auprĂšs du procureur de la RĂ©publique. Un cas signalĂ© a fait 
l’objet d’une dĂ©marche auprĂšs du procureur, celui d’une jeune fi lle qui sou-
haitait ĂȘtre dĂ©scolarisĂ©e pour opĂ©rer un retour Ă  la nature auprĂšs de sa mĂšre 
vivant dans une yourte et membre d’une association pouvant relever d’une 
mouvance sectaire.
– Intervention le 18 dĂ©cembre 2008 d’un membre du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral per-
manent de la Miviludes dans le cadre de la formation initiale des 140 person-
nels issus des concours internes et externes (enseignants – conseillers princi-

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MIVILUDES 

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paux d’éducation – techniciens – infi rmiĂšres) afi n d’appeler leur attention sur 
toutes les formes des activités sectaires.
– Mise en place d’un groupe de travail sur les points de vigilance Ă  repĂ©rer lors 
de la recherche d’un intervenant ou d’un consultant, notamment sur les thĂ©-
matiques « santĂ©-prĂ©vention, dĂ©veloppement personnel Â». Ce travail est conduit 
au sein du rĂ©seau RESEDA qui regroupe des acteurs agissant sur le thĂšme de 
l’éducation pour la santĂ©. Cette rĂ©fl exion va ĂȘtre Ă©tendue au secteur de la for-
mation continue des personnels, d’autant qu’un cas suspect d’intervention 
dans un stage de « management relationnel Â» dans le nord-est de la France 
a étĂ© signalĂ© par l’inspectrice gĂ©nĂ©rale en charge des services vĂ©tĂ©rinaires dans 
cette rĂ©gion. Ce cas a étĂ© rapportĂ© au SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Miviludes par le 
bureau de la formation continue et du dĂ©veloppement des compĂ©tences. Les 
reprĂ©sentantes du MAP sont d’ailleurs trĂšs demandeuses des Ă©lĂ©ments d’appui 
que pourrait d’ores et dĂ©jĂ  leur apporter la Miviludes, dans cette rĂ©fl exion.

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Contribution du ministĂšre du Budget, 
comptes publics et fonction publique : 
Direction gĂ©nĂ©rale des fi nances 
publiques

Au cours de l’annĂ©e 2008, la Direction gĂ©nĂ©rale des fi nances publiques 

(DGFiP) a étĂ© amenĂ©e Ă  contribuer Ă  la mise en place de nouveaux dispositifs 
lĂ©gislatifs susceptibles d’ĂȘtre mis en Ɠuvre, en tant que de besoin dans le cadre 
de la lutte contre les dĂ©rives sectaires : l’extension du droit de communication 
Ă  certaines donnĂ©es dĂ©tenues par les opĂ©rateurs sur le rĂ©seau Internet, la dĂ©fi -
nition des modalitĂ©s de traitement des demandes des associations sollicitant la 
reconnaissance de leur caractĂšre cultuel, ainsi que la levĂ©e, dans certains cas 
exceptionnels, du secret fi scal Ă  l’égard de certains services de renseignement.

‱  L’extension du droit de communication Ă  certaines donnĂ©es dĂ©te-

nues par les opérateurs sur le réseau Internet.

Du fait de son extension, de sa facilitĂ© d’accĂšs et de la rapiditĂ© des 

Ă©changes qu’il permet, le rĂ©seau Internet peut s’avĂ©rer propice au dĂ©veloppe-
ment d’activitĂ©s occultes ou partiellement dĂ©clarĂ©es, en offrant aux particuliers 
ou aux professionnels la possibilitĂ© de proposer des produits ou des services Ă  
la vente sous couvert de pseudonymes.

Le dĂ©veloppement du commerce sur l’Internet est dĂšs lors susceptible 

de favoriser Ă©galement l’accroissement des risques de dĂ©rives sectaires, par le 
biais, notamment, de la diffusion de méthodes thérapeutiques non conven-
tionnelles et de la vente, parfois associĂ©e, de produits illicites ou dangereux en 
dehors de toute prescription médicale, soit de la commercialisation non décla-
rĂ©e d’ouvrages ou d’actions de formation individuelles ou collectives.

ChargĂ©e notamment d’une mission de lutte contre la fraude et l’écono-

mie souterraine, l’administration fi scale ne disposait cependant pas des moyens 
juridiques permettant d’obtenir des opĂ©rateurs les informations nĂ©cessaires Ă  
la dĂ©tection et Ă  l’identifi cation des vendeurs rĂ©guliers non dĂ©clarĂ©s.

Afi n de remĂ©dier Ă  cette situation, la loi de fi nances rectifi cative pour 

2008 a  Ă©tendu le droit de communication des agents de l’administration fi s-
cale aux donnĂ©es conservĂ©es et traitĂ©es par les opĂ©rateurs de communication 
Ă©lectroniques, les fournisseurs d’accĂšs, les fournisseurs d’hĂ©bergement et par 
les prestataires en ligne, telles que l’identitĂ© du vendeur ou du prestataire, et 
le cas Ă©chĂ©ant, la nature des biens ou services vendus et le montant des ventes 
ou prestations effectuées.

‱ Le traitement des demandes des associations sollicitant la reconnais-

sance de leur caractĂšre cultuel.

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MIVILUDES 

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ConformĂ©ment aux dispositions de l’article 200-1 e) du code gĂ©nĂ©ral 

des impĂŽts, les dons effectuĂ©s au profi t d’associations cultuelles ouvrent droit Ă  
la rĂ©duction d’impĂŽt sur le revenu prĂ©vue au titre des dons aux Ɠuvres.

Jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur de l’ordonnance n

o

 2005-856 du 28 juillet 

2005 portant simplifi cation du rĂ©gime des libĂ©ralitĂ©s consenties aux associa-
tions, fondations et congrĂ©gations, de certaines dĂ©clarations administratives 
incombant aux associations et modifi cations des obligations des associations 
et fondations relatives Ă  leurs comptes annuels, cette rĂ©duction d’impĂŽt Ă©tait 
consentie pour les versements opĂ©rĂ©s au profi t des associations cultuelles qui 
Ă©taient autorisĂ©es par l’autoritĂ© prĂ©fectorale Ă  recevoir des donations et legs.

L’ordonnance n

o

 2005-856 du 28 juillet 2005 a supprimé cette autorisa-

tion administrative préalable.

Il rĂ©sulte dĂ©sormais des dispositions de l’article 910 du code civil modi-

fi Ă©es par cette ordonnance que l’autorisation administrative de recevoir des 
dons et legs n’est plus nĂ©cessaire pour que les associations cultuelles et de bien-
faisance puissent recevoir ces libéralités.

Toutefois, ces organismes ont l’obligation de dĂ©clarer chaque donation 

et legs Ă  l’autoritĂ© administrative qui peut alors former une opposition 

 1

 en 

cas d’inaptitude du donataire Ă  utiliser la libĂ©ralitĂ© conformĂ©ment Ă  son objet 
statutaire.

Dans ce contexte juridique nouveau, une circulaire, Ă©laborĂ©e avec le 

concours des ministĂšres de l’IntĂ©rieur, de la Justice et du Budget, des Comptes 
publics et de la Fonction publique, précisera notamment les modalités de trai-
tement des demandes des associations sollicitant la reconnaissance de leur 
caractĂšre cultuel, dans le cadre de la procĂ©dure de rescrit fi scal prĂ©vue par 
l’article L 80 C du Livre de procĂ©dures fi scales (LPF).

‱  La levĂ©e du secret professionnel Ă  l’égard de certains services de 

renseignement.

En raison de l’emprise psychique qu’ils tendent Ă  dĂ©velopper sur leurs 

adeptes, les mouvements Ă  caractĂšre sectaire sont susceptibles de prĂ©senter des 
risques d’intrusion dans le champ de l’activitĂ© des entreprises ou des collectivi-
tĂ©s publiques et de porter ainsi atteinte, dans des cas exceptionnels, Ă  la sĂ»retĂ© 
de l’État.

Les agissements de cette nature sont susceptibles de relever du disposi-

tif de levĂ©e du secret fi scal prĂ©vu par l’article L. 135 S du LPF, qui dispose que, 

« aux  fi ns de recherche et de prĂ©vention des atteintes aux intĂ©rĂȘts fondamentaux de la 
Nation en matiĂšre de sĂ©curitĂ© publique et de sĂ»retĂ© de l’État, les agents individuellement 
dĂ©signĂ©s et dĂ»ment habilitĂ©s des services de renseignement spĂ©cialisĂ©s, placĂ©s sous l’auto-
ritĂ© des ministres chargĂ©s de la DĂ©fense et de l’IntĂ©rieur, peuvent demander aux adminis-
trations chargĂ©es de l’assiette, du recouvrement ou du contrĂŽle des impĂŽts et des recettes 

1  -  Dans les conditions prĂ©cisĂ©es par le dĂ©cret n

o

 2007-807 du 11 mai 2007.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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douaniĂšres de toutes sortes, sans qu’elles puissent leur opposer le secret professionnel, de 
leur communiquer tout document utile Ă  l’exercice de leurs missions Â»

.

Un dĂ©cret d’application, prĂ©parĂ© conjointement par les ministĂšres de 

l’IntĂ©rieur, de la DĂ©fense et du Budget, des Comptes publics et de la Fonction 
publique, prĂ©cisera prochainement le champ d’application et les modalitĂ©s de 
mise en Ɠuvre de ce dispositif.

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MIVILUDES 

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Contribution du ministĂšre de la Justice
Direction des affaires criminelles 
et des grĂąces

Le magistrat chargĂ© des « dĂ©rives sectaires Â», au sein de la Direction 

des affaires criminelles et des grĂąces du ministĂšre de la Justice a, dans le pro-
longement de l’annĂ©e 2007, eu Ă  connaĂźtre seize nouveaux dossiers d’action 
publique, en complément des dossiers en cours au 31 décembre 2008.

‱ ActivitĂ© pĂ©nale

Afi n de refl Ă©ter l’activitĂ© des juridictions pĂ©nales, en matiĂšre de lutte 

contre les dĂ©rives sectaires, plusieurs dossiers d’action publique peuvent utile-
ment ĂȘtre Ă©voquĂ©s.

‱ 

Le mouvement du Graal

En complĂ©ment des informations communiquĂ©es dans les rapports 

annuels de 2006 et 2007, il convient de prĂ©ciser que cette affaire a étĂ© Ă©voquĂ©e 
en audience d’appel du 26 au 28  fĂ©vrier 2008. Le dĂ©libĂ©rĂ© a  Ă©tĂ© prorogĂ© au 
17 février 2009.

Pour mĂ©moire, Ă  la suite du dĂ©cĂšs d’Évelyne Marsaleix, atteinte d’un 

cancer du sein, deux mĂ©decins Ă©taient poursuivis des chefs de non-assistance Ă  
personne en danger et d’homicide involontaire. RelaxĂ©s sur le fondement de 
la seconde infraction, ils Ă©taient en revanche condamnĂ©s Ă  deux ans d’empri-
sonnement avec sursis et interdiction d’exercer la mĂ©decine pour non-assis-
tance Ă  personne en danger.

Par arrĂȘt du 17 fĂ©vrier 2009, la cour d’appel de Douai a relaxĂ© celui des 

deux médecins qui avait interjeté appel, présenté comme un membre impor-
tant du mouvement du Graal en France.

‱ 

L’Ordre du Temple Solaire

Par un arrĂȘt du 20 dĂ©cembre 2006, la cour d’appel de Grenoble confi r-

mait la relaxe de Michel Tabachnik, prononcĂ©e le 25 juin 2001 par la juridiction 
pĂ©nale de premiĂšre instance de cette mĂȘme ville. Cette personne Ă©tait poursui-
vie pour association de malfaiteurs, Ă  l’issue de l’instruction judiciaire ouverte en 
dĂ©cembre 1995, Ă  la suite de la dĂ©couverte dans une forĂȘt du Vercors de seize corps 
calcinĂ©s, appartenant Ă  des personnes en lien avec l’Ordre du Temple Solaire.

Par arrĂȘt du 16  mai 2007, la Cour de cassation a  rejetĂ© les pourvois 

interjetés par les parties civiles.

‱ 

Association « Le Patriarche Â»

En complĂ©ment des informations communiquĂ©es dans le rapport 

annuel de 2007, il convient de prĂ©ciser que, le 30 avril 2008, la cour d’appel 
de Toulouse, sur appel du jugement prĂ©citĂ©, a constatĂ© l’extinction de l’action 

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publique Ă  l’égard de Lucien Engelmejer, Ă  la suite de son dĂ©cĂšs. Elle a  par 
ailleurs confi rmĂ© les relaxes totales prononcĂ©es au profi t de quatre personnes 
et confi rmĂ© ou aggravĂ© les peines prononcĂ©es en premiĂšre instance.

Cinq pourvois en cassation sont en cours.

‱ Formation au fait sectaire

En 2008, une session de formation continue Ă©tait organisĂ©e par l’École 

nationale de la magistrature, codirigĂ©e par le magistrat chargĂ© des « dĂ©rives 
sectaires Â» et un procureur gĂ©nĂ©ral.

Cette session dĂ©veloppait cette annĂ©e deux nouveaux points : d’une 

part, une approche des dĂ©rives sectaires en matiĂšre de dĂ©linquance fi nanciĂšre 
et, d’autre part, une comparaison avec d’autres approches europĂ©ennes insti-
tutionnelles et juridiques de la notion de sectes.

Le magistrat chargĂ© des « dĂ©rives sectaires Â» intervenait Ă  plusieurs reprises 

auprĂšs d’administrations dans le cadre de la formation au fait sectaire, notamment 
au bĂ©nĂ©fi ce des offi ciers de police judiciaire de la gendarmerie nationale.

‱ Appui technique Ă  la mission de rĂ©fl exion 
et d’évaluation des dispositifs judiciaires 
de lutte contre les dérives sectaires

Le 22  avril 2008, le Premier ministre confi ait Ă  Georges Fenech une 

mission de rĂ©fl exion et d’évaluation des dispositifs judiciaires de lutte contre 
les dĂ©rives sectaires. Le chargĂ© de mission sur la question des dĂ©rives sectaires 
apportait un appui logistique et documentaire Ă  Georges Fenech et assistait 
aux auditions réalisées.

Monsieur le directeur des affaires criminelles et des grĂąces, auditionnĂ© 

par Georges Fenech, a prĂ©sentĂ© l’action de sa direction mais aussi les modalitĂ©s 
de coopération des magistrats référents sur les dérives sectaires dans les par-
quets gĂ©nĂ©raux avec les autres services de l’État.

Direction de l’administration 
pénitentiaire

En 2008, l’administration pĂ©nitentiaire a  constatĂ© des tentatives de 

prise de contact auprÚs des détenus.
Les instructions donnĂ©es sont :
– Remise du courrier au dĂ©tenu avec une mention d’alerte.
– Avertissement apposĂ© dans les locaux d’accueil des familles.
– Information du parquet selon les instructions de la circulaire JUSD98 30145C 
du 1

er

 décembre 1998.

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MIVILUDES 

▌

Une rĂ©union a étĂ© organisĂ©e entre la Miviludes et la Direction de l’ad-

ministration pĂ©nitentiaire le 13 novembre 2008 du fait de la multiplication des 
demandes des Ă©tablissements concernant les mouvements sectaires (envoi de 
brochures, de correspondances, appel Ă  des formations en direction des per-
sonnes détenues).

Cette multiplication est probablement liĂ©e Ă  la mise en Ɠuvre d’un 

principe de prĂ©caution par les directeurs d’établissement, mais aussi Ă  une 
meilleure connaissance du risque sectaire.

Direction de la protection judiciaire 
de la jeunesse

‱ Partenariat interne au ministĂšre de la Justice 
concernant les questions relatives aux sectes

La Direction de la protection judiciaire de la jeunesse a continuĂ© en 

2008 ses travaux en partenariat avec la mission sectes de la Direction des affaires 
criminelles et des grĂąces puis avec le magistrat chargĂ© des « dĂ©rives sectaires Â». 
Dans ce cadre, elle a notamment effectuĂ© le suivi rĂ©gulier des dossiers d’assis-
tance éducative concernant les mineurs suivis par les juges des enfants et pré-
sentant un lien direct ou indirect avec une problĂ©matique sectaire. Une dizaine 
de « dossiers vivants Â» a ainsi fait l’objet d’un suivi au cours de l’annĂ©e 2008.

Ces dossiers ont fait l’objet d’une rĂ©actualisation, s’accompagnant d’une 

remise Ă  jour de la synthĂšse des mineurs concernĂ©s et d’une rĂ©fl exion plus gĂ©nĂ©-
rale sur les pistes de travail susceptibles d’ĂȘtre empruntĂ©es au cours de l’annĂ©e 
2009. Parmi celles-ci, la mise en Ɠuvre d’une nouvelle enquĂȘte auprĂšs des juges 
des enfants et des services de la protection judiciaire de la jeunesse et la formation 
initiale et/ou continue des personnels Ă©ducatifs, semblent devoir ĂȘtre privilĂ©giĂ©es.

‱ Formation

Au cours du dernier trimestre de l’annĂ©e 2008, la Direction de la pro-

tection judiciaire de la jeunesse a dĂ©signĂ© au sein de chacune des directions 
interrégionales de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) un correspon-
dant « dĂ©rives sectaires Â». Ces correspondants, qui seront les interlocuteurs pri-
vilĂ©giĂ©s des parquets spĂ©cialisĂ©s et des cellules de vigilance, ont participĂ© Ă  la 
formation annuelle spĂ©cifi que organisĂ©e sur ce thĂšme par l’antenne parisienne 
de l’École nationale de la magistrature en dĂ©cembre 2008.

Direction des affaires civiles et du Sceau

Sur le plan civil, deux dĂ©cisions peuvent ĂȘtre citĂ©es, dont il ressort qu’en 

matiĂšre d’autoritĂ© parentale, le seul critĂšre qui guide les juridictions du fond 

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 135

▌

pour statuer sur les modalitĂ©s d’exercice de l’autoritĂ© parentale est celui de l’intĂ©-
rĂȘt de l’enfant. Cette apprĂ©ciation repose sur l’analyse des circonstances propres 
Ă  chaque affaire, et non sur des considĂ©rations gĂ©nĂ©rales quant Ă  l’infl uence sup-
posĂ©e nĂ©faste pour l’enfant de tel ou tel mouvement auquel l’un des parents ou 
les deux seraient affi liĂ©s. La question de la dĂ©rive sectaire ne se pose donc pas en 
tant que telle pour le juge aux affaires familiales. Seul importe l’impact Ă©ventuel 
du mode de vie choisi par les parents sur l’organisation du quotidien de l’enfant, 
le rĂŽle des magistrats Ă©tant de s’assurer que les mesures proposĂ©es apparaissent 
compatibles avec le dĂ©veloppement psycho-affectif de l’enfant.

Ainsi, aux termes d’un arrĂȘt du 9 avril 2008, la cour d’appel de Paris 

a confi rmĂ© la dĂ©cision du juge aux affaires familiales rendue en premiĂšre ins-
tance ayant fi xĂ© la rĂ©sidence des enfants chez la mĂšre, impliquĂ©e dans le mou-
vement et les prĂ©ceptes 

Reiki

. La cour a ainsi soulignĂ© que l’enquĂȘtrice sociale 

avait constatĂ© les capacitĂ©s de discernement des enfants, assez grands (de 12 Ă  
18 ans) pour juger de la diffĂ©rence entre secte et croyance, qu’aucun Ă©lĂ©ment 
non conforme Ă  l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur des enfants n’était Ă©voquĂ© par le pĂšre, et 
que les résultats scolaires des enfants étaient satisfaisants.

Dans une dĂ©cision en date du 16 avril 2007, la cour d’appel de Rennes 

a au contraire estimĂ© que l’intĂ©rĂȘt des enfants justifi ait d’ordonner le transfert 
de la rĂ©sidence des deux aĂźnĂ©s au domicile du pĂšre. Les magistrats ont relevĂ© 
que les pratiques religieuses de la mĂšre avaient des consĂ©quences nĂ©fastes pour 
les enfants. Ils ont constatĂ© que cette derniĂšre, adepte d’un groupe spirituel, 
avait en effet recours de maniĂšre excessive Ă  des interventions extra-fami-
liales, les enfants ayant notamment fait l’objet de rĂ©primandes physiques par 
un membre de ce groupe. De mĂȘme, elle entraĂźnait les enfants dans de lon-
gues et fatigantes sĂ©ances de priĂšres, au dĂ©triment de leur sommeil et de leurs 
devoirs. Les magistrats se sont Ă©galement appuyĂ©s sur le non-renouvellement 
d’une mesure d’assistance Ă©ducative prĂ©cĂ©demment ordonnĂ©e par le juge des 
enfants, en raison du comportement de la mĂšre cherchant Ă  fuir l’intervention 
des Ă©ducateurs. Enfi n, ils ont pris en considĂ©ration les conclusions de l’en-
quĂȘte sociale dont il rĂ©sultait que les relations des enfants Ă©taient plus sereines 
lorsqu’ils Ă©taient chez leur pĂšre et que l’aĂźnĂ© des enfants, en diffi cultĂ© scolaire, 
exprimait réguliÚrement son désir de vivre avec ce dernier.

Au niveau international, un arrĂȘt de la Cour europĂ©enne des droits de 

l’Homme (CEDH) en date du 29 novembre 2007 retient l’attention 

(Ismailova 

c./Russie)

. Dans le cadre d’un litige relatif Ă  la fi xation de la rĂ©sidence d’enfants 

dont la mĂšre s’était convertie aux TĂ©moins de JĂ©hovah, la Cour a rappelĂ© que 
les juridictions nationales n’avaient pas violĂ© les articles 8 et 14 de la CEDH en 
attribuant la garde des enfants au pĂšre, dĂšs lors qu’elles ne se sont pas fondĂ©es 
Ă  titre principal sur l’appartenance religieuse de la mĂšre, mais sur les effets 
négatifs produits par son éducation sur les enfants.

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136 

MIVILUDES 

▌

Contribution du ministĂšre de la SantĂ©, 
da la Jeunesse, des Sports et de la Vie 
associative (volet jeunesse, sports et 
vie associative)

Fonctionnement de la cellule de vigilance 
« jeunesse, sports et vie associative Â» en 2008

La cellule de vigilance « jeunesse, sport et vie associative Â» du ministĂšre 

de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative (MSJSVA) a pour-
suivi en 2008 son rĂŽle de coordination, d’alerte, d’information et d’interface 
avec la Miviludes et les associations nationales UNADFI et CCMM.

Actions des services

 

●

Domaine de la jeunesse, 

de l’éducation populaire et de la vie associative

En matiĂšre de vigilance, la Direction de la jeunesse, de l’éducation 

populaire et de la vie associative (DJEPVA) a poursuivi une veille sur les dĂ©rives 
sectaires dans les accueils collectifs de mineurs, avec ou sans hĂ©bergement. 
Aucun signalement de risques de dĂ©rives sectaires n’a Ă©tĂ© transmis en 2008 
par les services dĂ©concentrĂ©s (directions rĂ©gionales et dĂ©partementales), les 
associations ou des parents.

La reprĂ©sentante de la DJEPVA a  participĂ© aux rĂ©unions mensuelles 

des correspondants de la santĂ©, de l’action sociale et du travail.

 

●

Domaine de l’emploi et des formations

La rénovation des diplÎmes et des formations dans le champ de la jeu-

nesse, de l’éducation populaire et du sport prĂ©voit un rĂ©fĂ©rentiel profession-
nel et de certifi cation. Dans toutes les spĂ©cialitĂ©s et/ou mentions du niveau 
IV (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport), 
du niveau III (diplĂŽme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du 
sport) et du niveau II (diplĂŽme d’État supĂ©rieur de la jeunesse, de l’éducation 
populaire et du sport) l’accent est mis sur le respect de l’intĂ©gritĂ© physique et 
morale des personnes.

Pour les diplĂŽmes non professionnels : brevet d’aptitude aux fonctions 

d’animateur et brevet d’aptitude aux fonctions de directeur en accueils collec-
tifs de mineurs (BAFA et BAFD), la rĂ©novation des dispositifs rĂ©glementaires 
intervenue en 2007 a  reprĂ©cisĂ© les compĂ©tences nĂ©cessaires pour veiller au 
respect de l’intĂ©gritĂ© physique et morale des mineurs. Pour les directeurs, les 

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 137

▌

volets partenariat et communication ont été renforcés, en prévoyant explici-
tement une communication autour des intentions Ă©ducatives et une diffusion 
rĂ©guliĂšre de l’information auprĂšs des candidats et des familles.

Enfi n, le dossier de demande d’habilitation des organismes de forma-

tion pour le BAFA-BAFD a étĂ© modifi Ă© en 2008 afi n de renforcer l’information 
de l’administration sur les objectifs Ă©ducatifs, les mĂ©thodes pĂ©dagogiques et 
les contenus des formations proposĂ©es et d’identifi er d’éventuelles pratiques 
discriminatoires.

 

●

Domaine du sport

Une instruction Ă©laborĂ©e par la Direction des sports a  alertĂ© les prĂ©-

fectures et les services dĂ©concentrĂ©s de la jeunesse et des sports concernĂ©s par 
la « croisade pour la santĂ© Â» organisĂ©e par l’association « Nature et Partage Â» 
et reliant Bordeaux Ă  Paris. Cet Ă©vĂšnement consistait Ă  effectuer du 16 au 
29 juillet 2008, une marche Ă  pied sans manger de La RĂ©ole en Gironde Ă  Paris 
(500  km) se terminant devant le ministĂšre chargĂ© de la SantĂ©. La Direction 
des sports a émis un avis dĂ©favorable Ă  cette organisation et a rappelĂ© dans son 
instruction les rĂšgles relatives Ă  la dĂ©claration des manifestations Ă  la recherche 
biomĂ©dicale, ainsi que les recommandations Ă©mises par le Programme national 
nutrition santé (PNNS).

Les services déconcentrés ont informé la Direction des sports du dérou-

lement de la manifestation qui a eu lieu sans aucun incident.

 

●

La formation des agents

Dans le cadre du plan national de formation 2008, un stage a été orga-

nisĂ© au profi t d’une vingtaine d’agents. Les correspondants dĂ©partementaux 
chargĂ©s du dossier « DĂ©rives sectaires Â» et des formateurs dans le domaine du 
sport de haut niveau ont participé à cette action.

Par ailleurs, les inspecteurs de la jeunesse et des sports stagiaires ont Ă©tĂ© 

sensibilisés à cette question dans le cadre de leur formation statutaire consa-
crée aux politiques publiques dans le secteur jeunesse, sports et vie associative.

L’annĂ©e 2008 aura Ă©tĂ© marquĂ©e par la mise en Ɠuvre d’une action ori-

ginale et spĂ©cifi que. Un dispositif de formation a étĂ© mis en place Ă  l’attention 
des cadres techniques sportifs (CTS, professeurs de sport en fonction au sein 
du mouvement sportif), qui porte sur l’ensemble des questions liĂ©es Ă  la « lutte 
contre les maltraitances dans le sport Â». Parmi les quatre thĂ©matiques retenues, 
l’une porte sur les phĂ©nomĂšnes d’emprise mentale. Ce thĂšme, qui dĂ©veloppe 
les aspects relatifs aux dĂ©rives du 

coaching

, traite Ă©galement de l’emprise men-

tale sous l’angle des risques de dĂ©rives sectaires dans le milieu des pratiquants 
du sport, notamment de haut niveau.

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138 

MIVILUDES 

▌

Il s’est agi, en 2008, de rĂ©aliser une formation expĂ©rimentale pour les 

soixante-quinze CTS de la région Midi-Pyrénées. Sur la base de cette expéri-
mentation, a étĂ© construite une formation de formateurs qui a étĂ© rĂ©alisĂ©e au 
cours du dernier trimestre 2008. Les correspondants « dĂ©rives sectaires Â» ont 
été intégrés dans les équipes de formateurs formés.

La formation sera dispensĂ©e par ces formateurs Ă  l’ensemble des CTS 

(1 700 agents) au cours de l’annĂ©e 2009.

 

●

Communication de documents administratifs 

(loi no 76-753 du 17 juillet 1976)

Aucune demande de communication de documents relatifs aux asso-

ciations dont l’objet est de venir en aide aux victimes de dĂ©rives sectaires, n’a 
Ă©tĂ© formulĂ©e en 2008 auprĂšs des services chargĂ©s de la jeunesse, des sports et 
de la vie associative.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 139

▌

Contribution du ministĂšre du Travail, 
des Relations sociales, de la Famille 
et de la Solidarité

La Direction gĂ©nĂ©rale de l’action sociale (DGAS) est en charge de la 

prĂ©vention et du traitement des dĂ©rives sectaires, dans le cadre du dispositif 
transversal Ă  tout le ministĂšre des Affaires sociales mis en place par la circulaire 
DGAS/2A/2006/241 du 1

er

 juin 2006, qui permet d’assurer la protection des 

personnes. Des dĂ©rives de plus en plus nombreuses, qui peuvent ĂȘtre qualifi Ă©es 
de sectaires, visent en effet des personnes fragiles, en diffi cultĂ©, marginalisĂ©es 
ou à protéger.

Trois domaines principaux sont suivis par la DGAS Ă  ce titre et font 

l’objet d’analyses et de directives aux services dĂ©concentrĂ©s ou autres acteurs.

Les questions touchant 
Ă  la formation professionnelle

L’intĂ©rĂȘt que portent certains groupes ou organisations Ă  la sphĂšre Ă©co-

nomique et sociale se manifeste particuliĂšrement dans le domaine de la for-
mation professionnelle, secteur qui gĂ©nĂšre des volumes fi nanciers importants. 
Outre cet intĂ©rĂȘt fi nancier, ces groupes y recherchent une forme de lĂ©gitimitĂ© 
ou de reconnaissance qui leur permet d’entrer directement en contact avec 
les demandeurs d’emploi et les salariĂ©s et les entreprises (congĂ© individuel de 
formation, droit individuel Ă  la formation, plan de formation...). Le champ 
de la formation professionnelle est ainsi particuliÚrement confronté au déve-
loppement d’offres de formation prĂ©sentant des dĂ©rives sectaires. Ces offres 
ne s’appuient qu’accessoirement sur des mises en situation professionnelle et 
ne s’intĂšgrent pas Ă  des parcours de formation professionnelle continue. Elles 
entretiennent la confusion entre formation et thĂ©rapie et ne reposent pas sur 
des apports thĂ©oriques ou pratiques utiles Ă  une meilleure comprĂ©hension 
d’une situation professionnelle ou sociale. Elles se banalisent dans des activitĂ©s 
de services aux entreprises par le biais de la formation et du dĂ©veloppement 
personnel (

coaching

testing

, caractĂ©risation de profi ls, amĂ©lioration des perfor-

mances, communication, conduite de changement...).

Les infractions au code du travail

Le rapport parlementaire sur 

Les sectes et l’argent

 montrait que la premiĂšre 

nĂ©cessitĂ© d’une organisation sectaire est de recruter le plus grand nombre pos-
sible d’adeptes, puis d’utiliser ses membres Ă  la rĂ©alisation d’un chiffre d’affaires. 

« Pour cela, la secte va rechercher les moyens de rĂ©duire au maximum, voire d’éviter complĂš-
tement, les charges sociales pesant normalement sur un employeur. Elle aura donc recours Ă  
l’abus du bĂ©nĂ©volat, au travail dissimulĂ© et Ă  la minoration de ses activitĂ©s, si toutefois elle 
les dĂ©clare Â»

. Ces situations sont donc Ă  l’origine d’infractions 

au code du travail.

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MIVILUDES 

▌

Le champ solidarité

Sur le champ solidaritĂ©, et d’abord sur les questions relatives Ă  l’en-

fance, il faut souligner la pĂ©nĂ©tration du secteur mĂȘme de l’enfance : le suivi 
prĂ© et postnatal, l’adoption, la garde des enfants, les activitĂ©s extrascolaires 
des enfants, l’aide et les soins apportĂ©s Ă  certains enfants plus fragiles et le sec-
teur mĂȘme de la protection de l’enfance. Des situations de fragilitĂ© parentale 
– monoparentalitĂ©, mĂšre prĂ©coce, dĂ©pression postnatale, crise conjugale – prĂ©-
sentent Ă©galement des risques d’emprise sectaire. Il en est de mĂȘme de façon 
plus gĂ©nĂ©rale sur les propositions d’aide Ă  la parentalitĂ©, compte tenu des dĂ©sar-
rois des parents sur certaines questions : drogue, sexualitĂ© des adolescents, etc.

Il faut rappeler que prĂšs de 60 000 enfants vivent dans un contexte de 

type sectaire, situation susceptible d’ĂȘtre prĂ©judiciable Ă  ces mĂȘmes enfants. Sur 
ce plan, il faut noter une multiplication des actions de la DGAS et en particulier 
une sensibilisation des professionnels de la protection de l’enfant : la DĂ©fenseure 
des enfants, l’association des magistrats de la Jeunesse, l’Association française 
d’information et de recherche sur l’enfance maltraitĂ©e (AFIREM), les travailleurs 
sociaux des conseils gĂ©nĂ©raux... MalgrĂ© la prise en compte par le Centre national 
de la fonction publique territoriale (CNFPT) d’une formation spĂ©cifi que en ce 
domaine, la mobilisation des conseils gĂ©nĂ©raux est ici encore faible. La fi nali-
sation par la DGAS d’un guide mĂ©thodologique destinĂ© aux professionnels en 
charge des questions de protection de l’enfance devrait y remĂ©dier.

Le champ des personnes ùgées nécessite également une attention par-

ticuliĂšre, en raison de situations peu visibles (aide au domicile) et de ce fait peu 
susceptibles de contrĂŽle. De maniĂšre rĂ©cente, « la maltraitance des personnes 
ĂągĂ©es Â» est devenue un thĂšme pour certains de ces groupes.

Notons la pĂ©nĂ©tration de ces groupes dans le champ du handicap. 

C’est ainsi que certains d’entre eux ont dĂ©veloppĂ© des formes de prosĂ©lytisme 
Ă  l’égard des sourds muets. De maniĂšre plus rĂ©cente, on observe ces mĂȘmes 
situations dans le champ des populations mentalement handicapĂ©es, enfants 
en particulier. Ici aussi, la formation professionnelle est utilisée comme vec-
teur. Au-delĂ  de situations individuelles, il faut relever une mise en rĂ©seaux des 
« professionnels Â» susceptibles d’offrir ces formations, voire de proposer des 
soins. On observe aussi l’existence d’établissements liĂ©s Ă  ce type de groupe.

On assiste Ă©galement au dĂ©veloppement de dĂ©rives visant l’État dans 

le domaine mĂ©dico-social. C’est ainsi que l’un des « satellites Â» de l’Église de 
scientologie, la Commission des citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH), 
a adressĂ© aux DDASS un 

Guide pour les visites d’un hîpital psychiatrique

. La CCDH 

proposait mĂȘme aux services du ministĂšre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s de les 
« accompagner Â» dans leurs missions d’inspection. D’autres groupes ont dĂ©ve-
loppĂ© des actions allant dans le mĂȘme sens.

*    *

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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Il convient de souligner en conclusion que compte tenu des fragilitĂ©s 

des publics concernĂ©s, la rĂ©alitĂ© des dĂ©rives sectaires est importante. Elle prend 
diverses formes, allant du « simple Â» prosĂ©lytisme Ă  la constitution de structures 
Ă  caractĂšre sectaire dans les champs citĂ©s ci-dessus. Ceci est d’autant plus prĂ©-
occupant que ces pratiques se dĂ©roulent le plus souvent dans le cadre d’une 
relation interpersonnelle.

Le ministĂšre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la 

SolidaritĂ© a continuĂ© Ă  faire l’objet de pratiques procĂ©duriĂšres initiĂ©es par cer-
tains groupes prĂ©sentant des dĂ©rives sectaires. À cet Ă©gard, il convient de sou-
ligner les confusions entretenues volontairement, par exemple celles visant Ă  
dĂ©placer systĂ©matiquement certaines questions sur le terrain de la libertĂ© de 
conscience.

La procĂ©dure dite de communication de documents administratifs est 

utilisĂ©e Ă  d’autres fi ns que celle prĂ©cisĂ©ment de la communication. C’est ainsi 
qu’une demande d’explication sur un positionnement ministĂ©riel Ă  l’encontre 
de l’un de ces groupes s’est appuyĂ©e sur une demande de communication de 
documents administratifs, alors mĂȘme que les textes sur la communication des 
documents administratifs portent sur cette seule communication et n’impo-
sent aucune explication sur le contenu mĂȘme des documents transmis. DĂšs 
lors, une rĂ©fl exion des directions et services susceptibles d’ĂȘtre l’objet de telles 
demandes apparaĂźt hautement nĂ©cessaire pour dĂ©jouer de telles situations. 
Cette situation nĂ©cessite par ailleurs une parfaite coordination avec les services 
juridiques qui sont pour nos ministĂšres en lien avec la CADA.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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Les objectifs 
des ministĂšres en 2009

MinistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres 
et européennes

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Ministùre de l’Éducation nationale

 

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MinistĂšre de la Justice

 

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MinistÚre de la Santé et des Sports

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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MinistĂšre du Travail, 
des Relations sociales, de la Famille, 
de la Solidarité et de la Ville

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▌

DĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle 
Ă  la famille

La Miviludes et la DĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle 
Ă  la famille (DIF)

La rubrique « Perspectives 2009 Â» offre un nouvel espace aux services 

publics qui n’étaient pas toujours, jusqu’à prĂ©sent, repĂ©rĂ©s comme partenaires 
naturels de la Miviludes, alors qu’ils partagent avec elle de nombreux sujets 
communs de prĂ©occupation. Ainsi la DĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă  la famille 
a-t-elle tenu Ă  Ă©voquer dans cette rubrique les actions qu’elle envisage de mener, 
en collaboration avec la Miviludes, pour relayer Ă  l’attention des familles son 
action de prĂ©vention et de lutte contre les dĂ©rives sectaires :
‱ 

Diffusion d’informations sur les dĂ©rives sectaires et sur l’action des pouvoirs 

publics, auprĂšs du rĂ©seau associatif et auprĂšs des familles :

 crĂ©ation et diffusion 

d’affi ches et de documents destinĂ©s au public, soit Ă  l’occasion d’un Ă©vĂšnement 
particulier soit pour une information en continu ; crĂ©ation et diffusion, Ă  l’at-
tention du rĂ©seau familial, d’un guide pratique, sur le mĂȘme principe que ceux 
dĂ©jĂ  Ă©ditĂ©s notamment Ă  destination des agents publics et des entreprises, et 
d’un guide spĂ©cifi que de la protection de l’enfance face aux dĂ©rives sectaires.
‱ 

Renforcement de la protection des personnes vulnĂ©rables :

 mise en place et 

animation de deux groupes de travail restreint, l’un sur les risques sectaires, 
Internet et protection de l’enfant, l’autre sur la protection des adultes vulnĂ©-
rables (personnes sous tutelle, poly-accidentés).
‱ 

Formation Ă  la problĂ©matique sectaire des professionnels en contact avec la 

famille

 (enquĂȘteurs sociaux, assistants familiaux, assistants maternels...) avec 

un triple objectif : sensibiliser les familles Ă  la problĂ©matique sectaire, Ă©viter une 
éventuelle instrumentalisation des agents, repérer les situations préoccupantes.
‱ 

Concertation renforcĂ©e et Ă©changes d’informations avec la Miviludes et les 

associations spécialisées dans la défense des victimes de dérives sectaires

 dans 

le cadre des opérations et des partenariats animés ou parrainés par la DIF.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 155

▌

Bilan de la La Miviludes 
en 2008

Une documentation accessible 
sur les dérives sectaires

Jusqu’en 2006, la documentation Ă©tait collectĂ©e et organisĂ©e au mieux 

des possibilitĂ©s dont disposait la Miviludes. Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2007, 
une documentaliste a étĂ© recrutĂ©e. SecondĂ©e par un aide de documentation, 
elle a  notamment en charge l’organisation des collections d’ouvrages et de 
pĂ©riodiques, ainsi que de la masse de documents de toute nature qui ont Ă©tĂ© 
accumulĂ©s depuis la crĂ©ation de l’Observatoire interministĂ©riel de lutte contre 
les sectes (1996).

Depuis le mois d’avril  2008, un logiciel de gestion des bibliothĂšques 

a étĂ© installĂ© sur deux postes informatiques, permettant un travail de saisie et 
d’indexation des quelque 1 000 ouvrages qui constituent Ă  ce jour une partie 
du fonds documentaire.

Cette tĂąche, aujourd’hui presque achevĂ©e, a permis de classer les livres 

en fonction des thĂ©matiques et des sujets de prĂ©occupation de la Mission en 
matiĂšre de dĂ©rives sectaires. Le plan de classement adoptĂ© refl Ăšte la spĂ©cifi citĂ© 
du domaine traité.

Il convient dĂ©sormais d’organiser la part restante, la plus vaste, des 

fonds, soit les milliers d’articles de presse, de littĂ©rature grise, de rapports, de 
thĂšses et mĂ©moires, de documents audiovisuels, etc. qui constituent la richesse 
documentaire de la Miviludes.

Outre les tĂąches strictement bibliothĂ©conomiques de structuration des 

fonds, de dĂ©pouillement des pĂ©riodiques, de mise en place d’un Opac 

(on line 

public access catalog)

, de numérisation partielle ou totale des textes, la documen-

tation doit impĂ©rativement s’ouvrir Ă  un public plus large.

Le traitement des documents primaires dans une base de donnĂ©es 

n’a en effet d’intĂ©rĂȘt que s’il peut ĂȘtre utile Ă  un public : public interne mais 
Ă©galement public plus spĂ©cialisĂ©, de juristes, d’administrations, d’avocats, de 
membres des associations de défense des victimes...

Des synthùses d’ouvrages, des bibliographies, des dossiers documen-

taires pourront ĂȘtre ainsi mis Ă  leur disposition. Des consultations sur rendez-
vous dans un lieu encore à aménager seront ouvertes.

S’inspirant sur ce point, de l’expĂ©rience du Centre d’information et 

d’action sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) installĂ© Ă  Bruxelles, 
le nouveau centre de documentation de la Miviludes constituera un outil de 
veille capital sur les mouvements susceptibles de prĂ©senter des dĂ©rives sectaires. 

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156 

MIVILUDES 

▌

Il permettra d’établir des liens entre diffĂ©rentes tendances, de se documenter 
sur les messages vĂ©hiculĂ©s par les mouvements, d’accĂ©der Ă  des tĂ©moignages 
d’anciens adeptes, voire Ă  des documents judiciaires, bref de saisir le phĂ©no-
mÚne des dérives sectaires dans ses multiples composantes.

Le site Internet

L’annĂ©e 2008 est la premiĂšre annĂ©e pleine de fonctionnement du site 

dans sa nouvelle prĂ©sentation, mise en place au milieu de l’annĂ©e 2007. Elle 
aura Ă©tĂ© marquĂ©e par un nombre important de publications, dont la mise en 
ligne a attirĂ© de nombreux visiteurs. De plus, l’actualitĂ© propre Ă  la Mission, 
dont la nomination de Georges Fenech comme Président, a généré une aug-
mentation conséquente du nombre de consultations.

‱ 2008 une annĂ©e exceptionnelle de mise en ligne de documents

Venant complĂ©ter les parutions sur support papier, la Miviludes a mis 

Ă  disposition des internautes sa nouvelle documentation sous forme de docu-
ments Ă©lectroniques. Cette forme de parution gratuite rĂ©pond au cahier des 
charges du site Internet qui est d’informer le public mais aussi de mettre Ă  
disposition des chercheurs, journalistes, spécialistes, une documentation com-
plÚte sur le sujet des dérives sectaires. En outre ce type de documents repré-
sente un gain Ă©conomique et Ă©cologique.

RetravaillĂ©s pour ĂȘtre lisibles Ă  l’écran, tous les documents mis en ligne 

ont Ă©tĂ© augmentĂ©s d’un sommaire Ă©lectronique et de liens hypertextes qui per-
mettent une navigation plus rapide. De plus, un moteur de recherche en plein 
texte offre la possibilitĂ© d’une recherche sur tous les mots du document.
Mises en ligne des parutions 2008 :
– 

Rapport au Premier ministre 2007

 de la Miviludes en français et en version 

anglaise, allemande et espagnole.
– 

Les collectivités territoriales face aux dérives sectaires

.

– 

La justice face aux dérives sectaires

, rapport commandĂ© Ă  Georges Fenech par le 

Premier ministre.
Fin dĂ©cembre 2007, deux documents ont Ă©tĂ© Ă©galement mis en ligne :
– 

L’entreprise face au risque sectaire

.

– La thĂšse d’Armelle Guivier, docteur en mĂ©decine : « Risques d’atteinte Ă  l’in-
tĂ©gritĂ© physique encourus par les adeptes de sectes Â».

‱ Audience du site Internet de la Miviludes en 2008

Le site Internet de la Miviludes fait maintenant, depuis plusieurs annĂ©es, 

partie du paysage du web. En tĂ©moigne son taux de consultation, en constante 
augmentation. Selon le site d’analyse d’audience Xiti, le site a  reçu, en 2008, 
81 124 visiteurs soit une augmentation de 22,9 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©-
dente. 295 166 pages ont Ă©tĂ© consultĂ©es. Le record a étĂ© atteint le 3 avril 2008 pour 
la parution du rapport 2007. Sa mise en ligne a donnĂ© lieu a 4 754 connections 
et 17 645 pages ont Ă©tĂ© consultĂ©es. 1 113 rapports ont Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©s ce jour-lĂ .

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

 157

▌

L’ensemble des titres tĂ©lĂ©chargĂ©s peut ĂȘtre Ă©valuĂ© Ă  plus de 20 000. Les 

rapports 2006 et 2007 reprĂ©sentent quant Ă  eux plus de la moitiĂ© de ce chiffre. 
Les rubriques mises Ă  jour en 2008 ont fait l’objet Ă©galement de nombreuses 
consultations, en particulier le dispositif juridique français et les textes offi ciels 
sur la santé.

‱ RĂ©fĂ©rencement du site Internet de la Miviludes

Plusieurs outils permettent de connaĂźtre la popularitĂ© d’un site. Un 

indice couramment utilisĂ© est celui de la sociĂ©tĂ© Google qui calcule un indice 
nommĂ© 

ranking

, en fonction des sites Internet qui citent le site concernĂ©. En 

2007 le 

ranking

 du site de la Miviludes Ă©tait de 5/10. Pour 2008 il est de 6/10 

ce qui reprĂ©sente une rĂ©elle progression. (On rappelle que celui du site du 
Premier ministre est de 7/10). Il suffi t maintenant de taper le mot « Miviludes Â» 
dans la barre d’adresses d’un navigateur pour faire apparaĂźtre directement le 
site de la Mission.

Sur le populaire moteur de recherche Google, l’expression « dĂ©rive 

sectaire Â», fait apparaĂźtre le site (http://www.miviludes.gouv.fr) en deuxiĂšme 
position. On peut considĂ©rer qu’il s’agit d’une reconnaissance de la place 
qu’occupe la Miviludes dans le paysage puisque dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes 
les sites non offi ciels, opposĂ©s Ă  l’action du Gouvernement, occupaient les pre-
miĂšres places.
Plusieurs explications sont Ă  l’origine de cette progression :
1) Les modifi cations apportĂ©es lors de la refonte du site en 2007. En particu-
lier l’adresse de chacun des 200 articles du site qui comportent maintenant les 
mots du titre de l’article.
2) La mise en place par le webmestre de mots clefs pertinents sur les pages les 
plus importantes du site.
3) Une rĂ©Ă©criture de nombreux titres d’articles pour qu’ils comportent les 
mots les plus importants du texte, facilitant ainsi une indexation pertinente 
par les analyses des robots des moteurs de recherche.
4) La mise en ligne de nouveaux documents dont tous les mots du texte peu-
vent ĂȘtre indexĂ©s par les moteurs de recherche.

‱ Projets pour l’annĂ©e 2009

Le site Internet de la Miviludes contient maintenant un ensemble 

de textes et de rĂ©fĂ©rences propres Ă  informer le public qui s’interroge sur la 
conformitĂ© aux lois françaises et sur l’éventuelle dangerositĂ© de mouvements 
et pratiques.

NĂ©anmoins des progrĂšs restent Ă  accomplir pour faire connaĂźtre l’ac-

tion du Gouvernement dans le domaine des dérives sectaires.

– La rubrique « ActualitĂ© Â» : la mise en ligne d’informations en prise 

directe avec l’actualitĂ© sera complĂ©tĂ©e par la version Ă©lectronique de la lettre 
d’information de la Miviludes actuellement en projet.

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158 

MIVILUDES 

▌

– Un meilleur rĂ©fĂ©rencement sur les sites offi ciels : si de nombreux sites 

ministĂ©riels proposent dĂ©sormais un lien vers celui de la Miviludes, ce n’est 
pas le cas de l’ensemble des services oĂč un tel lien serait utile. C’est pourtant 
d’abord vers ces sites thĂ©matiques que se tournent les internautes en cas de 
diffi cultĂ©. Il en est de mĂȘme pour les sites des prĂ©fectures et des collectivitĂ©s ter-
ritoriales. Une proposition de mise en ligne 

via

 ces sites du 

Guide des collectivitĂ©s 

territoriales face aux dérives sectaires

 Ă©ditĂ© par la Miviludes en 2007 est Ă  l’étude.

Enfi n l’effort reste Ă  poursuivre dans le rĂ©fĂ©rencement du site Internet 

et donc de son action. Si on a  pu noter une progression importante de son 
rĂ©fĂ©rencement sur certains mots clefs tel que le mot « secte Â», des sites non 
offi ciels sont citĂ©s avant celui de la Miviludes qui arrive en treiziĂšme position 
dans Google.

De plus, si les spĂ©cialistes peuvent Ă©galement y  trouver un ensemble 

de documents, dont certains n’ont pas fait l’objet d’une publication papier, 
pour alimenter leurs recherches, certains groupes Ă  risque ne trouvent pas 
encore d’informations spĂ©cifi ques. En particulier les adolescents, public par-
ticuliĂšrement vulnĂ©rable et qui pratique la navigation sur Internet de maniĂšre 
quotidienne, pourraient y trouver dans la rubrique « Domaines Ă  risques Â» des 
informations et une documentation adaptée.

2008 : Ă©tat des lieux sur le territoire

Chaque annĂ©e, la Mission interministĂ©rielle prĂ©sente un bilan de son 

action visant Ă  favoriser la coordination de l’action prĂ©ventive et rĂ©pressive des 
pouvoirs publics.

L’impact du rapport 2007 de la Mission interministĂ©rielle, la publica-

tion au cours de l’annĂ©e de rĂ©fĂ©rence de deux guides Ă  destination, le premier 
des collectivitĂ©s territoriales et le second des entreprises, et enfi n le rayonne-
ment grandissant du site Internet, ont rendu la Miviludes plus visible.

Cette plus grande visibilitĂ© de son travail d’observation et d’analyse du 

phĂ©nomĂšne a  eu un impact tant sur les relations de la Mission interministĂ©-
rielle avec les administrations d’État que sur la dĂ©fi nition d’un nouveau cadre 
d’actions conjointes avec les trois fonctions publiques.

Cette Ă©volution l’a conduite Ă  innover vers de nouvelles modalitĂ©s d’ac-

tion, soit d’initiative soit en rĂ©ponse Ă  des demandes de conseil et d’assistance 
formulĂ©es par de nombreuses institutions, sans abandonner les dispositifs 
classiques de coordination de l’action des services face au dĂ©veloppement du 
risque sectaire.

La Miviludes, 

« chargĂ©e de favoriser, dans le respect des libertĂ©s publiques la 

coordination de l’action prĂ©ventive et rĂ©pressive des pouvoirs publics Ă  l’encontre des agis-
sements des mouvements Ă  caractĂšre sectaire attentatoires aux droits de l’Homme et aux 
libertĂ©s fondamentales ou qui constituent un trouble Ă  l’ordre public ou qui sont contraires 

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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▌

aux lois et rĂšglements Â»

 s’est en effet fi xĂ©e pour objectif de rĂ©pondre Ă  toute sollici-

tation exprimĂ©e par les services dans le cadre des missions qui lui sont confi Ă©es.

Les modes d’intervention de la Mission ont dĂ» s’adapter Ă  la transfor-

mation des « cellules dĂ©partementales de vigilance Â» (1997-2005) en « conseils 
dĂ©partementaux de prĂ©vention de la dĂ©linquance, de l’aide aux victimes, de 
lutte contre la drogue, les dĂ©rives sectaires et les violences faites aux femmes Â» 
avec possibilitĂ© pour les prĂ©fets de dĂ©cliner les domaines concernĂ©s par ce 
conseil dĂ©partemental de maniĂšre diffĂ©rente d’un dĂ©partement Ă  l’autre, et 
notamment, pour ce qui concerne la lutte contre les dĂ©rives sectaires, par la 
rĂ©union de groupes de travail spĂ©cialisĂ©s, aux termes de la circulaire du Premier 
ministre du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires.

À la connaissance de la mission interministĂ©rielle (et souvent en prĂ©-

sence de l’un de ses reprĂ©sentants), une vingtaine de dĂ©partements ont pro-
cédé en 2008 à un examen de la situation du phénomÚne objectivement obser-
vable dans leurs périmÚtres respectifs.

Cet examen de situation intĂ©grant observation et analyse a  favorisĂ© 

l’engagement d’actions de contrĂŽle et de vĂ©rifi cations du respect des procĂ©-
dures et rĂšglements et dĂ©bouchĂ© le cas Ă©chĂ©ant sur des actions administratives 
et judiciaires.

La circulaire du Premier ministre du 27  mai 2005 prĂ©cisait ce qu’il 

convenait d’entendre par « vigilance Â», qui doit 

« s’exercer en tenant compte de 

l’évolution du phĂ©nomĂšne sectaire qui rend la liste des mouvements annexĂ©e au rapport 
parlementaire de 1995 de moins en moins pertinente. On constate en effet la formation 
de petites structures, diffuses, mouvantes et moins aisĂ©ment identifi ables qui tirent en 
particulier parti des possibilitĂ©s de diffusion offertes par l’Internet. Â»

Cette vigilance est particuliĂšrement cruciale Ă  l’égard de certains 

groupes fondĂ©s sur une conception totalitaire et pratiquant un fonctionnement 
occulte dont les agissements peuvent avoir des conséquences irréparables.
Cette approche pragmatique a étĂ© confortĂ©e de maniĂšre dĂ©terminante par la 
circulaire du ministre de l’IntĂ©rieur du 25 fĂ©vrier 2008, demandant aux prĂ©fets 
de rĂ©unir une fois par trimestre ces groupes de travail, donnant ainsi tout son 
sens à la politique de concertation et de coordination des moyens de préven-
tion et de lutte qui prĂ©vaut en la matiĂšre et Ă  la consolidation de la relation 
entre administrations centrales, services déconcentrés et Miviludes. Ce prag-
matisme a produit des rĂ©sultats intĂ©ressants quoiqu’encore insuffi sants :
– amplifi cation des demandes de formation de fonctionnaires et de magistrats.
– engagement d’administrations techniques sur nombre de dossiers concrets 
liĂ©s tant Ă  des Ă©vĂšnements ponctuels (sĂ©minaires, stages, acquisition de biens 
immobiliers, transferts fi nanciers) qu’à des activitĂ©s rĂ©guliĂšres de mouvements 
pouvant ĂȘtre en contradiction avec les lois et rĂšglements ou faire courir des 
risques aux personnes participantes (hygiĂšne, carences alimentaires, absences 
de soins...).
– questionnements Ă©manant de services divers des trois fonctions publiques.

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MIVILUDES 

▌

La carte ci-dessous, qui marque une pause dans la progression de la 

prĂ©sence de la Miviludes dans les services dĂ©concentrĂ©s de l’État, refl Ăšte  la 
situation particuliĂšre rĂ©sultant de ces deux annĂ©es de transition. La progression 
doit nĂ©anmoins reprendre en 2009 compte tenu des nombreuses demandes 
reçues au deuxiĂšme semestre 2008 qui n’ont pu ĂȘtre satisfaites, et alors surtout 
que, dans une nouvelle circulaire du 23 janvier 2009, le ministre de l’IntĂ©rieur 

insiste Ă  nouveau sur la mobilisation de ce dispositif, qui constitue une prioritĂ© 
pour l’annĂ©e 2009.

France métropolitaine

Départements par tenue de réunions

LA RÉUNION

GUYANE

GUADELOUPE

MARTINIQUE

une ou plusieurs réunions (19)

pas de rĂ©union (77) 

DĂ©partements d’Outre-mer

Réunion par département

Ces cartes ont notamment pour intĂ©rĂȘt de servir de repĂšres pour les 

objectifs de l’annĂ©e 2009, laquelle sera marquĂ©e par la mise en Ɠuvre de dispo-
sitifs cohĂ©rents et harmonisĂ©s Ă  l’échelle du territoire national, selon la volontĂ© 
exprimĂ©e par l’ensemble des ministĂšres concernĂ©s.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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La Miviludes à l’international

29  fĂ©vrier au 2  mars 2008 –  Rijeka, Croatie :

 table ronde sur l’émer-

gence du phĂ©nomĂšne sectaire en Croatie, sur le thĂšme : « Sectes Ă©tat du phĂ©no-
mĂšne et rĂ©ponses juridiques, psy et associatives Â».

À l’initiative du quotidien 

Novo List

, une table ronde consacrĂ©e Ă  

l’émergence et au dĂ©veloppement du phĂ©nomĂšne sectaire s’est tenue Ă  Rijeka 
en Croatie. Psychologues, psychiatres, journalistes et juristes – dont un profes-
seur de droit pĂ©nal – se sont relayĂ©s pour prĂ©senter leur approche du phĂ©no-
mĂšne dans un pays oĂč cette manifestation Ă©tait une premiĂšre. Le reprĂ©sentant 
de la Miviludes a  dĂ©crit le dispositif institutionnel prĂ©valant en France, ainsi 
que le cadre juridique, administratif et judiciaire dans lequel s’exerce l’action 
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

18 au 20  mars 2008 –  QuĂ©bec, Canada :

 approches comparatives des 

politiques publiques de lutte contre les dérives sectaires au Québec.

La SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la Miviludes accompagnĂ©e d’un conseiller se 

sont rendus pour la seconde fois au Québec. Cette deuxiÚme mission explo-
ratoire, en collaboration avec le consulat gĂ©nĂ©ral de France au QuĂ©bec, avait 
pour objectif la rencontre avec les interlocuteurs associatifs et professionnels 
en charge de l’aide aux victimes en gĂ©nĂ©ral, et plus particuliĂšrement chargĂ©s 
des mineurs victimes. L’accent a étĂ© mis Ă  la fois sur la reconstruction psychique 
des victimes et la rĂ©paration par une indemnisation de leur prĂ©judice par un 
organisme, le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). La ren-
contre avec des victimes ex-adeptes de mouvements fermĂ©s a étĂ© un moment 
trĂšs fort de ces rencontres.

27 au 29 mars 2008 – Sofi a, Bulgarie :

 colloque organisĂ© par le Center 

for Research of New Religious Movements (Centre de recherches sur les nou-
veaux mouvements religieux) (ECRNRM BULGARIA) avec l’Institut français 
de l’ambassade de France en Bulgarie.

La Miviludes a étĂ© reprĂ©sentĂ©e Ă  ce colloque sur le thĂšme : « L’expĂ©rience 

française en matiĂšre de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires : interac-
tion pouvoirs publics-associations de dĂ©fense Â».

11 au 14  avril 2008 –  Pise, Italie :

 colloque organisĂ© par les associa-

tions ARIS Toscana et Veneto, 

Associazioni per la ricerca e l’Iinformazione sulle sette

 

(Association pour la recherche et l’information sur les sectes) et ConfĂ©rence 
annuelle de la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d‘informa-
tion sur le sectarisme (FECRIS).

La SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale a conduit une dĂ©lĂ©gation de quatre conseillers 

de la Mivilides Ă  Pise pour participer Ă  un colloque sur le thĂšme : « La responsa-
bilitĂ© de l’État pour la protection des citoyens face aux sectes destructives : ana-
lyse de modĂšles actuels et futurs possibles Â» ainsi qu’à la confĂ©rence annuelle 
de la FECRIS.

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4 au 5 septembre 2008 – Hambourg, Allemagne :

 colloque organisĂ© par 

le SĂ©nat de l’IntĂ©rieur 

Arbeitsgruppe Scientology

 (Groupe de travail scientologie) 

à la chambre des métiers du port de Hambourg.

La Miviludes a  Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e Ă  ce colloque sur le thĂšme : « Grands 

tĂ©moins de la scientologie US  : une approche de l’organisation et de ses muta-
tions par d’ex-dirigeants de l’Église de scientologie Â».

La confĂ©rence du 4  septembre a  eu pour sujet les dĂ©veloppements 

rĂ©cents au sein de la scientologie aux États-Unis. Trois ex-adeptes des États-
Unis, ayant occupé des fonctions trÚs importantes, y étaient invités.

La confĂ©rence du 5  septembre n’était pas destinĂ©e au grand public. 

Elle a permis d’approfondir la discussion avec les invitĂ©s amĂ©ricains.

Lors de ce colloque, organisĂ© par Ursula Caberta qui dirige le 

Working 

Group Scientology

 (Groupe de travail scientologie) de l’

Offi ce of Domestic Affairs

 

de la ville de Hambourg, se sont exprimĂ©s les ex-scientologues Larry Brennan, 
Mark Headley et l’acteur Jason Beghe, ainsi que l’avocat de Los Angeles 
Graham Berry, qui ont exposĂ© leur expĂ©rience en scientologie aux États-Unis, 
une reprĂ©sentante du ministĂšre fĂ©dĂ©ral de la Justice et un reprĂ©sentant du 

Land

 

de Bade-Wurtemberg. La FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et 
d‘information sur le sectarisme (FECRIS) participait Ă©galement Ă  cet exercice.

29  septembre au 10  octobre 2008 –  Varsovie, Pologne :

 ConfĂ©rence 

annuelle d’examen de la dimension humaine organisĂ©e par le Bureau des 
institutions dĂ©mocratiques et des droits de l’Homme (BIDDH), institution de 
l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe.

Une dĂ©lĂ©gation de la Miviludes, conduite par son PrĂ©sident, Georges 

Fenech, s’est rendue en Pologne pour cette rĂ©union d’experts (fonctionnaires 
internationaux et personnalitĂ©s qualifi Ă©es) ouverte aux ONG qui y participent 
en nombre.

Les membres de la Miviludes ont suivi avec attention les interventions 

menĂ©es dans le cadre des sessions de travail consacrĂ©es d’une part aux ques-
tions d’intolĂ©rance et de discrimination, d’autre part Ă  la libertĂ© de pensĂ©e, de 
conscience, de religion ou de croyance.

Aux attaques de certaines ONG concernant la politique de vigilance et 

de lutte contre les dĂ©rives sectaires, la dĂ©lĂ©gation française – par la voix de son 
ambassadeur, ReprĂ©sentant permanent de la France auprĂšs de l’Organisation 
pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe  â€“  a  rĂ©pondu fermement pour 
justifi er l’attitude volontariste de la France, notamment en ce qui concerne la 
protection des victimes. Il a également dĂ©noncĂ© ceux qui renversent les rĂŽles 
quand ils se positionnent en victimes de discrimination religieuse, et dit la 
confi ance des autoritĂ©s en l’action de la Miviludes sous le « contrĂŽle dĂ©mocra-
tique Â» du Parlement.

4 dĂ©cembre 2008 – Bruxelles, Belgique :

 Ă©changes avec le Centre d’in-

formation et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN).

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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▌

Le Président de la Miviludes, Georges Fenech, a conduit une déléga-

tion Ă  Bruxelles au Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires 
nuisibles (CIAOSN).

Cette mission se situe dans le cadre des Ă©changes rĂ©guliers de la 

Miviludes avec les partenaires et amis du Centre fĂ©dĂ©ral belge d’information 
sur les sectes.

Le PrĂ©sident Georges Fenech a rencontrĂ© Henri de Cordes, PrĂ©sident 

de ce Centre indĂ©pendant instituĂ© auprĂšs du service public fĂ©dĂ©ral Justice. La 
mission a plus particuliĂšrement observĂ© le fonctionnement du service d’étude 
multidisciplinaire (secrétariat) et son centre de documentation.

8 au 10  dĂ©cembre 2008 –  WendgrĂ€ben, Allemagne :

 sĂ©minaire d’exa-

men des mutations du phénomÚne sectaire en Allemagne.

La Miviludes, reprĂ©sentĂ©e par un membre du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral, a étĂ© 

invitĂ©e par le 

Dialogzentrum

 de Berlin Ă  participer Ă  un sĂ©minaire d’examen des 

mutations du phĂ©nomĂšne sectaire en Allemagne, organisĂ© par l’Église protes-
tante d’Allemagne, qui s’est tenu au Centre de formation fĂ©dĂ©ral des cadres de 
la CDU Ă  WendgrĂ€ben, 

Land

 de Sachsen-Anhalt.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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▌

Les perspectives 
de la Miviludes pour 2009

Le quotidien de la Mission

Face Ă  une demande croissante d’informations, Ă©manant des particu-

liers mais aussi des agents publics et des Ă©lus, notamment dans les collectivi-
tĂ©s territoriales, la Miviludes devra poursuivre en 2009 la modernisation de sa 
documentation. Un chantier sera Ă©galement ouvert en ce qui concerne son 
secrĂ©tariat afi n d’optimiser le suivi des dossiers, et la publication d’une lettre 
d’information bimestrielle, notamment adressĂ©e aux administrations concer-
nĂ©es et aux Ă©lus, mais Ă©galement disponible en ligne sur le site Internet de la 
Miviludes, viendra renforcer le lien qu’elle a dĂ©jĂ  Ă©tabli avec ses interlocuteurs 
de tous horizons.

Par ailleurs, les nombreuses demandes d’intervention et de formation, 

en direction de publics divers et sur l’ensemble du territoire voire Ă  l’étran-
ger, sont un dĂ©fi  pour cette petite structure qu’est le secrĂ©tariat permanent. 
Cependant, la Mission s’est fi xĂ©e pour objectif de rĂ©pondre dans toute la 
mesure du possible aux sollicitations relevant de son domaine de compĂ©tence 
et correspondant Ă  la mission qui lui a étĂ© fi xĂ©e. Une mutualisation des moyens 
avec les membres de son Conseil d’orientation et de son ComitĂ© exĂ©cutif de 
pilotage opĂ©rationnel, accompagnĂ©e d’un traitement rationnel des demandes : 
Ă©largissement du public visĂ© au ressort rĂ©gional plutĂŽt que dĂ©partemental, 
ouverture des sessions Ă  des publics partenaires Ă©galement concernĂ©s au plan 
local, devraient permettre de continuer Ă  remplir cet objectif ambitieux.

La Miviludes se veut Ă©galement force de proposition au plan lĂ©gislatif, 

dans les domaines relevant de sa compĂ©tence. À ce titre, l’annĂ©e 2009 s’an-
nonce riche en opportunitĂ©s, sur des sujets qui sont prĂ©cisĂ©ment au centre 
de ses prĂ©occupations actuelles tels que l’encadrement des pratiques non 
conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique ou Ă  visĂ©e de dĂ©veloppement et d’épa-
nouissement personnel, des pratiques de coaching, des activitĂ©s de formation 
professionnelle.

En janvier  2009, la Miviludes et La ChaĂźne parlementaire-AssemblĂ©e 

nationale (LCP-AN) ont signĂ© un accord de partenariat en vue d’amĂ©liorer les 
conditions d’information du public quant aux risques de dĂ©rives sectaires et 
d’assurer une plus large communication des actions engagĂ©es par la Mission. 
Dans ce cadre, la mise en coproduction d’un fi lm Ă  but civique et Ă©ducatif sur 
le rĂŽle et les missions de la Miviludes est Ă  l’étude.

La signature de ce protocole d’accord est la marque de l’intĂ©rĂȘt jamais 

dĂ©menti de LCP-AN pour la question sectaire, avec notamment l’organisation de 

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MIVILUDES 

▌

nombreux plateaux sur le sujet et la retransmission des auditions de la derniĂšre 
commission d’enquĂȘte parlementaire sur « 

Les mineurs victimes des sectes

 Â».

Enfi n, le PrĂ©sident et la SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la Miviludes ont Ă©tĂ© 

auditionnĂ©s dans le cadre de la mission de rĂ©fl exion et d’évaluation des disposi-
tifs judiciaires conçus pour lutter contre les dĂ©rives sectaires, confi Ă©e Ă  Georges 
Fenech, magistrat, devenu depuis le nouveau Président de la Miviludes.

Le rapport remis au Premier ministre au deuxiĂšme semestre 2008 

contient douze prĂ©conisations, dont certaines ont d’ores et dĂ©jĂ  abouti et dont 
plusieurs sont reprises dans des travaux en cours :

– 

PrĂ©conisation 1 :

 doter la Miviludes d’une dimension dĂ©cisionnelle et 

opérationnelle dans un nouveau cadre législatif.

– 

Préconisation 2

 : diffuser un guide juridique de la « Lutte contre les 

dĂ©rives sectaires Ă  l’attention des magistrats Â».

– 

PrĂ©conisation 3 :

 intĂ©grer un module sur les « dĂ©rives sectaires Â» dans 

l’enseignement de la psychiatrie lĂ©gale.

– 

PrĂ©conisation 4 :

 crĂ©er au sein des pĂŽles d’instruction Ă©conomiques 

et fi nanciers une spĂ©cialisation dans le domaine des fl ux litigieux d’origine 
sectaire.

– 

Préconisation 5

 : instituer des « GIR-dĂ©rives sectaires Â» dans chaque 

département.

– 

PrĂ©conisation 6 :

 spĂ©cialiser deux juges aux affaires familiales par tri-

bunal de grande instance pour les contentieux familiaux s’inscrivant dans un 
contexte sectaire et pouvant s’appuyer sur des enquĂȘteurs sociaux spĂ©cifi que-
ment formés.

– 

PrĂ©conisation 7 :

 rĂ©actualiser l’enquĂȘte de 2003 pour connaĂźtre le 

nombre précis de signalements de mineurs touchés par le phénomÚne sectaire.

– 

PrĂ©conisation 8 :

 instituer au sein de chacune des neuf directions 

rĂ©gionales de la protection judiciaire de la jeunesse un correspondant-dĂ©rives 
sectaires.

– 

PrĂ©conisation 9 :

 fi xer le point de dĂ©part de la prescription de l’action 

publique à compter de la majorité de la victime.

– PrĂ©conisation  10 :

 instituer une formation initiale des auditeurs de 

justice et dĂ©velopper la formation continue des magistrats notamment en 
direction des « correspondants-dĂ©rives sectaires Â».

– 

PrĂ©conisation 11 :

 crĂ©er au sein de chaque conseil dĂ©partemental de 

prĂ©vention de la dĂ©linquance un groupe de travail consacrĂ© spĂ©cifi quement 
aux dĂ©rives sectaires, auquel se joindraient les associations qualifi Ă©es, confor-
mĂ©ment aux perspectives tracĂ©es par la circulaire du Premier ministre en date 
du 27 mars 2007.

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Rapport au Premier ministre 2008      ActivitĂ©s administratives 2008

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▌

– 

PrĂ©conisation 12 :

 favoriser la crĂ©ation d’un observatoire europĂ©en sur 

les dĂ©rives sectaires et l’harmonisation des jurisprudences des États membres.

La mise en Ɠuvre de ces prĂ©conisations ne repose certes pas exclusi-

vement sur la Miviludes, mais elle occupe une position Ă©minente pour la faire 
progresser, et entend s’y attacher en 2009.

Les réformes

Une rĂ©forme statutaire de la Miviludes est aujourd’hui Ă  l’étude. Elle 

n’entraĂźnerait pas de modifi cation notable dans les modalitĂ©s d’exĂ©cution de 
la mission de vigilance et de lutte qui lui est confi Ă©e, mais viserait Ă  rĂ©pondre Ă  
trois exigences particuliĂšres :

‱ Le contrĂŽle rĂ©alisĂ© par la Cour des comptes sur les exercices 2003 Ă  

2007 et dont les conclusions ont Ă©tĂ© rendues le 11 septembre 2008 a pointĂ© la 
nĂ©cessitĂ© de resserrer les organes d’orientation et de pilotage de la Mission, 
considĂ©rĂ©s comme trop plĂ©thoriques pour une effi cacitĂ© optimale. La rĂ©forme 
statutaire viserait donc d’abord Ă  remplacer le ComitĂ© exĂ©cutif de pilotage 
actuel par un Conseil opĂ©rationnel plus restreint, et le Conseil d’orientation 
actuel par un conseil d’administration Ă©galement plus restreint, sans change-
ment sur le fond ni sur le sens de la composition de ces deux organes. Ils sont 
en effet le gage d’un rĂ©el travail interministĂ©riel au niveau central, mais aussi 
des compĂ©tences transversales et pluridisciplinaires de la Mission et de son 
implication sur le terrain, toujours en prise directe avec les prĂ©occupations de 
nos concitoyens. Ils sont aussi le gage précieux de sa légitimité comme interlo-
cuteur à l’international.

‱  La recherche d’effi cacitĂ© sous-tend Ă©galement le second axe de 

rĂ©fl exion : la crĂ©ation d’une cellule d’experts opĂ©rationnels sur le terrain, Ă  
laquelle pourraient faire appel les enquĂȘteurs et magistrats saisis d’un dossier 
semblant prĂ©senter une dimension d’emprise sectaire.

Il a étĂ© en effet constatĂ© que, quels que soient les efforts dĂ©ployĂ©s pour 

la formation des enquĂȘteurs et des magistrats, la matiĂšre reste particuliĂšrement 
diffi cile Ă  apprĂ©hender.

Ainsi, par exemple, les textes issus de la loi du 12  juin 2001 dite loi 

About-Picard, sont-ils trop rarement mis en Ɠuvre, y compris dans des dossiers 
oĂč, du point de vue de la Miviludes, ils auraient eu matiĂšre Ă  s’appliquer.

De plus, un phĂ©nomĂšne de dĂ©rive sectaire ne se dĂ©tecte pas toujours 

en un point unique. Il s’identifi e au contraire bien souvent par recoupements 
avec d’autres dossiers, dont sont saisies diverses autoritĂ©s en divers points du 
territoire, voire Ă  l’international. Dans ces conditions, un observatoire central 
est un auxiliaire indispensable Ă  l’enquĂȘte.

Enfi n, les victimes d’emprise sectaire ne sont pas des victimes comme 

les autres. Leur audition est particuliĂšrement dĂ©licate et prĂ©sente sur le plan 

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MIVILUDES 

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technique de rĂ©elles particularitĂ©s. De plus, et surtout, l’enquĂȘte prĂ©sente pour 
elles une nouvelle source de dĂ©stabilisation, voire de danger, dont les pouvoirs 
publics sont comptables Ă  leur Ă©gard. Pour cette raison encore, une cellule 
spĂ©cialisĂ©e d’appui Ă  l’enquĂȘte serait un apport irremplaçable.

‱ Enfi n, et toujours en vue d’une meilleure effi cacitĂ©, ce projet envi-

sage le renforcement des dispositifs de circulation de l’information entre les 
pouvoirs publics et la Mission.

D’autres perspectives

Parmi les axes de travail prioritaires envisagés, deux méritent tout par-

ticuliĂšrement d’ĂȘtre citĂ©s :

‱ Les mineurs

De fait, ce thĂšme n’est pas Ă  proprement parler nouveau pour la 

Mission. Cependant, force est de reconnaĂźtre que toutes les consĂ©quences 
n’ont pas encore Ă©tĂ© tirĂ©es des propositions du rapport parlementaire dĂ©posĂ© 
en dĂ©cembre 2006 portant sur 

Les mineurs victimes des sectes

.

Force est d’admettre Ă©galement que le partenariat de la Miviludes avec 

la DĂ©fenseure des enfants, avec la DĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă  la famille, 
avec les conseils gĂ©nĂ©raux chargĂ©s notamment de la protection de l’enfance, 
avec l’Éducation nationale dans toutes ses composantes, peut et doit ĂȘtre res-
serré. Ce sont également des priorités pour 2009.

‱ La dimension Ă©conomique du phĂ©nomĂšne sectaire

Traditionnellement, les mouvements fondés sur des convictions reli-

gieuses ou philosophiques présentant des dérives sectaires ont presque tou-
jours comportĂ© une dimension Ă©conomique plus ou moins marquĂ©e, et les 
gourous, quelle que soit leur envergure, ont rarement omis de tirer leur subsis-
tance, voire leur opulence, des subsides fournis par leurs adeptes. Mais la ques-
tion de l’utilisation de ces fonds, voire de leur destination rĂ©elle, a rarement 
été sérieusement examinée.

Avec le surgissement d’entreprises lucratives dĂ©pourvues de dimension 

de conviction ou dont cette dimension est marginale, mais présentant cepen-
dant des dĂ©rives sectaires (pratiques « thĂ©rapeutiques Â», organismes de « for-
mation Â» ou de « dĂ©veloppement personnel Â», soutien scolaire ou « Ă©ducatif Â», 
etc.), la question de savoir quelle est la destination des fonds ainsi drainĂ©s par 
des individus sans scrupule ne se dissimulant derriĂšre aucun systĂšme de pen-
sĂ©e mais seulement occupĂ©s Ă  exercer une domination sur leurs semblables et 
Ă  obtenir ainsi des moyens confortables de subsistance, prend une nouvelle 
acuité.

De plus, les systĂšmes sectaires ont souvent la tentation, on le constate, 

de coupler leurs activitĂ©s d’emprise sur les individus avec diverses fraudes des-

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tinĂ©es Ă  rendre l’ensemble encore plus lucratif : travail illĂ©gal, fraude fi scale, 
fraudes aux diverses allocations et aux aides publiques notamment. C’est un 
nouvel axe de travail pour la mission dans les années qui viennent, avec notam-
ment la perspective d’une confĂ©rence internationale sur le thĂšme « DĂ©rives 
sectaires et circuits fi nanciers Â».

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Conclusion

Le 11  dĂ©cembre 2008 Georges Fenech, accompagnĂ© de deux 

conseillers, se dĂ©plaçait Ă  Chaussin, sur le lieu de vie de la communautĂ© 
« Amour et MisĂ©ricorde Â». Il rencontrait la fondatrice, Éliane  D., plusieurs 
anciens membres, l’archevĂȘque de Dijon, puis le prĂ©fet et la presse.

Ce dĂ©placement, qui inaugure un nouveau mode d’intervention de la 

Miviludes sur le terrain, n’avait pas Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© au hasard.

Depuis l’annĂ©e 2002 au moins, les autoritĂ©s publiques –  prĂ©fec-

tures, autoritĂ© judiciaire – étaient rĂ©guliĂšrement alertĂ©es par des courriers et 
démarches individuelles de particuliers et de familles inquiÚtes voire désem-
parĂ©es. Les faits dĂ©noncĂ©s Ă©taient souvent prĂ©cis et dĂ©taillĂ©s, mais disparates, 
diffi ciles Ă  qualifi er s’agissant de personnes majeures, et ne justifi aient  pas, 
chacun pris isolĂ©ment, de rĂ©action de la part des pouvoirs publics. Par ailleurs 
ces dĂ©marches Ă©taient dissĂ©minĂ©es sur le territoire : Bretagne, Île-de-France, 
Bourgogne, sans possibilité de centralisation.

Seule la Miviludes Ă©tait en mesure de collecter et de centraliser ces 

Ă©lĂ©ments disparates. C’est ainsi qu’en quatre ans, de 2004 Ă  2008, elle avait 
recueilli un nombre important de tĂ©moignages concordants, mettant en cause 
Éliane D. Les faits dĂ©noncĂ©s soit par les familles et l’entourage soit par d’an-
ciens membres et sympathisants se caractĂ©risaient notamment par une forte 
emprise exercĂ©e sur des personnes qui Ă©taient malmenĂ©es, humiliĂ©es, parfois 
Ă©puisĂ©es physiquement, par des changements de comportement puis de mode 
de vie, par des ruptures souvent violentes et sans appel d’avec le milieu fami-
lial, par des unions et dĂ©sunions extrĂȘmement surprenantes pour l’entourage, 
voire par des demandes fi nanciĂšres exorbitantes de la part de la fondatrice, 
dont certains signalements allaient jusqu’à laisser craindre des captations de 
patrimoine au prĂ©judice de personnes fragiles 

 2

.

Par ailleurs, d’aprĂšs les Ă©lĂ©ments dĂ©tenus par la Miviludes, les autoritĂ©s 

ecclĂ©siastiques, pourtant alertĂ©es par les familles qui sollicitaient leur appui 
pour convaincre les personnes sous emprise de s’en dĂ©gager, ne semblaient 
pas, soit avoir pris la mesure des souffrances ainsi occasionnĂ©es et des dangers 
encourus, soit en mesure d’intervenir.

C’est dans ce contexte que le PrĂ©sident de la Miviludes effectuait un 

dĂ©placement, demandait Ă  ĂȘtre reçu au sein de la communautĂ©, rencontrait 
divers intervenants ainsi que les autoritĂ©s civiles et ecclĂ©siastiques. À l’issue 

2 - 

NB

 : la Miviludes ne dispose d’aucun pouvoir d’enquĂȘte. À rĂ©ception de tĂ©moignages ou de plaintes, et aprĂšs 

un premier travail de regroupement et d’examen de leur fi abilitĂ© apparente, elle les porte Ă  la connaissance des 
autoritĂ©s compĂ©tentes. Il ne lui appartient pas d’établir la rĂ©alitĂ© des faits qui lui sont dĂ©noncĂ©s.

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de ce dĂ©placement, dont la presse s’est largement fait l’écho, l’association 
« Amour et MisĂ©ricorde Â» s’est autodissoute. Cette dĂ©cision, qui ne regarde que 
ses membres, n’a pas Ă©tĂ© expliquĂ©e, et ne garantit bien Ă©videmment pas que les 
abus éventuels auraient cessé.

Mais cette dĂ©marche, entiĂšrement placĂ©e sous le signe de la bonne 

volontĂ© et de la concertation, aura sans doute contribuĂ© Ă  Ă©clairer d’un jour 
nouveau les possibilitĂ©s d’action des victimes et de leur famille, des mĂ©dias, des 
diverses autoritĂ©s et des pouvoirs publics en matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives 
sectaires.

C’est une autre maniĂšre de dire : 

« Il existe des dĂ©rives sectaires, il existe des 

victimes, le dispositif de lutte est multiple, tout ne peut ĂȘtre traitĂ© exclusivement au plan 
local et sous l’angle judiciaire compte tenu des particularitĂ©s du phĂ©nomĂšne. DĂšs lors, 
dans la mesure oĂč nous pouvons agir, agissons, chacun Ă  sa place et dans le strict respect 
des libertĂ©s individuelles et des lois rĂ©publicaines Â»

.

Dans cette perspective, quelle meilleure conclusion donner Ă  ce rap-

port annuel 2008 que la lettre adressĂ©e le 6  janvier 2009 au PrĂ©sident de la 
Miviludes, Ă  la suite de son dĂ©placement Ă  Dijon, par un proche de victimes 
sous emprise du mouvement « Amour et MisĂ©ricorde Â» :

Le 6 janvier 2009

Monsieur le Président,

Je tiens Ă  vous exprimer toute ma reconnaissance pour votre interven-
tion en province au sein du groupe « Amour et MisĂ©ricorde Â». Votre 
action a fait considĂ©rablement Ă©voluer les choses qui Ă©taient en Ă©tat 
de latence depuis dix ans.

Les familles dans la peine voient enfi n grĂące Ă  vous une lueur au fond 
du tunnel et espĂšrent que les choses vont pouvoir Ă©voluer favorable-
ment. Cela prendra du temps mais nous espĂ©rons que la procĂ©dure 
en cours aboutira positivement.

Ce groupe modeste en comparaison de ceux qui doivent vous inté-
resser au premier chef a retenu votre attention pour votre premier 
déplacement et nous vous en sommes trÚs reconnaissants.

En ce dĂ©but d’annĂ©e, je forme des vƓux pour que la Miviludes puisse 
disposer des moyens qui lui permettront de limiter effi cacement le 
phénomÚne sectaire.

Je vous prie de croire, Monsieur le PrĂ©sident, Ă  l’expression de mon 
meilleur et trĂšs reconnaissant sentiment.

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▌

A

 

nnexes

Loi n

o

 2008-1187 du 14 novembre 2008, 

relative au statut des tĂ©moins 
devant les commissions d’enquĂȘte parlementaires .......................... 179

Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer 
et des Collectivités territoriales, du 25 février 2008
sur la « Lutte contre les dĂ©rives sectaires Â» ......................................... 181

Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer 
et des CollectivitĂ©s territoriales, du 23 janvier 2009, 
sur les « Orientations du ministĂšre de l’IntĂ©rieur 
en matiĂšre de lutte contre les dĂ©rives sectaires pour 2009 Â» ............ 189

ActivitĂ©s parlementaires ..................................................................... 191

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Loi n

o

 2008-1187 du 14 novembre 

2008, relative au statut des tĂ©moins 
devant les commissions d’enquĂȘte 
parlementaires

1

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

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Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 
de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s 
territoriales, du 25 fĂ©vrier 2008 sur la 
« Lutte contre les dĂ©rives sectaires Â»

 

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Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 
de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s 
territoriales, du 23 janvier 2009, sur 
les « Orientations du ministĂšre de 
l’IntĂ©rieur en matiĂšre de lutte contre 
les dĂ©rives sectaires pour 2009 Â»

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Activités parlementaires

 

●

1 – Loi n

o

 2008-1187 du 14 novembre 2008 relative au statut 

des tĂ©moins devant les commissions d’enquĂȘte parlementaire, 
votée en seconde lecture le 4 novembre 2008 (

Journal offi ciel

 du 

18 novembre 2008)

Le parlement a  adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© ce texte, destinĂ© Ă  soustraire 

les tĂ©moins aux pressions judiciaires sous les chefs de diffamation, d’injure 
ou d’outrage en leur garantissant l’immunitĂ©, dĂšs lors que leurs propos ne 
seraient pas Ă©trangers Ă  l’objet de l’enquĂȘte. Cette proposition de loi du prĂ©-
sident de l’AssemblĂ©e nationale, Bernard Accoyer, faisait suite aux actions en 
justice intentĂ©es par certains mouvements sectaires Ă  l’encontre de tĂ©moins, 
institutionnels et ex-adeptes, qui s’étaient exprimĂ©s devant la commission d’en-
quĂȘte sur « Les sectes et les mineurs Â».

 

●

2 – Questions Ă©crites

Au cours des douze mois Ă©coulĂ©s, jusqu’à la fi n du mois de 

décembre 2008, un peu plus de soixante questions écrites relatives à la problé-
matique sectaire ont Ă©tĂ© posĂ©es, dont une quarantaine ont reçu rĂ©ponse. Ces 
statistiques montrent l’intĂ©rĂȘt soutenu des parlementaires pour ce sujet.

Nombre d’entre elle sont consĂ©cutives au rapport de la Commission 

d’enquĂȘte parlementaire sur « Les sectes et les mineurs Â» et ont obtenu rĂ©ponse 
en 2008. Par ailleurs, la polémique médiatique relative au traitement de la pro-
blĂ©matique sectaire, dĂ©clenchĂ©e en fĂ©vrier 2008 par les propos de la directrice 
de cabinet du PrĂ©sident de la RĂ©publique, a suscitĂ© plus d’une vingtaine d’in-
terrogations sur la politique de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires 
et l’avenir de la Miviludes. Le rapport 

La justice face aux dérives sectaires

, remis en 

juillet 2008 au Premier ministre par Georges Fenech, aujourd’hui PrĂ©sident de 
la Miviludes, a fait l’objet de six questions, encore sans rĂ©ponse Ă  ce jour. Enfi n, 
on relĂšvera qu’une douzaine de parlementaires, piĂ©gĂ©s par le lobbying rĂ©gulier 
de l’émanation d’un mouvement sectaire bien connu pour sa dĂ©nonciation de 
la psychiatrie, ont interpellé la ministre de la Santé au sujet du bilan des hospi-
talisations sans consentement.

Le lecteur trouvera ci-aprĂšs une sĂ©lection de questions, dont les 

rĂ©ponses, reproduites dans leur intĂ©gralitĂ© ou en extrait, prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt 
innovant :

 

●

A – Politique de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives 

sectaires

‱ Miviludes

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188 

MIVILUDES 

▌

Question

 

 1

 : M. Jean-Pierre Kucheida attire l’attention de M

me

 la ministre 

de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales sur l’annonce de 
la suppression de la Miviludes (Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires). Le Gouvernement, au nom d’une lecture stricte 
et tronquĂ©e de la loi de 1905 portant sĂ©paration des Ă©glises et de l’État, entend 
garantir une libertĂ© cultuelle absolue qui menace de profi ter au lobbying sec-
taire. Or, « la question sectaire nĂ©cessite qu’une structure offi cielle trĂšs spĂ©cia-
lisĂ©e puisse en Ă©tudier les mutations dans l’objectif de faire de la prĂ©vention 
sur les mĂ©canismes sectaires, Ă  destination des citoyens de notre pays Â», ce qui 
correspond prĂ©cisĂ©ment aux responsabilitĂ©s de la Miviludes. Les associations 
de dĂ©fense des victimes des sectes s’inquiĂštent de la disparition de la Miviludes, 
ou de la restriction de son mandat, dont la capacitĂ© prĂ©ventive est bien plus 
effi cace que la seule alternative rĂ©pressive qui semble se dessiner aujourd’hui. 
Il ne faut en aucun cas cĂ©der aux sirĂšnes fi nanciĂšres des sectes qui s’efforcent 
de la sorte d’obtenir une honorabilitĂ© au sein de notre sociĂ©tĂ©. N’oublions pas 
que l’argent qu’elles utilisent pour parvenir Ă  une reconnaissance religieuse 
n’est autre que celui qu’elles extorquent aux personnes fragiles, dĂ©sorientĂ©es 
voire parfois dĂ©sespĂ©rĂ©es. Cet argent amassĂ© Ă  force de manipulation n’honore 
en aucun cas la cause ou l’idĂ©al mĂ©taphysique dĂ©fendu par ces organisations. 
Il met en pĂ©ril la vie et la survie des « disciples Â» enrĂŽlĂ©s dans une enceinte 
qui abuse de leur faiblesse et en fait un fond de commerce particuliĂšrement 
lucratif. La France ne peut se satisfaire d’une simple alternative rĂ©pressive et 
policiĂšre dans la lutte contre les dĂ©rives sectaires. La Miviludes s’est attelĂ©e Ă  la 
tĂąche qui est la sienne et qui doit le demeurer : apporter un Ă©clairage objectif 
et complet sur les activitĂ©s des sectes afi n d’en prĂ©venir les dĂ©rives. En consĂ©-
quence, il lui demande de prolonger ses activités, car elle agit pour la préserva-
tion d’un droit fondamental que la Constitution garantit Ă  chaque citoyen : la 
sûreté et la sécurité des personnes et des biens.

RĂ©ponse

 

 2

 : 

Les risques de dérives sectaires constituent un motif de préoccupa-

tion pour le Gouvernement. Ceux-ci ne relĂšvent effectivement plus seulement de la sphĂšre 
religieuse mais se dĂ©veloppent Ă©galement dans des secteurs plus diversifi Ă©s  concernant 
l’ensemble du tissu social. Dans ce contexte, le Premier ministre a eu l’occasion de rĂ©af-
fi rmer la nĂ©cessitĂ© d’apprĂ©hender ce phĂ©nomĂšne dans le cadre interministĂ©riel spĂ©cifi que 
et de rappeler ainsi l’intĂ©rĂȘt s’attachant au maintien de la Mission interministĂ©rielle 
de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires. Il a  Ă©galement soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© 
de renforcer l’effi cacitĂ© de cette politique de vigilance qui ne saurait se limiter Ă  la seule 
dĂ©marche de prĂ©vention. C’est dans cette perspective qu’a Ă©tĂ© confi Ă©e Ă  M. Georges Fenech, 
magistrat et ancien prĂ©sident de la commission d’enquĂȘtes sur les sectes et les mineurs, une 
mission d’évaluation des dispositifs judiciaires relatifs Ă  la lutte contre les dĂ©rives sectaires 
concernant les auteurs des dĂ©rives et leurs victimes. Cette mission lui a permis notamment 
de dresser un bilan de l’application de la loi About-Picard de juin 2001, d’analyser la 
formation des magistrats et leur sensibilisation aux dérives sectaires et de faire des proposi-

1 - Question n

o

  19841, de M.  Jean-Pierre Kucheida, dĂ©putĂ© du Pas-de-Calais (

Journal offi ciel

 du 1

er

 avril 2008, 

p. 2802).
2 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 11 novembre 2008, p. 9736.

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 189

▌

tions, ainsi que le rĂŽle des associations. C’est Ă©galement dans le mĂȘme esprit que M. Fenech 
vient d’ĂȘtre nommĂ© PrĂ©sident de la Miviludes, dĂ©montrant ainsi toute l’importance que le 
Gouvernement attache à cette structure et au travail qu’elle accomplit.

Question

 

 3

 : M. Bernard Cazeneuve attire l’attention de M. le Premier 

ministre sur les craintes exprimées en matiÚre de dérives sectaires. Un cer-
tain nombre d’associations ont exprimĂ© leur profond attachement Ă  la 
Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires 
(Miviludes) qui existe depuis 2002. Elles expriment aujourd’hui leur peur de 
voir cette structure disparaĂźtre au profi t d’une entitĂ© unique de dĂ©fense de tous 
les droits. Il rappelle que l’État doit continuer Ă  exercer, 

via

 la Miviludes, une 

vigilance constante sur les agissements sectaires et favoriser la coordination 
des actions de prĂ©vention. Enfi n, l’action de la Miviludes permet d’apprĂ©hen-
der le phĂ©nomĂšne sectaire dans son ensemble, Ă  un moment oĂč les plaintes 
des victimes nous montrent qu’il ne se limite plus Ă  la sphĂšre religieuse mais 
touche de plus en plus le secteur de la santĂ©, du dĂ©veloppement personnel, 
des actions humanitaires ou encore les activités éducatives, sportives et cultu-
relles. En consĂ©quence, il souhaite demander au Gouvernement quel est l’ave-
nir de la Miviludes (Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les 
dĂ©rives sectaires) et quelles mesures pourraient ĂȘtre adoptĂ©es pour amĂ©liorer 
et encourager son action.

RĂ©ponse

 

 4

 : 

Le Premier ministre a eu l’occasion de rĂ©affi rmer rĂ©cemment l’intĂ©rĂȘt 

s’attachant au maintien, voire au renforcement, de la mission interministĂ©rielle de vigi-
lance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires et Ă  l’accomplissement de ses missions. Aucune 
disposition du décret n

o

 2002-1392 du 28 novembre 2002 n’implique en effet que cette 

vigilance doive se limiter Ă  la sphĂšre religieuse.

Question

 

 5

 : M.  Jean Grellier alerte M.  le secrĂ©taire d’État chargĂ© des 

relations avec le Parlement sur les publications récemment reçues par les par-
lementaires relatives Ă  la psychiatrie. Il y a quelques semaines, une brochure 
luxueuse, agrĂ©mentĂ©e de surcroĂźt d’un DVD Ă©difi ant quant au diagnostic sur 
les « mĂ©rites Â» de la pratique de la psychiatrie, Ă©tait transmise Ă  tous les dĂ©putĂ©s. 
Lecture faite des mentions lĂ©gales de ce document, il apparaĂźt qu’il Ă©mane 
de l’Église de scientologie. Selon le rapport parlementaire n

o

  2468, l’Église 

de scientologie est identifi Ă©e de maniĂšre indĂ©niable comme un mouvement 
sectaire. Les sectes peuvent donc librement faire Ɠuvre de prosĂ©lytisme jusque 
dans nos institutions oĂč les principes de laĂŻcitĂ© et de rationalisme Ă©clairĂ© condi-
tionnent nos principes rĂ©publicains. Il lui demande donc de bien vouloir lui 
expliquer sa position quant Ă  ce qui semble ĂȘtre pour le moins un paradoxe 
extrĂȘmement gĂȘnant.

3 - Question n

o

  19451, de M.  Bernard Cazeneuve, dĂ©putĂ© de la Manche (

Journal offi ciel

 du 25  mars 2008, 

p. 2494).
4 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 22 avril 2008, p. 3429.

5 - Question n

o

 16493, de M. Jean Grellier, député des Deux-SÚvres (JO du 12 février 2008, p. 1117)

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190 

MIVILUDES 

▌

RĂ©ponse

 

 6

 : 

Le droit positif ignore la notion de secte Ă  laquelle n’est attachĂ©e 

aucune consĂ©quence juridique. Cette absence de dĂ©fi nition rĂ©sulte de la conception fran-
çaise de la laĂŻcitĂ©, qui trouve son fondement dans l’article 10 de la DĂ©claration des droits 
de l’Homme et du citoyen disposant que « nul ne doit ĂȘtre inquiĂ©tĂ© pour ses opinions, 
mĂȘme religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public instituĂ© 
par la loi Â», et qui pose ainsi clairement le principe de la neutralitĂ© de l’État Ă  l’égard 
des opinions religieuses. C’est pourquoi tout courant de pensĂ©e peut librement s’exprimer, 
tant qu’il agit dans le cadre de la loi. NĂ©anmoins, si la RĂ©publique assure la libertĂ© de 
conscience et garantit le libre exercice des cultes, elle réprime les dérives constatées dans cer-
tains groupements qui peuvent, en l’état actuel de notre droit, tomber d’ores et dĂ©jĂ  sous le 
coup de multiples qualifi cations pĂ©nales. L’intitulĂ© de la « mission de vigilance et de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires Â» crĂ©Ă©e par dĂ©cret le 28 novembre 2002 rĂ©sume la conception des 
pouvoirs publics en la matiĂšre ; cette mĂȘme conception a sous-tendu l’élaboration de la loi 
n

o

 2001-504 du 12 juin 2001 visant à renforcer la prévention et la répression des mou-

vements sectaires portant atteinte aux droits de l’Homme et aux libertĂ©s fondamentales.

‱ Dispositifs : groupes de travail en prĂ©fecture, GIR et correspondants 

justice

Question

 

 7

 : M

me

 VĂ©ronique Besse attire l’attention de M

me

 la ministre de 

l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales sur la Mission inter-
ministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires (Miviludes). En 
effet, malgrĂ© la prise de conscience de ce problĂšme de sociĂ©tĂ©, grĂące auquel 
un certain nombre de solutions ont pu ĂȘtre apportĂ©es, les dĂ©rives sectaires ne 
se limitent pas Ă  la sphĂšre religieuse mĂȘme si cette derniĂšre lui sert souvent 
de masque. Aujourd’hui, le phĂ©nomĂšne sectaire relĂšve aussi largement des 
domaines de la santé, du développement personnel, de la formation en entre-
prise, et de la science et de la culture. L’État doit mener une politique de vigi-
lance et de prĂ©vention par la voie de la Miviludes qui doit continuer Ă  exercer 
une vigilance constante sur les agissements sectaires. Elle lui demande quelles 
mesures pourraient ĂȘtre adoptĂ©es pour amĂ©liorer l’action de la Miviludes.

RĂ©ponse

 

 8

 : 

La mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les 

dĂ©rives sectaires (Miviludes), instituĂ©e par dĂ©cret du 28 novembre 2002, est rattachĂ©e au 
Premier ministre. Pour ce qui relĂšve de sa compĂ©tence, le ministre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-
Mer et des CollectivitĂ©s territoriales a  adressĂ©, le 25  fĂ©vrier 2008, une circulaire aux 
prĂ©fets, leur rappelant que le suivi des mouvements dont les agissements sont susceptibles 
de faire l’objet de procĂ©dures judiciaires doit faire l’objet d’un recoupement d’informations 
entre les services membres du groupe de travail spĂ©cifi quement consacrĂ© aux dĂ©rives sec-
taires au sein des conseils dĂ©partementaux de prĂ©vention de la dĂ©linquance, d’aide aux 
victimes et de lutte contre la drogue, les dĂ©rives sectaires et les violences faites aux femmes, 
sur le modĂšle des groupements d’intervention rĂ©gionaux. L’action menĂ©e dans les dĂ©par-
tements, en Ă©troite collaboration avec les procureurs de la RĂ©publique, doit permettre de 

6  -  RĂ©ponse publiĂ©e au JO du 20 mai 2008, p. 4230
7 - Question n

o

 19845, de M

me

 VĂ©ronique Besse, dĂ©putĂ© de la VendĂ©e (

Journal offi ciel

 du 1

er

 avril 2008, p. 2803).

8 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 18 novembre 2008, p. 9982.

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 191

▌

collecter et de diffuser l’information la plus complĂšte possible sur les dĂ©rives sectaires et 
contribuer Ă  l’action interministĂ©rielle en la matiĂšre.

Questions

 

 9

 : M. Éric Ciotti interroge M

me

 la ministre de l’IntĂ©rieur, de 

l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales sur la proposition formulĂ©e dans le 
rapport intitulĂ© 

La justice face aux dérives sectaires

 remis par M. Georges Fenech au 

Premier ministre consistant Ă  instituer des « GIR-dĂ©rives sectaires Â» dans chaque 
dĂ©partement. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer son sentiment sur 
cette proposition et le cas Ă©chĂ©ant les dĂ©lais de mise en Ɠuvre de cette mesure.

M.  Pierre Morel-A-L’Huissier attire l’attention de M

me

  la ministre de 

l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales sur la restructura-
tion des services des renseignements généraux et de la Direction de la sur-
veillance du territoire (DST). Il lui demande s’il est envisagĂ© de crĂ©er un GIR-
dérive sectaire dans chaque département.

RĂ©ponse

 

 10

 : 

Les services de police et de gendarmerie sont de longue date mobi-

lisĂ©s face aux risques sectaires. Au sein de la police nationale, le suivi de ce type de 
mouvements susceptibles de porter atteinte Ă  l’ordre public est assurĂ© par les services d’in-
formation générale de la sécurité publique tandis que la Direction centrale du renseigne-
ment intĂ©rieur participe Ă  la surveillance des organisations susceptibles d’attenter Ă  la 
sĂ©curitĂ© nationale. À Paris, ces dossiers relĂšvent de la Direction du renseignement de la 
prĂ©fecture de police. La Direction centrale de la police judiciaire, dont l’Offi ce central pour 
la rĂ©pression des violences aux personnes dispose d’un groupe d’enquĂȘtes sur les sectes, est 
pour sa part compĂ©tente concernant les pratiques d’endoctrinement constitutives d’infrac-
tions pĂ©nales. L’action de la gendarmerie en la matiĂšre repose notamment sur le service 
technique de recherche judiciaire et de documentation, qui analyse les dĂ©rives sectaires 
Ă  partir du renseignement collectĂ© localement, tandis que les enquĂȘtes judiciaires sont 
conduites par les diffĂ©rentes unitĂ©s. La police et la gendarmerie sont par ailleurs dotĂ©es 
d’un « rĂ©fĂ©rent secte Â» auprĂšs de la mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre 
les dĂ©rives sectaires (Miviludes), rattachĂ©e au Premier ministre. Le ministre de l’IntĂ©rieur, 
de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales a dĂ©cidĂ© de relancer l’action des forces de 
sĂ©curitĂ© dans ce domaine et d’adapter les mĂ©thodes face Ă  des dĂ©fi s en constante Ă©volution, 
liĂ©s Ă  des formes d’action plus diffuses (formation, accompagnement personnel, activitĂ©s 
paramĂ©dicales, etc.). Le ministre a  donc rĂ©uni au mois de fĂ©vrier  2008 les prĂ©fets, les 
directeurs gĂ©nĂ©raux de la police et de la gendarmerie nationales et le prĂ©fet de police pour 
leur demander de faire preuve d’une vigilance et d’une mobilisation accrues en renfor-
çant le travail d’observation, de renseignement et de signalement systĂ©matique, et rappelĂ© 
toute l’attention dont les victimes doivent bĂ©nĂ©fi cier. Le ministre a demandĂ© Ă  la police 
judiciaire de porter une attention particuliĂšre Ă  ces questions afi n que des poursuites judi-
ciaires soient diligentĂ©es chaque fois que des agissements sont susceptibles de recevoir une 
qualifi cation pĂ©nale. À cette fi n, il a également dĂ©cidĂ© de mettre en Ɠuvre une approche 
dĂ©cloisonnĂ©e de la lutte contre les dĂ©rives sectaires, sur le modĂšle des GIR, notamment afi n 

9 - Question n

o

  33133 de M.  Ă‰ric Ciotti, dĂ©putĂ© des Alpes-Maritimes (

Journal offi ciel

 du 21  octobre 2008, 

p. 8953) et question n

o

 32586, de M. Pierre Morel-A-L’Huissier, dĂ©putĂ© de la LozĂšre (

Journal offi ciel

 du 14 octobre 

2008, p. 8738).
10  -  RĂ©ponse commune aux questions n

o

 33133 et 32586 publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 le 24 fĂ©vrier 2009, p. 1856.

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192 

MIVILUDES 

▌

de permettre la constatation d’infractions fi scales ou fi nanciĂšres. Les diffĂ©rents services 
de l’État seront dĂ©sormais mobilisĂ©s dans chaque dĂ©partement par les prĂ©fets, en liaison 
avec les procureurs de la RĂ©publique, pour joindre leur action Ă  celle des forces de sĂ©curitĂ© 
et apprĂ©hender le phĂ©nomĂšne dans un cadre interministĂ©riel coordonnĂ©. À cet effet, une 
circulaire a étĂ© adressĂ©e le 25 fĂ©vrier aux prĂ©fets, qui leur rappelle en particulier la rigueur 
juridique qui doit ĂȘtre apportĂ©e aux actions menĂ©es en la matiĂšre. Par ailleurs, le suivi des 
mouvements dont les agissements sont susceptibles d’entraĂźner l’ouverture de procĂ©dures 
judiciaires doit dorĂ©navant faire l’objet d’une centralisation et d’un recoupement des 
informations entre les services de l’État concernĂ©s dans un groupe de travail restreint sur 
cette thĂ©matique, au sein des conseils dĂ©partementaux de prĂ©vention de la dĂ©linquance, 
d’aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dĂ©rives sectaires et les violences faites 
aux femmes. Le ministre demande que ce groupe s’inspire, dans ses mĂ©thodes de travail, 
du fonctionnement des GIR. S’il n’est donc pas envisagĂ© de crĂ©er Ă  proprement parler des 
« GIR-dĂ©rives sectaires Â» dans chaque dĂ©partement, une dynamique nouvelle n’en est pas 
moins mise en Ɠuvre pour lutter contre ce type de dĂ©rives, avec des modes d’action inno-
vants et largement inspirés de ceux des GIR.

Question

 

 11

 : M. Éric Ciotti interroge M

me

 la garde des Sceaux, ministre 

de la Justice, sur la proposition formulĂ©e dans le rapport remis par M. Georges 
Fenech au Premier ministre intitulĂ© 

La justice face aux dérives sectaires

 consistant 

Ă  instituer au sein des directions rĂ©gionales de la protection judiciaire de la 
jeunesse un correspondant dĂ©rives sectaires. Il lui demande de bien vouloir lui 
indiquer son sentiment sur cette proposition et le cas Ă©chĂ©ant les dĂ©lais de mise 
en Ɠuvre de cette mesure.

RĂ©ponse

 

 12

 : 

L’honorable parlementaire a  bien voulu appeler l’attention de 

M

me

 

la garde des Sceaux, ministre de la Justice, sur la proposition Ă©mise par M. Georges 

Fenech d’instituer un correspondant dĂ©rives sectaires au sein des directions interrĂ©gio-
nales de la protection judiciaire de la jeunesse. Cette préconisation est de nature à com-
pléter utilement la circulaire du 1

er

 dĂ©cembre 1998, par laquelle le ministĂšre de la Justice 

avait institué au sein de chaque parquet général un magistrat référent chargé de coordon-
ner au plan rĂ©gional l’identifi cation et le traitement judiciaire des dĂ©rives sectaires. Elle 
rĂ©pond par ailleurs aux conclusions du rapport du 12 dĂ©cembre 2006 fait au nom de la 
commission d’enquĂȘte parlementaire relative Ă  l’infl uence des mouvements Ă  caractĂšre sec-
taire et aux consĂ©quences de leurs pratiques sur la santĂ© physique et mentale des mineurs, 
qui soulignait que les dispositifs juridiques et administratifs existants demandaient Ă  ĂȘtre 
complĂ©tĂ©s pour assurer aux mineurs victimes d’une organisation sectaire une rĂ©elle protec-
tion. La dĂ©signation d’interlocuteurs privilĂ©giĂ©s des parquets spĂ©cialisĂ©s et des cellules de 
vigilance au sein des directions interrĂ©gionales de la Direction de la protection judiciaire 
de la jeunesse constitue enfi n une amĂ©lioration concrĂšte du dispositif de protection de 
l’enfance et de prĂ©vention de la dĂ©linquance, dont la mise en Ɠuvre est programmĂ©e avant 
la fi n de l’annĂ©e 2008

 

 13

.

11 - Question n

o

  33134 de M.  Ă‰ric Ciotti, dĂ©putĂ© des Alpes-Maritimes (

Journal offi ciel

 du 21  octobre 2008, 

p. 8957).
12 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 23 dĂ©cembre 2008, p. 11181.

13  -  DĂ©cision du 10 fĂ©vrier 2009 (

Journal offi ciel

 du 5 mars 2009).

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 193

▌

 

●

B – Mineurs en danger : procĂ©dure de saisine par les grands 

parents

Question

 

 14

 : M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti attire l’attention de M

me

 la garde des 

Sceaux, ministre de la Justice, sur le rapport n

o

 3507 remis au Gouvernement 

au nom de la commission d’enquĂȘte relative Ă  l’infl uence des mouvements Ă  
caractĂšre sectaire et aux consĂ©quences de leurs pratiques sur la santĂ© physique 
et mentale des mineurs. Ledit rapport propose de permettre aux grands-parents 
d’un enfant de saisir directement le juge des enfants lorsque la santĂ©, la sĂ©cu-
ritĂ© ou la moralitĂ© de cet enfant sont en danger. En effet, dans ces hypothĂšses, 
l’article 375 du code civil permet Ă  chacun des parents, au tuteur, au mineur ou 
au ministĂšre public de demander au juge des enfants d’ordonner des mesures 
Ă©ducatives pour le bien de l’enfant. Les grands-parents, lorsqu’ils constatent 
une situation de danger dans l’éducation donnĂ©e Ă  leurs petits-enfants, peu-
vent en saisir le procureur de la RĂ©publique qui pourra dĂ©cider de saisir le juge 
des enfants. Or, le plus souvent, les dĂ©rives sectaires s’exerçant sur les enfants 
doivent ĂȘtre rapidement contrĂ©es. Il paraĂźt donc nĂ©cessaire de modifi er l’ar-
ticle prĂ©citĂ©, afi n de favoriser l’action des grands-parents, inquiets des condi-
tions de vie de leurs petits-enfants. Aussi il lui serait agrĂ©able de connaĂźtre la 
position du Gouvernement quant Ă  cette proposition, d’une part, et dans quel 
dĂ©lai il compte la mettre en Ɠuvre, d’autre part.

RĂ©ponse

 

 15

 : 

L’honorable parlementaire a  bien voulu appeler l’attention de 

M

me

 

la garde des Sceaux, ministre de la Justice, sur la situation des mineurs en danger du 

fait de dĂ©rives sectaires et sur l’opportunitĂ© de permettre Ă  leurs grands-parents de saisir 
directement le juge des enfants lorsque la santĂ©, la sĂ©curitĂ© ou la moralitĂ© de l’enfant sont 
en danger. Cette prĂ©conisation, prĂ©sentĂ©e sous forme d’amendement Ă  la loi n

o

 2007-293 

du 5 mars 2007 rĂ©formant la protection de l’enfance, a fait l’objet d’un avis dĂ©favorable 
de la part du Gouvernement, qui a considĂ©rĂ© que les grands-parents disposent d’ores et 
dĂ©jĂ  de moyens d’action importants. En effet, lorsque l’appartenance des parents Ă  une 
secte entraĂźne une rupture avec les grands-parents, ces derniers peuvent saisir le juge aux 
affaires familiales pour faire valoir le droit aux relations personnelles avec l’enfant que 
leur confĂšre l’article 371-4 du code civil, qui dispose :

 Â« L’enfant a le droit d’entrete-

nir des relations personnelles avec ses ascendants. Â» 

Cette disposition a d’ailleurs 

été renforcée par ladite loi qui a ajouté un alinéa 2 indiquant que

 Â« seul l’intĂ©rĂȘt de 

l’enfant peut faire obstacle Ă  l’exercice de ce droit Â»

. Par ailleurs, la liste des per-

sonnes autorisĂ©es Ă  saisir directement le juge des enfants, fi xĂ©e par l’article 375 du code 
civil, correspond Ă  la liste des personnes susceptibles de devenir parties Ă  la procĂ©dure d’as-
sistance Ă©ducative. En effet, cette procĂ©dure porte sur les modalitĂ©s d’exercice de l’autoritĂ© 
parentale et a donc vocation Ă  s’appliquer en prioritĂ© aux personnes titulaires de l’autoritĂ© 
parentale : les parents, le tuteur ; ou directement concernĂ©es par ses modalitĂ©s d’exercice ; 
le mineur, la personne ou le service auquel il est confi Ă©. L’ensemble de ces personnes sont, 
à ce titre, habilitées à saisir directement le juge. Pour toutes les autres personnes, le procu-

14 - Question n

o

 3406 de M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti, dĂ©putĂ© des Ardennes (

Journal offi ciel

 du 14 aoĂ»t 2007, p. 5232).

15 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 17 juin 2008, p. 5221.

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194 

MIVILUDES 

▌

reur de la RĂ©publique constitue l’autoritĂ© auprĂšs de laquelle le signalement judiciaire doit 
ĂȘtre portĂ©, ce qui lui permet d’opĂ©rer pleinement son rĂŽle de fi ltre et d’orienter au mieux la 
procĂ©dure en fonction des Ă©lĂ©ments qui y sont contenus. En effet, s’agissant de mineurs 
pris en charge dans des organisations Ă  caractĂšre sectaire, le procureur de la RĂ©publique 
peut faire choix, par prioritĂ©, de diligenter une enquĂȘte pĂ©nale, outre la saisine du juge des 
enfants et, en cas d’urgence avĂ©rĂ©e, de retirer un mineur de son milieu naturel pour assu-
rer sa protection physique et psychique immĂ©diate. De plus, il peut estimer que la situation 
portĂ©e Ă  sa connaissance ne procĂšde pas d’une intervention judiciaire en protection de 
l’enfance, mais davantage de l’intervention administrative et envisager ainsi de saisir les 
services du Conseil gĂ©nĂ©ral. La saisine du juge des enfants par les grands-parents, mĂȘme 
Ă  l’égard de mineurs concernĂ©s par des dĂ©rives sectaires, n’apparaĂźt donc pas constituer 
la seule rĂ©ponse possible. En outre, l’article  375 du code civil dispose Ă©galement que le 
juge des enfants pourra, Ă  titre exceptionnel, se saisir d’offi ce. Cette disposition est sus-
ceptible de trouver application lorsque des grands-parents informent directement le juge 
des enfants d’une situation de danger grave et imminent Ă  laquelle leurs petits-enfants se 
trouvent confrontĂ©s. Le dernier rapport de la mission interministĂ©rielle de vigilance et de 
lutte contre les dĂ©rives sectaires rappelle les Ă©lĂ©ments essentiels de ce dispositif qui paraĂźt 
en l’état rĂ©pondre de maniĂšre adaptĂ©e aux prĂ©occupations manifestĂ©es par l’honorable 
parlementaire.

 

●

C – SantĂ©

‱ Évaluation des psychothĂ©rapies

Question

 

 16

 :  M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti attire l’attention de M

me

 la ministre 

de la Santé, de la Jeunesse et des Sports sur le rapport n

o

  3507 remis au 

Gouvernement au nom de la commission d’enquĂȘte relative Ă  l’infl uence 
des mouvements Ă  caractĂšre sectaire et aux consĂ©quences de leurs pratiques 
sur la santĂ© physique et mentale des mineurs. Ledit rapport propose, dans le 
domaine de la santĂ© publique, de dĂ©fi nir les bonnes pratiques des psychothĂ©-
rapeutes. En effet, la commission considÚre que la délivrance du titre de psy-
chothĂ©rapeute devrait ĂȘtre liĂ©e Ă  l’adhĂ©sion Ă  un code de bonnes pratiques, 
qui permettrait de procĂ©der Ă  un encadrement dĂ©ontologique des pratiques de 
psychothĂ©rapie. Ces rĂšgles devraient insister notamment sur la prise en compte 
des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de l’enfant. La mise en Ɠuvre de cette recommandation 
devrait se faire dans le cadre d’une organisation des activitĂ©s de psychothĂ©rapie 
au sein d’un conseil professionnel, sur le modĂšle du conseil professionnel de 
certaines professions paramĂ©dicales. Des instances disciplinaires veilleraient au 
respect du code des bonnes pratiques et des procĂ©dures d’évaluation des tech-
niques thĂ©rapeutiques pourraient ĂȘtre diligentĂ©es. Aussi il lui serait agrĂ©able de 
connaĂźtre la position du Gouvernement quant Ă  ces propositions, d’une part, et 
dans quel dĂ©lai il compte les mettre en Ɠuvre, d’autre part.

16 - Question n

o

 3413 de M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti, dĂ©putĂ© des Ardennes (

Journal offi ciel

 du 14 aoĂ»t 2007, p. 5266).

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 195

▌

RĂ©ponse

 

 17

 : 

Le Gouvernement est soucieux de la qualitĂ© des soins dĂ©livrĂ©s dans 

le cadre d’une psychothĂ©rapie. L’évaluation des psychothĂ©rapies est en effet un problĂšme 
complexe. Au-delĂ  de l’intĂ©rĂȘt des psychothĂ©rapies, la dĂ©fi nition de bonnes pratiques nĂ©ces-
site qu’un travail prĂ©alable soit menĂ© afi n de dĂ©terminer les procĂ©dures d’évaluation les 
plus adaptĂ©es. Dans ce cadre, la haute autoritĂ© de santĂ© (HAS) a acceptĂ© de rĂ©aliser un 
travail de synthĂšse bibliographique des mĂ©thodes existantes d’évaluation des psychothĂ©ra-
pies, en particulier celles fondĂ©es sur la pratique. De plus, un rĂ©seau de recherche clinique, 
fondĂ© sur les pratiques, a étĂ© cofi nancĂ© en 2008 par l’INSERM et le ministĂšre chargĂ© de 
la SantĂ© dans l’objectif d’évaluer les pratiques en psychothĂ©rapie et de mettre en rĂ©seau les 
professionnels pour amĂ©liorer leur exercice. Dans l’attente de ces travaux et compte tenu 
de la nĂ©cessitĂ© d’offrir dĂšs maintenant aux usagers une information sur le niveau de for-
mation des professionnels souhaitant user du titre de psychothĂ©rapeute, le projet de dĂ©cret, 
Ă  prendre en application de l’article 52 de la loi du 9 aoĂ»t 2004 relative Ă  la politique 
de santĂ© publique et qui vise Ă  encadrer l’usage de ce titre, a étĂ© transmis derniĂšrement 
au Conseil d’État. Dans ce contexte, la proposition du rapport n

o

 3507 au nom de la 

commission d’enquĂȘte relative Ă  l’infl uence des mouvements Ă  caractĂšre sectaire et aux 
consĂ©quences de leurs pratiques sur la santĂ© physique et mentale des mineurs, visant Ă  lier 
la dĂ©livrance du titre de psychothĂ©rapeute Ă  l’adhĂ©sion par les professionnels Ă  un code de 
bonnes pratiques, est diffi cilement envisageable Ă  ce stade.

‱ RĂ©glementation de la profession des psychothĂ©rapeutes

Question

 

 18

 :  M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti attire l’attention de M

me

 la ministre 

de la Santé, de la Jeunesse et des Sports sur le rapport n

o

  3507, remis au 

Gouvernement au nom de la commission d’enquĂȘte relative Ă  l’infl uence 
des mouvements Ă  caractĂšre sectaire et aux consĂ©quences de leurs pratiques 
sur la santĂ© physique et mentale des mineurs. Ledit rapport propose, dans le 
domaine de la santĂ© publique, de prĂ©ciser les conditions d’attribution du titre 
de psychothĂ©rapeute. En effet, la commission d’enquĂȘte estime insuffi santes 
les dispositions du projet de dĂ©cret sur l’usage du titre de psychothĂ©rapeute. 
Elle considĂšre que les titulaires d’un doctorat en mĂ©decine, les psychologues 
et les psychanalystes doivent attester d’une formation thĂ©orique et pratique en 
psychopathologie clinique, conformĂ©ment aux dispositions de l’article 52 de la 
loi n

o

 2004-806 du 9 aoĂ»t 2004 relative Ă  la politique de santĂ© publique. Aussi, 

il lui serait agrĂ©able de connaĂźtre, d’une part, la position du Gouvernement 
quant Ă  cette proposition, et, d’autre part, dans quel dĂ©lai il compte la mettre 
en Ɠuvre.

RĂ©ponse

 

 19

 : 

L’article 52 de la loi du 9 aoĂ»t 2004 relative Ă  la politique de 

santé publique

 

a pour objectif d’offrir tant au public qu’aux professionnels, qui en sont 

majoritairement demandeurs, une information sur la qualitĂ© et le niveau de formation 
des professionnels usant du titre de psychothĂ©rapeute. Il ne s’agit donc pas de crĂ©er une 
nouvelle profession, ni d’encadrer la formation et la pratique de la psychothĂ©rapie, mais 
de prĂ©ciser les conditions dans lesquelles il peut ĂȘtre fait usage de ce titre. La nouvelle 

17 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 4 novembre 2008, p. 9582.

18 - Question n

o

 3414 de M

me

 BĂ©rengĂšre Poletti, dĂ©putĂ© des Ardennes (

Journal offi ciel

 du 14 aoĂ»t 2007, p. 5267).

19 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 4 novembre 2008, p. 9583.

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196 

MIVILUDES 

▌

version du projet de dĂ©cret, Ă  prendre en application de l’article 52, offre Ă  cet Ă©gard les 
garanties nécessaires pour assurer une prise en charge de qualité à des patients vulné-
rables ou présentant une pathologie mentale. Ainsi, pour tous les professionnels souhai-
tant user du titre de psychothĂ©rapeute, qu’ils bĂ©nĂ©fi cient d’une procĂ©dure d’inscription de 
droit ou non sur le registre dĂ©partemental, il est prĂ©vu qu’ils satisfassent Ă  l’exigence d’une 
formation minimale en psychopathologie clinique thĂ©orique d’une durĂ©e de 400 heures et 
pratique d’une durĂ©e minimale de cinq mois. Le principe de dispenses partielles ou totales 
de formation pour les mĂ©decins, psychologues et psychanalystes rĂ©guliĂšrement inscrits sur 
un annuaire, a étĂ© prĂ©vu afi n de tenir compte des connaissances et compĂ©tences acquises 
par ces professionnels. De plus, le renforcement du contenu du cahier des charges de la 
formation et la fi xation, par arrĂȘtĂ© conjoint des ministres en charge de la SantĂ© et de 
l’enseignement supĂ©rieur, de la liste des formations jugĂ©es conformes Ă  celui-ci et ouvrant 
l’autorisation d’user du titre de psychothĂ©rapeute sont de nature Ă  garantir la qualitĂ© des 
acteurs de la formation. Sur ces bases qui ont été discutées avec les différents partenaires

un projet de dĂ©cret et d’arrĂȘtĂ© d’application sont en cours

 

 20

.

 

●

D – Mouvement : Tradition, Famille, PropriĂ©té (TFP)

Question

 

 21

 : M. Thierry Mariani appelle l’attention de M

me

 la ministre 

de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales sur l’association 

Tradition, Famille, Propriété

, association dĂ©clarĂ©e dont le siĂšge social se trouve 

12 avenue de Lowendal, 75007 Paris. Cette association a en effet été réperto-
riĂ©e comme secte par la commission d’enquĂȘte parlementaire de 1995. Aussi, il 
souhaite savoir, treize ans plus tard, si cette association est toujours considĂ©rĂ©e 
comme une secte.

RĂ©ponse

 

 22

 : 

La publication de listes de mouvements Ă  caractĂšre sectaire n’a 

jamais Ă©tĂ© pratiquĂ©e par les services de l’État. Le seul inventaire rĂ©alisĂ© jusqu’à prĂ©sent est le 
fait de la reprĂ©sentation nationale, Ă  l’occasion de la commission parlementaire d’enquĂȘte 
sur les sectes en France, constituĂ©e en 1995 et qui a permis de lister 172 associations, sans 
que toutefois ne s’attache Ă  cette liste aucune consĂ©quence juridique. ConformĂ©ment Ă  sa 
conception de la laĂŻcitĂ©, exprimĂ©e par l’article 10 de la DĂ©claration des droits de l’Homme 
et du citoyen de 1789, la RĂ©publique française ne saurait s’immiscer dans les croyances 
auxquelles peuvent librement adhĂ©rer les personnes, mais se doit d’assurer conjointement 
la protection de la libertĂ© de conscience et celle de l’ordre public, et notamment de protĂ©ger 
les personnes contre les dĂ©rives sectaires. Le respect de ces exigences d’égale valeur rend 
dĂ©licate la lutte contre ces dĂ©rives par les pouvoirs publics. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, la 
ministre de l’IntĂ©rieur, de l’Outre-Mer et des CollectivitĂ©s territoriales a rappelĂ© aux prĂ©-
fets, par circulaire du 25 fĂ©vrier 2008, que le suivi des mouvements dont les agissements 
sont susceptibles de faire l’objet de procĂ©dures judiciaires nĂ©cessite un recoupement d’in-
formations entre les services membres du groupe de travail spĂ©cifi quement consacrĂ© aux 
dĂ©rives sectaires au sein des conseils dĂ©partementaux de prĂ©vention de la dĂ©linquance, 
d’aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dĂ©rives sectaires et les violences faites 

20  -  DĂ©cret toujours en attente de publication.
21 - Question n

o

 24712 de M. Thierry Mariani, député du Vaucluse (

Journal offi ciel

 du 10 juin 2008, p. 4832).

22 - RĂ©ponse publiĂ©e au 

Journal offi ciel

 du 10 fĂ©vrier 2009, p. 1363.

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 197

▌

aux femmes, sur le modĂšle du fonctionnement des groupements d’intervention rĂ©gionaux. 
L’action menĂ©e dans les dĂ©partements l’est en Ă©troite collaboration avec les procureurs de 
la RĂ©publique. À ce jour, les agissements des membres de l’association Tradition, Famille, 
PropriĂ©tĂ© n’ont jamais fait l’objet de procĂ©dures judiciaires et ne peuvent ĂȘtre qualifi Ă©s de 
dĂ©rives sectaires constituant des agissements susceptibles d’ĂȘtre pĂ©nalement sanctionnĂ©s.

 

 23

23  -  Des informations dĂ©tenues par la Miviludes, il rĂ©sulte  premiĂšrement que l’association TFP et son dirigeant 
ont Ă©tĂ© poursuivis devant le tribunal correctionnel de Nanterre qui a rendu le 5 fĂ©vrier 2009 un jugement de 
relaxe qui sera rendu dĂ©fi nitif le 5 avril 2009, sous rĂ©serve d’un Ă©ventuel appel du ministĂšre public ; et deuxiĂšme-
ment qu’une instruction visant les mĂȘmes personnes est actuellement en cours au tribunal de grande instance 
de Paris. D’autre part dans une affaire opposant l’association Assistance Jeunesse au propriĂ©taire des locaux de 
« l’école Saint BenoĂźt Â», le tribunal de grande instance de ChĂąteauroux a rendu le 25 aoĂ»t 1982 un jugement 
assez explicite dans ses motifs quant aux dĂ©rives sectaires pouvant ĂȘtre reprochĂ©es Ă  cette association qui Ă©tait 
une Ă©manation directe de TFP.

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Rapport au Premier ministre 2008      Annexes

 199

▌

Adresses et liens utiles

Les adresses des sites prĂ©sentĂ©s ci-dessous contiennent un grand 

nombre de documents d’informations utiles. La Miviludes laisse Ă  leurs auteurs 
la responsabilité de leur contenu

 1

.

‱  L’Union nationale des associations pour la dĂ©fense de la famille et de l’indi-

vidu victime de sectes (UNADFI)
http://www.unadfi .com

‱  Le Centre de documentation, d’éducation et d’action contre les manipula-

tions mentales (CCMM)
www.ccmm.asso.fr

Autres adresses utiles

‱  L’association des faux souvenirs induits (AFSI)

Maison des associations du 13

e

 arrondissement, 11 rue Caillaux, 75013 Paris

‱  L’Association vie religieuse et familles

www.avref.asso.fr

‱  La DĂ©fenseure des enfants

http://www.defenseurdesenfants.fr

‱  La FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d’information sur le 

sectarisme
http://www.fecris.org

‱  Le Groupe d’étude des mouvements de pensĂ©e pour la prĂ©vention de l’indi-

vidu (GEMPPI) 
http://www.ifrance.com/sectes-info-gemppi/

‱  L’Institut national d’aide aux victimes et de mĂ©diation (INAVEM)

http://www.inavem.org

‱ PsychothĂ©rapie vigilance

http://PsyVig.com

‱ www.prevensectes.com

‱ www.zelohim.org

‱ www.prevensectes.com/therapires.htm

‱ www.antisectes.net

1  -   Liste non limitative.

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