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Premier ministre 

 
 
 
 
 

 

Rapport au Premier ministre 

 

 
 
 

AnnĂ©e 2005 

 

 
 
 
 
 

Mission interministĂ©rielle  

de vigilance et de lutte 

contre les dĂ©rives sectaires 

- MIVILUDES - 

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SOMMAIRE 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE MOT DU PRÉSIDENT 

            3 

INTRODUCTION 

             8

 

I  â€“ ANALYSES 

11 â€“ Protection des mineurs face Ă  l’emprise sectaire  

      12 

12 â€“ Les risques induits par les pratiques de soins  

      et de guĂ©risons dans les groupes Ă  caractĂšre sectaire       27 

13 â€“ Risques sectaires et pratiques d’intelligence  
        Ă©conomique : un enjeu de sĂ©curitĂ©           60 

14 – Humanitaire d’urgence et dĂ©rives sectaires         69 

II - ACTIVITÉS 

      

21 â€“ Bilan des propositions du rapport 2004 

       80 

22 â€“ ActivitĂ© administrative des ministĂšres 

       83 

Justice (83), Affaires Ă©trangĂšres (92), IntĂ©rieur (94),  DĂ©fense 
(97), Econom
ie et Finances (103), 
Education nationale (106)
Jeunesse et Sports (114), 
Affaires sociales et SantĂ© (116)
.

 

23 â€“ ActivitĂ© administrative des services dĂ©concentrĂ©s  
        de l’Etat 

         137 

24 – ActivitĂ© d’information et de formation 

     144 

25 â€“ ActualitĂ© associative 

       154 

CONCLUSION 

         157 

ANNEXES 

1 - Exemples de signalements reçus par la MIVILUDES      159 
2 - ActivitĂ© parlementaire : Questions Ă©crites 

     162 

3 - Adresses et Liens utiles 

       175 

 

 

 

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LE MOT DU PRESIDENT 

 
 
 
 
 
 
 
 

Le  prĂ©sent  rapport  marque  le  dixiĂšme  anniversaire  de  la 

douloureuse  affaire  de  l’

Ordre  du  temple  solaire

  qui  a  provoquĂ©  la 

prise  de  conscience,  par  l’ensemble  de  l’opinion  publique  française, 
de  la  dangerositĂ©  que  pouvaient  revĂȘtir  des  activitĂ©s  en  apparence 
anodines lorsqu’elles Ă©taient encadrĂ©es par des hommes et des femmes 
dĂ©nuĂ©s de scrupules et ayant perdu tout sens commun. 

 
Pendant  les  dix  annĂ©es  Ă©coulĂ©es,  le  gouvernement  français  a 

considĂ©rĂ©  de  son  devoir  de  garantir  la  sĂ»retĂ©  des  citoyens  en  faisant 
preuve  d’une  grande  vigilance,  en  alertant  le  public  sur  les  risques 
sectaires et en luttant contre les agissements dĂ©lictueux. 

 
L’Observatoire interministĂ©riel des sectes en 1996, la Mission 

interministĂ©rielle  de  lutte  contre  les  sectes  en  1998  et,  depuis  le  28 
novembre  2002,  la  Mission  interministĂ©rielle  de  vigilance  et  de  lutte 
contre  les  dĂ©rives  sectaires,  ont  eu  pour  fonction  d’analyser  le 
phĂ©nomĂšne, d’en suivre les Ă©volutions et de fournir au gouvernement 
ainsi qu’au Parlement, toutes informations nĂ©cessaires afin que soient 
assurĂ©s  la  protection  des  personnes,  le  libre  exercice  des  libertĂ©s 
individuelles et la dĂ©fense de la dignitĂ© des ĂȘtres humains, dans le plus 
strict respect de la libertĂ© de conscience et de pensĂ©e. 

 
Le  Parlement  s’est  montrĂ©  extrĂȘmement  attentif  Ă   ces 

questions,  et  cela,  de  maniĂšre  trĂšs  consensuelle.  Le  vif  intĂ©rĂȘt 
manifestĂ©  en  ce  domaine  par  la  reprĂ©sentation  nationale  a  toujours 
constituĂ©,  pour  les  gouvernements  successifs,  Ă   la  fois  un 
encouragement  en  mĂȘme  temps  qu’un  signe  fort  de  la  lĂ©gitimitĂ©  de 

 

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son action contre les dĂ©rives sectaires et les atteintes inacceptables aux 
droits de l’homme qu’elles induisent. L’adoption en 2001 de la loi dite 
« About-Picard Â» du nom du sĂ©nateur et de la dĂ©putĂ©e qui l’ont 
dĂ©fendue devant leurs pairs, a constituĂ© une remarquable avancĂ©e 
juridique dans la lutte contre le dĂ©lit d’abus frauduleux de l’état de 
faiblesse ainsi qu’un bel exemple d’unanimitĂ© citoyenne. 

 
La MIVILUDES, Ă  l’écoute des victimes et de leurs familles

dresse aujourd’hui un constat inquiĂ©tant des dommages provoquĂ©s par 
l’emprise exercĂ©e par des personnes ou des organisations se 
conduisant en maĂźtres Ă  penser. De telles  dĂ©rives se produisent dans 
tous les secteurs de la vie sociale, soins et santĂ©, formation continue et 
soutien scolaire, sports et activitĂ©s culturelles, groupes Ă©sotĂ©riques ou 
mystiques
 Elle relĂšve que de nouveaux organismes apparaissent 
presque chaque jour, sans qu’aucun point du territoire ne soit Ă©pargnĂ©, 
ces micro-structures Ă©tant souvent beaucoup plus difficiles Ă  cerner 
que les grandes organisations bien connues. 

 
Il ne s’agit nullement de tracer un tableau apocalyptique de la 

situation, mais de se convaincre qu’il existe de vraies et bonnes 
raisons de ne pas renoncer Ă  la lutte contre les dĂ©rives sectaires, au 
motif fallacieux que cela porterait atteinte Ă  la libertĂ© de conscience ou 
aux libertĂ©s religieuses.  
 

On ne rappellera jamais trop qu’au sein de la RĂ©publique 

Française, berceau des droits de l’homme et de la tolĂ©rance, les 
principes de laĂŻcitĂ©, auxquels nous sommes attachĂ©s, nous 
commandent de ne jamais juger du contenu des croyances, de n’en 
interdire aucune mais de n’en labelliser aucune. Cela n’implique pas 
pour autant que le champ soit laissĂ© libre Ă  ceux qui mĂ©prisent les 
fondements du pacte rĂ©publicain et de ses lois. 

 
A partir de l’instant oĂč des victimes sont signalĂ©es, oĂč des 

dommages sont constatĂ©s de mĂȘme que lorsqu’il est portĂ© atteinte Ă  
l’ordre public ou aux lois de la RĂ©publique, l’Etat ne peut pas se 
borner Ă  ĂȘtre un observateur passif. 

 
Or on voit s’agiter, sous couvert d’associations crĂ©Ă©es sous le 

rĂ©gime de la loi de 1901, des organisations qui sont les porte-parole 
virulents de groupes dont les mĂ©thodes et les agissements justifient 
une vigilance particuliĂšre de l’État, groupes dont l’image, souvent 
sĂ©rieusement dĂ©gradĂ©e dans l’opinion publique française ou 

 

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internationale, leur interdit tout accĂšs Ă  une communication efficace. 
Ces associations harcĂšlent les pouvoirs publics ou leurs reprĂ©sentants, 
elles mettent en cause les Ă©lus de la Nation, elles attaquent en justice 
les associations de dĂ©fense des personnes contre les emprises 
sectaires, elles pratiquent la dĂ©sinformation et cela, avec la plus 
Ă©vidente mauvaise foi. 

 
Les principes fondateurs de la RĂ©publique et ceux qui les 

dĂ©fendent ne doivent pas plier devant un humanisme de façade, mĂȘme 
si les critiques ou les accusations portĂ©es contre l’action des pouvoirs 
publics obligent la France Ă  devoir expliquer les motivations de sa 
politique sur la scĂšne internationale.  

 
Les premiĂšres questions qui se posent, Ă  ce stade, sont de 

savoir qui se trouve rĂ©ellement derriĂšre ces attaques et Ă  qui elles 
profitent.  

 
Le dĂ©bat est essentiel en dĂ©mocratie et il est naturel qu’il 

dĂ©passe, aujourd’hui, les frontiĂšres de notre pays. Le choix de la 
France, en matiĂšre de protection des personnes contre les dĂ©rives 
sectaires, est de ne pas rĂ©pondre aux excĂšs constatĂ©s par une 
intransigeance sans recul moral ou intellectuel. Mais parce que les 
dommages causĂ©s aux victimes et Ă  leurs familles, sont inacceptables, 
l’Etat doit ĂȘtre ferme dans sa volontĂ© de voir sanctionner tous 
agissements relevant de l’emprise mentale. Il n’est pas en guerre 
contre leurs auteurs et il n’a donc recours, pour ce faire, qu’à des 
moyens lĂ©gaux et trĂšs visibles. 

 
C’est la raison pour laquelle le gouvernement et le Parlement 

ont toujours veillĂ© Ă  la transparence totale des dispositions prĂ©ventives 
adoptĂ©es par les services publics, tandis que les faits susceptibles de 
constituer des infractions pĂ©nales sont systĂ©matiquement soumis Ă  
l’autoritĂ© judiciaire.  

 
Le mĂȘme souci n’anime pas certaines associations faux-nez 

d’une ou de plusieurs multinationales de la dĂ©rive sectaire ou de 
l’abus frauduleux de faiblesse mentale, qui n’hĂ©sitent pas Ă  employer 
dans leur objet social des termes aussi nobles que Â« spiritualitĂ© Â» ou 
« conscience Â». Il s’agit lĂ  d’une grave tromperie qui peut abuser aussi 
bien les citoyens que les instances internationales. On est alors en 
droit de s’interroger sur la loyautĂ© de leurs promoteurs ainsi que sur la 
lĂ©gitimitĂ© des buts rĂ©ellement poursuivis. 

 

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Dans le registre de la sĂ©duction, certaines organisations 

sectaires prĂŽnent, par exemple, la lutte contre la toxicomanie, le refus 
de la violence ou la dĂ©fense des droits de l’enfant. Avant d’exercer la 
moindre critique Ă  l’encontre de la gĂ©nĂ©rositĂ© ainsi affichĂ©e, l’État va 
devoir apporter la preuve que ce beau langage est un leurre et qu’il 
dissimule une volontĂ© de prosĂ©lytisme et de mise en situation de 
dĂ©pendance ou d’emprise mentale. 

 
Les pseudo-associations de dĂ©fense des libertĂ©s publiques 

mettent toujours en avant les prĂ©tendues activitĂ©s charismatiques des 
organisations sectaires, pour discrĂ©diter l’action des pouvoirs publics, 
dĂ©ployant alors des efforts considĂ©rables et coĂ»teux pour paralyser 
l’action des services susceptibles de dĂ©jouer leurs manƓuvres. Les 
unes et les autres ne reculent ni devant l’invective, ni devant la mise 
en cause personnelle ou l’intimidation, ni devant le procĂšs d’intention. 

 
Ceux qui plaident, au nom de la libertĂ© de conscience, pour la 

reconnaissance de ces Â« minoritĂ©s de conviction Â» ont-ils songĂ© qu’ils 
apportent ainsi un semblant de respectabilitĂ© et de crĂ©dibilitĂ© Ă  des 
personnes ou Ă  des groupes pour qui le sacrĂ© vient loin derriĂšre le 
profit ? Ont-ils mesurĂ© les souffrances endurĂ©es par les victimes des 
dĂ©rives sectaires ? 

 
De tout temps, le dĂ©tournement sĂ©mantique a Ă©tĂ© pratiquĂ© 

avec talent et efficacitĂ© par les organisations qui avaient des visĂ©es 
totalisantes. Se cacher derriĂšre le droit au libre arbitre pour mettre la 
main sur les consciences constitue Ă  leurs yeux une suprĂȘme habiletĂ©. 
Les groupes sectaires ne font pas exception Ă  cette rĂšgle. Mais ils 
doivent savoir que s’ils peuvent berner quelques esprits, ici ou lĂ , ou 
mĂȘme bĂ©nĂ©ficier de complicitĂ©s de circonstance, cela ne suffira pas 
pour que l’Etat relĂąche sa garde. 

 
Un exercice Ă©quitable des libertĂ©s individuelles passe d’abord 

par un droit imprescriptible Ă  la sĂ»retĂ© et la libertĂ© n’est pleinement 
vĂ©cue que dans le respect absolu du principe d’égalitĂ©. Le maĂźtre, le 
gourou auquel le disciple doit entiĂšre obĂ©issance se joue de cette rĂšgle.  

 
Que vaut un dĂ©fenseur de la libertĂ© dont le mode de 

fonctionnement Ă©rigĂ© en systĂšme repose sur l’aliĂ©nation des esprits et 
des biens ? 

 

 

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Quelle place reste-t-il pour la fraternitĂ© ? 
 
Quand l’esprit de fraternitĂ©, ciment de notre contrat social, est 

bafouĂ©, il ne subsiste que quelques mots vides de sens, utilisĂ©s au prix 
d’une copieuse dose de cynisme. Mais il reste surtout des enfants 
humiliĂ©s, des victimes dĂ©truites et des familles dĂ©chirĂ©es Ă  jamais. 

 
C’est pourquoi, en 2006, grĂące au soutien des services de 

l’État, en liaison avec les collectivitĂ©s territoriales et avec le concours 
du monde associatif, la MIVILUDES poursuivra, sous le contrĂŽle 
dĂ©mocratique du Parlement, sa tĂąche au service de la dĂ©fense des plus 
faibles, avec conscience et dĂ©termination, dans le strict respect des 
lois. 

 
 
 

Jean-Michel ROULET 
PrĂ©fet, PrĂ©sident de la MIVILUDES 
 

 

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INTRODUCTION 

 
 
 
 
 

L’actualitĂ© rĂ©cente confirme, s’il en est besoin, toute l’acuitĂ© 

de la menace sectaire dans notre pays, une menace qui sait s’adapter 
en permanence tant Ă  la demande, usant Ă  cet Ă©gard avec intelligence 
des nouveaux moyens de communication qu’à l’évolution des mesures 
adoptĂ©es par les pouvoirs publics, en mettant toute en Ɠuvre pour 
passer Ă  travers les mailles du filet lĂ©gislatif. 
 
 

Trois domaines sont apparus comme particuliĂšrement 

prĂ©occupants ces derniers temps : 
 

La nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger les mineurs face Ă  ‘l’emprise sectaire

 

qui peut s’exercer sur eux, soit par l’intermĂ©diaire de parents membres 
d’organisations dĂ©viantes, soit directement dans la mesure oĂč ils 
constituent en tant que tels une cible pour certains mouvements. 
 

Les dommages causĂ©s sur le psychisme d’enfants ou 

d’adolescents sont souvent irrĂ©mĂ©diables et le caractĂšre odieux de 
l’exploitation de leur vulnĂ©rabilitĂ© doit constituer, pour tous les 
services en charge de la protection de l’enfance, un motif de 
dĂ©termination sans faille dans la vigilance et la lutte contre les dĂ©rives 
sectaires qui visent cette population. 
 

L’enfant est sujet de droit et non objet de droit. 
 

 

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L’engouement pour les « 

alter-mĂ©decines 

»

, multiformes, 

mais qui ont pour point commun de ne bĂ©nĂ©ficier d’aucune validation 
scientifique, d’ĂȘtre exercĂ©es dans la plupart des cas par des 
« thĂ©rapeutes Â» autoproclamĂ©s et d’aboutir Ă  terme Ă  un refus pur et 
simple des soins mĂ©dicaux traditionnels. 
 

Qu’il s’agisse de sectes guĂ©risseuses Ă  vocation spirituelle ou 

de praticiens gourous, crĂ©ateurs de leur propre mĂ©thode ou franchisĂ©e 
par les fondateurs de doctrines ou de thĂ©ories mises en Ɠuvre dans 
plusieurs pays, l’offre est trĂšs large et elle est donc de nature Ă  sĂ©duire 
tous les types de demande. 

 
Bien que l’engagement dans le processus soit ici le plus 

souvent Ă  l’initiative de ceux qui deviendront les victimes, il n’en reste 
pas moins que, c’est la vulnĂ©rabilitĂ© potentielle de ces personnes 
qu’exploitent sans scrupules des experts en manipulation mentale. 

 
Aussi, grave est le fait qu’on est en prĂ©sence d’un vĂ©ritable 

mouvement qui Ă©rige en dogme une philosophie qui nie en bloc tous 
les progrĂšs de la science et de la mĂ©decine auxquels les plus grands 
savants du monde ont vouĂ© leur vie depuis deux siĂšcles. C’est pour 
l’humanitĂ© un vĂ©ritable pas en arriĂšre. 

 
De grandes organisations sectaires multinationales ayant, au-

delĂ  de leur volontĂ© d’emprise sur leurs adeptes, une vision planĂ©taire 
de leur propre avenir, s’intĂ©ressent de plus en plus aux enjeux 
Ă©conomiques internationaux et cherchent Ă  s’introduire 

au cƓur des 

entreprises les plus performantes ou les plus sensibles

 
Il est du devoir de l’Etat de participer Ă  la sensibilisation des 

acteurs Ă©conomiques concernĂ©s en leur fournissant tous les Ă©lĂ©ments 
d’apprĂ©ciation et d’analyse des risques d’attaques auxquels ils peuvent 
ĂȘtre confrontĂ©s ainsi que des vulnĂ©rabilitĂ©s des structures ou des 
personnes, en ce domaine. 

 
Enfin, 

l’aide humanitaire d’urgence

 est en pleine expansion, 

en raison de la mĂ©diatisation des grandes catastrophes naturelles ou 
des troubles qui peuvent survenir ça et lĂ . Ce secteur a le double 
avantage pour les organisations sectaires de contribuer Ă  polir leur 
image humaniste tout en procĂ©dant Ă  un fort prosĂ©lytisme et de leur 
permettre de recueillir des fonds. 
 

 

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AprĂšs avoir procĂ©dĂ© Ă  l’analyse de ces quatre volets oĂč se 

manifestent de nombreuses dĂ©rives sectaires, le prĂ©sent rapport dresse 
un bref bilan des propositions qui avaient Ă©tĂ© retenues dans le rapport 
2004 et il relate l’activitĂ© quotidienne des services de l’Etat en 2005, 
qu’il s’agisse des administrations centrales des ministĂšres ou de leurs 
services dĂ©concentrĂ©s. 

 
Il dĂ©crit les actions de formation et d’information conduite par 

la MIVILUDES ou par les ministĂšres avec le concours de cette 
derniĂšre et il fait un point rapide de l’actualitĂ© associative. 

 
Enfin, le lecteur trouvera dans les annexes des extraits de 

quelques questions que les parlementaires ont posĂ©s au gouvernement 
sur le thĂšme des dĂ©rives sectaires en 2005 ainsi que quelques 
exemples significatifs de signalement reçus au cours de l’annĂ©e 
Ă©coulĂ©e par la MIVILUDES. 

 
Un rapport annuel ne peut ĂȘtre exhaustif. C’est pourquoi il 

doit s’analyser comme le prolongement des rapports publiĂ©s les 
annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. 

 
Tous ces documents ont Ă©tĂ© placĂ©s en ligne sur le site Internet 

de la MIVILUDES : www.miviludes.gouv.fr 

 

10 

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1

Ăšre

 PARTIE 

 
 

ANALYSES 

 

 

11 

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1-1    

PROTECTION DES MINEURS  

            

FACE A L’EMPRISE SECTAIRE 

 
 

Aucun rapport de la MIVILUDES ou de la MILS

1

 n’échappe 

au compte-rendu du suivi des mineurs. Pourtant cette annĂ©e, il a Ă©tĂ© 
dĂ©cidĂ© de donner Ă  ce point plus d’ampleur. Les raisons en sont 
multiples.  

 
 

La nĂ©cessaire vigilance de l’Etat 

 
 

La premiĂšre raison est celle qui lĂ©gitime l’action de l’Etat en 

matiĂšre de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires : lorsque 
l’enfant est soumis Ă  des parents sous emprise, qui peut le protĂ©ger, si 
ce n’est l’Etat ? Lorsqu’un enfant est abusĂ© sexuellement, maltraitĂ©, 
affamĂ©, qui peut le sauver, si ce n’est la Justice ? Lorsqu’un enfant 
connaĂźt une Ă©ducation carencĂ©e, intellectuellement, physiquement ou 
affectivement, comment espĂ©rer qu’il puisse devenir un citoyen libre ? 
Comment prĂ©server son autonomie ? Sa capacitĂ© d’apprendre ? Sa joie 
d’ĂȘtre enfant ? 
 
 

L’enfant cible 

 

La seconde raison qui motive l’intĂ©rĂȘt portĂ© par la Mission 

interministĂ©rielle Ă  la situation des enfants est qu’ils sont bien souvent 
la cible des groupes.  

 
Il peut ĂȘtre manipulĂ© tout petit, voire avant sa naissance 

comme le pratique la 

Fraternité blanche universelle

 (F.B.U). Ce 

groupe privilĂ©gie la 

Grande Famille

 qui se prolonge Ă  travers tous les 

cycles de rĂ©incarnation : 

« Si vous voulez devenir invulnĂ©rable, ne 

sortez pas de cette forteresse puissante, indestructible qu'est la 
FraternitĂ© blanche universelle. Â», 

disait le MaĂźtre AĂŻvanhov. Les 

enfants ont un deuxiĂšme pĂšre, le MaĂźtre, qui optimise l’énergie et le 
karma des fƓtus. Ainsi pris en charge, ils deviennent pleinement 
humains, sans mĂ©decins, sans prisons 
 Comme toujours dans les 
groupes sectaires, l’avenir est parfait. Cette 

galvanoplastie spirituelle

 

                                                      

1

 Mission interministĂ©rielle de lutte contre les sectes (MILS) qui prĂ©cĂ©da la 

MIVILUDES d’octobre 1998 Ă  novembre 2002. 

 

12 

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est prĂ©conisĂ©e par l’

Association nationale pour l'Ă©ducation parentale 

(ANEP). D’autres groupes veillent Ă  la naissance des tous petits. Au 
sein de la 

Soka GakkaĂŻ

, les adeptes se marient entre eux. Cela se 

nomme : 

« faire un couple pour Kozen Rufu Â»

, ce qui signifie la 

cellule familiale sert de relais pour la propagation de la doctrine. Dans 
les faits, les conjoints passent peu de temps ensemble si l’on excepte 
la pratique commune de la priĂšre (une Ă  trois heures par jour). 
L’enfant n’est pas au centre des prĂ©occupations de ses parents, car les 
heures de priĂšres et les rĂ©unions laissent peu de temps aux adultes. 
Quand les enfants se plaignent, la consigne est alors de dire : 

« Ta 

mĂšre fait tous les jours quelque chose pour les autres, pour la sociĂ©tĂ©. 
[
] Votre mĂšre vous aime, mes enfants, c’est pourquoi elle fait 
chaque jour des activitĂ©s Â»

2

. L’attachement aux parents devient une 

attitude négative et égoïste. Pour Ikeda

3

, le fondateur du mouvement, 

« l’idĂ©al est d’élever vos enfants pour qu’ils chĂ©rissent notre 
organisation. Avec cet esprit, les enfants se dĂ©velopperont 
remarquablement ».

 La 

Soka GakkaĂŻ

 a formĂ© des groupes de jeunesse, 

puisque 

« la jeunesse a le pouvoir de crĂ©er le futur. Naturellement, la 

source fondamentale de cette capacitĂ© rĂ©side dans notre foi et dans la 
loi mystique elle-mĂȘme [
]. Celui qui n’entraĂźne pas son corps et son 
esprit lorsqu’il est jeune, verra dans bien des cas sa dĂ©termination et 
ses idĂ©aux dĂ©truits dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie. Il n’est pas 
rare qu’en dĂ©finitive sa vie soit un Ă©chec dans tous les domaines. [
] 
Mon plus profond dĂ©sir, ma priĂšre est que vous chĂ©rissiez votre vie, 
que vous ayez une fort croyance dans le 

« Gohonzon Â», 

et que vous ne 

vous Ă©cartiez jamais du chemin de la foi et du chemin de

 Â« Kozen 

Rufu »

4

.  

 
Certains, dans leur omniscience de gourou, inventent des 

recettes miracle pour les rĂ©gimes des bĂ©bĂ©s. On connaissait dĂ©jĂ  les 
talents trĂšs nombreux de Ron Hubbard. Il se fait aussi spĂ©cialiste de la 
petite enfance, refusant l’allaitement maternel et le lait maternisĂ© au 
profit d’un « plus Â» de protĂ©ines dĂšs le 2

Ăšme

 jour et jusqu’à 3 ans : des 

biberons faits avec de l’eau d’orge, du lait pasteurisĂ© et du sirop de 
sucre 


5

 
Le discours de Sri Mataji, la MĂšre du groupe 

Sahaja Yoga

, est 

lui aussi Ă©difiant. 

« N’importe qui peut faire un enfant - mĂȘme un 

                                                      

2

 DaĂŻsaku Ikeda, 

TroisiÚme millénaire

, 1999 

3

 Ibid. 

4

 Directives du prĂ©sident Ikeda sur la jeunesse, 

Daily guidance

, vol. 3 

5

 

BĂ©bĂ©s en bonne santĂ©, 

L. Ron Hubbard, 

L’Auditeur

 n°6.  

 

13 

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chien peut faire un enfant 

[
].

 Aussi crĂ©er un enfant n’est pas une 

chose extraordinaire
 ce que vous avez Ă  faire, c’est de constater que 
vous avez un enfant, vous en avez juste la charge, comme vous avez la 
charge de « tous Â» les enfants de Sahaja yogi, pas seulement les vĂŽtres 

[
]

 Dire mes enfants ne vous aidera en rien, au contraire. Cela va 

vous enchaĂźner « totalement Â» 

[
]

  D’abord, vous avez renoncĂ© Ă  

votre famille, renoncĂ© Ă  vos enfants, renoncĂ© Ă  tout, vous ĂȘtes parvenu 
Ă  cette extrĂ©mitĂ© ; maintenant vous y retournez. 

[
]

 Nous, ce que 

nous comprenons, c’est que nos relations et nos identifications doivent 
ĂȘtre complĂštement abandonnĂ©es

6

 Â»

« Pour les cinq premiĂšres annĂ©es, 

tous les parents doivent ĂȘtres extrĂȘmement stricts avec les enfants. 

[
]

  Si l’enfant essaie de prendre des libertĂ©s avec vous et s’il est 

effrontĂ© et n’écoute pas, veuillez donner cet enfant Ă  quelque autre 
sahaja yogi

7

 Â».

 

« Donnez alors l’enfant Ă  une autre, une autre femme 

s’occupe alors de l’enfant, l’enfant devient alors la propriĂ©tĂ© de tout 
le monde, non votre propriété

8

 Â». «Vous devez juste accomplir vĂŽtre 

tĂąche comme si vous Ă©tiez dĂ©positaire de l’enfant, et seulement 
dĂ©positaire. Mais vous ne devez pas vous attachez Ă  lui : c’est mon 
travail, vous devez me le laisser. 

[
]

 Ces enfants sont les miens, pas 

les vĂŽtres.

9

 Â»

 De tels discours expliquent peut-ĂȘtre pourquoi des tous 

petits sont envoyĂ©s trĂšs loin de leurs parents, dans des ashrams de 

Sahaja Yoga

. En Belgique, une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par une grand-

mĂšre dont les deux petits-enfants ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans les Ă©coles de 

Sahaja Yoga

 : le garçon de 5 ans a Ă©tĂ© envoyĂ© en RĂ©publique tchĂšque 

et la fille de 7 ans Ă  l’école de Dharamsala en Inde. L’avocat de la 
plaignante dĂ©nonce une 

« situation d’enfants en danger et un non 

respect de l’obligation scolaire »

10

.

 En rĂ©gion parisienne, en 2004, une 

enfant de 4 ans dont les parents sont suisses, vivant en France depuis 
un an et demi, est envoyĂ©e en RĂ©publique tchĂšque pour un sĂ©jour de 
trois mois. Au dĂ©part, elle devait ĂȘtre envoyĂ©e dans un ashram en 
Italie, mais les autoritĂ©s italiennes ont refusĂ©. Un signalement a Ă©tĂ© fait 
au procureur de la RĂ©publique par le directeur de l’école internationale 
oĂč elle Ă©tait scolarisĂ©e. A Nantes, une petite fille de 4 ans est partie Ă  
Rome en 2003. Sa mĂšre, enseignante en congĂ© de maternitĂ© au 
moment des faits, Ă©tait mariĂ©e Ă  un Indien rencontrĂ© Ă  l’Ashram de 

Sahaya Yoga 

en Inde. Elle est revenue en France au bout d’un mois et 

demi. Mais son dĂ©part en Inde est toujours programmĂ©. Ces affaires 

                                                      

6

 Londres, 22 juin 1984 

7

 Hounslow, 1984 

8

 Vienne, 1986 

9

 ChĂąteau de MesniĂšres-en-Bray, 6 mai 1984. 

10

 

Le Soir

, 4 janvier 2005 

 

14 

background image

posent le problĂšme des enfants quittant le territoire français vers des 
pays qui n’ont pas signĂ© de conventions internationales. 

 

 

A l’évidence, l’enfant est au cƓur des prĂ©occupations des 

dirigeants sectaires : il reprĂ©sente l’avenir, le dĂ©veloppement potentiel 
du groupe, il est mallĂ©able et sans dĂ©fense, on croit pouvoir le 
formater. On peut aussi l’exploiter sans rĂ©el souci : 

« Je ferai de vous 

des esclaves heureux »,

 disait Ron Hubbard.  

 
 

ConsĂ©quences sur l’enfant de l’emprise sectaire 

 
 

La troisiĂšme raison qui motive le prĂ©sent rapport est de 

montrer les consĂ©quences importantes sur l’enfant de l’appartenance 
sectaire de ses parents. Ce qui frappe, en premier lieu, est l’intense 
souffrance de ces jeunes enfants soumis Ă  des maltraitances affectives, 
physiques ou psychologiques, ou Ă  des ruptures familiales dans des 
contextes difficiles. Les jugements, au civil comme au pĂ©nal, donnent 
Ă  entendre ces souffrances. 
 
 

Mais il n’y a pas que la souffrance. Ces enfants vivent parfois 

avec des parents aliĂ©nĂ©s par l’emprise du gourou, c’est-Ă -dire 
incapables d’assumer leur rĂŽle parental. Les parents, par leur posture 
d’adepte, s’infantilisent et abandonnent le contrĂŽle de leur vie Ă  un 
autre. L’enfant, naturellement soumis Ă  leur autoritĂ© et objet de leurs 
soins, n’entre pas dans ce schĂ©ma de rĂ©gression infantile. Il est en 
trop : on s’en dĂ©fait donc, en le remettant au maĂźtre, ou Ă  un adepte 
chargĂ© pour le groupe de l’éducation. L’image mĂȘme des parents est 
brouillĂ©e pour l’enfant, qui souvent voit trĂšs peu ses parents 
biologiques.  
 

Une femme tĂ©moigne des dix ans qu’elle a passĂ©s, de 6 Ă  16 

ans, dans la 

Sea Org

, l’organe central de l’

Eglise de Scientologie

 : 

« 

Mes parents ont rejoint la Sea Org en 1972 quand j’avais 6 ans . 

[
] J’ai Ă©tĂ© prise dans la Cadet Org et j’allais Ă  l’école publique. 
AprĂšs l’école, j’étais surveillĂ©e avec un groupe d’enfants. Je voyais 
mes parents une fois par semaine. Je ne voyais jamais ni mĂ©decin ni 
dentiste pour un contrĂŽle. Nos conditions de vie n’étaient pas saines. 
[
] A 7 ou 8 ans, je devais offrir d’exĂ©cuter un travail manuel, 
comme nettoyer les toilettes, frotter les parquets ou faire la vaisselle. 
Je me souviens que ma mĂšre Ă©tait furieuse qu’ils fassent nettoyer les 
toilettes par les enfants. Elle pensait que nous pourrions tomber 

 

15 

background image

malades. Je me souviens qu’une fois, quand j’avais 7 ans, ma mĂšre 
avait demandĂ© l’autorisation de nous retirer de la Cadet Org pour 
rendre visite Ă  notre pĂšre qui rĂ©sidait ailleurs. Elle n’avait pas obtenu 
la permission de nous emmener et elle s’était assise trĂšs en colĂšre 
dans la voiture, disant, sans s’adresser en particulier Ă  quelqu’un : 
« C’est insensĂ© ! Â»  Je lui demandai alors ce que « insensĂ© Â» voulait 
dire. Elle nous emmena voir notre pĂšre bien qu’elle n’ait pas eu 
l’autorisation. Quand nous sommes rentrĂ©es, nous avons dĂ» vivre 
dans des conditions moindres, par sanction. C’est drĂŽle, un mĂŽme de 
7 ans puni pour Trahison

 (sic)

 et mis Ă  l’amende, c’est-Ă -dire que 

j’étais astreinte Ă  encore plus d’heures de nettoyage des parquets. 
Quelqu’un a essayĂ© de m’expliquer les sanctions et de m’aider Ă  
franchir les diffĂ©rentes Ă©tapes des sanctions. Je ne savais mĂȘme pas ce 
que ces mots signifiaient [
]

11

 Â». 

 

L’enfant peut mĂȘme ĂȘtre un instrument utilisĂ© par le groupe 

contre ses parents. Les enfants scientologues sont soumis comme leurs 
parents Ă  des auditions. Celle qui s’intitule 

Security check children 

comporte une centaine de questions dont : - 

« Qu’est-ce que quelqu’un 

t’a dit de ne pas dire ?»,- « As-tu refusĂ© d’obĂ©ir Ă  un ordre provenant 
de quelqu’un Ă  qui tu aurais dĂ» obĂ©ir ?», - Â« As-tu un secret ?», - 
« As-tu fait quelque chose dont tu as trĂšs honte ?», - « Y a-t-il quelque 
chose que tu devrais raconter Ă  tes parents et que tu n’as jamais 
raconté ?»

12

On fait pression sur eux, pour contrĂŽler leurs parents, ou 

les scientologues qui les ont en charge. 

 

 

Dans tous les groupes sectaires, les enfants vivent 

l’enfermement, l’isolement. Dans une communautĂ© fermĂ©e, mĂȘme 
l’école est interne (

Tabitha’s Place

) ou faite par correspondance 

(

FrĂšres de Plymouth de la voie Ă©troite

) :  Â« 

En Grande Bretagne, les 

Ă©coles gĂ©rĂ©es par 

The Exclusive Brethren

 ("la fraternitĂ© exclusive") 

interdisent Ă  leurs 1.400 Ă©lĂšves toute utilisation des ordinateurs ou de 
l'Internet, de mĂȘme que tout recours aux journaux, Ă  la radio, Ă  la 
tĂ©lĂ©vision ou au tĂ©lĂ©phone. Les membres de cette secte n'ont pas le 
droit d'avoir des amis hors du mouvement et, en gĂ©nĂ©ral, ils 
travaillent plus tard dans des entreprises gĂ©rĂ©es par la secte. Selon les 
prĂ©ceptes de ces Ă©coles, les Ă©lĂšves ne doivent pas aller Ă  l'universitĂ© 
car celle-ci est trop 

"cosmopolite" »

13

                                                      

11

  

http://ocmb.xenu.net/ocmb/viewtopic.php?p=154876#154876

 

12

 Hubbard communication Office (St Hill Manor) 

Bulletin 

du 27 septembre 

1961. 

13

 AFP, 21 mars 2005 

 

16 

background image

 

Dans l’enfermement, les doctrines sont ressassĂ©es Ă  l’infini 

(

Soka GakkaĂŻ)

, y compris au moyen des livres de lecture de la secte 

qui remplacent Ă  la maison les livres de classe (

TĂ©moins de JĂ©hovah

). 

Chez ces derniers, la peur est entretenue constamment, sur fond 
d’apocalypse. Le monde habituel est mauvais, peuplĂ© d’ĂȘtres 
infĂ©rieurs qui ne connaissent pas la vĂ©ritĂ© et qui ne cherchent qu’à 
nuire aux vrais croyants : « 

NoĂ«l, c’est avec Satan

Toi, tu es avec 

Satan, et moi, je suis avec JĂ©hovah Â», 

a dit un petit garçon de 5 ans Ă  

son pĂšre

14

. Le monde court Ă  sa fin, et seule une poignĂ©e d’élus sera 

sauvĂ©e. La famille non jĂ©hoviste, les copains de classe sont 
condamnĂ©s Ă  une mort terrifiante et imminente. Si jamais les enfants, 
ou les adolescents, tentent une incursion « dans le monde Â», celui-ci 
apparaĂźt radicalement Ă©trange. Le conformisme s’impose. Les enfants 
qui rasent les murs, ne participent pas aux jeux, fuient les 
anniversaires et les occasions de se rĂ©jouir, sont connus. Le monde 
enseignant en connaĂźt la parfaite Â« sagesse ». Mais cette sagesse est 
simplement due Ă  cette volontĂ© de se conformer Ă  un monde dont on 
ne connaĂźt pas les rĂšgles. Cela se traduit parfois par le clivage et ses 
lourds passages Ă  l’acte. Dans la plupart des cas, c’est la maturation 
psychologique qui est atteinte : l’incapacitĂ© de se projeter dans 
l’avenir – puisqu’il n’y a pas d’avenir – les empĂȘche de devenir 
pleinement adultes. Ainsi la Cour administrative d’appel de Douai, 
siĂ©geant au contentieux, a rejetĂ© l’appel de parents de 

TĂ©moins de 

JĂ©hovah,

 le 3 mai 2001, pour un refus d’agrĂ©ment en vue d’adoption : 

« En raison des risques d’isolement social et de marginalisation 
auxquels ils exposeraient ainsi un enfant, le prĂ©sident du Conseil 
gĂ©nĂ©ral du Pas-de-Calais a estimĂ© que les intĂ©ressĂ©s ne prĂ©sentaient 
pas des garanties suffisantes en ce qui concerne les conditions 
d’accueil qu’ils Ă©taient susceptibles d’offrir Ă  des enfants sur les plans 
familial, Ă©ducatif et psychologique ; qu’il n’a pas fait ainsi une 
inexacte application des dispositions lĂ©gislatives et 
réglementaires »

15

. La Cour d’appel de Douai ne faisait que reprendre 

ce qu’avait instituĂ© le Conseil d’Etat en 1992 : 

« Il ressort des piĂšces 

du dossier que M. et Mme F. ont fait connaĂźtre sans ambiguĂŻtĂ© Ă  
l’administration, dans le recours gracieux qu’ils lui avaient adressĂ©, 
qu’ils adhĂ©raient personnellement Ă  la doctrine des 

TĂ©moins de 

                                                      

14

 

Le ProgrĂšs

, 25 dĂ©cembre 2005. Depuis, le pĂšre, divorcĂ©, tente d’obtenir 

l’interdiction pour son fils d’ĂȘtre amenĂ© par sa mĂšre aux offices jĂ©hovistes. 

15

 Cour administrative d’appel de Douai statuant au contentieux N°98-

DA01397, lecture du 3 mai 2001. 

 

17 

background image

JĂ©hovah 

en matiĂšre de transfusion sanguine et qu’ils Ă©taient opposĂ©s Ă  

l’usage de cette mĂ©thode thĂ©rapeutique ; que, par suite, en estimant 
que les intĂ©ressĂ©s ne prĂ©sentaient pas des garanties suffisantes en ce 
qui concerne les conditions d’accueil qu’ils Ă©taient susceptibles 
d’offrir Ă  des enfants sur les plans familial, Ă©ducatif et psychologique, 
le prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral du Doubs n’a pas fait une inexacte 
application des dispositions lĂ©gislatives et rĂ©glementaires »

16

 

 L’engagement 

sectaire 

des 

parents entraĂźne aussi des 

consĂ©quences Ă  long terme pour l’enfant, notamment quand la 
scolarisation est interrompue : 

« J’ai quittĂ© l’école en 6

Ăšme

. Je n’ai plus 

reçu aucun enseignement. J’ai rejoint le CMO Ă  12 ans. Je travaillais 
de 8h30 Ă  23h, tous les jours de la semaine. [
]  Mais je me sentais 
bien, j’étais en train de “sauver le monde”. J’étais traitĂ©e avec 
respect par les adultes de la Sea Org qui pensaient que j’étais une 
fille bien, parce j’étais Ă  la Sea Org et que je travaillais pour le CMO. 
[
] Quand j’ai quittĂ© la Sea Org, j’ai dĂ» dormir dans la voiture de 
mes parents. Ils Ă©taient toujours Ă  la Sea Org. Je n’avais nulle part oĂč 
aller, aucune possession matĂ©rielle, aucun diplĂŽme. J’étais restĂ©e dix 
ans Ă  la Sea Org. J’avais 16 ans et besoin d’un job pour survivre Â»

17

Jean-Philippe Vergnon, aujourd'hui ĂągĂ© de 36 ans, a vĂ©cu son enfance 
et son adolescence chez les 

FrĂšres de Plymouth de la voie Ă©troite

 :

 Â« Il 

y avait des rĂ©unions tous les soirs et le dimanche toute la journĂ©e. 
Nous Ă©tions interdits de tĂ©lĂ©vision, de radio et d'informatique et la 
presse n'Ă©tait autorisĂ©e que sept minutes par jour debout et Ă  
l'exclusion des pages sportives. A partir de la 6

Ăšme

, nos parents nous 

retiraient de l'Ă©cole et des cours nous Ă©taient dispensĂ©s par un frĂšre, 
avec un programme du Centre national d'enseignement Ă  distance 
(CNED) revu et corrigĂ© Â»

18

Quant aux 

TĂ©moins de JĂ©hovah

, on sait 

que la plupart des jeunes « choisissent Â» des filiĂšres courtes, pour 
rapidement devenir des « professants Â» (membres actifs qui, par deux, 
vont Ă  la rencontre de leur prochain pour leur dispenser les Ă©crits du 
groupe). 
 

 

Les consĂ©quences sont encore plus lourdes lorsque les enfants 

ont subi des mauvais traitements, comme Ă  

La Citadelle

 : ce groupe 

aujourd’hui disparu a connu un regain d’actualitĂ© avec le procĂšs 

                                                      

16

 

Conseil d’Etat statuant au contentieux N° 110178, publiĂ© au Recueil Lebon 

1/4 SSR, lecture du 24 avril 1992. 

17

 

http://ocmb.xenu.net/ocmb/viewtopic.php?p=154876#154876

 

18

 

www.leprogrĂšs.fr

 ; 15 avril 2003 

 

18 

background image

consĂ©cutifs Ă  l’extradition d’Irlande d’un ex dirigeant de 

la Citadelle

lors de l’arrestation d’Axel Schmidt, membre de ce groupe et 
interpellĂ© sur mandat d’arrĂȘt pour des faits de violences commis en 
1989, 1990 et 1991 Ă  l’encontre de mineurs de 15 ans, sans incapacitĂ© 
et de soustraction Ă  obligation lĂ©gale compromettant la santĂ©, la 
sĂ©curitĂ©, la moralitĂ© ou l’éducation des enfants.

19

 Ces mauvais 

traitements sont parfois justifiĂ©s par le gourou : 

«Le petit ĂȘtre qui n'est 

encore qu'une "larve" d'homme doit ĂȘtre, dans sa petite enfance, 
habituĂ© Ă  respecter la libertĂ© et la tranquillitĂ© des autres. Étant donnĂ© 
qu'il est trop petit pour comprendre et pour raisonner le chĂątiment 
corporel doit ĂȘtre appliquĂ© avec rigueur par la personne qui Ă©lĂšve un 
enfant, afin qu'il souffre lorsqu'il fait souffrir les autres, ou lorsqu'il 
les gĂȘne en leur manquant de respect Â» 

(Raël)

 

20

 ; 

« Il est dit que vous 

pouvez battre vos enfants jusqu’à 5 ans pour le cas oĂč ils ne sont pas 
gentils »

 (Sri Matadji) 

21

.

 

 

  
Les abus sexuels sur mineurs de 15 ans peuvent donner lieu Ă  

des procĂ©dures judiciaires lorsque les faits ne sont pas couverts par la 
prescription. Quelquefois, ils sont partie intĂ©grante de la doctrine 
Ă©dictĂ©e par le gourou. Ainsi RaĂ«l Ă©crit :

 [...] Â«L'Ă©ducation sexuelle est 

trĂšs importante [...] mais elle n'apprend que le fonctionnement 
technique des organes et leur utilitĂ©, tandis que l'Ă©ducation sensuelle 
doit apprendre comment l'on peut avoir du plaisir par ses organes, en 
ne recherchant que le plaisir [...]. Ne rien dire Ă  ses enfants au sujet 
du sexe, c'est mal, leur expliquer Ă  quoi çà sert, c'est mieux mais ce 
n'est pas encore suffisant : il faut leur expliquer comment ils peuvent 
s'en servir pour en retirer du plaisir. [...] Â«Tu apprendras Ă  tes 
enfants Ă  aimer leur corps comme on doit aimer chaque partie de la 
crĂ©ation des Elohim, car en aimant leur crĂ©ation, c'est Ă©galement eux 
que l'on aime. Chacun de nos organes a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par nos pĂšres, les 
Elohim, pour que nous nous en servions sans avoir la moindre honte 
mais en Ă©tant heureux de faire fonctionner ce qui a Ă©tĂ© fait pour 
fonctionner»

22

. Il en est de mĂȘme dans le groupe 

Orkhos

, dont le 

gourou, fondateur de l’

Instinctothérapie

, a Ă©tĂ© condamnĂ© par la Cour 

                                                      

19

 Le 5 dĂ©cembre 2005, la Cour d’appel de Versailles a condamnĂ© l’intĂ©ressĂ© 

Ă  la peine de dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis pour des faits de 
violences volontaires sans incapacitĂ© de travail commis au VĂ©sinet courant 
1989 et 1990 sur deux mineurs de 15 ans. Par ailleurs, la Cour d’appel a 
constatĂ© la prescription et a relaxĂ© pour les autres faits reprochĂ©s Ă  l’intĂ©ressĂ©. 

20

 Les extra-terrestres m'ont emmenĂ© sur leur planĂšte

, p. 100. 

21

 Sidney, 1983 

22

 

Les extra-terrestres

, p. 103-105 

 

19 

background image

d’assises de l’Essonne, le 4 juillet 2003, Ă  la peine de quinze ans de 
rĂ©clusion criminelle pour viols, viols aggravĂ©s et corruption de 
mineurs. Son fils a Ă©tĂ© condamnĂ© pour agressions sexuelles imposĂ©es 
Ă  un mineur de 15 ans et corruption de mineurs, Ă  la peine de quatre 
ans d’emprisonnement par le Tribunal correctionnel de Melun, le 26 
mars 2002. En fuite, lors du procĂšs, l’intĂ©ressĂ© fait l’objet d’un mandat 
d’arrĂȘt. 

 

 

La privation de soins ou d’aliments peut aussi aboutir Ă  la 

mort comme dans le cas du jeune Kerywan, dĂ©cĂ©dĂ© Ă  16 mois. Lors de 
sa mort, le poids de l’enfant Ă©tait Ă©quivalent Ă  celui d’un nourrisson de 
quatre mois. Ses parents, adhĂ©rents Ă  la 

kinésiologie

, ont Ă©tĂ© 

condamnĂ©s par la Cour d’assises du FinistĂšre, Ă  la peine de cinq ans 
d’emprisonnement dont cinquante-deux mois avec sursis mise Ă  
l’épreuve pendant trois ans. Par ailleurs, trois mĂ©decins ont Ă©tĂ© 
condamnĂ©s Ă  la peine de 3000 euros d’amende pour non assistance Ă  
personne en danger. 
 
 

Situation en 2005 

 

Le groupe 

Horus

 s’est reconstituĂ© autour de la gourelle ayant 

purgĂ© sa peine.  

 

Tabitha’s Place

, plusieurs jeunes adultes ont quittĂ© la 

communautĂ© Ă  leur majoritĂ© et ont cherchĂ© des hĂ©bergements en 
structure d’accueil. L’un d’entre eux poursuit des Ă©tudes 
d’informatique. Depuis, sa rĂ©ussite sert d’argument Ă  la communautĂ© 
pour justifier la « valeur Â» de son Ă©cole de fait. Tous les arguments 
sont bons dans les groupes sectaires. 

 
Dans les milieux de la 

kinésiologie

, on constate de nombreux 

cas de ruptures familiales, de divorces conflictuels, dont les enfants 
constituent un douloureux enjeu. Par ailleurs, l’« Ă©du-kinĂ©siologie Â» se 
rĂ©pand dans l’enseignement privĂ© confessionnel. Une mise en garde a 
Ă©tĂ© envoyĂ©e par une orthophoniste Ă  l’Inspection acadĂ©mique 
concernant un instituteur qui, aprĂšs avoir signĂ© un protocole avec 
l’orthophoniste pour un enfant souffrant de troubles du langage, a 
remis en cause ce protocole pour s’orienter vers l’édu-kinĂ©siologie. 
L’orthophoniste dĂ©nonce alors le prosĂ©lytisme de la 

kinésiologie

 en 

milieu scolaire et l’enfant est « mutĂ© Â» dans un autre Ă©tablissement 
scolaire. Un Ă©tablissement impose des sĂ©ances de « relaxation Â» faite 

 

20 

background image

par une Ă©du-kinĂ©siologue une fois par semaine. On constate que cette 
infiltration de la 

kinésiologie

 existe aussi dans certains Ă©tablissements 

privĂ©s accueillant des handicapĂ©s. 

 
Le 7 octobre 2005, la Cour d’assises de la Gironde a 

condamnĂ© un ex-adepte TĂ©moin de JĂ©hovah Ă  la peine de douze ans de 
rĂ©clusion criminelle pour viols sur mineure de 15 ans par ascendant 
lĂ©gitime. L’intĂ©ressĂ© a  fait appel

23

. Les 

TĂ©moins de JĂ©hovah 

avaient 

jugĂ© le coupable en le traduisant devant le Conseil des Anciens, mais 
en se gardant bien de saisir la Â« justice des hommes Â», c’est-Ă -dire 
celle de la RĂ©publique. Le TĂ©moin de JĂ©hovah coupable avait Ă©tĂ© radiĂ© 
de sa communautĂ©, mais les faits n’avaient pas Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s Ă  la 
justice. 

 
Le parti 

Solidarité et ProgrÚs

 mĂšne une vaste campagne de 

recrutement depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2004, installant des stands et 
distribuant des tracts, des revues 

Nouvelle Solidarité

24

 Ă  proximitĂ© ou 

mĂȘme dans les campus des universitĂ©s, notamment Ă  Paris (Sorbonne, 
Saint-Michel
.), Ă  Rennes, Ă  Nantes, Ă  Lyon. Les Ă©tudiants 
constituent  une cible privilĂ©giĂ©e pour ce parti qui, sous l’apparence 
d’une idĂ©ologie politique Â« anti-Bush Â» et avec une image alternative 
aux mouvements politiques constituĂ©s, joue sur la fibre engagĂ©e et 
idĂ©aliste des Ă©tudiants. 

 

 
L’

Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

 (AMORC) 

s’intĂ©resse de trĂšs prĂšs aux enfants. 

«L’Ordre de la Rose-Croix 

AMORC parraine depuis de nombreuses annĂ©es un institut qui leur est 
destinĂ©. Cet institut, connu sous le nom d’Institut Culturel de 
l’Enfance, donne Ă  chaque enfant la possibilitĂ© de se familiariser avec 
les lois de la vie avant mĂȘme qu’il vienne au monde. Comment ? En 
permettant Ă  sa mĂšre de commencer son Ă©ducation alors qu’elle est 
enceinte de lui. C’est cette Ă©ducation prĂ©natale qui fait la grande 
originalitĂ© de l’Institut Culturel de l’Enfance. [
] Notre Institut 
apporte en plus une aide cosmique Ă  la mĂšre tout au long de la 
grossesse et au moment de l’accouchement, aide qu’il est le seul Ă  
dispenser Ă  travers le monde. Dans les centaines de cas ayant reçu 
                                                      

23

 DĂ©pĂȘche AFP du 7 octobre 2005 : l’intĂ©ressĂ© avait comparu devant le 

conseil des anciens, structure interne Ă  l’organisation des 

TĂ©moins de 

JĂ©hovah

, laquelle l’a exclu pour les faits qui lui Ă©taient reprochĂ©s. 

24

 

« Nouvelle SolidaritĂ© » 

est la revue publiĂ©e par 

Solidarité et ProgrÚs

, parti 

politique du Français Jacques Cheminade, lui-mĂȘme liĂ© au Parti Ouvrier 
EuropĂ©en (POE) et Ă  son leader amĂ©ricain Lyndon Larouche.  

 

21 

background image

l’assistance mĂ©taphysique apportĂ©e par notre ComitĂ© d’Entraide 
Spirituelle, des rapports et des lettres de parents confirment que la 
naissance de l’enfant a Ă©tĂ© moins douloureuse et plus aisĂ©e. Il s’agit 
de quelque chose que les mĂ©decins, les infirmiĂšres, les savants et 
autres sommitĂ©s, ne peuvent pas faire pour les mĂšres, parce qu’il 
s’agit d’une mĂ©thode trĂšs ancienne et secrĂšte connue seulement des 
mystiques. [
] Les anciens Grecs accomplirent une Ɠuvre 
merveilleuse dans ce sens, et ils utilisĂšrent les principes de l’influence 
prĂ©natale pour produire une race noble Â»

25

L’

AMORC

 diffuse depuis 

son ChĂąteau d’Omonville, siĂšge aussi de l’Institut, des cours avant et 
aprĂšs la naissance. 

« Le cours post-natal de l’Institut Culturel de 

l’Enfance va de la naissance Ă  5 ans, Ăąge Ă  partir duquel l’enfant peut 
ĂȘtre inscrit Ă  l’Ordre junior des Porte-Flambeaux Â»

26

Puis Ă  11 ans, il 

deviendra « 

CroisĂ© 

». Le jeune rosicrucien peut se faire 

propagandiste

27

, et un jeune (de 5 Ă  11 ans !) peut devenir porte-

flambeau, mĂȘme si ses parents ne sont pas Ă  l’

AMORC

. Jusqu’en 

2005, il Ă©tait accueilli au centre du Viginet Ă  Saint Nectaire, avec 
l’agrĂ©ment de l’Éducation nationale

28

 [
]

 Il semblerait que ce centre 

soit en vente. 

 

Ecoovie

. En 2004, Joe Maltais, le gourou, prend la fuite au 

Canada avec sa compagne de nationalitĂ© française et ses enfants. Il 
prĂ©tend que ces enfants sont les siens. Un avis de recherche est alors 
diffusĂ© Ă  travers le territoire canadien par la Direction de la protection 
de la jeunesse. Mme V. a quittĂ© le territoire national, en emmenant ses 
deux enfants mineurs, sans l’autorisation du pĂšre des enfants et au 
mĂ©pris d’une dĂ©cision de justice. Elle a Ă©tĂ© interpellĂ©e au Canada oĂč 
elle sĂ©journait avec des membres et le gourou de la secte. Les deux 
enfants ont pu rejoindre le territoire national. Mme V. a Ă©tĂ© 
condamnĂ©e par le Tribunal correctionnel de Bayonne, le 17 mai 2005, 
Ă  la peine de huit mois d’emprisonnement dont quatre avec sursis pour 
atteinte Ă  l’exercice de l’autoritĂ© parentale par soustraction de 
mineurs, des mains de ceux qui exercent l’autoritĂ© parentale ou 
auxquels ils ont Ă©tĂ© confiĂ©s ou chez qui ils ont leur rĂ©sidence 
habituelle avec deux circonstances aggravantes : 

 

                                                      

25

 Fascicule interne de l’AMORC, intitulĂ©

 Â« Qu’est l’Institut Culturel de 

l’Enfance ?»

.  

26

 ibid. 

27

 Fascicule interne de l’AMORC, bande dessinĂ©e intitulĂ©e

 Â« L’étrange 

histoire des Rose-Croix ». 

28

 agrĂ©ment qui ne porte que sur des contrĂŽles d’hygiĂšne et de sĂ©curitĂ©. 

 

22 

background image

-

 

la soustraction s’est prolongĂ©e au-delĂ  de cinq jours, 

-

 

les enfants ont Ă©tĂ© retenus indĂ»ment hors du territoire national. 

 

Sur signalement d’un proche de la famille d’un enfant atteint 

d’une leucĂ©mie aigue, un couple dont la femme adhĂšre aux thĂšses 
d’

IVI

29

, a Ă©tĂ© renvoyĂ© devant le Tribunal correctionnel de Versailles 

pour non assistance Ă  personne en pĂ©ril sur la personne de leur fils 
mineur, dĂ©cĂ©dĂ©. Il leur Ă©tait notamment reprochĂ© un retard de six jours 
entre la date de dĂ©tection de la maladie et le transport de l’enfant Ă  
l’hĂŽpital, responsable de lĂ©sions neurologiques ayant altĂ©rĂ© les 
conditions de survie de l’enfant. Le Tribunal correctionnel de 
Versailles a relaxĂ© ce couple, l’élĂ©ment intentionnel de l’infraction 
n’étant pas rapportĂ©. 

 
D’autres groupes sont prĂ©occupants, comme par exemple 

Kryeon

 et les enfants 

indigos

. Les premiers cas de dĂ©scolarisation sont 

signalĂ©s par les inspections acadĂ©miques, au ministĂšre de l’Education 
nationale ou dans le cadre des cellules de vigilance dĂ©partementales. 

 

Education  

 

 

 

La Cellule de prĂ©vention du phĂ©nomĂšne sectaire (CPPS) du 

ministĂšre de l’Education nationale est toujours trĂšs active, en 
particulier dans la formation des cadres administratifs de ce ministĂšre. 
Des contrĂŽles sont effectuĂ©s dans les Ă©tablissements hors contrat, et 
pour les enfants dont les parents choisissent de les instruire Ă  domicile. 
Il reste cependant un certain nombre de problĂšmes. 
 
 

Les « Ă©coles de fait »  

 

Lorsqu’un Ă©tablissement scolaire ne correspond pas aux 

critĂšres, pourtant bas, pour ouvrir une Ă©cole hors contrat

30

, des 

procĂ©dures sont enclenchĂ©es par l’Inspection acadĂ©mique. C’est le cas 
dans l’HĂ©rault pour une Ă©cole fondĂ©e par l’Institut thĂ©ologique de 
NĂźmes, Ă©manation de 

Church of the Greater Grace.

 A Sus dans les 

Pyrénées-atlantiques (

Tabitha’s Place 

ou

 Les douze tribus),

 les 

                                                      

29

 Invitation Ă  la Vie 

30

 Acceptation de la loi Falloux et nomination du directeur Ă  la condition qu’il 

possĂšde un baccalaurĂ©at, en application de la circulaire de 1851 toujours en 
vigueur. 

 

23 

background image

contrĂŽles demandĂ©s par l’inspection acadĂ©mique ne concernent que 
neuf enfants sur la cinquantaine demeurant sur les lieux. En Alsace, le 
mĂȘme groupe ne rĂ©pond pas Ă  la demande de contrĂŽle d’un enfant 
instruit Ă  domicile, alors mĂȘme que l’inspecteur de l’Education 
nationale avait averti de la date Ă  laquelle ce contrĂŽle Ă  domicile aurait 
lieu. 
 

La situation est plus complexe dans le RhĂŽne avec le cas de la 

Junior’s School

, une Ă©cole sous contrat. Un contrĂŽle exercĂ© a mis en 

lumiĂšre le fait que la directrice ne possĂ©dait pas les titres requis, et 
que, par ailleurs, l’association qui gĂ©rait l’école semblait infiltrĂ©e par 
au moins un membre de la scientologie. En attente de la nomination 
de nouveaux cadres, aussi bien Ă  la direction que dans l’association, le 
contrat a Ă©tĂ© rompu par le ministĂšre de l’Education nationale. On se 
retrouve dans le cas d’une Ă©cole de fait. 

 
Le cas suivant est encore plus compliquĂ©. Comme on l’a vu, 

les FrĂšres de Plymouth de la voie Ă©troite

, Ă©manation du darbysme 

protestant, refusent l’éducation publique. Jusque lĂ , ils fonctionnaient 
partiellement avec l’accord de l’inspection acadĂ©mique, sur des cours 
par correspondance du CNED

31

, avant les versions actualisĂ©es 

d’

Internet

. Depuis quelques annĂ©es, ils travaillaient avec le cours par 

correspondance 

Le ChĂȘne

. L’attention de l’Inspection avait Ă©tĂ© attirĂ©e 

par le fait que certaines matiĂšres, comme la biologie, ne semblaient 
pas ĂȘtre enseignĂ©es. Depuis, les FrĂšres ont construit leur propre 
Ă©cole/collĂšge Ă  Chambon-sur-Lignon. On ignore Ă  ce jour quel sera le 
statut de cette Ă©cole Ă  son ouverture, imminente. 
 
 

L’enseignement par correspondance 

 

Comme on l’a vu dans le cas prĂ©cĂ©dent, et telle que le 

souligne le ministĂšre de l’Education nationale

32

,  le  Â« contrĂŽle »  des 

cours par correspondance est impossible. C’est un marchĂ© ouvert et 
juteux dans lequel s’engouffrent les parents d’élĂšves, inquiets du sort 
de leurs enfants. Il faut ici rappeler que l’impossibilitĂ© du contrĂŽle fait 
qu’il n’y a aucune garantie en dehors du CNED, ni aucun agrĂ©ment. 
 
 

                                                      

31

 Centre national d’enseignement Ă  distance 

32

 Voir 

infra

 

 

24 

background image

Soutien scolaire et organismes para-scolaires  

 

LĂ  encore, on est dans un marchĂ© libre et concurrentiel. Les 

seuls contrĂŽles qui puissent ĂȘtre exercĂ©s sont ceux d’« hygiĂšne et 
sĂ©curitĂ© Â». Les organismes qui le souhaitent peuvent obtenir un 
agrĂ©ment de l’Education nationale. 

 
Il rĂšgne Ă  ce jour une grande opacitĂ© dans laquelle se sont 

engouffrĂ©s des groupes sectaires comme la scientologie, qui distribue 
dans les banlieues des tracts pour des cours de soutien (au CollĂšge 
Victor Hugo d’Aulnay-sous-Bois, par exemple). Ce crĂ©neau du 
soutien scolaire semble ĂȘtre une des nouvelles pistes de la 
scientologie, puisqu’on la voit dĂ©velopper ses Ă©coles de soutien en 
BaviĂšre. 

 
On constate aussi la floraison de confĂ©rences philosophiques 

donnĂ©es par 

la Nouvelle Acropole

, avec tractage aux alentours de 

lycĂ©es, et stands dans l’enceinte des universitĂ©s. On voit aussi 
distribuer des tracts pour l’

École de thĂ©osophie

 de la rue Keppler Ă  

Paris, Ă  destination des enfants. 

 
Quelquefois, les groupes se dissimulent : ainsi, Ă  l’universitĂ© 

de Toulouse, seraient proposĂ©es des formations 

Landmark-Education

 

sous couvert de cours de dessin. 
 
 

Centres de loisirs et sĂ©jours de vacances pour mineurs en France et Ă  
l’étranger 

 

Le ministĂšre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative 

a en charge le contrĂŽle des sĂ©jours de vacances pour les mineurs. Mais 
il ne peut exercer ce contrĂŽle pour les sĂ©jours Ă  l’étranger. LĂ  encore 
seuls les organismes Ă©manant de l’Education nationale ont - et peuvent 
avoir - un agrĂ©ment garantissant leur fiabilitĂ©. 

 

Par ailleurs, seuls les lieux d’accueil avec hĂ©bergement de 

douze mineurs au plus et durant plus de cinq nuits sont soumis Ă  
dĂ©claration. 
 

Enfin, dans le domaine des centres de loisirs, les organisateurs 

accueillant entre huit et trois cent mineurs pendant plus de quinze 
jours au cours d’une mĂȘme annĂ©e sont obligĂ©s de se dĂ©clarer auprĂšs 

 

25 

background image

des services de la jeunesse et des sports et de fournir un projet 
Ă©ducatif. 
 

C’est pourquoi l’on constate des dĂ©rives sectaires dans les 

courts sĂ©jours : ainsi Ă  Millau, 

Alter’n Educ

 reçoit pour des sĂ©jours de 

six jours des enfants de 6 Ă  16 ans avec, au programme, des jeux de 
rĂŽle, du yoga, des groupes de paroles, dispensĂ©s par des adeptes de 

Krishna

. Pour les parents accompagnateurs, sont proposĂ©es des 

confĂ©rences sur les mĂ©decines douce et la mĂ©thode Hamer

33

 
 

Internet 

 

 

Il faut ici rappeler la dangerositĂ© de l’utilisation d’

Internet

 

sans suivi parental. L’an dernier, le rapport de la MIVILUDES

34

 

faisait Ă©tat des techniques utilisĂ©es par les groupes se rĂ©fĂ©rant au 
satanisme sur le Web.  
 
 

Des projets de refonte de la loi de 1949 sur la protection de la 

jeunesse en matiĂšre de publications (revues et livres) sont 
rĂ©guliĂšrement Ă©voquĂ©s. Il serait certainement utile que le Parlement se 
penche sur la possibilitĂ© d’inclure les problĂšmes liĂ©s aux dĂ©rives 
constatĂ©es sur l’

Internet

, si une rĂ©vision de cette loi se concrĂ©tisait Ă  

brĂšve Ă©chĂ©ance. 

 

 

 

                                                      

33

 

CondamnĂ© par la Cour d’appel de ChambĂ©ry, le 1

er

 juillet 2004, Ă  la peine 

de trois ans d’emprisonnement pour escroqueries et complicitĂ© d’exercice 
illĂ©gal de la mĂ©decine. Ryke Hamer a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une libĂ©ration 
conditionnelle Ă  compter du 15 fĂ©vrier 2006, par arrĂȘt de la Cour d’appel de 
Paris, le 9 fĂ©vrier 2006. 

34

 

« Le Risque sectaire »

, Documentation française, 2005 

 

26 

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1-2  

RISQUES INDUITS PAR LES PRATIQUES 
DE SOINS ET DE GUERISON DES 
GROUPES A CARACTERES SECTAIRES 

 
 
 
 

Profitant de l’attirance grandissante du public pour les 

thĂ©rapies alternatives et les mĂ©decines douces, les groupes les plus 
divers investissent, depuis plusieurs dĂ©cennies mais plus encore 
aujourd’hui dans des proportions inquiĂ©tantes, le domaine de la santĂ© 
et du bien-ĂȘtre par une multitude d’offres de soins et 
d’accompagnement au dĂ©veloppement personnel, assorties de 
promesses de guĂ©rison et de vie harmonieuse ici-bas et mĂȘme au-delĂ . 

 
Ce succĂšs  gĂ©nĂšre des risques divers, depuis l’escroquerie pure 

et simple jusqu’à la dĂ©rive « thĂ©rapeutique Â», voire sectaire au sens 
des critĂšres retenus par les pouvoirs publics et dans les rapports 
parlementaires pour caractĂ©riser la situation des victimes. Il est le 
corollaire d’aspirations profondes de nos contemporains dans leur 
volontĂ© absolue Ă  gĂ©rer le mal ĂȘtre des temps modernes, Ă   rĂ©soudre 
des pathologies lourdes et mortelles, Ă  dĂ©nier le handicap en 
s’affranchissant des limites des savoirs et des pratiques scientifiques 
au premier rang desquelles figure  la mĂ©decine traditionnelle ou 
allopathique, encore dĂ©signĂ©e sous le vocable « d’officielle Â» et dont 
les caractĂ©ristiques sont d’une part l’évaluation scientifique des 
pratiques et d’autre part la prise en charge financiĂšre, en totalitĂ© ou en 
partie, par les caisses d’assurance maladie. 

 
Ce phĂ©nomĂšne se dĂ©veloppe dans un contexte marquĂ©, comme 

le soulignait dĂ©jĂ  le rapport 2004 de la MIVILUDES, par la 
banalisation de l’ésotĂ©risme et de l’occultisme, consacrant le grand 
retour de la pensĂ©e magique. 

 
De dimension internationale, il est l’objet d’un rapport de la 

Commission des questions sociales, de la santĂ© et de la famille du 
Conseil de l’Europe, intitulĂ© 

« 

Une approche europĂ©enne des 

mĂ©decines non conventionnelles Â»

 qui au moment de sa publication  

en juin 1999, dĂ©crivait le phĂ©nomĂšne dans les termes suivants : 

 

 

27 

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- « Les mĂ©decines alternatives sont devenues Ă  prĂ©sent de vĂ©ritables 
industries. DĂšs lors, des abus et des dĂ©rives sont possibles, certains 
Ă©tant toujours tentĂ©s, par goĂ»t du pouvoir ou esprit de lucre, d’utiliser 
ces mĂ©decines Ă  des fins dĂ©tournĂ©es. Il existe donc des risques 
certains de voir ces mĂ©decines exploitĂ©es par des charlatans, des 
groupes sectaires etc
, tous voyant en elles un profit immĂ©diat. 

 

- Pour les sectes, la santĂ© est un thĂšme porteur : elles s’en servent 
pour attirer de nouveaux adeptes, et sont tentĂ©es d’utiliser ces 
mĂ©decines parallĂšles pour couper les adeptes du monde mĂ©dical 
extĂ©rieur Ă  la secte. Dans la mesure oĂč elles prĂŽnent l’inutilitĂ© de la 
mĂ©decine traditionnelle et la nĂ©cessitĂ© d’arrĂȘter tout traitement, y 
compris dans le cas de maladies graves comme le cancer et le SIDA, 
les dangers sont considĂ©rables pour les individus. Les mĂ©dias se sont 
faits l’écho de plusieurs cas d’adeptes atteints de cancer et dĂ©cĂ©dĂ©s 
aprĂšs avoir abandonnĂ© toute thĂ©rapie. » 

 

Si le phĂ©nomĂšne n’est pas nouveau, les constats qui s’y 

attachent, faits Ă  la fois par la MIVILUDES et  par ses partenaires 
institutionnels et associatifs, attestent de son Ă©volution prĂ©occupante. 
Ses contours multiples et changeants 

 caractĂ©risent une offre 

plĂ©thorique marquĂ©e par l’atomisation des prestations, la crĂ©ation aux 
cĂŽtĂ©s de groupes traditionnels, de rĂ©seaux de thĂ©rapeutes dont certains 
sont franchisĂ©s, la diffusion de pratiques allant de l’acceptable au pire, 
la dĂ©livrance de formations diplĂŽmantes dĂ©nuĂ©es de reconnaissance 
officielle et enfin le recours Ă  des modalitĂ©s commerciales 
performantes.  

 
La recherche d’une prĂ©vention des risques induits ainsi que les 

enseignements dĂ©jĂ  tirĂ©s des dĂ©rives sanctionnĂ©es par le juge ont 
conduit la MIVILUDES Ă  porter de maniĂšre prioritaire ses efforts sur 
cet axe de travail au cours de l’annĂ©e 2005. 
 
 

I – La dimension guĂ©risseuse de plus en plus prĂ©sente dans la 
sociĂ©tĂ© française 

 
L’illustration de ce phĂ©nomĂšne est mise en lumiĂšre par les 

observations collectĂ©es auprĂšs des associations de terrain et des 
acteurs de la vigilance institutionnelle.  

 
 

 

28 

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A - Les associations de terrain 

  

1 - Association Nationale de dĂ©fense des familles et de l’individu 
victimes de sectes  (UNADFI) et son antenne parisienne (ADFI - 
PARIS) 

 

De statut Ă  but non lucratif, les associations de dĂ©fense des 

famille et de l’individu (ADFI) regroupĂ©es en Union nationale 
(UNADFI) Ă©tudient, y compris dans leur dimension internationale, 
« 

les principes directeurs d’organisations prĂ©sentant des risques de 

dĂ©rives Ă  caractĂšre sectaire, informent et prĂ©viennent, enfin 
conseillent et aident les familles dĂ©sorientĂ©es et les adeptes sortant de 
groupes »

. Les bilans annuels d’activitĂ©s confirment Ă  cet Ă©gard, dans 

la sociĂ©tĂ© française, la multiplication d’offres Ă  visĂ©e curative et de 
dĂ©veloppement personnel. Lors d’échanges accordĂ©s en 2005 aux 
mĂ©dias, Mme Catherine Picard, prĂ©sidente de l’UNADFI, indiquait 
que l’ensemble des vingt-six antennes locales signalait la progression 
du nombre de ces groupes, multipliĂ©s par deux et demi environ en 
quinze ans. La moitiĂ© des questionnements et inquiĂ©tudes exprimĂ©s 
par les appelants, gĂ©nĂ©ralement pour un de leurs proches, pointent des 
groupes de type thĂ©rapeutique, des mĂ©thodes de santĂ© alternatives, et 
lorsqu’il s’agit de mouvements dont la vocation premiĂšre n’est pas de 
proposer des prestations de santĂ©, des communautĂ©s connues pour 
poser en dogme le refus de soins ou pour organiser des campagnes 
d’opposition active Ă  certaines disciplines de la mĂ©decine 
traditionnelle. 

 
Les autres donnĂ©es prises en compte Ă©manent de l’ADFI Paris 

et concernent principalement la rĂ©gion Ile-de-France. La moitiĂ© de 
cette activitĂ© concerne le champ des pratiques curatives. Sont plus 
particuliĂšrement dĂ©noncĂ©es les psychothĂ©rapies et les mĂ©decines du 
mieux ĂȘtre Ă  dimension holistique comme le reiki, la 

kinésiologie

, la 

mouvance des faux souvenirs, certains mouvements orientalistes tels 
le 

Mahikari

 mais Ă©galement des mĂ©thodes Ă©mergentes comme la 

psychophanie, l’hygiĂ©nisme et la mouvance de mĂ©decines 
Ă©nergĂ©tiques. Les appelants dĂ©noncent dans des proportions non 
nĂ©gligeables, et au-delĂ  d’une simple inquiĂ©tude pour un proche, des 
changements radicaux de comportement manifestĂ©s par des 
revendications d’indĂ©pendance familiale, matĂ©rielle et professionnelle 
et parfois 

 la rupture totale avec l’environnement immĂ©diat. 

 

29 

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L’adhĂ©sion d’un conjoint au reiki

35

 ne serait pas Ă©trangĂšre Ă  des 

dĂ©cisions de divorce ou Ă  des sĂ©parations. 

  

2 - Groupe d’étude des mouvements de pensĂ©e pour la protection de 
l’individu (GEMPPI) en rĂ©gion Provence-Alpes - CĂŽte d’Azur (PACA) 

 
Les donnĂ©es fournies par le GEMPPI corroborent en 

particulier pour le dĂ©partement des Bouches-du-RhĂŽne et la ville de 
Marseille, les tendances identifiĂ©es prĂ©cĂ©demment au travers des 
activitĂ©s de l’UNADFI avec une progression sensible entre 2003 et 
2005. 

Organisateur en 2005 d’un colloque national sur le thĂšme 

« Le 

refus de soins pour cause idĂ©ologique Â»,

 le GEMPPI s’oriente sur les 

questions de santĂ© et il est, Ă  ce titre, de plus en plus consultĂ© par des 
particuliers. La moitiĂ© des interrogations comptabilisĂ©es en 2005 
concernent des enseignements et des pratiques prĂ©sentant un risque 
pour la santĂ©, rĂ©parties sur une trentaine de groupes ou de mĂ©thodes 
parmi lesquels figurent par ordre dĂ©croissant le reiki, la 

kinésiologie

la psychogĂ©nĂ©alogie, 

EMF Balancing/Kryeon

, le chamanisme, la 

communication facilitĂ©e ou la psychophanie, le zen macrobiotique, 
FMS syndrome des faux souvenirs, la scientologie, la mĂ©thode Hamer, 
l’anthroposophie, 

Mahikari

, 
 

  

3 - Le Centre de documentation, d’éducation et d’action contre les 
manipulations mentales (CCMM) 

 

Le tĂ©moignage de terrain qui suit Ă©mane d’un mĂ©decin 

responsable de l’unitĂ© des soins palliatifs au Centre hospitalier 
rĂ©gional et universitaire de Besançon. Au-delĂ  de ses fonctions 
hospitaliĂšres et en sa qualitĂ© de membre rĂ©gional du CCMM, ce 
mĂ©decin a lancĂ©, au sein du comitĂ© d’éthique de son Ă©tablissement, 
une rĂ©flexion sur les dĂ©rives sectaires dans le champ de la santĂ© : 

 
«

 Les situations les plus frĂ©quentes pour lesquelles je suis 

interpellĂ©, 

constate l’intĂ©ressĂ©,

 concernent des malades atteints de 

pathologies graves, potentiellement mortelles (cancer, sida, maladies 
neurologiques Ă©volutives
) ou des maladies trĂšs Ă©voluĂ©es. Les 
mĂ©thodes alternatives les plus frĂ©quemment rencontrĂ©es sont les 
mĂ©thodes excluant les approches mĂ©dicales prouvĂ©es et des mĂ©thodes 
se prĂ©sentant Ă  l’origine comme « mĂ©decines douces Â» mais Ă©voluant 

                                                      

35

 

Bulles

 n°64 (bulletin d’information de l’UNADFI) 

 

30 

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vers une pratique exclusive et excluante (mĂ©thodes Simonton, 
Beljanski
) ».

  

 
Ce praticien signale Ă©galement les sollicitations rĂ©guliĂšres 

dont le personnel hospitalier est l’objet, pour des formations 
accĂ©lĂ©rĂ©es Ă  des techniques psychothĂ©rapeutiques ou guĂ©risseuses 
Ă©trangĂšres, en tout Ă©tat de cause, aux techniques mĂ©dicales des 
Ă©tablissements de santĂ© ainsi que l’appartenance de bĂ©nĂ©voles 
accompagnants et visiteurs de malades Ă  des courants nĂ©o ou pseudo-
religieux dont les convictions, dĂšs lors qu’elles sont mises en Ɠuvre Ă  
ce titre, perturbent l’organisation des soins et peuvent gĂ©nĂ©rer des 
dĂ©rives en l’absence de vigilance des soignants. 

 
 

B - Les acteurs de la vigilance institutionnelle 

 

1 – La Police nationale 

 

La

 

Police nationale constatait, dĂšs 2001, la vitalitĂ© du marchĂ© 

des thĂ©rapies alternatives par le recensement de quelque quatre-vingt 
mĂ©thodes dont plusieurs prĂ©sentaient une dangerositĂ© au regard des 
critĂšres d’identification du risque de dĂ©rive. Elle relevait aussi Ă  
l’époque, une trentaine de procĂ©dures judiciaires concernant certains 
groupes ou praticiens pour exercice illĂ©gal de la mĂ©decine ou de la 
pharmacie. 

 

Quatre ans plus tard, c’est Ă  plus de deux cents que peut ĂȘtre 

Ă©valuĂ© le nombre de mĂ©thodes de mĂ©decines douces dont certaines, 
pour les mĂȘmes raisons que prĂ©cĂ©demment, doivent faire l’objet d’une 
vigilance des pouvoirs publics. 

 

2 - La Gendarmerie nationale 

 

Les enquĂȘteurs de la gendarmerie nationale constatent 

Ă©galement, dans les campagnes, la progression d’une offre de soins et 
de guĂ©rison Ă  risque promue par des micro-groupes ou des praticiens 
exerçant en libĂ©ral dont une trentaine de cas justifient une vigilance 
renforcĂ©e. 

 

3 - Les cellules dĂ©partementales de vigilance 

 

L’évolution du paysage de l’offre de guĂ©rison au travers des 

diffĂ©rentes sources prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©es, est consolidĂ©e par 

 

31 

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l’analyse des travaux des cellules dĂ©partementales de vigilance rĂ©unies 
en 2005. Ces instances pointent sur le marché de la santé et du bien-
ĂȘtre, l’intrusion du Â« tout psychologique Â» par la prĂ©sence diffuse de 
micro-structures dans la mouvance du 

new age

 et de promoteurs 

alliant la plupart du temps plusieurs pratiques thĂ©rapeutiques et ou 
psychothĂ©rapeutiques ou passant  d’une mĂ©thode Ă  l’autre pour mieux 
capter leur clientĂšle et garantir des revenus substantiels. Ces petites 
structures, dans la majoritĂ© des cas de statut libĂ©ral ou associatif, 
dĂ©veloppent des activitĂ©s polyvalentes, allant du 

coaching

 Ă  des 

prestations Ă  visĂ©e curative et proposent des formations diplĂŽmantes 
non validĂ©es et de durĂ©e extrĂȘmement variable.  

 
Ce phĂ©nomĂšne dont l’apprĂ©hension est malaisĂ©e, de l’avis des 

services locaux, inquiĂšte par sa dangerositĂ© potentielle et rĂ©elle en 
raison de condamnations pour exercice illĂ©gal de la mĂ©decine, de la 
pharmacie, publicitĂ© irrĂ©guliĂšre, importation de mĂ©dicaments sans 
autorisation de mise sur le marchĂ©, Ă©tablissements de faux certificats 
mĂ©dicaux et soustraction  Ă  des obligations lĂ©gales compromettant la 
santĂ©. En tout Ă©tat de cause, il est le creuset de dĂ©rives qui avant d’ĂȘtre 
qualifiables de sectaires au sens des critĂšres convenus, sont, Ă  tout le 
moins, thĂ©rapeutiques pour cause de charlatanisme. 

 
La prĂ©sence de thĂ©rapeutes et de psychothĂ©rapeutes dont un 

grand nombre sont autoproclamĂ©s, concerne l’ensemble du territoire et 
est particuliĂšrement signalĂ©e dans les grandes villes et les zones 
rurales du sud de la France. Les interrogations les plus frĂ©quemment 
formulĂ©es portent sur de possibles dĂ©rives de praticiens formĂ©s Ă  la 
psychogĂ©nĂ©alogie et Ă  la 

kinésiologie

 ainsi qu’à la mĂ©decine 

Ă©nergĂ©tique comme le reiki. Les groupes d’inspiration orientaliste 
dĂ©veloppant des pratiques de soins et de bien ĂȘtre, alliant techniques 
manuelles et dimension spiritualiste, sont Ă©galement l’objet 
d’interrogations tout comme l’essor des groupes de priĂšre Ă  vocation 
guĂ©risseuse au sein, notamment, des associations Ă©vangĂ©liques. 
- Parmi les courants en vogue, dans le sillage de la naturopathie, le 
crĂ©neau des thĂ©rapies hygiĂ©nistes alliant jeĂ»ne et pratique sportive 
intensive, semble se dĂ©velopper dans le sud-ouest.  
- En Bretagne, on assiste Ă  l’émergence de groupes alliant prĂ©tention 
Ă©cologique, dĂ©couverte de la nature et pratiques guĂ©risseuses 
empruntĂ©es Ă  la tradition druidique. 
- En Haute-Garonne, des formations aux mĂ©decines non 
conventionnelles, et notamment la naturopathie, sont proposĂ©es Ă  des 
chĂŽmeurs et Â« rmistes Â». 

 

32 

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- Dans l’Ain, un refus a Ă©tĂ© opposĂ© Ă  une association spĂ©cialisĂ©e en 
« naturo-rĂ©flexologie Â» qui sollicitait du FONGECIF

36

 une subvention 

pour aider une stagiaire Ă  financer sa formation. 
- En Loire-Atlantique, un institut prĂŽnant la mĂ©thode Silva s’est vu 
opposĂ© un refus d’agrĂ©ment Ă  la formation professionnelle. 
- La technique 

EMF Balancing 

promue par le mouvement 

Kryeon

 se 

dĂ©veloppe en Meurthe-et-Moselle. Dans ce dĂ©partement, on note 
Ă©galement la forte prĂ©sence de mouvements catĂ©chumĂšnes Ă  vocation 
guĂ©risseuse. 
- Le dĂ©partement de l’AriĂšge semble propice Ă  la mouvance du 

New 

Age

 avec la prĂ©sence d’une vingtaine de groupes dĂ©veloppant des 

pratiques guĂ©risseuses et d’épanouissement personnel alliant 
chamanisme, mĂ©ditation, rĂ©flexologie et soins Ă©nergĂ©tiques. 
- Il convient d’ĂȘtre plus particuliĂšrement vigilant sur un certain 
nombre de mouvements en raison notamment de leur opposition Ă  la 
mĂ©decine conventionnelle allant jusqu’au refus de soins. Sont citĂ©s 

Lou Pitchoun

 dans les Bouches-du-RhĂŽne, 

Shy

 (ex 

Energie 

Universelle

) dans les Landes, l’instinctothĂ©rapie en Haute-Marne, le 

Cercle des amis de Bruno Goering

 en Dordogne, l’

Eglise Universelle 

du Royaume de Dieu

 ou encore l’association 

SA/SATHYA BABA

 dont 

l’un des relais serait le 

Centre de mĂ©ditation Vipassana

 dans le 

dĂ©partement de l’Yonne. 

 
 

C - Peu de plaintes dĂ©posĂ©es mais de nouvelles coordinations de 
victimes 

 
Dans ce contexte, au cours de ces derniĂšres annĂ©es, est 

intervenue la crĂ©ation de sites web indĂ©pendants 
(http://preventsectes.com, http://psyvig.com ou encore 

http://membres.lycos.fr/ertonetecs

) entretenant des liens rĂ©guliers avec 

les grandes associations.  

 
La constitution de nouvelles associations ou de coordinations 

de victimes souvent ciblĂ©es sur une mĂ©thode comme la 

kinésiologie

 ou 

encore la psychogĂ©nĂ©alogie, dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de lieux d’écoute et 
d’aide face Ă  des situations difficiles allant jusqu’à la rupture. Il 
ressort des enseignements tirĂ©s des tĂ©moignages que le sort des 
enfants dans les couples sĂ©parĂ©s, et au sein desquels l’un des parents 
adhĂšre Ă  un groupe ou Ă  une pratique dans la sphĂšre du bien-ĂȘtre et de 

                                                      

36

 Fonds de gestion de congĂ© individuel de formation 

 

33 

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la santĂ©, est particuliĂšrement prĂ©occupant 

: climat de tensions 

extrĂȘmes, fortes entraves voire refus de l’exercice du droit de visite au 
parent n’assumant pas la « 

garde 

» du mineur, dĂ©placement 

gĂ©ographique du jeune Ă  des centaines de kilomĂštres, parfois dans un 
pays Ă©tranger, adoption de rĂšgles de vie compromettantes pour son 
dĂ©veloppement  sur le plan moral ou physique et pour son insertion 
dans la sociĂ©tĂ©, Ă©ventuellement dans certains cas extrĂȘmes, risques 
vitaux. 

 
De nouvelles associations sont apparues dans le paysage de la 

dĂ©fense des victimes, notamment la Coordination nationale de dĂ©fense 
des victimes de la 

kinésiologie

, l’Association des victimes des 

thĂ©rapies alternatives et de la psychogĂ©nĂ©alogie, le Centre 
d’information et de prĂ©vention sur les psychothĂ©rapies abusives et 
dĂ©viantes (CIPPAD) crĂ©Ă© en 2002 et consacrĂ© Ă  la prĂ©vention des 
dĂ©rives psychosectaires, l’association Alerte aux faux souvenirs 
induits (AFSI) qui lutte prioritairement contre les abus liĂ©s aux 
thĂ©rapies du faux souvenir. 

 
Le peu de plaintes dĂ©posĂ©es rend difficile l’apprĂ©ciation de 

l’étendue des dangers de ces pratiques sur un plan criminel. A la 
frontiĂšre de l’escroquerie et du charlatanisme, il n’est pas toujours 
facile de leur trouver une traduction juridique et l’autoritĂ© judiciaire se 
trouve dĂ©sarmĂ©e. Pourtant le charlatanisme, en ce qu’il correspond Ă  
des pratiques et des mĂ©dications invĂ©rifiables ou au recours Ă  des 
procĂ©dĂ©s illusoires, progresse en raison des offres d’un nombre 
croissant de ces thĂ©rapeutes et psychothĂ©rapeutes en mĂ©decine 
« nouvelle ».  

 
 
 

II – Physionomie des dĂ©rives observĂ©es 

 
Au-delĂ  des rĂ©centes dĂ©rives qui ont marquĂ© le secteur de la 

santĂ©, trois constantes marquent ce marchĂ© en plein essor. 
 

A - L’approche « psy » 

 
Au sein d’une offre plĂ©thorique oĂč le renouvellement des 

labels est constant, le crĂ©neau « psychologique Â» se taille la part la 
plus importante, qu’il s’agisse de thĂ©rapeutes individuels auto-

 

34 

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proclamĂ©s, ou d’organisations puissantes et structurĂ©es. Les thĂšses 
dĂ©veloppĂ©es s’appuient sur trois postulats : 
- la  culpabilitĂ© du patient dans le dĂ©veloppement de sa pathologie, 
- l’angoisse de la maladie, 
- la revendication d’un « 

mieux ĂȘtre 

» dans une sociĂ©tĂ© 

d’individualisme qui produit du dĂ©sarroi et oĂč le confort matĂ©riel ne 
garantit plus le bonheur face au culte croissant de la rĂ©alisation 
personnelle. 
 

1 - Ryke Geerd Hamer, sa loi d’airain et ses thĂ©ories du traitement du 
cancer 

 
La confirmation en appel Ă  l’étĂ© 2004, de la condamnation de 

Ryke Geerd Hamer, pour escroquerie et complicitĂ© d’exercice illĂ©gal 
de la mĂ©decine, rappelle la dangerositĂ© d’une mĂ©thode thĂ©rapeutique 
qualifiĂ©e de Â« mĂ©decine douce Â»  par son promoteur mais dont les 
applications concrĂštes excluent le recours ou la poursuite de 
traitements conventionnels dans toutes les pathologies, y compris dans 
les affections lourdes. La premiĂšre plainte dĂ©posĂ©e en France contre 
ce mĂ©decin allemand frappĂ© d’interdiction d’exercer dans son pays 
depuis 1986, remonte Ă  1996. Elle fut dĂ©posĂ©e par un homme dont 
l’épouse atteinte d’un cancer du sein, dĂ©cĂ©dait Ă  la suite de refus de 
traitements oncologiques et d’hospitalisation.  

 
CaractĂ©ristique d’une approche psychologisante, cette 

nouvelle mĂ©decine repose sur le postulat que toute maladie est la 
rĂ©sultante d’un choc psychologique intense et d’un conflit intĂ©rieur 
non rĂ©solu. 

 
Partant de l’idĂ©e qu’un stress important affaiblissait les 

dĂ©fenses immunitaires, voire provoquait une rĂ©action somatique de 
grande ampleur, Hamer a dĂ©rivĂ© dans une dĂ©monstration de pseudo-
vĂ©ritĂ©  dogmatique le conduisant Ă  rĂ©cuser les facteurs gĂ©nĂ©tiques et 
environnementaux Ă  l’origine de la maladie. Il affirme ainsi que la 
culpabilitĂ© des fumeurs plus que l’ingestion de tabac est cause de 
cancer. Cette thĂ©orie devient pour lui universelle qu’il s’agisse de 
pathologies bĂ©nignes ou incurables. Ainsi naĂźt une mĂ©thode naturelle 
de soins largement fondĂ©e sur les capacitĂ©s libĂ©rĂ©es d’auto-guĂ©rison 
du malade  Ă  condition que n’interfĂšrent pas dans ce processus, les 
traitements conventionnels. Tout le monde peut guĂ©rir soit 
spontanĂ©ment soit dans de rares cas avec le soutien d’un thĂ©rapeute. 
 

 

35 

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2 - L’hĂ©ritage de Ryke Geerd Hamer 

 
L’incarcĂ©ration de Geerd Ryke Hamer et sa condamnation Ă  

trois ans de prison ferme par la Cour d’appel de ChambĂ©ry ont mis un 
point d’arrĂȘt Ă  ses activitĂ©s rĂ©prĂ©hensibles. Mais ses thĂ©ories 
continuent d’essaimer en France, en Suisse et en Belgique Ă  travers les 
Ă©lĂšves formĂ©s Ă  son enseignement et sous des formes adaptĂ©es Ă©vitant 
l’investissement du champ mĂ©dical. La remise en libertĂ© de Ryke 
Hamer renforce les inquiĂ©tudes des pouvoirs publics. 

 
Les hĂ©ritiers de cette mĂ©thode qui se dĂ©marquent, prudence 

oblige, des thĂ©ories initiales de leur formateur, dĂ©veloppent 
aujourd’hui plutĂŽt des mĂ©thodes d’assistance personnelle empreintes 
de  promesses floues d’auto-guĂ©rison, et d’auto-libĂ©ration dĂ©coulant 
de concepts nouveaux comme la Â« mĂ©moire cellulaire , la biothĂ©rapie, 
la bio-psychogĂ©nĂ©alogie ou encore de dĂ©codage biologique Â». Ces 
concepts sont devenus autant de marques dĂ©posĂ©es d’un enseignement 
souvent labellisĂ© en nom propre pour assurer la notoriĂ©tĂ© de ses 
initiateurs. Nourris des prĂ©ceptes d’Hamer, les anciens Ă©lĂšves sont Ă  
leur tour formateurs, dispensant stages et modules d’enseignement 
privĂ© coĂ»teux, malgrĂ© une absence totale de validation scientifique. Le 
second cercle des « hamĂ©ristes Â» comprendrait aujourd’hui d’aprĂšs les 
observateurs de terrain comme l’UNADFI et le GEMPPI, une centaine 
de praticiens en exercice. Parmi eux, on relĂšve la prĂ©sence de 
mĂ©decins, parfois frappĂ©s d’interdiction d’exercer ou mis hors 
d’atteinte des sanctions de leurs instances ordinales en demandant leur 
radiation, des dentistes formĂ©s au Â« dĂ©codage symbolique des dents Â», 
d’anciens adeptes d’organisations connues comme la Scientologie et 
des praticiens de techniques manuelles comme l’ostĂ©opathie ou la 

kinésiologie

 
Bien que reposant 

a priori

 sur des bases crĂ©dibles (l’état 

psychique du patient, Ă  dĂ©faut de la provoquer, peut effectivement 
jouer sur l’évolution de sa maladie), ces diffĂ©rentes mĂ©thodes 
d’accompagnement inspirĂ©es de la doctrine hamĂ©riste posent 
problĂšme dĂšs lors qu’elles prĂ©tendent fournir, Ă  la carte, des outils 
auto-thĂ©rapeutiques permettant Ă  chacun dans un temps court de 
« dĂ©programmer la maladie Â» pour s’acheminer sur la voie de l’auto-
guĂ©rison, et ce, mĂȘme pour les pathologies graves voire incurables. 
 
 

 

36 

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3 - De la mĂ©moire du corps Ă  la mĂ©moire trans-gĂ©nĂ©rationnelle 

 
L’idĂ©e qu’il faut parfois remonter Ă  l’histoire de ses parents 

pour libĂ©rer l’origine de certains conflits ou mal ĂȘtre ne fait plus 
vĂ©ritablement dĂ©bat. Nous sommes le produit des gĂ©nĂ©rations qui nous 
prĂ©cĂšdent et la transmission inconsciente de certains non-dits ou 
secrets de famille peut effectivement peser sur l’état psychologique et 
les choix de vie d’un individu. Mais il y a dĂ©rive dĂšs lors que ce 
prĂ©supposĂ© devient systĂ©matique pour certains tenants de la bio-
psychogĂ©nĂ©alogie. Dans la lignĂ©e des prĂ©ceptes hamĂ©ristes, ils 
prĂ©tendent que ces conflits non rĂ©solus naissent des « programmes de 
survie biologiques Â» enclenchĂ©s par le cerveau, agissant directement 
sur l’état de nos cellules et provoquant des maladies. AdoptĂ©e comme 
une rĂšgle implicite et infaillible, cette thĂ©orie remet au goĂ»t du jour 
une forme de dĂ©terminisme qui inspire lĂ  encore la plus grande 
rĂ©serve. Dans le mĂȘme esprit, sous la proposition 

« comment guĂ©rir de 

cette famille qui vit en vous Â»

, certains groupes dits de 

« constellations 

familiales »

 entendent apporter une solution dĂ©finitive Ă  des 

problĂšmes de tous ordres, physiques ou psychologiques. Ces groupes 
posent problĂšme dĂšs lors qu’ils se prĂ©sentent comme 

« des outils de 

guĂ©rison d’une maladie hĂ©ritĂ©e des ancĂȘtres, transcription biologique 
d’un conflit psychologique non rĂ©solu par les gĂ©nĂ©rations 
précédentes ».

 

 
 

B - Une approche dĂ©clinable suivant les publics visĂ©s 

 

L’approche psychologisante se dĂ©veloppe au cƓur des 

prestations de santĂ©. Le principe selon lequel, le sujet atteint d’une 
pathologie oĂč ses ascendants directs seraient responsables de la 
maladie dĂ©veloppĂ©e, indĂ©pendamment des facteurs gĂ©nĂ©tiques ou 
environnementaux, se dĂ©cline dĂ©sormais en autant de solutions 
thĂ©rapeutiques que de publics Ă  toucher et donc de marchĂ©s potentiels 
Ă  conquĂ©rir. 

 
Nombre de ces thĂ©rapies ne visent pas la mise sous sujĂ©tion 

« d’adeptes Â» privĂ©s de leur discernement. Mais l’intrusion du Â« tout 
psychologisant 

» dans le champ des thĂ©rapies alternatives, en 

prĂ©tendant donner une cause autre qu’organique Ă  d’éventuelles 
pathologies, peut favoriser les dĂ©rives individuelles et faciliter des 
situations d’emprise  dommageables du thĂ©rapeute sur son patient. A 
la question, 

« Pourquoi moi et pas un autre ? Â»

, il apporte une rĂ©ponse 

 

37 

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toute faite 

« Tu t’es fabriquĂ© ta maladie Â»,

 Ă  laquelle il se propose 

d’apporter des solutions clefs en main qui peuvent aller de la 
prescription mĂ©dicamenteuse Ă  la condamnation de la mĂ©decine 
classique. 

 
Du traitement des maladies incurables, Ă  la prise en charge des 

personnes handicapĂ©es, puis du soulagement des souffrances 
physiques Ă  celui des souffrances psychiques, des doctrines et des 
mĂ©thodes pĂ©dagogiques ont Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©es Ă  la carte en fonction de la 
spĂ©cialitĂ© d’origine de l’initiateur et de son public cible. 

 
Devant la profusion des offres thĂ©rapeutiques 

psychologisantes, Ă  la validitĂ© non Ă©prouvĂ©e mais souvent Ă  forte 
rentabilitĂ©, la vigilance reste plus que jamais de mise comme l’atteste 
l’exemple de la communication facilitĂ©e sur laquelle l’Ordre national 
des mĂ©decins a, dans le courant de l’annĂ©e 2004, Ă©mis les plus grandes 
rĂ©serves. 
 

1 - La communication facilitĂ©e ou la psychophanie 

 

Introduite en France par l’orthophoniste Anne-Marguerite 

Vexiau, la mĂ©thode dite de « communication facilitĂ©e Â» est un procĂ©dĂ© 
qui permettrait aux personnes privĂ©es de paroles (autistes, 
polyhandicapĂ©s, trisomiques, traumatisĂ©s crĂąniens
) de s’exprimer en 
tapant Ă  la machine avec un doigt. Un partenaire leur soutient la main 
ce qui favorise les Ă©changes inconscients d’information entre les deux. 
Le patient se brancherait sur le cerveau de son partenaire et utiliserait 
son Ă©quipement moteur, sensoriel, et mĂȘme psychique pour exprimer 
sa propre pensĂ©e. Les handicapĂ©s mentaux sĂ©vĂšres, les non voyants de 
naissance, les sourds profonds, les patients en phase de rĂ©veil de 
coma, les enfants prĂ©sentant des troubles psychosomatiques seraient 
Ă©ligibles Ă  cette pratique. Elle est aujourd’hui l’objet d’une 
controverse faute de validation scientifique et en raison des publics 
extrĂȘmement fragilisĂ©s auxquels elle s’adresse. A dĂ©faut de pouvoir la 
qualifier de Â« sectaire Â» en l’état actuel des investigations menĂ©es Ă  
son sujet, de fortes prĂ©somptions de risque de dĂ©viances 
thĂ©rapeutiques sont Ă©mises par un grand nombre de professionnels 
qu’il s’agisse des institutions reprĂ©sentatives de la profession mĂ©dicale 
comme l’Ordre national des mĂ©decins et des syndicats professionnels 
des soins de suite et de rĂ©adaptation. Certains propos d’Anne-
Marguerite Vexiau nourrissent les craintes de ces professionnels : «

 Je 

n’avais jamais pensĂ© que les morts puissent guĂ©rir les vivants

 Â». Ces 

 

38 

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propos paraissent en effet typiques des dĂ©rives induites par l’essor des 
thĂ©rapies  Â« trans-gĂ©nĂ©rationnelles »  au nom desquelles des praticiens 
aux cursus plus ou moins sĂ©rieux dĂ©veloppent des prestations 
invĂ©rifiĂ©es, voire invĂ©rifiables sur le plan mĂ©dical. A cet Ă©gard, cette 
technique ouvre incontestablement la porte Ă  de possibles 
manipulations et Ă  l’exploitation du dĂ©sarroi des proches de la 
personne handicapĂ©e quand les paroles retranscrites visent de surcroĂźt 
Ă  les culpabiliser comme dans cette assertion attribuĂ©e Ă  un enfant 
handicapĂ© dont la mĂšre avait avortĂ© : « 

J’ai Ă©vitĂ© mort en choisissant 

maladie

 Â». 

 

Courant 2004, deux membres du Conseil national de l’Ordre 

des mĂ©decins Ă©mettaient les plus grandes rĂ©serves sur l’intĂ©rĂȘt 
scientifique de celle-ci, regrettant

 Â« que cette technique soit effectuĂ©e 

sur des patients en grande souffrance mentale Â» ;

 le Groupe d’étude et 

de recherche sur l’infirmitĂ© motrice d’origine cĂ©rĂ©brale (GERIMOC), 
regroupant environ cent quarante mĂ©decins ou chirurgiens de diverses 
spĂ©cialitĂ©s, alertait du dĂ©veloppement de cette mĂ©thode dans l’ouest de 
la France et en rĂ©gion lyonnaise. 

 
Enfin, dans un courrier au ministre de la SantĂ© Ă  la fin de 

2004, un mĂ©decin mettait l’accent sur les derniers dĂ©veloppements de 
la mĂ©thode qui promeut des formations trĂšs onĂ©reuses de « facilitant Â»  
Ă  destination des parents de personnes handicapĂ©es et s’ouvre 
dĂ©sormais aux dĂ©pressifs ou personnes atteintes de troubles mineurs 
dans une optique de soin psychologique, sous le label de 
« psychophanie ».  

 

2 - Le syndrome du faux souvenir, une forme de psychanalyse dĂ©viante 

 

L’adoption de la lĂ©gislation sur les psychothĂ©rapies va 

permettre de mieux contrĂŽler le secteur des psychothĂ©rapies dĂšs 
l’adoption de ses dĂ©crets d’application. Cela pourrait, cependant, 
n’ĂȘtre pas totalement efficace pour juguler les dĂ©rives individuelles 
dans un secteur plĂ©thorique et difficile Ă  contrĂŽler en raison de son 
caractĂšre atomisĂ© et du secret de la relation qui se joue dans l’intimitĂ© 
des cabinets de consultation.  Ici, le dĂ©rapage Ă©ventuel se manifeste 
d’abord dans une relation liant une seule personne - le thĂ©rapeute 
incriminĂ© - Ă  l’un de ses patients. « La thĂ©orie des faux souvenirs 
induits Â» particuliĂšrement en vogue outre-atlantique et en Angleterre 
aurait d’ores et dĂ©jĂ  touchĂ© huit cents victimes dans ces pays. Des 
thĂ©rapeutes sont ainsi accusĂ©s d’user de leur pouvoir de suggestion 

 

39 

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pour induire, via plusieurs techniques de manipulation tels le 

rebirth

 

ou les thĂ©rapies du rĂȘve Ă©veillĂ©, de faux souvenirs d’inceste chez leurs 
patients, entraĂźnant des ruptures avec le milieu familial.  En France, on 
recense suffisamment de cas de dĂ©rives avĂ©rĂ©es pour que plusieurs 
associations aient vu le jour, par exemple l’association de vigilance 
contre les faux souvenirs AVFS, le groupe France-Fausse mĂ©moire et 
faux souvenirs

37

 et, plus rĂ©cemment, une Coordination des victimes de 

la thĂ©orie des faux souvenirs, fondĂ©e sous l’égide du GEMPPI.  
 
 

C – La prĂ©vention et le dĂ©tournement du principe de prĂ©caution 
investis par les mĂ©decines de guĂ©rison 

 

L’engouement actuel pour la mĂ©decine holistique reflĂšte 

l’exigence lĂ©gitime du patient de ne pas ĂȘtre rĂ©duit par les 
reprĂ©sentants du corps mĂ©dical Ă  sa seule pathologie et de bĂ©nĂ©ficier 
dans sa prise en charge d’une approche  thĂ©rapeutique Ă  visage plus 
humain. La mĂ©decine holistique en effet prĂŽne une prise en charge 
globale du sujet qui dĂ©passe largement le traitement du seul symptĂŽme 
pour apprĂ©hender l’individu dans toutes ses dimensions, mettant 
l’accent sur le lien existant entre sa pathologie et les aspects 
Ă©motionnels, sociaux, physiques et spirituels qui le constituent, et qui 
ayant une influence sur son Ă©tat, peuvent donc stimuler un processus 
naturel de guĂ©rison ou au contraire illustrer un dĂ©sĂ©quilibre 
d’harmonie nocif pour sa santĂ©.  
 

Sous l’étiquette gĂ©nĂ©rique de Â« mĂ©decine holistique Â», on 

trouve ainsi les prestations de soins les plus diverses. Si elles s’avĂšrent 
le plus souvent sans danger pour l’intĂ©gritĂ© de la personne, certaines, 
s’abritant derriĂšre le label en vogue d’une thĂ©rapie « douce Â», peuvent 
conduire Ă  des dĂ©rives de type sectaire caractĂ©risĂ©es essentiellement 
par le rejet de la mĂ©decine et des traitements conventionnels en cas de 
pathologie avĂ©rĂ©e. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč le culte du Â« risque zĂ©ro Â» 
rĂšgne en maĂźtre, certains groupes cultivent ainsi la peur lĂ©gitime des 
individus face au risque de la maladie, et dĂ©veloppent des mĂ©thodes 
empiriques de diagnostic et de repĂ©rage des zones ou facteurs de 
risques, constituant des pratiques proches de l’exercice illĂ©gal de la 
mĂ©decine. 
 

                                                      

37

 Site 

www.francefms.com

  

 

40 

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« NaĂźtre sans tare,  vivre plus vieux, mourir mieux Â»,

 telle 

pourrait ĂȘtre rĂ©sumĂ©e la grande illusion induite par la promesse  des 
groupes Ă  caractĂ©ristiques sectaires qui investissent actuellement le 
secteur de la santĂ©.  

 
La prĂ©vention maximale du risque couru, en matiĂšre de santĂ© 

comme dans tous les domaines du quotidien, devient une 
revendication citoyenne et une aspiration majeure des individus. Les 
mouvements et des praticiens indĂ©pendants l’ont bien compris : sous 
couvert de prĂ©vention, ils dĂ©veloppent des propositions 
thĂ©rapeutiques  aberrantes et  contraignantes, au nom du principe de 
prĂ©caution : «  

mieux vaut prévenir que guérir »

.  

 
Plusieurs mĂ©thodes de guĂ©rison holistique par imposition des 

mains se prĂ©sentent ainsi comme des Â« techniques de contrĂŽle mental 
visant Ă  renforcer le systĂšme immunitaire Â». L’une d’entre elles en 
particulier, connue pour les stages qu’elle organise dans le monde 
entier, proposerait en fin de cursus initiatique Ă  l’élĂšve arrivĂ© Ă  un 
degrĂ© supĂ©rieur de formation, de percer les secrets de la 
programmation de « 

l’eau spĂ©ciale Ă©nergisĂ©e 

» aux vertus 

thĂ©rapeutiques proclamĂ©es (« mĂ©thode Silva Â»). Dans la mouvance des 
praticiens adeptes de la doctrine Hamer, on discerne Ă©galement un 
discours de prĂ©vention habilement repris Ă  des fins commerciales Ă  
l’instar de  la mĂ©thode thĂ©rapeutique 

be happy

 qui s’adresse non 

seulement aux personnes atteintes de pathologies graves ou 
chroniques mais aussi aux « futurs malades Â». A noter que la mĂ©thode 
en question sert de relais Ă  la vente de mĂ©dicaments commercialisĂ©s 
sous le nom de « microzymas ». 
 

1 - L’hygiĂ©nisme  

 

Des Â« thĂ©rapeutes Â», soucieux d’étendre leur emprise sur des 

particuliers, vont Ă©riger le dĂ©sĂ©quilibre alimentaire en dogme, la 
privation imposĂ©e pouvant conduire Ă  la mort dans les cas les plus 
graves.  

 
C’est le cas de l’affaire de l’association 

Joie et Loisirs en 

Morvan

 dont la fondatrice est incarcĂ©rĂ©e pour des pratiques relevant 

de l’exercice illĂ©gal de la mĂ©decine Ă  la suite de la mort de trois 
enfants, dont un bĂ©bĂ©, dans une communautĂ©. 

 

 

41 

background image

D’autres dĂ©rives avĂ©rĂ©es reposent sur l’idĂ©e aberrante que le 

jeĂ»ne serait en lui-mĂȘme un facteur de prĂ©vention de toutes formes de 
maladies, voire en cas de pathologie, une forme d’action thĂ©rapeutique 
efficace. PortĂ©e par la vague Ă©cologiste et la mouvance 

new age

, celle-

ci  a connu ces derniĂšres annĂ©es un regain de faveur, continuant Ă  faire 
des adeptes, et parfois des victimes. L’instinctothĂ©rapie (ou la 
consommation exclusive d’aliments crus sĂ©lectionnĂ©s sur leur odeur) 
est ainsi  encore  pratiquĂ©e dans notre pays au sein de petits groupes 
Ă©pars malgrĂ© la condamnation du gourou Guy Claude Burger  Ă  quinze 
ans de rĂ©clusion criminelle le 4 juillet 2003 pour viols sur mineur de 
15 ans. 
 

Les derniĂšres tendances observĂ©es dans ce sillage prĂŽnant 

l’hygiĂ©nisme reposent sur la constitution de groupes alliant une 
pratique sportive intensive (trekking, randonnĂ©es) et un jeĂ»ne poussĂ© 
parfois Ă  l’extrĂȘme (nourriture frugale et exercice physique intense). 
Les associations de prĂ©vention font ainsi Ă©tat d’appels adressĂ©s par des 
proches d’adolescents frĂ©quentant assidĂ»ment le mouvement 

« JeĂ»ne 

et randonnĂ©e Â»

 et prĂ©sentant des changements notables dans leur 

comportement. Pour l’heure, malgrĂ© ces signalements prĂ©occupants, 
aucune plainte n’a Ă©tĂ© enregistrĂ©e illustrant une dĂ©rive avĂ©rĂ©e de cette 
mouvance en plein essor. L’incitation des adolescents au jeĂ»ne pose 
problĂšme en ce qu’elle affecte leur dĂ©veloppement et leur Ă©quilibre 
psychique. Egalement prĂ©occupante est l’émergence d’une tendance 
visant Ă  promouvoir le jeĂ»ne thĂ©rapeutique Ă  vocation Ă©cologique. A 
titre d’exemple, l’association OM-VIE, « harmonisation Ă©nergĂ©tique 
par la nutrition consciente Â» organisait dĂšs 1995, stages et confĂ©rences 
sur le thĂšme Â« alimentation et pollution, se « nourrir en conscience Â» 
et proposait des randonnĂ©es pĂ©destres dans la forĂȘt de BrocĂ©liande.  
 

Parmi les cas avĂ©rĂ©s de dĂ©rive hygiĂ©niste sanctionnĂ©e par la 

loi, sont citĂ©s :  
- la condamnation, fin 2001, Ă  douze ans de rĂ©clusion criminelle, d’un 
couple de parents adeptes de l’

Ordre apostolique Tabithas’s Place

 

pour avoir volontairement privĂ© d’aliments et de soins leurs enfants au 
point de compromettre la santĂ© de leur fils, ĂągĂ© de moins de 15 ans ;  
- la condamnation de deux parents kinĂ©siologues qui ont dĂ» rĂ©pondre 
devant la justice en 2004 et 2005, de la mort de leur enfant de 19 mois 
sur les mĂȘmes chefs d’accusation. Leur procĂšs, exemplaire des 
dommages induits par l’application stricte de prĂ©ceptes alimentaires 
aberrants dans le cas d’une femme allaitant son enfant de quelques 
mois, a Ă©tĂ© l’occasion de soulever publiquement, dans l’opinion et les 

 

42 

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mĂ©dias, la question de la dangerositĂ© potentielle d’une mouvance, la 

kinésiologie

.  

 

Les associations de terrain pointent rĂ©guliĂšrement les dĂ©rives, 

faisant Ă©tat de plusieurs tĂ©moignages de victimes dĂ©crivant des 
situations d’emprise avĂ©rĂ©es : ruptures de liens familiaux (divorces, 
sĂ©parations), ainsi que des changements de comportements inquiĂ©tants 
de la part des personnes formĂ©es Ă  ces techniques (arrĂȘt d’une activitĂ© 
professionnelle sous l’influence d’un praticien en 

kinésiologie

 pour 

suivre une formation exclusive dans la discipline  ou  adoption d’un 
discours Ă©sotĂ©rique). Si ces divers tĂ©moignages ne sont pas pour 
l’heure suivis de plaintes et d’actions en justice, le verdict rendu dans 
le cas de Quimper (cinq ans d’emprisonnement dont cinquante-deux 
mois avec sursis mise Ă  l’épreuve pendant trois ans et trois mois 
fermes pour les parents) illustre un premier cas de dĂ©rive individuelle 
sanctionnĂ© par les tribunaux. 

 

2 - Le respirianisme  

 

 

Cette mĂ©thode consiste Ă  se nourrir d’air et de lumiĂšre pour 

accĂ©der Ă  « â€˜notre’ ĂȘtre divin Â». Elle repose sur une dangereuse 
pratique de jeĂ»ne total acquise Ă  l’issue d’un « processus sacrĂ© de 21 
jours Â» au cours duquel le corps se libĂšre progressivement du besoin 
de manger et de boire. 
 
 

La « 

prĂȘtresse 

» de ce mouvement est australienne 

Jashmuheen â€“ de son vrai nom Ellen Greve – prĂ©tend ne plus se 
nourrir depuis 1993. A la tĂȘte d’un vĂ©ritable business reposant sur la 
vente de livres, de vidĂ©os et sur l’organisation de confĂ©rences et de 
retraites, elle revendique quelques dizaines de milliers d’adeptes dans 
le monde, y compris en France. Elle fĂ©dĂšre un rĂ©seau international 
nommĂ© MAPS (en français « Mouvement pour une sociĂ©tĂ© Ă©veillĂ©e et 
positive 

») et semble rallier divers thĂ©rapeutes Ă  la cause du 

« processus des 21 jours ». 
 

Sa mĂ©thode dangereuse pour la santĂ© d’autrui est dĂ©veloppĂ©e 

dans un ouvrage aux propos Ă©difiants intitulĂ© « 

Vivre de lumiĂšre/5 ans 

sans nourriture matérielle

 Â». 

 
 

A la moindre critique, Jashmuheen oppose le systĂšme de 

dĂ©fense commun Ă  tout gourou de secte rejetant la responsabilitĂ© de 

 

43 

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l’échec sur l’adepte qui n’aura pas suivi les prĂ©ceptes Ă©dictĂ©s par le 
MaĂźtre ou qui aura Ă©tĂ© distrait par des interfĂ©rences nĂ©fastes.  
 

C’est ce qu’elle sous-entend en Ă©voquant dans son livre la 

mort de plusieurs de ses disciples il y a quelques annĂ©es en Australie, 
en Allemagne et en Ecosse.  
 

Lors d’une confĂ©rence, Ă  une participante pratiquant le jeĂ»ne 

qui se plaignait de ressentir d’importants troubles de la vision, de la 
mĂ©moire et de l’équilibre, Jashmuheen expliquait que ces troubles 
Ă©taient normaux parce que le stade de la puretĂ© n’était pas encore 
atteint. 

 

A ses dĂ©tracteurs, elle n’hĂ©site pas Ă  affirmer, non sans 

cynisme, que sa mĂ©thode apporte aussi une solution au problĂšme de la 
faim dans le monde. 

 

 

Le risque avĂ©rĂ© d’une telle pratique pour la santĂ© d’autrui a 

conduit la MIVILUDES Ă  alerter la prĂ©fecture de l’ArdĂšche en 
novembre 2005 alors que Jashmuheen devait animer une « retraite 
spirituelle Â» d’une semaine dans ce dĂ©partement

38

. Les vĂ©rifications 

nĂ©cessaires ont eu lieu pour s’assurer que les participants seraient 
nourris pendant la durĂ©e du sĂ©minaire, ce qui Ă©tait le cas, le stage 
n’étant qu’un prĂ©lude au processus de jeĂ»ne. L’entrĂ©e sur le lieu du 
stage a Ă©tĂ© refusĂ©e Ă  un adulte parce qu’il Ă©tait accompagnĂ© d’un 
mineur. Enfin il a Ă©tĂ© demandĂ© qu’un des participants, visiblement en 
Ă©tat de fragilitĂ©, puisse regagner son hĂŽtel chaque soir. Aucune dĂ©rive, 
autre que celles liĂ©es Ă  l’enseignement contenu dans le livre prĂ©citĂ©, 
n’a Ă©tĂ© observĂ©e durant cette rĂ©union. 

 

 

La MIVILUDES vient d’ĂȘtre informĂ©e de l’animation 

prochaine de confĂ©rences Ă  Paris par un « thĂ©rapeute Ă©nergĂ©ticien Â» 
disciple du respirianisme. Bien qu’aucune plainte mettant en cause le 
respirianisme n’ait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e Ă  ce jour en France et qu’aucun 
accident n’ait Ă©tĂ© constatĂ© en ArdĂšche, la MIVILUDES maintiendra 
toutefois la vigilance requise Ă  l’égard des initiatives d’un mouvement 
qui prĂ©sente un grand nombre de caractĂ©ristiques sectaires parmi 
lesquelles on peut citer l’existence d’un gourou dĂ©tenteur d’une vĂ©ritĂ© 

                                                      

38

 

Le Parisien

, 20 novembre 2005 

 

 

44 

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unique, l’affaiblissement physique et l’isolement des adeptes ainsi que 
des pressions financiĂšres (vente de livres, vidĂ©os, participation Ă  des 
stages, etc.).  

 

3 - Le mythe de l’enfant parfait 

 

Dans son rapport 2001, la MILS relevait dĂ©jĂ  que « 

la 

grossesse, la naissance, la petite enfance attirent des convoitises 
sectaires

 Â». La MIVILUDES quant Ă  elle, soulignait dans son rapport 

2003 que « 

la pĂ©rinatalitĂ© est l’objet de programmes de formation 

dont certains acteurs sont manifestement nourris d’idĂ©ologies Ă  forte 
rĂ©sonance sectaire Â»

, Ă©voquant notamment le cas d’une sage-femme 

refusant de pratiquer les examens de suivi de la grossesse au nom du 
rejet des pratiques conventionnelles. L’observation attentive des offres 
de prestations  dĂ©veloppĂ©es Ă  l’attention du grand public sur le 
« crĂ©neau Â» de la pĂ©rinatalitĂ© tend Ă  conforter cette tendance, qui se 
manifeste dĂ©sormais en prioritĂ© Ă  travers des propositions 
thĂ©rapeutiques Ă  visĂ©e prĂ©ventive, dont les dĂ©rives peuvent aller 
jusqu’à remettre au goĂ»t du jour le mythe de « l’enfant  parfait Â» 
auprĂšs des futures mĂšres, Ă  partir d’une approche psychologisante 
visant Ă  les culpabiliser : l’enfant doit ĂȘtre « pris en charge Â» dĂšs sa 
pĂ©riode foetale sous peine de le voir dĂ©velopper ultĂ©rieurement des 
pathologies dues Ă  la nĂ©gligence et au manque d’écoute de sa mĂšre.   

 

Selon un avis du CIAOSN

39

, il convient d’ĂȘtre 

particuliĂšrement vigilant sur le mouvement 

Spiritual Human Yoga

 

(SHY) Ă  la tradition guĂ©risseuse avĂ©rĂ©e, qui s’engouffre dĂ©sormais lui 
aussi sur ce segment de marchĂ© porteur en proposant des sĂ©ances 
d’harmonisation pour agir sur le foetus et prĂ©venir d’éventuelles 
malformations. Certaines approches psychocorporelles, en majoritĂ© 
importĂ©es d’AmĂ©rique du Nord arrivent Ă©galement en France, et 
prĂ©tendent, elles aussi, garantir le bon dĂ©veloppement de l’enfant Ă  
naĂźtre, Ă  l’image du « massage mĂ©tamorphique Â» qui se targue de faire 
de la « prĂ©natothĂ©rapie Â» mais s’adresse aussi aux enfants en bas Ăąge, 
voire aux adultes : la technique, dans ce cas, permettrait de faire 
remonter le « vĂ©cu fƓtal » du patient.  

 

                                                      

39

 Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles, 

Bruxelles. 

 

45 

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Au-delĂ  de l’accompagnement Ă  la naissance Ă  proprement 

parler, certaines mĂ©thodes thĂ©rapeutiques controversĂ©es multiplient les 
rĂ©fĂ©rences Ă  la vie intra-utĂ©rine pour expliquer ou trouver l’origine des 
dĂ©sordres pathologiques ou psychologiques qu’elles prĂ©tendent 
soigner. 

 

C’est une autre façon d’exploiter le mythe de l’enfant parfait, 

dans son versus nĂ©gatif, puisque l’on part du postulat que la 
pathologie fut provoquĂ©e par un traumatisme antĂ©rieur Ă  la naissance.  

 

La vigilance reste enfin de mise Ă  l’égard du phĂ©nomĂšne Ă  la 

mode des Â« maisons de naissance Â» qui tend Ă  se dĂ©velopper en 
Belgique et dans une moindre mesure en France (sud-est, sud-ouest et 
rĂ©gion lyonnaise). A cet Ă©gard, le plan pĂ©rinatalitĂ© 2005-2007 Ă©voquĂ© 
dans le rapport 2004 de la MIVILUDES devrait prĂ©senter un gage de 
sĂ©curitĂ© pour que ces lieux d’expĂ©rimentation fonctionnant avec des 
sages-femmes libĂ©rales et/ou hospitaliĂšres garantissent une prise en 
charge sĂ©rieuse de la mĂšre et de l’enfant Ă  naĂźtre par des 
professionnels non suspects d’exercice illĂ©gal de la mĂ©decine par 
conviction d’une doctrine alternative. 

 
 

D - Vers le « mieux ĂȘtre Â» 

 

La mode du dĂ©veloppement personnel, de l’introspection, 

d’un certain retour Ă  la spiritualitĂ©  se conjugue actuellement avec une 
exigence forte de retour Ă  ses racines, de vie saine en communion avec 
la nature, et de respect des traditions. Cette tendance portĂ©e par la 
mouvance 

new age

 favorise le nĂ©o-chamanisme occidental, mouvance 

au sein de laquelle les pratiques de soins et les rituels de guĂ©rison se 
vivent comme une vĂ©ritable quĂȘte initiatique et oĂč l’usage de 
substances hallucinogĂšnes, souvent officiellement classĂ©es dans notre 
pays comme produits stupĂ©fiants entraĂźnent des Ă©tats modifiĂ©s de 
conscience associĂ©s Ă  des risques vitaux et Ă  d’éventuelles 
modifications de la personnalitĂ©. LĂ  encore, d’éventuelles dĂ©rives Ă  
caractĂšre sectaire peuvent survenir au sein des micro-groupes adoptant 
ces pratiques et qui tendent aujourd’hui Ă  se multiplier en empruntant 
quelquefois des visages inattendus opĂ©rant une sorte de syncrĂ©tisme 
entre les pratiques chamaniques et les traditions locales hĂ©ritĂ©es par 
exemple du druidisme celtique. 

 

 

46 

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1 - Le regain du chamanisme 

 

Dans un article de rĂ©fĂ©rence consacrĂ© au nĂ©ochamanisme

40

, la 

sociologue quĂ©bĂ©coise Catherine Laflamme rappelle que selon la  
dĂ©finition proposĂ©e par Pierre Couliano et Mircea Eliade : « 

le 

chamanisme est un ensemble de mĂ©thodes extatiques et thĂ©rapeutiques 
dont le but est d’obtenir le contact avec l’univers parallĂšle mais 
invisible des esprits et l’appui de ces derniers dans la gestion des 
affaires humaines

 Â». Pour communiquer avec les esprits, le chaman 

passe par des Ă©tats modifiĂ©s de conscience (transes) auxquels il accĂšde 
grĂące au recours Ă  des substances hallucinogĂšnes et Ă  divers moyens 
annexes (mortification du corps, jeĂ»ne, sons du tambour, etc...). Le 
nĂ©ochamanisme, lui, est un mouvement de rĂ©appropriation par les 
occidentaux des traditions chamaniques dans lequel, le rĂŽle du chaman 
est rĂ©duit la fonction de guĂ©risseur. Dans le nĂ©ochamanisme, les 
rituels de guĂ©rison, conformĂ©ment Ă  l’adage holistique selon lequel la 
guĂ©rison physique passe d’abord par la guĂ©rison de l’esprit, peuvent 
dĂ©sormais s’enseigner, se transmettre, voire faire l’objet d’un 
commerce lucratif (stages et sessions de dĂ©veloppement personnel) 
comme c’est dĂ©jĂ  le cas en AmĂ©rique du Nord. 

 
 

2- De la mĂ©decine du corps Ă  la mĂ©decine de l’ñme 

 

Les mĂ©dias se sont rĂ©cemment fait l’écho des dĂ©mĂȘlĂ©s 

judiciaires du fondateur du centre Takiwasi, centre de traitement des 
toxicomanies Ă  base de mĂ©thodes chamaniques crĂ©e en 1992 au PĂ©rou 
par un mĂ©decin français, le Docteur Jacques Mabit. Ce dernier n’a 
jamais Ă©tĂ© condamnĂ© ce qui ne met pas fin Ă  de sĂ©rieuses inquiĂ©tudes 
au sujet de ces pratiques. 

 
La violence des mĂ©thodes utilisĂ©es pour le sevrage des 

toxicomanes interroge Ă©galement par les risques courus par ces 
patients trĂšs vulnĂ©rables.  

 
Aujourd’hui seule l’association lyonnaise, la 

« Maison  qui 

chante »

 semble encore en activitĂ© et servir de relais promotionnel aux 

activitĂ©s thĂ©rapeutiques du centre Takiwasi qui recrute ses clients en 
France comme Ă  l’étranger. Outre l’utilisation de drogues 

                                                      

40

 Catherine Laflamme, 

« Les stratĂ©gies sociales des groupes nĂ©ochamistes 

occidentaux »

, in 

Revue religiologique, 2000

 

47 

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hallucinogĂšnes (l’ayahuasca, classĂ©e depuis le 20 avril 2005 dans la 
liste des stupĂ©fiants par arrĂȘtĂ© du ministĂšre de la SantĂ©), Takawasi 
promeut des sĂ©ances d’initiation rituelle menĂ©e par des guĂ©risseurs 
locaux, les ayahuasceros. Ce traitement qui combine purges 
corporelles, jeĂ»ne et transes chamaniques, fut conçu Ă  l’origine pour 
accompagner le sevrage de jeunes toxicomanes. Il est dĂ©jĂ  Ă  cet Ă©gard 
trĂšs controversĂ©, aucune statistique fiable n’étant disponible sur le 
taux de rĂ©ussite effectif de la thĂ©rapie proposĂ©e en la matiĂšre. Le Dr. 
Jacques Mabit affirme quant Ă  lui que l’initiation rituelle proposĂ©e au 
toxicomane lui permettrait de « 

rejeter les mémoires négatives

 Â» 

accumulĂ©es dans le corps, les « 

engrammations accumulĂ©es dans 

l’organisme

 Â» et revendique un taux de rĂ©ussite sur environ un tiers 

des patients. Au-delĂ  mĂȘme de la question de l’efficacitĂ©  de la 
thĂ©rapie proposĂ©e Ă  l’égard des toxicomanes accueillis Ă  demeure pour 
des sessions de prĂšs d’un an pour certains, le principal problĂšme posĂ© 
aujourd’hui par le centre Takiwasi rĂ©side dans sa propension Ă  Ă©largir 
sa clientĂšle tous azimuts en se positionnant de plus en plus comme un 
centre de mĂ©decine de l’ñme autant qu’en un lieu de sevrage 
toxicomaniaque. 

 
Ces derniĂšres annĂ©es, il semble en effet s’ouvrir Ă  d’autres 

publics, notamment des malades de cancer dĂ©clarĂ©s incurables, et des 
adultes ne souffrant d’aucune addiction particuliĂšre mais cherchant 
remĂšde Ă  leur trouble existentiel.  

 
Au-delĂ  du cas particulier de Takiwasi, des pratiques 

chamaniques Ă  la validitĂ© thĂ©rapeutique Ă©galement contestable 
semblent progresser dans notre pays sous couvert de dĂ©veloppement 
personnel. Cela n’est pas sans poser problĂšme dĂšs lors qu’elles 
conjuguent risque d’escroquerie et danger rĂ©el pour la santĂ© physique 
et mentale de ceux qui s’y prĂȘtent. 
 
 

3 – La promotion des techniques de dĂ©veloppement personnel 

 

Au PĂ©rou, des sĂ©ances de dĂ©couverte de l’ayahuasca sont 

dĂ©sormais intĂ©grĂ©s dans les circuits proposĂ©s par les tours opĂ©rateurs  
(200 dollars la sĂ©ance), simples expĂ©riences de prise de substances 
hallucinogĂšnes dans lequel l’habillage folklorique tient lieu de rite 
pour des touristes Ă©trangers en mal de sensations fortes. En France, 
ces derniers temps, le crĂ©neau du « chamanisme commercial Â» semble 
aussi se dĂ©velopper via quelques initiatives personnelles de 

 

48 

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thĂ©rapeutes chamans recrutant leur clientĂšle sur la foi d’une double 
promesse « consommateur Â» alliant le thĂšme de la guĂ©rison Ă  celui de 
la connaissance de soi. En liaison avec un centre de naturopathie 
amazonien, des sessions et sĂ©minaires de prises de substance 
hallucinogĂšne seraient ainsi pĂ©riodiquement organisĂ©s sur le territoire 
français, par un thĂ©rapeute franco-espagnol rĂ©sidant au PĂ©rou depuis 
treize ans, et qui semble entretenir des liens avec le gourou d’un 
mouvement d’« harmonie/thĂ©rapeutes Â» fortement suspectĂ© de dĂ©rives 
sectaires.  

 
TrĂšs rĂ©cemment en ArdĂšche, un sĂ©minaire de dĂ©couverte de 

l’iboga, plante hallucinogĂšne, et dont les effets peuvent ĂȘtre trĂšs 
dangereux pour la santĂ© en cas d’absence de contrĂŽle mĂ©dical lors des 
sĂ©ances de prise (risques de convulsions, paralysie ou mort) a Ă©tĂ© 
montĂ© Ă  l’initiative d’une association culturelle dont la vocation 
affichĂ©e est de promouvoir les propriĂ©tĂ©s de l’iboga dans le traitement 
des toxicomanes. 

 
Avec un certain pragmatisme, certains nĂ©ochamanistes 

conjuguent modernitĂ© et tradition en organisant sĂ©minaires, cycle de 
formation de longue durĂ©e (deux ans) aux « 

thĂ©rapies vibratoires, aux

 

techniques et applications des sciences de la conscience

 Â» et se 

proposent de jeter un pont entre la « 

physique quantique et l’ensemble 

des phĂ©nomĂšnes liĂ©s aux traditions de l’humanitĂ©

 Â». D’autres habillent 

leur prestation d’une coloration plus traditionnelle et locale. En 
Bretagne, notamment, on voit fleurir dans le sillage de la mouvance 
druidique toujours active, quelques cas de chamans guĂ©risseurs Ă  
l’image de ce « 

déo

 Â» (druide guĂ©risseur) qui se « 

connecte Ă  ses 

mĂ©moires celtes pour devenir soof-ta celui qui connaĂźt et mange la 
terre

 Â» et se propose dans une petite annonce d’initier ses Ă©lĂšves Ă  « 

la 

transmission de ses pouvoirs chamaniques

. « De la simple escroquerie 

commerciale Ă  la dĂ©rive Ă  caractĂšre sectaire, le risque est grand de voir 
un certain nombre de ces chamans thĂ©rapeutes engagĂ©s sur le crĂ©neau 
du dĂ©veloppement personnel dĂ©raper lors de leurs initiations vers des 
pratiques thĂ©rapeutiques douteuses, voire dangereuses sur le plan 
physique et mental pour des clients  crĂ©dules ou influençables. LĂ  
encore, la vigilance s’impose comme l’illustrent les premiers cas de 
dĂ©rives recensĂ©s sur le crĂ©neau, en pleine expansion du 
nĂ©ochamanisme.  
 
 
 

 

49 

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4 - Nature et tradition, un cocktail Ă  risque 

 

InspirĂ© des rites et de la tradition amĂ©rindienne, des 

cĂ©rĂ©monies en pleine nature sont organisĂ©es, notamment dans le sud et 
de centre de la France avec la pratique des huttes de sudation. Ces 
mĂ©thodes inquiĂštent. Elles auraient Ă©tĂ© responsables d’un dĂ©cĂšs 
accidentel aux Etats-Unis.  
 
 

E – L’Irrationnel et pratiques thĂ©rapeutiques 

 

TroisiĂšme grande tendance observĂ©e par les acteurs de la 

prĂ©vention contre les risques sectaires, on assiste ces derniĂšres annĂ©es 
au grand retour de la pensĂ©e magique avec son corollaire en matiĂšre 
de santĂ©, la foi dans le miracle apte Ă  guĂ©rir, voire Ă  sauver dans les 
cas les plus critiques.  
 

1 – Le recours au miraculeux 

 

Anne-Marie Hamel, dont les abus furent sanctionnĂ©s par la 

loi, s’était ainsi autoproclamĂ©e Â« thĂ©rapeute spirituel Â» et se disait 
inspirĂ©e par les pouvoirs d’un guĂ©risseur philippin dĂ©cĂ©dĂ© dans les 
annĂ©es 80. Cette ancienne femme de mĂ©nage s’attribuait des dons 
miraculeux permettant de guĂ©rir toutes les maladies dĂ©finies, selon 
elle, comme des « dĂ©constructions celluliques Â». En 2001, elle fut 
condamnĂ©e par le Tribunal de grande instance de Coutances Ă  trois 
ans de prison dont trente mois avec sursis pour homicides 
involontaires, exercice illĂ©gal de la mĂ©decine et travail clandestin, Ă  la 
suite de deux dĂ©cĂšs survenus en 1996 et 1997. 

 
Traditionnellement incarnĂ©e par l’aura du gourou guĂ©risseur 

qu’on croit dotĂ© de pouvoirs extraordinaires, la croyance selon 
laquelle le miracle pourrait ĂȘtre une alternative possible Ă  des 
mĂ©thodes thĂ©rapeutiques conventionnelles jugĂ©es peu efficaces semble 
se dĂ©velopper dans le public. Elle prend dĂ©sormais des formes 
d’expression diffĂ©rentes, illustration des grandes Ă©volutions en cours 
de nos sociĂ©tĂ©s modernes. Aux excĂšs de quelques communautĂ©s 
religieuses qui, sous l’égide d’un guide spirituel trop exaltĂ© 
entretiennent en leur sein la foi dans le miracle et le recours Ă  la priĂšre 
comme pratique thĂ©rapeutique exclusive, viennent dĂ©sormais se 
greffer les promesses de santĂ© teintĂ©es d’irrationalitĂ© d’un certain 
nombre de groupes prĂŽnant l’auto-guĂ©rison par la maĂźtrise d’un savoir 

 

50 

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secret transmissible de maĂźtre Ă  Ă©lĂšve. Ces groupes, souvent 

 

d’inspiration orientaliste et revendiquant parfois le titre de thĂ©rapies 
Ă©nergĂ©tiques entretiennent ainsi l’idĂ©e d’apparence plus pragmatique 
selon laquelle chacun pourrait devenir son propre guĂ©risseur, aprĂšs 
initiation. Mais la croyance selon laquelle il serait donnĂ© Ă  chacun, 
aprĂšs formation accĂ©lĂ©rĂ©e, de transmettre ou de recevoir ce pouvoir de 
canalisation d’une « Ă©nergie vitale universelle Â» promue force de 
guĂ©rison, compose elle aussi une vision bien peu rationnelle de la 
mĂ©decine ; parce qu’elle repose sur un fondement dĂ©nuĂ© de toute 
objectivitĂ© scientifique, elle peut d’autant plus facilement  dĂ©boucher 
sur des dĂ©rapages Ă©ventuels, ainsi qu’en attestent certains tĂ©moignages 
de pratiques de guĂ©rison Ă  distance, voire par tĂ©lĂ©phone, actuellement, 
dĂ©veloppĂ©es par certains adeptes du Reiki. 

 

2 - Les mĂ©decines Ă©nergĂ©tiques  

 

Sur le grand marchĂ© des thĂ©rapies alternatives, oĂč l’on voit 

que la dimension psy permet Ă  un certain nombre de gourous en 
puissance d’asseoir leur emprise sur une clientĂšle fragilisĂ©e, les 
mĂ©decines  dites  Â« Ă©nergĂ©tiques »  et leur processus de formation 
accĂ©lĂ©rĂ©e  (cursus d’initiation vĂ©cus sous forme de week-end ou de 
stages d’intĂ©gration au dĂ©roulement plus ou moins secret), paraissent 
Ă©galement aujourd’hui particuliĂšrement permĂ©ables Ă  des formes de 
dĂ©rives individuelles  : parce qu’elles visent Ă  rĂ©tablir l’harmonie de la 
personne dans sa globalitĂ© (harmonie du corps et de l’esprit) en lien 
direct avec l’environnement qui l’influence et selon elles, conditionne 
la bonne gestion de son capital santĂ©, elles peuvent ainsi ĂȘtre 
prĂ©textes  Ă  l’édiction de prĂ©ceptes de vie trĂšs contraignants dans leur 
application touchant les moindres aspects du quotidien (alimentation, 
rĂšgles d’hygiĂšne et/ou d’éducation, sexualitĂ©, etc 
). Lorsqu’elles 
versent dans l’irrationnel, elles peuvent aussi se traduire par des actes 
thĂ©rapeutiques aberrants comme  l’actualitĂ© l’a dĂ©montrĂ© rĂ©cemment 
avec la condamnation en mars 2005 d’un dentiste cannois adepte de la 
dentisterie Ă©nergĂ©tique Ă  dix-huit mois de prison avec sursis et Ă  une 
interdiction d’exercer pour s’ĂȘtre livrĂ© Ă  « l’arrachage barbare Â» de 
dents dĂ©vitalisĂ©es. Ces dĂ©rives observĂ©es, si elles restent pour l’heure 
marginales au sein d’une mouvance portĂ©e par la mode du bien-ĂȘtre et 
du dĂ©veloppement personnel, mĂ©ritent incontestablement le 
qualificatif de « 

sectaires 

» dĂšs lors qu’elles aboutissent Ă  des 

situations de rupture familiales ou professionnelles,  plus graves 
encore Ă  des dĂ©lits majeurs, passibles du pĂ©nal et qu’elles s’inscrivent 
dans une filiation reconnue Ă  un corpus doctrinal Ă  la dangerositĂ© 

 

51 

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avĂ©rĂ©e.  C’est  le cas, par exemple du mouvement 

SHY

 qui compterait 

prĂšs de 3000 adeptes dans une vingtaine de dĂ©partements rĂ©unis dans 
des associations aux noms divers. Ces derniĂšres dĂ©velopperaient 
stages d’initiation vantant les pouvoirs de l’autoguĂ©rison et de la 
guĂ©rison sur autrui. Le mouvement a vu l’un de ses adeptes 
sanctionnĂ©s en 1999 pour exercice illĂ©gal de la mĂ©decine suite Ă  un 
dĂ©cĂšs survenu en 1996 et dĂ©veloppait ces derniĂšres annĂ©es un fort 
prosĂ©lytisme auprĂšs de malades du sida. En novembre 2002, suite Ă  
une plainte dĂ©posĂ©e par une famille montpelliĂ©raine dont l’un des 
membres avait stoppĂ© le traitement mĂ©dical, le gourou du mouvement 
alors encore baptisĂ© 

HUE

 

(Energie universelle et humaine

) Ă©tait 

condamnĂ© par le Tribunal correctionnel de Montpellier Ă  trois mois de 
prison ferme pour exercice illĂ©gal de la mĂ©decine.  
 

3 - Le reiki en question 

 

Dans le champ des mĂ©decines Ă©nergĂ©tiques qui posent 

question, d’autres mĂ©thodes de soins, appellent Ă  la plus grande 
prudence. MĂ©thode thĂ©rapeutique promue et dĂ©veloppĂ©e par le 
japonais Mikao Usui (1865-1926) suite Ă  une rĂ©vĂ©lation mystique qui 
l’aurait conduit  Ă  la fin du XIX

Ăšme

 siĂšcle Ă  recevoir les Â« clefs de la 

guĂ©rison 

», le reiki connaĂźt un dĂ©veloppement sans prĂ©cĂ©dent 

actuellement en France. Cette technique de guĂ©rison par imposition 
des mains fait du praticien initiĂ© Ă  la technique un simple mĂ©dium ou 
canal de l’énergie universelle qui sera transmise au patient pour 
rĂ©tablir la force vitale garante de sa bonne santĂ©. Face Ă  
l’augmentation des demandes d’information et des tĂ©moignages Ă  
charge recueillis par les associations de terrain sur cette mouvance en 
particulier, celles-ci appellent les pouvoirs publics Ă  se montrer 
particuliĂšrement vigilants Ă  l’égard des dĂ©rives que la pratique du reiki 
pourrait engendrer. Agissant sur tous les plans, physique, psychique, 
Ă©motionnel et spirituel, la mĂ©thode serait simple Ă  maĂźtriser : il est 
possible de devenir maĂźtre reiki en trois ou quatre stages de formation 
accĂ©lĂ©rĂ©e pendant les week-end, aux tarifs progressifs de 120 Ă  1500 
euros, suivant le degrĂ© d’initiation.  
 

4 - La guĂ©rison par la priĂšre 

 
L’une des aspirations les plus courantes exprimĂ©es par les 

individus en quĂȘte de spiritualitĂ© s’avĂšre ĂȘtre aujourd’hui l’idĂ©al de 
proximitĂ© que recherche chaque croyant, quelle que soit sa doctrine, 
avec son ou ses dieux, au-delĂ  mĂȘme des carcans dogmatiques 

 

52 

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imposĂ©s par l’église Ă  laquelle il appartient. Cette nouvelle exigence 
de vivre sa foi au plus prĂšs de soi explique en partie l’essor des 
pratiques de soin et de guĂ©rison dans des mouvements religieux qui 
prĂŽnent la relation directe entre l’adepte et son dieu : Ă  cet Ă©gard, le 
recours au miraculeux, la guĂ©rison par la priĂšre viennent en 
dĂ©monstration des effets tangibles et bĂ©nĂ©fiques de  la foi sur des 
adeptes en quĂȘte d’espoir. Mais lorsque le recours au miraculeux se 
combine Ă  un refus de soin imposĂ© en dogme comme cela a Ă©tĂ© signalĂ© 
en ces termes dans le rapport 2004 de la MIVILUDES, la dĂ©rive est 
patente et mĂ©rite d’ĂȘtre signalĂ©e : « 

Dans le Val d’Oise, un mouvement 

pseudo-religieux affirme que le mal et la maladie ne sont qu’illusion, 
que la maladie et la mort n’ont pu ĂȘtre crĂ©Ă©es par Dieu donc quelles 
n’existent pas et qu’il faut fuir les mĂ©decins avec horreur

 Â». Groupes 

charismatiques et communautĂ©s pseudo-Ă©vangĂ©liques ne sont pas Ă  
l’abri de telles dĂ©rives, notamment quand ils invitent leurs adeptes Ă  
suivre des sĂ©ances de priĂšre collectives oĂč les guĂ©risons 
« 

miraculeuses 

», sous l’égide d’un pasteur dotĂ© de pouvoirs 

mĂ©diumniques « vecteur de l’esprit saint Â», affluent en des proportions 
qui frĂŽlent souvent l’hystĂ©rie. 

L’Eglise universelle du Royaume de 

Dieu 

dĂ©velopperait ainsi auprĂšs de ses fidĂšles l’idĂ©e que le sida peut 

guĂ©rir par la priĂšre.  

 
Enfin, le mouvement guĂ©risseur d’inspiration religieuse, 

les 

Pùlerins d’Arùs

, semble retrouver un regain d’activitĂ© dans la capitale 

via son siĂšge Â« l’Eau bleue Â» oĂč se tiennent des confĂ©rences rĂ©guliĂšres 
avec distribution de tracts promotionnels.  
 

Parmi les cas de dĂ©rives avĂ©rĂ©es au sein de communautĂ©s 

pratiquant des rites de guĂ©rison par la priĂšre, les communautĂ©s qui 
allient spiritualitĂ© et prĂ©tention thĂ©rapeutique pseudo scientifique sont 
certainement les plus sujettes Ă  caution Ă  l’instar des « groupes 
mĂ©dicaux-scientifiques »  du 

Cercle des amis de Bruno Gröning

 qui 

sont trĂšs puissants en Allemagne et interviennent en France surtout 
auprĂšs des personnes ĂągĂ©es. Un autre mouvement, alliant cette fois 
priĂšres et pratiques d’harmonisation, le mouvement 

IVI

 entend guĂ©rir 

les maladies les plus graves par imposition des mains : cancer, sida, 
sclĂ©rose en plaques. IVI compterait encore Ă  l’heure actuelle prĂšs de 
400 adeptes en France (ils Ă©taient environ 2000 en 2002) malgrĂ© les 
condamnations du Conseil national de l’Ordre des mĂ©decins. 
 
 
 

 

53 

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III - Le « marketing » des groupes de mĂ©decine alternative  

 

Pour Ă©largir leur audience, adeptes de la « 

mĂ©decine 

nouvelle Â», praticiens en mĂ©thodes alternatives et groupes dĂ©veloppant 
des offres thĂ©rapeutiques parallĂšles, s’appuient sur deux cibles 
complĂ©mentaires : d’une part le grand public, premier consommateur 
de l’offre de soin, d’autre part le milieu mĂ©dical et paramĂ©dical, 
adeptes prescripteurs auxquels le prestige de la charge confĂšre une 
aura particuliĂšre auprĂšs d’éventuels patients. Quelques mĂ©decins, 
dentistes et pharmaciens constituent Ă  ce titre un relais privilĂ©giĂ© pour 
des promoteurs de thĂ©rapies non validĂ©es, qui contournent l’absence 
de reconnaissance scientifique, inconvĂ©nient majeur en terme de 
crĂ©dibilitĂ©, en s’abritant derriĂšre le statut rassurant « du Â» ou « des Â» 
quelques professionnels acquis Ă  leur cause.  
 
 

A – Physionomie d’un marchĂ© en dĂ©veloppement 

 

1 - La communication grand public  

 

Nombre de thĂ©rapeutes praticiens en mĂ©decine holistique, 

techniques Ă©nergĂ©tiques, adeptes de la mouvance Hamer s’affichent 
avec force propositions de formations via les petites annonces, les 
encarts publicitaires et les articles publi-rĂ©dactionnels dans de 
nombreuses revues de mĂ©decines douces, dont certaines sont Ă©ditĂ©es 
en Belgique et disponibles sur abonnement. On peut y lire des 
annonces qui entachent la crĂ©dibilitĂ© de certaines mĂ©thodes 
thĂ©rapeutiques dites douces, au marketing des plus agressifs : 

« le reiki 

: mĂ©thode fabuleuse et simple qui consiste Ă  canaliser l’énergie vitale 
pour accroĂźtre les capacitĂ©s d’autoguĂ©rison physique et 
psychoaffectives. Blocages, dĂ©pression, anxiĂ©tĂ©, Ă©chec. Enfants 
adultes, PsychothĂ©rapeute s’appuyant d’une Ă©tude astrologique Â»

41

.

 

 

L’engouement actuel pour le paranormal et les sciences 

occultes fait aussi le bonheur de la presse spĂ©cialisĂ©e dans le crĂ©neau 
des guĂ©risseurs et mĂ©diums telles Â« 

La revue de l’au-delà

 Â» ou encore 

« GuĂ©risseurs  aujourd’hui »

 dont les pages sont aussi largement 

ouvertes aux promoteurs des mĂ©decines non conventionnelles. Mais 
ces derniers sont Ă©galement prĂ©sents dans une moindre mesure dans 

                                                      

41

 Extrait de la revue

 Soleil levant, 

juin 2005 

 

54 

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les titres plus gĂ©nĂ©ralistes de la presse magazine et fĂ©minine via 
notamment  la rubrique du courrier des lecteurs. 

 
Sur Internet, on trouve les Â« vitrines commerciales Â» des 

thĂ©rapies non conventionnelles, certaines d’entre elles proposant 
mĂȘme des modes de communication interactifs tels que des Ă©missions 
de radio ou des vidĂ©o promotionnelles Ă  tĂ©lĂ©charger sur Internet.  

 
La vente d’ouvrages et de cassettes grand public est enfin l’un 

des moyens de promotion favoris de ces groupes qui crĂ©ent trĂšs 
souvent leur propre maison d’édition pour s’assurer de substantiels 
revenus, le marchĂ© s’avĂ©rant trĂšs lucratif. 

 

2 - Les mĂ©decines alternatives, un produit de luxe 

 
Les mĂ©decines alternatives s’adressent en prioritĂ© 

 aux 

catĂ©gories socio-professionnelles les plus Ă©levĂ©es.  Les femmes sont 
souvent les premiĂšres clientes des mĂ©decines Ă©nergĂ©tiques et 
thĂ©rapeutes en techniques psychocorporelles qui fleurissent sur le 
marchĂ© de la santĂ©. Hommes ou femmes, les clients  sont le plus 
souvent abordĂ©s dans les salons grands publics. 

 
La clientĂšle n’étant cependant pas extensible Ă  l’infini, l’un 

des phĂ©nomĂšnes les plus rĂ©cents observĂ©s par les acteurs de la 
prĂ©vention du risque sectaire se traduit sur le marchĂ© de la santĂ© par la 
constitution de rĂ©seaux de thĂ©rapeutes Â« amis Â», lesquels, une fois leur 
patient formĂ© Ă  leur propre technique, envoient leur clients prolonger 
leur cursus chez un collĂšgue praticien d’une autre mĂ©thode. On voit 
ainsi des patients multiplier les stages de formation Ă  des coĂ»ts 
exorbitants pour se reconvertir au grĂ© d’une rĂ©orientation 
professionnelle parfois Ă©tonnante en praticiens pluridisciplinaires 
devenant Ă  leur tour prescripteurs auprĂšs de nouveaux clients. Lorsque 
cette Â« reconversion » professionnelle s’accompagne d’un changement 
radical de vie et d’une rupture avec l’environnement familial, il est 
sans doute lĂ©gitime de se poser au moins la question d’une Ă©ventuelle 
dĂ©rive Ă  caractĂšre sectaire de la technique Ă  laquelle il s’est formĂ©. 
 

3 - Le commerce de mĂ©dicaments vendus sans autorisation de mise 
sur le marchĂ©  

 

Qui dit « mĂ©decine alternative Â», dit aussi « commerce de 

mĂ©dicaments Ă  la validitĂ© thĂ©rapeutique non Ă©prouvĂ©e Â», qui pour 

 

55 

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certains peuvent mĂȘme prĂ©senter des dangers pour la santĂ©. La vente 
directe sur Internet semble se dĂ©velopper 

via

 les sites relais des 

tenants de la mĂ©decine Ă©nergĂ©tique, hygiĂ©niste, des thĂ©rapeutes affiliĂ©s 
Ă  la mouvance Hamer et des charlatans de la mĂ©decine miracle qui 
proposent leurs Ă©lixirs et leurs antidotes au grand public. L’affaire 
Beljanski

42

 reste Ă  cet Ă©gard l’un des cas les plus tristement cĂ©lĂšbres 

de dĂ©rive observĂ©e en ce domaine. Dans le procĂšs de ce chercheur 
biologiste dĂ©cĂ©dĂ© en 1994 mais dont les produits continuent Ă  ĂȘtre 
fabriquĂ©s et distribuĂ©s par des structures qui en vantent les effets 
immunitaires contre les maladies les plus graves (cancers, sida), la 
ligue nationale de lutte contre le cancer s’était portĂ©e partie civile. La 
tendance Ă©cologique qui favorise la profusion sur le marchĂ© des 
« huiles  essentielles »  et  autres  onguents dits naturels dont certains 
groupes  se font une spĂ©cialitĂ© n’est pas non plus sans risque pour la 
santĂ©.  
 
 

B - L’infiltration des professions mĂ©dicales et paramĂ©dicales 

 

Il apparaĂźt, dans le domaine de la santĂ© encore plus 

qu’ailleurs, une vraie difficultĂ© Ă  Ă©valuer dans les diffĂ©rents types de 
dĂ©rives recensĂ©es, oĂč s’arrĂȘtent les cas de pur charlatanisme relevant 
de la simple escroquerie individuelle et oĂč commencent ceux illustrant 
une stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e d’emprise sectaire. À cet Ă©gard, la constitution 
d’un maillage de thĂ©rapeutes relais et/ou de mĂ©decins prescripteurs 
visant Ă  Ă©tendre l’influence doctrinale d’un mouvement contestĂ©, 
vĂ©ritable rĂ©seau de « franchisĂ©s Â» formĂ©s Ă  des techniques inĂ©dites de 
soins et se dĂ©ployant sur un territoire de plus en plus large semble bien 
ĂȘtre l’une des caractĂ©ristiques essentielles qui puisse en tĂ©moigner dĂšs 
lors que cette politique commerciale agressive s’ajoute aux critĂšres de 
dangerositĂ© couramment admis (notamment la rupture avec 
l’environnement familial, l’altĂ©ration de la personnalitĂ© du sujet, 
l’embrigadement des enfants, l’infiltration des pouvoirs publics). 
Brochures publicitaires, entretiens personnalisĂ©s, dĂ©marchage de 
groupes rĂ©putĂ©s sectaires auprĂšs des mĂ©decins, des pharmaciens et des 
chirurgiens dentistes pour proposer formations et collectes constituent 

                                                      

42

 A la suite de la plainte du ministĂšre de la SantĂ© en 2001, une procĂ©dure de 

six ans a Ă©tĂ© ouverte pour exercice illĂ©gal de la pharmacie, tromperie 
aggravĂ©e, publicitĂ© mensongĂšre et commerce de mĂ©dicament sans 
autorisation de mise sur le marchĂ©.  

 

56 

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autant de techniques rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ©es par les instances 
ordinales de ces professions. 

 
1 - L’exemple de 

Kryeon

  

 

Si la formation « d’agents recruteurs Â» au sein mĂȘme des 

professions mĂ©dicales et para-mĂ©dicales (tels les kinĂ©sithĂ©rapeutes ou 
les orthophonistes) constitue l’une des principales voies de 
prosĂ©lytisme pour les organisations Ă  risque de dĂ©rive oeuvrant dans le 
secteur de la santĂ©, cette technique devient dans le cas de certains 
groupes, un vĂ©ritable systĂšme marketing Ă  l’exemple du mouvement 

kryeon

 et de sa technique de 

l’EMF balancing

 proposĂ©e en formation 

Ă  de futurs praticiens en « Ă©nergie Â» appelĂ©s « Ă©nergĂ©ticiens Â» et aux 
parents dont les enfants sont diagnostiquĂ©s hyperactifs ou dĂ©crĂ©tĂ©s 

« enfants  indigo »

. MalgrĂ© les retombĂ©es mĂ©diatiques des campagnes 

d’information engagĂ©es pour prĂ©venir mĂ©decins et particuliers des 
dangers de ce groupe prĂŽnant l’idĂ©ologie d’une race nouvelle Ă  venir, 

Kryeon

 continue Ă  promouvoir activement le thĂšme des enfants 

indigo, enfants Ă  l’ADN diffĂ©rent qui doivent faire l’objet d’une 
Ă©ducation particuliĂšre et qui, pour certains d’entre eux, auraient mĂȘme 
des pouvoirs de guĂ©rison : « 

Il semble que des milliers d’enfants nĂ©s 

de mĂšre sidatique, arrivent non seulement Ă  guĂ©rir de ce virus mais 
aussi à développer un

 

systĂšme immunitaire des centaines de fois plus 

rĂ©sistant aux maladies que l’adulte moyen

43

. Le groupe investit 

actuellement aussi le crĂ©neau des femmes enceintes (idĂ©e de la 
« gĂ©nĂ©ration 

indigo

 Â» en gestation) et propose une surenchĂšre dans 

l’exploitation du thĂšme des enfants 

indigos

 en passant actuellement au 

concept de l’enfant « cristal Â», dĂ©crĂ©tĂ© encore plus extraordinaire que 
les précédents

44

. Une littĂ©rature abondante circulerait actuellement Ă  

ce sujet dans les librairies Ă©sotĂ©riques de Marseille. En 2004, le rĂ©seau 
des praticiens en 

EMF balancing technique

 comprenait environ 

quarante personnes implantĂ©es dans de nombreuses rĂ©gions (Paris, Ile 
de France, Aquitaine, Midi-PyrĂ©nĂ©es, RhĂŽne, Alpes, Bretagne, Pays 
de la Loire, Centre, Auvergne, Languedoc-Roussillon, Lorraine). L’un 
des produits annexes commercialisĂ©s par le mouvement et lancĂ© sur le 
marchĂ© par un ancien naturopathe converti au travail de l’énergie est 
« l’eau diamant », Â« 

aide pratique pour dĂ©programmer et transformer 

les mĂ©moires cellulaires restrictives

 Â». Ce produit serait actuellement 

diffusĂ© dans treize pays dont la France avec neuf vendeurs recensĂ©s. 

                                                      

43

 Source CIAOSN sur les 

enfants indigo 

44

 Source GEMPPI 

 

57 

background image

2 - Praticien plutĂŽt que mĂ©decin pour contourner la loi

 

 

Certains mĂ©decins reconvertis dans une thĂ©rapeutique non 

conventionnelle n’hĂ©sitent pas, pour Ă©chapper aux sanctions 
Ă©ventuelles des instances ordinales, Ă  dĂ©crocher leur plaque 
professionnelle ou Ă  demander d’eux-mĂȘmes leur radiation de l’ordre, 
prĂ©fĂ©rant se positionner face Ă  leur clientĂšle comme praticien, voire 
guĂ©risseur. 

 
Mais qu’ils soient anciens mĂ©decins ou non, la qualitĂ© de 

« 

praticien 

» que certains gourous des mĂ©decines alternatives 

 

revendiquent n’empĂȘche pas les moins scrupuleux d’entre eux d’agir 
en toute illĂ©galitĂ©, en Ă©tablissant des diagnostics voire en dressant de 
pseudos ordonnances. La plupart du temps cependant, les promoteurs 
de techniques thĂ©rapeutiques non validĂ©es se protĂšgent des foudres de 
la loi en affichant leurs bonnes intentions sur les premiĂšres pages de 
leur site : « 

notre technicitĂ© ne remplace pas le diagnostic mĂ©dical fait 

par un docteur en mĂ©decine, les traitements proposĂ©s chez nous 
viennent en complément de la médecine

 Â», des propos rassurants que 

viennent gĂ©nĂ©ralement infirmer quelques pages plus loin des offres de 
soins aux prĂ©tentions curatives, toujours  assorties de prĂ©cautions 
d’usage. 
 

C - Le « lobbying » opposĂ© Ă  la mĂ©decine conventionnelle 

 

Si la mouvance anti-vaccination, incarnĂ©e notamment par 

le 

Syndicat Hippocrate

 et Ă©troitement liĂ©e pour certains de ses acteurs au 

rĂ©seau hamĂ©riste de la mĂ©decine nouvelle, reste l’un des principaux 
hĂ©rauts de la mobilisation contre la mĂ©decine conventionnelle, le refus 
de soin devient aujourd’hui un nouveau support de promotion pour 
des groupes soucieux d’étendre encore leur audience auprĂšs du grand 
public comme des professions mĂ©dicales, sur la base d’un lobbying 
censĂ© convaincre l’opinion publique des vertus de mĂ©thodes 
thĂ©rapeutiques non violentes ou respectueuses de leurs convictions 
religieuses strictes.  

 
L’

Eglise de Scientologie

 promeut l’usage de la niacine (l’un 

des composĂ©s de la vitamine B) dĂ©clarĂ©e vitamine intelligente dans ses 
programmes de « purification Â» Ă  visĂ©es thĂ©rapeutiques accompagnĂ©s 
de sĂ©ances intensives de sauna. AprĂšs l’assistance aux toxicomanes, 
elle dĂ©veloppe dĂ©sormais des procĂ©dures d’urgence Ă  appliquer aux 
grands traumatisĂ©s ou comateux sur des lieux de catastrophes et est 

 

58 

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ainsi devenue le fer de lance des abus prĂ©sumĂ©s de la psychiatrie via 
son « 

collectif des mĂ©decins et citoyens contre les traitements 

dĂ©gradants de la psychiatrie Â». Les 

TĂ©moins de JĂ©hovah

, quant Ă  eux, 

poursuivent assidĂ»ment leur action au sein mĂȘme du milieu mĂ©dical 
via leurs comitĂ©s de liaison hospitaliers  pour y faire valoir leur refus 
des transmissions sanguines y compris en cas d’urgence vitale ; une 
position contestĂ©e par les pouvoirs publics mais que pourrait 

 

conforter  la derniĂšre recommandation du comitĂ© consultatif national 
d’éthique

45

. Ce dernier stipule en effet : « 

le refus de traitement 

clairement exprimĂ© par une personne ayant encore le gouvernement 
d’elle-mĂȘme ne peut-ĂȘtre que respectĂ©e, mĂȘme s’il doit aboutir Ă  la 
mort

 Â». Au lobbying d’opposition s’ajoute aujourd’hui un mouvement 

de sensibilisation de l’opinion engagĂ© Ă  travers la crĂ©ation de groupes 
de rĂ©flexion et « d’éthique Â» mĂ©dicale. 

 
Ces derniĂšres dĂ©cennies, la crĂ©ation d’un droit des malades 

prĂ©voyant notamment la possibilitĂ© de rĂ©diger des directives de fin de 
vie Ă  travers « un testament Â» ou la dĂ©signation d’une personne de 
confiance, pourrait favoriser des refus de soins, par exemple de prise 
en charge anti-douleurs pour des motifs autres que ceux voulues par le 
législateur

46

 

La question reste posĂ©e de savoir Ă  qui profitera, en dĂ©finitive, 

la constitution d’alliances ponctuelles entre divers partisans des 
mĂ©decines alternatives que, 

a priori, 

rien ne rapproche. Reste Ă  

dĂ©montrer Ă©galement que cette tendance puisse perdurer. 

 

Ce panorama relativement complet mais non exhaustif des 

mouvements et pratiques ayant investi le champ de la santĂ©, est 
certainement prĂ©occupant, car il fait peser de rĂ©elles menaces sur notre 
sociĂ©tĂ© et sur les citoyens en quĂȘte de rĂ©ponse Ă  leurs difficultĂ©s. Le 
dynamisme de ce marchĂ© de l’illusion du mieux vivre et de la 
guĂ©rison, au-delĂ  des dispositifs rĂ©glementaires et judiciaires qui le 
contrĂŽlent, exige que l’État se donne les moyens de limiter les risques 
et les drames humains surtout lorsqu’ils frappent les jeunes et les 
individus fragilisĂ©s par la maladie ou le handicap. Au-delĂ  des actions 
administratives et ou judiciaires, la nĂ©cessitĂ© d’une information du 
public sur les pratiques promues s’impose car elle est seule de nature Ă  
limiter leur nuisance, dans l’attente des rĂ©sultats d’une Ă©valuation 
scientifique des mĂ©thodes proposĂ©es.  

                                                      

45

 Avis rendu le 9 juin 2005 

46

 Code de la SantĂ© publique, articles 1111-4 et -11 

 

59 

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1-3  

RISQUES SECTAIRES ET PRATIQUES 

  

D’INTELLIGENCE ECONOMIQUE :  

  

UN ENJEU DE SECURITE 

 
 

Les milieux Ă©conomiques et institutionnels se sont manifestĂ©s 

Ă  de nombreuses reprises au cours de l’annĂ©e 2005, intĂ©ressĂ©s par les 
approches et les analyses du risque et de la menace sectaires menĂ©es 
par la MIVILUDES. En effet, celle-ci a rĂ©pondu Ă  de nombreuses 
sollicitations et situations qui tĂ©moignaient Ă  la fois des 
questionnements et des inquiĂ©tudes de ses interlocuteurs lors de 
confĂ©rences Ă  des directeurs des ressources humaines et des directeurs 
chargĂ©s de la sĂ©curitĂ©, lors de rencontres de travail avec des dirigeants 
d’entreprises, de demandes d’informations de syndicalistes, de cadres 
en difficultĂ© ou d’associations d’anciens Ă©lĂšves, lors d’échanges avec 
des professionnels oeuvrant sur des champs d’activitĂ©s nouveaux ou 
en profonde mutation. 
 
 

Une mĂ©thodologie adaptĂ©e 

 

La MIVILUDES a ainsi pris en charge un volume consĂ©quent 

de questions relatives aux possibles liens entre sociĂ©tĂ©s commerciales 
et mouvements Ă  caractĂšre sectaire. Les mĂ©thodes et les outils de 
l’intelligence Ă©conomique, modelĂ©s et adaptĂ©s Ă  la nature et aux 
formes d’expression du risque sectaire dans des contextes 
Ă©conomiques et professionnels, sont Ă  cet effet apparus trĂšs utiles. 
Pour faire face au risque sectaire, la Mission a mis au point des 
mĂ©thodes d’analyse et a dĂ©terminĂ© des instruments de veille et de 
dĂ©tection du risque. Elle a Ă©laborĂ© un cadre d’action visant Ă  prĂ©venir 
et Ă  dissuader les tentatives d’intrusion ou de dĂ©stabilisation dans un 
but d’influence, et a formulĂ© Ă  maintes reprises conseils, 
prĂ©conisations et mesures de sauvegarde. 
 

Dans le contexte Ă©conomique et professionnel, le point focal 

de la menace sectaire porte sur la notion de personne. Mais la 
fragilisation de la personne est particuliĂšre. Il s’agit non seulement des 
individus mais l’entreprise doit ĂȘtre Ă©galement considĂ©rĂ©e dans sa 
qualitĂ© mĂȘme de personne morale. Aussi l’analyse du risque dans ce 
milieu doit-elle ĂȘtre conduite indĂ©pendamment de l’approche 
classique de confrontation d’une personne Ă  l’action d’un mouvement 

 

60 

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sectaire qui privilĂ©gie l’action directe de mise en dĂ©pendance. Il s’agit 
de distinguer les risques sectaires liĂ©s aux modalitĂ©s de 
fonctionnement et de management d’un cadre professionnel et ceux 
qui peuvent avoir un impact sur les personnes comme salariĂ©s ou 
dirigeants. 
 
 

Des risques spĂ©cifiques 

 
 

Le premier des risques est le risque financier. Les 

mouvements sectaires tendent Ă  se dĂ©velopper en structures et en 
diversification d’activitĂ©s. L’entreprise est devenue une cible naturelle 
car elle dispose de budgets destinĂ©s Ă  l’achat de prestations 
externalisĂ©es. De nombreux mouvements ont ainsi constituĂ© ou Ă©tabli 
des liens avec des cabinets de formation professionnelle, de 
recrutement, de conseils en gestion des ressources humaines, de 
services informatiques. Mais le risque est double. Contracter avec un 
organisme liĂ© Ă  un mouvement sectaire revient d’une part Ă  contribuer 
indirectement Ă  son enrichissement et Ă  son dĂ©veloppement, Ă  
favoriser d’autre part l’émergence d’une relation de complicitĂ© sous-
tendue par un abus de confiance. 
 
 

Le second risque dĂ©coule du prĂ©cĂ©dent. L’habitude de 

travailler avec un partenaire dont l’entreprise peut ignorer sa 
dĂ©pendance juridique vis-Ă -vis de l’organisme sectaire induit une 
accoutumance. 
 
 

Un troisiĂšme risque consiste Ă  considĂ©rer un lien contractuel 

Ă©tabli comme preuve de la fiabilitĂ© d’une relation de partenariat alors 
que le contexte d’exercice de son activitĂ© par un prestataire est 
susceptible d’évoluer avec le temps. 
 
 

Les questions posĂ©es par les interlocuteurs de la MIVILUDES 

portent rĂ©guliĂšrement sur : 
- le rattachement ou le lien juridique ou Ă©conomique entre un 
mouvement et une entitĂ© commerciale ; 
- les consĂ©quences financiĂšres d’un partenariat avec une sociĂ©tĂ© 
« sensible Â» ; 
- l’origine et l’impact d’une pratique professionnelle ; 
- les tenants et les aboutissant d’une mĂ©thode ou d’une technique 
servant de supports Ă  la prestation achetĂ©e ; 
- les risques liĂ©s Ă  l’usage de la sous-traitance ; 

 

61 

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A la lumiĂšre de ces interrogations, des Ă©tudes et des 

investigations menĂ©es en vue d’y rĂ©pondre, il est essentiel d’envisager 
l’analyse des risques potentiels et les rĂ©ponses Ă  apporter Ă  partir du 
schĂ©ma suivant : 
- caractĂ©risation du risque ; 
- dĂ©termination de l’origine du risque ; 
- dĂ©finition de moyens de dĂ©tection : ces moyens tiennent compte de 
la nature du risque identifiĂ© et des Ă©tapes de dĂ©roulement du processus 
de contractualisation (avant la mise en cause de la prestation, en cours 
de sa  mise en Ɠuvre, et une fois celle-ci achevĂ©e ou suspendue) ; 
- mise en cohĂ©rence de mĂ©thodes d’évaluation des risques et de 
ciblage de dĂ©rives sectaires ou d’actes prĂ©judiciables ; 
- prise en compte de la notion d’emprise sectaire dans le dĂ©roulement 
d’un processus professionnel impliquant une entreprise, un prestataire 
Ă©ventuel et des salariĂ©s. 
 
 

La question de la caractĂ©risation du risque est sans doute celle 

qui pose le plus problĂšme aux entreprises, aux syndicats 
professionnels et de salariĂ©s ainsi qu’à certaines Ă©coles scientifiques 
ou de commerce.  
 
 

Une nouvelle typologie : des groupes aux rĂ©seaux 

 

En 2005, la Mission interministĂ©rielle a eu Ă  connaĂźtre 

plusieurs tentatives d’approches de grands groupes industriels par des 
mouvements sectaires transnationaux, assez aisĂ©s Ă  repĂ©rer. 
 
 

Il en va diffĂ©remment du repĂ©rage et de la mesure de l’impact 

de professionnels agissant en relation avec des micro-structures 
sectaires rattachables Ă  des rĂ©seaux constituĂ©s sur le fondement de la 
diffusion ou de la distribution d’un concept considĂ©rĂ© comme moteur 
du fonctionnement sectaire. 
 

Ce schĂ©ma est certainement l’un de ceux qui se dĂ©veloppent 

actuellement avec le plus de rapiditĂ© et de succĂšs en raison des 
domaines porteurs que ces rĂ©seaux investissent 

coaching

dĂ©veloppement personnel, reconversion professionnelle, management 
des Ă©quipes ou mĂ©tiers nouveaux alliant compĂ©tences informatiques et 
compĂ©tences juridiques. 
 

 

62 

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La caractĂ©risation du risque sectaire apparaĂźt alors comme la 

premiĂšre Ă©tape obligĂ©e du processus d’analyse. Elle passe tout d’abord 
par l’usage de typologies faisant rĂ©fĂ©rence d’une part aux profils 
Ă©laborĂ©s pour le compte des commissions d’enquĂȘtes parlementaires et 
d’autre part aux modes opĂ©ratoires des groupes. Elle passe ensuite par 
l’utilisation de deux ensembles de critĂšres d’apprĂ©ciation du risque, 
l’un constituĂ© de critĂšres gĂ©nĂ©raux et l’autre Ă©tant composĂ© de critĂšres 
Ă©tablis Ă  partir d’une Ă©chelle de menaces de nature Ă©conomique. 
 
 

Les profils de groupes constituent des instruments de 

« qualification  doctrinale »  favorisant une approche typologique. Ils 
ont peu changĂ© au cours des annĂ©es, et, tout en n’étant pas un repĂšre 
suffisant, ils reprĂ©sentent un Ă©lĂ©ment de mĂ©thode nĂ©cessaire. Les 
groupes ou les rĂ©seaux se rattachent aux courants 

new age

, alternatifs, 

nĂ©o-religieux, apocalyptiques, nĂ©o paĂŻens, satanistes, guĂ©risseurs, 
orientalistes, occultistes, psychanalytiques, ufologiques et enfin, 
syncrĂ©tiques Ă  fondement religieux ou philosophique. Au regard des 
enjeux d’intelligence Ă©conomique et stratĂ©gique, ils reprĂ©sentent une 
menace de constitution de micro-groupes Ă©litistes agissant hors 
organigramme du milieu professionnel ciblĂ©. 
 
 

Les fonctionnements 

 
 

ParallĂšlement Ă  cette approche typologique centrĂ©e sur les 

profils doctrinaux, l’analyse du risque conduite dans le cadre d’une 
pratique de l’«Intelligence Ă©conomique » requiert l’utilisation de 
critĂšres relatifs aux modes opĂ©ratoires des structures juridiques Ă  but 
commercial rattachables Ă  des mouvements sectaires. 
 

Quatre types d’organisation peuvent ĂȘtre distinguĂ©s : 

- les organisations sectaires centralisĂ©es fondĂ©es sur une dĂ©pendance 
hiĂ©rarchique de toutes les structures qui en dĂ©coulent, dont les entitĂ©s 
Ă©conomiques ; 
- les organisations sectaires centralisĂ©es dont le mode de 
fonctionnement est dĂ©terminĂ© par des liens de dĂ©pendance 
Ă©conomique et juridique ; 
- les organisations en rĂ©seau reposant sur un mode de fonctionnement 
commercial ; 
- les organisations en rĂ©seaux constituĂ©es de praticiens professionnels 
indĂ©pendants ou exploitant une franchise. 
 

 

63 

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La consĂ©quence immĂ©diate de cette approche typologique est 

d’offrir la possibilitĂ© d’utiliser conjointement le droit des affaires et le 
droit du travail comme outils d’investigation. Cette mĂ©thodologie a 
dĂ©jĂ  produit ses premiers rĂ©sultats. D’autres sont envisagĂ©s dans un 
proche avenir. 
 
 

L’usage des critĂšres d’apprĂ©ciation du risque, tant gĂ©nĂ©raux 

qu’à contenu Ă©conomique, renforce la pertinence de l’approche par 
caractĂ©risation des risques en procĂ©dant par association de 
l’observation typologique diffĂ©renciĂ©e et des analyses par critĂšres 
gĂ©nĂ©raux et Ă©conomiques. Cette maniĂšre de procĂ©der convient Ă  la fois 
Ă  la prise en compte d’une menace externe et au traitement d’un risque 
interne.  
 
 

CritĂšres d’apprĂ©ciation du risque 

 

Comment apprĂ©hender les critĂšres gĂ©nĂ©raux d’évaluation du 

risque : 

- rupture induite avec l’environnement d’origine

 : la relation de 

changement de comportements de cadres d’entreprise par des DRH ou 
la famille de ces cadres conduit Ă  s’interroger de temps Ă  autres sur 
l’émergence du risque sectaire ; 

- atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© physique

 : ce critĂšre reprĂ©sente actuellement peu 

de pertinence au regard de l’enjeu « Intelligence Ă©conomique Â», mĂȘme 
si de premiĂšres inquiĂ©tudes apparaissent actuellement Ă  la lumiĂšre de 
comportements suicidaires ; 

- discours peu ou prou antisocial

 : des relations d’expĂ©riences de 

sĂ©minaires typĂ©s indiquent qu’il y a matiĂšre Ă  vigilance quant Ă  la 
loyautĂ© d’un salariĂ© Ă  l’égard de son employeur 

- trouble à l’ordre public

 : ce critĂšre n’apparaĂźt pas comme pertinent 

en ce domaine, la notion d’« ordre public Ă©conomique Â» n’étant pas 
validĂ©e. 

- l’importance des dĂ©mĂȘlĂ©s judiciaires ou administratifs 

: l’analyse du 

risque sectaire en rĂ©fĂ©rence Ă  la notion d’intelligence Ă©conomique 
appelle un examen approfondi de l’environnement des 
« prestataires/candidats ». 

De 

mĂȘme, l’apport des contrĂŽles 

administratifs exercĂ©s notamment au titre de l’application du droit de 
la formation professionnelle peut ĂȘtre dĂ©terminant pour la poursuite 
d’une analyse pluridisciplinaire. 
- Enfin, les deux critĂšres, 

« Ă©ventuel dĂ©tournement des mĂ©canismes 

économiques »

 et 

« tentatives  d’infiltration »

, doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s 

 

64 

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avec la plus grande attention. Leur examen conduit Ă  Ă©laborer un 
deuxiĂšme faisceau de critĂšres destinĂ©s Ă  conforter l’utilisation du 
premier, car en effet, c’est par la juxtaposition ou la somme de critĂšres 
considĂ©rĂ©s comme pertinents Ă  l’égard d’un dossier concret qu’il est 
possible de caractĂ©riser un risque sectaire pour une cible 
prĂ©alablement dĂ©finie et circonscrite.  
 

Les critĂšres Ă©conomiques d’apprĂ©ciation du risque peuvent se 

dĂ©cliner sous trois formes : 
 

- les critĂšres de dĂ©pendance juridique sensible : 

. existence du lien entre prestataires ou fonctions au sein de 
l’entreprise et autres entitĂ©s ayant un rapport Ă©loignĂ© ou artificiel avec 
la vocation du prestataire ou la mission d’une fonction ; 
. sensibilitĂ© de la provenance des outils mĂ©thodologiques utilisĂ©s sur 
un site : 
. existence d’un Ă©cart entre protocole et rĂ©alitĂ© de la prestation ; 

- les critĂšres liĂ©s Ă  des comportements insistants : 

. orientation vers des programmes et activitĂ©s hors entreprise ; 
. contribution aux choix d’une prise de dĂ©cision induite par un 
prestataire ; 
. formulation d’exigences financiĂšres sans relation avec la prestation 
fournie ; 
. confusion entre formalisation des intĂ©rĂȘts de l’entreprise et notions Ă  
prĂ©tention spirituelle d’aide Ă  la quĂȘte de sens et au bien-ĂȘtre ; 

 

- les critĂšres dĂ©terminĂ©s par le risque de fraudes : 

. couverture d’une opĂ©ration frauduleuse par l’utilisation d’un cadre 
juridique invoquant un objet social ou culturel ; 
. rĂ©alisation d’un acte frauduleux au sein du lieu de travail par 
plusieurs personnes d’un mĂȘme groupe ; 
. financement d’un mouvement par le moyen d’activitĂ©s Ă©conomiques 
dĂ©viantes. 
 
 

L’utilitĂ© des typologies, multiple et d’un apport essentiel, est 

une aide Ă  la perception de dĂ©marches irrationnelles, de pratiques 
charlatanesques, de tentatives d’escroqueries, de tentatives ou de 
comportements visant Ă  influer sur une prise de dĂ©cision et Ă  rendre 
celle-ci contraire aux intĂ©rĂȘts de l’entreprise. 
 

 

65 

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Un seul repĂšre ne suffit pas. Le cumul de plusieurs d’entre 

eux associĂ©s Ă  d’autres clignotants peut susciter un besoin de 
renforcement de vigilance et d’analyse. L’apport des typologies 
s’apprĂ©cie aussi en ce qu’il favorise l’utilisation de moyens d’établir 
des corrĂ©lations entre : 
- un concept Ă  la base de l’action jugĂ©e sensible et une pratique 
professionnelle non rigoureuse ; 
- un discours groupal interne Ă  un mouvement sectaire et une pensĂ©e 
groupale dĂ©veloppĂ©e au sein d’un site professionnel ; 
- une gouvernance et une stratĂ©gie d’un mouvement. 
 
 

C’est franchir ainsi l’étape de la dĂ©finition des moyens de 

dĂ©tection. Les corrĂ©lations ci-dessus, si elles sont Ă©tablies, sont Ă  
prendre en compte Ă  la lumiĂšre des effets indĂ©sirables : 
- d’actes prĂ©judiciables, soit Ă  l’entreprise, soit aux personnels de 
celles-ci, 
- de modifications cumulatives des modes de gestion. 
 
 

La dĂ©rive sectaire 

 
 

En mettant en perspective, dans cette dĂ©marche Ă  visĂ©e 

opĂ©rationnelle,  Â« risques »,  Â« dĂ©rives Â» et « emprise Â», la notion de 
dĂ©rive se rĂ©vĂšlera ĂȘtre la consĂ©quence d’un mode de fonctionnement 
d’une organisation Ă  caractĂšre sectaire. La dĂ©rive apparaĂźtra alors pour 
ce qu’elle est vraiment : une accumulation d’actes similaires ou un 
ensemble d’actes diffĂ©rents commis au nom de directives, d’une 
logique dĂ©cisionnelle interne ou de rĂšgles de comportement du 
mouvement, induites par un groupe Ă  caractĂšre sectaire. La dĂ©rive 
sectaire sera alors constitutive d’actes prĂ©judiciables Ă  la personne 
physique ou morale. Ainsi, dans le prolongement de l’estimation du 
risque et de la dĂ©termination des dĂ©rives restera-t-il Ă  Ă©valuer la portĂ©e 
des actes au regard de la menace de mise en Ă©tat de sujĂ©tion et d’abus 
frauduleux d’un Ă©tat de faiblesse ou de confiance. 
 
 

La finalitĂ© des dĂ©rives sectaires, c'est-Ă -dire d’actes 

prĂ©judiciables commis au nom des principes dĂ©finis ci-dessus est, 
rĂ©pĂ©tons-le, la mise en situation de dĂ©pendance. Celle-ci peut ĂȘtre 
constituĂ©e d’influences graves et rĂ©pĂ©tĂ©es sur la prise de dĂ©cision au 
nom d’intĂ©rĂȘts alternatifs par le moyen d’actes Ă©conomiques et 
financiers pouvant se rĂ©vĂ©ler frauduleux. 
 

 

66 

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La mise en Ɠuvre d’actions induisant des dĂ©rives sectaires au 

sein d’une entreprise ou d’une institution s’opĂ©rera notamment par la 
contractualisation entre celles-ci et des prestataires externes, au niveau 
de recrutement conseillĂ©s par des cabinets en lien avec des 
mouvements, dans le cadre d’un accompagnement externe des 
stratĂ©gies d’entreprise. Il en rĂ©sultera des situations d’intrusion. Il 
reste Ă  tenter de prĂ©ciser ce que peut ĂȘtre l’impact d’une intrusion 
sectaire consciemment organisĂ©e et Ă©ventuellement suivie de la 
prĂ©sence durable d’une complicitĂ© humaine intĂ©grĂ©e dans 
l’organigramme de l’entreprise. 
 
 

L’impact de l’intrusion sectaire pourrait ĂȘtre dĂ©fini 

aujourd’hui comme un ensemble d’actes susceptibles de porter 
prĂ©judice Ă  une personne physique et/ou morale, commis dans un 
contexte de groupe ayant une stratĂ©gie et des intĂ©rĂȘts propres, dont les 
principes de fonctionnement visent ou ont pour effet : 
- la mise en Ć“uvre d’initiatives de sĂ©ductions dĂ©stabilisatrices, 
- l’accumulation de propositions de dĂ©velopper un autre mode de vie 
ou des potentialitĂ©s enfouies afin d’en faire profiter son 
environnement professionnel, 
- un engagement personnel sur un chemin de rupture ou de 
transformation radicale. 
 
 

La menace ultime pour l’institution/employeur comme pour 

ses salariĂ©s est par consĂ©quent l’emprise sectaire conçue comme un 
phĂ©nomĂšne conduisant Ă  : 
- une irrĂ©versibilitĂ© des comportements, 
- un obscurcissement de la conscience, 
- une altĂ©ration de la personnalitĂ©, 
- une focalisation sĂ©lective, 
- l’acceptation de rĂ©fĂ©rences exclusives, alternatives et Ă©litistes. 
 
 

RĂŽle de la MIVILUDES 

 
 

Des situations de ce type ont pu ĂȘtre rencontrĂ©es en 2005 au 

cours de l’examen de certains dossiers dans lesquels des cadres 
d’entreprises pouvaient apparaĂźtre fragilisĂ©s vis-Ă -vis de leur 
entreprise Ă  l’issue d’une prestation dont ils avaient Ă©tĂ© bĂ©nĂ©ficiaires 
ou dont on leur avait confiĂ© l’accompagnement ou la gestion. 
 

 

67 

background image

 

Les milieux Ă©conomiques et des administrations prennent en 

compte ce risque graduellement, en Ă©tant attentifs aux droits des 
personnes, au respect de la vie privĂ©e de leurs salariĂ©s et soucieux de 
la protection de toute information les concernant au sein d’un cadre de 
travail juridiquement dĂ©terminĂ©. La Mission est sollicitĂ©e sur ce 
problĂšme spĂ©cifique de la prise en compte du risque sectaire dans la 
conduite d’une stratĂ©gie d’intelligence Ă©conomique. 
 
 

L’analyse ci-dessus a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e en fin d’annĂ©e 2005 pour 

rĂ©pondre Ă  des interrogations de plus en plus diffĂ©renciĂ©es. L’exigence 
d’une approche mĂ©thodique est apparue. Cette mĂ©thode d’analyse 
suscite d’ores et dĂ©jĂ  un intĂ©rĂȘt de la part d’interlocuteurs 
institutionnels Ă©conomiques et administratifs et conduit la Mission Ă  
intervenir de façon croissante devant des auditoires de responsables de 
ressources humaines et de la sĂ©curitĂ©.  
 

 

68 

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1 - 4  

HUMANITAIRE  D’URGENCE  ET  DERIVES 
SECTAIRES 

 
 

 

 

 

Les  sectes  s’invitent  rĂ©guliĂšrement  au  chevet  des  victimes  de 

catastrophes  planĂ©taires.  Â« 

Le  mouvement  humanitaire  est  de  plus  en 

plus gangrenĂ© par des organisations non gouvernementales (ONG) re-
ligieuses qui l’utilisent pour tenter d’imposer leur vision du monde [
] 
La  question  qu’elles  posent  est  celle  de  leur  prosĂ©lytisme  militant 
auprĂšs de populations en dĂ©sarroi. [
] 

»  

C’est  ainsi  que  s’exprimait  en  octobre  2005  Sylvie  Brunel, 

universitaire  et  ancienne  dirigeante  d’

Action  contre  la  faim

 (ACF),  Ă  

l’occasion des Â« 8

Ăšmes

 Rendez-vous de l’Histoire Â» de Blois consacrĂ©s au 

thĂšme 

«  Religion  et  politique  Â»

,  dĂ©nonçant  le  comportement  de 

certaines  organisations  d’inspiration  protestante  (Ă©vangĂ©liques)  ou  is-
lamique  et  citant  l’« 

Eglise  de  Scientologie  massivement  prĂ©sente 

depuis le tsunami du 26 décembre 2004

 Â». 

Le  24  dĂ©cembre  2005, 

La  Croix 

titrait  Â« 

Mais  pourquoi  nous 

avez-vous  aidĂ©s 

?  Â».  Cette  analyse  reproduisait  les  interrogations  des 

indonĂ©siens  musulmans  de  la  province  d’Aceh,  intriguĂ©s  par  ce  que 
pouvait cacher l’aide occidentale. Le quotidien Ă©voquait alors la rumeur 
d’une gĂ©nĂ©rositĂ© intĂ©ressĂ©e des occidentaux : Â« 

Serait-ce Ă  cause des 

excĂšs  de  certains  Ă©vangĂ©listes  amĂ©ricains  qui  distribuaient  des  livres 
aux enfants et y glissaient la Bible en bande dessinĂ©e ? Ou Ă  cause de 
la secte de scientologie qui a ouvert des cabinets de  â€Š massage. â€˜â€˜Il a 
fallu expliquer aux pĂȘcheurs que les jĂ©suites  donnaient sans attendre 
de  retour’’  confie  Azman,  jeune  musulman  coordinateur  de   JRS 
(Service Jésuite des réfugiés)

 Â». 

La  solidaritĂ©  est  l’affaire  de  tous  et  nul  ne  saurait  bien 

Ă©videmment contester Ă  des organisations le droit d’aider leur prochain, 
mais profiter du dĂ©sarroi de populations en Ă©tat de faiblesse et de vul-
nĂ©rabilitĂ© pour imposer une vision du monde constitue une hypocrisie 
inacceptable  et  immorale.  C’est  bien  ce  qu’a  dĂ©noncĂ©  publiquement, 
pour la premiĂšre fois, Sylvie Brunel, choquĂ©e par des comportements 
observĂ©s sur le terrain de l’aide humanitaire par ailleurs rĂ©guliĂšrement 
critiquĂ©s au titre des critĂšres porteurs de dĂ©rives sectaires. 

 

 

69 

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Dans son rapport 2001, la Mission interministĂ©rielle de lutte 

contre les sectes (MILS), aprĂšs les attentats terroristes ayant frappĂ© le 
World Trade Center et l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, 
Ă©voquait dĂ©jĂ  Â« 

les sectes [qui] n’hĂ©sitent pas Ă  profiter des malheurs 

du monde pour tenter d’imposer leurs solutions miracles et entraĂźner 
des individus fragilisĂ©s dans un mĂ©canisme d’embrigadement Â»

. Le 

phĂ©nomĂšne n’est donc pas nouveau, mais Ă  l’heure oĂč dans le monde 
entier se multiplient les besoins consĂ©cutifs Ă  des catastrophes 
naturelles ou Ă  des conflits, une vigilance accrue s’impose.  

 
En France, mĂȘme si les cas recensĂ©s ne sont pas lĂ©gion, la 

MIVILUDES, en charge d’une mission de prĂ©vention et d’incitation Ă  
la vigilance, estime indispensable de rappeler l’existence d’un risque 
sectaire potentiel dans ce domaine. En effet, la prĂ©sence dans les 
banlieues françaises, aprĂšs les dĂ©sordres de l’automne 2005, de 
certaines organisations sectaires, revendiquant haut et fort les mĂ©rites 
de leur action humanitaire en faveur des populations en difficultĂ©, est 
prĂ©occupante, surtout si l’on observe la similitude de discours 
apparaissant entre les propos de ces organisations et la maniĂšre dont 
l’actualitĂ© en question avait Ă©tĂ© traitĂ©e par quelques mĂ©dias 
internationaux. 

 
Il n’est pas du ressort de la MIVILUDES de se prononcer sur 

la lĂ©gitimitĂ© de certains groupes Ă  intervenir, fussent-ils par ailleurs 
susceptibles de dĂ©rives sectaires. Mais toute situation de dĂ©tresse 
consĂ©cutive Ă  des catastrophes ou Ă  des situations conflictuelles 
suscitant la mobilisation massive – et indispensable – de bĂ©nĂ©voles de 
tous horizons, il est de son devoir d’informer le public et tous les 
acteurs de la vĂ©ritable aide humanitaire de l’existence d’un risque de 
dĂ©rive sectaire dans ce domaine. Le dĂ©sintĂ©ressement, le respect de la 
dignitĂ© humaine et des libertĂ©s individuelles, valeurs fondatrices de la 
dĂ©marche humanitaire, sont rĂ©guliĂšrement bafouĂ©s par quelques 
organisations sans scrupules dont il n’est pas inutile d’examiner les 
motivations. 
 
 

Une aide intĂ©ressĂ©e 

 

Recherche de respectabilitĂ©  

 

Militer pour la paix mondiale ou en faveur des droits de 

l’homme, lutter contre les mĂ©faits de la drogue, oeuvrer sur le terrain 

 

70 

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de l’action humanitaire : voilĂ  des engagements suscitant le respect et 
confĂ©rant une notoriĂ©tĂ© certaine Ă  ceux qui les pratiquent. Les sectes 
l’ont bien compris et si elles investissent aujourd’hui massivement ces 
domaines, soit Ă  visage dĂ©couvert soit par le biais de diverses 
officines, c’est uniquement parce qu’elles en attendent des retombĂ©es 
positives en termes de recrutement ou d’image. 
 

Recrutement de nouveaux adeptes 

 

La phase de sĂ©duction passe dans ce cas par l’aide matĂ©rielle 

et psychologique. Les sinistrĂ©s sont vulnĂ©rables, souvent en Ă©tat de 
dĂ©tresse extrĂȘme et donc rĂ©ceptifs Ă  toute attention particuliĂšre Ă  leur 
Ă©gard. L’assistance mĂ©dicale ou psychologique devient un vecteur de 
prosĂ©lytisme.  

 
Sylvie Brunel Ă©voque ces organisations « 

qui mĂȘlent dans un 

mĂȘme geste la conversion et l’aide 

». En deçà du cas extrĂȘme d’une 

aide durable conditionnĂ©e par la conversion de la victime, on observe 
un prosĂ©lytisme plus subtil dans le cadre duquel l’aide apparemment 
dĂ©sintĂ©ressĂ©e prĂ©cĂšde une phase de sĂ©duction – oĂč s’établit un lien de 
proximitĂ© avec la victime – puis d’information sur la doctrine ou 
l’idĂ©ologie dont se rĂ©clame le volontaire, sur le terrain. On imagine 
mal l’individu dĂ©semparĂ© refusant d’écouter son bon samaritain, voire 
de le « remercier Â» par une attitude conciliante, allant parfois jusqu’à 
l’allĂ©geance. On se sent toujours redevable Ă  l’égard de celui qui 
attĂ©nue, ou marque l’intention d’attĂ©nuer, les souffrances auxquelles 
on est confrontĂ©. 

 

Les organisations sectaires se concurrencent parfois mais 

d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale elles se partagent de fait le terrain. Le cas du 
tsunami fut Ă  ce titre exemplaire. On a vu les « ministres volontaires Â» 
de la scientologie, dĂ©pĂȘchĂ©s Ă  Banda Aceh, en IndonĂ©sie, et proposant 
aux survivants une mĂ©thode « inĂ©dite Â» de traitement des traumatismes 
appelĂ©e « 

assist

 Â» et qui consiste en fait en des massages. Ces envoyĂ©s 

trĂšs spĂ©ciaux ne cachaient pas, par ailleurs, leur objectif de former 
ultĂ©rieurement les survivants Ă  cette mĂ©thode ainsi que leur volontĂ© de 
diffuser le plus largement possible les thĂšses de Ron Hubbard

47

. De 

son cĂŽtĂ©, la 

MĂ©ditation transcendantale

 dĂ©pĂȘchait ses « yogis Â» pour 

enseigner la mĂ©ditation aux victimes. Quant au 

Centre de la Kabbale

                                                      

47

 AFP, 11 janvier 2005 

 

71 

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il leur faisait parvenir des milliers de bouteilles « d’eau de la 
Kabbale » pour les soulager.  

 
Ce qui diffĂ©rencie, Ă  ce stade, l’attitude du bĂ©nĂ©vole de l’aide 

humanitaire traditionnelle de celle du Â« missionnaire  sectaire »,  c’est 
que ce dernier ne s’en tient naturellement pas Ă  l’acte d’assistance : il 
l’assortit au minimum d’un discours sur l’idĂ©ologie du mouvement 
qu’il reprĂ©sente, quand il ne conditionne pas son aide Ă  une adhĂ©sion. 

 
Ainsi Ă  chaque intervention, la scientologie distribue 

massivement des milliers d’exemplaires du 

Chemin du Bonheur

« 

code moral non religieux 

» Ă©crit par le fondateur de la scientologie. 

De leur cĂŽtĂ©, les 

TĂ©moins de JĂ©hovah

 proposent des numĂ©ros de leur 

publication 

La Tour de Garde.

 L’une et l’autre publications sont 

d’ailleurs disponibles dans des dizaines de langues. 

 
Chacun y va de son explication des causes de la catastrophe 

ou de l’évĂšnement, explication Ă©rigĂ©e en vĂ©ritĂ© unique : signes avant-
coureurs de la fin du monde (sectes apocalyptiques) ou du retour d’un 
prophĂšte (Ă©vangĂ©listes), mauvaise influence des psychiatres qui 
mĂšnent le monde et mĂ©faits de la drogue (scientologie), vengeance de 
Satan ou expression de la colĂšre de Dieu (fondamentalistes islamistes 
ou chrĂ©tiens), insuffisance de mĂ©ditation (

MĂ©ditation transcendantale

ou de priĂšres (intĂ©gristes et fondamentalistes en gĂ©nĂ©ral) ou pourquoi 
pas, au contraire, excĂšs de religion (RaĂ«l). 

 
Bien Ă©videmment, ce discours n’a d’autre objet que de 

conduire les personnes ciblĂ©es, Ă  plus ou moins longue Ă©chĂ©ance, vers 
l’antidote idĂ©al, l’approbation ou la conversion Ă  l’idĂ©ologie professĂ©e. 
Il faudra alors se procurer les Ă©crits du gourou, puis participer Ă  des 
formations (gratuitement dans un premier temps, Ă  des tarifs 
prohibitifs ensuite), donner de son temps Ă  l’organisation : en un mot 
revĂȘtir progressivement la panoplie de l’adepte idĂ©al. 
 

Perspective d’un pactole financier  

 

La recherche du profit restant le moteur principal de ces 

organisations, leur intervention « humanitaire Â», aprĂšs leur avoir 
confĂ©rĂ© un vernis de respectabilitĂ©, va devoir ĂȘtre rentabilisĂ©e. C’est 
pourquoi elles tenteront souvent de monnayer leur nouvelle image en 
appelant Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© du public, voire en sollicitant des subventions 
publiques. 

 

72 

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On  pourrait  croire  qu’il  est  absurde  de  penser  s’enrichir  sous 

couvert  d’action  humanitaire,  car  ce  n’est  bien  sĂ»r  pas  l’objectif  des 
organisations sĂ©rieuses, dĂ©sintĂ©ressĂ©es et exemplaires qui redistribuent 
tous les dons. 

Mais  quand  les  appels  de  fonds  sont  lancĂ©s  par  des  stars, 

adeptes de sectes, on sait qu’ils rapportent Â« gros Â» aux organisations 
qu’ils reprĂ©sentent. Ces personnalitĂ©s payent parfois de leur personne 
sur  le  terrain :  on  se  rappellera  Tom  Cruise,  scientologue,  venant  en 
aide aux pompiers sur les dĂ©combres du World Trade Center, de John 
Travolta,  autre  scientologue,  apportant  des  vivres  aux  sinistrĂ©s  du 
cyclone  Katrina  ou  de  David  Lynch  aux  cĂŽtĂ©s  des  yogis  de  la 

MĂ©ditation transcendantale

 pour soulager la sociĂ©tĂ© de tous ses maux 

aprĂšs  les  catastrophes  du  11  septembre  2001  ou  du  Tsunami  de 
dĂ©cembre 2004. 

L’engagement des adeptes de base eux mĂȘmes dans une activitĂ© 

humanitaire peut mĂȘme gĂ©nĂ©rer d’importantes recettes. En 2001, il en 
coĂ»tait 

1500 francs (228 euros) d’inscription au cours pour devenir min-

istre volontaire et 

1026 francs (156 euros) pour recevoir un exemplaire 

du  Â«  manuel  de  scientologie  Â»  ad  hoc.  Par  ailleurs,  le  site  d’une 
branche de la scientologie dĂ©nommĂ©e 

The way to happiness foundation

 

dit avoir reçu des Â« ministres volontaires Â» une commande d'un million 
d’exemplaires  de 

The  way  to  happiness

 (

Le  chemin  du  bonheur

destinĂ©s Ă  ĂȘtre distribuĂ©s sur les lieux de catastrophes naturelles. Or ces 
ouvrages sont vendus aux adeptes, avec un bĂ©nĂ©fice substantiel pour le 
mouvement, compte tenu de l’écart entre le prix de revient estimĂ© et le 
prix de cession aux adeptes.  

Les subventions publiques peuvent aussi constituer un apport 

non  nĂ©gligeable,  quand  la  vigilance  des  organismes  publics  est  prise 
en dĂ©faut, avec quelquefois un goĂ»t de scandale, lorsque, par exemple, 
un financement de l’Office humanitaire de la Commission europĂ©enne 
(ECHO) aurait permis, par divers dĂ©tours, d’alimenter les caisses d’une 
secte japonaise

48

.  

Toujours  au  chapitre  du  dĂ©tournement  de  l’aide  humanitaire 

au  profit  de  l’enrichissement  de  l’organisation,  le  rapport  de  la 

                                                      

48  Parlement  europĂ©en,  question  n°3269/98  du  30  octobre  1998  Ă   la 
Commission europĂ©enne. 

 

73 

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Commission d’enquĂȘte parlementaire 

Les sectes et l’argent

49

 indique 

que « 

plusieurs sectes utilisent la puissance financiĂšre qu’elles ont 

acquise en France pour soutenir, sous un affichage humanitaire, leurs 
implantations Ă  l’étranger 

». Il s’interroge notamment sur l’exemple 

des 

TĂ©moins de JĂ©hovah

 en Afrique. 

 
Le statut d'ONG auprĂšs d’institutions telles l’ONU peut 

procurer de grands avantages aux sectes qui parviennent Ă  l’obtenir, 
en leur confĂ©rant une importante notoriĂ©tĂ©. Fortes de ce label de 
respectabilitĂ© international, il leur est ainsi plus aisĂ© de faire appel Ă  la 
gĂ©nĂ©rositĂ© du public ou, dans une moindre mesure, de bĂ©nĂ©ficier de 
financements publics consentis soit par les institutions internationales 
aux organisations qu’elles ont reconnues, soit par d’autres collectivitĂ©s 
publiques. Le rapport 

Les sectes et l’argent

 cite quelques exemples 

d’organismes bĂ©nĂ©ficiant du statut d’ONG auprĂšs de l’ONU : une 
officine mooniste

50

, la 

Soka Gakkai 

ou encore l’

Eglise Internationale 

du Christ

 et 

Shri Chinmoy

 
 

Quand la communication prime sur l’action : exemple des 
« ministres volontaires de la scientologie » 

 
Les membres de l’

Eglise de la Scientologie

, de la 

Nouvelle 

Acropole

 ou des 

TĂ©moins de JĂ©hovah

 se dĂ©ploient rĂ©guliĂšrement sur le 

terrain, en France comme Ă  l’étranger. Ces derniers agissent sur le 
territoire africain via 

Aidafric

 qui se prĂ©sente comme une association 

d’aide mĂ©dicale. Les organisations sectaires internationales 
revendiquent toutes haut et fort un volet humanitaire Ă  leur actif, 
directement ou via des associations qui ne bĂ©nĂ©ficient pas toutes du 
statut d’ONG. Il convient de souligner que, nonobstant des 
motivations non dĂ©nuĂ©es d’arriĂšre-pensĂ©es et qui n’ont rien Ă  voir 
avec les valeurs humanitaires, certaines organisations apportent une 
aide effective, parfois efficace sur le terrain. Il n’en reste pas moins 
que le fonctionnement des « Ministres volontaires Â» mis en place en 
par la scientologie peut laisser sceptique au regard de certains faits 
relatĂ©s par le mouvement lui-mĂȘme ou par la presse. 

 

                                                      

49

 Documentation française, 1999 

50

 Plusieurs organismes moonistes sont en fait accrĂ©ditĂ©s, tous sur le terrain 

du combat pour la paix mondiale 

 

74 

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Le 

« Corps des ministres volontaires Â»

 de la scientologie s’est 

organisĂ© et manifestĂ© au plan international dĂšs 1995. Ses bĂ©nĂ©voles 
sont affectĂ©s Ă  l’assistance de victimes de catastrophes naturelles, 
d’attentats ou de violences urbaines, en « complĂ©ment Â» de l’action 
menĂ©e par les secours institutionnels. Ils utilisent exclusivement les 
techniques d’assistance spirituelle Ă©laborĂ©es par Ron Hubbard et 
distribuent massivement l’ouvrage 

Le Chemin du Bonheur

. Leurs 

« exploits Â» sont rĂ©guliĂšrement narrĂ©s sur le site de l’organisation. 
Dans un article intitulĂ© 

« Rendre l’espoir aux victimes du tsunami Â»

, la 

publication scientologue 

Ethique et Liberté

51

 rend compte de rĂ©sultats 

souvent qualifiĂ©s de « miraculeux Â» par les individus bĂ©nĂ©ficiant du 
programme « 

assist

 Â» et de ses Â« 

procĂ©dĂ©s d’assistance spirituelle 

». Il 

y est aussi question de plus de 88.000 bĂ©nĂ©ficiaires de cette technique 
et de 44.500 d’entre eux formĂ©s pour les administrer. PratiquĂ© par des 
non mĂ©decins, ce procĂ©dĂ© « miraculeux Â» d’assistance dont la finalitĂ© 
thérapeutique est par ailleurs revendiquée par Ron Hubbard

52

 laisse 

dubitatif. 

 
Mais la caractĂ©ristique majeure de l‘intervention humanitaire 

de la scientologie, c’est qu’elle s’accompagne d’

une communication 

dĂ©mesurĂ©e relevant plus de la propagande que de l’information

. A 

terme, elle parvient Ă  crĂ©er l’illusion que la scientologie figure dans le 
peloton de tĂȘte des ONG Ă  caractĂšre humanitaire, au mĂȘme titre que la 

Croix Rouge 

ou 

MĂ©decins du Monde

. C’est le but recherchĂ©. Pour 

toute action menĂ©e par l’organisation, le principe reste le mĂȘme : 
communiquer massivement pour obtenir des retombĂ©es mĂ©diatiques, 
positives si possible. Et si l’on en juge par les nombreuses rĂ©fĂ©rences 
– critiques ou non – Ă  la prĂ©sence de bĂ©nĂ©voles scientologues sur les 
sites du tsunami, y compris dans les mĂ©dias français, elle remporte un 
rĂ©el succĂšs. Il est en outre Ă©vident que lorsque des stars internationales 
comme Tom Cruise ou John Travolta viennent soutenir leurs troupes 
sur le terrain, l’impact mĂ©diatique mondial est garanti. 

 
Il n’en reste pas moins que les pĂ©rĂ©grinations humanitaires 

scientologues ne sont pas sans susciter 

de sĂ©rieuses controverses

. Il 

est ainsi question parfois de leur expulsion des sites sinistrĂ©s pour 
cause d’inefficacitĂ© voire d’interfĂ©rence avec les services de secours 

                                                      

51

 

Ethique et LibertĂ©, 

n°37. 

52 

Hubbard Ron, 

ProcĂ©dĂ©s d’instruction et de dĂ©monstration des assists

, New 

Era Publications International, 1983. 

 

75 

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officiels, comme Ă  Chicago lors d’un incendie

53

, Ă  Belsan en 

Tchétchénie

54

 ou Ă  l’hĂŽpital de Vachira en ThaĂŻlande aprĂšs que des 

patients se sont plaints de douleurs occasionnĂ©es par les « 

assists

 Â»

55

.

 

Le ministĂšre de la SantĂ© russe a fini par interdire en 1986 tout usage 
des « procĂ©dures de purification Â» scientologues aprĂšs qu’elles ont Ă©tĂ© 
jugĂ©s inefficaces pour « soigner Â» des enfants irradiĂ©s lors de la 
catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl, ce qui n’empĂȘche pas la 
scientologie de continuer Ă  se vanter des rĂ©sultats qu’elle prĂ©tend avoir 
obtenus Ă  cette occasion. 

 
L’aversion de la scientologie pour les psychiatres et les 

psychologues, responsables selon eux – entre autres mĂ©faits – du 
terrorisme et plus particuliĂšrement des attentats du 11 septembre

56

, est 

telle qu’il est rapportĂ© que certains ministres volontaires n’auraient eu 
de cesse de les Ă©vincer du site du Ground Zero ou des secteurs 
sinistrĂ©s par le tsunami afin de les y remplacer. 

 
La scientologie, sur le front de l’humanitaire, joue parfois sur 

la confusion avec des organisations respectables dont elle se sert pour 
engranger des dons

57

 ou pour « rĂ©cupĂ©rer Â» leur travail  et leur 

notoriété

58

. Pendant la guerre du Kosovo en 1999, elle avait 

revendiquĂ© un partenariat avec la 

Croix-Rouge

 auprĂšs des rĂ©fugiĂ©s 

d’un camp albanais, une information officiellement dĂ©mentie par le 
ComitĂ© international de la cĂ©lĂšbre ONG. La publication suisse qui 
relate l’affaire

59

 prĂ©cise que la scientologie n’en Ă©tait pas Ă  sa premiĂšre 

                                                      

53

 Â« Scientology’s volunteers get frosty reception at fire scene 

», 

Chicago 

Sun

, 9 dĂ©cembre 2004  

54

 

« Scientologists sent packing from Beslan Â»

 

Moscow New,

 22 octobre 2004 

55

 

l’Expressen

, quotidien suĂ©dois, 7 janvier 2005 

56

 Voir la dĂ©claration de Martin Weightman, directeur du Bureau europĂ©en 

des droits de l’Homme de l’

Eglise internationale de Scientologie

, dans son 

communiquĂ© de presse du 28 juillet 2004 ; 

« An anatomy of today’s 

terrorism »

, par John Eatsgate, prĂ©sident de la Commission internationale des 

citoyens pour les droits de l’homme ; voir Ă©galement l’appel lancĂ© par David 
Miscavige, prĂ©sident de la Scientologie, intitulĂ© 

« Wake-up  Call »

RTC, 

Bulletin n°44, 11 septembre 2001. 

57

 Voir l’affaire de la National Mental Health association ; le rapport 2001 de 

la Mils ; 

« La scientologie recrute dans les dĂ©combres Â»

France Soir, 

20 

septembre 2001 ; 

« Mental Health hotline a blind lead series Â»

St Persburg 

Times, 

15 septembre 2001. 

58

 

« Scientology si attribuisce il merito dei soccorsi italiani Â»

Corriere della 

Sera

, 18 janvier 2005. 

59

 

L’Hebdo

, 12 aoĂ»t 1999. 

 

76 

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revendication abusive de proximitĂ© avec la 

Croix Rouge

 : et de citer 

des exemples antĂ©rieurs en IndonĂ©sie ainsi qu’à l’occasion du 
tremblement de terre de Los Angeles en 1994. 

 
On est en prĂ©sence d’un bel exemple de pure Â« propagande Â», 

quand, aprĂšs deux semaines de prĂ©sence revendiquĂ©e Ă  Aulnay-sous-
Bois, la scientologie n’est pas loin de s’attribuer les mĂ©rites du retour 
au calme rapide dans la citĂ©. Ainsi, dans un communiquĂ© du 25 
novembre 2005, elle Ă©crit que le « 

retour Ă  la normale plus rapide que 

dans d’autres citĂ©s 

» serait liĂ© Ă  la prĂ©sence de ses bĂ©nĂ©voles qui s’y 

sont relayĂ©s. 

 
 

Les mises en garde institutionnelles 

 
En 1999, le rapport parlementaire 

Les sectes et l’argent

 

s’intĂ©ressait dĂ©jĂ  Ă  l’action humanitaire des multinationales sectaires 
principalement sous l’angle des transferts financiers. Mais c’est Ă  
l’occasion des inondations dans le sud de la France, la mĂȘme annĂ©e, 
puis de l’explosion de l’usine d’AZF Ă  Toulouse en 2001 que s’est 
manifestĂ©e une rĂ©elle inquiĂ©tude quant aux risques sectaires potentiels 
dans le secteur de l’aide humanitaire. Le rapport  de la MILS s’en 
faisait alors l’écho tout en apportant un Ă©clairage particulier sur la 
mobilisation de grands mouvements sectaires lors des attentats de 
New York du 11 septembre 2001. 

 
Les pouvoirs publics rĂ©agissaient sans retard : le ministĂšre de 

la SantĂ© mettait en garde contre le risque de pĂ©nĂ©tration des sectes sur 
les lieux de catastrophes dans une brochure diffusĂ©e en 2003, 
intitulĂ©e : 

« Accidents collectifs, attentats, catastrophes naturelle : 

conduite Ă  tenir pour les professionnels de santĂ© Â»

. En 2005, le 

secrĂ©tariat d’État aux victimes Ă©ditait un guide destinĂ© Ă  faciliter les 
premiĂšres dĂ©marches des familles et amis de victimes françaises du 
tsunami dans laquelle il Ă©tait recommandĂ© « 

d’ĂȘtre vigilant Ă  l’égard 

de toute personne susceptible d’exploiter leur [votre] souffrance Ă  des 
fins mercantiles ou sectaires 

». 

 
Mais l’action isolĂ©e de la France en ce domaine n’est que 

d’une portĂ©e limitĂ©e. La rĂ©sonance mĂ©diatique planĂ©taire de certaines 
opĂ©rations humanitaires attire ceux pour qui tout individu en situation 
de dĂ©tresse est une proie idĂ©ale sujette Ă  manipulation. Elle leur 
confĂšre dans un mĂȘme temps le masque d’honorabilitĂ© qu’ils 

 

77 

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recherchent en permanence. L’enjeu est donc international. C’est 
pourquoi la commission d’enquĂȘte parlementaire s’intĂ©ressant Ă  
l’argent des sectes avait suggĂ©rĂ© notamment que soit engagĂ©e Â« 

une 

action diplomatique au niveau du Conseil de l’Europe sur les dangers 
du sectarisme et sur la prĂ©sence de sectes au sein d’organisations non 
gouvernementales affichant une vocation humanitaire 

»

 Cette 

recommandation n’a malheureusement pas Ă©tĂ©, Ă  ce jour, suivie 
d’effets. 

 

78 

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2

Ăšme

 PARTIE 

 
 

ACTIVITES 

 
 

 

79 

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2-1  

BILAN DES PROPOSITIONS DU RAPPORT 

  

2004 

 
 
 

Le rapport de la MIVILUDES pour l’annĂ©e 2004 se 

terminait, tout comme le prĂ©cĂ©dent rapport, par dix propositions 
d’action visant Ă  parfaire l’action de la Mission dans le domaine de 
sa compĂ©tence telle que fixĂ© lĂ©galement. Le prĂ©sent chapitre vise Ă  
dĂ©terminer l’état d’avancement de la mise en Ć“uvre de ces 
propositions au cours de l’annĂ©e 2005. 

 
Si certaines propositions se sont rĂ©vĂ©lĂ©es non viables Ă  

l’usage, ou prĂ©maturĂ©es, la grande majoritĂ© des propositions ont Ă©tĂ© 
mises en Ć“uvre. Le rapport 2004 mettait l’accent sur les actions de 
prĂ©ventions Ă  l’égard des jeunes, cible favorite de certains 
mouvements, et sur l’amĂ©lioration de l’aide aux victimes. Sur ces 
deux aspects la MIVILUDES a mis en place une communication sur 
son site 

Internet

, et a dĂ©veloppĂ© des actions de formation pour 

permettre notamment aux personnels de l’Education nationale de 
dĂ©tecter des situations Ă  risque de dĂ©rives sectaires ; les relations se 
sont accentuĂ©es au cours du dernier trimestre avec les associations 
de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des victimes de dĂ©rives sectaires. 

 
La MIVILUDES a vu par ailleurs, au cours de la mĂȘme 

pĂ©riode, les contacts directs avec les particuliers augmenter 
considĂ©rablement par l’envoi de courriels, de lettres et d’appels 
tĂ©lĂ©phoniques. Des rĂ©ponses ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement apportĂ©es 
pour les renseigner ou orienter leurs dĂ©marches. 
 

Sur le plan de la sensibilisation des milieux Ă©conomiques, 

plusieurs expĂ©riences ont Ă©tĂ© menĂ©es dans le cadre de formations de 
certains types d’acteurs de la vie Ă©conomique, et en particulier des 
directeurs des ressources humaines et des directeurs de la sĂ©curitĂ© de 
diverses entreprises ayant sollicitĂ© notre intervention ; cette 
sensibilisation sera poursuivie et dĂ©veloppĂ©e dans l’annĂ©e 2006 eu 
Ă©gard aux contacts initiĂ©s par diffĂ©rents cercles de dirigeants 
d’entreprises, des groupes industriels stratĂ©giques ainsi que des 
reprĂ©sentants d’institutions Ă  vocation Ă©conomique.  

 
La MIVILUDES s’est Ă©galement attachĂ©e Ă  pĂ©renniser et Ă  

dĂ©velopper la rĂ©union des cellules de vigilance prĂ©fectorales. En 

 

80 

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effet, si le nombre de dĂ©partements rĂ©unissant cette instance n’est 
pas encore satisfaisant, comme le montre la carte des prĂ©fectures oĂč 
la vigilance est mise en place, un lĂ©ger mieux a Ă©tĂ© constatĂ© en 
2004 ; il est Ă  noter la prĂ©sence quasiment systĂ©matique d’un 
membre de la Mission dans les cellules de vigilance pour apporter 
un Ă©clairage global au phĂ©nomĂšne et pour s’informer au plus prĂȘt 
des dĂ©rives de mouvements locaux. Il est intĂ©ressant de constater 
que dans certains dĂ©partements, comme le RhĂŽne, des rĂ©unions de 
travail trĂšs rĂ©guliĂšres ont Ă©tĂ© mises en places avec un Ă©tat trĂšs 
avancĂ© de la rĂ©flexion.  
 

S’agissant du contrĂŽle de l’accueil Ă  domicile des personnes 

vulnĂ©rables, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes dĂ©pendants, par 
des assistants agrĂ©Ă©s, un projet d’instructions du ministĂšre de la 
SantĂ© et des SolidaritĂ©s est en cours et doit ĂȘtre adressĂ© aux 
administrations locales notamment les services d’aide sociale sous 
la responsabilitĂ© des prĂ©sidents des conseils gĂ©nĂ©raux. Ce projet, par 
rĂ©fĂ©rence au numĂ©ro de 1998 du Courrier juridique du ministĂšre 
consacrĂ© Ă  l’agrĂ©ment requis pour l’accueil des enfants, rappellera 
en l’étendant Ă  l’ensemble des personnels sociaux concernĂ©s, les 
dispositions jurisprudentielles et administratives Ă  prendre en 
compte dans les notifications ou les refus d’agrĂ©ment, la garantie 
d’un environnement de qualitĂ© des personnes accueillies, le respect 
des libertĂ©s fondamentales de croyances et d’appartenance Ă  des 
groupes religieux ou autres pour l’agrĂ©ment des professionnels 
sociaux. 

ParallĂšlement au ministĂšre de la Justice, le ministĂšre de 

l’Education nationale a portĂ© une attention toute particuliĂšre au 
renforcement du contrĂŽle de l’obligation scolaire par des actions de 
rĂ©flexion sur le thĂšme du contrĂŽle des Ă©lĂšves instruits dans les 
familles et les Ă©coles privĂ©es sous contrat. 
 

Enfin, depuis le 27 mai 2005, une circulaire du Premier 

ministre est venue uniformiser la lutte interministĂ©rielle contre les 
dérives sectaires

60

 

 
 

                                                      

60

 Journal Officiel du 1

er

 juin 2005 

 

81 

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2-2  

ACTIVITE ADMINISTRATIVE  

 MINISTERES 

 
 
 
 
 

 

22-1  

Justice  

 
22-2  

Affaires Ă©trangĂšres  

 
22-3  

IntĂ©rieur, sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et libertĂ©s locales 

 
22-4  

DĂ©fense 

 
22-5  

Économie, finances et industrie  

 
22-6  

Éducation nationale, enseignement supĂ©rieur  

 

et recherche  

 
22-7  

Jeunesse, sports et vie associative 

 
22-8  

Emploi, travail et cohĂ©sion sociale 

 

SolidaritĂ©s, santĂ© et famille  

 

 

 

82 

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22-1  

MINISTÈRE DE LA JUSTICE 

 
 
 
 

Direction des affaires criminelles et des grĂąces 
Direction des affaires civiles et du sceau 

 
 

ACTIVITÉ DE LA MISSION SECTES 

 

Suivi des dossiers d’action publique  

 

Nonobstant la participation du chargĂ© de mission sur les 

questions relatives aux sectes au sein du comitĂ© exĂ©cutif de pilotage 
opĂ©rationnel de la MIVILUDES, la Mission sectes effectue un suivi 
des dossiers d’action publique mettant en cause les mouvements Ă  
caractĂšre sectaire ayant portĂ© atteinte aux droits de l’homme et aux 
libertĂ©s fondamentales, par des agissements rĂ©prĂ©hensibles.  

 
A cet effet, elle est en contact rĂ©gulier avec les magistrats 

dĂ©signĂ©s « correspondants sectes », au sein de chaque Cour d’appel.  

 
Par ailleurs, le chargĂ© de mission sectes entretient des 

relations rĂ©guliĂšres avec ses homologues des autres dĂ©partements 
ministĂ©riels, notamment, les ministĂšres de l’IntĂ©rieur, de la DĂ©fense 
nationale et de la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’emploi et Ă  la formation 
professionnelle. 

 
 

Formation  

 

La Mission sectes est intervenue Ă  plusieurs reprises auprĂšs 

d’administrations et d’associations dans le cadre de la formation sur le 
phĂ©nomĂšne sectaire. 

 
A ce titre, pour la huitiĂšme annĂ©e consĂ©cutive, l’École 

nationale de la magistrature (ENM) a organisĂ© une session d’une 
semaine, animĂ©e par le chargĂ© de mission sectes, Ă  destination de 
magistrats, français et Ă©trangers, et de fonctionnaires des 
administrations concernĂ©es par ce phĂ©nomĂšne. 

 

83 

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Par ailleurs, et pour la premiĂšre fois, des auditeurs de justice 

ont, dans le cadre d’une activitĂ© d’ouverture et de recherche, choisi le 
thĂšme de la protection des mineurs face au phĂ©nomĂšne sectaire. 

 
 

Commission d’accĂšs aux documents administratifs (CADA) 

 
Comme les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, un mouvement a sollicitĂ© la 

communication des documents Ă©laborĂ©s pour la session « sectes Â» au 
titre de la lĂ©gislation CADA.  

 

Il n’est pas inutile de rappeler que la CADA a, le 2 fĂ©vrier 

2004, Ă©mis un avis dĂ©favorable aux demandes tendant Ă  la 
communication des noms et qualitĂ©s des intervenants, ainsi que celui 
des participants aux formations de 1999 Ă  2003, de mĂȘme qu’à la 
demande tendant Ă  l’obtention des courriers adressĂ©s aux participants 
et aux intervenants par l’ENM, pour la mĂȘme pĂ©riode, au motif que les 
documents sollicitĂ©s contenaient des Ă©lĂ©ments traduisant un 
comportement dont la divulgation Ă©tait susceptible de porter prĂ©judice 
aux personnes concernĂ©es, en application de l’article 6-II de la loi de 
1978 modifiĂ©e. 

 

La Mission sectes est rĂ©guliĂšrement interpellĂ©e par diverses 

associations pour obtenir communication des documents, en 
application de la loi susvisĂ©e.  

 
Ces requĂȘtes tendant Ă  la communication de documents sont, 

pour la plupart, Ă©tablies de maniĂšre identique, mais elles n’en 
nĂ©cessitent pas moins un examen et un suivi rĂ©gulier de la part de la 
Mission sectes. 

 
En outre, divers contentieux ont Ă©tĂ© initiĂ©s par un mouvement, 

aux fins, notamment, d’annulation des deux circulaires du ministĂšre 
de la Justice, en date du 29 dĂ©cembre 1996 et du 1

er

 fĂ©vrier 1998, 

relatives Ă  la lutte contre les atteintes aux personnes et aux biens 
commises dans le cadre de mouvements Ă  caractĂšre sectaire. 
 

 
Le Conseil d’État a, par arrĂȘt du 18 mai 2005, rejetĂ© la requĂȘte 

de l’association, considĂ©rant, d’une part : 
- que la transmission en annexe de la liste des mouvements sectaires, 
extraite du rapport de la Commission d’enquĂȘte parlementaire sur les 

 

84 

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sectes en France «

 ne revĂȘt qu’un caractĂšre informatif 

61

 et ne traduit 

pas une volontĂ© de se rĂ©approprier le contenu de cette liste
. Â»

, que 

lesdites circulaires ne contiennent aucune disposition Ă  caractĂšre 
lĂ©gislatif ou rĂ©glementaire ; 

« qu’eu Ă©gard aux risques que peuvent prĂ©senter les pratiques de 

certains organismes communĂ©ment appelĂ©s sectes, alors mĂȘme, que 
ces mouvements prĂ©tendent Ă©galement poursuivre un but religieux, ces 
associations ne sont pas fondĂ©es Ă  soutenir que les circulaires 
prĂ©citĂ©es mĂ©connaĂźtraient le principe de la libertĂ© religieuse
 ».

 

 
Cela Ă©tant, il doit ĂȘtre relevĂ© que, par circulaire du Premier 

ministre du 27 mai 2005 relative Ă  la lutte contre les dĂ©rives sectaires, 
il a Ă©tĂ© demandĂ© Ă  chaque dĂ©partement ministĂ©riel de procĂ©der Ă  la 
mise Ă  jour des circulaires avant le 31 dĂ©cembre 2005, notamment en 
Ă©vitant le recours Ă  ladite liste au profit de l’utilisation des faisceaux 
de critĂšres (tels que prĂ©cisĂ©s dans la circulaire du 29 fĂ©vrier 1996). 

 

Par dĂ©pĂȘche circulaire du 22 novembre 2005, la circulaire du 

Premier ministre a Ă©tĂ© diffusĂ©e Ă  l’ensemble des procureurs gĂ©nĂ©raux 
et mise sur le site intranet Justice, rubrique DACG. 

 

 

Activité juridictionnelle

 

 
 

En matiĂšre pĂ©nale 

 

Trois dĂ©cisions mĂ©ritent d’ĂȘtre signalĂ©es dans le domaine de 

la lutte contre les atteintes aux personnes et aux biens commises par 
des mouvements Ă  caractĂšre sectaire : il s’agit de l’affaire dite  
« 

NĂ©ophare

 Â», celle concernant « la 

kinésiologie

 Â», la troisiĂšme dite de 

la mĂ©thode Â« 

Ryke Hamer

 Â». 

 

-

 

affaire dite « NĂ©ophare » 

 

Nonobstant la premiĂšre condamnation d’un mouvement 

sectaire en tant que personne morale

62

, il doit ĂȘtre rappelĂ© que, depuis 

                                                      

61

 Le Conseil d’État a rejetĂ©, le 6 octobre 1999, le recours de la 

CommunautĂ© 

de la ThĂ©baĂŻde

, Ă  l’encontre de la circulaire du 29 fĂ©vrier 1996, au motif que 

cette circulaire ne contenait aucune disposition Ă  caractĂšre rĂ©glementaire. 

62

 Le 28 septembre 2004, la cour de cassation a confirmĂ© la condamnation 

prononcĂ©e par la Cour d’appel de Paris, le 13 octobre 2003, Ă  l’encontre de 

 

85 

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la promulgation de la loi du 12 juin 2001 tendant Ă  renforcer la 
prĂ©vention et la rĂ©pression des mouvements sectaires portant atteinte 
aux droits de l’homme et aux libertĂ©s fondamentales, le Tribunal 
correctionnel de Nantes a eu Ă  connaĂźtre de l’application de l’article 
223-15-2 du code pĂ©nal rĂ©primant le dĂ©lit d’abus de faiblesse.  

 
M. Arnaud Mussy, responsable de la communautĂ© 

NĂ©ophare

 a 

Ă©tĂ© condamnĂ© par la juridiction nantaise Ă  trois ans d’emprisonnement 
avec sursis de ce chef. Sur appel de l’intĂ©ressĂ©, la Cour d’appel de 
Rennes a confirmĂ©, le 12 juillet 2005, le jugement y rajoutant, une 
peine d’amende de 10.000 euros. Cette dĂ©cision est aujourd’hui 
dĂ©finitive, en l’absence de pourvoi

63

 

-

 

- affaire dite de « la kinĂ©siologie » 

 

Ce dossier est emblĂ©matique, en ce sens, qu’il ne s’agit pas 

d’un procĂšs concernant une structure sectaire, mais d’adhĂ©rents Ă  une 
doctrine thĂ©rapeutique non rĂ©glementĂ©e qui les ont conduits Ă  priver 
de soins un enfant de 16 mois, en ayant entraĂźnĂ© la mort.  

 
Les parents de l’enfant ont Ă©tĂ© condamnĂ©s par la cour 

d’assises du FinistĂšre, le 3 juin 2005, Ă  la peine de cinq ans 
d’emprisonnement, dont cinquante-deux mois avec sursis et mise Ă  
l’épreuve pendant trois ans. Par ailleurs, trois mĂ©decins ont Ă©tĂ© 
condamnĂ©s Ă  la peine de 3000 euros d’amende pour non-assistance Ă  
personne en danger. 

 

-

 

- affaire dite de « la mĂ©thode Ryke Hamer » 

 

A titre liminaire, il doit ĂȘtre rappelĂ© en quoi consiste cette 

thĂ©orie qui, malgrĂ© le dĂ©cĂšs de patients adhĂ©rant Ă  cette thĂšse, fait 

                                                                                                                  

l’

Association spirituelle de l’Église de scientologie d’Ile-de-France

, en tant 

que personne morale, pour traitement d’informations nominatives malgrĂ© 
l’opposition lĂ©gitime de la personne 

; le prĂ©sident de l’association a 

Ă©galement Ă©tĂ© condamnĂ© de ce chef ainsi que d’entrave Ă  l’action de la 
CNIL(commission nationale informatique et libertĂ©s). 

63

 Au 25 janvier 2006, il a pu ĂȘtre comptabilisĂ© seize procĂ©dures ouvertes du 

chef d’abus de faiblesse et autres chefs dont la procĂ©dure 

NĂ©ophare

. Sur ces 

seize procĂ©dures, deux enquĂȘtes prĂ©liminaires ont Ă©tĂ© classĂ©es sans suite, un 
non lieu partiel a Ă©tĂ© rendu du chef d’abus de faiblesse, une information 
judiciaire a Ă©tĂ© clĂŽturĂ©e par une ordonnance de non-lieu, les onze autres 
informations judiciaires sont en cours. 

 

86 

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encore l’objet d’un soutien inconditionnel de particuliers par des 
pĂ©titions en faveur de Ryke Hamer. 

 

Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e en 1981 par Ryke Hamer sous le 

nom Â« loi d’Airain du cancer Â» Ă  partir de son expĂ©rience personnelle, 
l’intĂ©ressĂ© ayant lui-mĂȘme dĂ©veloppĂ© un cancer des testicules Ă  la 
suite du dĂ©cĂšs de son fils, Dirk, tuĂ© par balle en 1978. 

 

Ryke Hamer, mĂ©decin en Allemagne, explique que le cancer 

est dĂ» Ă  un choc psychologique, conflit dramatique vĂ©cu dans 
l’isolement, appelĂ© « Dirk Hamer Syndrome Â» qui entraĂźne, au niveau 
du cerveau, l’apparition du foyer dit de Hamer, dĂ©celable grĂące Ă  un 
scanner cĂ©rĂ©bral. La teneur du conflit dĂ©termine la localisation du 
cancer ainsi que celle du foyer Hamer, l’entretien avec le malade 
permet de dĂ©terminer la cause du conflit, de le rĂ©soudre et d’entraĂźner 
la guĂ©rison, le foyer de Hamer s’entourant alors d’un ƓdĂšme de 
guĂ©rison visible au scanner. Ryke Hamer Ă©carte toute intervention 
mĂ©dicale, chimiothĂ©rapie, radiothĂ©rapie et mĂȘme usage de la 
morphine, seule la prise de cortisone Ă©tant prĂ©conisĂ©e. 

 

Le 10 mai 1996, une information judiciaire a Ă©tĂ© ouverte, au 

Tribunal de grande instance de ChambĂ©ry, sur plainte du Conseil 
dĂ©partemental de l’Ordre des mĂ©decins, pour exercice illĂ©gal de la 
mĂ©decine, non-assistance Ă  personne en danger et escroquerie.  

 

L’information Ă©tablissait qu’une association « 

Stop au 

cancer Â» avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en France, afin de promouvoir la thĂ©orie 
susvisĂ©e, d’organiser des confĂ©rences et des comitĂ©s locaux. Il Ă©tait 
par ailleurs dĂ©montrĂ© qu’en 1996, 186 personnes avaient pris contact 
avec l’association, une centaine avait eu un rendez-vous et une 
centaine avait fourni un scanner. Pour certains, il Ă©tait conseillĂ© de 
refuser les soins traditionnels et du MĂ©drol leur avait Ă©tĂ© prescrit. 

 

Si Ryke Hamer, interdit d’exercer en Allemagne depuis 1986, 

bĂ©nĂ©ficiait d’une relaxe des chefs d’exercice illĂ©gal de la mĂ©decine, de 
complicitĂ© de ce dĂ©lit et de non-assistance Ă  personne en danger par 
l’un des membres de l’association, par dĂ©cision du tribunal 
correctionnel du 17 mars 2000, il Ă©tait condamnĂ©, par dĂ©faut, Ă  la 
peine de dix-huit mois d’emprisonnement, dont neuf mois avec sursis, 
et Ă  une amende de 50.000 francs, pour complicitĂ© d’exercice illĂ©gal 
de la mĂ©decine commis par un autre membre de l’association et 
escroquerie ; l’intĂ©ressĂ© ayant continuĂ© Ă  avoir des contacts, jusqu’en 

 

87 

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1995, avec ce membre, donnait des conseils sur l’application de sa 
thĂ©orie et sur l’interprĂ©tation des scanners. Par ailleurs, et alors qu’il 
Ă©tait interdit d’exercer en Allemagne, qu’il n’était inscrit sur aucun 
tableau en France, Ryke Hamer continuait Ă  se prĂ©valoir de sa qualitĂ© 
de mĂ©decin pour diffuser sa thĂ©orie et convaincre les malades de 
l’appliquer, percevant notamment par mandats internationaux la 
somme de 200.000 francs, entre 1994 et 1996. 

 

La Cour d’appel de ChambĂ©ry, par arrĂȘt rĂ©putĂ© contradictoire, 

du 1

er

 juillet 2004, condamnait Ryke Hamer pour escroquerie et 

complicitĂ© d’exercice illĂ©gal de la mĂ©decine Ă  la peine de trois ans 
d’emprisonnement, eu Ă©gard Ă  deux condamnations en Allemagne 
pour des faits similaires, Ă  la particuliĂšre gravitĂ© des faits Ă  l’origine 
de drames familiaux Ă©pouvantables, de nombreuses personnes Ă©tant 
dĂ©cĂ©dĂ©es dans d’atroces souffrances, laissant leurs proches dĂ©sespĂ©rĂ©s 
et rĂ©voltĂ©s. La Cour d’appel dĂ©livrait un mandat d’arrĂȘt Ă  l’encontre de 
Ryke Hamer, ce dernier ayant toujours refusĂ© de comparaĂźtre devant 
les juridictions françaises, n’hĂ©sitant pas toutefois Ă  se rĂ©pandre en 
Ă©crits Ă  caractĂšre anti-sĂ©mite, montrant ainsi le peu de cas qu’il fait de 
la personne humaine. 

 
Le 31 mai 2005, la chambre criminelle de la Cour de cassation 

a rejetĂ© le pourvoi en cassation de Ryke Hamer. 

 
Par arrĂȘt du 9 fĂ©vrier 2006, la Cour d’appel de Paris a admis 

Ryke Hamer au bĂ©nĂ©fice de la libĂ©ration conditionnelle Ă  compter du 
15 fĂ©vrier 2006. 
 

 

En matiĂšre civile 

 

Le contentieux civil Ă©tant abondant, notamment dans le cadre 

du contentieux familial (divorce), l’arrĂȘt rendu par la Cour d’appel 
d’Aix-en-Provence, le 8 septembre 2005, a retenu l’attention de la 
Mission sectes.  

 
La Cour a estimĂ© qu’il y avait lieu, dans l’intĂ©rĂȘt de l’enfant, 

de faire droit Ă  la demande du pĂšre tendant Ă  l’interdiction d’emmener 
l’enfant sur les lieux du culte des 

TĂ©moins de JĂ©hovah,

 en revanche, il 

ne peut ĂȘtre interdit Ă  la mĂšre de mettre l’enfant en prĂ©sence 
d’adeptes, ceux-ci pouvant ĂȘtre Ă©galement des amis qu’elle a droit de 
frĂ©quenter librement ; cette juridiction prĂ©cise notamment que les 

 

88 

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obligations et les interdictions imposĂ©es Ă  un petit enfant de 5 ans ne 
sont pas appropriĂ©es au dĂ©veloppement psychologique de celui-ci qui 
n’est pas en Ăąge de faire la part des choses. Elles l’amĂšnent Ă  un rejet 
des idĂ©es de son pĂšre, qui ne sont pas conformes Ă  celles de sa mĂšre. 
Par ailleurs, il est dommageable pour l’enfant de ne pas bĂ©nĂ©ficier, 
comme ses camarades d’école, des rĂ©jouissances des fĂȘtes de NoĂ«l et 
de PĂąques qui ont, pour beaucoup, perdu leur caractĂšre religieux mais 
sont souvent l’occasion de rĂ©unions familiales qui participent Ă  
l’épanouissement de l’enfant et Ă  son intĂ©gration dans la sociĂ©tĂ©. 

 
 

ANALYSE DE LA MISSION SECTES  

 

Les travaux de la Mission sectes ont portĂ© essentiellement, 

pour l’annĂ©e 2005, sur le suivi des mouvements pseudo-guĂ©risseurs, 
ainsi que sur certains organismes de formation professionnelle. Ces 
derniers reposent sur une dĂ©marche de dĂ©veloppement personnel des 
participants sans l’acquisition de compĂ©tences ou de qualifications 
professionnelles reconnues, ou poursuivent des objectifs Ă  caractĂšre 
(psycho) thĂ©rapeutique, philosophique ou spirituel.  

 
Les actions proposĂ©es dans ce cadre ne sont pas susceptibles 

d’ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme entrant dans le champ lĂ©gal de la formation 
professionnelle.  

 

A cet Ă©gard, la Mission sectes et la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  

l’emploi et Ă  la formation professionnelle travaillent sur cette 
problĂ©matique. Les procureurs de la RĂ©publique doivent veiller Ă  ce 
que les dispositions du code du travail (articles L. 920-6 et suivants) 
soient strictement appliquĂ©es. En effet, le marchĂ© de la formation 
professionnelle gĂ©nĂšre prĂšs de 22 milliards d’euros de flux financiers, 
et il est recensĂ© prĂšs de 45.000 organismes prestataires, ces derniers 
pouvant par ailleurs bĂ©nĂ©ficier d’un rĂ©gime d’exonĂ©ration de TVA. 

  

En outre, ainsi que l’observe la MIVILUDES, des 

groupuscules ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s, Ă  l’occasion d’agissements attentatoires 
Ă  la libertĂ© individuelle. Cette Ă©mergence nĂ©cessite une vigilance 
accrue des pouvoirs publics, notamment au sein des cellules de 
vigilance dĂ©partementales auxquelles participent les magistrats du 
parquet et lors des rĂ©unions organisĂ©es par les correspondants sectes. 
Il serait, Ă  cet Ă©gard, opportun que ces rĂ©unions soient rĂ©activĂ©es sur le 

 

89 

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ressort de chaque Cour d’appel et fassent l’objet de comptes-rendus Ă  
la DACG.  

 
Enfin, il doit ĂȘtre observĂ© qu’il existe encore, malgrĂ© une prise 

en compte par les pouvoirs publics du phĂ©nomĂšne sectaire, des 
rĂ©ticences de la part de l’autoritĂ© judiciaire Ă  considĂ©rer les 
dĂ©clarations des adeptes victimes, lesquels n’apportent pas de 
tĂ©moignages suffisamment circonstanciĂ©s Ă  l’appui de leurs plaintes. 
L’échange d’informations avec les services dĂ©concentrĂ©s et les 
associations de dĂ©fense des victimes des sectes, tel que prĂ©cisĂ© dans la 
circulaire du 1

er

 fĂ©vrier 1998, doit ĂȘtre poursuivi, notamment 

s’agissant du cas des enfants et des adolescents embrigadĂ©s dans les 
mouvements sectaires, afin de leur assurer la protection qui leur est 
due. 

 
 
 

Direction de la Protection judiciaire de la jeunesse 

 
 

Un partenariat interne au ministĂšre 

 

 

En partenariat avec la Mission sectes de la Direction des 

affaires criminelles et des grĂąces, la Direction de la protection 
judiciaire de la jeunesse (DPJJ) a notamment effectuĂ© le suivi rĂ©gulier 
des dossiers d’assistance Ă©ducative relatifs Ă  des mineurs suivis par les 
juges des enfants et prĂ©sentant un lien direct avec une problĂ©matique 
sectaire. Au cours de l’annĂ©e 2005, une dizaine de « dossiers 
vivants Â», concernant une centaine de mineurs, a ainsi fait l’objet d’un 
suivi et d’une rĂ©actualisation, s’accompagnant d’une remise Ă  jour de 
la synthĂšse des mineurs concernĂ©s. Parmi les pistes de travail 
susceptibles d’ĂȘtre empruntĂ©es au cours de l’annĂ©e 2006, semble 
devoir ĂȘtre privilĂ©giĂ©e l’instauration d’un correspondant sectes PJJ au 
sein de chacune des Directions rĂ©gionales de la protection judiciaire 
de la jeunesse, en lien avec le correspondant des Cours d’appel. 

 

Formation 

 

Quelques agents de la protection judiciaire de la jeunesse ont 

participĂ© au titre de l’annĂ©e 2005 Ă  la session de formation « les 

 

90 

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sectes Â» qui s’est dĂ©roulĂ©e Ă  l’École nationale de la magistrature Ă  
Paris. 

 
Une meilleure diffusion de l’information relative Ă  cette 

formation semble devoir ĂȘtre envisagĂ©e au sein de la DPJJ, le faible 
nombre de participants s’expliquant par la mĂ©connaissance, ou la 
connaissance tardive, de l’existence de cette formation. 

 

 

91 

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22-2 MINISTÈRE DES AFFAIRES Ă‰TRANGÈRES 

 
 
 

En 2005, le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres a poursuivi son 

travail d’explication et d’illustration de la politique française de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires. Ces actions ne sont souvent pas bien 
comprises par beaucoup de nos interlocuteurs pour lesquels la notion 
mĂȘme de « secte Â» est inconnue ; ceci est particuliĂšrement vrai dans le 
monde anglo-saxon et en Scandinavie oĂč la multitude d’églises 
d’obĂ©dience protestante brouille la vision qu’ont les pouvoirs publics 
aussi bien que l’opinion des dĂ©rives sectaires. 
 

Ce dĂ©partement ministĂ©riel et les services diplomatiques 

français ont organisĂ© en 2005 deux missions de la MIVILUDES, l’une 
Ă  Londres, l’autre Ă  Munich. 
 

La mission effectuée à Londres

, le 11 fĂ©vrier 2005, a permis 

aux responsables de la MIVILUDES d’exposer aux responsables 
britanniques l’action des pouvoirs publics français en matiĂšre de lutte 
contre les dĂ©rives sectaires et de prendre connaissance des modalitĂ©s 
de l’action des autoritĂ©s britanniques dans ce domaine. La 

« charity 

commission »

64

 s’assure du caractĂšre intĂšgre des Ɠuvres et veille Ă  

leur bonne gestion ; elle n’a pas le sentiment que le phĂ©nomĂšne 
sectaire soit trĂšs rĂ©pandu au Royaume Uni. La direction du 

Home 

Office

 chargĂ©e du dialogue avec toutes les religions 

(« cohesion  and 

fair unit Â»)

 ne suit les sectes que de maniĂšre marginale. Enfin 

l’association 

« Inform 

» dĂ©pendant de la 

London School of Economics

 

s’efforce de rĂ©unir des informations objectives sur les nouveaux 
mouvements religieux et les 

« cults Â»

, terme prĂ©fĂ©rĂ© Ă  celui de 

« sects »

. Ses informations proviennent des groupes eux-mĂȘmes ou de 

ceux qui s’en estiment victimes. 

« Inform »

 ne porte pas de jugements 

publics et ne conseille pas le gouvernement ; elle se contente de 
signaler les cas qui lui paraissent pouvoir prĂ©senter un rĂ©el danger 
(lorsque des enfants peuvent ĂȘtre victimes d’abus notamment). Son 
approche ouverte et non dĂ©nonciatrice lui vaut des critiques de la part 
de ceux qui soutiennent ces mouvements comme de la part de ceux 
qui les combattent, mais son atout rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  mobiliser 

                                                      

64

 Organisme public indĂ©pendant chargĂ© de contrĂŽler l’activitĂ© des 

associations d’utilitĂ© publique, dont les organismes religieux. 

 

92 

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une grande quantitĂ© d’informations et une documentation variĂ©e 
permettant d’avoir une vision prĂ©cise des phĂ©nomĂšnes sectaires. 
 

La mission Ă  Munich,

 les 21 et 22 avril, a permis aux 

responsables de la MIVILUDES de rencontrer les administrateurs 
bavarois du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et du ministĂšre de l’Education et 
des Cultes chargĂ©s de ces questions ainsi que des responsables de la 
Ville de Munich et des Églises catholiques et luthĂ©riennes. Les 
approches et les problĂšmes rencontrĂ©s en France et en BaviĂšre sont 
trĂšs proches, avec des situations souvent comparables (effacement des 
« grandes » sectes telles 

Moon, RaĂ«l 

ou 

Hare Krishna

 ; apparition de 

groupuscules beaucoup plus difficiles Ă  cerner 

; apparition de 

groupuscules satanistes). Il a Ă©tĂ© convenu que les Ă©changes 
d’informations devraient se poursuivre par une venue Ă  Paris d’une 
dĂ©lĂ©gation bavaroise. 
 

ParallĂšlement, le travail d’explication de notre action au 

niveau diplomatique s’est poursuivi en particulier dans les enceintes 
internationales en marge de confĂ©rences consacrĂ©es Ă  des thĂšmes 
pouvant concerner l’attitude Ă  avoir envers les mouvements sectaires 
(confĂ©rences organisĂ©es Ă  Varsovie par le Conseil de l’Europe en mai, 
et par l’OSCE Ă  Cordoue en juin). La venue en France de 
reprĂ©sentants des grandes organisations internationales est aussi mise 
systĂ©matiquement Ă  profit pour prĂ©senter et expliquer notre action. Ce 
fut le cas en particulier lors de la visite de Mme Jahangir (18-29 
septembre 2005), rapporteuse spĂ©ciale sur la libertĂ© de conviction et 
de religion de la Commission des droits de l’homme des Nations-
Unies ainsi que lors de la venue de M. Gil RoblĂšs, commissaire aux 
droits de l’homme du Conseil de l’Europe (5-20 septembre 2005). 
 

Une des actions les plus significatives au plan international a 

Ă©tĂ© l’octroi le 13 juillet par le Conseil de l’Europe, du statut 
participatif Ă  la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et 
d’information sur le sectarisme (FECRIS). Intervenant aprĂšs plus de 
trois ans de blocages et de batailles de procĂ©dures exclusivement dus Ă  
des manƓuvres probablement pilotĂ©es en sous-main par divers 
mouvement sectaires, cette mesure marque un coup d’arrĂȘt bienvenu Ă  
l’interventionnisme de certains mouvements sectaires dans plusieurs 
instances internationales. Elle a eu un grand retentissement dans les 
milieux sectaires et dans ceux qui cherchent Ă  contrer leur influence.  

 

93 

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22-3  

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR ET DE 
L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

 

 
 
 

En raison du caractĂšre protĂ©iforme du phĂ©nomĂšne sectaire et 

de la dangerositĂ© de l’activitĂ© de certains groupes, le ministĂšre de 
l’IntĂ©rieur et de l’AmĂ©nagement du territoire exerce un suivi vigilant 
de l’évolution du paysage sectaire. 
 

L’annĂ©e 2005 a confirmĂ© des tendances observĂ©es en 2004. 

C’est le cas notamment du dĂ©veloppement des dĂ©viances guĂ©risseuses. 
De fait, les groupes et les rĂ©seaux articulĂ©s autour de pratiques 
thĂ©rapeutiques alternatives prolifĂšrent. Certains diffusent des 
prĂ©ceptes de traitement de maladies particuliĂšrement dangereux pour 
la santĂ© des individus, comme par exemple le recours exclusif Ă  la 
priĂšre. 
 

D’autres constantes peuvent ĂȘtre relevĂ©es, comme le 

dĂ©veloppement de la mouvance chamaniste, qui propage des mĂ©thodes 
de dĂ©veloppement personnel parfois trĂšs dangereuses, telle le 
« respirianisme » qui prĂ©conise de cesser toute alimentation solide. 
 

La mouvance satano-gothique est Ă©galement ancrĂ©e dans le 

paysage sectaire. Le nombre de profanations satanistes dans les 
cimetiĂšres et dans les Ă©glises demeure important : 32 exactions ont 
ainsi Ă©tĂ© relevĂ©es (29 en 2004). Le double suicide de deux 
adolescentes imprĂ©gnĂ©es de culture gothique, Ă  Ivry-sur-Seine (Val-
de-Marne) en septembre 2005, est Ă©galement Ă  dĂ©plorer. 
 

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les actions de prosĂ©lytisme demeurent 

dirigĂ©es vers les groupes d’individus fragilisĂ©s. A cet Ă©gard, peut ĂȘtre 
citĂ©e la poursuite d’opĂ©rations menĂ©es au nom de la lutte contre la 
toxicomanie ou du soutien apportĂ© aux personnes emprisonnĂ©es. Un 
fait original a Ă©tĂ© constatĂ© en 2005 puisque des jeunes des citĂ©s ont pu 
faire l’objet de tentatives d’approche par certaines organisations aprĂšs 
les violences urbaines du mois de novembre. 
 

En complĂ©ment du travail de suivi et d’analyse du phĂ©nomĂšne 

des dĂ©rives sectaires, la Direction centrale des renseignements 
gĂ©nĂ©raux (DCRG) continue Ă  mener des actions d’information et de 

 

94 

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formation destinĂ©es aux personnels de police et d’autres 
administrations intĂ©ressĂ©es.  
 

Outre des cycles rĂ©guliers de formation rĂ©servĂ©s aux policiers 

mutĂ©s aux RG, une information est prĂ©sentĂ©e dans quelques Ă©coles de 
gardiens de la paix, ainsi que – systĂ©matiquement – Ă  l’Ecole des 
officiers. Des actions de sensibilisation aux dĂ©rives sectaires sont 
Ă©galement menĂ©es en direction des personnels d’autres ministĂšres, 
comme celui de la Justice pour les personnels duquel les 
fonctionnaires des RG interviennent lors d’une session annuelle de 
formation. 
 

En 2006, pour une plus grande efficacitĂ© de la prĂ©vention et de 

la lutte contre les dĂ©rives sectaires, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur et de 
l’AmĂ©nagement du territoire va continuer Ă  adapter son dispositif Ă  
l’évolution du phĂ©nomĂšne sectaire, notamment en matiĂšre de recueil 
et d’échange des informations. 
 

Au sein de la DCRG, un nouveau dispositif du suivi du 

phĂ©nomĂšne sectaire va ĂȘtre mis en place afin, d’une part, d’amĂ©liorer 
la dĂ©tection des dĂ©rives sectaires, et d’autre part, de permettre 
l’élaboration de donnĂ©es statistiques nationales affinĂ©es. Une 
procĂ©dure de transmission accĂ©lĂ©rĂ©e par les dĂ©partements de « fiches 
d’alerte Â» signalant Ă  la DCRG toute attitude individuelle, structure, 
doctrine nouvelle qui intrigue ou inquiĂšte, sera ainsi mise en Ɠuvre. 
De plus, une Ă©valuation du paysage sectaire sera effectuĂ©e tout au long 
de l’annĂ©e Ă  partir de l’analyse des Â« 

fiches de prĂ©sentation 

analytique 

» des Directions dĂ©partementales des renseignements 

gĂ©nĂ©raux qui enregistrent localement les dĂ©rives sectaires. 
 

Par ailleurs, en 2006, dans le cadre du programme de 

simplification de l’organisation et du fonctionnement des 
commissions administratives, la rĂ©organisation du dispositif 
partenarial mis en place localement pour lutter contre les dĂ©rives 
sectaires sera menĂ©e Ă  terme. 
 

Une nouvelle instance, le « 

conseil dĂ©partemental de 

prĂ©vention de la dĂ©linquance, d’aide aux victimes et de lutte contre la 
drogue, les dĂ©rives sectaires et les violences faites aux femmes

 Â», sera 

mise en place. Elle sera chargĂ©e de dĂ©velopper l’échange 
d’informations et de coordonner l’action en matiĂšre de prĂ©vention et 
de lutte contre les dĂ©rives sectaires. Afin de faciliter la dĂ©tection de 

 

95 

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cas de dĂ©rives sectaires, elle associera Ă  ses travaux les services de 
l’État, ceux des collectivitĂ©s territoriales et les partenaires du milieu 
associatif. 
 

Un projet de dĂ©cret fixant notamment les modalitĂ©s de 

composition, d’organisation et de fonctionnement du conseil a Ă©tĂ© 
prĂ©parĂ©, et devrait ĂȘtre soumis au Conseil d’État au cours du premier 
trimestre 2006. 

 

96 

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22-4  

MINISTÈRE DE LA DÉFENSE  

 

 

ReprĂ©sentant le ministĂšre de la DĂ©fense au sein de la 

MIVILUDES, la gendarmerie nationale inscrit son action dans deux 
domaines principaux :  
 

-

 

le suivi et l’analyse du phĂ©nomĂšne en apportant une attention 
toute particuliĂšre Ă  la protection des mineurs et aux 
communautĂ©s qui adoptent un mode vie autarcique ; 

 

-

 

la lutte contre les dĂ©rives constatĂ©es, d’initiative ou sur saisine 
de l’autoritĂ© judiciaire, en diligentant des enquĂȘtes relatives 
aux violations de la loi et des rĂšglements ou aux atteintes Ă  
l’ordre public.  

 
 

Evolution du phĂ©nomĂšne 

 

Le phĂ©nomĂšne a continuĂ© au cours des derniers mois, Ă  gagner 

en nombre, en diversitĂ© et en complexitĂ©.  
 

Les quelques grands mouvements bien connus demeurent trĂšs 

prĂ©sents et trĂšs actifs, notamment dans les secteurs de la formation 
professionnelle, du dĂ©veloppement personnel ou du soutien scolaire, 
mais la tendance gĂ©nĂ©rale, confirmĂ©e ces derniĂšres annĂ©es, est Ă  la 
multiplication de micro-structures. Ces derniĂšres s’organisent de plus 
en plus souvent de maniĂšre informelle et elles utilisent largement 
l’

Internet

 comme vecteur de promotion, prouvant ainsi qu’elles savent 

s’adapter aux techniques modernes.  
 

Un essor considĂ©rable des petites structures 

 

Dans le seul domaine de la santĂ©, oĂč l’activisme des 

mouvements caractĂ©risĂ©s par des dĂ©rives sectaires est le plus fort ces 
derniĂšres annĂ©es, plusieurs milliers de nouvelles associations sont 
dĂ©clarĂ©es annuellement au plan national. Toutes ne sont pas nocives 
mais cet essaimage rend le contrĂŽle de plus en plus difficile : outre la 
vĂ©rification de l’objet dĂ©fini par les statuts, pour s’assurer qu’il n’est 
pas illicite, contraire aux lois, aux bonnes mƓurs ou ne porte pas 
atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© du territoire, une vigilance constante s’impose 
pour vĂ©rifier, si besoin est, que les agissements rĂ©els de l’association 

 

97 

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ne diffĂšrent pas sensiblement des statuts et ne tombent pas sous le 
coup d’une qualification pĂ©nale.  
 

Une extraordinaire diversitĂ© des techniques et des mĂ©thodes proposĂ©es  

 

On relĂšve que l’engouement pour les thĂ©rapies alternatives ne se 

relĂąche pas. Dans ce cadre des « mĂ©decines parallĂšles Â», la frontiĂšre 
entre mĂ©thodes tolĂ©rables ou inoffensives et pratiques nocives est 
souvent difficile Ă  Ă©tablir avant que les dĂ©gĂąts ne soient commis. De 
plus, de nombreuses pratiques proposĂ©es au public soulĂšvent de 
sĂ©rieuses interrogations.  
 

-

 

une diversitĂ© au plan global, marquĂ©e nĂ©anmoins par des 
tendances et un certain effet de mode : le 

coaching

 de 

dĂ©veloppement personnel, la popularitĂ© des massages sous 
toutes les formes, l’utilisation de plantes hallucinogĂšnes, 
notamment l’Ayahuasca, 
 La mise en oeuvre de ces 
techniques a souvent rĂ©vĂ©lĂ© des dĂ©rives de type sectaire.  

 

-

 

une diversitĂ© au plan individuel, les « thĂ©rapeutes Â» proposent 
un panel de techniques de plus en plus large : Ă  titre 
d’exemples relevĂ©s sur l’

Internet

, un animateur de stages 

propose la mĂ©ditation, le yoga, la voyance, les massages 
tantriques, le 

coaching

, l’accompagnement psy (deuil, 

rupture), la prĂ©paration et le suivi d’accouchement, la gestion 
du stress
 Le sĂ©rieux d’hommes orchestres de cet acabit peut 
naturellement ĂȘtre mis en doute, personne ne pouvant 
prĂ©tendre maĂźtriser autant de domaines et en garantir 
l’efficacitĂ©. 

 

Des « thĂ©rapeutes ou praticiens Â» capables de s’adapter rapidement 
aux techniques en vogue 

 

La consultation des sites 

Internet

 et les signalements portĂ©s Ă  

la connaissance des unitĂ©s ne manquent pas de mettre en lumiĂšre la 
capacitĂ© de certains praticiens Ă  rebondir rapidement et Ă  se prĂ©valoir 
d’une grande expĂ©rience dans de nombreux domaines, la majoritĂ© 
dĂ©clarant avoir longuement Ă©tudiĂ© et approfondi les thĂ©rapies 
proposĂ©es, alors mĂȘme qu’aucun systĂšme de validation n’existe.  

Cette tendance a de quoi inquiĂ©ter, notamment lorsque l’on 

constate que certains organismes assurent des formations de praticiens 

 

98 

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en quelques jours. On est alors en prĂ©sence objective de pseudo-
thĂ©rapeutes autoproclamĂ©s susceptibles de s’organiser en rĂ©seaux. 
 

Des structures spĂ©cifiques en dĂ©veloppement qui mettent en place  
des Ă©changes entre associations, confĂ©renciers ou praticiens. 

 

Quelques centres de formation sont devenus des fournisseurs 

de moyens, assurant la promotion et l’organisation des stages et des 
confĂ©rences, mettant Ă  disposition de praticiens connus pour leur 
appartenance Ă  des mouvements sectaires les locaux nĂ©cessaires Ă  leur 
activitĂ© et assurant la gestion financiĂšre.  

Inversement, il est signalĂ©, dans quelques dĂ©partements du 

sud-ouest et du centre, que des thĂ©rapeutes s’appuient sur le rĂ©seau des 
gĂźtes ruraux et des chambres d’hĂŽtes, pour proposer Ă  la fois des 
stages et un Â« tourisme vert Â», assortis le plus souvent de sĂ©ances de 
jeĂ»ne, d’effort physique intense, puis de sĂ©ances rĂ©paratrices, au 
double plan spirituel et physique.  
 

L’Internet, support incontournable de propagande et de recrutement 

 

L’

Internet

 favorise des formes de prosĂ©lytisme multiples et il 

permet surtout Ă  leurs promoteurs une approche beaucoup plus 
discrĂšte. Les sites, les pages personnelles relatant les expĂ©riences et 
les forums de discussion n’ont cessĂ© de se multiplier ces derniĂšres 
annĂ©es proposant d’innombrables stages et confĂ©rences.  
 

L’

Internet

 facilite aussi les pratiques en rĂ©seaux constituĂ©s 

d’individus isolĂ©s au dĂ©part, mais qui se regroupent en fonction 
d’affinitĂ©s quant Ă  leurs mĂ©thodes thĂ©rapeutiques ou 
psychothĂ©rapeutiques.  
 

Toutes ces derniĂšres tendances ont permis Ă  de nombreux 
groupuscules ou Ă  des individus d’éviter de se constituer en 
association et d’avoir un siĂšge fixe. Cette maniĂšre d’agir 
complique une nouvelle fois les contrĂŽles et constitue un rĂ©el 
danger pour les « clients-patients » Ă©ventuels. 

 
 

Principales dĂ©rives signalĂ©es ou observĂ©es 

 

En 2005, alors que tout donne Ă  penser que les risques se 

multiplient, les signalements portĂ©s Ă  la connaissance des unitĂ©s de 

 

99 

background image

gendarmerie par des particuliers ou par des Ă©lus restent, en nombre, Ă  
peu prĂšs Ă©quivalents aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Ils portent 
essentiellement sur des atteintes aux biens (escroquerie) et des 
atteintes aux personnes (abus de faiblesse, exercice illĂ©gal de la 
mĂ©decine). 

 

Dans le domaine de la santĂ© 

 

-

 

L’attention des unitĂ©s a Ă©tĂ© une nouvelle fois appelĂ©e sur les 

agissements de quelques associations ciblant notamment les droguĂ©s, 
les personnes dĂ©pendantes de l’alcool. Ces structures proposent en 
gĂ©nĂ©ral des traitements palliatifs Ă  base de plantes hallucinogĂšnes, 
sans aucun contrĂŽle mĂ©dical, et sans aucune validation scientifique. 
 

Il est Ă  souligner que des investigations menĂ©es en 2004 et en 

2005 avaient conduit Ă  un classement de l’ayahuasca (plante 
hallucinogĂšne) comme produit stupĂ©fiant (arrĂȘtĂ© publiĂ© au journal 
officiel du 3 mai 2005). La dangerositĂ© rĂ©side dans le fait que des 
distributeurs proposent des produits contrefaits dont les effets ne sont 
pas dĂ©terminĂ©s. 

 

-

 

Quelques associations, prĂŽnant notamment des rĂ©gimes 

hygiĂ©nistes, qui 

a priori

 ne posent pas de problĂšmes particuliers, 

continuent d’affirmer que le sida est une escroquerie mĂ©dicale et que 
le virus n’est toujours pas dĂ©terminĂ©. Ils rĂ©futent de ce fait les 
thĂ©rapies existantes et proposent aux malades des prises en charge non 
conformes aux donnĂ©es de la science. Ces mouvements affirment 
Ă©galement que les traitements chimiques ne sont pas utiles pour 
soigner un cancer ou une leucĂ©mie, s’appuyant sur des tĂ©moignages de 
guĂ©risons spectaculaires, tĂ©moignages parfois sincĂšres mais 
naturellement sans la moindre preuve ni la moindre validitĂ© 
scientifique. 

 

-

 

Des grands-parents ont dĂ©noncĂ© la situation d’un jeune enfant 

dont les parents sont adeptes d’un mouvement prĂŽnant la mĂ©ditation 
spirituelle : les parents soumettaient leur enfant Ă  un rĂ©gime vĂ©gĂ©tarien 
trĂšs strict et l’obligeait Ă  pratiquer quotidiennement la mĂ©ditation 
durant de longues heures, parfois les yeux bandĂ©s. 

 

Dans le domaine de l’éducation des enfants  

 
-

 

Des unitĂ©s de gendarmerie ont Ă©tĂ© alertĂ©es sur la situation 

d’enfants recevant une scolaritĂ© au sein d’une communautĂ© fermĂ©e et 

 

100 

background image

qui Ă©taient soumis Ă  des rĂšgles d’éducation trĂšs dures (coupure de la 
famille, punitions corporelles). 

 

Domaines divers  

 

-

 

En rĂ©gion Auvergne, un magnĂ©tiseur-thĂ©rapeute a rĂ©ussi au fil 

des mois Ă  fidĂ©liser de nombreux adeptes (200 environ) et Ă  les guider 
vers des rencontres collectives trĂšs coĂ»teuses visant Ă  les aider Ă  faire 
face Ă  leurs difficultĂ©s de tous ordres. La plupart se sont endettĂ©s pour 
suivre ces rĂ©unions et acheter des biens au « gourou Â». Certains ont 
perdu leur emploi et d’autres ont divorcĂ©.  

 

-

 

Dans le sud-est, des Ă©lus et des familles se sont inquiĂ©tĂ©s des 

agissements d’une association proposant une aide aux Ă©trangers 
voulant Ă©tablir un commerce ou une entreprise en France. AprĂšs 
quelques mois, les biens et les investissements d’un adepte ont Ă©tĂ© 
dĂ©tournĂ©s au profit des dirigeants de l’association.  

 

-

 

Les pratiques de quelques associations proposant des 

randonnĂ©es dans le sud-ouest et le sud-est de la France soulĂšvent des 
interrogations du public. En effet, face Ă  l’engouement suscitĂ© par ce 
type d’activitĂ© ces derniĂšres annĂ©es, quelques associations ou 
ressortissants Ă©trangers se sont emparĂ©s du crĂ©neau pour proposer des 
sĂ©jours thĂ©matiques associant la randonnĂ©e Ă  la mĂ©ditation, au 
jeĂ»ne,
 Il est fait Ă©tat de quelques situations oĂč ces stages seraient 
l’occasion d’un prosĂ©lytisme actif ou d’une incitation Ă  des Ă©changes Ă  
caractĂšre sexuel.  

 

-

 

Un pseudo-guĂ©risseur avait rĂ©ussi Ă  fidĂ©liser une poignĂ©e 

d’adeptes, Ă  les manipuler et Ă  les guider vers des soirĂ©es privĂ©es puis 
Ă  les soumettre Ă  sa volontĂ© leur imposant ou leur faisant subir de 
graves agressions sexuelles.  

 

-

 

Les diverses catastrophes et les Ă©vĂ©nements des banlieues en 

novembre 2005 ont donnĂ© l’occasion Ă  quelques mouvements, y 
compris parmi les plus structurĂ©s sur le plan international, d’investir 
une nouvelle fois le champ humanitaire afin de soigner leur image et Ă  
quelques petites associations de « surfer Â» sur l’actualitĂ© en participant 
activement Ă  des collectes de fonds dont l’utilisation reste dans un flou 
total.  
 

Ces situations tĂ©moignent une nouvelle fois de la diversitĂ© des 
dĂ©rives auxquelles peuvent ĂȘtre confrontĂ©s les pouvoirs publics. 

 

101 

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Bilan judiciaire 

 

Si le nombre d’affaires recensĂ©es n’a guĂšre Ă©voluĂ©, le suivi 

judiciaire s’est en revanche sensiblement amĂ©liorĂ©. Ainsi, une 
quarantaine d’enquĂȘtes judiciaires relatives Ă  des mouvements 
connaissant ou pouvant connaĂźtre des dĂ©rives sectaires ont-elles Ă©tĂ© 
diligentĂ©es ou ont dĂ©butĂ© au cours de l’annĂ©e 2005 contre une 
trentaine l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente.  
 

Ces enquĂȘtes, menĂ©es d’initiative ou sur saisine de l’autoritĂ© 

judiciaire, ont essentiellement portĂ© sur des infractions de : 
-

 

escroquerie et abus de faiblesse ; 

-

 

exercice illĂ©gal de la mĂ©decine ou de la pharmacie ; 

-

 

agressions sexuelles.  

 

L’analyse de la typologie des victimes, mĂȘme si elle porte sur 

une population relativement peu nombreuse, permet de souligner que 
les atteintes concernent trĂšs majoritairement des personnes fragilisĂ©es 
(dĂ©pressives, dĂ©pendantes, suicidaires), des personnes vivant seules, 
plus de femmes que d’hommes, et un fort pourcentage de mineurs, 
voire d’enfants handicapĂ©s, ce qui n’est pas sans mettre en relief la 
distance entre le discours humanitaire et gĂ©nĂ©reux de ces organisations 
et la rĂ©alitĂ© de leurs pratiques.  
 

Enfin, de nombreuses enquĂȘtes ont Ă©galement Ă©tĂ© diligentĂ©es 

pour des faits de profanation et de dĂ©gradations de lieux de culte, faits 
en nette augmentation en 2005 (208 actes en 2005 contre 130 en 
2004).  

 
De nombreux faits constituent des actes racistes et 

xĂ©nophobes, d’autres sont imputables Ă  des jeunes dĂ©sƓuvrĂ©s, n’ayant 
plus de repĂšres moraux, agissant par haine envers la sociĂ©tĂ©, par 
mimĂ©tisme ou sans explication solidement Ă©tablie.  

 

Pour autant, il ne semble pas exister actuellement, de structure 

sataniste active caractĂ©risĂ©e sur le territoire national. Cette mouvance 
est surtout prĂ©sente sur l’

Internet

 et on recense ponctuellement des 

petits groupes informels de mineurs ou de jeunes adultes qui justifient 
leurs actes par un mĂ©lange confus d’idĂ©ologies gothique, sataniste et 
nĂ©o-nazie. 

 

 

102 

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22-5

  

MINISTERE 

DE 

L’ECONOMIE,  

  

DES FINANCES ET DE L’INDUSTRIE  

 

 

 
 

 

 

 

 

Direction gĂ©nĂ©rale des impĂŽts 

La  Direction  gĂ©nĂ©rale  des  impĂŽts  (DGI)  a  rĂ©cemment  fait 

procĂ©der Ă  un recensement des procĂ©dures de contrĂŽle fiscal intĂ©ressant 
les personnes physiques ou morales susceptibles de relever du domaine 
d’intervention de la MIVILUDES. 

Une  telle  opĂ©ration  prĂ©sente  toutefois  un  caractĂšre  nĂ©-

cessairement alĂ©atoire dĂšs lors que les applications mises en Ć“uvre par la 
DGI  pour  l’exercice  de  ses  missions  d’assiette  et  de  contrĂŽle  ne 
comportent, par hypothĂšse, aucun Ă©lĂ©ment de nature Ă  permettre 

ab initio

 

l’identification de ces entitĂ©s. 

Ainsi, compte tenu du champ de compĂ©tence et des modalitĂ©s 

d’intervention de la DGI, certains contrĂŽles visant des secteurs d’activitĂ© 
identifiĂ©s comme sensibles par la MIVILUDES (formation profession-
nelle, dĂ©veloppement personnel, guĂ©risseurs
) peuvent avoir portĂ© sur 
des  entitĂ©s  dont  les  Ă©ventuelles  dĂ©rives  sectaires  sont  demeurĂ©es 
inconnues du service vĂ©rificateur.  

Inversement,  les  vĂ©rifications  dont  certaines  entitĂ©s  signalĂ©es 

comme sectaires peuvent faire l’objet sont susceptibles de conduire Ă  
des  rectifications  mineures  ou  de  nature  essentiellement  technique, 
non rĂ©vĂ©latrices d’une volontĂ© de fraude. En effet, sujets Ă  une exposition 
mĂ©diatique rĂ©currente, ces mouvements peuvent ĂȘtre amenĂ©s Ă  privilĂ©-
gier, sur le plan fiscal, un comportement 

a priori

 peu contestable. 

Sous ces rĂ©serves, il apparaĂźt, Ă  ce stade, qu’une quarantaine de 

contrĂŽles fiscaux portant sur des personnes ou organismes oeuvrant dans 
des secteurs susceptibles de donner lieu Ă  des dĂ©rives sectaires a Ă©tĂ© en-
gagĂ©e au cours des cinq derniĂšres annĂ©es, donnant lieu Ă  des impositions 
supplĂ©mentaires de toute nature d’un montant total de prĂšs de 3 milli

ons 

d’euros, assorties de 1,5 millions d’euros de pĂ©nalitĂ©s. 

 

 

103 

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Un examen approfondi des circonstances particuliĂšres Ă  

chaque affaire sera prochainement entrepris par l'administration 
centrale afin de tenter d’établir une typologie des motifs d'engagement 
de ces contrĂŽles, de la nature des rectifications et des pĂ©nalitĂ©s 
proposĂ©es, ainsi que des suites contentieuses de ces affaires. 
 
 

Direction générale des douanes et des droits indirects

 

 
 

En 2005, l’action de la douane dans le domaine de la lutte 

contre les dĂ©rives sectaires s'est inscrite dans la continuitĂ© des actions 
entreprises au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. 
 
 

En effet, comme il a Ă©tĂ© indiquĂ© Ă  l'occasion d'une question 

Ă©crite posĂ©e Ă  l'AssemblĂ©e nationale, l'action de la Direction gĂ©nĂ©rale 
des douanes et droits indirects (DGDDI) se manifeste pour l'essentiel 
selon deux axes principaux :  

- d’une part, par le recueil de renseignements relatifs aux 

dĂ©rives sectaires,  

- d’autre part, par l’information et la sensibilisation des 

services douaniers opĂ©rationnels Ă  ces phĂ©nomĂšnes, Ă  leurs 
caractĂ©ristiques Ă©conomiques et financiĂšres ainsi qu'Ă  leur dimension 
transfrontaliĂšre. 

 

Recueil du renseignement relatif aux dĂ©rives sectaires 

 

Les diverses missions incombant Ă  la douane ne lui permettent 

que rarement d'apprĂ©hender directement le phĂ©nomĂšne sectaire et de 
constater des agissements rĂ©prĂ©hensibles pouvant s'apprĂ©cier comme 
rĂ©sultant de dĂ©rives sectaires. 

 
Pourtant, chaque fois qu'Ă  l'occasion de l'exercice de ses 

missions classiques liĂ©es Ă  la police des marchandises, au contrĂŽle des 
aspects financiers des transactions commerciales et des flux physiques 
de capitaux, la douane se trouve en situation d’obtenir des 
renseignements relatifs Ă  des faits susceptibles de constituer des 
dĂ©rives de type sectaire, elle adresse, via la Direction nationale du 
renseignement et des enquĂȘtes douaniĂšres (DNRED), des rapports 
d'information Ă  la MIVILUDES. 

 
Plusieurs constatations ont ainsi fait l'objet d'un signalement Ă  

la Mission au cours de l'annĂ©e 2005. 

 

104 

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Information et sensibilisation des personnels de la DGDDI dans le 
domaine des dĂ©rives sectaires 

 

La sensibilisation des services douaniers sur l’importance de 

leur rĂŽle en matiĂšre de collecte et de transmission d’informations 
relatives aux dĂ©rives sectaires s'est poursuivie en 2005. 

 
Les contacts en ce sens entre la MIVILUDES et la DGDDI 

sont maintenus et renforcĂ©s.  

 
La documentation Ă©laborĂ©e par la MIVILUDES est ainsi tenue 

Ă  la disposition des services opĂ©rationnels ; le 

Guide de l'agent public 

face aux dérives sectaires,

 publiĂ© dĂ©but janvier 2005 Ă  la 

Documentation française, est notamment accessible via l'Intranet du 
ministĂšre des Finances. 

 

105 

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22-6 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, 

DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR  

ET DE LA RECHERCHE 

 
 
 

Cellule chargĂ©e de la prĂ©vention des phĂ©nomĂšnes sectaires 
dans l’éducation 

 

A la suite de la publication du rapport parlementaire « Gest-

Guyard Â» qui soulignait les faiblesses du dispositif de protection des 
Ă©lĂšves au sein du systĂšme Ă©ducatif, une cellule spĂ©cialisĂ©e, la Cellule 
chargĂ©e de la prĂ©vention des phĂ©nomĂšnes sectaires (CPPS), a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e 
depuis le 1

er

 septembre 1996, au sein de la Direction des affaires 

juridiques du ministĂšre de l’Éducation nationale

65

 
Cette cellule est composĂ©e de trois personnes : un inspecteur 

gĂ©nĂ©ral de l’Éducation nationale, un inspecteur de l’administration de 
l’Éducation nationale et de la recherche et une secrĂ©taire. Elle dispose 
d’un rĂ©seau de correspondants acadĂ©miques nommĂ©s par leur recteur, 
pour la plupart des inspecteurs pĂ©dagogiques rĂ©gionaux chargĂ©s des 
problĂšmes de vie scolaire, quelquefois des proviseurs en charge du 
mĂȘme secteur. De plus, les inspecteurs d’acadĂ©mie (IA) sont trĂšs 
sensibilisĂ©s au problĂšme des phĂ©nomĂšnes sectaires et disposent du 
rĂ©seau des inspecteurs de l’Education nationale (IEN) qui contrĂŽlent 
l’enseignement du premier degrĂ©. Ainsi, l’IA de LozĂšre, le moins 
peuplĂ© des dĂ©partements mĂ©tropolitains, est entourĂ© de trois IEN. 

 
Tous les correspondants sont rĂ©unis une fois par an afin de 

faire le point sur la situation et de prĂ©ciser les modes et les conditions 
d’intervention face aux diffĂ©rents problĂšmes. Ainsi, l’an dernier, un 
rassemblement organisĂ© Ă  l’Ecole supĂ©rieure de l’Éducation nationale 
(ESEN) a portĂ© sur le thĂšme du contrĂŽle des Ă©lĂšves instruits dans les 
familles et des Ă©coles privĂ©es hors contrat. 
 

La CPPS a particuliĂšrement axĂ© son effort en 2005 sur le 

contrĂŽle des enfants instruits Ă  domicile ou dans des Ă©tablissements 

                                                      

65

 La circulaire n°2002-120 du 29 mai 2002 prĂ©cise les missions de la CPPS 

et prĂ©sente le dispositif de lutte contre les dĂ©rives sectaires dans l’Education 
nationale 

 

106 

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privĂ©s hors contrat (environ 10.000 au total). Plus de 1000 contrĂŽles 
ont ainsi Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des personnels d’inspection (en application de 
la loi du 18 dĂ©cembre 1998 et du dĂ©cret du 23 mars 1999 relatif aux 
contenus des connaissances requis des enfants instruits dans la famille 
ou dans des Ă©tablissements privĂ©s hors contrat). Dans quelques cas 
(rares), la famille a Ă©tĂ© amenĂ©e Ă  inscrire l’élĂšve dans un Ă©tablissement 
public ou privĂ© sous contrat. 

 
En avril 2005, la CPPS a organisĂ© Ă  l’École supĂ©rieure de 

l’éducation nationale de Poitiers (ESEN) une formation destinĂ©e Ă  
deux personnels d’inspection par acadĂ©mie (un pour le primaire, un 
pour le secondaire) et aux correspondants acadĂ©miques de la CPPS, 
afin de mieux les prĂ©parer Ă  ce type de contrĂŽles. Il convient de noter 
que pour les Ă©tablissements privĂ©s hors contrat, ce contrĂŽle ne vise 
qu’à vĂ©rifier les conditions de dĂ©roulement de l’enseignement et non Ă  
en Ă©valuer la qualitĂ©. L’article L.444-2 du code de l’éducation dispose 
en effet que « le contrĂŽle de l’État sur les Ă©tablissements privĂ©s qui ne 
sont pas liĂ©s Ă  l’État par contrat se limite aux titres exigĂ©s des 
directeurs et des maĂźtres, Ă  l’obligation scolaire, Ă  l’instruction 
obligatoire, au respect de l’ordre public et des bonnes mƓurs, Ă  la 
prĂ©vention sanitaire et sociale ». 
 

Les Ă©tablissements privĂ©s d’enseignement supĂ©rieur (Ă©coles de 

commerce, Ă©coles d’ingĂ©nieurs) ne posent pas vĂ©ritablement de 
problĂšmes.  

 
Par ailleurs, le ministĂšre de l’Éducation nationale a continuĂ© 

les actions entreprises ces derniĂšres annĂ©es en matiĂšre de prĂ©vention 
des phĂ©nomĂšnes sectaires. Les correspondants acadĂ©miques ont 
organisĂ© des stages de formation Ă  destination, le plus souvent des 
personnels de direction ou de santĂ©. Trois stages destinĂ©s aux 
Ă©tudiants des IUFM et une sensibilisation dans le cadre de la 
formation initiale des personnels d’inspection ont Ă©galement eu lieu en 
2005. 
 

Cette politique de formation entreprise depuis maintenant neuf 

ans a fait la preuve de son efficacitĂ©, le signalement des dĂ©rives 
sectaires en milieu scolaire ayant considĂ©rablement baissĂ© ces 
derniĂšres annĂ©es. La vigilance et la prĂ©vention ont portĂ© leurs fruits. 

 
De plus, la CPPS est toujours sollicitĂ©e par quelques parents 

d’élĂšves qui s’interrogent sur des associations organisant, dans les 

 

107 

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quartiers, des sĂ©ances de soutien scolaire. S’agissant d’activitĂ©s post-
scolaires, de surcroĂźt organisĂ©es en dehors des locaux scolaires, 
l’Éducation nationale ne dispose en l’occurrence d’aucun  moyen de 
contrĂŽle.  

 
Un chef d’établissement a signalĂ© le dĂ©part de quelques Ă©lĂšves 

dont les parents adhĂ©raient aux thĂ©ories des « enfants indigo Â» vers 
l’enseignement privĂ© hors contrat. Ce phĂ©nomĂšne, Ă  vĂ©rifier, semble 
toutefois plus marginal que certains articles de presse ont pu le laisser 
croire. La CPPS a cependant attirĂ© l’attention de ses correspondants 
acadĂ©miques sur le danger que font peser sur certains jeunes les 
thĂ©ories du mouvement 

Kryeon

 
Par ailleurs, la CPPS travaille avec la Direction des affaires 

juridiques et la Direction de l’enseignement scolaire Ă  la modification 
du dĂ©cret du 6 novembre 1992 qui prĂ©cise le cadre rĂ©glementaire des 
relations qu’entretient le service public d’éducation avec les 
associations intervenant en milieu scolaire. Le systĂšme d’agrĂ©ment 
pourrait ainsi ĂȘtre modifiĂ©. L’objectif poursuivi est bien entendu de 
garantir la qualitĂ© de l’intervention de l’association et de prĂ©venir tout 
prosĂ©lytisme sectaire.  

 
Il s’agit lĂ  d’un objectif de l’annĂ©e scolaire en cours. L’effort 

rĂ©alisĂ© pour amĂ©liorer le contrĂŽle des enfants Ă©chappant au systĂšme 
scolaire institutionnel sera prolongĂ© de mĂȘme que seront renforcĂ©es 
les sĂ©ances de sensibilisation proposĂ©es systĂ©matiquement aux 
personnels de direction ou d’inspection. 
 
 

ContrĂŽle de l’enseignement Ă  domicile et des Ă©tablissements 
privĂ©s hors contrat. 

 

L’Instruction dans les familles 

  

L’article L 131-2 du code de l’éducation rappelle les deux 

modes possibles d’instruction : soit dans un Ă©tablissement, qu’il soit 
public ou privĂ©, soit dans la famille ou par le biais de l’enseignement Ă  
distance.  

 
Quel que soit le mode d’instruction donnĂ© Ă  l’enfant, il est 

obligatoire que celui-ci reçoive une instruction contrĂŽlĂ©e par l’État. 
Ainsi, tout dĂ©faut de dĂ©claration de l’instruction donnĂ©e dans la 

 

108 

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famille est-il pĂ©nalement rĂ©prĂ©hensible, tout refus de contrĂŽle expose 
les responsables lĂ©gaux de l’enfant Ă  des sanctions, tout dĂ©faut 
d’instruction Ă©quivaut Ă  une mise en danger de l’enfant et est 
lourdement rĂ©primĂ©.  

 
La loi du 18 dĂ©cembre 1998 (surtout en son article 5

66

) et le 

dĂ©cret du 23 mars 1999 relatif au contenu des connaissances requis 
des enfants instruits dans la famille ou dans des Ă©tablissements privĂ©s 
hors contrat ont renforcĂ© l’arsenal juridique dont dispose le ministĂšre 
pour exercer son contrĂŽle. 

 

1.

 

L’obligation de dĂ©claration prĂ©alable vise Ă  permettre ce 
contrĂŽle de l’État. Cette dĂ©claration doit ĂȘtre adressĂ©e au 
maire de la commune de  rĂ©sidence de la famille et Ă  
l’inspecteur d’acadĂ©mie du dĂ©partement. Elle doit ĂȘtre 
renouvelĂ©e chaque annĂ©e. 

 
2.

 

Les contrĂŽles : un contrĂŽle de nature sociale est exercĂ© par le 
maire (sur l’état de santĂ© et les conditions de vie de la 
famille). Le rĂ©sultat de l’enquĂȘte est adressĂ© Ă  l’inspecteur 
d’acadĂ©mie directeur des services dĂ©partementaux de 
l’éducation nationale (IA-DSDEN). 

 

Ce dernier exerce un contrĂŽle de nature pĂ©dagogique : Ă  partir 

du troisiĂšme mois suivant la dĂ©claration d’instruction dans la famille, 
l’IA vĂ©rifie que l’enseignement dispensĂ© est conforme au droit de 
l’enfant Ă  l’instruction. Ce contrĂŽle annuel est effectuĂ© la plupart du 
temps par les IEN, la grande majoritĂ© des enfants Ă©duquĂ©s dans les 
familles relevant de l’enseignement du premier degrĂ©, dans les autres 
cas, par les inspecteurs pĂ©dagogiques rĂ©gionaux (IPR). Ces 
inspecteurs peuvent ĂȘtre Ă©ventuellement accompagnĂ©s par des 
personnels qualifiĂ©s dĂ©signĂ©s par l’inspecteur d’acadĂ©mie (personnels 
mĂ©dico-sociaux, conseillers d’orientation psychologues).  

 
Ce contrĂŽle vĂ©rifie que l’enseignement dispensĂ© Ă  l’enfant lui 

permet d’acquĂ©rir les connaissances fixĂ©es par le dĂ©cret du 23 mars 
1999. Outre les vĂ©rifications classiques portant sur le français et les 

                                                      

66

 L’article 5 de la loi de dĂ©cembre 1998 a introduit dans le code pĂ©nal un 

article 227-17-1 et le dĂ©cret du 23 mars 1999 est aujourd’hui codifiĂ© dans la 
partie rĂ©glementaire du code de l’éducation aux articles D.131-11 Ă  D.131-
16. 

 

109 

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mathĂ©matiques, l’article 4 dispose que « 

l’enfant doit acquĂ©rir les 

principes, notions et connaissances qu’exige l’exercice de la 
citoyennetĂ©, dans le respect des droits de la personne humaine dĂ©finis 
dans le prĂ©ambule de la Constitution de la RĂ©publique française, la 
DĂ©claration universelles des droits de l’homme et la Convention 
internationale des droits de l’enfant, ce qui implique la formation du 
jugement par l’exercice de l’esprit critique et la pratique de 
l’argumentation 

». Il est inutile de souligner que ce prĂ©cieux article 

permet de sanctionner toute dĂ©rive de nature douteuse. 

 
La famille peut ĂȘtre informĂ©e de la date du contrĂŽle et du lieu 

oĂč il se dĂ©roulera (domicile, mairie, inspection d’acadĂ©mie, 
Ă©tablissement scolaire). Le contrĂŽle peut avoir lieu en prĂ©sence ou en 
l’absence des parents qui peuvent ĂȘtre entendus. Ce contrĂŽle est, 
cependant, dĂ©licat 

: il doit Ă©valuer si, Ă  l’issue de la pĂ©riode 

d’instruction obligatoire, le niveau atteint par l’enfant est comparable 
Ă  celui des Ă©lĂšves scolarisĂ©s dans un Ă©tablissement d’enseignement. Se 
pose donc le problĂšme, difficile, du rythme de progression de l’enfant, 
compte tenu des choix Ă©ducatifs effectuĂ©s. 

 
Lorsque les rĂ©sultats sont jugĂ©s insuffisants, les parents 

responsables doivent fournir des explications. Si un second contrĂŽle 
confirme les conclusions du rapport prĂ©cĂ©dent, les parents sont mis en 
demeure d’inscrire leur enfant, dans un dĂ©lai de quinze jours, dans un 
Ă©tablissement d’enseignement public ou privĂ© sous contrat. En cas de 
non respect de la mise en demeure, l’article 227-17 du code pĂ©nal 
prĂ©voit une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende de 
30.000 euros. En outre, si un contrĂŽle rĂ©vĂšle une absence totale 
d’instruction, l’IA doit effectuer un signalement au parquet au titre de 
l’enfance en danger. 

 
Ces contrĂŽles, effectifs, font preuve d’une certaine efficacitĂ© : 

mĂȘme s’ils n’en sont probablement pas la seule cause, on constate une 
forte diminution du nombre des enfants instruits Ă  domicile, passĂ© de 
6000 en 1998 Ă  1000 en 2004. 
 

Le contrĂŽle des Ă©tablissements privĂ©s hors contrat 

 

Selon la jurisprudence de la Cour de cassation, la rĂ©union 

habituelle, dans une intention d’instruction, d’enfants appartenant  au 
moins Ă  deux familles diffĂ©rentes, constitue une Ă©cole. En vertu du 
principe de la libertĂ© d’enseignement, (article L.151-1 du code de 

 

110 

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l’éducation), l’ouverture d’une Ă©cole n’est subordonnĂ©e Ă  aucune 
autorisation administrative prĂ©alable mais est soumise Ă  dĂ©claration 
d’ouverture afin de permettre le contrĂŽle de l’État. L’inspecteur 
d’acadĂ©mie peut s’opposer Ă  l’ouverture si les conditions d’hygiĂšne et 
de sĂ©curitĂ© ne sont pas suffisantes.  

 
L’IA peut prescrire un contrĂŽle des classes afin de s’assurer 

que les normes minimales de connaissance (article L. 122-1) sont 
respectĂ©es et que l’enseignement est dispensĂ© selon une progression 
cohĂ©rente et contrĂŽlĂ©e afin que les Ă©lĂšves parviennent Ă  un niveau de 
connaissances et de compĂ©tences comparable Ă  celui des Ă©lĂšves 
frĂ©quentant les Ă©tablissements d’enseignement. Si le contrĂŽle rĂ©vĂšle 
des rĂ©sultats insuffisants, le directeur est mis en demeure d’amĂ©liorer 
la situation. En cas de deuxiĂšme contrĂŽle nĂ©gatif, l’IA avise le 
procureur de la RĂ©publique. Le directeur de l’établissement encourt 
des sanctions dĂ©lictuelles prĂ©vues Ă  l’article 227.17.1 du code pĂ©nal 
(six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende, ainsi que 
l’interdiction de diriger et d’enseigner). L’établissement peut ĂȘtre 
fermĂ©. 

 
Des contrĂŽles sont effectivement exercĂ©s. Ainsi, l’an dernier, 

les deux inspections gĂ©nĂ©rales ont fait fermer un « cours Â», ou, plus 
justement une « boĂźte Ă  bachot Â», situĂ©e dans un appartement exigu, 
animĂ© par un couple dont le mari possĂ©dait une licence et l’épouse un 
baccalaurĂ©at (ils Ă©taient les seuls enseignants de ce Â« cours Â») et dont 
les tarifs Ă©taient trĂšs Ă©levĂ©s.  

 
Mais, bien entendu, les contrĂŽles ont prioritairement visĂ© les 

Ă©coles qui relevaient de mouvements sectaires ou extrĂ©mistes. 
Certaines Ă©coles relevant de la premiĂšre catĂ©gorie ont cessĂ© leur 
activitĂ© dĂšs que ces contrĂŽles ont commencĂ©. Une seule Ă©cole de ce 
type existe encore (treize enfants concernĂ©s en 2003), celle de la 
communautĂ© de Sus, dans les PyrĂ©nĂ©es-atlantiques. Les parents se 
sont engagĂ©s Ă  accepter les contrĂŽles de l’Éducation nationale mais 
continuent Ă  refuser les vaccinations.  

 
Quelques Ă©coles catholiques « traditionalistes Â» existent. Une 

rĂ©cente inspection a montrĂ© que, dans ces Ă©coles, le problĂšme rĂ©side 
dans les mĂ©thodes d’éducation que l’on peut estimer d’un autre Ăąge. 
Mais ce sont justement ces mĂ©thodes qui dĂ©terminent le choix des 
parents et, tant qu’elles n’aboutissent pas Ă  de mauvais traitements, on 
ne peut que rester attentif. 

 

111 

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Le cas particulier des Ă©tablissements privĂ©s d’enseignement supĂ©rieur 

 

Ces Ă©tablissements ne sont soumis Ă  aucun contrĂŽle ni 

Ă©valuation. AprĂšs dĂ©claration, leur ouverture est soumise Ă  des 
conditions minimales : casier judiciaire, programmes d’enseignement, 
adĂ©quation des locaux. Certains Ă©tablissements prĂ©sentent cette 
dĂ©claration comme un label afin d’attirer du public (certaines Ă©coles 
de secrĂ©tariat prĂ©parant aux BTS ou aux DUT, par exemple). 

 
Mais la plupart des Ă©tablissements communĂ©ment appelĂ©s 

d’enseignement supĂ©rieur (bac + 3 ou + 5 et au-delĂ ) ne posent aucun 
problĂšme, qu’il s’agisse des facultĂ©s catholiques, des Ă©coles de 
commerce ou des Ă©coles d’ingĂ©nieurs. Pour ces derniĂšres, une 
approche d’évaluation peut exister dans la mesure oĂč, quand elles 
organisent des concours communs d’entrĂ©e, le prĂ©sident du jury est un 
universitaire.  

 
A l’inverse, des dĂ©rives sont possibles, sinon certaines, dans 

des Ă©tablissements qui exercent leur activitĂ© dans le secteur de la santĂ© 
et plus particuliĂšrement des psychothĂ©rapies. Toute amĂ©lioration de 
l’offre et de la qualitĂ© des formations, par exemple, par une 
accrĂ©ditation de ces formations ou la mise en place de diplĂŽmes 
d’État, dĂ©pendrait d’initiatives prises par le ministĂšre de la SantĂ©, 
Ă©ventuellement conjointement avec le ministĂšre de l’Éducation 
nationale. 
 
 

Le contrĂŽle des organismes d’enseignement Ă  distance 

 

L’article L.444.2 du code de l’éducation prĂ©voit que la 

crĂ©ation des organismes privĂ©s d’enseignement Ă  distance est soumise 
Ă  dĂ©claration auprĂšs du recteur qui ne dispose d’aucun pouvoir 
d’opposition. Il se borne Ă  vĂ©rifier que la documentation fournie 
comporte bien tous les documents prĂ©vus par la rĂ©glementation (les 
diplĂŽmes du responsable, en particulier). 

 
Un contrĂŽle 

a priori

 est exercĂ© sur la publicitĂ© qui ne doit pas 

induire le candidat en erreur sur la nature des Ă©tudes, leur durĂ©e et les 
emplois auxquels elles prĂ©parent. Le recteur exerce un contrĂŽle 
pĂ©dagogique 

: conformitĂ© des programmes avec les documents 

annexĂ©s Ă  la dĂ©claration d’ouverture. Il exerce Ă©galement un contrĂŽle 

 

112 

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sur le recrutement des personnels de direction et d’enseignement 
lorsqu’ils ne sont pas membres d’un État de la communautĂ© 
europĂ©enne. 

 
Si l’on peut considĂ©rer que ces contrĂŽles sont insuffisants, la 

situation est encore compliquĂ©e par le fait que l’ouverture totale des 
marchĂ©s intervenue depuis 1971 les rend inopĂ©rants dĂšs lors qu’il 
s’agit d’un Ă©tablissement situĂ© Ă  l’étranger. Or, l’offre de formation 
sur 

Internet

 est multiforme et souvent marquĂ©e par la prĂ©sence de 

mouvements sectaires implantĂ©s aux USA et au Canada. 

 
Si donc les possibilitĂ©s de contrĂŽle peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es 

comme satisfaisantes en ce qui concerne l’enseignement dans les 
familles et les Ă©coles privĂ©es hors contrat, elles sont limitĂ©es sinon 
nulles en ce qui concerne l’enseignement Ă  distance. Or, c’est 
probablement le secteur oĂč les dĂ©rives sectaires sont les plus 
nombreuses. Faute d’un accord entre États, difficilement envisageable 
quand on connaĂźt les diffĂ©rences d’approche du problĂšme, on voit mal 
comment amĂ©liorer la qualitĂ© de ce contrĂŽle.  

 
On peut se demander si l’inscription d’un enfant Ă  un cours 

par correspondance ne constitue pas en rĂ©alitĂ© une forme d’instruction 
dans la famille. L’article L. 131-2 du code de l’éducation semble en 
effet distinguer entre l’instruction donnĂ©e « dans un Ă©tablissement Â» 
(l’inscription Ă  un service d’enseignement Ă  distance ne peut 
constituer au sens propre une instruction « dans Â» un Ă©tablissement) et 
l’instruction donnĂ©e « dans la famille) (la circonstance que la famille 
fasse appel Ă  un service d’enseignement Ă  distance ne change rien au 
fait que l’enfant reçoit l’instruction dans la famille). Si l’on retient 
cette interprĂ©tation, l’inscription Ă  un service d’enseignement Ă  
distance ne soustrait pas l’enfant Ă  la possibilitĂ© d’un contrĂŽle de 
l’instruction donnĂ©e dans la famille. Les directions compĂ©tentes du 
ministĂšre Ă©tudient la possibilitĂ© d’une modification de la circulaire du 
14 mai 1999 relative au contrĂŽle de l’obligation scolaire afin de 
clarifier ce point.  

 

113 

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22-7   MINISTÈRE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS 

ET DE LA VIE ASSOCIATIVE 

 
 

L’action des services 

 

Dans le domaine du sport 

 

La Direction des sports, sensibilisĂ©e aux questions que 

peuvent faire naĂźtre toutes formes d’immersion des jeunes dans un 
milieu spĂ©cifique tel que les « pĂŽles de prĂ©paration Â», a menĂ© de 
nombreuses actions d’information des personnels dans le cadre : 
-

 

de l’action de conseil et d’appui aux services dĂ©concentrĂ©s

 

dispensĂ©e au quotidien, sur les risques que sont susceptibles 
d’encourir les sportifs au cours de leur carriĂšre. Sur ce volet, aucune 
dĂ©rive particuliĂšre n’a Ă©tĂ© identifiĂ©e en 2005 ; 
-

 

de la formation professionnelle continue des directeurs 

techniques nationaux

, sur la maltraitance sous diffĂ©rentes formes ; 

-

 

de la formation professionnelle continue

, au profit de deux 

agents de la Direction des sports, qui ont suivi le stage organisĂ© par 
l’Ecole nationale de la magistrture en octobre 2005. A l’issue de ce 
stage, une demi-journĂ©e d’information a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă  l’attention des 
personnels du Bureau de la protection du public, de la promotion de la 
santĂ© et de la lutte contre le dopage. 
 

Dans le domaine de la jeunesse et de l’éducation populaire 

 

La Direction de la jeunesse et de l’éducation populaire (DJEP) 

a assurĂ© une veille sur les dĂ©rives sectaires dans les centres de 
vacances et les centres de loisirs. Les signalements reçus des services 
dĂ©concentrĂ©s (directions rĂ©gionales et dĂ©partementales), voire des 
opĂ©rateurs, ont Ă©tĂ© analysĂ©s. Elle a Ă©galement cherchĂ© Ă  assurer un 
service d’information auprĂšs des services dĂ©concentrĂ©s ou de 
particuliers concernant des associations qui suscitent des 
interrogations. La DJEP a eu Ă  traiter un dossier en juillet 2005 dans le 
cadre du Service Volontaire EuropĂ©en concernant une jeune volontaire 
accueillie dans un  pays d’Europe orientale, dans le cadre d’un projet 
relevant d’une agence humanitaire liĂ©e Ă  la secte 

Moon

 

 

114 

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Dans le domaine de l’emploi et de la formation 

 

La Direction de la vie associative, de l’emploi et des 

formations (DVAEF) a demandĂ© aux services dĂ©concentrĂ©s et aux 
Ă©tablissements d'ĂȘtre attentifs  et vigilants notamment pour l'agrĂ©ment 
ou l'habilitation des formations ainsi que pour l'organisation des jurys 
d'examen. L’examen des situations Ă  risques s’appuie sur la 
rĂ©glementation et sur l’application des cahiers des charges pour les 
formations ; il est validĂ© par des contrĂŽles sur site. 
  

Dans le domaine de l’expertise juridique 

 

La Direction des ressources humaines, de l’administration et 

de la coordination gĂ©nĂ©rale (DRHACG) a assurĂ© un rĂŽle d’expertise et 
d’information juridique auprĂšs des directions et des services 
dĂ©concentrĂ©s. A ce titre, elle a assurĂ© le pilotage des demandes de 
communication de documents administratifs dĂ©posĂ©es par les 
associations 

« Ethique et liberté »

 et 

« Non Ă  la drogue oui Ă  la vie »

 
 

Le fonctionnement de la cellule ministĂ©rielle de vigilance 

 

La cellule de vigilance du ministĂšre de la Jeunesse, des Sports 

et de la Vie associative (MJSVA) a repris ses activitĂ©s en septembre 
2005. ConstituĂ©e de reprĂ©sentants des directions et de l’inspection, 
elle s’est rĂ©unie pĂ©riodiquement et a auditionnĂ©, lors d’une sĂ©ance, le 
prĂ©sident d’une association de lutte contre les dĂ©rives sectaires. La 
cellule a assurĂ© une action de documentation et d’archive, et diffusĂ© en 
janvier 2005 au sein des services dĂ©concentrĂ©s 1500 exemplaires du 

« Guide de l’agent public face aux dĂ©rives sectaires »

 
 

La formation des agents du ministĂšre 

 

Dans le cadre de la formation continue, treize agents du 

MJSVA ont participĂ© au stage organisĂ© par l’Ecole nationale de la 
magistrature du 10 au 14 octobre 2005.  

 

115 

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22-8    

MINISTÈRE DE L’EMPLOI, 
DE LA COHÉSION SOCIALE  
ET DU LOGEMENT 

 

et 

 

MINISTÈRE DE LA SANTÉ  
ET DES SOLIDARITÉS 

 

 
 
 

I - UN DISPOSITIF COMMUN AUX DEUX MINISTERES 

 

Le ministĂšre de l’Emploi, de la CohĂ©sion sociale et du 

Logement et le ministĂšre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s, en raison de la 
transversalitĂ© des problĂšmes posĂ©s par la prĂ©vention et le traitement 
des dĂ©rives sectaires, disposent d’un dispositif commun pour le 
traitement de ces sujets

67

 

Les agissements des sectes dans les champs de ces 

dĂ©partements ministĂ©riels sont prĂ©occupants, l’action de ces groupes 
visant principalement des personnes fragiles, en difficultĂ©s, 
marginalisĂ©es ou Ă  protĂ©ger, et Ă  cet Ă©gard, la protection de l’enfance 
qui concerne plusieurs dizaines de milliers d’enfants est prioritaire. 
Les questions touchant Ă  la santĂ©, au domaine mĂ©dico-social et Ă  la 
formation professionnelle apparaissent centrales. On assiste 
notamment au dĂ©veloppement massif des organisations sectaires dans 
le domaine de la santĂ©. De plus, les pratiques dĂ©veloppĂ©es Ă  l’égard 
des adeptes posent des questions de santĂ©. Le problĂšme des dĂ©rives 
sectaires se pose donc ici principalement en termes de santĂ© publique. 
 
 

Un dĂ©veloppement considĂ©rable des offres en matiĂšre de soins 

 

Dans ce contexte, il est Ă  noter le dĂ©veloppement considĂ©rable 

de l’offre de soins par des personnes ou des micro-structures, dont les 
pratiques, les modes d'intervention, le langage s'apparentent Ă  ceux 

                                                      

67

 cf. Circulaire de la Direction gĂ©nĂ©rale de l’action sociale (DGAS) 

n°2000/501 du 3 octobre 2000 

 

116 

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que l'on retrouve dans les organisations sectaires traditionnelles. Cette 
situation trouve son assise dans le dĂ©veloppement, sur ce mĂȘme 
champ, d’offres de formation. Cependant ces similitudes avec les 
organisations sectaires, n’impliquent pas que toutes ces pratiques 
puissent ĂȘtre qualifiĂ©es de dĂ©rives sectaires ou y conduisent. Reste 
aussi que leurs dĂ©veloppements s’inscrivent dans le « 

terreau 

» 

d’actions des organisations sectaires traditionnelles. L’importance de 
ces offres relativement nouvelles Ă  caractĂšre Â« thĂ©rapeutique Â» ne 
devrait pas conduire Ă  nĂ©gliger l’action des organisations sectaires 
traditionnelles notamment dans le champ du soin, la santĂ© Ă©tant 
devenue un thĂšme de prĂ©dilection pour celles-ci. A cet Ă©gard, le relevĂ© 
des questions mĂ©dicales et mĂ©dico-sociales traitĂ©es dans les 
publications des 

TĂ©moins de JĂ©hovah

68

 en apporte la preuve patente. 

 
 

L’action des organisations sectaires Ă  l’encontre de l’état sanitaire 

 

Si jusqu’à maintenant l’action des organisations sectaires 

posait problĂšme eu Ă©gard Ă  ses incidences sur la protection des 
personnes, on assiste aujourd’hui au dĂ©veloppement de leur action 
dans le domaine sanitaire. Deux exemples en attestent. 
 

- La diffusion en fĂ©vrier 2005 d’un DVD sur « les alternatives Ă  la 
transfusion sanguine Â» par les ComitĂ©s de liaison hospitaliers des 
TĂ©moins de JĂ©hovah.  

 

Ce document a nĂ©cessitĂ© des moyens pour :

 

-

 

connaĂźtre et suivre les Ă©volutions en matiĂšre d’alternatives Ă  la 

transfusion sanguine sur l’ensemble des champs mĂ©dicaux ; 
-

 

suivre le travail des Ă©quipes pratiquant ces alternatives ; 

-

 

repĂ©rer parmi celles-ci les praticiens susceptibles de s’associer Ă  la 

production de ce DVD. 
 

                                                      

68

 

Parmi les sujets, sont Ă©voquĂ©s le diabĂšte, la sclĂ©rose en plaque, le 

glaucome, la dĂ©pression post-natale, le stress, les troubles de l’humeur, le 
manque de sommeil, la drogue, les mĂšres adolescentes, les enfants adoptĂ©s. 
On retrouve aussi des articles se rapportant aux mĂ©decins, Ă  leur avenir 
professionnel, au stress du mĂ©decin, etc. Des sujets portent aussi sur ceux 
pouvant avoir un impact en termes de santĂ© psychique : les familles 
monoparentales, l’absence des pĂšres, les supports de la violence des jeunes, 
etc. 
 

 

117 

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La mise en Ć“uvre de ces moyens implique que ce groupe 

dispose d’un important dispositif propre Ă  connaĂźtre et Ă  pĂ©nĂ©trer  le 
champ de la santĂ©.  
 

De plus, la diffusion de ce DVD Ă  10.000 exemplaires, selon 

la presse, auprĂšs des mĂ©decins des hĂŽpitaux publics français, peut ĂȘtre 
considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritable contre-campagne de santĂ© publique. 
 
 

- Le guide pour visites d’un  hĂŽpital psychiatrique 

 

La Commission des citoyens pour les droits de l’homme 

(CCDH),  Â« satellite »  de  l’

Eglise de Scientologie

, se rĂ©fĂ©rant 

notamment au drame de Pau, adressait dĂ©but janvier 2005 aux 
DDASS. 

« Un guide pour visites d’un hĂŽpital psychiatrique Â»

. La 

CCDH proposait mĂȘme aux services du ministĂšre de la SantĂ© et des 
SolidaritĂ©s de les Â« accompagner Â» dans leurs missions. Rappelons 
que, par ailleurs, l’Association 

« Ethique et LibertĂ© 

», proche elle 

aussi de l’

Eglise de Scientologie

, avait obtenu communication de 

l’ensemble des rapports annuels, pour la pĂ©riode de 1990 Ă  2000, de 
l’ensemble des 100 commissions dĂ©partementales des hospitalisations 
psychiatriques. Elle en avait assurĂ© l’exploitation sous la forme d’un 
rapport produit durant l’annĂ©e 2004, rapport voulant laisser croire 
qu’il Ă©manerait d’un grand corps de l’État. Enfin, en juillet 2005, la 
CCDH demandait communication d’une copie du registre recensant 
les visites des reprĂ©sentants de l’autoritĂ© publique des Ă©tablissements 
accueillant des malades atteints de troubles mentaux (article L. 3222-4 
du Code de santĂ© publique). Se faisant, l’

Eglise de Scientologie

 se 

livre Ă  des pratiques relevant normalement de fonctions 
traditionnellement dĂ©volues Ă  l’État, et elle tente par ce biais de 
s’infiltrer dans le dispositif public de santĂ© mentale. 
 
 

Le renforcement du dispositif de traitement et de prĂ©vention des 
dĂ©rives sectaires 

 

Pour le ministĂšre de l’Emploi, de la CohĂ©sion sociale et du 

Logement et le ministĂšre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s, l’annĂ©e 2005 
aura Ă©tĂ© largement consacrĂ©e au renforcement de son dispositif de 
traitement et de prĂ©vention des dĂ©rives sectaires. 
 

 

118 

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Le cadre juridique de l’action de ces ministĂšres sur le champ 

des dĂ©rives sectaires a Ă©tĂ© rĂ©examinĂ©. En particulier, les rĂšgles qui 
encadrent l’action de l’administration dans ses relations avec les 
usagers ont Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©es. Il a ainsi Ă©tĂ© rappelĂ© que l’État doit Ă  nos 
concitoyens la garantie de la sĂ»retĂ© considĂ©rĂ©e par l’article 2 de la 
DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen comme un droit 
naturel et imprescriptible. Ce rĂŽle de la puissance publique est l’un des 
plus anciens et l’un de ceux qu’elle ne peut pas dĂ©lĂ©guer. L’État ne 
peut donc pas rester indiffĂ©rent aux dĂ©rives sectaires et il est de son 
devoir d’intervenir pour les prĂ©venir et y remĂ©dier. L’intervention des 
services sociaux, qui ont en charge les personnes les plus vulnĂ©rables, 
est apparue Ă  cet Ă©gard essentielle.  
 

Si la rĂ©pression est confiĂ©e aux autoritĂ©s judiciaires, les 

autoritĂ©s administratives doivent, elles, prendre en charge l’aspect 
prĂ©ventif de l’action. Dans certains domaines, elles  peuvent 
Ă©galement prendre des mesures qui sanctionnent les manquements 
qu’elles ont pu constater, c’est notamment le cas pour des activitĂ©s qui 
nĂ©cessitent la dĂ©livrance d’un agrĂ©ment administratif ou d’une 
autorisation, et qui pourront, le cas Ă©chĂ©ant, se traduire par un retrait 
d’agrĂ©ment. Il ne fait donc aucun doute que les autoritĂ©s 
administratives quelles qu’elles soient ont pour mission de participer Ă  
la lutte contre les dĂ©rives sectaires, chacune dans son domaine et Ă  la 
mesure des pouvoirs dont elle est dotĂ©e. Il va Ă©galement de soi que  
cette action doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e de maniĂšre coordonnĂ©e en liaison avec 
les services de la police administrative (en raison des informations 
qu’ils dĂ©tiennent), les services de police judiciaire et les parquets (en 
charge de la mise en Ɠuvre de la rĂ©pression) et enfin les magistrats 
chargĂ©s des personnes vulnĂ©rables (juges des enfants, juges des 
tutelles, etc
) 
 

Lors des rĂ©unions des reprĂ©sentants des Missions rĂ©gionales et 

interdĂ©partementales d’inspection, contrĂŽle et Ă©valuation (MRIICE) 
des Directions rĂ©gionales des affaires sanitaires et sociales qui se sont 
tenues en 2004 et 2005, la Mission d’animation des fonctions 
d’inspection des services dĂ©concentrĂ©s (MAFI) de l’Inspection 
gĂ©nĂ©rale des affaires sociales (IGAS) a programmĂ© une sensibilisation 
aux risques de dĂ©rives sectaires, prĂ©sentĂ©e par le chargĂ© de la 
coordination des actions liĂ©es au traitement des dĂ©rives sectaires Ă  la 
Direction gĂ©nĂ©rale de l’action sociale. 
 

 

119 

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Trois rĂ©unions ont rassemblĂ© en 2005 des reprĂ©sentants des 

MRIICE, correspondants rĂ©gionaux sur les risques de dĂ©rives 
sectaires, de la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’emploi et la formation 
professionnelle (DGEFP), d’une Direction rĂ©gionale du travail, de 
l’emploi et de la formation professionnelle (DRTEFP) et de l’Ecole 
nationale de la santĂ© publique. Ces rĂ©unions ont permis aux secteurs 
travail et santĂ©/solidaritĂ© de dĂ©finir le profil des correspondants 
locaux, d’identifier les besoins des inspecteurs en matiĂšre d’outils 
d’inspection et de rapprocher les correspondants des deux secteurs 
pour un meilleur Ă©change d’informations et Ă©ventuellement pour 
programmer des inspections conjointes. 
 

L’échelon rĂ©gional a Ă©tĂ© identifiĂ© comme pertinent pour les 

deux secteurs, tant pour les correspondants que pour la programmation 
de futures inspections qui pourraient ĂȘtre incluses dans les 
programmes rĂ©gionaux et interdĂ©partementaux d’inspection arrĂȘtĂ©s en  
comitĂ©s techniques rĂ©gionaux et interdĂ©partementaux (CTRI). 
 
 

Enfin, l’ensemble des correspondants en charge de ces 

questions tant au sein des directions de l’administration centrale que 
des directions rĂ©gionales ont Ă©tĂ© nommĂ©s dans ces fonctions. Des 
outils de communication nĂ©cessaires Ă  ces missions ont Ă©tĂ© mis en 
place et leur dĂ©veloppement continuera Ă  ĂȘtre assurĂ© en 2006. Des 
actions de sensibilisation et de formation ont par ailleurs continuĂ© Ă  
ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es au sein mĂȘme du ministĂšre de l’Emploi, de la 
CohĂ©sion sociale et du Logement et du ministĂšre de la SantĂ© et des 
SolidaritĂ©s. A titre d’exemple, on trouvera ci-dessous, celle du Service 
des droits des femmes et de l’égalitĂ© 
 

La mobilisation du Service des droits des femmes et de 

l’égalitĂ© (SDFE) s’est traduite par la dĂ©signation, en 2005, d’une 
correspondante chargĂ©e d’assurer l’interface, sur ce sujet, avec le 
chargĂ© de mission Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de l’action sociale, lui-
mĂȘme responsable de l’animation et de la coordination de l’ensemble 
des actions liĂ©es Ă  cette problĂ©matique. A cet Ă©gard, elle participe au 
groupe de travail rĂ©unissant, sous l’égide du chargĂ© de mission prĂ©citĂ©, 
les reprĂ©sentants des autres directions de l’administration centrale 
ainsi qu’un membre de la MIVILUDES, afin de suivre la question des 
dĂ©rives sectaires relevant des champs formation, emploi, sanitaire et 
social. Par l’entremise de cette correspondante, des actions de 
sensibilisation axĂ©es sur la prĂ©vention du phĂ©nomĂšne sectaire ont Ă©tĂ© 

 

120 

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amorcĂ©es via le rĂ©seau local, dont le SDFE dispose en propre, 
composĂ© de dĂ©lĂ©guĂ©es rĂ©gionales et de chargĂ©es de mission 
dĂ©partementales couvrant l’ensemble du territoire national. C’est 
d’ailleurs dans cette optique qu’elle a Ă©galement assurĂ© la diffusion 
auprĂšs du rĂ©seau dĂ©concentrĂ© du 

« Guide de l’agent public face aux 

dĂ©rives sectaires Â»

, tĂ©lĂ©chargeable sur le site de la MIVILUDES, outil 

prĂ©cieux d’information et de formation des fonctionnaires susceptibles 
d’ĂȘtre un jour confrontĂ©s Ă  ce sujet.  
 
 

II - BILAN RÉALISÉ PAR QUATRE DIRECTIONS  

 

Il serait fastidieux de donner la liste de toutes les actions 

menĂ©es par l’ensemble des directions, des dĂ©lĂ©gations, des services et 
des missions des deux ministĂšres. On trouvera cependant ci-dessous le 
bilan rĂ©alisĂ© par quatre directions

69

, prĂ©cĂ©dĂ© de celui de la Mission 

interministĂ©rielle de lutte contre les drogues et la toxicomaine 
(MILDT). 
 

L’action de la MILDT 

 

Sur proposition de la Commission nationale des stupĂ©fiants et 

des psychotropes, le Ministre des SolidaritĂ©s, de la SantĂ© et de la 
Famille a classĂ©, par arrĂȘtĂ© du 20 avril 2005, comme stupĂ©fiants une 
sĂ©rie de produits : le banisteriopsis caapi, le peganum harmala, le 
psychotria viridis, le diplopterys cabrerana, le mimosa hostilis, le 
banisteriopsis rusbyana, le harmine, le harmaline, le 
tĂ©trahydroharmine (THH), le harmol, le harmalol, c'est-Ă -dire des 
substances rentrant dans la prĂ©paration de ce que l’on nomme 
gĂ©nĂ©ralement « 

ayahuasca 

». En dehors des motifs purement 

pharmacologiques qui ont conduit les membres de la Commission Ă  
proposer ce classement, le fait que cette substance soit essentiellement 
prise lors des cĂ©rĂ©monies rituelles de l’

Eglise du Santo daime

 n’a pu 

ĂȘtre ignorĂ©. 
 
-  

La mise en place par la Mission interministĂ©rielle de lutte 

contre les drogues et la toxicomanie (MILDT) d’un appel d’offres 

                                                      

69

 Il s’agit de la Direction gĂ©nĂ©rale  Ă  l’action sociale (DGAS), la Direction 

gĂ©nĂ©rale de la santĂ© (DGS), la Direction Ă  l’hospitalisation et Ă  l’organisation 
des soins (DHOS) et la Direction gĂ©nĂ©rale de l’emploi et de la formation 
professionnelle (DGEFP) 

 

121 

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concernant la crĂ©ation de communautĂ©s thĂ©rapeutiques prĂ©vue par le 
plan gouvernemental 2004-2008 de lutte contre les drogues illicites, le 
tabac et l’alcool  a conduit Ă  rĂ©diger un cahier des charges se rĂ©fĂ©rant Ă  
l’arrĂȘtĂ© du 8 septembre 2003, du ministĂšre de la SantĂ©, de la Famille et 
des Personnes handicapĂ©es qui, dans son annexe, a Ă©tabli une charte 
des droits et libertĂ©s de la personne accueillie. 
 
-  

Une attention soutenue de l’ensemble des personnels de la 

MILDT, aux demandes de subventions diverses en provenance du 
secteur associatif, lui permet de prendre en compte les risques 
Ă©ventuels de dĂ©rives sectaires. 
 
 

ACTIVITÉ DE LA DGAS 

 

ConformĂ©ment Ă  la circulaire n°2000/501 du 3 octobre 2000 

relative aux dĂ©rives sectaires, un chargĂ© de mission Ă  la Direction 
gĂ©nĂ©rale de l’action sociale (DGAS) assure les liaisons nĂ©cessaires 
avec la MIVILUDES et les principaux ministĂšres concernĂ©s. 

 

Au-delĂ  de l’animation du dispositif 

ad hoc

, de la construction 

de ses outils spĂ©cifiques et de l’action de vigilance qu’il conduit, le 
chargĂ© de mission continue Ă  sensibiliser les bureaux de la DGAS en 
charge des populations les plus vulnĂ©rables (enfance, personnes 
handicapĂ©es, etc). Par ailleurs, des rĂ©unions de travail ont Ă©tĂ© tenues 
avec le dispositif de formation des travailleurs sociaux sur la question 
du traitement des dĂ©rives sectaires. 
 

L’annĂ©e 2005 a Ă©tĂ© essentiellement consacrĂ©e aux questions 

relatives au champ de la protection de l’enfance. Ce travail se 
poursuivra en 2006. Il se traduit notamment par une rĂ©flexion visant Ă  
la construction d’un outil mĂ©thodologique destinĂ© aux professionnels 
de la protection  de l’enfance. Une information sur ces questions a Ă©tĂ© 
conduite auprĂšs des professionnels en charge des questions de 
maltraitance (Colloque de l’Association française d’information et de 
recherche sur l’enfance maltraitĂ©e, etc.). 

 
Le travail ainsi menĂ© permet dĂ©jĂ  de situer les effets sur les 

enfants de ce type d’appartenance. Il se rĂ©vĂšle indispensable dans la 
mesure oĂč les enfants sont vraiment en danger au sein des 
organisations sectaires. En effet, il faut d’abord souligner que les 
parents n’occupent plus dans ce contexte leurs rĂŽles parentaux. Ils ne 

 

122 

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sont que les relais du groupe ou du gourou auprĂšs de leurs enfants. Il y 
a donc ici une forme de dĂ©lĂ©gation de l’autoritĂ© parentale qui 
s’effectue au profit du groupe. Cette situation se traduit le plus 
souvent par la suppression de toute relation affective avec l’enfant.  
 

L’essentiel des problĂšmes de l’appartenance tient aux dĂ©gĂąts 

psychologiques qu'elle provoque. Les enfants nĂ©s et/ou Ă©levĂ©s dans 
des organisations Ă  caractĂšre sectaire sont vouĂ©s Ă  n’ĂȘtre que des 
adeptes. Ils grandissent Ă  l’opposĂ© des enfants faisant l’apprentissage 
de la vie, de l’autonomie et d’un dĂ©veloppement propre Ă  en faire des 
citoyens et des adultes. De ce point de vue, le fonctionnement des 
groupes Ă  caractĂšre sectaire est Ă  l’origine des pertes de capacitĂ©s de 
dĂ©veloppement et d’autonomie des enfants, sortes d’attaques qui font 
de ceux-ci de rĂ©els « morts vivants Â». Cette situation, il faut le 
souligner, est commune Ă  l’ensemble de ces groupes, y compris pour 
ceux qui paraissent les plus « paisibles Â». Il n’y a pas d’organisations 
sectaires  moins  Â« dangereuses »,  toutes sont Ă  redouter au regard du 
devenir de l’enfant. 
  

La « fermeture Â» du groupe sur lui-mĂȘme, le refus de la loi 

commune, s’avĂšrent ĂȘtre les supports de toutes les formes de 
transgression. Celles-ci sont d’abord sexuelles : les situations les plus 
communes, et toujours prĂ©sentes, portant sur des passages Ă  l’acte sur 
mineurs. Cependant, certains groupes vont plus loin, allant jusqu’à 
prĂŽner l’inceste ou inciter Ă  des formes de prostitution des mineurs. 
Peuvent aussi s'y rencontrer des pratiques de « mauvais traitements Â» 
que des parents s’autorisent Ă  dĂ©velopper pour la « bonne Ă©ducation Â» 
de leurs enfants ou « pour Â« mieux Â» accepter la « vĂ©ritĂ© Â» dĂ©tenue par 
le groupe. Reste Ă  noter la frĂ©quence de ces faits, mĂȘme si les 
signalements restent peu nombreux.  
 

Il faut souligner l’importance du temps consacrĂ© aux 

« activitĂ©s spirituelles Â», qui s’ajoutant au temps de la scolaritĂ© 
obligatoire, font de ces enfants des ĂȘtres Ă©puisĂ©s par leur journĂ©e. On 
peut ainsi rappeler que chez les dĂ©vots de 

Krishna

, les enfants sont 

soumis Ă  un emploi du temps harassant comprenant de nombreuses 
sĂ©ances de priĂšres obligatoires (lever Ă  3h30 et coucher Ă  20h30 pour 
les 10-15 ans). 
 

Certains groupes, peu nombreux, s’affranchissent pour leurs 

enfants de la scolarisation, du suivi mĂ©dical et des vaccinations 
obligatoires.  

 

123 

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ACTIVITÉ DE LA DGS ET DE LA DHOS 

 

Exercice mĂ©dical 

 

Liens entre la notion de dĂ©rive sectaire et la notion de "dĂ©rive 
thĂ©rapeutique" 

 

Fin juillet 2005, la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© (DGS) a 

diffusĂ© auprĂšs de l'ensemble de ses services et de ses agents un 
document de travail destinĂ© Ă  proposer un rapprochement entre la 
notion de dĂ©rive sectaire et la notion de "dĂ©rive thĂ©rapeutique", plus 
spĂ©cifique aux missions du ministĂšre chargĂ© de la santĂ©. 

 

Des infractions au droit, telles l’exercice illĂ©gal de la 

mĂ©decine et/ou de la pharmacie, la publicitĂ© mensongĂšre, l’usurpation 
de titre, etc., qui accompagnent souvent les pratiques thĂ©rapeutiques 
non Ă©prouvĂ©es, sont des dĂ©rives frĂ©quentes dans les mouvements 
sectaires, mais elles ne leur sont pas exclusives.  

 

Du fait de leur prolifĂ©ration et des dangers qu'elles peuvent 

prĂ©senter pour les personnes, les dĂ©rives thĂ©rapeutiques constituent un 
enjeu de santĂ© publique. Ainsi, la veille sur les dĂ©rives thĂ©rapeutiques, 
de mĂȘme que les actions menĂ©es Ă  leur encontre, fondĂ©es sur le droit 
commun, constituent pour le ministĂšre chargĂ© de la santĂ© un objectif 
opĂ©rationnel important dans sa contribution Ă  la lutte contre les 
dĂ©rives sectaires. 

 
Ces deux objectifs restent cependant bien distincts dans la 

mesure oĂč la lutte contre les dĂ©rives sectaires vise essentiellement des 
processus d’emprise sur les personnes, la lutte contre les dĂ©rives 
thĂ©rapeutiques concernant des pratiques effectivement ou 
potentiellement dangereuses pour la santĂ© des personnes. 

 

Refus de soins et de transfusion sanguine  

 

Une fiche technique destinĂ©e Ă  apporter, aux mĂ©decins 

susceptibles d’ĂȘtre confrontĂ©s Ă  un refus de traitement ou de 
transfusion sanguine, une aide sur les conduites Ă  tenir, notamment en 
fonction de circonstances particuliĂšres, a Ă©tĂ© achevĂ©e en 2005, 
incluant les nouvelles dispositions de la loi n°2005-370 du 22 avril 
2005 relative aux droits des malades et Ă  la fin de vie. Ce document, 

 

124 

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qui sera diffusĂ© en 2006, s’attache Ă  rappeler le droit, la jurisprudence 
et les devoirs du mĂ©decin, notamment celui de tout mettre en Ɠuvre 
pour convaincre le patient d’accepter de recevoir les soins adĂ©quats, 
tout en respectant son droit, inscrit dans la loi, de refuser des soins, 
pour autant qu’il soit en capacitĂ© d’exprimer une volontĂ© libre et 
Ă©clairĂ©e. 

 
Ainsi que cela a Ă©tĂ© Ă©crit prĂ©cĂ©demment, les ComitĂ©s de 

liaison hospitaliers des 

TĂ©moins de JĂ©hovah

 ont largement diffusĂ©, Ă  

partir du dĂ©but de l'annĂ©e 2005, un dossier en faveur des alternatives Ă  
la transfusion sanguine comportant, notamment, un DVD intitulĂ© 

StratĂ©gies alternatives Ă  la transfusion - Simples, sĂ»res, efficaces. 

Fin 

mai 2005, la DGS et la DHOS ont adressĂ© aux Directions 
dĂ©partementales et rĂ©gionales des affaires sanitaires et sociales 
(DDASS et DRASS) une note commune de mise en garde quant Ă  ce 
dossier, aprĂšs y avoir relevĂ© des imprĂ©cisions et des omissions. Cette 
note indiquait qu'une expertise plus prĂ©cise de ce document allait ĂȘtre 
mise en Ɠuvre. Les rĂ©sultats de cette expertise seront connus et 
diffusĂ©s en 2006. 
 

Commission de dĂ©ontologie pour la fonction publique hospitaliĂšre 

 

Le rapport d'activitĂ© de la Commission de dĂ©ontologie pour la 

fonction publique hospitaliĂšre, mise en place dans le cadre de la loi du 
29 janvier 1993 relative Ă  la prĂ©vention de la corruption et Ă  la 
transparence de la vie Ă©conomique et des procĂ©dures publiques, a Ă©tĂ© 
mis en ligne en 2005 sur le site 

INTERNET

 du ministĂšre.  

 

Ce rapport Ă©voque les cas, de plus en plus frĂ©quents, 

d'activitĂ©s Ă©mergentes (naturopathie, 

kinésiologie

, thĂ©rapie 

transactionnelle, sophrologie, etc.) parmi les activitĂ©s privĂ©es et 
libĂ©rales exercĂ©es par des agents quittant temporairement ou 
dĂ©finitivement le secteur public. Ces activitĂ©s, qui ne sont pas 
rĂ©glementĂ©es, pourraient donner lieu Ă  des dĂ©rives sectaires. En vue, 
notamment de prĂ©venir ces dĂ©rives, la Commission apporte une 
attention particuliĂšre aux cursus suivis par l’agent 

(noms des 

organismes formateurs, durĂ©e des formations suivies, copie des 
diplĂŽmes obtenus, etc.), et demande Ă©galement, dans certains cas, Ă  
entendre les agents.  
 

 

 

125 

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SantĂ© mentale 

 

 

Usage du titre de psychothĂ©rapeute (loi du 9 aoĂ»t 2004, article 52) 

 

En rĂ©ponse Ă  l’absence d’encadrement des pratiques de 

psychothĂ©rapie qui avait Ă©tĂ© pointĂ©e en 2003, l’article 52 de la loi 
n°2004-806 du 9 aoĂ»t 2004 relative Ă  la politique de santĂ© publique 
remĂ©die Ă  la situation de vide juridique que connaissait la France. Il va 
dans le sens attendu par le public d’une meilleure information sur les 
professionnels et d’une protection face Ă  l’existence de pratiques 
douteuses ou effectuĂ©es par des professionnels non formĂ©s.  
 

L'article 52 de cette loi prĂ©voit que tout psychothĂ©rapeute 

devra attester d’une formation minimale en psychopathologie clinique. 
Le dĂ©cret en Conseil d’État relatif Ă  l’application de cet article est en 
cours d’élaboration. Un premier projet a Ă©tĂ© soumis dĂ©but 2006 Ă  la 
concertation des professionnels

 

Commission des citoyens pour les droits de l'homme (CCDH) - 
Collectif des mĂ©decins et des citoyens contre les traitements 
dĂ©gradants de la psychiatrie 

 

La CCDH et le Collectif des mĂ©decins et des citoyens contre 

les traitements dĂ©gradants de la psychiatrie, Ă©manations de l'

Eglise de 

Scientologie

, conduisent depuis longtemps des actions caractĂ©risĂ©es 

par une virulente opposition Ă  l'Ă©gard des psychiatres et de la 
psychiatrie et par une dĂ©nonciation de ce qu'ils considĂšrent comme 
une « 

dĂ©rive des internements psychiatriques sous contrainte 

»

70

.  

 

En 2005, la CCDH a poursuivi, comme les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, 

ses demandes de communication des rapports des Commissions 
dĂ©partementales des hospitalisations psychiatriques et des rapports de 
visite d’établissements psychiatriques. En fĂ©vrier 2005, la DGS a de 
nouveau alertĂ© les DDASS sur l’intervention de la CCDH au regard des 
visites d’établissements et leur a rappelĂ© la position de l’administration 
sur ce sujet. 

 

Deux notes d'information donnent des indications sur les 

conduites Ă  tenir au regard des interventions de la CCDH : celle du 27 
mai 1997 porte sur l’intervention de certaines organisations dans le 

                                                      

70

 

Cf. notamment, le rapport CCDH de janvier 2004. 

 

126 

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domaine de la psychiatrie (en ligne sur le site intranet du ministĂšre), et 
celle du 16 octobre 2000 traite des rĂ©ponses Ă  apporter Ă  la mise en 
cause de l’électro-convulsivothĂ©rapie. 
 

En octobre 2005, la DGS a demandĂ© aux DDASS d’alerter les 

mĂ©dias de leur rĂ©gion ou de leur dĂ©partement en leur signalant le fait que 
la CCDH est une Ă©manation de l’Église de Scientologie.  
 
 

Formation continue des professionnels de santĂ© 

 

Vigilance en matiĂšre d'achat de formations 

 

La circulaire d’orientation annuelle de la DHOS relative aux 

axes prioritaires de formation continue, destinĂ©e aux professionnels de 
santĂ© hospitaliers, a appelĂ© l’attention des Ă©tablissements publics de 
santĂ© concernĂ©s sur la nĂ©cessitĂ© d’accorder une vigilance particuliĂšre Ă  
l’achat de formation, notamment s’agissant d’organismes liĂ©s ou 
susceptibles d’ĂȘtre liĂ©s Ă  des mouvements sectaires.  

 

Lien avec l'Association nationale pour la formation permanente du 
personnel hospitalier (ANFH) 

 

En 2005, la DHOS et la DGS ont apportĂ© leur concours au 

travail prĂ©paratoire menĂ© par la cellule de veille sur les dĂ©rives 
sectaires de l'ANFH, aux actions de sensibilisation que celle-ci 
conduira Ă  partir de 2006 en direction des Ă©tablissements de santĂ©. Ces 
actions porteront sur la nĂ©cessitĂ© d’accorder une vigilance particuliĂšre 
Ă  l’achat de formation, notamment s’agissant d’organismes liĂ©s ou 
susceptibles d’ĂȘtre liĂ©s Ă  des mouvements sectaires. 
 
 

PĂ©rinatalitĂ© 

 

Au cours de l'annĂ©e 2005 le bureau chargĂ© de la pĂ©rinatalitĂ© a 

maintenu sa dĂ©termination Ă  prĂ©venir d'Ă©ventuelles dĂ©rives sectaires 
dans le domaine de la naissance. En particulier, trois actions ont 
indirectement contribuĂ© Ă  renforcer les moyens de vigilance au regard 
d'un risque d'entrisme sectaire sur les terrains de la prĂ©paration Ă  la 
naissance et des maisons de naissance.  
 
 

 

127 

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PrĂ©paration Ă  la naissance 

 

Suite Ă  une demande de la DGS, la Haute autoritĂ© de santĂ© 

(HAS) a produit en 2005 des recommandations professionnelles sur la 
prĂ©paration Ă  la naissance. Ces recommandations paraĂźtront dĂ©but 
2006 sur le site de la HAS. 
 

Entretien individuel ou en couple au 4Ăšme mois 

 

Dans le cadre du plan pĂ©rinatalitĂ© 2005-2007, un entretien 

supplémentaire au 4

Ăšme

 mois de la grossesse, destinĂ© Ă  dĂ©pister les 

vulnĂ©rabilitĂ©s psychologiques des futures mĂšres, a Ă©tĂ© instaurĂ©. Afin 
de guider l’exercice des professionnels (mĂ©decins ou sages-femmes) 
chargĂ©s de rĂ©aliser cet entretien, l’élaboration d’un rĂ©fĂ©rentiel de 
formation a Ă©tĂ© demandĂ©e par la DGS Ă  la SociĂ©tĂ© française de 
mĂ©decine pĂ©rinatale. Ce rĂ©fĂ©rentiel paraĂźtra courant 2006. 

 

Maisons de naissance 

 

Dans le cadre du plan pĂ©rinatalitĂ© 2005-2007, un groupe de 

travail composĂ© de reprĂ©sentants des sociĂ©tĂ©s savantes et des 
professionnels hospitaliers a Ă©tĂ© constituĂ© fin 2005 pour Ă©tablir le 
cahier des charges du fonctionnement des maisons de naissance Ă  titre 
expĂ©rimental. Cette expĂ©rimentation vise Ă  offrir des garanties en 
terme de sĂ©curitĂ© de la mĂšre et de l'enfant. La fin de ces travaux est 
prĂ©vue en juin 2006.  
 
 

ACTIVITÉ DE LA DGEFP 

 
 

L’intĂ©rĂȘt que portent certains groupes ou organisations pour la 

sphĂšre Ă©conomique et sociale se manifeste dans les domaines de 
l’emploi et de la formation, secteurs qui gĂ©nĂšrent des flux financiers 
importants. Outre cet intĂ©rĂȘt financier, ces groupes y recherchent 
Ă©galement une forme de lĂ©gitimitĂ© ou de reconnaissance. Cela leur 
permet d’entrer directement en contact avec les demandeurs d’emploi, 
les salariĂ©s et les entreprises (congĂ© individuel de formation, droit 
individuel Ă  la formation, plan de formation) mais souvent, aussi, avec 
des personnes physiques qui entreprennent dans un deuxiĂšme temps 
une formation Ă  titre individuel et Ă  leurs frais. 
 

 

128 

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La confrontation aux finalitĂ©s et aux rĂšgles encadrant la 
formation continue 

 
 

Ces groupes proposent une offre de prestations sĂ©duisantes 

toujours plus abondante et diversifiĂ©e. Les « formations Â» proposĂ©es 
sont parfois trĂšs Ă©loignĂ©es des finalitĂ©s lĂ©gales assignĂ©es Ă  la 
formation professionnelle continue que sont l’insertion ou la 
rĂ©insertion professionnelle, le maintien dans l’emploi en lien avec son 
Ă©volution, le dĂ©veloppement de compĂ©tences et l’accĂšs aux diffĂ©rents 
niveaux de la qualification professionnelle. 
 
 Ils 

mĂ©connaissent 

Ă©galement frĂ©quemment les exigences 

lĂ©gales et rĂ©glementaires en termes d’organisation de l’activitĂ© de 
formation professionnelle (publicitĂ©, obligations comptables, remise 
prĂ©alable de documents lĂ©gaux, perception de frais ou paiement des 
prestations, contractualisation
). 
 

Respect des finalitĂ©s assignĂ©es Ă  la formation professionnelle continue  

 
 

Les actions proposĂ©es n’ont souvent pas pour but l’acquisition 

de compĂ©tences professionnelles bien identifiĂ©es et ne comportent pas 
une rĂ©elle valeur formative Ă©troitement liĂ©e Ă  l’activitĂ© professionnelle 
du public visĂ©. Par exemple, Ă  l’appui d’une demande 
d’enregistrement comme dispensateur de formation, les services de 
l’État considĂšrent qu’une convention de formation ayant pour objet 
une dĂ©marche de dĂ©veloppement personnel et visant l’épanouissement 
personnel de l’individu ou relevant de la thĂ©rapie, ne constitue pas une 
action de formation professionnelle continue au sens des dispositions 
de l’article L. 900-2 du code du travail.  
 

 

 

« ConsidĂ©rant que les programmes joints Ă  la demande 

(cours par journĂ©es de sĂ©minaires organisĂ©es le week-end ou lors des 
vacances) font rĂ©fĂ©rence entre autres Ă  : « l’iridologie, au travail sur 
les chakras, aux Ă©lixirs floraux (Bach et autres), Ă  leur fabrication, Ă  
la gĂ©obiologie, au magnĂ©tisme, Ă  la cristallothĂ©rapie, au corps 
spirituel reliĂ© au cosmos, aux techniques Ă©nergĂ©tiques de 
rĂ©harmonistation du corps et de l’esprit, aux exercices de relaxation 
en sophrologie, de techniques yogiques, de pratiques spirituelles, de 
thĂ©rapie par les aimants, techniques vitales, Ă  l’aura, aux corps 
subtils et biomagnĂ©tiques, bilans de santĂ© par les ongles, 
oligothĂ©rapie, organothĂ©rapie, gemmothĂ©rapie, bains de siĂšge, effet 
Kirlian
 Â» [
] qu’il est en outre de jurisprudence constante que ces 

 

129 

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actions d’initiation Ă  des techniques ou Ă  leur utilisation liĂ©es au 
karma, Ă  la perception des chakras, aux perceptions Ă©nergĂ©tiques [
] 
ne sauraient ĂȘtre comptĂ©es parmi les actions de formation entrant 
dans le champ de la formation professionnelle continue (
) »

71

 

 

De mĂȘme, lorsque les actions ne sont pas conduites 

conformĂ©ment Ă  un programme Ă©crit et exĂ©cutĂ©es dans le respect 
d’objectifs professionnels prĂ©alablement dĂ©terminĂ©s et selon des 
modalitĂ©s de dĂ©roulement et d’évaluation prĂ©cises, elles ne sauraient 
valablement ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des actions de formation 
professionnelle continue. Ces prĂ©cisions sont essentielles et d’autant 
plus importantes que les rapports qui s’établissent entre le 
« formateur Â» et le bĂ©nĂ©ficiaire (parfois en situation prĂ©caire ou 
fragile), sont inĂ©gaux.  
 
 

Certains organismes prestataires de ces actions tendent, de 

surcroĂźt, Ă  induire en erreur les bĂ©nĂ©ficiaires de celles-ci par le 
caractĂšre mirobolant de certaines « certifications », Â« qualifications », 
« titres et diplĂŽmes Â», le plus souvent non reconnus par les instances 
administratives ou professionnelles. 
 
 

 

«[
] Les formations dispensĂ©es [
] consistaient en 

« praticien de santĂ© naturopathe Â» (PSN), en « PSN rĂ©flexologue Â» ou 
« kynĂ©siologue »,  en  Â« hygiĂ©niste naturopathe 

», en « 

hygiĂ©niste 

naturopathe iridologue Â», en « perfectionnement rĂ©flexologie Â», en 
formation « dĂ©couverte Â» ou en « PSN rĂ©flexologue iridologue bio 
Ă©nerg. Â» ; que ces activitĂ©s [
] ne correspondent Ă  aucune activitĂ© 
professionnelle suffisamment identifiable, nonobstant les attestations 
produites et la liste des « mĂ©tiers de la santĂ© naturelle Â», exclusifs ou 
en complĂ©ment de professions, prĂ©sentĂ©e par la SARL X, d’ailleurs 
simplement dĂ©clarĂ©e et non agrĂ©Ă©e [
], qu’un certain nombre de 
stagiaires souhaitaient « prendre en charge leur santĂ© Â» par ce biais 
et poursuivaient, par consĂ©quent, un but personnel et non 
professionnel ; qu’en outre, la SARL X dĂ©livre sans autorisation des 
« diplĂŽmes Â» en particulier de « praticiens de santĂ© naturopathe Â», 
fussent-ils qualifiĂ©s de privĂ©s, et propose de passer des « clinicats Â», 
contribuant Ă  entretenir une confusion avec les professions de santĂ© ; 
que de telles actions ne peuvent ĂȘtre regardĂ©es, notamment comme 

                                                      

71

 Extrait d’une dĂ©cision du ministre de l’Emploi, de la CohĂ©sion sociale et 

du Logement suite Ă  recours hiĂ©rarchique sur la nature d’une action de 
formation. 

 

130 

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des actions d’acquisition, d’entretien ou de perfectionnement des 
connaissances visĂ©es Ă  l’article L. 900-2 6 du code du travail »

72

 
 

Les individus et les entreprises sont ainsi confrontĂ©s Ă  des 

offres imprĂ©cises incluant Ă  la fois le champ professionnel et 
personnel et Ă  des prestations diverses qui leurs sont associĂ©es 
(confĂ©rences, sĂ©minaires, voyages, ouvrages, stages, tests, 
amĂ©lioration des performances, 

coaching

, audit, conseil
). 

 
 

Respect des rĂšgles d’organisation de l’activitĂ© de formation 
professionnelle continue 

 
 

Les obligations incombant aux organismes de formation sont 

l’objet du titre II du livre IX du code du travail rĂ©cemment modifiĂ© par 
l’ordonnance n°2005-731 du 30 juin 2005 relative Ă  la simplification 
et Ă  l’adaptation du droit dans les domaines de la formation 
professionnelle et de l’emploi.  
 

DĂ©claration d’activitĂ© 

 
 

L’État ne procĂšde qu’à l’enregistrement de la dĂ©claration 

d’activitĂ© des organismes de formation au vu de la rĂ©alisation de 
prestations de formation professionnelle continue par le biais de la 
conclusion d’une premiĂšre convention ou d’un premier contrat de 
formation professionnelle. 
 
 

L’autoritĂ© administrative chargĂ©e de la formation 

professionnelle ne dĂ©livre aucun agrĂ©ment au titre de la formation 
continue (cf. dĂ©cision prĂ©citĂ©e). 
 
 

Or, certains groupes ou personnes valorisent cet 

enregistrement comme la dĂ©livrance d’un agrĂ©ment qui peut abuser les 
bĂ©nĂ©ficiaires et les acheteurs de formation sur sa nature. Ils entendent 
ainsi se prĂ©valoir d’une forme de reconnaissance leur permettant de 
s’insĂ©rer et de se dĂ©velopper plus aisĂ©ment sur ce marchĂ©, voire de 
lĂ©gitimer un mouvement prosĂ©lyte. 
 
 

                                                      

72

 Extrait de dĂ©cision du Tribunal administratif de Poitiers (SARL X, fĂ©vrier 

2005). 

 

131 

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Dispositions pĂ©nales 

 
 

Les prestataires d’actions de formation (ou dĂ©clarĂ©s comme 

tels) s’exposent Ă  des sanctions pĂ©nales en contrevenant aux rĂšgles 
relatives Ă  la publicitĂ©, aux obligations comptables, Ă  la remise 
prĂ©alable de documents lĂ©gaux, Ă  la perception de frais ou au paiement 
des prestations et Ă  la contractualisation. 
 
 

Ces dispositions complĂštent et renforcent l’arsenal juridique 

des agents de contrĂŽle et peuvent utilement ĂȘtre mobilisĂ©es Ă  
l’encontre de groupes Ă  risques

73

 
 

Les principaux risques de dĂ©rives charlatanesques ou sectaires 

 
 

Les principaux risques de dĂ©rives charlatanesques ou sectaires 

sont liés à la confusion (parfois entretenue par les prestataires eux-
mĂȘmes) entre des objectifs Ă  caractĂšre professionnel et des dĂ©marches 
Ă  caractĂšre personnel et/ou spirituel. Ils se manifestent notamment par 
des pratiques influant de maniĂšre prĂ©judiciable sur les bĂ©nĂ©ficiaires 
des actions conduites pouvant aboutir Ă  un phĂ©nomĂšne de sujĂ©tion Ă  
l’encontre de ces personnes. 
 
 

La croissance du nombre de stages ou d’actions ayant trait aux 

domaines de la santĂ© physique et mentale (bien-ĂȘtre inclus), du 
dĂ©veloppement personnel (transformation, amĂ©lioration des 
performances
), Ă  vocation psychothĂ©rapeutique ou guĂ©risseuse 
reposant sur des eschatologies exclusives, et sur des techniques ou 
mĂ©thodes dites, par exemple, « Ă©nergĂ©tiques Â», induit un risque de 
dĂ©veloppement du charlatanisme. 
 

 

« [
] La formation dispensĂ©e par la SARL Y consiste en 

stages destinĂ©s Ă  « renforcer la conscience individuelle, qui une fois 
consolidĂ©e, harmonisĂ©e, physiquement et mentalement, offrira Ă  
l’individu des rĂ©sultats encourageants dans le domaine de la santĂ© 
[
], en prophylaxie [
], en pĂ©dagogie [
], dans le domaine du 
sport Â» ; que, selon les termes de la publicitĂ© Ă©mise par la sociĂ©tĂ©, ces 
stages consistent, d’une part en « cure thĂ©rapeutique [
] destinĂ©e 
aux personnes en dysharmonie temporaire et voulant retrouver leur 

                                                      

73

 Cf. les jugements des Tribunaux correctionnels de Saintes et de Rochefort-

sur-Mer de juin et octobre 2005 

 

132 

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Ă©quilibre Â», et, d’autre part, en « stages spĂ©cifiques Â» fondĂ©s sur la 
dynagogie ; que selon cette mĂȘme publicitĂ©, « la dynagogie conçoit 
l’ĂȘtre humain comme un tout indivisible et original [
]. La 
mobilisation de l’énergie primordiale de l’ĂȘtre Ă  travers des exercices 
spĂ©cifiques, la prise de conscience de ses circuits, le contrĂŽle de ses 
manifestations et la maĂźtrise de sa transformation en Force de 
Conscience, lui permettent de dĂ©velopper ses potentialitĂ©s de 
concentration, de captation de donnĂ©es, d’intĂ©gration, de 
programmation positive du Futur et de relativisation du PassĂ© Â» ; que 
ces formations, qui tendent uniquement au dĂ©veloppement de la 
personne, ne peuvent ĂȘtre regardĂ©es comme entrant dans le champ 
d’application [de] la formation professionnelle continue »

74

.

 

 
 

En outre, le risque financier pour les personnes est d’autant 

plus sensible que les coĂ»ts peuvent ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©s et les prestations 
multipliĂ©es dans la durĂ©e. 
 
 

Enfin, la nature de certaines prestations peut prĂ©disposer toute 

personne les rĂ©alisant Ă  se livrer Ă  des actes de diagnostic, de 
prĂ©vention ou de traitement, ce qui la rendrait passible de poursuites 
pour exercice illégal de la médecine

 

sans prĂ©judice des autres 

dispositions concernant l’exercice illĂ©gal de la pharmacie ou de 
professions rĂ©glementĂ©es. 
 
 

Il appartient donc aux acteurs de l’emploi, de la formation et 

de l’accompagnement des salariĂ©s ou des demandeurs d’emploi (État, 
collectivitĂ©s locales, partenaires sociaux, ANPE, ASSEDIC, 
employeurs, comitĂ©s d’entreprises
) d’ĂȘtre vigilants pour prĂ©venir 
ces risques de dĂ©rives. Une attention renforcĂ©e doit notamment 
s’exercer dans les Ă©tablissements de santĂ© lors de l’achat de formation. 
 

La nĂ©cessitĂ© d’une vigilance qui doit ĂȘtre renforcĂ©e 

 
 

Outre le sens critique qu’il convient de mobiliser lorsque l’on 

entreprend une dĂ©marche de formation professionnelle, il est 
indispensable de s’assurer que le but poursuivi s’inscrit bien dans le 
respect des objectifs assignĂ©s Ă  la formation continue (articles L.900-
1-2°, L. 900-2 et L. 900-3 du code du travail). Cette vigilance doit 
Ă©galement s’exercer sur le respect des modalitĂ©s de rĂ©alisation et de 

                                                      

74

 

DĂ©cision du Tribunal administratif de Poitiers (SARL Y, juillet 2005).

 

 

 

133 

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contractualisation des actions de formation professionnelle telles que 
dĂ©finies aux articles L. 920-1 et L. 920-13 du code du travail (articles 
modifiĂ©s par l’ordonnance 2005-731 du 30 juin 2005 prĂ©citĂ©e).  
 
 

L’attention doit aussi ĂȘtre appelĂ©e sur des stages ouverts Ă  tous 

(organisĂ©s le week-end ou Ă  l’occasion de sĂ©jours estivaux, voire de 
loisirs) ne requĂ©rant aucun prĂ©-requis et qui ne font pas partie 
intĂ©grante d’une action de formation Ă  destination d’un public de 
professionnels auxquels elle peut apporter un vĂ©ritable dĂ©veloppement 
de compĂ©tences ou permettre l’accĂšs Ă  une qualification reconnue. Il 
est aussi Ă  noter le caractĂšre trĂšs imprĂ©cis ou Ă©sotĂ©rique des objectifs, 
des programmes ou des contenus de formation s’adressant Ă  tous 
publics, et souvent, en inadĂ©quation avec la complexitĂ© des matiĂšres 
Ă©voquĂ©es.  
 
 

De plus, les services de contrĂŽle de la formation 

professionnelle restent confrontĂ©s Ă  l’apparition de prestataires 
individuels se prĂ©sentant comme formateurs indĂ©pendants mais qui, en 
rĂ©alitĂ©, s’intĂšgrent, dans une organisation en rĂ©seau (

Internet

) par le 

biais de « certification Â», ou « d’assistance Ă  la crĂ©ation de cabinets Â», 
fondant leur activitĂ© sur un concept, une mĂ©thode phare dont ils se 
rĂ©vĂšlent ĂȘtre des « diffuseurs Â» et qui proposent, Ă  leur tour, souvent Ă  
des personnes en situation de recherche d’emploi, d’en devenir 
l’épigone. 
 

 

« Il ressort des piĂšces du dossier 

[
] q

ue la formation 

dispensĂ©e par Mr. Z consiste en stages de « formation Ă  la pratique de 
la relation d’aide Â», de Â« somato-relaxologie Â», de « rĂ©flexologie, 
digitopuncture,  shiatsu »,  d’ « orthokinĂ©siologie Â», de Â« sophrologie, 
sophro-pĂ©dagogie, sophrothĂ©rapie Â», que selon les termes de la lettre 
du requĂ©rant 

[
]

, il s’agit de techniques superficielles, non 

mĂ©dicales, utilisĂ©es dans un objectif de dĂ©tente, de confort et de 
mieux-ĂȘtre 

[
]

 que les attestations d’anciens stagiaires 

[
]

 

Ă©tablissent, pour partie, que la formation suivie ne prĂ©sente qu’un 
caractĂšre privĂ© de dĂ©veloppement personnel, en dehors de tout 
objectif professionnel que, pour ce qui concerne les attestations 
Ă©voquant les suites professionnelles donnĂ©es aux formations 
dispensĂ©es par Mr. Z, elles consistent, pour l’essentiel, en attestations 
d’inscriptions Ă  l’URSSAF de travailleurs indĂ©pendants ayant dĂ©cider 
d’ouvrir, rĂ©cemment, des cabinets  en  Â« somato-relaxologie » ;  que 
Mr. Z n’établit pas, Ă  supposer mĂȘme que ces cabinets aient une 
quelconque viabilitĂ© Ă©conomique, que cette activitĂ© entre dans le 

 

134 

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champ des dispositions 
 de l’article L. 900-3 du code du travail ; 
que par suite, ces formations ne peuvent ĂȘtre regardĂ©es comme 
entrant dans le champ d’application des dispositions relatives Ă  la 
formation professionnelle continue, au sens des dispositions 

[
]

, des 

articles L. 900-2 et L. 900-3 du code du travail »

75

 
 

Ce mode de fonctionnement peut aussi, dans certains cas, se 

rapprocher d’un systĂšme pyramidal dans lequel les nouveaux arrivants 
sont, en pratique, tenus d’investir leur temps et leur argent dans la 
structure : multiplication des stages, autres prestations, parcours et 
durĂ©es indĂ©terminĂ©s
 D’aprĂšs quelques tĂ©moignages, issus de 
l’entourage des personnes concernĂ©es, ce surinvestissement 
s’accompagne de brusques changements de comportement et de 
l’adoption d’un discours ou d’un vocabulaire souvent hermĂ©tique et 
Ă©sotĂ©rique pouvant les Ă©loigner de leurs proches.  
 
 

Les actions d’appui, de sensibilisation et de formation 

 
 

Les efforts se sont poursuivis en 2005 par : 

-

 

l’appui technique et juridique apportĂ© aux services, le traitement 

de demandes individuelles, l’information et la sensibilisation faites 
aux entreprises, aux administrations et Ă  la presse ; 
-

 

la formation initiale des inspecteurs-Ă©lĂšves du travail et des 

contrĂŽleurs du travail stagiaires ; 
-

 

la formation continue des agents chargĂ©s du contrĂŽle de la 

formation professionnelle, notamment dans une action conjointe avec 
la MIVILUDES ; 
-

 

la rĂ©union de l’ensemble des correspondants rĂ©gionaux (affaires 

sociales, travail, emploi et formation professionnelle) ; 
-

 

la sensibilisation de chargĂ©s de mission interdĂ©partementaux 

d’inspection, de contrĂŽle et d’évaluation sous l’autoritĂ© de l’Inspection 
gĂ©nĂ©rale des affaires sociales (IGAS) ; 
-

 

une journĂ©e d’études organisĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale (Groupe 

d’études sur les sectes) ; 
-

 

une confĂ©rence proposĂ©e par une association de dĂ©fense des 

individus et des familles victimes des sectes (ADFI) ; 

                                                      

75

 

DĂ©cision du Tribunal administratif de Poitiers (Mr. Z juillet 2005) 

 

 

135 

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-

 

une journĂ©e de formation organisĂ©e par la cellule de vigilance et 

de lutte contre les dĂ©rives sectaires Ă  l’intention des cadres des 
directions de la Ville de Paris et des mairies d’arrondissement ; 
-

 

des interventions Ă  l’occasion de sessions de formation organisĂ©es 

par des Ă©coles de service public telles que l’École nationale de la 
magistrature (ENM), l’École nationale d’application des cadres 
territoriaux (ENACT) et l’Institut national du travail, de l’emploi et de 
la formation professionnelle (INTEFP) et l’élaboration d’un 
programme de formation (2006-2007) avec l’Association nationale 
pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH). 
 
 

Ces actions sont l’occasion d’évoquer le risque sectaire dans 

le champ de la formation continue mais il convient aussi de prendre en 
considĂ©ration toutes les prestations proposĂ©es aux directions des 
personnels souvent externalisĂ©es par les entreprises ou insuffisamment 
contrĂŽlĂ©e. A ce titre, la sensibilisation Ă  l’intelligence Ă©conomique, 
face Ă  ces nouveaux risques, telle qu’elle est engagĂ©e au sein de la 
MIVILUDES, mĂ©rite d’ĂȘtre encouragĂ©e et dĂ©veloppĂ©e. 
 

 

136 

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23  

ACTIVITE ADMINISTRATIVE 
DES SERVICES DECONCENTRES DE L’ETAT 

 
 
 

LES CELLULES DEPARTEMENTALES DE VIGILANCE 
ET DE LUTTE CONTRE LES DERIVES SECTAIRES 

 
 

La connaissance du phĂ©nomĂšne sectaire requiert une action 

soutenue et permanente de recueil d’informations, de dĂ©tection de 
nouvelles rĂ©alitĂ©s, d’analyse et d’amĂ©lioration du dispositif de 
vigilance et de lutte contre les dĂ©rives.  

 
Cet ambitieux programme a conduit les pouvoirs publics dĂšs 

1999 Ă  solliciter les prĂ©fets et les services dĂ©concentrĂ©s afin de 
procĂ©der au diagnostic le plus prĂ©cis possible des manifestations et des 
faits imputables aux mouvements Ă  caractĂšre sectaire. 
 

Cette mission Â« diagnostic Â» a Ă©tĂ© conçue dĂšs la crĂ©ation de 

l’Observatoire interministĂ©riel sur le phĂ©nomĂšne sectaire comme un 
engagement conjoint de l’ensemble des services de l’État. 
 

Cela rĂ©sultait du constat que le sujet est complexe, Ă©volutif, 

peu visible et que les dommages induits par les modes de 
fonctionnement des mouvements sectaires et la rĂ©alitĂ© de leurs actes 
appelaient la mise en Ć“uvre d’un dispositif administratif fondĂ© sur le 
recueil de l’information, l’analyse du renseignement, la formation des 
agents publics, la mise en place de mĂ©thodes de travail et 
d’investigation de plus en plus Ă©laborĂ©es, et la valorisation d’un travail 
d’échange d’analyses et de mise en Ɠuvre d’actions conjointes ou 
communes Ă  plusieurs administrations. 
 

C’est ainsi que la notion de cellule dĂ©partementale de 

vigilance sur les agissements rĂ©prĂ©hensibles des mouvements sectaires 
(CDV) a pris corps. 
 

Le ministĂšre de l’IntĂ©rieur a par trois fois souhaitĂ© mettre 

l’accent sur le rĂŽle du prĂ©fet au plan dĂ©partemental alors que la 
dimension interministĂ©rielle de l’engagement de l’État est clairement 
affichĂ©e. 

 

137 

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Les raisons de ce positionnement sont multiples : 

- les prĂ©fets peuvent ĂȘtre amenĂ©s Ă  rĂ©pondre aux questionnements 
d’associations qui constituent une caractĂ©risation sectaire comme le 
prĂ©cise la circulaire du 20 dĂ©cembre 1999 Ă  laquelle il est fait 
rĂ©fĂ©rence dans celle du 22 mai 2003 ; 
- ils sont compĂ©tents en matiĂšre d’enregistrement d’associations 
cultuelles ; 
- l’action des services de l’État en matiĂšre de lutte contre les 
agissements rĂ©prĂ©hensibles des mouvements Ă  caractĂšre sectaire doit 
ĂȘtre conduite selon certains principes d’action dĂ©finis dans la 
circulaire ministĂ©rielle du 7 novembre 1997 et reprise en rĂ©fĂ©rence 
dans celle de 1999 ; 
- la cellule est un lieu privilĂ©giĂ© de collecte et de diffusion de 
l’information auprĂšs de l’ensemble des services de l’État ; 
- elle a pour mission de sensibiliser la population aux dĂ©rives 
sectaires ; 
- la mutualisation de l’information rend nĂ©cessaire la participation de 
la MIVILUDES aux rĂ©unions des cellules dĂ©partementales de 
vigilance. 
 

Ce constat a conduit la Direction des libertĂ©s publiques et des 

affaires juridiques du ministĂšre de l’IntĂ©rieur Ă  prĂ©ciser que la Mission 
interministĂ©rielle devait ĂȘtre associĂ©e systĂ©matiquement aux rĂ©unions 
programmĂ©es par les prĂ©fets. Ceux-ci ont de ce fait les moyens de 
faire profiter la totalitĂ© des services dĂ©concentrĂ©s associĂ©s Ă  l’action de 
vigilance et de lutte contre les agissements rĂ©prĂ©hensibles des 
mouvements de l’ensemble des donnĂ©es disponibles au plan national 
et au plan local sur chacun des dossiers ouverts. 

 
La premiĂšre prĂ©occupation est d’amĂ©liorer en permanence la 

mise en commun des informations relatives au phĂ©nomĂšne sectaire. 

 
Au-delĂ , il s’agit bien de mettre en Ɠuvre au plan national une 

vĂ©ritable coordination de l’action prĂ©ventive et rĂ©pressive des 
pouvoirs publics Ă  l’encontre des agissements des mouvements visĂ©s, 
agissements qui pourraient ĂȘtre : 
- attentatoires aux droits de l’homme et aux libertĂ©s fondamentales, 
- constitutifs de menaces Ă  l’ordre public, 
- contraires aux lois et rĂšglements  

 

 

138 

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La circulaire du Premier ministre du 27 mai 2005 relative Ă  la 

lutte contre les dĂ©rives sectaires doit ĂȘtre analysĂ©e Ă  la lumiĂšre de 
dispositions ci-dessus. Celles-ci ont eu dĂšs l’origine pour objet de 
fixer un cadre de travail cohĂ©rent et offrant toute garantie de droit en 
matiĂšre d’action rĂ©pressive face aux agissements de mouvements 
caractĂ©risables. C’est ainsi, que prĂ©cisant la doctrine en la matiĂšre, 
cette circulaire dĂ©termine plusieurs principes d’action impliquant une 
consolidation des relations de travail entre la Mission 
interministĂ©rielle, les administrations centrales, les services 
opĂ©rationnels Ă  compĂ©tence nationale et les services dĂ©concentrĂ©s. 

 

Ces principes sont les suivants : 

- exercer une vigilance particuliĂšre sur toute organisation qui parait 
exercer une emprise dangereuse pour la libertĂ© individuelle de ses 
membres, 
- ĂȘtre prĂȘt Ă  identifier et Ă  rĂ©primer tout agissement susceptible de 
recevoir une qualification pĂ©nale ou plus gĂ©nĂ©ralement semblant 
contraire aux lois et rĂšglements, 
- rechercher et identifier dans le pĂ©rimĂštre d’attributions de chaque 
administration concernĂ©e toute activitĂ©, qu’elle que soit sa forme, 
susceptible de revĂȘtir un caractĂšre sectaire, 
- apprĂ©cier le caractĂšre sectaire d’une activitĂ© au regard du fait que 
celle-ci place les personnes qui y participent dans une situation de 
sujĂ©tion ou d’emprise. 

 

Ainsi, la circulaire engage-t-elle les fonctionnaires et les 

agents publics Ă  conduire une vĂ©ritable action de terrain. Elle pose 
d’emblĂ©e la question de l’adĂ©quation entre les principes d’action 
dĂ©terminĂ©s par le gouvernement et les moyens mis en Ɠuvre pour une 
vĂ©ritable vigilance et une lutte optimale contre les dĂ©rives sectaires. 

 
C’est en observant la rĂ©alitĂ© du terrain, la vie des cellules de 

vigilance, l’implication de chacun des services au cours des rĂ©unions 
dans le cadre des Ă©changes entre administrations et sur le plan 
opĂ©rationnel qu’il est possible d’apprĂ©cier la progression dans le 
temps de l’action de vigilance et de lutte des cellules dĂ©partementales  
et des services, chacun pour ce qui le concerne. 
 

Le ministre de l’IntĂ©rieur, dans sa circulaire du 22 mai 2003 

relative au dispositif de lutte contre les agissements rĂ©prĂ©hensibles des 
mouvements sectaires rappelle qu’il convient d’insister sur 

 

139 

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« l’importance de l’installation et du fonctionnement rĂ©gulier des 
cellules de vigilance dans votre département »

76

.

  

 

La carte et le tableau ci dessous donnent un premier ensemble 

d’indications sur le niveau et les caractĂ©ristiques de leur activitĂ© en 
2005. Ils favorisent l’examen des conditions dans lesquelles ont Ă©tĂ© 
rĂ©unies les cellules dĂ©partementales et permettent de tirer de 
nombreux enseignements qui devraient faciliter l’élaboration dĂšs 2006 
d’une grille d’analyse de la vitalitĂ© des cellules dĂ©partementales de 
vigilance fondĂ©e sur : 
- l’étude de leur organisation et de leur fonctionnement, 
- l’examen de leur capacitĂ© de dĂ©tection et de prise en compte des 
signalements, 
- l’observation des conditions de prise en charge d’un risque sectaire 
par les administrations hors « activitĂ© de renseignement ». 
 
 

France métropolitaine

1 ou plusieurs rĂ©unions  (33)
pas de réunion

  (63)

cellules de vigilance

réunions 2005

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

                                                      

76

 Circulaire du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 20 dĂ©cembre 1999 

 

140 

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Niveau d’activitĂ© des cellules de vigilance en 2005 

Nombre de cellules  dĂ©partementales de vigilance et de lutte 
rĂ©unies                                                      

34 

Nombre de rĂ©unions tenues                                                                37 
DĂ©partements disposant de groupes de travail thĂ©matiques                 1 
RĂ©gions dont un dĂ©partement a rĂ©uni une CDV                                  9 
RĂ©gions dont plus d’un dĂ©partement ont rĂ©uni une CDV                  10 
Départements ayant constitué des pÎles opérationnels inter-
administrations             

  1 

RĂ©gions ayant bĂąti un projet de sensibilisation                                    2 
 

A cet effet, la MIVILUDES dispose de trois ensembles 

d’instruments : 

 

1 – Les instruments de dĂ©termination du profil des cellules 

- dĂ©lai entre deux rĂ©unions,  
- nombre d’administrations reprĂ©sentĂ©es, 
- disponibilitĂ© des dispositifs internes de contrĂŽle pour la prise en 
charge de la mission « lutte contre les dĂ©rives sectaires », 
- participation des autoritĂ©s  judiciaires et indication de la nature et du 
niveau de reprĂ©sentation, 
- reprĂ©sentation des collectivitĂ©s territoriales, 
- contribution des associations de dĂ©fense.

 

 

2 – Les instruments d’évaluation des modalitĂ©s de prise en charge des 
dossiers et de programmation de contrĂŽles ou d’investigations 

- capacitĂ© de prendre en compte l’influence des activitĂ©s de 
mouvements implantĂ©s dans les dĂ©partements limitrophes ou dans un 
pays voisin, 
- constitution de faisceaux de critĂšres adaptĂ©s aux missions et aux 
mĂ©thodes de contrĂŽle de chaque administration, 
- capacitĂ© de dĂ©tection de phĂ©nomĂšnes nouveaux connus ou non au 
niveau national, 
- rapiditĂ© de dĂ©tection d’un phĂ©nomĂšne et rĂ©activitĂ© de la CDV, 
- traitements adaptĂ©s aux personnes morales et aux personnes 
physiques. 
 

3 – Les instruments d’évaluation des mĂ©thodes de travail  

- crĂ©ation d’instruments d’évaluation du risque par groupes de mĂ©tiers, 
nature des structures juridiques, capacitĂ© d’intervention conjointe des 
administrations, 

 

141 

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- crĂ©ation de pĂŽles de compĂ©tence destinĂ©s Ă  favoriser le traitement 
opĂ©rationnel de risques prĂ©alablement dĂ©terminĂ©s, Ă  dominante sociale 
ou Ă©conomique, et atteintes Ă  la dignitĂ© des personnes. 

 

Cette grille d’analyse de l’activitĂ© de chaque cellule, Ă©laborĂ©e 

Ă  partir de l’observation globale de l’activitĂ© sur plusieurs annĂ©es, 
donne ainsi une cartographie aussi prĂ©cise que possible du niveau 
d’action auquel chaque dĂ©partement s’est Ă©levĂ© au delĂ  de la capacitĂ© 
qui est la sienne Ă  dĂ©crire la rĂ©alitĂ© du phĂ©nomĂšne dans ses 
composants quantitatives et qualitatives. 
 

La MIVILUDES a accompagnĂ© le travail de plusieurs d’entre 

elles depuis 2003. Tout en bĂ©nĂ©ficiant de l’apport consĂ©quent en 
termes d’informations nouvelles et analysĂ©es tant par les services dont 
la vocation est le renseignement que par ceux qui exercent diverses 
missions de contrĂŽle et d’inspection, la Mission a pu apporter une 
contribution majeure Ă  leurs travaux, en termes d’analyse et 
d’enrichissement des mĂ©thodes d’investigation et de traitement des 
risques. 
 

La durĂ©e de vie du dispositif diffĂšre considĂ©rablement d’un 

dĂ©partement Ă  l’autre. Il est essentiel de rappeler le caractĂšre 
dĂ©terminant de plusieurs facteurs : 

−

 

les cellules ayant une dynamique propre, une capacitĂ© de 

formation autonome des services et une rentabilitĂ© mesurable sont 
celles qui se rĂ©unissent au moins deux fois dans l’annĂ©e,  

−

 

la dĂ©tection de la montĂ©e en puissance du nombre de cas Ă  traiter 

des nouveaux groupes prĂ©sentant un risque potentiel devenant plus 
aisĂ©e, cela conduit Ă  imaginer un renforcement des modes d’approche 
et d’examen en rĂ©union de cellule dĂ©partementale et, dans le 
prolongement de celle-ci, en « groupe de travail opĂ©rationnel ». 

−

 

la motivation d’action des administrations de contrĂŽle, de 

recherche et d’inspection Ă©tant plus aisĂ©ment mesurable dans les 
dĂ©partements ayant une activitĂ© de vigilance Ă  la fois coordonnĂ©e et 
soutenue, il apparaĂźt nĂ©cessaire de susciter des initiatives de formation 
des fonctionnaires en relation directe avec les participants aux travaux 
des cellules. L’objectif est de profiter de l’expĂ©rience acquise en 
cellule de vigilance pour former des agents de contrĂŽle et 
d’inspection. 
 

Cette expĂ©rience, conduite avec succĂšs en 2005 par la 

MIVILUDES, Ă  la fois sur le plan national et au plan 

 

142 

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interdĂ©partemental, a rencontrĂ© un vif intĂ©rĂȘt auprĂšs des publics 
concernĂ©s. 

 
L’annĂ©e 2005, par ses contrastes, les questionnements 

multiples de nombreux interlocuteurs institutionnels, la consolidation 
du dispositif dans certains dĂ©partements, la remise Ă  plat ou les 
hĂ©sitations dans d’autres, a rĂ©vĂ©lĂ© de fortes potentialitĂ©s du dispositif 
patiemment mis en Ɠuvre au cours des derniĂšres annĂ©es. 

 
Les leçons apprises de cette analyse 

in vivo 

du travail 

accompli par les cellules dĂ©partementales permettent de concevoir les 
prioritĂ©s d’action des prochains mois tant en termes, de consolidation 
de l’existant que de dĂ©multiplication des expĂ©riences rĂ©alisĂ©es. 

 
La MIVILUDES s’emploiera, en relation avec le Cabinet du 

Premier ministre, a poursuivre la mise en Ɠuvre d’un schĂ©ma cohĂ©rent 
d’intervention des pouvoirs publics, Ă  dĂ©velopper le recueil et 
l’analyse de renseignements dans un contexte qui requiert de plus en 
plus de technicitĂ© et Ă  instaurer dans chacun des dĂ©partements des 
modes d’action adaptĂ©s Ă  des formes d’expression du risque sectaire 
diversifiĂ©es et innovantes. 

 
Les mĂ©thodes de travail se sont enrichies sur de nombreux 

domaines au cours de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e. Leur emploi systĂ©matique en 
2006 permettra d’élaborer des tableaux de bord afin de mesurer, au 
niveau de chaque rĂ©gion et de chaque dĂ©partement, pendant l’annĂ©e, 
l’impact des actions engagĂ©es en matiĂšre de vigilance et de lutte 
contre les dĂ©rives des mouvements Ă  caractĂšres sectaires. 

 

143 

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24 

ACTIVITE D’INFORMATION ET DE FORMATION

 

 

 

1 - LES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE FACE AUX 
     DERIVES SECTAIRES 

 

 

Les officiers de police judiciaire (gendarmes et policiers) ont 

parfois le sentiment d’ĂȘtre dĂ©sarmĂ©s face Ă  des cas de dĂ©rives sectaires 
mĂȘlant religiositĂ©, structures internationales et pratiques attentatoires 
aux droits de l’homme et aux libertĂ©s fondamentales ou constituant 
une menace Ă  l’ordre public. La MIVILUDES s’est ainsi engagĂ©e 
auprĂšs de ces fonctionnaires afin de leur apporter une formation solide 
sur ces questions mettant en jeu la sĂ©curitĂ© de l’individu et de la 
sociĂ©tĂ©, et de susciter une synergie entre les services de police et 
gendarmerie propre Ă  un fonctionnement plus efficace de cette double 
mission de vigilance et de lutte. 
 
 

Formation et sensibilisation des services de police  
Ă  la problĂ©matique sectaire 

 

La MIVILUDES, dans le cadre de ses attributions, met en 

oeuvre des sessions de formation destinĂ©es aux officiers de police 
judiciaire français et Ă©trangers afin de les sensibiliser Ă  la 
problĂ©matique sectaire et de leur exposer la vision française en la 
matiĂšre. 

 

La formation des officiers de police judiciaire français 

 

Les sessions de formation dĂ©livrĂ©es aux officiers de police et 

de gendarmerie français s’articulent autour de la logique suivante. 
Dans un premier temps, est Ă©voquĂ© un ensemble de gĂ©nĂ©ralitĂ©s 
propres au phĂ©nomĂšne des dĂ©rives sectaires : dĂ©finition, historique, 
caractĂ©ristiques globales (en insistant sur la notion de dangerositĂ©), 
prĂ©sentation typologique du paysage sectaire français et europĂ©en 
mettant l’accent sur les thĂšmes principaux abordĂ©s par les groupes en 
question, les diffĂ©rents types d’organisation, les diverses formes 
d’infiltration (tant au niveau Ă©conomique que dans le secteur mĂ©dical), 
prĂ©sentation du portrait type du « gourou Â» ainsi que son approche 
psychologique vis-Ă -vis des adeptes, dissĂ©mination des mouvements Ă  

 

144 

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caractĂšre sectaire sur 

Internet

 et l’usage parfois nuisible de cet outil 

par de tels groupes. Cette premiĂšre approche se conclut gĂ©nĂ©ralement 
par une prĂ©sentation de la grille de dĂ©tection des groupes Ă  risque, 
Ă©tablie par la Direction centrale des renseignements gĂ©nĂ©raux français. 

 
La sĂ©ance de travail se poursuit par une discussion sur les 

conseils concrets relatifs Ă  la rĂ©alisation d’une enquĂȘte en milieu 
sectaire. Un certain nombre de points sont ainsi dĂ©veloppĂ©s sur les 
prĂ©cautions Ă  prendre pour rĂ©aliser une audition d’adeptes ou de 
responsables de groupes. Les policiers et gendarmes sont, par 
exemple, sensibilisĂ©s au fait qu’il existe un langage spĂ©cifique 
employĂ© par chacun des groupes ; langage qu’il est nĂ©cessaire de 
connaĂźtre afin de mieux saisir la juste mesure des propos des 
interlocuteurs. Un point est Ă©galement fait concernant l’accueil Ă  offrir 
aux personnes victimes de dĂ©rives, notamment en raison des 
sentiments de peur et de culpabilitĂ© que les adeptes peuvent ĂȘtre 
amenĂ©s Ă  ressentir au moment de quitter le groupe. Ces exposĂ©s sont 
illustrĂ©s au moyen de cas rĂ©els et d’affaires mĂ©diatisĂ©es, l’accent Ă©tant 
mis sur les diffĂ©rents cas de suicide collectif Ă  travers le monde, qui 
reprĂ©sentent, pour les hommes de terrain, le paroxysme de la dĂ©rive 
sectaire. 

 
La formation se conclut par un rappel du rĂŽle jouĂ© par les 

diffĂ©rents acteurs engagĂ©s dans cette politique de lutte contre les 
sectes, et en particulier celui de la Justice qui seule peut qualifier les 
faits et donner Ă  l’individu toutes les garanties de protection de ses 
droits (droits de la dĂ©fense, parole du mis en cause). Sont ainsi 
largement Ă©voquĂ©s, l’importance du tissu associatif, l’articulation 
existant entre les diffĂ©rents services chargĂ©s de la lutte et de l’analyse 
des mouvements Ă  caractĂšre sectaire, ou encore, le rĂŽle clef jouĂ© dans 
ce dispositif par la MIVILUDES. 
 

La formation dispensĂ©e Ă  l’étranger 

 
Au cours de ces sessions de formation, initiĂ©es par la 

MIVILUDES et organisĂ©es en coopĂ©ration avec les ambassades 
françaises Ă  Prague et Belgrade, les reprĂ©sentants de la Mission se sont 
attachĂ©s Ă  dĂ©livrer le mĂȘme enseignement que celui offert aux officiers 
français, tout en dĂ©veloppant un riche dialogue sur les diverses formes 
de vigilance et de lutte dans ce domaine.  
 

 

 

145 

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Au dĂ©but du mois de mai 2005, un reprĂ©sentant de la 

MIVILUDES, assistĂ© d’un officier des Renseignements gĂ©nĂ©raux, a 
ainsi animĂ© un sĂ©minaire de formation en Serbie MontĂ©nĂ©gro. De 
nombreux thĂšmes, portant sur les dĂ©rives sectaires dans les domaines 
de la santĂ©, de l’économie, ou encore de l’éducation et de l’enfance, 
ont Ă©tĂ© abordĂ©s auprĂšs d’un public composĂ© d’officiers de police 
serbes sensibles Ă  ces questions. 

 
La politique de la France sur cette question a fait l’objet 

d’éloges de la part des interlocuteurs serbes. D’une façon gĂ©nĂ©rale, 
l’approche de la MIVILUDES - en termes de dĂ©rive et non de doctrine 
- bĂ©nĂ©ficie d’une trĂšs bonne image, d’autant plus que la loi About-
Picard du 12 juin 2001, renforçant la lutte contre de tels actes, jouit 
Ă©galement d’une bonne presse. La Serbie MontĂ©nĂ©gro semble ainsi se 
placer sur la mĂȘme ligne que d’autres pays europĂ©ens (comme la 
Belgique, l’Allemagne ou l’Autriche). L’approche de ces problĂšmes 
par la France fait d’ailleurs actuellement l’objet d’une Ă©tude prĂ©cise de 
la part des autoritĂ©s de Belgrade. 

 
Le dispositif actuellement en vigueur en Serbie repose sur un 

systĂšme de rĂ©unions publiques d’information sur la dangerositĂ© des 
mouvements Ă  caractĂšre sectaire, rĂ©unions auxquelles participe 
d’ailleurs, en temps qu’acteur Ă  part entiĂšre, l’Eglise Orthodoxe. Sur 
les 200 groupes Ă  caractĂšre sectaire rĂ©pertoriĂ©s et dĂ©finis 
juridiquement comme des « associations humanitaires Â», rĂ©sultant de 
la signature d’un document par un minimum de dix personnes 
attestant du caractĂšre « 

non politique, non religieux et non lucratif 

» 

de l’association, seul un nombre restreint semble reprĂ©senter une 
dangerositĂ© spĂ©cifique.  

 
La RĂ©publique TchĂšque, nĂ©e de la partition de la 

TchĂ©coslovaquie en 1993, et aujourd’hui membre de l’Union 
europĂ©enne, a Ă©galement organisĂ© un sĂ©minaire en novembre 2005 sur 
la problĂ©matique sectaire, rĂ©servĂ© Ă  trente-cinq fonctionnaires 
tchĂšques appartenant aux ministĂšres de l’IntĂ©rieur, de la DĂ©fense, et de 
la Culture. La MIVILUDES y Ă©tait invitĂ©e. 

 
Les autoritĂ©s tchĂšques ont signalĂ© un nombre assez significatif 

de mouvements sectaires sur leur territoire mais ont Ă©galement 
reconnu avoir pris en compte assez tardivement la juste mesure de ce 
phĂ©nomĂšne. Dans un premier temps, seuls les mouvements 
extrĂ©mistes avaient fait l’objet d’une attention particuliĂšre 

 

146 

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(mouvements nĂ©o-nazis, hooligans, anarcho-autonomistes, nĂ©o-
bolcheviques et Ă©cologistes radicaux). Mais les critĂšres traditionnels 
de dangerositĂ© mis en place pour apprĂ©hender l’univers de 
l’extrĂ©misme tchĂšque s’accommodaient mal de la rĂ©alitĂ© complexe et 
protĂ©iforme du phĂ©nomĂšne sectaire. 

 
La prĂ©sentation de l’organisation et du rĂŽle de la 

MIVILUDES a Ă©veillĂ© un trĂšs vif intĂ©rĂȘt, l’approche française 
semblant en effet rĂ©pondre Ă  une attente de la part des fonctionnaires 
et responsables tchĂšques, notamment sur les questions de coopĂ©ration 
interministĂ©rielle.  

 

Les finalitĂ©s de ces sessions de formation 

 

L’objectif premier de la Mission interministĂ©rielle Ă  travers 

ces formations destinĂ©es aux officiers français de police judiciaire, 
consiste Ă  sensibiliser policiers et gendarmes Ă  l’aspect essentiel que 
revĂȘt la vigilance dans le cadre de la lutte contre les dĂ©rives sectaires. 
Au cours des diffĂ©rentes sessions, la MIVILUDES insiste ainsi sur le 
fait que les problĂšmes relatifs au phĂ©nomĂšne sectaire ne sont ni 
anodins ni Ă©trangers Ă  l’activitĂ© des officiers de police judiciaire : ils 
relĂšvent de façon directe de leur compĂ©tence. DĂšs lors qu’il est bien 
entendu qu’il ne s’agit de porter aucun jugement de valeur sur le 
contenu des doctrines ou la forme des rites, seul ce qui est susceptible 
de constituer une ou plusieurs infractions au regard de la loi 
rĂ©publicaine doit ĂȘtre recherchĂ© et soumis Ă  l’apprĂ©ciation souveraine 
des tribunaux. 

 
Dans un certain nombre d’affaires, le dialogue entre l’adepte 

d’un mouvement Ă  caractĂšre sectaire et un fonctionnaire d’État peut 
trĂšs vite se bloquer si les clefs d’une approche pour un dialogue ouvert 
n’ont pas Ă©tĂ© donnĂ©es Ă  l’occasion d’une formation spĂ©cifique. Or, Ă  
ce jour, seuls les fonctionnaires des Renseignements gĂ©nĂ©raux 
bĂ©nĂ©ficient de ce type de formation. D’oĂč la volontĂ© d’élargir celle-ci, 
dĂšs Ă  prĂ©sent, aux personnels dont les affectations les amĂšnent Ă  traiter 
ce type de questions. 

 
C’est pourquoi l’accent est mis sur l’importance de l’écoute 

offerte aux victimes de dĂ©rives. Le travail sur le terrain dĂ©montre en 
effet que, plus le public est reçu dans un climat de confiance et de 
comprĂ©hension, plus les signalements de dĂ©rives sont importants et 
exploitables sur un plan judiciaire. De mĂȘme, le caractĂšre serein et 

 

147 

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professionnel de la prise en compte des plaintes et des signalements 
permet d’obtenir de meilleurs rĂ©sultats et d’établir, par lĂ  mĂȘme, des 
procĂ©dures judiciaires fondĂ©es sur des faits et des constatations prĂ©cis 
et dĂ©taillĂ©s.  

 
A travers ces formations, la MIVILUDES cherche Ă©galement 

Ă  Ă©clairer le policier et le gendarme sur certains volets du phĂ©nomĂšne 
sectaire, qui peuvent dĂ©router au premier abord. Ainsi, la question de 
l’emprise sectaire, parfois mĂ©connue, est dĂ©veloppĂ©e en parallĂšle avec 
le phĂ©nomĂšne de l’addiction aux stupĂ©fiants. La question de la 
dĂ©pendance sectaire pouvant en effet se comparer, en termes de 
dommages familiaux et individuels, Ă  celle des stupĂ©fiants. La relation 
adepte/gourou est prĂ©sentĂ©e comme Ă©tant du mĂȘme ordre que la 
dĂ©pendance tissĂ©e entre le consommateur de drogues et son 

dealer

.  

 
La question du poids de l’impact psychologique et de la vision 

du monde du « gourou Â», Ă  la fois pĂšre, conseiller et ami, est 
Ă©galement Ă©voquĂ©e car souvent sous-estimĂ©e. Il est nĂ©cessaire, pour 
les policiers et les gendarmes, dans le cadre de leurs enquĂȘtes, de 
possĂ©der des connaissances spĂ©cifiques sur le fonctionnement, la 
philosophie et la hiĂ©rarchie du mouvement, ainsi que des Ă©lĂ©ments 
relatifs au langage propre au groupe en question : la qualitĂ© du travail 
en  amont garantissant de meilleurs rĂ©sultats en aval. 
 

En ce qui concerne les formations dispensĂ©es aux 

fonctionnaires Ă©trangers, celles-ci revĂȘtent plusieurs finalitĂ©s. A 
travers ces deux sĂ©minaires, organisĂ©s en RĂ©publique tchĂšque et en 
Serbie MontĂ©nĂ©gro, la MIVILUDES a en effet cherchĂ© Ă  sensibiliser 
des officiers europĂ©ens sur la dangerositĂ© que recĂšle un certain 
nombre de mouvements sectaires, et Ă  les informer sur l’état actuel de 
leur dĂ©veloppement sur le territoire français, avec leurs extensions 
possibles dans les pays concernĂ©s. 

 
Ces premiers Ă©changes ont permis Ă  la MIVILUDES d’affiner 

l’étude du systĂšme d’implantation de certains mouvements en Europe. 
Cette Ă©tude revĂȘt un caractĂšre essentiel dans le sens oĂč elle permet de 
mettre en lumiĂšre la nature du rĂ©seau mis en place ainsi que les 
finalitĂ©s recherchĂ©es par certains de ces groupes. Les reprĂ©sentants de 
la Mission ont ainsi remarquĂ© la pratique d’une politique offensive en 
direction des pays de l’ex-bloc soviĂ©tique (Ă  l’exemple de la Serbie et 
de la RĂ©publique TchĂšque) de la part de certains de ces mouvements, 
politique qui semble d’ailleurs se dĂ©cliner Ă©galement sur d’autres 

 

148 

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continents (Afrique et AmĂ©rique du Sud notamment). Ces formations 
au bĂ©nĂ©fice de policiers europĂ©ens reprĂ©sentent un temps privilĂ©giĂ© 
pour affiner la comprĂ©hension du dĂ©veloppement du phĂ©nomĂšne 
sectaire Ă  travers l’Europe  

 
A long terme, l’objectif essentiel de ces formations communes 

entre les polices françaises et Ă©trangĂšres, est de crĂ©er les conditions 
d’une harmonisation de l’approche de la problĂ©matique sectaire, et ce, 
notamment au niveau europĂ©en, afin de pouvoir disposer, en cas de 
difficultĂ©s sĂ©vĂšres, d’un outil rĂ©actif fondĂ© sur des critĂšres communs. 
 
 

Rapprochement et collaboration entre les services de police et de 
gendarmerie et la MIVILUDES 

 

La MIVILUDES cherche Ă  rapprocher ses divers 

interlocuteurs issus des services de police et de gendarmerie et Ă  leur 
offrir des outils toujours plus efficaces dans leur lutte contre les 
dĂ©rives sectaires. La Mission rĂ©flĂ©chit par ailleurs Ă  la possibilitĂ© de 
proposer la crĂ©ation d’un groupe opĂ©rationnel spĂ©cialisĂ© dans le 
domaine des dĂ©rives sectaires au sein de la Direction gĂ©nĂ©rale de la 
police nationale. 
 

Echanges fructueux entre la MIVILUDES et les services de police et 
gendarmerie spĂ©cialisĂ©s sur les questions de dĂ©rives sectaires 

 

L’annĂ©e 2005, notamment dans ses derniers mois, a Ă©tĂ© riche 

en Ă©changes avec les diffĂ©rents services de la police et la gendarmerie 
nationales concernés par le phénomÚne sectaire

77

. Ces diverses 

rencontres ont permis de promouvoir le rĂŽle de la MIVILUDES sur 
les objectifs de sa mission et de dĂ©velopper un systĂšme de remontĂ©es 
de l’information, du terrain jusqu’aux plus hauts sommets de l’État, 
permettant, par lĂ  mĂȘme, une meilleure rĂ©activitĂ© de tous les services 
concernĂ©s. 

 
Cette collaboration confiante entre les divers services se 

poursuivra grĂące Ă  la mise en place, Ă  l’initiative de la MIVILUDES, 

                                                      

77

 Il s’agit de la Direction centrale des renseignements gĂ©nĂ©raux, la Direction 

centrale de la police judiciaire, la Direction gĂ©nĂ©rale de la gendarmerie 
nationale, la Direction de la surveillance du territoire, la Direction de la 
formation de la police nationale, les services de la PrĂ©fecture de police de 
Paris, le Service de coopĂ©ration technique international de la police 

 

149 

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d’une rencontre biannuelle de ces reprĂ©sentants, dans l’optique de 
favoriser la rapiditĂ© d’action et d’analyse du phĂ©nomĂšne sectaire. 
 

Un guide pratique des symboles et formules sataniques Ă  l’usage des 
gendarmes et policiers de terrain 

 

Dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent rapport et afin de rĂ©pondre, Ă  

la fois Ă  une actualitĂ© de plus en plus mĂ©diastisĂ©e, ainsi qu’à 
l’accroissement des saisines des services de police et de gendarmerie 
sur des questions liĂ©es Ă  la problĂ©matique sataniste (suicides et 
profanations diverses), la MIVILUDES se propose de rĂ©diger, en 
partenariat avec divers spĂ©cialistes, un guide pratique Ă  l’attention des 
enquĂȘteurs.  

 
Ce livret synthĂ©tique offrira aux enquĂȘteurs la possibilitĂ© 

d’approfondir leurs connaissances de l’univers sataniste en insistant 
sur la signification et l’interprĂ©tation des divers signes, symboles et 
formules propres au langage sataniste. L’objectif est d'accompagner 
policiers et gendarmes confrontĂ©s Ă  ces diverses manifestations, dans 
le but de rĂ©aliser une enquĂȘte approfondie, offrant ainsi au Parquet 
compĂ©tent, des faits et des constatations de qualitĂ© incontestable. 
 

Vers la crĂ©ation d’un groupe opĂ©rationnel spĂ©cialisĂ© dans la 
surveillance et la lutte contre les dĂ©rives sectaires 

 

L’actualitĂ© rĂ©cente, ainsi que l’inquiĂ©tude croissante du public 

Ă  l’égard des risques de dĂ©rives, illustrĂ©e par les nombreux courriers 
reçus par la MIVILUDES, amĂšne la Mission Ă  s’interroger sur la 
possibilitĂ© de promouvoir la crĂ©ation d’un groupe d’enquĂȘteurs 
regroupĂ©s au sein d’une cellule opĂ©rationnelle. Celle-ci pourrait ainsi 
ĂȘtre activĂ©e dans le cadre d’une urgence ou du traitement d’une 
information sensible, voire dans le but de faire Ă©chouer les possibilitĂ©s 
de rĂ©alisation de scĂ©narios catastrophes Ă  l’image des drames de l’

OTS 

ou d’

Aum 

au Japon.  

 
Un autre volet de l’activitĂ© de cette cellule pourrait concerner 

la vigilance Ă  l’encontre des risques d’utilisation des structures Ă  
caractĂšre sectaire par des groupes mafieux ou terroristes, et ce, 
notamment, au niveau international. Ce type de structures prĂ©Ă©tablies 
pourrait en effet faciliter la mise en Ɠuvre d’objectifs et de pratiques 
juridiquement rĂ©prĂ©hensibles dans un but de dĂ©stabilisation de la 
dĂ©mocratie. 

 

150 

background image

 

La MIVILUDES doit « 

contribuer Ă  l’information et Ă  la 

formation des agents publics dans ce domaine 

»

78

. A ce titre, elle se 

doit de seconder les officiers de police judiciaire confrontĂ©s Ă  des cas 
de dĂ©rives sectaires. Pour cela, la Mission a mis en Ɠuvre une 
politique de formation, tant au niveau national qu’international, des 
policiers et gendarmes confrontĂ©s Ă  ces difficultĂ©s.  

 
Elle a en outre cherchĂ© Ă  instituer un rapprochement efficace 

de l’ensemble des services de police et de gendarmerie territoriaux 
afin de dĂ©velopper une synergie propice Ă  une vigilance accrue. Ce 
rapprochement des services opĂ©rationnels a Ă©tĂ© l’occasion d’attirer 
leur attention sur le rĂŽle fondamental jouĂ© par la Mission dans le 
dispositif de lutte et d’analyse des dĂ©rives sectaires.  

 
Ces prioritĂ©s, qui ont permis la relance d’une nouvelle 

dynamique sur ces questions, visent Ă  rĂ©pondre Ă  l’inquiĂ©tude et Ă  
l’intĂ©rĂȘt croissants du public face Ă  la dangerositĂ© et au dĂ©veloppement 
des mouvements dont les pratiques sont attentatoires aux droits de 
l’homme et aux libertĂ©s fondamentales. 
 
 

                                                      

78

 DĂ©cret n°2002-1392 du 28 novembre 2002, article 1

er

, 4

Ăšme

 alinĂ©a. 

 

151 

background image

2 - LE SITE INTERNET DE LA MIVILUDES 

 

L’annĂ©e 2005 est la premiĂšre annĂ©e complĂšte de 

fonctionnement du site 

Internet

 de la Mission. Selon l’outil d’analyse 

d’audience Urchin, 133.144 personnes ont consultĂ© le site ; un second 
outil d’analyse (Xiti) dĂ©nombre 45.383 visiteurs sur cette mĂȘme 
pĂ©riode. On constate ainsi une fidĂ©lisation des internautes qui ont 
visionnĂ© plus de 740.000 pages. Le temps moyen de consultation pour 
cette pĂ©riode est d’environ 14 minutes par visiteur. Plus de 26,40 
gigabits de documents ont Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©es. 
 

Site Internet Miviludes

RĂ©partition mensuelle des visiteurs

 

L’augmentation du trafic du mois de mars 2005  

est liĂ©e Ă  la parution du rapport MIVILUDES 2004 

 

Les rubriques les plus consultĂ©es sont les suivantes : 

le Guide 

de l’agent public face aux dĂ©rives sectaires

, les rapports 2004 et 2003 

de la MIVILUDES, le sĂ©minaire 

Sectes et LaĂŻcitĂ©

 de 2003, la 

prĂ©sentation de la Mission et l’historique du phĂ©nomĂšne sectaire 
contemporain. 

 
Le dernier trimestre de l’annĂ©e a vu la mise en ligne de 

documents d’information concernant les diffĂ©rentes interventions du 
prĂ©sident ainsi qu’une revue de presse et diverses questions 
parlementaires sur le sujet. La mise en ligne des rapports officiels 

―

 

en français, anglais et allemand 

―

 depuis la crĂ©ation de la Mission, 

0

 

1000

 

2000

 

3000

 

4000

 

5000

 

6000

 

7000

 

8000

 

juin

avril mai

août

janvierfévrier

juillet

mars

septembre

octobre

novembre

décembre

 

152 

background image

ainsi qu’un ensemble d’articles et de discours, sont venus complĂ©ter la 
rubrique « Documents et archives ». 

 
Pour l’annĂ©e 2006, l’équipe de la MIVILUDES rĂ©flĂ©chit Ă  

plusieurs projets. Sont prĂ©vus, outre l’alimentation habituelle des 
rubriques actuelles et la mise en ligne du prĂ©sent rapport :  

−

 

la crĂ©ation d’une rubrique d’

information pour les jeunes

, dĂ©jĂ  

annoncĂ©e dans le prĂ©cĂ©dent rapport, qui n’a pas pu ĂȘtre mise 
en place, faute d’un intervenant Ă  plein temps pour le site 
Internet ; 

−

 

des 

guides adaptĂ©s Ă  chaque administration

 prĂ©cisant et 

complétant le «

 Guide de l’agent public face aux dĂ©rives 

sectaires » 

dĂ©jĂ  publiĂ© ; 

−

 

la mise en ligne mensuelle de l’

Ă©tat des rĂ©unions des cellules 

de vigilance départementales sous forme de carte

 ; 

−

 

des 

fiches d’informations

 mettant en garde le public dans les 

diffĂ©rents domaines oĂč risquent de s’exercer des problĂšmes de 
dĂ©rives sectaires ; 

−

 

enfin 

un projet de rĂ©novation de l’aspect visuel du site

 est Ă  

l’étude. 

 

Ce systĂšme de communication paraĂźt ĂȘtre bien reçu et 

constitue par lĂ  mĂȘme un outil supplĂ©mentaire d’information et de 
prĂ©vention du phĂ©nomĂšne sectaire. Ce site officiel s’insĂšre dĂ©sormais 
dans le paysage du Web, en montrant la prĂ©occupation de l’État dans 
ce domaine. Il complĂšte ainsi l’information qui n’était jusqu’à ce jour 
relayĂ©e que par des sites 

Internet

 d’associations. C’est pourquoi, dans 

le but d’accroĂźtre l’efficacitĂ© du site de la MIVILUDES, il devra ĂȘtre 
dĂ©sormais systĂ©matiquement rĂ©fĂ©rencĂ© dans les sites des diffĂ©rents 
ministĂšres. 

 

 

153 

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25 – ACTUALITE ASSOCIATIVE 

 
 
 
 

 
 

 
 

 
 
 

 
 
 

 

 

1 - L’UNADFI 

« L’Union  nationale  des  associations  pour  la  dĂ©fense  des 

familles et de l’individu Â» regroupant quelques vingt-cinq associations 
et prĂšs d’une vingtaine d’antennes, a organisĂ© diverses manifestations 
et Ă©vĂ©nement tout au long de l’annĂ©e 2005 pour marquĂ© le trentenaire 
de sa crĂ©ation.  

Le  22  novembre  2005,  le  ministre  de  l’IntĂ©rieur  prenait  un 

arrĂȘtĂ© approuvant les modifications apportĂ©es aux statuts et au titre de 
l’association  ayant  dĂ©sormais  pour  titre  Â« Union  nationale  des 
associations pour la dĂ©fense des familles et de l’individu, victimes de 
sectes Â» (UNADFI)

79

2 - PÉRÉGRINATIONS DU DOSSIER POUR L’OCTROI A 
LA  FECRIS

80

 DU  STATUT  PARTICIPATIF  AUPRÈS  DU 

CONSEIL DE L’EUROPE :  

Le  13  juillet  2005,  aprĂšs  trois  ans  de  blocages  et  de  batailles 

de procĂ©dures, le Conseil de l’Europe octroyait Ă  la FECRIS le statut 
participatif. Cette affaire est emblĂ©matique des mĂ©thodes utilisĂ©es par 
un cĂ©lĂšbre mouvement sectaire Ă  l’encontre de ses Â« adversaires Â». 

- Le lobbying de « faux-nez Â» 

Les  actions  de  lobbying  sont  souvent  le  fait  de  personnes  ou 

d’associations  proches  d’une  seule  et  mĂȘme  organisation.  Celles-ci 
dĂ©ploient peu ou prou les mĂȘmes arguments pour dĂ©nigrer leur cible. 
Ce fut le cas dans ce dossier, de la part d’organisations de nationalitĂ©s 
diverses : française, serbe, bulgare, autrichienne, amĂ©ricaine, etc. 

                                                      

79

 

Journal officiel

, 7 dĂ©cembre 2005 

80

 FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des centres de recherche et d’information sur le 

sectarisme 

 

154 

background image

 

- Le retardement de la procĂ©dure 

 

Les artifices de procĂ©dure sont un moyen idĂ©al pour ralentir le 

cheminement d’un dossier. Ils furent ici tous utilisĂ©s, pour la premiĂšre 
fois depuis que le statut d’organisation non gouvernementale existe au 
Conseil de l’Europe. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Conseil de l’Europe 
avait donnĂ© un avis favorable Ă  la demande de la FECRIS. Et ce qui 
n’aurait dĂ» ĂȘtre alors qu’une simple Â« formalitĂ© Â» bouclĂ©e en quelques 
mois, Ă  savoir l’approbation tacite par l’AssemblĂ©e parlementaire et le 
ComitĂ© des ministres, a en fait durĂ© prĂšs de trois ans aprĂšs que trois 
parlementaires se sont opposĂ©s Ă  l’octroi de ce statut. 

 

- Le harcĂšlement 

 

Une vaste campagne de dĂ©nigrement de la FECRIS a Ă©tĂ© 

organisĂ©e Ă  coup de centaines d’emails et de courriers, d’appels 
tĂ©lĂ©phoniques, parfois au  domicile des correspondants, de pĂ©titions 
sur 

Internet

, le tout destinĂ© aux parlementaires ainsi qu’à diffĂ©rents 

services du Conseil de l’Europe.  

 

- La « propagande noire » 

 

Cette mĂ©thode vise Ă  dĂ©stabiliser « l’adversaire Â» en diffusant 

des informations diffamatoires sur des personnes : dans ce cas, le 
prĂ©sident et des membres de la FECRIS, ainsi qu’un des rapporteurs et 
un fonctionnaire en charge du dossier en ont Ă©tĂ© les cibles. 

 

- L’instrumentalisation de tierces personnes 

 

Un des parlementaires du Conseil de l’Europe Ă  l’origine de 

l’affaire n’a jamais vraiment cachĂ© que le volumineux mĂ©moire Ă  
charge contre la FECRIS lui avait Ă©tĂ© transmis par une tierce partie. 
 

- L’infiltration 

 

Outre la prĂ©sence de reprĂ©sentants d’un grand mouvement 

sectaire dans les couloirs du Conseil de l’Europe, on a pu remarquer 
celle d’un de leurs responsables europĂ©ens venu tout exprĂšs de 
Bruxelles Ă  l’occasion d’une rĂ©union de la commission en charge du 
dossier qui se tenait Ă  Paris. 

 

 

155 

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- La « disparition » de courrier 

 

Le dossier argumentaire adressĂ© par le prĂ©sident de la FECRIS 

au Conseil de l’Europe n’est dans un premier temps jamais arrivĂ© Ă  
son destinataire, alors mĂȘme qu’un accusĂ© de rĂ©ception - dont la 
signature Ă©tait illisible - attestait du contraire. On peut s’interroger sur 
un Ă©vĂ©nement qui ne peut ĂȘtre complĂštement le fait du hasard. Dans le 
passĂ©, lors du dĂ©roulement d’une procĂ©dure judiciaire Ă  l’encontre 
d’un grand mouvement sectaire, la subtilisation de courrier dans les 
boites aux lettres fut rĂ©vĂ©lĂ©e comme une pratique de ce groupe. Si la 
FECRIS n’avait pu, au final, renvoyer ce document de dĂ©fense dans 
les dĂ©lais requis, il n’aurait probablement pas pu ĂȘtre pris en compte 
par la commission chargĂ©e de son examen, et ceux qui s’opposaient Ă  
l’attribution du statut consultatif auraient en dĂ©finitive gagnĂ© la 
bataille. 

 

 
 

 

156 

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CONCLUSION 

 

 
 

En rendant compte de l’activitĂ© des services de l’Etat, 

qu’il s’agisse des ministĂšres, des prĂ©fectures ou de la 
MIVILUDES elle-mĂȘme, ce rapport montre qu’au cours de 
l’annĂ©e Ă©coulĂ©e le phĂ©nomĂšne sectaire n’a pas marquĂ© de pause 
en France. 
 
 

Le constat de l’ensemble des acteurs, sans ĂȘtre alarmant, 

reste prĂ©occupant 

: aucun secteur de notre territoire n’est 

Ă©pargnĂ©, aucun type d’activitĂ© n’est Ă  l’abri du risque sectaire, 
aucune entreprise, aucune famille ne peut avoir la certitude qu’à 
un moment donnĂ©, elle ne se trouvera exposĂ©e Ă  des dĂ©rives 
sectaires, avec leur cortĂšge de consĂ©quences dramatiques que 
l’on connaĂźt trop bien. 
 
 

On ne peut pas au nom de grands principes, lorsqu’ils 

sont dĂ©voyĂ©s, laisser prospĂ©rer des organisations ou des 
personnes essentiellement mues par l’appĂąt du gain, par la 
volontĂ© de puissance et par le souci d’une emprise toujours plus 
forte, toujours plus contraignante. 
 
 

L’Etat rĂ©publicain est pleinement dans son rĂŽle quand il 

met en Ɠuvre tous les moyens dont il dispose pour suivre 
l’évolution des phĂ©nomĂšnes et pour apporter les rĂ©ponses et les 
solutions qu’attendent les Français, le monde associatif et les 
Ă©lus de la Nation qui sont encore plus que les administrations 
centrales en prise directe avec les familles exprimant leur 
douleur et tĂ©moignant des dommages, irrĂ©mĂ©diablement subis 
par les victimes. 
 
 

Si ce document peut contribuer Ă  une meilleure prise de 

conscience du risque sectaire, s’il peut mieux faire connaĂźtre et 
faire comprendre l’action de l’Etat, uniquement soucieux de la 
dĂ©fense des droits de l’homme et des libertĂ©s publiques, alors il 
aura atteint son but. 

 

157 

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ANNEXES 

 
 
1 â€“ Exemples de signalements reçus par la MIVILUDES 
 
2 â€“ ActivitĂ© parlementaire â€“ Questions Ă©crites 
 
3 â€“ Liens et adresses utiles 

 

158 

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1  

EXEMPLES DE SIGNALEMENTS REÇUS 

 (Extraits 

81

 
 
 

Lettre d’un homme dont l’épouse et ses deux filles appartiennent 
Ă  l’association Amour et MisĂ©ricorde
 (17 septembre 2005) 

 

C’est Ă  propos de l’Association 

Amour et MisĂ©ricorde

 que je 

m’autorise Ă  reprendre contact avec vous, avant que la MIVILUDES 
n’en arrive Ă  faire son bilan annuel. Ce groupe, dont les dĂ©rives 
sectaires sont Ă©videntes (soumission Ă  un (ou des) meneur(s), rupture 
avec le milieu familial, social, professionnel et amical, langage 
unique, refus du dialogue, prosĂ©lytisme, attrait du gain, etc
), a 
d’ailleurs retenu l’attention de la MIVILUDES dans son rapport de 
2003.  

 

Le fait qu’il n’ait pas Ă©tĂ© mentionnĂ© dans le rapport de 2004 

lui donne des arguments pour dĂ©crĂ©ter que rien ne peut lui ĂȘtre imputĂ© 
en matiĂšre sectaire. 

 

Et pourtant, au cours des mois, ce groupe n’a fait que se 

radicaliser et se replier sur lui-mĂȘme autour d’une « voyante Â» 
recevant tous les 15 du mois Ă  0h06 (minuit et 6 minutes) prĂ©cisĂ©ment, 
(avec une rĂ©gularitĂ© de mĂ©tronome que ne vient mĂȘme pas perturber 
les changements d’heure), des messages de la Vierge, des anges, et du 
Seigneur lui-mĂȘme ! 

 

En juin 2004, le groupe s’est installĂ© dans une ancienne 

auberge de standing situĂ©e Ă  Val Suzon (Ă  15 km de Dijon) achetĂ©e 
par un membre de la communautĂ©. En juin 2005, suite Ă  des conflits 
internes, le propriĂ©taire a mis tout le monde Ă  la porte et remis son 
bien en vente. Le groupe emmenĂ© par la « voyante Â» est alors parti se 
regrouper dans le camping « A l’orĂ©e du bois Â» aux portes de Dijon oĂč 
il envisagerait de passer l’hiver. 

 

Plusieurs familles sont concernĂ©es par ce phĂ©nomĂšne et 

souffrent profondĂ©ment de la rupture avec leurs membres, sincĂšres 
mais abusĂ©s, qui refusent tout contact avec leurs proches. Il 
appartiendra Ă  chacune d’entre elles de prendre Ă©ventuellement 

                                                      

81

 Lettres publiĂ©es de façon anonyme et avec l’accord des rĂ©dacteurs. 

 

159 

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contact avec vous. Les cheminements des uns et des autres peuvent 
diffĂ©rer, mais les rĂ©sultats sont identiques : refus du dialogue et 
rupture totale avec ceux qui ne partagent pas leurs certitudes et leurs 
Ă©garements. 

 

Pour mon cas personnel, mon Ă©pouse et mes filles n’ont pas 

donnĂ© de signe de vie direct depuis octobre 2002, ni des appels Ă  
l’aide de nos deux fils, ni des faire-part de naissance de petits enfants, 
ni l’annonce du dĂ©cĂšs de mon beau-pĂšre (aux obsĂšques duquel aucune 
des trois n’a assistĂ© ni montrĂ© un signe de compassion), ni des 
demandes de rencontre pour faire le point, etc 
 n’ont reçu de 
rĂ©ponse. J’ai appris en outre, de maniĂšre indirecte que ma plus jeune 
fille se serait mariĂ©e (civilement) sans en avertir ni moi, ni aucun 
membre de notre famille. 

 

(
) Plusieurs familles se sont regroupĂ©es pour tenter, tant sur 

le plan temporel que sur le plan spirituel de sortir de cette impasse. 

 

Si ces travers gĂ©nĂšrent des tensions au sein des familles, la 

« voyante Â» incite fermement les personnes sincĂšres mais abusĂ©es Ă  la 
rejoindre Ă  Dijon pour vivre directement sous son influence. 

 

Ainsi, au moins cinq familles ont Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă  des 

ruptures et si leurs membres ont pu avoir un cheminement diffĂ©rent, 
les consĂ©quences ont Ă©tĂ© similaires : rupture brutale et dĂ©finitive avec 
l’entourage (famille, parents, enfants, amis 
) qui ne rentre pas dans 
leur dĂ©rive, abandon de professions stables pour rejoindre Dijon, refus 
absolu de tout dialogue et de tout contact 
 Ă  moins d’une 
reconnaissance et d’une soumission Ă  la « voyante ». 

 

Celle-ci a rĂ©ussi (avec l’aide de son acolyte), Ă  regrouper 

autour d’elle un groupe particuliĂšrement soumis qu’elle fait vivre en 
communautĂ© dans des conditions prĂ©caires. 

 

Il semble, en outre, que ce groupe mette toutes ses ressources 

en commun pour faire vivre la communauté  sans que la Â« voyante Â» 
participe aux dĂ©penses. 

 

Lettre d’une « mĂšre dont la fille est piĂ©gĂ©e par une secte »  
(reçue Ă  la MIVILUDES le 4 janvier 2006) 

 

 GrĂące 

Ă  

Internet,

 j’ai dĂ©couvert votre dĂ©termination de lutte 

contre toutes les formes de dĂ©rives sectaires. Du fond du cƓur, je vous 
en remercie. Mais les politiques doivent prendre leurs responsabilitĂ©s.  

 

160 

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Vous soulignez votre dĂ©sir d’aider les victimes Ă  dĂ©noncer ce 

qu’elles ont subi. Mais faut-il qu’elles en soient encore capables ! – 
Ce dont je doute ! Lorsque, par ruse, j’ai rĂ©ussi Ă  rencontrer ma fille, 
j’ai constatĂ©, bien que l’intellect soit toujours intact, qu’elle Ă©tait 
devenue un robot, une sorte de zombi ! Quelle douleur pour une mĂšre. 
Je sais qu’elle est dans l’incapacitĂ© de faire cette dĂ©marche. D’autre 
part, par cette rencontre, je suis devenue « SP Â», et par voie de 
consĂ©quence, ma fille, une « PTS Â», donc, bonne pour un sĂ©jour dans 
un de leur goulag. Copenhague ou Clearwater ? 

 

 

J’ai la conviction qu’elle y a dĂ©jĂ  goĂ»tĂ©, je pense mĂȘme ĂȘtre 

en mesure d’avoir une preuve. Malheureusement, je ne peux pas 
dĂ©poser plainte Ă  sa place. Elle est majeure. Nous avons tous le devoir 
de sauver quelqu’un qui se noie (mĂȘme majeur) mais nous ne pouvons 
rien contre ces viols psychiques. Quelle hypocrisie. 

 

 

J’ignore si ma fille, ancienne pensionnaire Ă  la Villa MĂ©dicis, 

exerce toujours comme professeur d’analyse musicale au 
Conservatoire national supĂ©rieur de musique. Il est inutile que je me 
renseigne par moi-mĂȘme car de nombreuses barriĂšres existent. (
) Si 
vous avez la possibilitĂ© de le savoir, je vous serais infiniment 
reconnaissante de me le faire savoir. Si vous lisez mon livre 

« Lettres 

Ă  ma fille prisonniĂšre d’une secte Â»

82

, vous aurez la preuve de cette 

descente en enfer. 

 

On me dĂ©conseille de dĂ©poser plainte au nom de ma fille car 

ces gens sont des procĂ©duriers endurcis et riches. Pourtant, je pourrais 
prouver qu’à la suite de notre rencontre, elle a Ă©tĂ© dans l’obligation de 
pratiquer une dĂ©connection, d’autre part, les accusĂ©s de rĂ©ception de 
lettres recommandĂ©es que je lui adressais portaient de fausses 
signatures, l’une d’entre elles portait mĂȘme l’imitation de sa signature. 

 
Merci, Monsieur le PrĂ©sident, d’avoir lu cette lettre, si vous 

pouvez faire quelque chose pour nous, je peux vous assurer d’une 
infinie reconnaissance. Acceptez, Monsieur le PrĂ©sident, mes 
sentiments respectueux. Mon souhait : Revoir ma fille avant de 
mourir. Lui parler. 

                                                      

82

 Livre Ă©ditĂ© Ă  compte d’auteur, 2003 

 

161 

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2 - 

ACTIVITE PARLEMENTAIRE – QUESTIONS ECRITES 

 
 
 
 

Une trentaine de questions Ă©crites relatives Ă  la problĂ©matique 

sectaire ont Ă©tĂ© posĂ©es en 2005, principalement Ă  l’initiative de 
dĂ©putĂ©s. Comme chaque annĂ©e, les ministĂšres de la Justice et de la 
SantĂ© et des SolidaritĂ©s furent parmi les plus sollicitĂ©s. Suivent une 
sĂ©lection  de quelques questions dont les rĂ©ponses apportent un 
Ă©clairage juridique ou rappellent la position des pouvoirs publics sera 
un point prĂ©cis. 
 
 

Sur la lutte et la prĂ©vention 

83

 

Depuis prĂšs de deux ans, la mission interministĂ©rielle de 

vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires (MIVILUDES) alertait 
le gouvernement au sujet des difficultĂ©s auxquelles de nombreux 
mĂ©decins se heurtent afin de signaler aux autoritĂ©s la situation de 
victimes d'abus de faiblesse et de sujĂ©tion psychologique ou physique. 
En effet, les personnes dĂ©positaires, par Ă©tat ou par profession, 
d'informations Ă  caractĂšre secret ne peuvent les rĂ©vĂ©ler sans s'exposer 
Ă  ĂȘtre poursuivies pour violation du secret professionnel. Dans 
certains cas, la loi autorise ces personnes Ă  tĂ©moigner, notamment en 
cas de privations ou de sĂ©vices infligĂ©s Ă  un mineur ou Ă  une personne 
qui n'est pas en mesure de se protĂ©ger en raison de son Ăąge ou de son 
Ă©tat physique ou psychologique ; ces dispositions ne semblent pas 
permettre de signaler les abus frauduleux de la faiblesse de personnes 
en situation de sujĂ©tion psychologique ou physique. Compte tenu de 
cette situation complexe et problĂ©matique, Mme Chantal Robin-
Rodrigo, dĂ©putĂ©e socialiste des Hautes-PyrĂ©nĂ©es demande Ă  M. le 
Garde des sceaux, ministre de la Justice, de lui indiquer ses intentions 
au sujet de ce dossier.  

 

Texte de la rĂ©ponse  

Le Garde des sceaux, ministre de la Justice, fait connaĂźtre Ă  

l'honorable parlementaire que les personnes victimes d'un abus 
frauduleux en raison de leur Ă©tat d'ignorance ou de faiblesse font 

                                                      

83

 Question n°56683 publiĂ©e dans le Journal officiel (JO) du 1er fĂ©vrier 

2005 ; la rĂ©ponse est parue le 2 aoĂ»t 2005. 

 

162 

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partie de la catĂ©gorie des victimes visĂ©e par l'article 226-14 du code 
pĂ©nal, lequel permet notamment Ă  des professionnels de la santĂ© de 
dĂ©noncer Ă  l'autoritĂ© judiciaire des faits de mauvais traitements. 
Toutefois, et malgrĂ© l'Ă©largissement des cas de dĂ©nonciation prĂ©vus 
par l'article 11 de la loi n° 2004-1 du 2 janvier 2004 relative Ă  l'accueil 
et Ă  la protection de l'enfance, il n'apparaĂźt pas que les aliĂ©nations de 
patrimoine, la signature d'engagements ruineux, voire la renonciation 
Ă  des droits dont peuvent ĂȘtre victimes ces personnes puissent ĂȘtre 
compris comme Ă©tant des sĂ©vices ou privations constatĂ©s par le 
professionnel. Le renforcement de la protection des victimes d'un abus 
frauduleux de leur Ă©tat d'ignorance ou de faiblesse pourrait justifier la 
crĂ©ation d'une nouvelle possibilitĂ© de dĂ©rogation au secret auquel sont 
astreints ces professionnels ; toutefois, une telle perspective devrait 
faire l'objet d'une rĂ©flexion concertĂ©e avec les instances 
professionnelles confrontĂ©es Ă  cette difficultĂ©. 
 
 

Sur la kinĂ©siologie, bilan et perspectives 

84

 

M. Jean-Marc Roubaud, dĂ©putĂ© UMP du Gard, appelle 

l'attention de M. le ministre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s sur les 
dĂ©rives de la 

kinésiologie

. La 

kinésiologie

 dĂ©passe dĂ©sormais 

largement son cadre d'origine, Ă  savoir « rĂ©tablir un dĂ©sĂ©quilibre 
Ă©nergĂ©tique ». Certains ouvrages vont mĂȘme jusqu'Ă  prĂ©tendre qu'elle 
peut avoir une influence directe sur le traitement du cancer. Or, les 
notions sur lesquelles s'appuie la 

kinésiologie

 ne sont pas validĂ©es par 

la mĂ©decine, ni par les scientifiques. En consĂ©quence, il lui demande 
s'il envisage de prendre des mesures afin que les kinĂ©siologues ne 
dĂ©passent pas le cadre qui leur a Ă©tĂ© fixĂ©.  
 
Texte de la rĂ©ponse 

La 

kinésiologie

 est une pratique qui se qualifie de « thĂ©rapie 

Ă©nergĂ©tique », apparue aux Etats-Unis dans les annĂ©es soixante. Elle 
s'est dĂ©veloppĂ©e en France en recrutant notamment auprĂšs de 
professionnels de santĂ© et d'adeptes de mĂ©decines parallĂšles. Ces 
derniers proposent des formations coĂ»teuses, prĂ©sentĂ©es comme 
qualifiantes par leurs promoteurs, alors qu'elle n'est ni dĂ©finie, ni 
reconnue dans le code de la santĂ© publique. Au contraire, la mission 
interministĂ©rielle chargĂ©e de la vigilance et de la lutte contre les 

                                                      

84

  Question n°68050 publiĂ©e dans le JO du 21 juin 2005 ; la rĂ©ponse est 

parue le 15 novembre 2005. 

 

163 

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dĂ©rives sectaires, a appelĂ© l'attention sur la 

kinésiologie

, exercĂ©e 

comme une pratique substitutive et exclusive. À ce titre, il importe de 
souligner que toute personne qui prend part Ă  l'Ă©tablissement d'un 
diagnostic ou au traitement de maladies rĂ©elles ou supposĂ©es, par des 
actes personnels, consultations verbales ou Ă©crites, ou par tout autre 
procĂ©dĂ© quel qu'il soit, sans ĂȘtre titulaire d'un diplĂŽme exigĂ© pour 
l'exercice de la profession de mĂ©decin ou sans ĂȘtre bĂ©nĂ©ficiaire des 
dispositions relatives aux actes qui peuvent ĂȘtre pratiquĂ©s dans le 
cadre des professions paramĂ©dicales, est passible de poursuites pour 
exercice illĂ©gal de la mĂ©decine, aux termes de l'article L. 4161-1 du 
code de la santĂ© publique. En cas de constitution d'un tel dĂ©lit, 
s'agissant notamment de la mise en avant des vertus supposĂ©es de la 

kinésiologie

 pour traiter les cancers, le procureur de la RĂ©publique 

doit ĂȘtre saisi d'une plainte. En outre, avant de reconnaĂźtre les bienfaits 
d'une thĂ©rapie, il est indispensable de dĂ©finir les pathologies 
auxquelles celle-ci est destinĂ©e et d'en apprĂ©cier l'efficacitĂ©. En effet, 
l'article R. 4127-19 du code de la santĂ© publique prĂ©cise que « les 
mĂ©decins ne peuvent proposer aux malades ou Ă  leur entourage 
comme salutaire et sans danger un remĂšde ou un procĂ©dĂ© illusoire ou 
insuffisamment Ă©prouvĂ©. Toute pratique de charlatanisme est interdite 
». Ă€ ce jour, aucune Ă©tude validĂ©e scientifiquement n'ayant Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e 
quant au respect de ces exigences dans le cadre de la 

kinésiologie

cette activitĂ© ne saurait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une mĂ©thode 
thĂ©rapeutique Ă  promouvoir. Au contraire, il revient aux instances 
disciplinaires ordinales d'infliger des sanctions aux mĂ©decins qui font 
appel Ă  la 

kinésiologie

, non comme une thĂ©rapeutique Ă©ventuellement 

d'accompagnement, mais de façon exclusive, en substitution aux 
thĂ©rapeutiques Ă©prouvĂ©es. 
 
 

Sur la MIVILUDES, bilan et perspectives

85

 

M. Jean-Pierre Abelin, dĂ©putĂ© UDF de la Vienne, appelle 

l'attention de M. le Garde des sceaux, ministre de la Justice, sur les 
conclusions du premier rapport de la mission interministĂ©rielle de 
vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires, remis le 
26 janvier 2004. Ce rapport veut tĂ©moigner d'une approche plus 
tranquille du phĂ©nomĂšne sectaire en ne s'attaquant pas aux doctrines 
professĂ©es par les mouvements mais aux actes dĂ©lictueux et aux 

                                                      

85

  Question n°33017 publiĂ©e dans le JO du 3 fĂ©vrier 2004 ; la rĂ©ponse est 

parue le 15 fĂ©vrier 2005. 

 

164 

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menaces de dĂ©rives. Face aux nouvelles dĂ©rives sectaires qui 
apparaissent, dĂ©finies et recensĂ©es dans ce rapport, la justice est 
parfois dĂ©munie. La loi dite About-Picard votĂ©e en juin 2001 connaĂźt 
une application limitĂ©e et ne permet pas de dĂ©gager de jurisprudence. 
Dans les conclusions du rapport, il est proposĂ© d'allonger le dĂ©lai de 
prescription des infractions commises par des sectes. Il faudrait faire 
dĂ©marrer le dĂ©lai Ă  partir du jour oĂč les victimes sont 
psychologiquement en Ă©tat de porter plainte. L'autre proposition vise 
Ă  assouplir le secret professionnel, en permettant Ă  un mĂ©decin de 
signaler aux procureurs les faits de sujĂ©tion psychologique dont il 
serait tĂ©moin. Par ailleurs, le rapport incite sur la nĂ©cessitĂ© de 
contrĂŽler les offres de formation, secteur trĂšs investi par les sectes. La 
MIVILUDES propose d'Ă©laborer une convention de partenariat avec 
le Centre national de la fonction publique territoriale ainsi que de 
former les professions juridiques et les travailleurs sociaux aux 
phĂ©nomĂšnes sectaires. Dans le domaine de l'information, elle suggĂšre 
la diffusion d'un guide de bonnes pratiques des soins pour protĂ©ger 
les malades. Pour finir, la mission interministĂ©rielle a constatĂ© que la 
moitiĂ© des dĂ©partements n'Ă©taient pas dotĂ©s de cellule de vigilance sur 
les sectes et demande donc la gĂ©nĂ©ralisation de ce dispositif pour 
cette annĂ©e et souhaite dĂ©signer des correspondants MIVILUDES par 
rĂ©gion. Il souhaiterait connaĂźtre son avis sur ces conclusions et les 
mesures qu'il compte prendre afin de prendre en compte toutes les 
analyses qui ont Ă©tĂ© faites et les propositions de ce premier rapport 
afin d'amĂ©liorer l'efficience de la lutte contre les dĂ©rives sectaires.  

 

Texte de la rĂ©ponse 

Le Garde des sceaux, ministre de la Justice rappelle Ă  

l'honorable parlementaire que les propositions relevant du ministĂšre de 
la Justice, Ă©mises par la MIVILUDES, dans son rapport annuel pour 
l'annĂ©e 

2003, ont fait l'objet d'une rĂ©ponse des services de la 

chancellerie Ă  cette instance interministĂ©rielle. S'agissant de 
l'amĂ©nagement des rĂšgles de prescription de l'action publique en 
faveur des personnes victimes d'abus de faiblesse, il a Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©, dans 
un courrier du 23 fĂ©vrier 2004, que, sans mĂ©connaĂźtre l'importance de 
cette problĂ©matique dans le cadre de procĂ©dures pĂ©nales mettant en 
cause des mouvements Ă  caractĂšre sectaire, il paraissait prĂ©maturĂ© 
d'engager une Ă©tude restreinte Ă  ce domaine particulier et qu'une 
rĂ©flexion d'ensemble avec, notamment, les hautes autoritĂ©s judiciaires, 
devait ĂȘtre menĂ©e sur ce point. Par ailleurs, en l'Ă©tat de la lĂ©gislation 
concernant l'application des dispositions de l'article 226-14 du code 
pĂ©nal, aux personnes victimes d'abus de faiblesse, il n'apparaĂźt pas que 

 

165 

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les aliĂ©nations de patrimoines, la signature d'engagements ruineux ou 
la renonciation Ă  des droits puissent ĂȘtre compris comme Ă©tant des 
sĂ©vices ou privations constatĂ©s par le professionnel de la santĂ© lui 
permettant de dĂ©noncer ces faits Ă  l'autoritĂ© judiciaire. Une 
modification de cet article, modifiĂ© dans un sens extensif par la 
loi n°2004-1 du 2 janvier 2004 relative Ă  l'accueil et Ă  la protection de 
l'enfance nĂ©cessite Ă©galement une rĂ©flexion concertĂ©e avec les 
instances professionnelles confrontĂ©es Ă  cette difficultĂ©. Plus 
gĂ©nĂ©ralement, la chancellerie participe activement Ă  l'Ă©laboration de la 
politique gouvernementale en matiĂšre de lutte contre les agissements 
de mouvements Ă  caractĂšre sectaire, et ce afin d'amĂ©liorer l'efficacitĂ© 
de cette lutte dans un domaine particuliĂšrement complexe.  
 
 

Sur la protection des mineurs

86

 

M. Philippe Vuilque, dĂ©putĂ© socialiste des Ardennes, appelle 

l'attention de M. le Premier ministre sur les liens entre la mission 
interministĂ©rielle de lutte contre les dĂ©rives sectaires et le dĂ©fenseur 
des enfants. De nombreux enfants sont victimes de dĂ©rives sectaires, 
que ce soit dans le cadre familial, ou dans le cadre extra-scolaire, 
voire scolaire. Dans ces conditions, il lui demande quel travail 
commun ces deux institutions peuvent mener ensemble sur le sujet des 
enfants victimes des dĂ©rives sectaires. 

 

Texte de la rĂ©ponse 

Le droit français offre des ressources importantes pour assurer 

aux enfants qui pourraient ĂȘtre victimes de dĂ©rives sectaires la 
protection Ă  laquelle ils ont droit. La protection gĂ©nĂ©rale de l'enfance 
en danger est assurĂ©e par les mesures d'assistance Ă©ducative prĂ©vues 
par les articles 375 et suivants du code civil quand la santĂ©, la sĂ©curitĂ© 
ou la moralitĂ© d'un mineur non Ă©mancipĂ© sont en danger ou si les 
conditions de son Ă©ducation sont gravement compromises. Des 
mesures spĂ©ciales de protection de l'enfant peuvent ĂȘtre dĂ©cidĂ©es en 
application du droit civil de la famille : retrait total ou partiel de 
l'autoritĂ© parentale, attribution du droit de garde ou maintien des 
relations familiales. Le droit pĂ©nal contient Ă©galement de nombreux 
dispositions propres Ă  maintenir l'intĂ©gritĂ© physique des mineurs ou Ă  
sanctionner les atteintes morales ou les carences affectives dont ils 

                                                      

86

 Question n°64579 publiĂ©e dans le JO du 10 mai 2005 ; la rĂ©ponse est parue 

le 6 septembre 2005 

 

166 

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pourraient faire l'objet. Les cas de maltraitance physique ou 
psychologique de mineurs en relation avec l'appartenance d'un ou des 
parents Ă  un mouvement dit Ă  caractĂšre sectaire sont exceptionnels. 
Les dispositifs mis en place pour les prĂ©venir et les rĂ©primer 
apparaissent suffisants. Le prĂ©sident de la MIVILUDES et la 
dĂ©fenseure des enfants se sont dĂ©jĂ  rencontrĂ©s pour aborder un certain 
nombre de sujets touchant Ă  la protection de l'enfance et favoriser en 
tant que de besoin et sur des cas concrets une collaboration utile.  
 
 

Sur le respect de la laĂŻcitĂ© 

87

 

M. Jean-Claude Perez, dĂ©putĂ© socialiste de l’Aude, appelle 

l'attention de M. 

le ministre de l'Education nationale, de 

l'enseignement supĂ©rieur et de la recherche sur l'application stricte du 
principe de laĂŻcitĂ© dans les Ă©tablissements scolaires. En effet, la loi 
n° 2204-228 du 15 mars 2004 qui encadre, en application du principe 
de laĂŻcitĂ©, le port de signes ou de tenues manifestant une 
appartenance religieuse dans les Ă©coles, collĂšges et lycĂ©es publics 
reste incomplĂšte sur les activitĂ©s dispensĂ©es par les enseignants. 
Ainsi, il est anormal que les parents appartenant aux TĂ©moins de 
JĂ©hovah refusent, pour leurs enfants, l'apprentissage de la musique, 
du chant, de la chorale et des activitĂ©s manuelles de NoĂ«l ou de 
PĂąques. De mĂȘme, les activitĂ©s piscine doivent pouvoir ĂȘtre suivies 
par tous et ce, quelles que soient la confession religieuse Ă  laquelle 
appartiennent les Ă©lĂšves. Enfin, l'absentĂ©isme constatĂ© des catholiques 
les lundis, lendemains de communion privĂ©e, ou des musulmans, le 
jour de l'AĂŻd, peut Ă©galement soulever de lĂ©gitimes interrogations. En 
consĂ©quence, il souhaite savoir quel est son point de vue sur le sujet et 
quelles mesures il entend prendre pour que le principe de laĂŻcitĂ© 
s'applique dans sa globalitĂ© et pas seulement sur le port de signes ou 
de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les Ă©coles.  

 

Texte de la rĂ©ponse  

La laĂŻcitĂ© de l'enseignement public est un principe 

constitutionnel. Toute manifestation allant Ă  l'encontre de ce principe 
est interdite Ă  l'intĂ©rieur des Ă©coles, collĂšges et lycĂ©es publics. Les 
dispositions de la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004, qui ne portent que 
sur l'interdiction du port par les Ă©lĂšves de signes ou de tenues qui 

                                                      

87

 Question n°59672 publiĂ©e dans le JO du 8 mars 2005 ; la rĂ©ponse est parue 

le 19 juillet 2005 

 

167 

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manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, n'ont pas 
modifiĂ© ces rĂšgles. C'est ce que rappelle la circulaire du 18 mai 2004, 
prise en application de cette loi : Â« Les obligations qui dĂ©coulent pour 
les Ă©lĂšves du respect du principe de laĂŻcitĂ©, ne se rĂ©sument pas Ă  la 
question des signes d'appartenance religieuse ». Ainsi, les convictions 
religieuses ne sauraient ĂȘtre opposĂ©es Ă  l'obligation d'assiduitĂ©, Ă  
laquelle sont tenus tous les Ă©lĂšves inscrits dans un Ă©tablissement 
scolaire, et justifier un absentĂ©isme sĂ©lectif. Les Ă©lĂšves doivent 
assister Ă  l'ensemble des cours prĂ©vus Ă  leur emploi temps sans 
pouvoir refuser les matiĂšres qui leur sembleraient contraires Ă  leurs 
convictions, qu'il s'agisse de l'apprentissage de la musique, des 
activitĂ©s manuelles ou des sĂ©ances de piscine, organisĂ©s sur le temps 
scolaire. En ce qui concerne les grandes fĂȘtes religieuses, et 
notamment l'AĂŻd, dont les dates sont rappelĂ©es chaque annĂ©e au 
Bulletin officiel de l'Ă©ducation nationale, des autorisations d'absence 
doivent pouvoir ĂȘtre accordĂ©es aux Ă©lĂšves si ces dates ne coĂŻncident 
pas avec un jour de congĂ©. En revanche, les lendemains de fĂȘtes 
religieuses ne donnent pas lieu Ă  des autorisations d'absence 
spĂ©cifiques.  

 
 

Sur la scolarisation des enfants

88

  

 

M. 

Jean-Marc Roubaud, dĂ©putĂ© UMP du Gard, appelle 

l'attention de M. le ministre de l'IntĂ©rieur, de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure et 
des LibertĂ©s locales sur le problĂšme des mouvements sectaires qui 
touchent les jeunes dans notre pays. La Mission interministĂ©rielle de 
vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires (MIVILUDES) 
s'inquiĂšte dans son rapport annuel des mouvements sectaires, plus que 
les grandes sectes dĂ©jĂ  connues des autoritĂ©s ; ce rapport 
s'intĂ©ressant avant tout Ă  la maniĂšre d'empĂȘcher les jeunes de se 
laisser convaincre. La Mission considĂšre que les dĂ©rives sectaires ont 
Ă©tĂ© moins apparentes en 2004 mais qu'elles gagnent en diversitĂ© et 
complexitĂ© avec le dĂ©veloppement de nouvelles structures plus 
diffuses. Elle observe notamment l'apparition de groupes comme le 
satanisme, la nĂ©buleuse new age, les thĂ©rapies alternatives, ou encore 
les tentatives d'infiltration en direction des publics fragiles... Un 
essaimage qui ne remet pas en cause les sectes plus anciennes et plus 
connues comme les adeptes de Ron Hubbard ou de Moon. Le rapport 

                                                      

88

 Question n°62382 publiĂ©e dans le JO du 12 avril 2005 ; la rĂ©ponse est 

parue le 9 aoĂ»t 2005 

 

168 

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demande notamment le renforcement du contrĂŽle de l'obligation 
scolaire, contrĂŽle de la situation des 1000 enfants environ qui, hors de 
l'Ă©cole, sont instruits dans leur famille, et contrĂŽle des 40.000 Ă©lĂšves 
frĂ©quentant les Ă©tablissements privĂ©s hors contrats, dont une infime 
minoritĂ© sont des communautĂ©s fermĂ©es ou intĂ©gristes, ou des lieux de 
pĂ©dagogie alternative qui mĂ©riteraient une attention renforcĂ©e. Le 
plus souvent, en effet, ces Ă©tablissements sans contrat avec l'Ă©ducation 
nationale n'ont rien Ă  voir avec les sectes, il s'agit de boĂźtes Ă  bac (des 
Ă©coles de remise Ă  niveau), d'Ă©coles religieuses, ou de pĂ©dagogies 
libertaires. La Mission demande aussi un contrĂŽle des enseignements 
privĂ©s et indĂ©pendants en psychothĂ©rapie ; selon le rapport, ils se 
multiplient, gourous et charlatans aussi. En consĂ©quence, il lui 
demande quelles mesures concrĂštes en phase avec ce rapport 
le Gouvernement entend prendre afin de lutter efficacement contre les 
mouvements sectaires en France et plus particuliĂšrement concernant 
le renforcement du contrĂŽle de l'obligation scolaire ainsi que des 
enseignements privĂ©s et indĂ©pendants en psychothĂ©rapie. - Question 
transmise Ă  M. le ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement 
supĂ©rieur et de la Recherche.  

 

Texte de la rĂ©ponse 

L'enseignement dispensĂ© aux mineurs instruits dans les 

familles ou dans les Ă©tablissements privĂ©s hors contrat est 
rĂ©guliĂšrement contrĂŽlĂ© par les personnels d'inspection de l'Ă©ducation 
nationale, conformĂ©ment aux articles L. 131-10, D. 131-11 Ă  D. 131-
16 du code de l'Ă©ducation, et aux dispositions de la circulaire n° 99-
070 du 14 

mai 

1999, relative au renforcement du contrĂŽle de 

l'obligation scolaire. Ce systĂšme a Ă©tĂ© conçu plus spĂ©cifiquement pour 
lutter contre les dĂ©rives sectaires qui peuvent affecter les enfants d'Ăąge 
scolaire. Ainsi, pour ce qui concerne les enfants instruits dans leur 
famille, aprĂšs une enquĂȘte du maire portant sur les conditions de 
l'instruction, un contrĂŽle pĂ©dagogique est rĂ©guliĂšrement exercĂ© par 
l'inspecteur d'acadĂ©mie pour vĂ©rifier que celle-ci est conforme aux 
articles D. 131-11 Ă  D. 131-16 du code de l'Ă©ducation, dĂ©finissant le 
contenu des connaissances requises des enfants instruits dans la 
famille ou dans les Ă©tablissements privĂ©s hors contrat. En cas 
d'absence d'instruction, ou de difficultĂ©s familiales autres 
qu'Ă©ducatives, les instances compĂ©tentes (procureur de la RĂ©publique, 
aide sociale Ă  l'enfance) doivent ĂȘtre saisies aussitĂŽt. Un contrĂŽle 
comparable existe pour les Ă©tablissements privĂ©s hors contrat. En cas 
de constat de carences persistantes, les parents sont mis en demeure 
d'inscrire leurs enfants dans un Ă©tablissement d'enseignement ou, selon 

 

169 

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le cas, dans un nouvel Ă©tablissement. Des sanctions pĂ©nales sont 
prĂ©vues en cas de refus d'obtempĂ©rer. Ainsi, dĂšs qu'un enfant a fait 
l'objet d'une dĂ©claration d'instruction auprĂšs du maire, soit par 
l'Ă©tablissement dans lequel il est inscrit, soit par la famille si celle-ci 
assure son instruction, les contrĂŽles prĂ©vus peuvent s'exercer afin de 
garantir que l'Ă©ducation Ă  laquelle il a droit lui est dispensĂ©e dans des 
conditions normales. C'est le cas de la quasi-totalitĂ© des enfants. En 
revanche, les enfants non scolarisĂ©s qui ne font pas l'objet d'une 
dĂ©claration d'instruction ne peuvent pas ĂȘtre contrĂŽlĂ©s et l'influence 
Ă©ventuelle de sectes peut alors s'exercer jusqu'Ă  ce qu'ils soient 
repĂ©rĂ©s. Bien qu'en nombre infime, ces enfants sont malaisĂ©s Ă  
dĂ©tecter. Avant mĂȘme la publication du rapport de la mission 
interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires 
(MIVILUDES), la cellule chargĂ©e de la prĂ©vention des phĂ©nomĂšnes 
sectaires dans l'Ă©ducation (CPPS) a organisĂ© Ă  Poitiers les 7 et 
8 avril une session de formation destinĂ©e aux personnels d'inspection 
(deux par acadĂ©mie), afin de les sensibiliser au contrĂŽle de l'obligation 
scolaire et de mettre au point les protocoles d'inspection. La prioritĂ© de 
la CPPS pour la prochaine annĂ©e scolaire sera de s'assurer du suivi de 
ce stage et de la bonne application des dispositions lĂ©gislatives en 
vigueur.  
 
 

Sur le prosĂ©lytisme, lutte et prĂ©vention 

89

 

M. Philippe Vuilque, dĂ©putĂ© socialiste des Ardennes, attire 

l'attention de M. le ministre de la SantĂ© et des SolidaritĂ©s sur 
l'utilisation abusive que la commission des citoyens pour les droits de 
l'homme (CCDH) fait des Ă©vĂ©nements tragiques survenus rĂ©cemment 
dans le secteur de la psychiatrie. La CCDH, affiliĂ©e notoirement Ă  
l'Église de scientologie, a encore publiĂ© une brochure luxueuse sur 
Les Jeunes en danger, brochure qui a notamment Ă©tĂ© envoyĂ©e Ă  tous 
les parlementaires. Il lui demande quelles mesures il compte prendre 
pour que la propagande de cette officine sectaire soit contrecarrĂ©e.  

 

Texte de la rĂ©ponse 

La Commission des citoyens pour les droits de l'homme, 

affiliĂ©e Ă  l'Église de scientologie, intervient activement et de façon 
rĂ©pĂ©tĂ©e depuis plusieurs annĂ©es dans le champ de la psychiatrie sur 

                                                      

89

  Question n°66909 publiĂ©e dans le JO du 14 juin 2005 ; la rĂ©ponse est 

parue le 18 octobre 2005. 

 

170 

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diffĂ©rents thĂšmes tels que les Ă©lectrochocs, la consommation des 
psychotropes, les Â« internements Â» psychiatriques prĂ©sentĂ©s comme 
abusifs. Elle Ă©dite de nombreux rapports et brochures, ces derniĂšres 
souvent luxueuses, cherchant Ă  accrĂ©diter sa thĂšse selon laquelle la 
psychiatrie est une discipline dangereuse. Une note ministĂ©rielle 
d'information du 27 mai 1997 - largement diffusĂ©e et souvent rappelĂ©e 
depuis cette date - relative Ă  l'intervention de certaines organisations 
dans le domaine de la psychiatrie insiste sur le fait que la 
dĂ©nomination de certaines de ces derniĂšres peut porter Ă  la confusion 
et que la commission des citoyens pour les droits de l'homme 
(CCDH), Ă©manation de l'Église de scientologie, ne saurait ĂȘtre 
confondue avec la Commission nationale consultative des droits de 
l'homme placĂ©e auprĂšs du Premier ministre. Une parfaite vigilance est, 
par voie de consĂ©quence, recommandĂ©e. Actuellement la CCDH, dans 
ses interventions, met plus particuliĂšrement l'accent sur les jeunes. 
C'est ainsi qu'elle a organisĂ© Ă  Pais le 22 juin 2005 un colloque dont le 
thĂšme Ă©tait : 

« Les jeunes en danger : les enfants europĂ©ens, un 

nouveau marché pour la psychiatrie »

 (mise en garde contre le 

dĂ©pistage systĂ©matique et le traitement mĂ©dicamenteux des pseudo-
troubles mentaux des enfants). À cet Ă©gard, les services dĂ©concentrĂ©s, 
pour répondre aux accusations de l'

Église de scientologie

 d'abus de 

prescription de ritaline chez les enfants hyperactifs, ont reçu comme 
instruction de diffuser auprĂšs des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et des 
praticiens hospitaliers une information leur prĂ©cisant les modalitĂ©s 
selon lesquelles la prescription de ritaline est encadrĂ©e en France. De 
façon gĂ©nĂ©rale, le ministre, particuliĂšrement attentif Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© 
des personnes fragilisĂ©es du fait de troubles mentaux, est 
particuliĂšrement vigilant quant aux actes rĂ©prĂ©hensibles qui pourraient 
ĂȘtre commis Ă  leur Ă©gard et rĂ©agiront en consĂ©quence. Plusieurs notes 
d'information ont Ă©tĂ© diffusĂ©es, du 27 

mai 

1997 prĂ©citĂ©e, du 

octobre 

2000 sur les dĂ©rives sectaires et une troisiĂšme du 

16 octobre 2000 relative aux rĂ©ponses Ă  apporter Ă  la mise en cause du 
recours Ă  l'Ă©lectroconvulsivothĂ©rapie. Une aide rĂ©guliĂšre tĂ©lĂ©phonique 
est apportĂ©e aux services dĂ©concentrĂ©s. Un chargĂ© de mission anime 
les actions liĂ©es au traitement et Ă  la prĂ©vention du phĂ©nomĂšne 
sectaire pour le compte des ministĂšres sociaux.  
 
 
 

 

171 

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Sur le prosĂ©lytisme, lutte et prĂ©vention 

90

 

M. 

Philippe Vuilque, dĂ©putĂ© socialiste des Ardennes, 

s'inquiĂšte de l'organisation par l'Église de scientologie d'une collecte 
de jouets dans plusieurs arrondissements du Nord et de l'Est parisien. 
Il craint que cette opĂ©ration soit surtout destinĂ©e Ă  identifier de 
nouvelles cibles de recrutement au travers du listing des donateurs et 
des receveurs contactĂ©s. Ce groupement, dont le caractĂšre sectaire est 
avĂ©rĂ© notamment depuis le procĂšs de l'Église de scientologie de Lyon, 
dĂ©ploie en effet une intense activitĂ© de prosĂ©lytisme, notamment Ă  
l'Ă©gard des enfants. C'est pourquoi il interroge M. le Garde des 
sceaux, ministre de la Justice, sur le rĂ©sultat des Ă©ventuels contrĂŽles 
de la CNIL sur les fichiers informatisĂ©s de ce mouvement sectaire, 
ainsi que sur les poursuites qui pourraient ĂȘtre diligentĂ©es sur le 
fondement de la loi du 12 juin 2001 rĂ©primant la publicitĂ© pour les 
mouvements sectaires Ă  destination de la jeunesse.  
 
Texte de la rĂ©ponse 

Le Garde des sceaux, ministre de la Justice, fait connaĂźtre Ă  

l'honorable parlementaire que, s'agissant des contrĂŽles de la CNIL sur 
les fichiers informatisĂ©s dĂ©tenus par des mouvements sectaires, des 
poursuites pĂ©nales ont Ă©tĂ© engagĂ©es Ă  l'encontre d'une personne morale 
et de son prĂ©sident pour traitement d'informations nominatives malgrĂ© 
l'opposition lĂ©gitime de la personne concernĂ©e et entrave Ă  l'action de 
la CNIL, suite Ă  la plainte dĂ©posĂ©e par un particulier. Par arrĂȘt du 
13 octobre 2003, la cour d'appel de Paris a condamnĂ© cette personne 
morale Ă  une peine d'amende de 5 000 euros avec sursis pour 
traitement d'informations nominatives malgrĂ© l'opposition lĂ©gitime de 
la personne concernĂ©e et son prĂ©sident Ă  une peine d'amende de 5 000 
euros avec sursis de ce chef ainsi que d'entrave Ă  l'action de la CNIL. 
Cette dĂ©cision est aujourd'hui dĂ©finitive, suite au rejet du pourvoi des 
prĂ©venus, par un arrĂȘt de la Cour de cassation du 28 septembre 2004. 
Enfin, s'il n'y a pas eu, Ă  ce jour, de poursuite pĂ©nale sur le fondement 
de l'article 19 de la loi du 12 juin 2001 tendant Ă  renforcer la 
prĂ©vention et la rĂ©pression des mouvements sectaires portant atteinte 
aux droits de l'homme et aux libertĂ©s fondamentales dans la mesure oĂč 
cette nouvelle incrimination rĂ©primant toute forme de publicitĂ© Ă  
destination de la jeunesse nĂ©cessite des condamnations pĂ©nales 
dĂ©finitives prĂ©alables de la personne morale ou de son dirigeant de 

                                                      

90

 Question n°31921 publiĂ©e dans le JO du 20 janvier 2004 ; la rĂ©ponse est 

parue le 22 fĂ©vrier 2005 

 

172 

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droit ou de fait pour des infractions limitativement Ă©numĂ©rĂ©es par 
l'article susvisĂ© ; des poursuites pourraient ĂȘtre susceptibles d'ĂȘtre 
engagĂ©es Ă  l'encontre de ce mouvement, celui-ci se livrait Ă  des actes 
de prosĂ©lytisme Ă  l'Ă©gard de la jeunesse.  
 
 

Sur la lutte et la prĂ©vention contre les organisations sectaires 

91

 

M. Philippe Vuilque, dĂ©putĂ© socialiste des Ardennes, attire 

l'attention de M. le ministre de l'Economie, des Finances et de 
l'Industrie sur le rĂŽle des douanes en matiĂšre de lutte contre les 
mouvements qualifiĂ©s de Â« sectes ». Il lui demande quels sont les 
leviers sur lesquels les services douaniers peuvent agir pour lutter 
avec efficacitĂ© contre les dĂ©rives sectaires.  

 

Texte de la rĂ©ponse 

Dans le domaine de la lutte contre les dĂ©rives sectaires, 

l'action de la direction gĂ©nĂ©rale des douanes et droits indirects se 
manifeste pour l'essentiel selon deux axes principaux : le recueil du 
renseignement, d'une part l'information et la sensibilisation des 
services douaniers au phĂ©nomĂšne, Ă  ses caractĂ©ristiques Ă©conomiques 
et financiĂšres et Ă  sa dimension transfrontaliĂšre, d'autre part. En ce qui 
concerne le recueil du renseignement relatif aux dĂ©rives sectaires, les 
diverses missions incombant Ă  la douane ne lui permettent que 
rarement d'apprĂ©hender directement le phĂ©nomĂšne sectaire et de 
constater des agissements rĂ©prĂ©hensibles pouvant s'apprĂ©cier comme 
rĂ©sultant de dĂ©rives sectaires. NĂ©anmoins, Ă  l'occasion de l'exercice de 
ses missions classiques liĂ©es Ă  la police des marchandises, au contrĂŽle 
des aspects financiers des transactions commerciales et des flux 
physiques de capitaux, la douane peut se trouver en situation d'obtenir 
des renseignements relatifs Ă  des faits susceptibles de constituer des 
dĂ©rives de type sectaire. Cette mission de vigilance exercĂ©e par la 
douane dans ce domaine trouve notamment Ă  s'appliquer dans le cadre 
des contrĂŽles Ă  la circulation en vue de lutter contre les trafics illicites. 
Les suites d'un contrĂŽle et certaines procĂ©dures contentieuses sont 
susceptibles de rĂ©vĂ©ler des Ă©lĂ©ments d'apprĂ©ciation d'une possible 
dĂ©rive sectaire. La direction gĂ©nĂ©rale des douanes et droits indirects ne 
manque alors pas d'adresser des rapports d'information Ă  la mission 
interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires 

                                                      

91

  Question n°68464 publiĂ©e dans le JO du 28 juin 2005 ; la rĂ©ponse est 

parue le 20 septembre 2005. 

 

173 

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(MIVILUDES), placĂ©e auprĂšs du Premier ministre. La direction 
nationale du renseignement et des enquĂȘtes douaniĂšres (DNRED) a 
vocation Ă  ĂȘtre l'interlocuteur opĂ©rationnel douanier privilĂ©giĂ© de la 
MIVILUDES : les informations collectĂ©es par les diffĂ©rents services Ă  
l'occasion des contrĂŽles effectuĂ©s sur le terrain sont centralisĂ©es par la 
DNRED, qui les synthĂ©tise et les communique Ă  son tour Ă  la 
MIVILUDES lorsqu'elles s'avĂšrent pertinentes. En ce qui concerne 
l'information et la sensibilisation des personnels de la direction 
gĂ©nĂ©rale des douanes et droits indirects dans le domaine des dĂ©rives 
sectaires, une fiche documentaire Ă  l'usage de l'ensemble des services 
douaniers a Ă©tĂ© Ă©tablie en liaison avec la MIVILUDES. Elle est 
destinĂ©e Ă  informer ces derniers sur les missions de la mission 
interministĂ©rielle, ainsi que le rĂŽle que la douane peut ĂȘtre amenĂ©e Ă  
jouer dans le domaine de la lutte contre les dĂ©rives sectaires 
(prĂ©sentation du phĂ©nomĂšne des dĂ©rives sectaires apprĂ©hendĂ© de 
maniĂšre globale, mais aussi, sur un plan plus technique, information 
des agents sur les diffĂ©rents critĂšres Ă  retenir Ă  l'occasion de la mise en 
oeuvre des contrĂŽles). Par ailleurs, la documentation Ă©laborĂ©e et mise 
Ă  jour par la MIVILUDES est tenue Ă  la disposition de l'ensemble des 
services. A terme, la sensibilisation et la formation des services sur 
l'importance du rĂŽle de la douane en matiĂšre de recueil, d'analyse et de 
transmission de renseignements relatifs aux dĂ©rives sectaires devraient 
permettre de renforcer la contribution de cette administration Ă  cette 
mission. Ces actions pourraient, le cas Ă©chĂ©ant, ĂȘtre conduites en 
partenariat avec la MIVILUDES.  

 

174 

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3    

ADRESSES ET LIENS UTILES 

 
 
 
 

Les adresses des sites prĂ©sentĂ©s ci-dessous contiennent un 

grand nombre de documents d’informations utiles Ă  consulter. La 
MIVILUDES laisse Ă  leurs auteurs la responsabilitĂ© de leur 
contenu

92

 : 

 
 

- l’Union nationale des associations pour la DĂ©fense de la famille et 
de l’individu victime des sectes (UNADFI) : 

 

http://unadfi.org

 

 

- le Centre de documentation, d’éducation et d’action contre les 
manipulations mentales (CCMM) : 

 

www.ccmm.asso.fr

  

 

- le Groupe d’Etude des mouvements de pensĂ©e pour la prĂ©vention de 
l’Individu (GEMPPI) : 

 

http://www.ifrance.com/sectes-info-gemppi/

 

 

- l’Association Vie religieuse et Familles 

 

www.avref.asso.fr

 

 

- PsychothĂ©rapie Vigilance 

 

http://PsyVig.com

 

 

- Autres adresses utiles : 

 

www.prevensectes.com

 

www.zelohim.org

 

http://www.sos-therapires.org/

  

www.antisectes.net

  

 

                                                      

92

 Liste non limitative 

 

175 


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